La Cloche d’Islande – Laxness

LIRE POUR L’ISLANDE

Thingvellir : Almanagja

Halldor Laxness (1902 – 1998), lauréat du Prix Nobel 1955.

La Cloche d’Islande est une fresque historique se déroulant au début du 18ème siècle, en Islande et dans les pays voisins.

incipit :

« Il fut un temps, est-il dit dans les livres, où la nation islandaise ne possédait qu’un seul bien de valeur marchande. C’était une cloche. Cette cloche était suspendue au pignon de la maison de la Lobretta, à Thingvellir, sur la rive de l’Öxara, attachée à une poutre sous les combles; on la sonnait pour se rendre aux tribunaux avant les exécutions…. »

Cette cloche ne jouera aucun rôle dans l’histoire, le roi de Copenhague ayant besoin de bronze pour fondre des canons vint la réquisitionner. Cette cloche est le symbole de la nation islandaise et le rapt de la cloche est le prélude à l’oppression que le Danemark a imposé à l’Islande. Il est significatif de noter que La Cloche d’Islande fut publiée en 1943 alors que l’Indépendance de L’Islande fur prononcée à Thingvellir le 17 juin 1944 sur place.

Le livre se compose de trois parties : La cloche d’Islande  raconte les pérégrinations de Jon Hreggvisson, paysan gaillard et paillard, voleur de corde, peut être meurtrier sans remords du bourreau du Roi du Danemark. Rustre peut-être, mais insolent et poète, il rimaille à chaque occasion,

Le gaillard obtint son déduit,

Mit près de soi la femme dans son lit

De l’ivresse d’amour empli,

De l’ivresse d’amour empli

A peine avait-elle dit oui »

Toute sa vie, il chante Les Anciennes Rimes de Pontus pour narguer les bourreaux ou les autorités.

Condamné à mort, il s’enfuit, arrive en Hollande, puis au Danemark pour solliciter la grâce du roi. Roman picaresque, pas de cape ni épée, quand Jon a un chapeau, des bottes et une corde il est déjà heureux.

ferme de tourbe

La Vierge Claire, est centrée autour du personnage très séduisant de Snaefrid, le soleil de l’Islande, fille du Gouverneur de l’île mais mal mariée au junker Magnus de Braedradunga. Ce dernier  possède un domaine aux fermes de tourbe à moitié en ruine. Soiffard, il est capable de vendre ses terres, ses fermes et même sa femme pour un verre d’eau de vie. Réduite à la mendicité par son mari, Snaefrid se réfugie chez sa soeur, la femme de l’évêque de Skalholt.

La dernière partie L’Incendie de Copenhague gravite autour du savant Arnas Arneus , vice-gouverneur de sa Gracieuse Majesté, assessor consistori, professor philosophiae et antiquitatum Danicorum. Cet érudit cherche à retrouver et à préserver les manuscrits islandais anciens. Il les déniche dans les lits des paysans qui utilisent le parchemin pour ressemeler les chaussures, ou pour obturer les fenêtres. Pour retrouver le livre d’une islandaise parvenue jusqu’en Amérique dans les temps anciens, il va jusqu’à  Rome. Il ne se contente pas de collectionner les livres anciens, il tente d’utiliser son crédit auprès du Roi du Danemark pour améliorer l’ordinaire et la justice rendue à l’Althing de Thingvellir.

Livre d’histoire décrivant la vie misérable des Islandais au début du 18ème siècle. Les marchands danois ont le monopole du commerce et il est strictement interdit aux Islandais d’entrer en contact avec les navires hollandais ou anglais qui croisent dans la région. Les pêcheurs islandais n’ont d’autre choix que de livrer leur pêche à Copenhague (huile de baleine) quand ils peuvent pêcher car on leur rationne corde, ficelles et hameçons pour leurs lignes. La disette règne sur l’île. Peste, variole, lèpre déciment la population.

Livre d’histoire mais aussi livre de poésie nourri de légendes nordiques, de sagas, de généalogies, d’érudition et même de latin.

Au retour d’Islande, je peux mieux imaginer comment l’Althing – le parlement vieux de plusieurs siècles – a perduré, non pas comme institution qui légifère mais comme tribunal où se rencontrent nobles et mendiants, marchands et évêques. On voit aussi faucher l’herbe, traverser les rivières glaciaires. Chevaux, chiens ne sont pas oubliés.

Une conclusion magnifique à notre voyage et à toutes ces lectures islandaises!

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

10 réflexions sur « La Cloche d’Islande – Laxness »

  1. un auteur que j’ai beaucoup lu, la cloche d’Islande est un grand classique mais je te conseille si tu le trouves en occasion ou en numérique : les annales de Brekkukot c’est un roman qui m’a beaucoup plu et pour lequel j’ai fait un billet il y a déjà 10 ans …..malheur de malheur !!

    J’aime

Laisser un commentaire