TUNISIE
Incipit :
« Maître Bakouche? Vous plaisantez? Vous pouvez me cogner, comme l’ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître. Vous pouvez vous brosser, je ne le dirai pas, je ne suis pas votre chien. Monsieur, c’est tout ce que je vous dois, et encore, parce que je ne vous connais pas… »
Un adolescent de 15 ans attend son procès, c’est ainsi qu’il accueille l’avocat commis d’office. il ne recevra pas mieux la visite du psychiatre. Son affaire se présente mal. Il a tiré sur son père, sur le Maire, le ministre de l’Environnement et ne regrette pas son geste.
« Est-ce que je suis conscient que de tels actes, doublés de tels propos condamnent mon avenir? C’est une bonne blague, monsieur Bakouche, et si j’avais pas mal partout, je rirais de bon coeur. »
Parce que le jeune a la rage.
Est-il salafiste? Sûrement pas . Terroriste encore moins. Ce serait plutôt un intellectuel, un grand lecteur – pour son âge.
« j’ai remarqué que personne ne vous cherche de noises quand vous avez le nez dans un livre. Ce n’était pas
comme si vous deveniez invisible, mais votre visibilité devient d’une autre nature. Elle surprend, elle interloque. Les livres, pour beaucoup, c’est un truc qu’ils ne comprennent pas et qu’ils essayent de bien éviter comme des allergiques. Plus le livre est épais, plus vous faites fuir les gens autour de vous. »
Un violent? Avant son geste, pas vraiment. Il a vécu dans un monde cruel et violent. Sa description de la Tunisie d’après la révolution de 2011 est sans concession
« J’avais le sentiment qu’on était tous dans la cale d’un même bateau, secoués par la tempête, à se vomir les uns sur les autres, parce qu’il n’y avait là-haut aucun capitaine capable de nous mener à bon port.[…..]
Et même les enfants n’étaient pas le terminus de la cruauté. Ils réussissaient à trouver plus faible qu’eux pour déverser ce qui les dévastait. Enfants plus petits, animaux, insectes. »
Il a vécu sans affection, ni de son père qui préfère sa voiture à sa famille, ni de sa mère incapable de le protéger.
Il trouve Bella et lui voue tous son amour, pour Bella il est capable de muscler son corps, de se dévouer, il sera capable de tirer. Une passion qui l’entraînera jusque dans cette prison. C’est donc le livre de cette passion inconditionnelle. Et c’est un beau texte!
« tu l’aimes ce chien ? Plus que les gens. Prends-en soin alors, Allah aime ceux qui prennent soin de Ses créatures.
Passez donc voir mes darons, et les autres darons du quartier, et même les profs. Dites-leur ça. Rappelez-leur que les enfants aussi sont des créatures d’Allah. »
Les extraits me donnent envie de le lire.
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@Aifelle : c est exprès! J ai aimé ce livre .
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