Bénodet et les rives de l’Odet

CARNET DE LA FORÊT FOUESNANT

sur la rive gauche de l’Odet près du pont


Soleil radieux, mais gelée blanche. La route serpente dans la forêt, un chevreuil traverse la route juste devant le capot, affolé il fait demi-tour et retraverse.  Un petit marché occupe la place de La Forêt Fouesnant.

A Bénodet, les vedettes de croisières sur l’Odet sont parties pour la dernière fois le 7 octobre.

Sur les quais ensoleillés, les cafés sont pleins. L’église ouverte  est consacrée à Thomas Beckett mais rien n’explique pourquoi.  Nous  achetons des langoustines la à la poissonnerie cachée derrière l’église

  Le Guide Bleu propose un circuit en voiture de la demi- journée sur la rive gauche de l’Odet. Cartes au 1/25.000ème0519ET.

De Pors Keraign, petite cale sur l’Odet, la promenade va à Pors Guen. La cale est goudronnée;  on peut y  mettre à flot une petite embarcation. De l’autre côté de la rivière on voit  deux manoirs dans leurs parcs. La promenade n’est pas balisée: le sentier est introuvable.  Il faut faire confiance au Guide Bleu ! Je m’aventure donc  sur le gravier glissant et bien mouillé suivant les traces de pas et même celles des vélos. Quand le parcours est trop mouillé et vaseux , des roches plates sont disposées pour faire un gué. Sous les branches des chênes je marche sur des graviers jonchés de feuilles, l’eau ne doit pas monter jusqu’au muret ! Et la marée haute c’est dans 3 heures ! Je croise un jogger, on passe donc ! Puis des promeneurs : plus loin des panneaux de bois gravé expliquent que le chemin  est praticable même par marée haute si elle n’excède pas un coefficient de 70. C’est donc un parcours d’un peu moins d’une heure sous des branches tordues.

Nous piqueniquons au Pors Guen.

Le  circuit continue vers Pors Meillou, une autre petite cale d’où un chemin monte dans les châtaigniers. Le visiteur n’est pas le bienvenu : des panneaux annoncent toutes sortes de défenses « Défense d’entrer, chasse réservée, défense de cueillir des champignons ! » pourtant un balisage jaune d’un circuit pédestre indique ce chemin. Après la montée assez pénible parce qu’on s’enfonce dans la terre très molle ravinée par le ruissellement, je découvre une très belle allée bordée de grands arbres sur des talus jusqu’à la route.

fontaine de saint cadou

la chapelle Saint Cadou

la chapelle Saint Cadou

Un peu plus loin, la chapelle Saint Cadou se trouve dans une clairière précédée d’un calvaire avec un curieux édicule carré à toit pyramidal, un peu plus loin il y a une fontaine avec un bassin d’une eau verte recouverte de lentilles d’eau et accompagnée d’une plante verte aux feuilles géantes. Saint Cadou était le patron des chevaliers et des lutteurs, nous explique un panneau, l’oratoire à Saint Herbot  patron des bêtes à cornes. Sur les pignons,  des décors frisés se détachent avec des gargouilles très étranges : il me vient l’envie d’en faire une collection.

une des gargouilles de Saint Cadou
une des gargouilles de Saint Cadou

la Mer Blanche

oiseaux sur la lagune

Entre Bénodet et Mousterlin un fin cordon dunaire enferme une lagune la Mer Blanche. Nous laissons la voiture  au grand parking de Beg ar Garrec. De là des sentiers de randonnées sur les bord de la lagune ont été très bien aménagés : cheminement sablé ou garni de planches dans les endroits trop humides, affûts pour l’observation des oiseaux, les talus ont aussi été replantés de haies – plantations très récentes, les plants sont encore protégés  par un grillage plastique. Le soin tout particulier est remarquable. Le sentier suit une anse étroite qui s’enfonce dans les terres, on retrouve plus loin le GR34 qui fait un bout de chemin avec le balisage bleu du tour de Mousterlin (16km). Aujourd’hui, dimanche, les promeneurs sont nombreux avec leurs chiens. On devine d’autres marcheurs sur le cordon dunaire de l’autre côté de la Mer Balnche. Aigrettes et mouettes glissent sur le miroir de l’eau stagnante.

coucher de soleil à Beg Meil

coucher de soleil à Beg Meil

Nous terminons la journée au coucher du soleil (on est passé à l’heure d’hiver) sur la petite plage de sable blanc des dunes de Beg Meil, sable très blanc encadré par des rochers où je m’étonne de la taille des cristaux de feldspath dans le granite. De jolies clochettes en bouquets attirent mon regard : des boules des fruits de l’arbousier rougissent. C’est la première fois qu’en je vois la floraison.

la légende de la ville d’Ys – Charles Guyot d’après les anciens textes

CHALLENGE BRETON

Seul reproche à ce Castor Flammarion : sa couverture souple, parce qu’à l’intérieur c’est un vrai livre à l’ancienne avec de jolies frises, lettrines  et gravures comme dans mes vieux Contes et Légendes de mon enfance. La préface est tout à fait intéressante – il faut parfois se méfier des préfaces, à ne pas sauter!

Depuis des décennies, je fréquente les environs de la Ville d’Ys dont j’ai forcément entendu parler mais je j’avais jamais lu sa légende. Grâce à la lecture commune avec Claudialucia et Aimelyne je vais combler cette lacune.

 

Ils sont tous là, : le roi Gradlon qui chevauche fièrement au sommet de la cathédrale de Quimper, Corentin – l’évêque de Quimper, Guénolé du monastère de Landevennec, Ronan l’ermite. Je retrouve les figures bretonnes croisées dans mes randonnées. Même les korrigans sont mis à contribution. La localisation de la ville d’Ys, en revanche, restera un mystère : je la croyais au large de la Baie des Trépassés, peut être se trouve-t-elle en baie d’Audierne, ou ailleurs?

Je me laisse charmer par le ton du conteur. Contes d’autrefois un peu moralisateurs.

Gradlon à cheval sur la cathédrale

Si les moines et ermites s’en sortent bien, Gradlon est loin d’être un chevalier sans peur et sans reproche le roi est un sentimental, abattu par la mort de Malgven il se laisse aller. Reportant son amour sur sa fille Dahut il cède à tous ses caprices.

 

 

 

Il faut se méfier des femmes!

les hommes d’église le savent bien : Malgven, un peu sorcière, tue son époux et livre son château. Dahut est encore plus maléfique, rencontre les anciennes divinités, les Sennes et les korrigans. Jalouse des églises elle édifie un château plus magnifique encore. La christianisation de la Bretagne s’est-elle fait sans heurts. Femmes et sorcières confondues? Elle mérite vraiment son châtiment, la pécheresse qui tue ses amants d’une nuit! ….je ne vais quand même pas tout raconter.

fuite de Gradlon via Wikipédia

LECTURE COMMUNE avec Claudialucia et Aimelyne

Premier jour à la Forêt Fouesnant

CARNET DE LA FORET FOUESNANT

 

Notre gîte: kervenen


Sans carte, nous choisissons la balade la plus simple : partir du vieux port du village et suivre le sentier côtier. Depuis des années, je parcours le GR34, par tronçons, du Mont saint Michel à Quiberon, en pointillés.

bateau échoué sur la grève

Marée basse, l’anse est brillante sous le soleil, argentée. Le parcours piétonnier partage la route avec la piste cyclable.  J’atteins les viviers qui proposent huitres et moules, « cuisent leurs crustacés à l’eau de mer » (on sera déçues en leur demandant des langoustines pour demain,  ils n’en vendent pas sauf dans les plateaux de fruits de mer commandés à l’avance.

moulin-mer

A marée basse je préfère marcher sur l’estran . L’anse de Penfoulic est barrée par une petite digue surmontée par une tourelle ronde au dessus d’un déversoir ,( un moulin à marée ) . Au Cap Coz, une flèche s’avance loin. Du côté de la mer s’étend une très belle plage de sable blanc. Les maisons sont blanches à pignons pointus et balcons en bois blanc, très Belle Epoque, aucune fausse note.

Un homme remplit une petite remorque tractée par sa voiture d’algues, mélange de goémon et d’algues vertes qui font un épais cordon au bord du sable sec. Je l’interroge :

– « pourquoi ramassez vous cela ? «

«  Pour le potager, l’hiver cela couvre le sol et empêche les mauvaises herbes de pousser, au printemps après décomposition cela amende le sol »

« au moins elles servent à quelque chose », je remarque

– « tous les paysans font cela » dit le monsieur étonné de mon étonnement.

A l’extrémité de la plage le GR grimpe sur une falaise se glisse entre les grands pins, les chênes et les belles propriétés bordées de haies d’éléanus qui embaument avec leurs fleurs en clochettes discrètes mais odorantes, les lauriers,  les belles maisons sont le plus souvent cachées  dans la verdure, on devine des pignons, des tourelles, parfois des gloriettes blanches sont perchées, dominant la  mer. Au dessous du sentier, de petites anses sauvages sont enchâssées dans des rochers de granite rose ou orangé, sable blanc à marée basse, inaccessibles sauf parfois par un escalier.

La plage de Kerveltrec est plus accessible . Des véliplanchistes s’y sont donné rendez-vous. Nous y piqueniquons installées sur des rochers.

pique-nique sur la plage

Beg Meil : de très belles propriétés sont bâties à l’aplomb de la falaise à marée haute  il n’est plus possible de rester sur le sable. Le GR emprunte les rues de Beg Meil, c’est moins sauvage, plus urbanisé. Je retrouve la mer près du Sémaphore de Beg Meil devant la plage des dunes. En face à l’horizon se détachent les îlots des Glénans. Je termine la balade pieds nus sur le sable blanc de la très belle plage en bordure de zones humides . Déception, la plage ne va pas jusqu’à Mousterlin : une digue récemment construite barre le passage. Je remonte sur la dune. Derrière se le GR serpente dans le marais, des petits ponts de bois enjambent des canaux; la végétation a roussi et ressemble à un camaïeu de tweed irlandais brun.

Au retour,  crochet en voiture jusqu’à la charmante chapelle de Kerballer  avec son four à pain et un peu plus loin sa fontaine de dévotion dont on faisait boire l’eau aux enfants faibles sur leurs jambes qui tardaient à marcher.

Courses à Fouesnant : la rue principale est très agréable mais les commerces d’alimentation ont été remplacés par des magasins de fringues, de savons ou de parfumerie. Devant l’église la supérette est bien décevante : nous comprenons pourquoi : un Carrefour tout neuf remplace tous les petits commerces.

Église de la Forêt Fouesnant

Nous achèterons les moules au Vivier à la Forêt Fouesnant et le pique-nique à la magnifique charcuterie traiteur qui ne craint pas la concurrence d’un tout petit Carrefour.

La tour d’Amour – Rachilde

CHALLENGE BRETON

Publié dans le recueil Omnibus Le roman des PHARES.

Le personnage de Rachilde m’intriguait, les vacances en Bretagne étaient l’occasion de lire cet ouvrage que Claudialucia avait chroniqué il y a peu.

Je n’aurais pas dû lire la préface. Certaines préfaces éclairent le lecteurs mais celle-la, sous prétexte d’analyse, de symboles…, raconte trop, déflore le mystère qui tient une grande place dans l’histoire et détruit tout l’effet de surprise. On sait ce qu’il y a dans la pièce cadenassée, le héros ne le sait pas, nous si!

Il est vrai aussi que j’ai très peu de goût pour le Grand-Guignol, très peu pour la littérature fantastique. Et là, trop c’est trop! Des naufrages, un  meurtre, de la nécrophilie, la folie, la démence-même… rien ne nous est épargné. !a rester enfermé dans un phare dans une mer en folie, ravitaillé tous les quinze jours si le temps le permet, et il ne le permet pas souvent.

Cependant ce roman ne manque pas d’intérêt : le style est impressionnant dans la description  des éléments déchaînés, la tempête  brisant les vitres du phare, les embruns, les oiseaux tourbillonnant. Quelques morceaux de bravoure: la folie gagne les hommes enfermés qui désapprennent à vivre.  Cependant ils ne rachètent pas les tonnes de préjugés désuets et l’enflure des exagérations.

 

Le Gardien du feu – Anatole Le Braz

CHALLENGE BRETON

Édité dans le gros Omnibus:  Le roman des PHARES,Le Gardien du feu fut publié dans Le Journal en octobre-novembre 1899 et inspiré d’un fait divers survenu au Raz-de-Sein en 1892.

 

 

Quelle meilleure lecture pour accompagner des vacances sur la côte de Cornouailles par les temps venteux de la Toussaint quand la mer est rayée de lames écumantes.

Anatole Le Braz recueillit légendes et traditions bretonnes. Ce roman a donc un souci ethnographique dans la précision des descriptions et dans le goût des détails de la vie courantes. La parisienne que je suis ne se doutait pas des nuances locales, des différences entre les régions de la Bretagne. Léonards et Trégorrois n’ont ni les mêmes coutumes ni les mêmes caractères, les Capistes – ceux de l’extrême Finistère sont aussi différents des Îliens de Sein. Toutes ces remarques me ravissent et réservent nombreuse surprises dans un décor dépaysant et maintenant désuet.  Étonnement de réaliser que ces pauvres paysans ou pêcheurs sont aussi des marins au long cours. Goulven Denes, naïf Léonard, voué à la prêtrise garde son trésor le coffre à Jim trouvé à Saigon.

Atmosphère étrange que celle de l’Enfer du Raz, de la baie des Trépassés, dont les noms seuls présagent une tragédie à venir. J’ai deviné à mi-parcours l’issue fatale et pourtant je ne me suis pas ennuyée  tant est bien racontée l’histoire que je ne veux pas résumer pour laisser la surprise au lecteur. C’est une histoire d’amour, simple et absolue, d’un homme simple.

Lire aussi le billet de Claudialucia ICI