La fin de la pauvreté ? film de Philippe Diaz

C’est un documentaire coup de poing ! Le point d’Interrogation est le sujet du film.

Le débat prévu à l’issue de la projection tarde. On est estomaqué. Impossible de retenir les chiffres ahurissants et pourtant vrais. Les morts de faim chaque jour, les millions de dollars versés par l’Afrique aux pays riches, au nom de la dette… Les diapos interrompent le cours des images avec ces chiffres toujours aussi considérables. Ce sont les pauvres qui financent notre richesse.

Ne feignons pas de l’ignorer : c’est en 1492 qu’a commencé la mondialisation. L’or et l’argent des Amériques a permis le développement du commerce, l’esclavage, la révolution industrielle… On pourrait croire que tout est terminé : l’esclavage, la colonisation. Voire.

Après le rappel historiques, les économistes analysent la mondialisation actuelle, les prix Nobel, Mr. Stiglitz et Amartya Sen, témoins plus qu’honorables et crédibles.

Mais c’est un  film que nous sommes venus voir. Des histoires, des personnages. Les images sont éloquentes. Les paroles des pauvres sont touchantes, en Portugais au Brésil, en Anglais au Kenya, en Espagnol en Bolivie. Elles racontent toujours la dépossession des terres par des multinationales, les privatisations, la destruction des solidarités traditionnelles.

Deux séquences s’opposent : la première montre la messe dans la magnifique cathédrale baroque de Sucre, tandis que les Blancs sont sur les bancs des travées, une indienne s’assoit par terre.  La seconde raconte la guerre de l’eau, gagnée par les Indiens. Victoire de la communauté sur la privatisation.Leçon de morale : il existe des biens communs qu’on ne doit pas privatiser : l’eau, l’air, l’éducation et la santé. Cette leçon devrait aussi prévaloir dans nos pays riches. Nous avons aussi à apprendre des indiens de Bolivie.est un documentaire coup de poing ! Le point d’Interrogation est le sujet du film.Le débat prévu à l’issue de la projection tarde. On est estomaqué. Impossible de retenir les chiffres ahurissants et pourtant vrais. Les morts de faim chaque jour, les millions de dollars versés par l’Afrique aux pays riches, au nom de la dette… Les diapos interrompent le cours des images avec ces chiffres toujours aussi considérables. Ce sont les pauvres qui financent notre richesse. Ne feignons pas de l’ignorer : c’est en 1492 qu’a commencé la mondialisation. L’or et l’argent des Amériques a permis le développement du commerce, l’esclavage, la révolution industrielle… On pourrait croire que tout est terminé : l’esclavage, la colonisation. Voire.Après le rappel historiques, les économistes analysent la mondialisation actuelle, les prix Nobel, Mr. Stiglitz et Amartya Sen, témoins plus qu’honorables et crédibles.Mais c’est un  film que nous sommes venus voir. Des histoires, des personnages. Les images sont éloquentes. Les paroles des pauvres sont touchantes, en Portugais au Brésil, en Anglais au Kenya, en Espagnol en Bolivie. Elles racontent toujours la dépossession des terres par des multinationales, les privatisations, la destruction des solidarités traditionnelles.Deux séquences s’opposent : la première montre la messe dans la magnifique cathédrale baroque de Sucre, tandis que les Blancs sont sur les bancs des travées, une indienne s’assoit par terre.  La seconde raconte la guerre de l’eau, gagnée par les Indiens. Victoire de la communauté sur la privatisation.Leçon de morale : il existe des biens communs qu’on ne doit pas privatiser : l’eau, l’air, l’éducation et la santé. Cette leçon devrait aussi prévaloir dans nos pays riches. Nous avons aussi à apprendre des indiens de Bolivie.A voir absolument :

La fin de la pauvreté ?, film de Philippe Diaz

L

les Citronniers Film d’Eran Riklis

Destins de femmes dans un contexte dramatique.

 

Les larmes de Salma (Hiam Abbas, remarquable) qui pleure ses arbres,sa dignité bafouée quand le ministre de la Défense installe sa villa à quelques mètres de son verger…

Les larmes de Mira, la femme du ministre, devant un tel gâchis. Elle qui s’extasiait devant la vue paradisiaque sur les agrumes , délaissée et prisonnière de ses gardiens de l’armée et des services secrets.Pleure-t elle ses illusions? le massacre du paysage? l’hypocrisie de son mari?

Les miennes enfin, larmes de honte, de regrets. Absurdes. Je m’apitoye sur les citronniers! Arbres merveilleux qui déperissent, sans soin. Je ne sais pas pourquoi les arbres coupés me mettent dans une telle rage surtout quand il s’agit d’oliviers centenaires…Je ferais mieux de m’indigner quand on installe des barrages, quand on affamme Gaza. Et je pleure des citronniers!

Salma, figure admirable de dignité et de courage, qui défie l’armée israélienne, défi pacifique utilisant tous les recours juridiques pour sauver ses citronniers.

Eran Riklis est le réalisateur de la Fiancée syrienne, tragédie que javais aussi aimé.

Le Chant des mariées film de Karin Albou

 

Le chant des Mariées résonne singulièrement dans ma mémoire après avoir vu Les Secrets de Raja Amari. Est-ce parce que ces deux films se déroulent en Tunisie, que ce sont des films de femmes qui montrent les femmes dans leur intimité? Pourtant l’histoire est bien différente, ainsi que les décors et le propos… Me saute aux yeux ce bleu!  Films d’un bleu unique. correspondance de la couleur?

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Tunis, 1942
Myriam et Nour, les petites mariées sortent à peine de l’enfance. Elles sont amies  comme on l’est à quinze ans….Nour est amoureuse de Khaled son fiancé, sans travail, son mariage repoussé.
Les Allemands imposent une « amende » à la communauté juive. Tita, la mère de Myriam, a perdu son travail.
Myriam, brocardant le Maréchal a été exclue du lycée.
La solution à leur précaire survie est le mariage à un riche médecin qui désespère Myriam.
Les Allemands jouent le nationalisme arabe contre la colonisation.
L’antisémitisme séparera Nour de Myriam;
On entre dans l’intimité des femmes, hammam populaire, préparation de la mariée. Douloureuse épilation au caramel. Tendresse entre les amies, les mères, violence extrême, suggérée, aussi…Une grande douleur.
Subissant le sort qu’on impose aux femmes, aux juifs. Ces jeunes  filles ne sont ni passives ni soumises.

Festival de L’oh – Porteurs d’eau Fondation Danielle Mitterand

Chaque année, en Juin le Conseil Général du Val de Marne organise cette  manifestation célébrant l’Eau sous toutes ses formes. Sur la Seine et la Marne, des escales le temps d’un week-end proposent des expositions, dees conférences, des spectacles. Mais tout le long de l’année des activités passionnnantes se déroulent.

 

Pour mes élèves, ce fut l’occasion de visiter une station d’épuration. Ils ont adoré! de faire une minicroisière d’Alfortville à Villeneuve et de découvrir la batellerie. L’an passé, le fleuve invité était le Niger. Le Festival de l’Oh  a offert à mes élèves du clubPobèCréteil une soirée africaine à Créteil où nous avons monté un spectacle théâtral mettant en scène La Flûte à Parler de Chantal Serrière en présence de l’auteur,souvenir inoubliable !

Le Festival de l’Oh : c’est aussi l’Université de l’Oh où se tiennent des conférences de très haut niveau. Rencontre avec une des personnalités de mon panthéon personnel : Aminata Traoré.

Dimanche, à l’escale de Villeneuve Saint Georges, Danielle Mitterrand s’est déplacée our présenter la Campagne des  Porteurs d’Eau

dont je recopie

la Charte des Porteurs d’Eau

1. l’eau n’est pas une marchandise, l’eau est un bien commun non seulement pour l’Humanité mais aussi pour le Vivant
2.Afin de garantir la ressource pour les générations futures, nous avons le devoir d restituer l’eau à la nature dans sa pureté d’origine.
3.L’accès à l’eau est un droit humain fondamental qui ne peut être garanti que par la gestion publique, démocratique et transparente, inscrite dans la loi.

 Pour devenir Porteur d’Eau il suffit de signer la Charte des Porteurs d’Eau sur http://www.france-libertes.fr et vous procurer votre feuille d’eau : la feuille d’eau est une sorte de jolie gourde transparente à remplir avec l’eau du robinet et surtout à ne pas jeter!

Hirbat-Hiza – S.Yizhar

En ces jours où l’on parle de boycott de films israeliens, où le dialogue paraît difficile, lisons plutôt ce qu’a écrit Yizhar au sujet de la déportation des villageois palestiniens en 1948. Au lieu de les baillonner, laissons exprimer ce que j’appellerais  la conscience des intellectuels israëliens. Leurs écrits, leurs films, leur parole ramènera peut-être un peu de raison dans la déraison des extrémismes.

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Écrit en 1949, édité en français par Galaade Edition
(traduction Laurent Schuman)- postface David Shulman

Ce court récit(98p)est d’une beauté fulgurante et d’une actualité criante.

Dans la postface, D Shulman  analyse le texte en hébreu. Il me fait regretter de ne pas avoir abordé ce texte en VO,  classique de la littérature hébraïque qui, à ma grande surprise, figure au programme de littérature des lycées.

Le narrateur,  un beau matin d’hiver 1949, part en mission afin de « regrouper les habitants de la zone située en deçà des points X et Y…en vue du transfert des populations autochtone hors des frontières; détruire à l’explosif les bâtiments de pierre…. » c’est à dire « brûler-dynamiter-capturer-embarquer-expulser » dans les règles de l’art… »

Dès les premières lignes, l’auteur est clair.

Et pourtant, malgré cette mission sinistre, le texte adopte d’abord un ton élégiaque. C’est le plus beau chant à la terre palestinienne, cultivée dans l’harmonie et la beauté, qui puisse être écrit. Les jeunes soldats y sont tous sensibles, comme à la beauté sauvage d’un jeune poulain.

Dans l’attente de l’action – comme l’attente est commune chez les militaires! – ils admirent la beauté de cette campagne.

– « le diable les emporte! s’écria Gabby. C’est trop beau pour eux! »

Yizhar, fait un compte-rendu, d’abord neutre, de l’action. Ne pas oublier que ce récit se déroule pendant la guerre d’indépendance. Il était alors officier de renseignements.

Lorsque la conquête facile du village déserté par les combattants est achevée, commence la mission d’expulsion. Expulsion de pauvres diables, de vieillards d’enfants de femmes. Devant l’humiliation des villageois, les doutes font surface. la plupart des soldats les font taire par des bravades ou des brutalités, des vantardises. Le narrateur soulève la question :

« Est-ce bien raisonnable d’expulser ces gens?…
– on ne discute pas les ordres!
– Mais c’est injuste…
 »

La mission devient encore plus glauque. Une mare inonde la chaussée là où l’on devait embarquer les déportés dans des camions. La boue.

Ce texte m’a poursuivie. Sur Internet j’ai trouvé un texte se référant à cette boue, et à la boue de Kippour, le film d’Amos Gitaï.

L’actualité de ce récit est évidente.

Hier, coïncidence? la Gauche israélienne manifestait contre les colonies tandis que les Palestiniens commémoraient la Naqbah, cette déportation que raconte Hirbat-Hiza.

Et toujours je rumine :

comment les lycéens israéliens qui ont étudié ce texte peuvent ils continuer ainsi sans se poser plus de questions?

Comment ai-je pu passer à côté d’un tel texte pendant tant d’années?

Femmes du Caire, de Yousry Nasrallah

Les films se répondent parfois, résonnent en une polyphonie, il y a trois jours j’ai vu Les Secrets,film tunisien, Femme du Caire vibre ensemble. Pourtant ce n’est pas une redite : les femmes des Secrets étaient modestes un peu frustres, Hebba est une star, une présentatrice vedette de la télé qui évolue dans un monde moderne occidentalisé très glamour

Le générique commence avec de belles images de tomates au coeur noir, d’oignons roses, citrons translucides. la femme est elle toujours vouée aux arts ménagers? Le film semble hésiter dans un appartement de rêve. Ils sont riches, ils sont jeunes, ils sont beaux et amoureux évoluent dans les hautes sphères des médias.

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Karim, le jeune mari, attend une promotion dans la Presse officielle, Hebba évoque des sujets provocateurs dans un talk show embarrassants pour la carrière de son mari. Est-ce la demande de se dernier d’abandonner les émissions politiques ou la rencontre inopinée avec une vendeuse dans un très chic magasin de parfumerie, Hebba quitte les actualités pour une emission consacrées aux femmes, à l’amour, à la sexualité. Hebba fait venir sur le plateau des femmes qui racontent des histoires singulières. Le titre en version originale est Sheherazade. Elles sont instruites, belles, institutrices, dentiste…mais toutes victimes de la mysogynie et elles se rebellent à leur manière. Il est intéressant de noter que toutes les anecdotes correspondent à un fait divers qui s’est déroulé dans la vraie vie.

http://abonnes.lemonde.fr/cinema/article/2010/05/04/femmes-du-caire-quand-scheherazade-conte-la-vie-des-egyptiennes_1346391_3476.html

Jaffa de Keren Yedaya avec Ronit Elkabetz

 Il y a un an ce film est sorti sur nos écran, j’aimerais le mettre en parallèle avec Ajami, plus récent. 

Jaffa, ville mixte où se côtoient Juifs et Arabes.
Un garage: le patron est juif , il emploie ses enfants, mais aussi deux mécanos Hassan et Toufik.
une cohabitation exemplaire?
Mali est amoureuse de Tooufik, on pressent dès le début que ce ne sera pas si simple.
L’histoire tourne à la tragédie.
Des acteurs magnifiques, une mise en scène efficace.
Ronit Elkabetz incarne un personnage fort, dur, fermé c’est une actrice extraordinaire.
Ce n’est pas franchement un film qui fait voyager, l’essentiel se déroule dans le garage ou dans le salon des Wolf.
L’essentiel est ailleurs, dans l’intimité de la famille, dans la confrontation des deux peuples, dans le non-dit…

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D’une Seule Voix – film de Xavier Lauzanne

 

Alors qu’Israel mène des opérations navales désastreuses (ont ils oublié l’Exodus?), que le manichéisme tend encore plus les relations au Proche Orient, que le dialogue semble irréalisable, ce film porte une étincelle, si fragile, d’espoir….

Réunir des musiciens israéliens, juifs et arabes, palestiniens musulmans et chrétiens, de Gaza ou de Jérusalem, un prêtre arménien….pour une tournée en France : D’une seule voix.
Le français Jean Yves Labat de Rossi n’en est pas à son premier essai: il a réussi à faire jouer l’orchestre de Sarajevo, bosniaques, serbes et croates en pleine guerre.

C’est un film sincère et honnête qui ne cherche pas à épater la galerie, ni dans le scénario,  ni dans la technique, ni même politiquement. personne ne prétend avoir la solution, ni faire la paix.

Le temps d’une tournée se trouvent réunis des hommes, des femmes, des enfants qui ne se seraient jamais parlé, unis par la musique et le désir que la tournée réussisse et que leur musique soit la meilleure possible. Ce sont des professionnels, sur scène ils assurent. En coulisse c’est moins facile. Susceptibilité des uns et des autres, un geste déplacé, une citation, un discours qui dérape et on sent que tout peut capoter.

C’est un film où les effusions de tendresse réparent les maladresses. On se touche, on s’embrasse beaucoup. Et pourtant pas d’angélisme. le jeune rappeur arabe qui fait un duo avec Eti la juive qui chante en arabe voilée d’une caffiyah noire blanche, ne croit pas qu’il verra la paix de son vivant, ses enfants peut être…

Un mois après le retour éclate la guerre au Liban, un des musiciens est tué. Les derniers plans du film rappellent la guerre à Gaza…

Ajami – film de Scandar Copti et Yaron Shani

Film noir, film choral où cinq histoires s’entremêlent dans le quartier d’Ajami à Jaffa.

Le film s’ouvre sur le meurtre en plein jour, en pleine rue d’un  enfant qui change une roue, il s’achève sur la course éperdue d’un autre enfant de 13 ans, un rêveur, qui a tiré pour sauver son frère.
Règlements de comptes sur fond de racket, vendetta touchant une famille indifféremment de l’âge ou de l’occupation, trafic de drogue, tension inter-communautaire, Arabes israéliens, juifs, musulmans, chrétiens, bédouins, palestiniens… tous vivent sous tension.
On pense aux films d’Audiard, Regarde les hommes tomber ou de Battre mon coeur s’est arrêté , films virils en opposition au Jaffa de Keren, Yedaya avec la magnifique Ronit Elkabetz.De la folie des hommes, d’une fusillade incompréhensible une famille est tombée dans l’engrenage. La disparition du frère entraîne parallèlement l’officier de police dans une haine implacable. De la misère,de l’impossibilité de gagner honnêtement leur vie, les jeunes gens cherchent à dealer, tellement maladroitement…Et que dire de la mort de Binj? suicide par overdose de celui qui a transgressé la frontière entre juifs et arabes?Que dire de l’attitude du patron du restaurant? Patriarche de cette bande disparate de jeunes hommes tout juste sortis de l’adolescence, aidant Omar à acheter la paix avec le clan bédouin, cachant Malek palestinien illégal, faisant régner la bonne humeur et la gentillesse jusqu’à ce que son  honneur de père pointilleux ne se sente touché.Ambigüe aussi l’attitude du policier,  cherche-t-il à nettoyer le quartier des trafiquants ou est-il mu par sa vengeance personnelle?
Disproportion des réactions policières quand un juif est poignardé et quand l’enfant arabe est descendu.
J’ai écouté avec beaucoup d’attention les dialogues, la facilité qu’ont les arabes israéliens à passer de l’arabe à l’hébreu, le nombre sidérant d’expressions en hébreu passées dans leurs conversations entre eux. L’incapacité totale, en revanche des israéliens à s’exprimer en arabe.Beauté et misère de Jaffa, quartier oriental de la si-occidentale Tel AvivJ’ai tellement aimé la fin : ouvrez les yeux!

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quelques temps plus tard…. je me repasse le film dans ma tête.
Pourquoi tant de violence?

Hypothèse féministe, la première qui surgit: violence machiste dans un quartier où les femmes sont confinées à la maison. première séquence : la petite fille refuse de servir son voisin mais à la maison docilement rend le même service. Quasi absence des femmes? Voire, la mère d’Omar assiste aux négociations et même si on qualifie ce dernier, 19 ans de « chef de famille », a son mot à dire.  Quasi-parité des femmes du côté juif, dans la famille de Dando où la sœur et la mère sont plus vaillantes que le père anéanti. De même dans les deux couples mixtes. Si je suis attentive, je trouve les femmes!

Deuxième hypothèse : le rapport à la loi. Ajami subit la loi du plus fort, la loi de la rue, du racket, des dealers. Au voisin qui prétend aller ce plaindre à la Mairie de nuisances causées par les brebis les jeunes vautrés sur la voie répondent qu’ici, il n’y a pas de Mairie!
Vacance des pouvoirs publics? Sûrement pas s’ils s’exercent par la police brutale exerçant une autorité arbitraire. En tout cas, absence de légitimité. Où est le permis et l’interdit? L’interdit, c’est pour Malek de sortir du restaurant puisqu’il est clandestin. Le trafic de drogue ne lui apparaît qu’une infraction mineure, juste un peu plus dangereuse qu’une autre.  La loi est-elle celle qui s’exerce dans ce tribunal ancestral du désert où est-ce celle des juifs? Binj qui essaiera de rappeler les règles d’une perquisition aux policiers le paiera très cher. Ajami, zone de non-droit, d’autorité non reconnue.

Et on  en revient à la question politique majeure du conflit israélo-arabe, des droits des arabes isréliens, et de l’occupation…

Lola de Brillante Mendoza

Lola - de Brillante Mendoza

 

Brillante Mendoza nous emmène à Manille sur les pas de deux grands- mères.Les grands -mères sont appelées « Lola ».
La première, accompagnée de son petit fils, tente d’allumer une bougie
à la mémoire de son fils assassiné pour un vol de portable. Sous la
pluie et dans les rafales la flamme vacille…la grand mère s’entête….
L’autre grand mère est celle du tueur. Elle va tenter de le sortir de prison, à tout prix.

Plongée dans une ville sordide, sous une pluie persistante.

Les
deux femmes sont à la recherche de la somme nécessaire à l’enterrement
pour l’une. De l’argent qui permettra de faire cesser l’action en
justice.

Car c’est bien d’argent qu’il s’agit! Quête chez les
voisins, emprunts, mise en gage de la télévision, des titres, de la
pension de retraite même, trafics minables…

Si elles sont dignes toutes les deux, la deuxième Lola n’est pas exempte de roublardise.

Le talent de Brillante Mendoza transforme  ce fait divers sordide un
film magnifique. Il sublimer la pauvreté de la ville lacustre (ou
inondée, on ne sait pas bien) et réalise de belles images de la ville
trempée (je pense à In the Mood for Love). Magnifique procession
funèbre en barque.

Étrange langue, le Philippin que parlent
ces gens! quand il s’agit de grosses sommes on compte en anglais, en
espagnol des petites coupures. Anglais comme espagnol apparaissent dans
des dialogues incompréhensibles, on croit entendre des mots arabes.