Corfou : côte nord ouest jusqu’à Sidari

La route qui monte en lacets dans les oliviers et traverse Lakones avec les points de vue extraordinaires sur les criques de Paléokastritsa et sur le château d’Angelokastro. Au carrefour avant Krini, nous nous arrêtons aux grandes boutiques de souvenirs. Je les trouve déprimantes : même dentelles, mêmes céramiques aux motifs d’olives, même couverts à salade…tout le mode méditerranée est inondé de ce pseudo-artisanat. Rien ne me fait envie.

Le détour par Makrades est une erreur. Il ne faudrait jamais pénétrer dans un village grec en voiture. Nous le savons. Nous sommes incorrigibles. D’autant plus qu’il n’y a rien de spécial à voir. Tout le charme de ces villages réside dans la tranquillité que nous avons troublée.

Baie d’Agios Giorgios

A nouveau des lacets serrés, je laisse échapper un « Oh » de surprise. Nous découvrons de nouveaux horizons, la baie d’Agios Giorgios et des îles blanches, plates, au loin l’Albanie. Rien que pour cette surprise, la balade en voiture est un régal.

Encore des villages, des oliveraies avec leur parterre de filets en plastique. Les oliviers de Corfou sont vraiment de grands  arbres. Pourquoi les a-t-on laissé prendre tant d’ampleur ? Si on regarde les cimes on se croirait dans une forêt et non pas dans un verger. Au Certains arbres ont été sulfatés, mais pas tous, pourquoi ?

La plage de sable d’Agios Giorgios  s’étend sur tout le pourtour d’une baie arrondie. Vue de loin, elle est très belle. A 10 heures avant que les estivants n’arrivent les parasols à tranches bleues et blanches ont leur charme. Les constructions du front de mer en sont totalement dénués, hétéroclites, sans style sans fleurs. Nous quittons le bord de mer pour le retrouver plus loin, au gré des chantiers. Quel gâchis !

Cap Arilla

p8060566-copie.1283520560.JPG

D’après la carte, nous aurions dû trouver la route d’Afrodisias au bout de la plage. Pas dans la réalité ! Nous nous enfonçons dans la campagne. La route tournicote. On en perd le sens de l’orientation si bien que nous dépassons Agios Stéfanos. Il faut faire demi-tour. Après avoir bien cherché,  nous arrivons à Porto Timoni sur le cap Arilla : quelques tavernes, des maisons basses fleuries, un petit magasin de souvenirs, l’Atelier. Un peu trop de pancartes en Allemand, mais discrètes ; Deux itinéraires pédestres au choix : l’un vers une grotte l’autre vers la Taverne Sunset. Sunset à 10 heures du matin ? Le choix est fait. Le sentier en balcon descend vers le cap. Cela me rappelle l’expédition à la Fontaine Aréthuse, cette fois-ci j’ai mon téléphone. Je préviendrai si je dois tarder plutôt que de remonter au pas de charge. La promenade est délicieuse ; j’arrive à deux criques siamoises séparées par une mince digue, transparence de l’eau, couleurs, je devine des coraux, des algues. Quel dommage que je n’ai pas mon maillot de bain ! Ces criques merveilleuses se méritent. D. m’attend à la Taverne Dionysos, plein ouest pour les couchers de soleil. Nous traînons dans le village soigné parmi les jardins minuscules : dans un  carré 1.5mx1.5m on trouve un unique plant de pommes de terre, trois salades montées, quelques tomates du persil et même des plantes inconnues !

Peroulades

iles-ioniennes-dt-394-copie.1283520482.JPG

Le guide du Routard recommande un bar-panorama à Peroulades que nous trouvons après maints détours. Agios Stéfanos ressemble à Agios Giogios : une belle plage, des constructions anarchiques et vilaines.

Peroulades est un mignon village encore intouché par le tourisme : petites maison croulant sous leurs tonnelles de vigne, vieux toits de tuiles brunes. Le bar Panorama est moderne-trop – avec des auvents de bois à deux pans, des hauts comptoirs et même des balançoires. Pas Grec du tout ! En face, un vaste parking (pas beau mais pratique). La plage est au-dessous, invisible. Du rebord de la falaise on la devine à peine. Des marches y descendent. Cet endroit est absolument spectaculaire : une falaise de marnes grises rayée de bandes étroites plus ou moins claires. Le sable orangé tranche avec le gris, d’où vient-il ? La paroi lisse est quelque fois découpée ; Il y a même une petite arche.

C’est amusant de marcher sur la plage étroite, si étroite que les vagues battent les rochers au pied du haut mur. La vague me claque le dos quand j’essaie de passe. Pour revenir, l’entre dans l’eau jusqu’aux cuisses et marche avec précaution parce que l’eau est trouble et que les rochers et gros galets jonchent le fond. Je remonte ravie de cette baignade inédite. D a filmé d’une sorte de caisson suspendu par le bar Panorama qui est bien agencé à défaut d’être typique.

iles-ioniennes-dt-395-copie.1283520377.JPG

Non loin, le Cap Drastis offre aussi des reliefs spectaculaires, des îles d’une roche blanche rubanée de beige. Le sel qui se dépose autour des îlots fait un fin glaçage. Une piste poudreuse et bien large descend au rivage. Un  écriteau en Allemand rassure les automobilistes : » la piste est bien pour les voitures ! »L’ennui c’est que les voitures sont si nombreuses qu’il est impossible de se garer, le demi-tour est problématique. On retourne sans avoir vu l’eau. Pourtant vu d’en haut, le Cap Drastis vaut le déplacement. Il y a même des bateaux-taxis : l’excursion doit être pittoresque (en général c’est cher !).

Sidari

Les guides montrent de jolies photos de Sidari. Le Canal d’Amour est l’attraction principale. C’est un attrape –nigaud. Nous traversons l’urbanisation balnéaire la plus ratée qu’on puisse imaginer. Des bars à piscine se succèdent, des bars à bière, des supermarchés…Les tavernes exhibent leurs menus sur des pancartes agressives. Les estivants vont à la mer en voiture – embouteillage garanti – Ceux qui vont à pied sont chargés de bouée-crocodiles, de rabanes, des serviettes aux couleurs criardes. Allemands et Anglais sont rouges de coups de soleil. A fuir !!!

On fuit Sidari. Comme il fait chaud, une trempette serait la bienvenue avant d’entamer le retour. Ayant traversé cet horrible endroit on s’arrête sur la Paralia Megali, beaucoup moins courue que le Canal d’Amour. Aucun attrait particulier si ce n’est une grande plage tranquille et des fonds sableux en pente très douce, très bien pour les petits, pas terrible pour nager.

Corfou : côte au sud ouest de Paleokastritsa

Nous quittons la route de Corfou par l’intérieur  3km aprsè Liapadès pour celle marquée Kanakades – Marmaro – Giannades qui monte dans de molles collines bien cultivées et traverse des villages tranquilles.

Ermonès

iles-ioniennes-dt-348.1283515542.JPG

La plage de’Ermones a gagné le pavillon bleu et toutes les distinctions possibles en ce qui concerne la propreté de l’eau, l’accessibilité pour les handicapés, la sécurité…. La plage est très encaissée et entourée de rochers intéressants. Une bonne route aboutit à un vaste parking. Mais pour arriver à la plage, il faut traverser le bar de la Taverne George ( 9h du matin,désert, donc pas de problème). On marche ensuite sur des planches (pour ne pas se salir les pieds ? ou ne pas salir le sable ?)De beaux lits bleux attendent le client. L’eau est merveilleuse quoique agitée aujourd’hui. Je me retourne. Toute la colline est bétonnée. Deux établissements se partagent l’amphithéâtre naturel. Des studios beiges, par bloc de 4 s’étagent, le plus discrètement possible dans la verdure. Un ascenseur de verre dessert tous les paliers. En bas l’autre hôtel se distingue par son crépi rose (vaste piscine). L’ensemble est réussi, rien de laid. La plage est réservée aux résidents. Sur les lits de plage, les serviettes ont dû passer la nuit. Faisant le tour de la crique, je découvre un autre accès, un chemin de terre, quelques places de parking. L’entrée du public ?

Tout se paie. Une jolie crique intacte et non saccagée par les voitures ou les installations intempestives, s’achète de trois façons : une marche très longue et périlleuse sur un sentier malaisé sous un soleil de plomb, une course hors de prix en bateau-taxi ou un séjour dans une « résidence de rêve ». Quand je rentrerai à la maison, je comparerai les prix de ces studios de bon goût et les horribles établissements de Sidari. L’écart entre les deux m’intéresse.

Mirtiotissa

p8070578-copie.1283515195.JPG

Depuis Paleokastritsa la côte est protégée par un massif montagneux érigeant  une falaise abrupte sur la mer. Le littoral  est très sauvage et les villages sont perchés dans l’intérieur. Mirtiotissa est une toute petite crique sauvage, un bijou fragile. Une fresque dessinée sur le mur en ciment sous le restaurant supplie de la sauvegarder. Après notre expérience d’hier au Cap Drastis, nous avons appris qu’il vaut mieux laisse la voiture à mi-pente que de se retrouver dans une impasse au milieu des autres voitures. Un restaurant propose d’utiliser son parking pour 2€. La descente à pied est un régal : les pins accrochés à un rocher vertical ressemblent à ceux des peintures chinoises, leurs silhouettes tordues se détachent à contre-jour. Leurs aiguilles bien fournies forment un revêtement touffu à la paroi. Les vagues font claquer une eau limpide contre les rochers. Il n’y a personne. J’ai revêtu mon maillot mais l’idée d’être projetée par les vagues m’effraie et il n’y a personne. Dans le creux, une petite « kantina » propose des canettes de bière ou de soda. Le chemin poudreux continue jusqu’au monastère Moni Panaghia Mirtiotissa. La promenade doit être sublime mais c’est dimanche j’ai peur de débouler pendant la messe en tenue légère: ce serait inconvenant.

Pendant la remontée, je croise d’autres touristes. Je suis heureuse de garder l’image de cette crique déserte. Une dizaine de personne l’auraient surpeuplée !

Pelekas

Pelekas est célèbre par son « Trône du Kaiser ». Du haut de la colline, Guillaume II venant admirer le panorama à 360°. En effet Pelekas est situé dans la bande la plus étroite de l’île de Corfou. Vers l’Est on découvre la ville, son port et ses forts, on voit même évoluer les ferries. Vers l’Ouest, la côte sauvage avec ses hautes falaises qui descendent directement dans la mer. Entre les deux, dans la cuvette, de nombreux villages.

Sinarades

iles-ioniennes-dt-380-copie.1283515308.JPG

Il y aurait des kafenéios sympathiques sur la place pour « boire un café avec les Anciens »dixit le routard. Notre guide doit être périmé. Les « anciens » sont bien au café mais pas sur la place, sur le trottoir étroit. La place ronde est rénovée avec un parking, une gloriette de bois servant de station d’autobus, de l’autre côté un restaurant fait rôtir à la broche un chevreau sur un énorme barbecue.

On fait une belle promenade dans les ruelles qui montent : une maison ancienne a été aménagée en Musée Ethnographique tout à fait intéressant. Des étiquettes trilingues (Grec-Anglais-Allemand) présentent les documents sous-verre. La maison est meublée. Il y a également des outils anciens. Les pièces les plus originales sont les « sella » siège gynécologiques primitifs pour l’accouchement : deux planches et trois pieds pour la plus simple qui a servi jusqu’en 1945 un creux arrondi et du bois laqué pour la plus récente, utilisée jusqu’en 1960.

Agios Gordis

Belle plage mais beaucoup de constructions modernes et de supermarchés. On ira sur la plage si on ne trouve pas mieux. On a trouvé beaucoup mieux.

Pentati

A l’aplomb de la station balnéaire le petit village de Pentati a gardé tout son charme, la fraicheur des tons pastel des maisons à un étage, les oignons qui sèchent, les treilles de vigne, les grosses  potées de basilic. Selon le Guide du Routard la descente à la plage serait périlleuse en voiture. Comme à Mitiotissa, je m’apprête à y descendre à pied. Au lieu de me retrouver à la plage je me retrouve dans un hameau sur la route de Paramonas, 4 km dans l’oliveraie(le GdeR propose de les parcourir à pied). C’est effectivement une très belle route dans les terrasses d’oliviers qu’on n’a pas laissé grandir, bien taillés avec des troncs encore plus intéressants. Leur feuillage laisse des trouées de lumière et des jeux d’ombres. De très belles villas avec piscines ont été construites. Actuellement il y en a peu qui jouissent d’un environnement exceptionnel et qui ne défigurent pas encore le paysage. Pourvu que cela dure !

Paramonas

p8080590-copie.1283515091.JPG

La plage de sable de Paramonas est aménagée mais pas trop. Nous déjeunons dans une jolie taverne avec des nappes en papier blanches  directement sur la plage. Je me baigne dans les vagues. Depuis deux jours la mer est agitée, pourtant à l’intérieur des terres il n’y a pas un souffle d’air. Le sable est fin, la plage en pente douce.  Des Grecs s’amusent comme moi. Leur présence me sécurise surtout quand ils entraînent avec eux une fillette de cinq ou six ans. Je me laisse alors aller à sauter dans les rouleaux.

Les plats sont bien servis : la brochette de poulet est monstrueuse et accompagnée de frites mais aussi de salade et de tsatziki et le calamar est entier grillé à point et très tendre servi avec des courgettes et une tomate.

Nous rentrons en ¾ d’heures. Le circuit a été réussi du début à la fin. Nous avons eu la sagesse de ne pas le faire trop long.

Corfou :Les panégyries de Liapades

iles-ioniennes-copie.1289652825.JPGde notre terrasse le soir

Des affiches en Anglais et en Grec invitent aux panégyries de Liapades dimanche soir à 20h. Je n’imaginais pas que ce terme, pompeux en Français – s’appliquerait à une fête de village. Rien de touristique dans ce « Festival ». Sur une estrade, beaucoup d’amplis et de synthétiseurs. Les musiciens sont jeunes, en jeans : un violoniste, un guitariste et un électronicien. A 8h, ils font leurs réglages.  A 9h30, à la tombée de la nuit, tout le village converge vers la fête. Des tables rondes sont recouvertes de nappes en papier. Une douzaine de chevreaux tournent sur des broches. Le boucher officie avec sa hache et sa balance : il débite le chevreau et pèse – 20€ le kg. Le tout est emballé dans du papier, répandu sur la table et mangé avec les doigts. Une roulotte vend du maïs grillé et une autre des loukoumades, sucreries et barbe à papa. Les marchands de jouet ont étalé les poussettes roses pour els filles et les mitrailleuses en plastique pour les garçons(on a déjà vu cela à Chios)Une femme à allure de gitane se promène avec un bouquet de ballons métallisés, cœurs ou canards tandis que son mari assis leste un autre bouquet de ballons en fumant. Les Sénégalais ont étalé éléphants et rhinocéros en bois ; tout le village est venu manger en famille et rencontrer les amis. Les touristes n’ont rien à faire. C’est tout le contraire d’une soirée folklorique. La musique est fortement amplifiée. Quand le violoniste mène la danse on croirait reconnaître des airs irlandais. Une bande enregistrée a des accents plus orientaux. Cela finit par Twist again. Après une visite d’un quart d’heure, je décide qu’on entend aussi bien sur la terrasse. On a éteint les lumières, on regarde les étoiles.

Corfou : Chemin de Lakones à Paleokastritsa

Paleokastritsa

Nous avions mal jugé Paléokastritsa, traversée le premier jour, à l’heure de midi. Connaissant mieux Corfou maintenant,  c’est une des stations balnéaires les plus réussies.

Un sentier relie Lakones, village perché  à Paléokastritsa. Il commence par des marches de pierre qui conduisent à l’église entourée d’un jardin. Un ruban de ciment descend à l’oliveraie puis s’arrête net ; la route n’est pas loin. Je coupe par une terrasse et marche deux ou trois épingles à chevaux sur le goudron. Au pied d’un mur, je retrouve un sentier muletier et quelques balises rouges. Cette marche est très agréable. Mais arrivée sur une petite route devant une villa, je perds le balisage ? Dans une cour, un homme m’indique le chemin. Il descend raide vers les premières maisons de Paléokastritsa.

A cette heure matinale, emprunter la route n’est pas si désagréable : je découvre les escaliers qui permettent de descendre dans les criques. Pas de plage mais un accès facile. Il n’est donc pas indispensable de s’entasser sur la plage organisée. Je retrouve D au port Alipa, marina remplie de petits voiliers – les yachts sont à Corfou – et départ des bateaux-taxis et des bateaux d’excursion. Un « petit sous-marin jaune » à fond de verre emmène les touristes à Paradise  Beach, 25€, BBQ compris.

Paléokastritsa, sur le plan ressemble à un trèfle évidé.  Chaque feuille étant une crique : au Centre « Main Beach » de chaque côté la plage d’Ambelaki et de l’autre Alipa. La Plage principale s’étale dans une baie parfaitement ronde avec une étroite ouverture sur la mer qui fait face au sable blanc. Des parois rocheuses verticales enserrent l’anse. L’eau est cristalline et glaciale. Les rochers, les massifs de Posidonies font des taches coloriées dans l’eau turquoise.  Cette plage a gagné le Pavillon Bleu, elle est bien équipée : cabines de déshabillage, cheminement sur des planches, douches…

Après une hésitation, surprise par le froid, je me plonge et traverse la baie ronde pour voir ce qu’il y a derrière les rochers. Une grotte profonde entaille la paroi. Elle est monopolisée par les bateaux de promenade qui font la queue pour la visiter ; Je me contente de regarder de loin.

Vers 11 heures les touristes arrivent en masse. On dirait que la cloche de la récré a sonné. Rapidement les lits se peuplent, les nageurs sont plus nombreux. Les pédalos et les kayaks sont envahissants. C’est l’heure du café frappé ! je retraverse la baie équipée de mon masque. Mais, nageant une brasse discrète, la tête dans l’eau, je ne suis pas repérable pour les diverses embarcations. Cette constatation met fin à mes observations sous-marines.

A midi, la plage est remplie, les pédalos sillonnent la crique ; Ce n’est plus un plaisir. Nous fuyons la foule vers 12h30 et rentrons au calme au village

Corfou : Achilleon, palais de Sissi

Achilleon

p8090608-copie-2.1289652733.JPG

L’Achilleon est le Palais construit par Sissi et occupé plus tard par Guillaume II. Situé à Gastouri à une dizaine de km de Corfou, il domine la mer du haut d’une colline boisée.

Je n’aime la crème Chantilly ni en pâtisserie ni en architecture. Je trouve les constructions viennoises du 19ème siècle,  pompeuses et ennuyeuses. J’ai vu les films Sissi étant gamine et n’en ai gardé aucun souvenir spécial. Rien ne m’attirait particulièrement à l’Achilleon. L’afflux de cars de touristes (beaucoup de Tchèques, Russes et autres slaves) n’a rien  pour nous plaire.

Nous avons pris l’audio-guide et nous avons bien fait !

L’évocation d’Elisabeth qu’on n’a plus envie d’appeler Sissi est passionnante. Sans ces commentaires, nous aurions sans doute été indifférentes à ces objets personnels dans les vitrines et aux nombreuses statues, copies d’antiques.
L’entrée est solennelle : une statue de marbre de l’Impératrice,  placée par Guillaume II, accueille le visiteur. Les portes sont ornées de bas-reliefs de bronze aux motifs antiques . L’entrée est occupée par un escalier spectaculaire. Les fresques murales ressemblant aux grotesques florentins recouvrant entièrement les murs et plafonds, se reflètent dans un miroir. L’Impératrice a dessiné elle-même les ferronneries sophistiquées de l’escalier.
Nous pénétrons dans l’intimité de Sissi : les nombreux miroirs sont l’occasion d’évoquer la santé d’Elisabeth, le soin qu’elle portait à son apparence, sa taille fine, le brossage de ses cheveux. C’est la Sissi que nous connaissons, celle qu’on présente à Schönbrunn en montrant sa salle de bain. A Corfou, elle est libérée de l’étiquette viennoise, elle reprend des forces et dévoile des aspects moins connus de sa personnalité : la grande voyageuse curieuse de tout, la passionnée d’Antiquité, et surtout du monde d’Homère. Elle a débarqué incognito à Troie  visiter les fouilles de Schliemann alors que François Joseph lui avait demandé d’éviter le territoire ottoman. Enfin, férue de poésie, écrivant des vers. Etonnante impératrice autrichienne qui a construit un monument à colonnes en l’honneur de Heine qu’elle admirait et qui était à la place d’honneur à l’Achilleon.la statue n’y resta pas longtemps quand Guillaume  emménagea. Ce n’est qu’en 1956 que la statue du poète juif trouva enfin sa place…à Toulon.
Dans le parc se trouve également une statue de Byron, tout à fait à sa place !
De l’autre côté des appartements privés on voit la chapelle Stella Maris, la Vierge émergeant d’une tempête, parfait chromo (l’Impératrice était une navigatrice intrépide). En revanche deux Della Robia sont les seuls objets de valeur.
L’autre occupant célèbre, Guillaume II, a laissé quelques souvenirs, des tableaux de marine, un cendrier de mauvais goût, une curieuse chaise tournante avec une selle de vélo.
Tous ces objets n’ont rien d’extraordinaire en soi, c’est l’audio-guide qui les fait vivre.
La visite du parc est très agréable, nous gagnons une terrasse ronde, balcon sur la mer, puis une autre terrasse avec un  olivier, un banc de pierre tout autour du tronc. C’est un endroit charmant où Elisabeth venait méditer. Delà on arrive sur une terrasse où deux galeries couvertes aux colonnes ioniques peines de couleurs vives. L’afflux des visiteurs ne gène même pas la photo : on imagine les grecs de l’Antiquité  discourant sous les stoas. Une collection de statues de marbre orne la colonnade les muses et les Grâces ainsi qu’une rangée de têtes d’hommes illustres, commençant avec Homère mais aussi Shakespeare inattendu. La pièce de bravoure est l’énorme tableau du Triomphe d’Achille tirant la dépouille d’Hector attachée à un char et suivi par les Myrmidons sous les yeux des troyens. Pompeux, grandiloquent, antipathique avec même une croix gammée (antique et non nazie mais quand même !)
Deux athlètes de bronze se tiennent à l’entrée des jardins. Achille mourant est une belle statue tandis qu’Achille triomphant commandé par Guillaume occupe la place d’honneur. Cette grande statue était revêtue de pointes d’or sur le casque et le bouclier de manière à être vue par les marins. Mauvais goût de ce nationalisme allemand. Statue de propagande !
En sortant nous prêtons une attention nouvelle à la mignonne statue de l’enfant marin étudiant les cartes, figurant peut être la navigatrice.
J’ai envie de voir Gastouri, lieu du roman de Dessaix que j’ai lu avant le départ, je ne reconnais pas la maison.

Corfou :la maison rouge de marie claire à Liapadès

notre maison rouge

Chiens et coqs se sont surpassés à l’aube.

Je profite donc de ces heures fraîches précédant le lever du soleil pour écrire sur la terrasse. Il sortira à 7h15 derrière la cheminée de la grosse maison que nous nommons entre nous « le HLM ».

La terrasse carrelée de notre maison rouge est notre endroit préféré. Le soir, nous regardons les étoiles à travers les cannisses. Le jour,  nous jouissons d’une vue splendide : à gauche, une haute crête rocheuse qui barre l’horizon au nord, précédée par une colline boisée surmontée du village perché de Gardelades. Sur le balcon de maison voisine, dans  un aimable bric à brac , oignons répandus et en bouquet sur la rambarde, plantes en pot, et chaises pliantes, hier soir, le Monsieur regardait la télévision muette assis, dehors face à sa fenêtre en croquant force pépites.
A droite, les maisons de Liapades s’entassent, adossées la colline, enchevêtrement de toits bruns, oranges ou de tuiles mécaniques rouges, ou grises de lichens, les murs en camaïeu passant du jaune pâle au rouge sang en passant par l’ocre, l’orange ou le rose.
Plus près de nous, des arbres fruitiers très variés : néfliers aux grandes feuilles lancéolées épaisses groupées en bouquet, agrumes au feuillage vernissé vert très foncé, les oranges sont déjà formées, billes vertes, un prunier au léger feuillage clairsemé porte des  prunes violettes qui tombent dans la rue et que je n’ose pas ramasser. En face, deux abricotiers ont des extrémités rosissantes. Un figuier et un magnifique noyer et des amandiers se détachent.
Je suis heureuse d’occuper une maison de village et non pas une de ces grosses villas pour touristes aux studios impersonnels agrémentés d’une piscine. Les Grecs, nos voisins, vivent dehors sur les terrasses et les balcons. On se salue joyeusement à toute heure « kalimera ! «  ou » kalispera », « yassas ! » « yassou ! ». Les grands-mères appellent les enfants. Nico bricole les scooters garés le long de notre mur. C’est bruyant et cela pue mais cela l’amuse bien.
Quand le soleil sera brûlant, je descendrai l’escalier blanc, pour m’assoir près du jasmin qui embaume. Je l’arrose et j’imagine qu’il me remercie en fleurissant à nouveau.  Je relis Mangeclous d’Albert Cohen, natif de Corfou qui situe l’histoire à Céphalonie. Le séisme de  1953 (et sans doute la 2de guerre mondiale) ont anéanti le ghetto. Le récit est savoureux, je ris à haute voix  secouée de spasmes.
Nous déjeunons sous la tonnelle où pendent des grappes de raisin blanc d’une taille spectaculaire. Les grains gonfleront encore et attireront les guêpes. Celles qui rôdent sont plus intéressées par le miel de mon yaourt que par les grains durs et verts. Quelques sarments dépassent, les feuilles font des ombres intéressantes sur le mur rouge sombre. Les tours des fenêtres blancs laqués font un ensemble joyeux. Un jeune citronnier pousse dans la cour et un olivier dans un gros bidon fera peut être un bonsaï. D’une poterie s’échappe une liane qui monte rejoindre la vigne. Le mur mitoyen est bordé d’une jardinière en ciment où le cep de vigne et une menthe anémique poussent. Il y a aussi un buisson envahissant qui mériterait d’être taillé.

Corfou – Paleokastritsa : promenade, grottes marines et baignades

Nous avions prévu de louer un pédalo pour approcher de la grotte de Paléokastritsa. C’est trop tôt ! En revanche on peut faire un tour en mer dans une barque pour 10€ : visite de trois grottes et une demi-heure en mer.
J’embarque avec des Espagnols. Le spectacle des grottes est tellement magique qu’ils sont restés muets, ce qui est plutôt exceptionnel pour des Espagnols. Dans les grottes l’eau limpide prend des teintes turquoise lumineux, des éponges roses tapissent les rochers, dans une autre « Blue Eye » les poissons sont au rendez vous.
La plage Ampelaki, derrière le grand parking est plus sauvage que la plage principale. Les fonds sont aussi plus jolis à observer (c’est là qu’est installée l’école de plongée). Mon masque est resté dans la voiture, je nage avec circonspection pour ne pas rider la surface de l’eau et surveiller les oursins et les rochers tranchants. Dernière baignade à la Main Beach. Je regarde avec amusement l’embouteillage des pédalos à l’entrée de la grotte.

Ali Pacha – Alexandre Dumas – Phébus libretto

Voyager pour Lire/Lire pour voyager

Lire à Corfou

alipachajpg.1283259511.jpg

Ce n’est pas un gros roman historique comme Le Comte de Monte-Cristo, d »ailleurs il est sous-titré chronique historique. Recueil d’articles que Dumas publia dans un journal napolitain l’Indipendente en 1862 il correspond à la collaboration de Dumas à l’épopée garibaldienne et à l’unité italienne. Dans la foulée, Dumas fut sollicité pour soutenir l’indépendance grecque et albanaise.

J’ai ouvert cet ouvrage juste après avoir lu des extraits du  Journal de Céphalonie de Byron et j’y ai trouvé  des réponses aux questions que je me posais : Qui étaient donc ces Souliotes que Byron avait enrôlés? Quel rapport entre l’Indépendance grecque et celle de l’Albanie? Comment les Ottomans gouvernaient-ils la Grèce?

Avec le brio du conteur, Dumas, le contexte s’anime, les caractères s’affirment. Ali-Tebelen, pacha de Janina, plus bandit qu’administrateur n’hésite pas à défier le pouvoir ottoman.

J’ai lu ce livre à Corfou devant les crêtes albanaises toutes proches qui barraient l’horizon, je me suis laissé emporter par ces aventures

Le Voyage en Grèce – H. Duchêne – Bouquins (iles ioniennes)

Voyager pour Lire/Lire pour Voyager

Lectures ioniennes

le-voyage-en-grecejpg.1283258061.jpg

Le gros « Bouquins » m’a déjà accompagnée pendant de longues semaines au cours de nos vacances en Grèce continentale, dans le Dodécanèse et dans la Mer Egée. Pour un livre broché, sa couverture a drôlement bien résisté aux épreuves de l’empaquetage des valises, de la plage et de divers mauvais traitements. Lourd à emporter en voyage? Ses 1140 pages promettent de belles lectures, son index géographique, ses cartes, ses biographies et son glossaires sont tout aussi utiles!Le Voyage en Grèce et l’Odyssée ont presque suffi pour un mois!

Céphalonie, Ithaque, Corfou après Venise, j’étais partie avec des a-priori vénitiens, je pensais trouver des chevaliers, des Croisés, des Capitaines, la Bataille de Lépante….j’imaginais aussi des images antiques. Et bien pas du tout! la bibliographie m’a réservé une surprise : je me suis trouvée propulsée au début du 19ème siècle avec Chateaubriand, Lord Byron avec son Journal de Céphalonie et de fil en aiguille j’ai lu des auteurs que je ne connaissais pas comme Trelawny dans les Derniers jours de Shelley et Byron, Emerson…Et voilà que je découvre les guerres d’indépendance grecque dans un contexte géopolitique que j’ignorais. Je savais les îles ioniennes vénitiennes mais j’ignorais que cette domination ait pris fin avec l’épopèe napoléonienne et qu’ensuite elles furent l’enjeu de l’équilibre des puissances françaises, britanniques  mais aussi russe et turques… et cet éclairage m’a offert d’autres prespectives de lectures!

Ithaque avec Homère, certes mais aussi avec Schliemann , les passages de son journal sont extrêment pittoresques. Chance ou bluff? A sa descente de barque, Schliemann trouve un meunier qui lui loue son âne et qui lui raconte l’Odyssée à sa manière. Avec l’aide du meunier et d’autres habitants l’archéologue trouve le palais d’Ulysse, identifie le port de Phorkys et les divers lieux homérique. qaund on pense qu’un siècle et demi plus tard les spécialistes discutent encore pour identifier l’île actuelle d’Ithaque et l’Ithaque homérique?

Moins de surprise au 20ème siècle : Durrell, bien sûr, Lacarrière, Kazantzaki.

C’est l’Ithaque de Cavafy qui conclue le volume : ce poème m’a poursuivie, je le cherchais depuis si longtemps et il arrive juste à point, à Ithaque!

Scènes de vie villageoise d’Amos

Voyager pour Lire/Lire pour voyager

scenes-de-vie-villageoisem33129.1283167598.jpg

De ce roman – ou recueil de 8 nouvelles – se dégage un sentiment de nostalgie.

Tchékov? La Cerisaie, pourquoi pas?

Tel-Ilan, village fondé par des pionniers a perdu son dynamisme, ses habitants ont vieilli, les fermes sont délaissées et seule paraît active la spéculation immobilière, les magasins de bibelots, de meubles asiatiques destinés aux résidences secondaires des citadins. »La Provence en Israël!…la Toscane » s’enthousiasme l’homme d’affaire dans la nouvelle « les héritiers« .les enfants de spionniers ont bien vieilli, ils n’ont plus d’illusions. L’esprit pionnier s’est dilué. Seules restent les récriminations de Pessah, octogénaire,ex-député ; qui se souvient des querelles entre les différentes tendances du sionisme socialiste et marxiste? Amertume du vieil homme. Fatigue des femme. Pas d’enfants, seul l’agent immobilier a deux filles, mais elles sont en colonie de vacances. Kolbi, adolescent,est amoureux de la bibliothécaire qui accuse le double de son âge – amour sans espoir.

Qui est-ce qui sape les fondations de la vieille ferme, dans la nouvelle Creuser? Autre maison promise à la démolition dans Perdre

De l’esprit des pionniers il ne reste que les chansons anciennes qui réunissent périodiquement une trentaine de villageois…

Constat  de la fin d’un monde. Israël , que nous voyions comme le pays du kibboutz, du socialisme, a perdu son rêve, s’est urbanisé, le solcialisme s’est dissous, perdues les illusions et l’enthousiasme? La dernière nouvelle Ailleurs, dans un autre temps parle de moustiques, de marais à assécher comme dans les anciens temps, ailleurs? ou peut être du temps des premiers villageois.