La Part de l’Ombre – sculpture du SO du Congo au Quai Branly

Exposition temporaire jusqu’au 10 avril 2022

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Dans cette exposition : masques et statues de bois.Les masques sont splendides.

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Bois et pailles, textiles aussi. Ils sont portés par les hommes même si la figure est féminine. Le plus souvent ils sortent à l’occasion d’initiation des jeunes hommes .

masque féminin portant un plateau de nourriture : masque mendiant
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On reconnait ici un homme blanc : un missionnaire

Certains statues font l’objet de cultes plus discrets, à l’occasion de l’élection d’un chef on voit aussi des statuettes présentées en couple. Souvent l’homme est un musicien, la femme présente une maternité

L’homme tambourine, la femme porte son enfant sur sa hanche et de l’eau sur la tête
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statue faîtière sur un toit

Certains statues sont des fétiches, investies d’un pouvoir magique parfois guérisseur, il existe aussi des objets anti-sorcellerie Njinda.

Encore un couple musicien/maternité
les piquants suggèrent un caractère agressif
Pourquoi le personnage est-il entravé?

En conclusion : une très belle exposition très intéressante aussi avec des données historiques

Dans le ventre du Congo – Blaise Ndala – Le Seuil

LIRE POUR L’AFRIQUE

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Récit où résonnent  les voix de deux jeunes femmes, Tshala, princesse Bakuba, en 1958 et Nyota, sa nièce quarante cinq ans plus tard. Les deux récits s’entremêlent de Bruxelles à Kinshasa (Léopoldville) et au Kasaï. Sauts dans la chronologie, sauts entre le Congo et la Belgique, voix des narratrices qui s’adressent à des interlocuteurs pas toujours reconnaissables, j’ai eu beaucoup de mal à me retrouver dans ce roman touffu écrits de longues phrases et gros paragraphes.

Puis je me suis laissé emporter dans la découverte du Congo et de la colonisation belge, de son Indépendance, et des suites de la décolonisation. Histoire racontée non pas par les politiques ou des historiens mais par de très jeunes filles – princesses, très conscientes de leur beauté et de la noblesse de leurs origines. C’est un roman très riche en personnalités et en évènements. Il essaie d’épouser la complexité des protagonistes. Pas de manichéisme, le méchant banquier colonialiste se révèle généreux. Le critique le plus acerbe de la colonisation est un anthropologue blanc. Le jeune footballeur qui ne pense qu’à sa carrière dans un prestigieux club britannique lance une action collective contre le racisme dans les stades….

Le sujet est bien sûr, la dénonciation du colonialisme belge, exploitant les richesses du Congo avec une cruauté et un cynisme éhonté. Dénonciation du racisme qui a permis de montrer un véritable zoo humain : le village congolais à l’Exposition Universelle de 1958 à  Bruxelles (celle de l’Atomium). Ce racisme perdure dans les stades quand certains spectateurs accueillent les sportifs avec des bananes et des cris de singes. Rôle aussi important de la musique, rumba congolais…

Histoire de femmes convoitées qui doivent se défendre dans un monde dangereux.

J’aurais aimé en apprendre plus sur Patrice Lumumba, et son assassinat, sur Mobutu aussi. Les deux hommes politiques font des apparitions furtives mais si je veux en savoir plus sur l’histoire de la République Démocratique du Congo, j’ai juste une chronologie de 3 pages en épilogue.

J’ai fait un beau voyage, pas facile mais passionnant!

 

Beauté Congo 1926-2015 à la fondation Cartier

LE MONDE EN EXPOS 

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Très belle exposition à la Fondation Cartier (Bld Raspail) regroupant de nombreux peintres, photographes et sculpteurs congolais de 1926 à 2015.

beauté congo fondation Cartier 003 Les styles ont beaucoup évolué du temps de la colonisation où les premiers artistes dessinaient plutôt des motifs animaliers naïfs jusqu’à nos jours.

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beauté congo fondation Cartier 011Dans les oeuvre les plus récentes, les  couleurs flashent, la critique sociale et politique se fait plus violente, les photos sont sophistiquées.

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De grandes maquettes occupent la salle en sous sol, tout à fait originales.

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Lire pour l’Afrique (Congo) -Mémoires de porc-épic – Alain Mabanckou

Voyager pour lire/ Lire pour Voyager

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Le porc-épic est vraiment très peu « politiquement correct » ? D’abord, il ignore la ponctuation (ou tout au moins les points et les majuscules). Ensuite, c’est un assassin ! Ce récit se lit d’un trait. Il nous transporte dans un univers étrange et ensorcelé, où des doubles mystérieux, pacifiques ou nuisibles, peuplent discrètement le village africain.  Monde animal et humains interfèrent par des liens  puissants et magiques. Porc-épic est aussi un témoin curieux des occupations des hommes qu’il côtoie.

Cette lecture enchantée m’a fait voyager.

Mémoire de porc-épic – Prix Renaudot 2006 – POINTSP1742 229pages

Pièces d’Identités – film congolais de Dieudonné NGANGURA Mweze 1998

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Pourquoi écrire sur un film Africain qui n’est plus distribué dans les salles?

-Justement pour qu’on le demande!

Le vocable d' »identité » a résonné bizarrement en moi en notre époque sarkozyste… j’avais pensé passeport, visas, contrôles policiers…
Identité française???

Et bien non!

D’abord, le film est tourné en Belgique. Congolais ou belge? Là n’est pas non plus la question! Aussi exotiques que les fêtes africaines, les costumes traditionnels, masques et autres, la gueuze qui se consomme sans modération, l’atomnium et les décors bruxellois.Le politiquement correct n’a pas contaminé les soirées trop arrosées des anciens colons qui dégoisent des propos ouvertement racistes mais non pas empreints de nostalgie de leur jeunesse.Un roi de village Mani Kongo fait, le voyage à la recherche de sa fille Mwana étudiante, tout du moins le croit-il, perdue de vue. Il arbore son costume traditionnel de roi, casque de perle et bâton sculpté. Ce sont ses pièces d’identité. Première surprise pour moi!personnage en costume folklorique, le bon sauvage(?), je crains le pire. les bons sentiments, les affreux colons personnifiés par un commissaire de police de caricature qui humilie la jolie jeune fille africaine trop naïve. Trop facile! Opposition noir et blanc? Trop facile encore.
le film est beaucoup plus nuancé. Chaque personnage révèle sa part d’ambiguïté, les bons et les méchantssont répartis dans chaque camp. La naïve Amanda sort de prison, elle a convoyé de la drogue ou des faux papiers. Son ancien ami, un sapeur « tout est dans la marque » que le roi africain qualifie de « mal habillé » est un petit maquereau minable. Que dire du faux chauffeur de taxi, faux congolais, vrai métis, vrai délinquant. De l’étudiante qui a perdu tout contact avec l’Afrique et qui s’est inventé des ancêtres dans un cimetière bruxellois? Les piliers de bistro du Katanga ne sont peut être pas aussi « noirs », leur attachement à l’Afrique est lui aussi ambigü…amour dévoyé. Les bonnes sœurs, en revanche, ne sont pas épargnées, ni les travailleurs sociaux. Que dire du « Père blanc », africain noir de peau qui expulse Mani Kongo de force du foyer lui intimant l’ordre de prendre l’avion le jour même? quand au contraire le commissaire de police lui permet de se renflouer et le réconforte.Par de là des personnages secondaires attachants, les décors d’une Belgique folklorique, les images d’archives de l’Exposition Universelle et de l’Indépendance du Congo donnent une dimension moins anecdotique. Anecdote : le Roi des Belges se fait voler son épée au cours des cérémonies d’indépendances. Scène en miroir des pièces d’identité du roi Mani Kongo!