Albert Edelfelt (1854-1905) Lumières de Finlande au Petit Palais

FINLANDE

Enfants au bord de l’eau

Exposition temporaire jusqu’au 10 juillet 2022

En route pour le baptème

Edelfelt est un peintre finlandais qui est venu à Paris comme son compatriote Akseli Gallen-Kallela dont on peut voir une belle rétrospective au Musée Jacquemart André à Paris en ce moment-ci. Deux Finlandais à Paris en ce moment (comme alors, dans les années 1880). Aucune redondance dans ces deux visites, Finlandais mais très différents!  

Portrait du grand-père de l’artiste

Edelfelt est venu à Paris avec une bourse pour étudier la peinture d’histoire sous la direction de Gérôme . Il a peint des tableaux historiques, et s’est même représenté en costume (16ème ou 17èm siècle). j’ai bien aimé un paysage de neige racontant la révolte des paysans en 1596 avec le Village incendié. Dans ce grand tableau on peut voir trois sujets différents, trois paysans avec skis et arbalètes au premier plan, avec une attention particulière au portrait, un paysage de neige et au fond, très petit, dans un style très différent les silhouettes des cavaliers et les maisons incendiées derrière eux. 

le village incendié (1596) détail.

Edelfelt excelle dans le portrait et son chef d’œuvre le plus connu en France est le portrait de Louis  Pasteur qui surpasse ceux des autres peintres de l’époque : François Lafon et Leon Bonnat. L’exposition permet de faire son avis personnel et de comparer les trois tableaux. Montrant Pasteur en action dans son laboratoire, il peint une « allégorie de la science en marche » des rapports étroits se tissent entre Edelfelt et Pasteur qui peint sa femme, son fils et toute la famille Pasteur-Vallery-Radot. 

Louis Pasteur 1886

A paris, Edelfelt peint de nombreux portraits de ses amis et de la vie parisienne. Il se plait à représenter les chatoiements des tissus

Virginie

Dans sa grand composition Au jardin du Luxembourg il côtoie les impressionnistes auprès desquels il est exposé et trouve que ce voisinage le dessert et que ses coloris sont pâles à côté des tableaux impressionnistes<;

Au jardin du Luxembourg

Mais quand il rentre en Finlande l’été où il a fait construire un atelier en 1883 il peint les Finlandais plus que les paysages. Il a une attention particulière pour les enfants et les vieux, les paysans et les marins.

Apprentis tailleurs
Devant l’église en Finlande

Tandis que Gallen-Kallela livre des paysages éblouissants, Edelfelt s’applique à nous faire aimer ses compatriotes.

Akseli Gallen-Kallela – Mythes et Nature au coeur de la nature finlandaise – Jacquemart-André

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 25 juillet 2022

Akseli Gallen-Kallela 1865-1931), après des années de formation en Finlande étudie à Paris de 1884 à 1888. 

L’exposition au Musée Jacquemart-André offre un panorama sur l’œuvre variée du peintre finlandais.

Souffrance muette

Portraits naturalistes comme cette souffrance muette

Automne à Kallela

Gallen-Kallela a su construire et aménager un chalet comme studio d’artiste dans la forêt pour sa famille et pour travailler en pleine nature. Un vitrail montre qu’il a utilisé des techniques diverses dans les arts décoratifs comme un tapis ondulant.

Bouleaux

Etudes botaniques avec une finesse inégalée

Huile, aquarelle, dessin, il a aussi utilisé la gravure en illustrant le Kalavala

GRavure

Il a aussi collaboré aux décors des Expositions Universelles en 1889 et 1900 avec des fresques sur les thèmes du kalavala

la Rivière des morts

Deux salles de l’exposition montrent le symbolisme sur des thèmes plus ésotériques mais ce n’est pas ce qui me plait le plus.

Ad Astra

mais c’est l’évocation de la nature finlandaise, de l’eau, de la glace, des reflets et des nuages qu’il m’a vraiment bluffée.

lac Keitele

Reflets et bandes de glace, géométrie d’une débâcle.

Nuages et reflets des nuages….

Un rendu parfait de l’eau .

Neige aussi

Et même une tonalité japonisante avec ce fond doré

paysage japonisant?

 

Un pays de neige et de cendres – Petra Rautianen

FINLANDE

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Merci au Seuil et à Babélio qui m’ont offert ce livre dans le cadre d’une opération de la Masse Critique.

Je me réjouissais du voyage en Finlande, en Laponie, au delà du Cercle Polaire. Je n’avais pas bien lu le titre : Un pays de neige et de cendres. Ces cendres dénoncent un épisode de la Seconde Guerre Mondiale tragique et peu (pas) connue de nous . 

Une petite remise à niveau sur Internet a été nécessaire pour mettre de l’ordre dans mes idées:

  • Novembre 1939 : invasion de la Finlande par l’Union Soviétique qui s’affrontent en une Guerre d’Hiver 
  • Avril 1940 : invasion du Danemark et de la Norvège par l’Allemagne nazie
  • Juin 1941 : Opération Barberousse : les panzers allemands entrent en Union soviétique, les troupes allemandes entrent en Finlande. 
  • 1941- 1944 : Guerre de Continuation : co-belligérance de l’Allemagne et de la Finlande
  • fin 1944 ; Intensification des hostilités entre les Alliés et les Allemands qui pratiquent dans leur retraite la politique de la Terre Brûlée 
  • jusqu’en 1950 : poursuite des opérations de déminage

Deux histoires s’entrecroisent dans le roman : l’une se déroule à Inari de février à septembre  1944 dans un camp de concentration mettant en scène des hommes, finnois, allemands et lapons, gardiens et prisonniers. Les prisonniers sont soumis à un régime épouvantable, froid, manque de nourriture et travaux dans des conditions terribles. Les gardiens jouent un jeu très trouble, on ne comprend pas très bien s’ils gardent des prisonniers vivants ou s’ils les liquident par la faim et le froid. D’étranges expériences, mensurations, examens médicaux suggèrent une purification ethnique dont seraient victimes entre autres les Sames au titre d’une aryanisation, les Finnois étant les Aryens. Les gardiens finnois se surveillent les uns les autres, l’un d’entre eux fait l’objet d’une surveillance telle qu’on ne sait plus où le situer, parmi les prisonniers ou les gardiens. Une Saigneuse – guérisseuse? infirmière? est un autre personnage très trouble. 

L’autre histoire racontée dans le livre est celle d’Inkeri, journaliste-photographe qui s’installe au village d’Enontekiö en 1948. Elle est à la recherche de son mari qui est passé par le camp de prisonniers d’Inari. En l’absence d’indices ou de preuves de vie, elle s’intègre dans le village lapon et enseigne dans une école locale, fait des photos et s’intéresse à la culture locale sami qui est occultée. La neige, l’obscurité  noient les décombres du camp de prisonniers. Surtout, les témoins s’ingénie à nier ce passé récent. Chacun sait ce qu’Inkeri cherche mais chacun lui met des bâtons dans les roues. Le passé est si inavouable qu’il vaut mieux qu’il reste caché. 

Cette lecture est difficile.  Si l’évidence est noyée dans un brouillard épais, cela ne facilite pas la compréhension pour la lectrice peu au fait de l’histoire. Sans parler des noms finnois difficiles à déchiffrer. Et pourtant je suis restée captivée comme dans un thriller.

Mes recherches sur Internet, au lieu de clarifier la situation, ont contribué à m’embrouiller. Selon Wikipédia, les commandements militaires finnois seraient restés distincts de leurs alliés nazis et il n’y aurait eu que très peu de persécutions antisémites. D’après d’autres sources, les camps en Laponie auraient été des camps d’extermination ethnique. Récemment, la Russie a demandé qu’on ouvre une enquête sur ces persécutions et massacres (Le Monde 28/04/2020). La question est donc ouverte!