MASSE CRITIQUE DE BABELIO
Merci à Babélio et à l’éditeur pour cette aventure livresque dans les années folles!
J’avais coché avec enthousiasme la case dans la liste de la Masse Critique après ma récente visite au Petit Palais du Paris de la Modernité et plus ancienne des Pionnières au Luxembourg et de L’Ecole de Paris au Majh et de celle de Chana Orloff au Musée Zadkine. Il me semblait que je me trouverai un peu en pays de connaissance entre le Musée Bourdelle, la Maison de Giacometti.
Robert McAlmon est un auteur américain. Marié à une richissime anglaise ce qui lui procure une grande aisance aussi bien pour mener une vie de dilettante que pour fréquenter le grand monde anglophone. C’est aussi l’éditeur de Gertrude Stein et d’Hemingway. Bande de Génies est le récit de 10 ans de vie de bohème dans le monde aisé (et alcoolisé) des intellectuels anglophones expatriés en Europe. De Londres à Barcelone, en passant par Berlin, Venise et la Côte d’Azur.
Bande de Génies est une sorte de journal de bord, de compilation d’anecdotes, parfois très répétitives de rencontres autour d’un verre (plusieurs) de gens qui se prenaient pour des génies mais dont je n’avais jamais entendu parler. Il faut dire que je ne suis pas très au fait de la littérature anglophone. Des noms ont traversé ma mémoire, Sylvia Beach, Djuna Barnes, Natalie Barney sans que je ne les identifie comme génies…La marque de whiskies et la composition des cocktails m’importe peu et ces récits mondains m’ont paru bien ennuyeux. Que de gens riches et prétentieux qui n’ont pas laissé de trace dans l’Histoire!
Des Génies, j’en ai identifié au moins deux : Joyce et Hemingway. Joyce ivre rentrant chez sa femme excédée n’est peut être pas montré sous son meilleur jour. En revanche ceux qui figurent à mon panthéon personnel : Picasso, Brancusi, Duchamp, Man Ray sont cités en passant, sans anecdote marquante, un détail Brancusi en paysan roumain portant des sabots m’a fait sourire mais on ne saura rien de Picasso, pourtant bien connu de Gertrude Stein. On croise Cocteau et Antheil à propos d’un spectacle musical mais MacAlmon préfère s’installer près du bar plutôt qu’écouter la musique de Stravinsky ou de Satie. Même indifférence condescendante envers les dadaïstes qu’il cite en glissant rapidement. Il me faut feuilleter l’index pour trouver la page où l’on mentionne Zadkine.
Pourtant, toutes ces 450 pages ne sont pas insipides, certaines sont franchement distrayantes. Elle racontent surtout des voyages, Berlin ruiné du début des années vingt, observations acérées des nouveaux usages au débuts des années fascistes en Italie. Certaines pages sont même « géniales » comme ce portrait de Gertrude Stein en éléphanteau, ou une corrida en compagnie d’Hemingway , une randonnée en Espagne avec Dos Passos où un paysan les prend pour des contrebandiers. Finalement, je me suis ennuyée à Montparnasse mais j’ai aimé ses excursions.
Les folles années vont se terminer : la Grande Dépression va mettre fin à l’insouciance et les intellectuels vont trouver en Espagne une source d’inspiration autrement plus tragique que la corrida, mais ce n’est pas le sujet de cet ouvrage….