Le Caire : Arrivée et Khan Khalili

EGYPTE 2008/ Retour au Caire

 

En 2002, nous étions arrivées au Caire en pleine nuit et avions traversé très rapidement Héliopolis et Le Caire. Aujourd’hui le trafic est très dense.

Le voyagiste de Sylvia Tours venu nous accueillir, se plaint des embouteillages :

–    « savez vous qu’il y a 3 millions de voitures au Caire ? »
–    « pour combien d’habitants ? »
–    « 19 millions »
–    « C’est énorme ! »

On ressent physiquement cette pression démographique avec la horde de voitures qui n’avancent pas et la foule compacte sur le trottoir. Et encore, nous sommes Vendredi, 14 heures ! La prière vient de se terminer et c’est l’heure de la sieste.

On  reconnaît les boutiques de chaussures et de vêtements de Kasr en Nil. On soulève pour nous les chaînes de la rue piétonnière qui mène à l’Hôtel Cosmopolitan. Extérieurement, l’hotel a vraiment très belle allure avec ses mosaïques Art Déco, ses corniches et ses colonnes. Le porche a perdu sa belle porte à tambour. Les vitraux sont tapissés de papier journal. Le lobby a gardé son lustre de cristal et sa belle glace. Avec la poussière qui s’accumule sur les fleurs de tissu des bouquets, il semble en voie de tiers-mondisation avancée. A la place des grands chasseurs nubiens en veste rouge, des ouvriers coiffés d’une calotte blanche se prélassent dans les fauteuils du lobby au milieu des perceuses et des fils électriques. L’ascenseur d’époque est essoufflé. Il ménage des arrêts inattendus avant d’atteindre le 4ème. La chambre est toujours belle, haute de plafond meublé de bois très foncé avec des lampes de laiton ciselé et ses grandes tentures vertes. Le petit frigo fonctionne, la télé aussi ainsi que la clim. La literie est parfaite.

Que visiter cette après midi ?

Nous avions prévu une ballade sur le Nil en ferry public
– « l’autobus », selon Magdy de Sylvia.
Le service s’arrête à 18heures et l’arrêt n’est plus à Maspero. Trop juste !

En remplacement on se décide pour un tour au Khan Khalili.
Taxi « ten pounds ». Le chauffeur nous commente les statues équestres des places « Ibrahim Bacha » (qui est ce ?). Après avoir dépassé El Azhar, le taximan stoppe le véhicule au milieu de la circulation et arrête le flot des voitures pour nous permettre de traverser. Nous avons eu un certain entraînement à Naples et à Saïgon mais au Caire, c’est pire. Les feux ne sont là que pour la décoration, les très nombreux policiers n’esquissent pas un geste.

Mosquée Sayedna el Hussein

Devant la Mosquée Sayedna El  Hussein, le jardin public et la place sont bondés aujourd’hui vendredi. Sur les pelouses, les femmes sont assises par groupes. Les enfants jouent. Les terrasses des cafés sont pleines : des touristes – bien sûr – mais pas tellement. Des femmes en famille,  voilées pour la plupart, mais assises, au café, avec leurs enfants. Nous avons du mal à trouver une place assise pour lire Gallimard et Voir. La mosquée El Hussein paraît trop neuve pour nous attirer. D’ailleurs, elle est interdite aux non -musulmans. Par les fenêtres nous voyons lampes, colonnes et ventilos. Nous contournons la Mosquées à l’opposé du souk par une rue tranquille.

Passant sous une arche nous découvrons un monument magnifique rouge avec des arcades et des ornements. La pancarte est en arabe : nous ne saurons pas  ce que c’est.

Même le vendredi les échoppes sont ouvertes et les artisans, à leur ouvrage. Dans les  boutiques, se vendent des balances de toutes sortes, modernes pour la plupart. Dans les ateliers, on travaille le cuivre. Sur le trottoir, d’imposants pinacles de mosquées avec pointes et croissant se tiennent, en cours d’exécution. Nous voyons aussi des étalages de cylindres de laiton ou de cuivre, des rondelles de diamètres et d’épaisseurs variées.

Puisqu’on ne vend pas de souvenirs pour les touristes nous déambulons sans être importunées et débouchons face au complexe du sultan Qalaoun facile à reconnaître avec son portail gothique normand rue Cham Mouizz el Din.

Collection de minarets

Dans cette rue, l’œil est sollicité par une foule d’éléments architecturaux. Les minarets présentent des variétés incroyables. Nous nous appliquons à les photographier. Dans le contre-jour, ce n’est pas facile. L’un d’eux est hérissé de bâtons, à quelle mosquée appartient il ? Un autre est de style fatimide, plus trapu, aux volumes compliqués. Ceux d’El Hussein sont très hauts. Au loin, on reconnaît ceux d’El Azhar, si travaillés, si élégants.

Visite guidée au Palais Bechtak

Les yeux vers le ciel, on oublierait de regarder les murs couverts de calligraphie, les colonnes antiques qui bordent le bâtiment. Est-ce une madrasa ? Un hôpital ? Où est le mausolée ?

Il faudrait un guide pour retrouver le fil au milieu de toutes ces splendeurs. Justement, il s’en présente un : un homme plutôt gras, en chemisette bleue collée à sa bedaine, parlant Français :

–    « J’ai la clé ! »

Il brandit sous mon nez un trousseau, ouvre notre guide Gallimard et nous montre le Palais Bechtaq. Pourquoi pas ? Je le suis tandis qu’il arpente à grand pas la rue. Dominique peine à le suivre, elle nous attendra sur les marches d’une construction turque : le Sabil Koutab Abd El Rahman 1744. Le guide autoproclamé a une très haute opinion de lui-même :

–    « mon Français, formidable ! »
Comme je lui demande son prix, il hésite :
–    « 30, 40 livres »

C’est beaucoup! je ne suis pas tellement en mesure de marchander, il aurait fallu le faire avant de le suivre. Je n’ai qu’un gros billet de 50

–    « je suis honnête » affirme-t-il.

Il me rend 20LE. Mais quand je sortirai l’appareil photo il invente un supplément…tout le billet y passera.

Le Palais Bechtak date de 1334 à 1339. Autour d’une très haute salle on voit les galeries des femmes avec de beaux moucharabiehs. Les plafonds – à caissons ou à stalactites sont remarquables. 0 l’étage, je soulève un panneau de bois tourné et découvre une chambre au plafond de cèdre du Liban encore peint. Je suis mon guide sur les toits. Il me montre les maisons écroulées lors du séisme de 1992, partout minarets et coupoles mais aussi ruines et paraboles. Visite magique, pour moi seule, on a ouvert un palais fermé. Il suffit d’ouvrir les yeux et son porte-monnaie !

Mosquée ???

Devant chaque édifice des hommes stationnent et nous invitent. J’entre dans une mosquée après m’être déchaussée. Des hommes allongés y dorment dans l’entrée, plus loin le mihrab et deux sarcophages. Au dessus du plus ancien : une coupole fatimide. Où suis- je ? Quelle mosquée ? Quelle date ? L’homme qui m’a entraînée ne parle guère anglais. Il me montre des euros, je lui en donne deux –cela fait 17LE c’est bien suffisant ! Ce n’est pas ce qu’il voulait. Il voulait simplement les changer.

bijoutiers

La foule s’épaissit aux abords du souk des bijoutiers. Curieusement, peu de touristes. Des familles égyptiennes viennent acheter de l’or et font la queue dans les boutiques.

 

Ensemble El Ghouri

Au bout de la rue El Mouizz on devine les grands bâtiments rayés rouge et blanc dominant les maisons basses du souk. C’est le but de  notre promenade. Il faut d’abord traverser la grande avenue d’El Azhar au trafic terrifiant que nous n’avions pas osé franchir lors de notre voyage en 2002. Justement, elle est enjambée par une passerelle devant l’ensemble El Ghouri que nous nous proposons de visiter. Un groupe d’hommes nous invite à entrer dans la mosquée, nous proférons le caravansérail transformé en galerie d’Art vide. Des derviches tourneurs s’y produisent. Malheureusement dimanche nous aurons déjà quitté Le Caire.

 

Le Caire en soirée

EGYPTE 2008/retour au Caire

El Azhar de nuit

El Azhar

A  la nuit tombée, nous traversons un marché alimentaire pour arriver à El Azhar. Des femmes nous invitent dans l’aile qui leur est réservée. Je me déchausse, déploie les voiles. Une femme  nous chaperonne parmi celles qui prient puis elle nous congédient trouvant mon obole trop mesquine.

Retour et dîner

Devant El Azhar, pour traverser, il y a une passerelle. Un jeune policier nous arrête un  taxi. Nous convenons du prix avec lui :

– « Talaat Harb, ten bounds ».

Lorsqu’ on monte, le chauffeur grommelle. Le prix monte à 15LE. Un billet prestement roulé passe d’une main à l’autre. Sans doute nos 5LE supplémentaires. Le chauffeur joue les guides et nous montre le parking construit sur l’emplacement de l’Opéra, la foule grouillant dans le quartier Ataba. Sur Talaat Harb, je reconnais la bonne pâtisserie Ard.

Pour dîner j’achète du shwarma chez Felfela, poulet et mouton, des yaourts et des bananes chez le petit épicier de la rue piétonnière occupée par des tables de plastique coloré. On y fume la chicha en buvant jus de fruits et milk shakes. Les filles sont aussi nombreuses que les garçons. Avancées en dent de scie de la condition féminine. Les voilées sont bien plus nombreuses qu’en 2002, les voiles plus couvrants. Je m’amuse à compter les « filles en cheveux « sur Kasr en Nil, peut être 4 sur 10, beaucoup moins que vers El Azhar.

Le Caire citadelle : Mosquée d’albâtre

retour au Caire

p4260059-copie.1293294980.JPG

 

Les oiseaux me réveillent à 5h15. Où nichent ils donc ? Il n’y a pas un arbre dans le pâté de maison.

Le petit déjeuner est décevant. Les omelettes ont disparu, avec elles les fèves et les légumes. Comme nous sommes les seules clientes le personnel est aux petits soins. Le maître d’hôtel remplit nos verres de kerkadé bien chimique et nos assiettes de viennoiseries dès qu’ils sont vides. On n’ose pas embarquer les œufs durs pour le pique nique comme prévu !

En bas de l’hôtel un taxi attend, un gros break 504 avec une galerie sur le toit. Le chauffeur a belle prestance, une chemise bleue bien repassée et il parle bien l’anglais. J’avance mon prix habituel :
– « ten pounds ».

Il proteste que la citadelle, c’est loin. 10 pounds c’est pour Khan Khalili. Le samedi matin les cairotes ne travaillent pas et le trafic est fluide. Les cars de touristes sont arrivés avant nous et nous devons faire la queue. Entrée chère : 40LE. Contrôle de sécurité très pointilleux. A la radio ils détectent une bouteille qu’il faudra laisser à la consigne.

Mosquée d’Albâtre

p4260044-copie.1293295329.JPG

De la terrasse de la Mosquée de Mohamed Ali, le panorama est extraordinaire. Nous cherchons le quadrilatère d’Ibn Touloun, les minarets d’El Azhar. La pollution noie les édifices sous un voile gris. Un militaire garde une gloriette en saillie d’où il est commode de faire les photos. Il abaisse la cordelette puis demande un bakchich sans trop insister.

Un escalier d’albâtre descend vers l’entrée cachée du palais des Hôtes du sultan. Une glace à encadrement doré reflète les motifs de l’albâtre. Le pavillon lui-même n’offre que peu d’intérêt : dans la salle du trône une galerie de portrait des rois d’Egypte: Mohamed Ali, Tewfik, son fils, Fouad et Farouk jeune. Des commentaires dactylographiés rappellent l’ouverture du Canal de Suez et d’autres anecdotes vivantes.

En 2002, Zeynab nous avait conduites à la mosquée de Mohamed Ali. Nous venions de visiter les mosquées d’Istanbul et nous avions trouvé que celle-ci ne soutenait pas la comparaison avec la mosquée bleue. Avec le recul, nous étions sévères. Cette mosquée est nommée parfois la mosquée d’albâtre. Ce minéral translucide miel aux dessins étranges donne un grand charme à l’édifice et surtout à la galerie entourant la cour. La fontaine des ablutions est très finement ciselée. L’horloge offerte par Louis Philippe, sorte de beffroi turquoise est un bon sujet de photo.

Cette fois ci, nous prenons notre temps pour flâner à l’intérieur de la mosquée, d’aller voir le tombeau de Mohamed Ali, le Minbar, les lustres. Sur les tapis, sagement assis en rond, les touristes écoutent leurs guides.

Le Caire, citadelle : El Nasser Ibn Kalaoun

Retour au Caire

 

Plus que les deux minarets turcs, effilés comme des crayons, deux minarets plus trapus m’attirent. Leur cylindre est cannelé avec des chevrons penchés sur leur bulbe bleu coiffant un balcon ouvragé. La coupole voisine est très simple, vernissée de vert, lisse étincelante au soleil. Ils appartiennent à la mosquée El Nasser Ibn Kalaoun datée de 1335 de l’époque mamelouke. Des arcades bicolores rouge et noires reposent sur de belles colonnes antiques ou byzantines soutenant une galerie à étage. Les marbres ont été emportés à Istanbul. La mosquée donne une impression de sobriété, de majesté et de calme. Une tourterelle a fait son nid dans une lampe de verre opaline décorée d’une belle calligraphie bleue. Le mihrab est finement ouvragé : mosaïque de marbres de différentes couleurs évoquant Palerme ou Florence. Cette visite me ravit : c’est une belle découverte !

Courte incursion au Musée de la Police à a recherche d’un point de vue sur le Mokkatam.

Le Caire : mosquée Ibn Touloun

Retour au Caire

C’est encore un  policier qui nous aide à trouver le taxi qui nous emmène à Ibn Touloun. Nous avions vu cette mosquée en compagnie de Zeinab en 2002  elle était alors en  restauration. Des bâches vertes cachaient la colonnade. Les travaux sont finis. La mosquée est très vaste et très calme. Je grimpe au minaret par sa rampe hélicoïdale extérieure. Le dernier étage est une plateforme de bois qu’on atteint par des marches lisses glissantes et très hautes. A peine me suis-je hissée que partout résonne l’appel à la prière. Je n’ai qu’une peur : que le haut-parleur tout proche ne m’assourdisse et me déséquilibre.

Le Caire : musée Gayer Anderson

Egypte 2008: Retour au Caire

 

 

p4270098-copie.1293125607.JPG

Quand j’arrive au musée Gayer Anderson qui jouxte la mosquée, les gardiens prient sur des nattes étendues à l’ombre des bâtiments. Je suis un peu gênée. L’un d’eux se lève pour me vendre un ticket. Je suis la seule visiteuse de cette belle maison meublée. Gayer Anderson est un médecin qui l’a occupée jusqu‘en 1940. C’est  la maison d’un collectionneur. Les pièces d’apparat traditionnelles ont été reconstituées ainsi qu’un salon syrien aux meubles incrustés de nacre, un « salon turc » une pièce « chinoise ». Ce que je préfère ce sont les moucharabiehs qui tamisent la lumière. On peut jouer avec les ombres en ouvrant de minuscules panneaux. Les plafonds peints sont de toute beauté ainsi que les panneaux perses peints de personnages des miniatures. Les terrasses sont aussi ombragées par des moucharabiehs.

p4270094-copie.1293125737.JPG

Place Midan Tahrir,  nous achetons des nuggets chez KFC. Degré zéro de la gastronomie mais pratique, pas cher et sûr.

Le Caire : Nilomètre et quartier copte

Retour au Caire

 

nilomètre

 


Nilomètre

14h30, le chauffeur trouvé ce matin en bas de l’hôtel ce matin nous emmène à l’île de Rhoda. Le palais Manyal que nous avions choisi est fermé. A la place, il nous propose le Nilomètre. Pour 80 livres il nous attendra. La promenade le long du Nil est embouteillée. Les berges sont bien aménagées et plantées. Elles seraient agréables sans cette circulation infernale. Le taxi traverse l’île par une avenue centrale bordée d’atelier de mécanique. Brusquement la route est barrée il faut continuer à pied à travers un parc en passant devant le petit musée consacré à Oum Kalthoum. Le Nilomètre est abrité sous une tour au toit de zinc pointu à l’extrémité du Nil dans les jardins d’un ancien palais. Nous y parvenons par une allée couverte de bougainvilliers roses et blancs en pleine floraison. Le sol est jonché de fleurs. On se retrouve dans une sorte de citerne creuse et vide de trois étages:en son centre une colonne gravée d’encoches

–    « au dessous de ce niveau et au dessus de celui là, pas de taxes »

Les encoches représentent les impôts proportionnels à la crue. Evidemment, je ne veux pas rater la descente dans la citerne pour voir le canal de communication avec le Nil à mi hauteur. Depuis qu’il y a un barrage à Assouan il n’y a plus de crue ni d’eau dans la citerne. Une rangée de fenêtres éclaire le puits. Les murs et les plafonds sont décorés de peintures élégantes de triangles colorés. Une série de gravure des savants de Bonaparte décrit l’installation avec la précision de dessin d’architecte.

Musée d’Oum Kalthoum

les robes d’Oum kalsoum

egypte2008coolpix-135-copie.1293124946.jpg

La visite au musée d’Oum Kalthoum est écourtée : nous ne disposons que d’un petit quart d’heure avant la fermeture. Je suis déçue. Je pensais que la musique nous accompagnerait. Le bâtiment est muet. Nous passons dans le silence devant des vitrines contenant les robes de scènes de la chanteuse, ses bijoux, des diplômes, des disques noirs et des vieux phonos. Sur le mur opposé : une mosaïque de photos. Sans musique cela n’offre que peu d’intérêt. 5 ordinateurs et des écouteurs permettent de visionner des documentaires d’époques mais cela manque de poésie et en plus cela bugue !

Nous prolongeons notre séjour à la pointe de l’île de Rhoda sur une petite terrasse à l’ombre d’un mur face au Nil. La température est délicieuse, le calme reposant. En face de nous, un bateau restaurant peint en violet est amarré. De petites barques passent. Des pêcheurs nous font signe de leurs embarcations. Les gros bateaux de touristes ont  des formes extravagantes.  L’un d’eux, « cristal du Nil », est une sorte de pyramide en verre fumé aux vitres taillées en triangles. Un autre imite les barques solaires des pharaons avec des lotus énormes en figure de proue. Les immeubles très hauts sont noyés dans la brume et se font oublier. Des palmiers forment des touffes gracieuses. Nous nous arrachons avec peine de tant de douceur.


Quartier Copte

Le quartier copte est juste de l’autre côté du fleuve. Le taxi attendra trois quarts d’heures. Un barrage militaire boucle le quartier. Seul un passage très étroit permet de passer à pied. Il n’y a pas une voiture. La promenade est donc très calme. Il faut descendre quelques marches pour rejoindre les rues anciennes à un niveau plus bas. On nous prévient :
-« Saint Serge est fermé, l’Eglise Suspendue aussi ainsi que la Synagogue, seule Sainte Barbara est ouverte !»
Les rues sont lavées à grande eau ce qui n’empêche pas un vent tourbillonnant de m’envoyer une poussière dans l’œil. Partout : des palmes et des roseaux tressés. Demain c’est le Dimanche des Rameaux. A Sainte Barbara on prépare fébrilement la fête, on accroche des feuilles tressées. On trimballe des échelles, des planches peintes en rose. Dans ce désordre bon enfant j’ai peu le loisir d’admirer les icônes. Nous passons entre des grands murs aveugles : églises ? Monastères ? Mausolées ? Rien ne vient nous éclairer si ce n’est une sculpture de Saint Georges combattant le dragon.
Où sont les habitants ? Vivent-ils là ? Une femme, à l’ombre d’un  porche tresse de lourds épis de blé vert pour en faire des croix. Un jeune garçon prétend vendre des motifs de laine en forme de croix jaune et blanc 1 €.
Pour rentrer nous traversons Garden City – plus de jardins ! A 17H30 nous sommes rentrées. J’ai laissé 100LE au taximan qui a l’air content

Meidoum

Nous suivons la vallée du Nil vers le sud dans une campagne très verte. Les animaux reposent à l’ombre dans des abris aux toits de roseaux ou de canne ou sous une tonnelle de volubilis fleuris tandis que les humains sont au soleil, accroupis dans la luzerne, mettent le fourrage en bottes ou sont occupés à d’autres tâches agricoles. Les ânes, eux, sont attachés au soleil. Le Nil est beaucoup plus étroit que je ne l’imaginais.

Nous quittons cette campagne cultivée pour le désert avant d’arriver à Meïdoum. Premier barrage de policiers et de militaires, les uns sont en noir, les autres en khaki. Nabil nous montre : -« deux françaises » IL doit détailler son itinéraire et parlementer un bon moment. Nous sommes escortées par un véhicule militaire : une grosse 504 bleue. A Meïdoum, un homme armé d’une mitraillette ne nous lâche pas d’une semelle. Au début, il joue les guides, montre les sarcophages abandonnés là. Un seul est en granite gravé. Les autres en calcaires sont dans un piteux état. En revanche, je monte seule à la pyramide qui ressemble à une tour de Babel à 8 étages. Un militaire garde l’entrée. Un jeune en galabieh bleue m’accompagne dans le couloir beaucoup mieux éclairé qu’à Dachour. J’ai de l’entraînement. A la fin, surprise : des échelles ! Je prends en photo mon accompagnateur tout étonné. Il a du mérite en savates avec son longue robe sui se prend dans les cornières. Nous avons lu dans Gallimard l’histoire des Oies de Meïdoum que nous espérons voir dans les tombeaux. Pleines d’espoir, nous rejoignons un monticule de briques foncées où sont percées des ouvertures. Des tombes ? Notre accompagnateur armé appelle cela un mastaba. Pour y entrer il faut se faufiler dans une porte étroite sur des pierres glissantes polies par le passage des visiteurs. Le couloir pentu est tapissé d’un sol poudreux. Aucun équipement, ni planche, ni rampe. – « Slowly, slowly ! » En s’accrochant à la paroi, je cherche des prises de main. Brusquement, la pente douce fait place à un puits équipé d’une échelle. J’ai un instant d’hésitation. Je me force. D’autant plus que j’arrive sur une planche qui fait un pont, puis encore une échelle, finalement une chatière. Quelle idiotie d’avoir pris avec moi mon sac à dos qui reste coincé dans la petite ouverture carrée. La récompense c’est un sarcophage ouvert – énorme – plus haut que moi. La remontée est plus facile. C’est toujours moins vertigineux de grimper à des échelles que de les descendre ! Je remonte avec la fierté de l’exploit accompli. J’avoue que je n’ai pas beaucoup pensé aux Egyptiens de l’Antiquité – aux archéologues, si ! C’est plus sexy de faire de la spéléo dans une pyramide ! Notre gardien armé nous demande un bakchich – Cela allait de soi ! J’ouvre mon petit porte-monnaie. Une rafale emporte le bakchich et un autre billet. Et nous voilà à courir à la poursuite des billets sur le plateau !

Pyramides : Dachour

 

 

8h : un microbus jaune attend en bas du Cosmopolitan. Notre chauffeur s’appelle Nabil et s’exprime en assez bon anglais. Nous franchissons un pont après le Nilomètre. Au détour d’une avenue les Pyramide de Gizeh apparaissent. Mykérinos est cachée. Elles se fondent dans le voile de pollution et la brume de chaleur ; sans aucun contraste, je n’ai même pas le réflexe de les photographier. Nous traversons des banlieues bizarres aux immeubles de briques inachevés et déjà habités. Rares sont les immeubles crépis, les autres le seront-ils un jour ? La voirie est dans le même état d’inachèvement permanent.

Heureusement, nous atteignons la campagne. C’est l’heure où partent les animaux : vaches gamousses, ânes et moutons nous transportent de bonheur. Nous les photographierions tous. Nabil fait remarquer que nous en verrons d’autres !

8H32 : Pyramides d’Abu Sir,

8h40 :  Saqqarah.

.
Comme pour celles de Gizeh, ces pyramides manquent de netteté.
Nous suivons avec grand plaisir la route de Memphis le long d’un canal et dans la verdure.

Le site de Dachour est bien gardé. Passé les guérites des sentinelles,  le désert. Contrairement aux sites proches du Caire, il n’y a pas de parking ni de vendeurs pour enlaidir l’endroit. Nous contournons la Pyramide Rouge de Snefrou pour photographier la Pyramide Rhomboïdale reliée par une piste que Nabil refuse de prendre avec le minibus jaune :

–    « ce n’est pas un véhicule de safari ! »

C’est un peu frustrant la Pyramide Rhomboïdale est vraiment belle, brillant sous son revêtement lisse et sa forme étrange. La Pyramide rouge est plus classique. D’ailleurs, elle n’est pas rouge ! Un sentier et des marches mènent à une ouverture. La montée sous e soleil est rude et courte. La descente à l’intérieur de la Pyramide se fait sur des planches de bois sur lesquelles on a fixé des cornières métalliques. Deux rampes de bois permettent de se tenir l’éclairage st assez pauvre. Quand d’autres visiteurs éclipsent les ampoules je me retrouve dans le noir et je regrette de ne pas avoir pris la frontale achetée pour l’expédition nocturne  au mont Moïse. On arrive à une salle au plafond très haut mais à section triangulaire très pointu. Des échelles nous conduisent à une autre chambre au plafond pointu. L’air est irrespirable. La remontée est beaucoup plus facile que la descente : la lumière extérieure qui se rapproche sécurise alors que l’obscurité inquiétait. Je compte les marches : 131. Même si les chambres sont vides je suis très heureuse d’avoir visité une pyramide. Avant de quitter Dachour nous photographions une pyramide un peu écroulée : celle d’Amenhat ou de Haouara ? Avec un palmier au premier plan, du sable blond à l’avant, elle se détache bien. Cela fera une jolie photo !

En route vers le sud sur la Western Desert road

EGYPTE 2008/MOYENNE EGYPTE

 

touktouk à samalout

p5010403-copie.1293099106.JPG

 

Le minibus jaune repart derrière le véhicule militaire. Nous voici jouant à Sarkozy et Carla en Egypte. Dès qu’on a rejoint la route principale, l’ escorte nous  abandonne. La Western Desert road est une 4 voies, presque une autoroute, qui descend dans le désert jusqu’à Assiout. Rares camions, quelques minibus et des pick up Chevrolet décorés. Bizarrement, l’éclairage n’est installé que d’un côté. Brille-t -il la nuit au moins ? Rien n’est moins sûr. Il est maintenant passé midi, la poussière vole, le ciel est blanchâtre. Il n’y a plus d’ombres. La chaleur rend tout gris. Cela m’endort.

Les chantiers du désert

Ce désert n’est pas beau. Il a été labouré par des engins de chantier. On y a déposé des gravats. Tout d’abord, je m’étonne de la présence de murs soigneusement maçonnés. Des murs dans le désert ? Pour enclore quoi ?C’est bien après que je découvre les arbres : palmiers ou tamaris ? Comment vont-ils pousser ? Intriguée, j’observe. Les tas foncés qu’on a apportés, ne seraient ce pas de l’engrais ? Je vois enfin les fins tuyaux noirs de l’irrigation. Les champs irrigués goutte à goutte apparaissent enfin. L’agronomie moderne va faire verdir le désert. Le goutte-à -goutte n’est pas réservé aux arbres. Des choux en bénéficient aussi. La mince bande de la vallée du Nil est bien trop étroite pour nourrir la population égyptienne. Le désert va prendre le relais.
–  » Qui travaille cette terre ? A qui appartient elle ? »  :
–    « big company »,Nabil qui répond évasivement
Les investissements sont énormes. On imagine mal les paysans pauvres acheter les tuyaux, les pompes. Peut être le gouvernement ?j’aimerais approfondir la question. L’anglais de Nabil est un peu limité. Il est fatigué. Nous avons peur de le voir s’endormir dans cette étendue monotone sur la 4voies toute droite sans rien qui ne retienne l’attention et si, peu de circulation.

La Western Desert Road est presque une autoroute mais la vitesse est limitée à 90km/h. Autoroute ? Pas tout à fait, des ralentisseurs très hauts remplacent bretelles et ouvrages d’art à chaque intersection.
Nous avons négligé le « beau restaurant  pour touristes » à la hauteur du Fayoum espérant trouver quelque chose de plus modeste pour acheter des sandwichs ou de la taamyia. Il n’y a rien du tout. A la sortie de Magaga, nous comprenons que nous ne trouverons rien à manger sur cette route. Il est déjà tard. Nabil dit qu’on achètera à Minia.

Barrages

S’il n’y a rien à manger, les barrages de police eux abondent. Chaque fois, Nabil nous présente, donne son itinéraire. Deux fois il descend avec son paquet de cigarettes. Quand il remonte, il nous montre le paquet vide. Ce n’est sans doute pas le seul cadeau.
–    « combien gagne un policier ? « je demande,
–    « 600LE mais avec ce que donnent les gens il doit arriver à 2000LE , comment vivre sans corruption avec 600LE ?
–    « comment l’Etat Egyptien peut il payer plus à cette foule de militaires et de policiers ? »

Il nous faudra tenir compte de ces « cadeaux » dans le pourboire qu’on donnera à Nabil à la fin.

Les policiers lui ont expliqué comment aller à l’église à Deir-Gabal-At-Tair qui ne figurait pas sur son itinéraire mais qu’il était sur le descriptif du voyage donné par Oriensce. Nous quittons l‘autoroute à Samalut.

Cafétéria pour routiers égyptiens

Face à l’intersection : un grand parking et une sorte de restaurant pour routiers où nous tentons notre chance. Il y aura sûrement de l’eau. Pour les sandwiches, Nabil est sceptique. En effet rien à manger à la boutique en dehors des « snacks » emballés : chips, gaufrettes et gâteaux secs. Je vois des œufs, j’insiste. On veut bien me vendre du pain  (fine pita délicieuse) et du fromage en pack : une sorte de feta mal essorée. Nabil doute que cela me plaise. J’adore cela ! le problème sera de faire sortir le fromage par la petite ouverture que j’ai pratiquée dans le pack. Pour payer, Nabil me fait signe de ne pas sortir l’argent trop tôt. Pour acheter 5 pitas, une bouteille d’eau et un paquet de fromage il faut prendre son temps pour négocier. Le marchand laissera la bouteille à 3 LE (le prix du Caire) en tout il y en aura pour 12 LE . Il  semble que le marchandage soit une sorte de politesse dont nous avons perdu l’usage. Pas spécialement pour faire baisser le prix. Dans la société de consommation, nous achetons tant que nous négligeons la conversation avec le marchand. La marchandise est plus importante que la personne qui vend. Est-ce que nous regardons la figure de la caissière quand elle passe ses codes-barres ? Est-ce qu’elle nous voit ?

bananes

L’arrêt au parking a été une erreur. Dès que nous traversons Samalut nous voyons des boutiques de toutes sortes et surtout des étalages de fruits. Nabil me demande :
–    « combien de kilos de bananes ? «
–    « kilos ?? seulement deux bananes «
–    « impossible, les bananes se vendent au kilo ! »
Nabil revient avec un sac en plastique noir contenant 1 kilo. Après les sandwiches, je n’ai plus faim. Heureusement que nous aurons un frigo à l’hôtel.

touktouks

Dans Samalut circulent d’innombrables touktouks les mêmes qu’en Asie, fabriqués en Inde et décorés de façon délirante à la gloire du conducteur le plus souvent mais parfois au nom de sa fiancée, de sa femme ou de sa fille. Pensant voir les mêmes à Minia, je néglige de les photographier, je le regretterai ensuite.