CARNET DE LA FORET FOUESNANT

Topo-guide GR34 Côte de Cornouailles p.51-53 Kerity /Guilvinec 5km 1h15 – Lechiagat/ Lesconil 4km-1h
La pluie a mouillé le pare-brise de la voiture de Quimper à Pont-L’Abbé; quand nous arrivons sur le quai de Kerity, le soleil est resplendissant. La mer est haute mais il reste du sable une bande de sable mouillé pour marcher près de l’eau. Le vent d’Ouest me pousse. Des rochers émergent de l’eau arrondis. Pas d’algues vertes mais une quantité de goémon. Marchant, je considère toue cette matière organique inutilisée. Je pense aux goémoniers que Gauguin côtoyait. On ramassait alors les algues qu’on brûlait dans des fours ; mais maintenant. A part l’engrais des potagers, personne ne vient les ramasser ? Erreur une pelleteuse travaille sur la plage, repoussant un grand tas vers la dune, pour protéger celle-ci de l’érosion ? Je n’ose pas déranger le conducteur d’engin pour lui poser la question.
A l’entrée du Guilvinec, je monte sur la dune. Ici le moyen de protéger la dune est agréable : au lieu des barrières de bois interdisant le piétinement on a installé un cheminement de planches avec des terrasses portant des bancs, des panneaux explicatifs sur la flore de la dune grise, la dune fixée, végétalisée par les oyats, les mousses et les lichens et la dune blanche, la dune mobile. Une nouvelle plante est signalée l’Armérie maritime dont je connais bien les petits pompons rose-mauves. D’ailleurs il en reste quelques unes en fleur.

Le Guilvinec est une ville active autour d’un port de pêche important. C’est même le 3ème port français après Boulogne et Lorient. Le nom des rues témoigne de la conscience ouvrière : Danielle Casanova, Gabriel Péri, Jules Guesde ou Gui Môquet comme à Vitry ou à Ivry. Les installations portuaires, les entrepôts, la Criée moderne, les camions frigorifiques occupent le front de mer. Le centre ville est très sympathique, des crêperies pour les touristes mais aussi de sympathiques librairie « A l’Ancre sympathique » . Après la déception à Concarneau j’apprécie d’autant plus Le Guilvinec. En face du Guilvinec, Lechiagat fait face aux entrepôts du grand port de pêche. Ici aussi il y a des explications. Je suis surprise d’apprendre que les installations portuaires sont relativement récentes et que dans les années 1950 il n’y avait pas encore de quais, et que cent ans auparavant seulement quelques dizaines de familles pêchaient là.
Une longue plage de sable blanc sépare Lechiagat de Lesconil. Le Gr se trouve entre dune et marais. On peut observer des zones humides et même deux menhirs mouillés. Je commence la promenade sur le sommet de la dune en plein vent mais rapidement descends sur la plage. Le vent me cingle, soulevant goémon séché et les grains de sable. Une grosse pluie s’abat. L’averse est d’ailleurs de courte durée et n’empêche pas le soleil d’éclairer. A la fin de la plage de beaux rochers de granite annoncent Lesconil.
Nous déjeunons au dessus des rochers d’un magnifique tourteau acheté chez le poissonnier de Kérity – pique-nique de luxe. Plaisir de décortiquer les pattes, pinces et carapace. Malheureusement le vent forcit, le soleil se cache et il fait si froid qu’on termine notre crabe dans la voiture. Pour terminer du far délicieux.

Comme le temps est vraiment gris, nous décidons de visiter Haliotika, le Centre de la Pêche : un musée installé au dessus de la Criée expliquant les techniques de pêche, la vie des pêcheurs, et offrant aussi des animations tels que cours de cuisine des poissons ou des algues, jeux pour les enfants, sorties en mer ou visite de la Criée.
La scénographie est vraiment très intelligente. On s’attache à la vie de deux pêcheurs l’un de la pêche côtière, l’autre hauturière. La parole est donnée à leurs femmes qui racontent leur quotidien, leurs problèmes, leurs joies. Un emploi en mer induit cinq autres à terre. Le Guilvinec compte 101 navires et 415 marins. Tous les murs sont couverts de photos, d’affiches mais il y a aussi des vidéos pour mieux comprendre. La cabine de pilotage est reconstituée on peut s’assoir devant un magnifique coucher de soleil entouré de nombreux écrans : sonars pour détecter les bancs de poissons, radars, GPS pour la position, pilotage automatique, radio pour communiquer avec les autres bateaux… l’électronique a fait une véritable révolution de la pêche il y a quelques décennies. On montre aussi un chalut avec des aux poissons. J’apprends que Langoustines, baudroie, raies se pêchent au chalut, les poissons pélagiques : sardines, maquereaux, anchois sont les proies de la bolinche (grosse poche) tandis que la palangre comportant des milliers de hameçons est pour le lieu jaune, le bar ou la dorade. Ne pas oublier les casiers des crustacés et les filets-maillants ainsi que les lignes pour les thons.

Un audiovisuel d’une vingtaine de minutes raconte la vie de pêcheurs de langoustines de Lesconil. Nous comprenons comment fonctionne le chalut et assistons à la vie à bord, au tri des proies, a genoux dans l’eau.
Une autre partie de l’exposition raconte comment la pêche s’est développée au Guilvinec. On donne la parole à un ancien pêcheur qui a été témoin de toutes les modernisations, l’arrivée des chaluts, l’emploi de la glace à bord, l’électricité qui a permis de travailler la nuit, et enfin celle de l’électronique du pilotage automatique au repérage des bancs de poissons. Ce vieux pêcheur parle aussi de la crise. Il relativise la disparition de certains poissons, au cours de sa vie il a été témoin d’autres crises.

Déception ! Nous attendions avec impatience que la criée commence. Vraie criée et non pas exposition pour touristes. Si nous avons choisi cette visite à cause de la pluie, les pêcheurs eux, pour la même raison, ne sont pas sortis par gros temps. Pas de bateaux, pas de criée.

Avant de rentrer nous faisons un tour sur les quais et nous amusons aux facéties des goélands. Un bateau est rentré avec des poissons encore pris dans les chaluts enroulés. Les goélands ont vite repéré les petits poissons invisibles pour nous. Bizarrement ils ne touchent pas à un petit requin dont la tête sort du filet.