Kerity- Le Guilvinec-Lesconil- Haliotika

CARNET DE LA FORET FOUESNANT

 

le phare du Guilvinec et le port de pêche


Topo-guide GR34 Côte de Cornouailles p.51-53 Kerity /Guilvinec 5km 1h15 – Lechiagat/ Lesconil 4km-1h

La pluie a mouillé le pare-brise de la voiture de Quimper à Pont-L’Abbé; quand nous arrivons sur le quai de Kerity, le soleil est resplendissant. La mer est haute mais il reste du sable une bande de sable mouillé pour marcher près de l’eau. Le vent d’Ouest me pousse. Des rochers émergent de l’eau arrondis. Pas d’algues vertes mais une quantité de goémon. Marchant, je considère toue cette matière organique inutilisée. Je pense aux goémoniers que Gauguin côtoyait. On ramassait alors les algues qu’on brûlait dans des fours ; mais maintenant. A part l’engrais des potagers, personne ne vient les ramasser ? Erreur une pelleteuse travaille sur la plage, repoussant un grand tas vers la dune, pour protéger celle-ci de l’érosion ? Je n’ose pas déranger le conducteur d’engin pour lui poser la question.

A l’entrée du Guilvinec, je monte sur la dune. Ici le  moyen de protéger la dune est  agréable : au lieu des barrières de bois interdisant le piétinement on a installé un cheminement de planches avec des terrasses portant des bancs, des panneaux explicatifs sur la flore de la dune grise, la dune fixée, végétalisée par les oyats, les mousses et les lichens et la dune blanche, la dune mobile. Une nouvelle plante est signalée l’Armérie maritime dont je connais bien les petits pompons rose-mauves. D’ailleurs il en reste quelques unes en fleur.

;le port du Guilvinec vu de Lechiagat

Le Guilvinec est une ville active autour d’un port de pêche important. C’est même le 3ème port français après Boulogne et Lorient. Le nom des rues témoigne de la conscience ouvrière : Danielle Casanova, Gabriel Péri, Jules Guesde ou Gui Môquet  comme à Vitry ou à Ivry. Les installations portuaires, les entrepôts, la Criée moderne, les camions frigorifiques occupent le front de mer. Le centre ville est très sympathique, des crêperies pour les touristes mais aussi de sympathiques librairie « A l’Ancre sympathique » . Après la déception à Concarneau j’apprécie d’autant plus Le Guilvinec. En face du Guilvinec, Lechiagat fait face aux entrepôts du grand port de pêche. Ici aussi il y a des explications. Je suis surprise d’apprendre que les installations portuaires sont relativement récentes et que dans les années 1950 il n’y avait pas encore de quais, et que cent ans auparavant seulement quelques dizaines de familles pêchaient là.

Une longue plage de sable blanc sépare Lechiagat de Lesconil. Le Gr se trouve entre dune et marais. On peut observer des zones humides et même deux menhirs mouillés. Je commence la promenade sur le sommet de la dune en plein vent mais rapidement descends sur la plage. Le vent me cingle, soulevant goémon séché et les grains de sable. Une grosse pluie s’abat. L’averse est d’ailleurs de courte durée et n’empêche pas le soleil d’éclairer. A la fin de la plage de beaux rochers de granite annoncent Lesconil.

Nous déjeunons au dessus des rochers d’un magnifique tourteau acheté chez le poissonnier de Kérity – pique-nique de luxe. Plaisir de décortiquer les pattes, pinces et carapace. Malheureusement le vent forcit, le soleil se cache et il fait si froid qu’on termine notre crabe dans la voiture. Pour terminer du far délicieux.

Haliotika

Comme le temps est vraiment gris, nous décidons de visiter Haliotika, le Centre de la Pêche : un musée installé au dessus de la Criée expliquant les techniques de pêche, la vie des pêcheurs, et offrant aussi des animations tels que cours de cuisine des poissons ou des algues, jeux pour les enfants, sorties en mer ou visite de la Criée.

La scénographie est vraiment très intelligente. On s’attache à la vie de deux pêcheurs l’un de la pêche côtière, l’autre hauturière. La parole est donnée à leurs femmes qui racontent leur quotidien, leurs problèmes, leurs joies. Un emploi en mer induit cinq autres à terre. Le Guilvinec compte 101 navires et 415 marins. Tous les murs sont couverts de photos, d’affiches mais il y a aussi des vidéos pour mieux comprendre. La cabine de pilotage est reconstituée on peut s’assoir devant un  magnifique coucher de soleil entouré de nombreux écrans : sonars pour détecter les bancs de poissons, radars, GPS pour la position, pilotage automatique, radio pour communiquer avec les autres bateaux… l’électronique a fait une véritable révolution de la pêche il y a quelques décennies. On montre aussi un chalut avec des aux poissons. J’apprends que Langoustines, baudroie, raies se pêchent au chalut, les poissons pélagiques : sardines, maquereaux, anchois sont les proies de la bolinche (grosse poche) tandis que la palangre comportant des milliers de hameçons est pour le lieu jaune, le bar ou la dorade. Ne pas oublier les casiers des crustacés et les filets-maillants ainsi que les lignes pour les thons.

Haliotika

Un audiovisuel d’une vingtaine de minutes raconte la vie de pêcheurs de langoustines de Lesconil. Nous comprenons comment fonctionne le chalut et assistons à la vie à bord, au tri des proies, a genoux dans l’eau.

Une autre partie de l’exposition  raconte comment la pêche s’est développée au Guilvinec. On donne la parole à un ancien pêcheur qui a été témoin de toutes les modernisations, l’arrivée des chaluts, l’emploi de la glace à bord, l’électricité qui a permis de travailler la nuit, et enfin celle de l’électronique du pilotage automatique au repérage des bancs de poissons. Ce vieux pêcheur parle aussi de la crise. Il relativise la disparition de certains poissons, au cours de sa vie il a été témoin d’autres crises.

la criée vue par le hublot d’Haliotika

Déception ! Nous attendions avec impatience que la criée commence. Vraie criée et non pas exposition pour touristes. Si nous avons choisi cette visite à cause de la pluie, les pêcheurs eux, pour la même raison, ne sont pas sortis par gros temps. Pas de bateaux, pas de criée.

les goélands dans les filets

Avant de rentrer nous faisons un tour sur les quais et nous amusons aux facéties des goélands. Un bateau est rentré avec des poissons encore pris dans les chaluts enroulés. Les goélands ont vite repéré les petits poissons invisibles pour nous. Bizarrement ils ne touchent  pas à un petit requin dont la tête sort du filet.

Pont Aven

CARNET DE LA FORET FOUESNANT

Par un temps magnifique, nous retournons à Pont Aven visiter la ville juste entrevue la première fois.

Mardi,  jour de marché sur la place autour de la statue de Gauguin. Petit marché, quelques maraîchers, l’un bio. Jackie l’andouille, qui vend toutes sortes de produits bretons de l’andouille au kouing-aman, en passant par un rôti de porc qui cuit sous nos yeux à la broche.

Le musée de Pont Aven est fermé pour restauration et n’ouvrira ses portes qu’en 2014. Les amateurs de peintures peuvent visiter les galeries très nombreuses d’intérêt assez inégal. Hors saison, presque toutes sont fermées. Je regarde à travers les carreaux sans trouver de peinture qui me parle un peu.

Pas de peinture, mais tout de même un photographe très intéressant : Philip Plissson, qui se présente comme « peintre de la marine ». J’entre dans la galerie et découvre différentes séries de photos imprimées souvent sur toile, des grands formats, des diptyques ou triptyques, des piles de beaux livres. La toile fait illusion. On croirait des tableaux. L’un d’eux représente une coque rouillée de bateau et on croirait sentir la matière. D’autres sont très clairs, comme épurés, le fond est blanc, l’arrière plan presque invisible au premier plan se détachent des sujets très colorés : voiles des bateaux, pêcheurs à pieds. Je m’approche, intriguée, cherchant à deviner le procédé. A l’exposition de Titouan Lamazou, j’avais remarqué des ajouts de gouache sur des photos grands formats. Chez Plisson c’est moins explicite ; heureusement la galerie est tenue par une dame très aimable qui confirme : ce ne sont que des photos. Ce qui parait repeint est en réalité un travail numérique : la pixographie dont Plisson a le label.

L’Office de tourisme propose 3 promenades par les rues de Pont Aven. Il suffit de flâner un peu pour découvrir des panneaux explicatifs.

gauguin et son Christ jaune

Sur la place, devant l’Hôtel des Ajoncs, on raconte que Gauguin y a séjourné en 1886 assez longtemps pour guérir sa jambe cassée à Concarneau lors d’une rixe avec des marin.

 

 

Les moulins de Pont Aven (à l’arrière, les galettes)

Nous commençons par la promenade des Moulins, promenade Xavier Grall (journaliste et poète), l’aven en amont des moulins( transformés maintenant en restaurants) rugit comme un  torrent de montagne, de l’autre côté de la place l’Aven est plus large, moins tumultueux. Un panneau signale la petite crique face au port, peinte par Gauguin , encore impressionniste en 1888.

De l’autre côté du pont, se trouve le Moulin du grand Poulguin et des galeries et ateliers d’artistes innombrable.

Une boulangerie à l’origine des galette de Pont Aven, signale qu’Isidore Penven déjà en 1890 les mit au point et que la marque « galette de Pont Aven » ou « Trao Mad » fut déposée en 1920. Maintenant elles sont fabriquée dans les environs mais industriellement.

En face de la Poste, cachée entre une porte de garage en PVC et le trottoir se trouve une mignonne fontaine avec sa vasque couverte de lentilles d’eau. Un peu plus loin je tourne dans la rue Philippe Job entre des murs de moellons habillés de fleurettes ressemblant à des pâquerettes dans un feuillage très léger presque mousseux. Comme une dame riveraine ferme son portail, je lui demande comment elles s’appellent « parce que vous voulez en planter chez vous ? « s’enquiert-elle ? –«  non seulement pour savoir » elle reprend : « ne mettez jamais cela chez vous, vous ne pourrez plus vous en débarrasser ! »

la chapelle de Tremalo

En haut d’un bon kilomètre de montée, en dehors de la ville, au dessus du Bois d’Amour, se trouve la petite chapelle de Trémalo entre deux énormes massifs d’hortensias. Murs bas, toit à deux pans arrivant presque à terre, court clocher. Le décor de granite est mangé par l’érosion. Un ange se reconnait de loin, mais pas de près. A l’intérieur la nef parait très vaste, avec ses trois travées sur des colonnes rondes basses soutenant des arcades. Les poutres sont bizarrement ornées des gueules dentues de sortes de dragons fantastiques. Une curieuse frise de macarons naïfs portant des têtes grimaçantes, l’un d’eux a le cul par dessus tête, au dessus du porche les figures humaines cèdent la place à un bestiaire amusant, un chien plus petit que l’os qu’il a dans la gueule et des animaux bizarres.

le Christ jaune que Gauguin a peint.

Le Christ jaune, en bois, peint par Gauguin est suspendu face à l’entrée latérale. Il est vraiment jaune. Paul Gauguin ne l’a pas peint dans l’église.  Il l’a emporté dans la campagne et l’a peint à l’automne si on se réfère aux arbres roux du paysage. Les femmes étaient probablement venues à un pardon.

De Pont Aven, nous allons à Riec/Belon puis à Moelan-sur –Mer pour trouver une promenade près de l’eau. Le topo-guide est insuffisant pour nous deux et nous n’avons  pas de carte de ce secteur. Un peu au hasard, nous arrivons à Brigneau, à l’entrée de l’estuaire du Belon. Joli petit port. Des bateaux se balancent sur une eau vert émeraude lisse comme un miroir. (après la mer en tempête de ces derniers jours c’est surprenant). Le GR34 part de là pour rejoindre Merrien, mais c’est loin et il est déjà 12h. Je monte au sommet de la falaise, découvre une ancienne conserverie, une digue, et renonce, faute de carte.

Nous reprenons la voiture en direction de Kerfany où il y a des plages de sables propice à un pique-nique. Nous laissons madame GPS nous guider. Kerfany est une toute petite station balnéaire, avec une petite plage. C’est au dessus dans une sorte de jardin public « jardin du souvenir » (la Résistance) que nous terminons le crabe d’hier assises sur des bancs de granite sur une herbe bien tondue face à l’Atlantique.

Petite promenade en balcon sur les GR34 jusqu’à la plage suivante de Trévez. Promenade sauvage bordée d’épineux, ajoncs défleuris, et épines complètement défeuillées.

De la Torche à Penmarch


CARNETS DE LA FORET FOUESNANT

La Torche


Le site de la Torche est exceptionnel : un promontoire rocheux s’avançant dans la grande baie d’Audierne.

Arrivée sur le rocher, je comprends le nom  de La Torche : un magnifique rocher se dresse avec la forme d’une flamme. Un blockhaus le surmonte. Plus discrète mais plus sympathique : une allée couverte.

Vers l’Est : Porz carn

De part et d’autre les grandes plages de sable sont battues par les vagues écumeuses et mousseuses ; les surfeurs profitent de ces lames, ils sont nombreux.

Les dunes sont fragiles. En certains endroits, la côte recule d’1.5m à 2m/an. La fixation de la dune par les végétaux et des systèmes de brise-vent sont surveillés pour la protéger.

Un panneau explique la zonation des végétaux :

Haut de plage et dune mobile :

–           oyats Ammophila arenaria : possède des racines traçantes pour fixer le sable

–          Cakilier : Cakile maritima , roquette de mer aux feuilles vertes lobées et au goût salé.

Dune fixée :

–          Immortelle des dunes helicrysum stoechas aux fleurs jaunes fortement odoranteau parfum rappelant le curry indien

–          Euphorbe maritime : secrète un latex blanc.

Arrière-dune

–          Liseron des dunes : Calystegia soldanella fleur rose à pavillon de vieux phonographe et liseré blanc

–          Panicaut maritime : Eryngium maritimum , chardon aux feuilles coriaces et épineuses , utile pour freiner le vent et accumuler le sable.

Une autre pancarte signale l’introduction de la culture des bulbes de jacinthe, tulipes, narcisses dans la Baie d’Audierne.

Allée couverte

Le Promontoire de la Torche : site archéologique.

On a retrouvé des amas coquilliers (10 000 – 5 000av JC) et ossements humains (4 000 av JC) . A la fin du 6ème millénaire, les premiers paysans apparaissent en Armorique. La communauté se nourrit de fruits de mer et de gibier. Les techniques de cueilleur vont encore perdurer longtemps. La sépulture mégalithique de la torche (allée couverte  contenait des ossements humains datés 4000avJC).C’est à ces derniers qu’on doit l’érection des monuments mégalithiques (dolmens et menhirs).

Sur le GR

Topo-guide  GR34 Côte de Cornouaille p51 De la Pointe de la Torche à saint Guénolé 5km 1h15 – de Saint Guénolé à saint Pierre 2.5km – 40 mn – de Saint  Pierre à Kerity 3.5km -50 mn

Le GR34 est tracé dans la dune et s’éloigne de la plage. Je décide de retourner sur le sable mouillé puisque la mer est basse. Voulant envoyer un Sms, je constate qu’au bout des cordons ne pendent plus mes lunettes et fais demi tour pour els retrouver. Une dame très gentille les a accrochées avec un fil de fer au fil interdisant le piétinement des oyats

Après 20 minutes j’arrive au bout de la plage de Porz Carn. Malgré la température de l’air( 8°C)  et le drapeau rouge, six baigneurs sont à l‘eau non pas en combinaison comme les surfeurs mais en bikini. Défis ou bain habituel ?

Nous négligeons le  beau Musée de la Préhistoire pour profiter du beau temps.

Le sentier côtier suit la côte rocheuse  empruntant de petites portions de route. Il est quand même très agréable avec des affleurements spectaculaires. La mer est hérissée de lames blanches (degré6 sur l’échelle de Beaufort) . Je passe devant un four à goémon sans le trouver (pourtant je l’ai cherché). La côte est assez construite, de vieilles maisons au crépi gris attaqué par les embruns et aux maisons de vacances bien blanches avec de grandes baies ouvertes vers l’océan.

le rocher de Saint Guénolé

A l’entrée de Saint Guénolé,  un très gros rocher de granite très érodé, curieusement en plaques horizontales (et non en boules comme dans les chaos habituels),  est appelé le rocher des victimes, en effet le 10 Octobre 1870, la femme du Préfet et plusieurs membres de sa famille furent emportés par une vague meurtrière. L’histoire ne dit pas si la mer était en tempête et jusqu’où ils s’étaient aventurés. Le sommet du rocher est équipé d’un garde-fou métallique tout neuf.

Nous déjeunons devant ce rocher de Saint Guénolé. Au menu salade de pommes de terre, thon et anchois. A peines sommes nous installées qu’un nuage noir vient crever juste au dessus de nous : repli dans la voiture. L’averse a été de courte durée. Une lumière très vive éclaire le port désert de Saint Guénolé- un vrai port de pêche à la sardine. Des entrepôts se succèdent,  pas touristiques du tout et bien désert ce samedi  à midi. Une petite crêperie est ouverte mais il n’y a personne.

les trois phares de Saint Pierre

Le GR34 passe sur une corniche longeant la mer. Les rochers sont découverts sur une très grande largeur formant une sorte de chaussée brune de goémon, luisante, avec des flaques brillant sous le soleil. La chapelle Notre-Dame–de-la–Joie(ou de-la-Pitié) c’est selon,  est le nom donné à cette église bâtie sur le bord du rivage et visible par les marins. Construction trapue et simple quoique d’assez grande taille. Son calvaire est hérissé de lichens. J’avance vers Saint Pierre en regardant les phares se rapprocher. En ce moment je lis le gros bouquin Omnibus Histoires de Phares qui me semble de circonstances. Face au rivage se trouvent des balises peintes en vert, de nombreuses bornent de pierre marquent sans doute un chenal. En mer, sur un ilot se dresse un phare. A Saint Pierre, je compte 3 autres édifices : le plus grand : le Phare d’Eckmühl coiffé d’un lanternon en métal travaillé, le vieux phare rond, grosse colonne tronquée, et le petit sémaphore militaire, j’ai même oublié la tour de l’église éclipsée par le vieux phare. On pourrait visiter le poste de secours qui présente une exposition, mais aujourd’hui, c’est fermé. On aurait aussi pu monter au phare d’Eckmülh mais on n’a pas essayé.  C’est seulement au retour à la maison en triant les photos que j’ai découvert des touristes en haut du phare et que je les ai jalousés. Toujours en corniche je continue la promenade sous un ciel  tantôt bleu éclatant tantôt menaçant avec des nuages très noirs qui donnent des pluies diagonales au large et des arcs en ciel.

Kérity est un petit port très sympathique. Quelques maisons : la boutique l’escale est gaiment crépie de rose  ainsi que la crêperie. Nous décidons de prendre un café en terrasse et nous installons d’abord sur les tables du grand café des Doris. Personne ne vient prendre la commande.  Tout le village semble s’y être donné rendez vous pour des jeux de grattage et des lotos. Le patron est débordé. Une retraitée a étalé ses cartes de grattages recouvrant toute une table . J’ai signalé notre présence mais il ne vient toujours pas alors qu’un gros nuage menaçant se rapproche.

Le Nautilus de Kérity, un café sympa

Un peu plus loin, le Nautilus a une sorte de véranda. Nous y serions mieux. C’est un établissement beaucoup plus chic qui propose des kouing tapas( ?) des kouing acras ( ?) et qui est très bien décoré avec des tableaux de bonne facture, des rames aux peintures écaillées, des coffres gris cérusés avec des lampes assorties. On sert l’expresso dans d’élégantes tasses rouges et blanches, un petit chocolat emballé. Des numéros de Beaux arts magazine trainent négligemment. Nous étions les seules clientes quand l’averse s’est abattue, apportant avec elles d’autres consommateurs. Des jeunes femmes assises sur les tabourets du comptoir parlent entre elles de « vieilles coiffes » en nous désignant. C’est plutôt injurieux mais bien trouvé.

Nous rentrons par Penmarch en faisant la tournée des clochers. A Kerity l’église est ouverte, sa nef est particulièrement haute et grande pour un si petit village, le plafond est une coque de navire renversée. La végétation a colonisé les murs, les lichens hérissent les statues très érodées par les embruns.

L’église de Penmarch

A Penmarch l’église est tout à fait intéressante. Une tour carrée avait attiré notre attention ce matin. Nous avions pensé à un château. En nous rapprochant je compte les tourelles et pinacles si nombreux que je n’arrive pas à les dénombrer. La tour carrée surmonte le porche bien usé lui aussi. A l’opposé une belle rosace ajoure le mur côté chœur (un peu comme celle de l’église des Carmes de Pont L’Abbé). Ce qui est le plus étonnant ce sont les décorations : plusieurs voiliers sont gravés sur le mur et des anges corrodés se détachent. Une messe d’enterrement se déroule et nous n’entrons pas, bien sûr.

Penmarch : les bateaux gravés

 

Pont-Aven, Port Manech, Le Pouldu

Et sur l’autre rive : des yuccas

Sous le soleil, 10h à Pont Aven, le GR34 se trouve au bout du quai du Port il suit la rivière tout d’abord sous des chênes aux troncs tordus presque têtards. Le sentier est moussu, un épais tapis garnit les pierres des murettes, les troncs sont chevelus de polypodes, humidité perceptible, tellement différente des lichens secs hérissant les calvaires et murs le long de l’océan. Puis je marche sur les aiguilles d’une pinède. Une tempête a fracassé une grosse branche le parfum de la résine est très puissant.  L’estuaire s’élargit, les petits ruisseaux affluents occasionnent des détours importants. De nombreux manoirs jalonnent le cours de l’Aven, certains ont des tourelles et des poivrières de château de contes de fée. Une première averse s’abat, comme je suis à couvert sous de beaux chênes j’ai le temps de déplier ma cape et marcher au sec. Quelques minutes plus tard, je replie la pèlerine

la rivière s’élargit

10h30, je devrais passer devant un château,  10h45, devant un moulin–mer. Ce dernier est invisible. Il me semble que je n’arrive pas à soutenir le rythme de 4km/h  pourtant raisonnable. La faute aux racines glissantes traitreusement cachées sous les feuilles de châtaigniers dont le je me méfie (je me suis déjà cassé une cheville), la faute aussi au bourbier dans les creux après le passage des VTT (pourtant interdits sur ce trajet), je dois ruser pour ne pas me trouver trempée et cela ralentit la progression.

un manoir mystérieux

Au Hénand,   le moulin-mer est près d’une caverne conchylicole. Sous un abri, les enfants du CM1-CM2 me font réviser ma sédimentologie : Slikke et schorre dont j’avais appris le sens autrefois, ils ont aussi écrit des haïkus qui feraient les délices de certaine bloggueuse japonisante de ma connaissance et fait une belle peinture très colorée sans doute inspirée par Gauguin.

A Kerdruc,  petite pause sur un pont.

Kerdruc : chaumière

Le GR tourne alors le dos à l’Aven et s’enfonce dans la campagne. Ces détours m’agacent en général. Aujourd’hui, j’aurais bien tort de me plaindre : je passe devant de ravissantes chaumières puis m’engage dans un mignon chemin creux dans une châtaigneraie.

Kerdruc :pierres dressées

La pluie a repris, le sentier longe une petite anse à Kerichet. Je rencontre un couple breton en polaire sans parapluie. Je plaisante :

–          « Les Bretons ne se mouillent donc jamais ? »

–          « nous habitons tout près, quand nous rentrons nous mettons les polaires près du feu ! »

Ma cape les intrigue, je vante ses qualités, elle abrite le sac à dos, permet de faire pipi en toute discrétion et aussi de piqueniquer au sec quand elle n’est pas tout simplement un tapis de sol. Cela intéresse mes interlocuteurs qui me demande où cela s’achète et à quel prix !

Rendez vous raté sous la pluie

Le château de Poulgwin – lieu de rendez-vous – est introuvable, sur le sentier comme par la route. En outre il n’y a pas de réseau. Les conversations téléphoniques sont inaudibles. D, en voiture, tourne en rond, je longe un haut mur,  les marques du GR sont effacées : sans doute le château ? en effet une route privée entre deux rangées de bornes de granite ou même de rocher sous le feuillage impénétrable remonte vers la route. Des panneaux « attention aux chiens » complètent l’impression sinistre. Quelques temps après j’arrive sur un parking avec table de pique-nique, près d’un bassin et d’une fontaine agrémentés d’hortensias bleu, endroit plus sympathique et pour comble de joie, la 207 bleue arrive d’une autre route.

Je suis trempée : sous la cape la pluie ne m’atteint pas mais je transpire tellement qu’il me faut quitter mes deux polaires et me changer complètement avant le pique-nique sur la plage de Port Manech, sable blanc et rangée de cabines blanches au toit à deux pans. Un timide soleil sèche un peu les affaires. Un petit détour en voiture et nous sommes sur la côte sauvage face à l’océan. Je descends sur el sentier côtier juste à la hauteur du « Doigt de Dieu » un rocher pittoresque que j’ai juste le temps de photographier avant qu’une nouvelle averse ne trempe mes nouveaux habits secs.

le doigt de Dieu

La visite de Pont-Aven prévue sous le soleil est bien compromise maintenant. Le Musée de Pont Aven ne ré-ouvrira ses portes qu’en 2014.

le Pouldu : fresques de la salle

Au Pouldu, la  Maison-musée des peintres de l’école de Pont-Aven est ouverte à la visite. D’ailleurs cette portion de côte se nomme la Côte des Peintres. Le GPS nous guide dans de petites routes tortueuses par Riec-Belon,  Moelan-sur-Mer et Clohars- Carnoët jusqu’à la petite station du Pouldu à l’entrée de l’estuaire de la Laïta.

La maison-musée est la Buvette de la Plage  où était reconstitué  le café de la Plage, auberge de Marie Henry ou Paul Gauguin, Meijer deHaan, un peintre hollandais, Sérusier et d’autres peintres vinrent s »’installer en 1889 séduits par cette bourgade tranquille et pittoresque et où un nouveau courant pictural vit le jour : le synthétisme. Durant l’hiver suivant ils décorèrent vitres et plafond de la salle tandis que les autres pièces, cuisine, chambres sont un témoignage de la vie de ce temps là. Marie Henry était bretonne mais passée par Paris, elle aimait la musique et les arts. Son auberge est décorée aussi bien des peintures des artistes qui y sont passés que d’estampes japonaises et de dessins. Dans la buvette les peintres côtoyaient les pêcheurs ou les ramasseurs de goémon.  Bien entendu, il n’y a aucun authentique Gauguin, seulement des reproductions. A l’étage la grande chambre était celle de Marie et du peintre hollandais Meijer de Haan, Gauguin avait une chambre plus petite, en face il y avait celle de Sérusier. Les boites de couleurs, les palettes, la valise, la veste de l’artiste sont posés comme s’ils venaient de quitter l’auberge. Une vidéo complète la visite. Nous n’avons pas vu beaucoup d’œuvres des peintres mais leur présence est perceptible et cette visite très émouvante.

Non loin du Pouldu, sur les bords de la Laïta, se trouve le site de Saint Maurice, ancienne abbaye cistercienne. Nous y arrivons à la tombée de la nuit. Le site est charmant. Il est bien tard pour entreprendre une visite qui, selon le monsieur de la billetterie qui prête des audio-guides, dure une heure et demie.

Quimper

CARNET BIGOUDEN ET CORNOUAILLES

 

La cathédrale Saint Corentin de Quimper

Une pluie battante tambourine sur la vitre . Nous irons à Quimper !

Le Musée des Beaux Arts, la Cathédrale Saint Corentin, le musée départemental breton sont situés autour des deux places Laennec et Corentin. Il suffit de garer la voiture  à la limite de la zone piétonnière; tout est accessible en quelques pas.

doux foyer d’Armor

Les premières salles du Musée des Beaux Arts sont consacrées aux peintures régionales bretonnes. J’apprécie énormément le côté documentaire : on pénètre dans un Intérieur à Pont-l’Abbé, de Goy sombre mais coloré, le Doux Foyer d’Armor de Vollon montre rouet et fileuse, des Noces de Corentin de Roussin, avec de nombreux personnages en costume traditionnel.

 

 

 

 

La deuxième salle est sinistre : veuves, femmes éplorées, veillée mortuaire d’un bébé mort, aussi des atmosphères fantastiques, de naufrages, de brumes, fantômes…Les vapeurs de la nuit.

les vapeurs de la nuit

La troisième est consacrée à Max Jacob, poète mais aussi peintre, entouré de ses amis. Je recopie un quatrain de Jean Cocteau :

« En sabots venu

En sabots parti

Cocasse et magnifique

Comme le Rève »

Peintre, Max Jacob, a traité des sujets religieux que j’ai trouvé ennuyeux, mais aussi des thèmes ruraux avec des animaux, des vaches, des paysages traités de manière cubiste.

Max Jacob

Son ami Pierre de Belay a fait des toiles très colorées s’inspirant des pêcheurs bretons du Port de Concarneau

De Belay : pêcheurs de Concarneau
De Belay : pêcheurs de Concarneau

A l’étage se trouvent les collections de peinture italienne, flamande, française du 17ème siècle. Comme d’habitude je m’arrête devant les Flamands Une Fête paysanne de David Vickboons rassemble de nombreux petits personnages qui m’enchantent, il y a aussi des marines et même un petit Rubens. Les peintures italiennes qui d’habitude me plaisent beaucoup me retiennent peu. Une Fête à Trianon  d’Hubert Robert me plait bien.

École de Pont-Aven

Dans une petite salle on a rassemblé des dessins et aquarelles bretons je retrouve Goy et remarque les marines de Johann Berthold Jongkind, des marines de Fromuth  et un Port de Brest de Jules Noel.

Plusieurs salles exposent les peintres de Pont Aven.  En introduction, nous regardons une vidéo très bien faite qui part de Quimper vers Douarnenez, Locronan, Audierne jusqu’à Concarneau et Pont Aven, présentant les peintres qui se sont inspirés de ces thèmes. La plus grande découverte est celle de Sérusier que  je ne connaissais pas du tout .  Nous photographions aussi  Une Bretonne est ses enfants de Delaunay. Déception ! pas de Gauguin !

Le soleil est revenu et illumine la place Corentin et la cathédrale dont la blancheur des flèches est éblouissante. Le porche gothique est finement travaillé et curieusement bicolore.  La nef est impressionnante par sa hauteur mais elle est étrange, comme tordue.

les vieilles maisons de Quimper

La promenade dans les petites rues avec les maisons à colombage colorées est très agréable. Des boutiques de luxe, librairies et crêperies très nombreuses  rendent l’endroit vivant et pas tellement touristique.

Nous achetons des mini-quiches dans la macaronnerie – pâtisserie de luxe  et les mangeons sur la place en attendant que le Musée Départemental Breton ouvre ses portes (13h30). Nous avons le temps de faire une promenade sur l’Odet enjambé par des passerelles fleuries de chrysanthèmes (Toussaint oblige) . Un peu plus loin, je découvre le confluent avec le Staer – l’autre rivière de Quimper. Un panneau m’apprend que le nom de Quimper vient du mot breton qui veut dire confluent.

 

Le Musée Breton offre des expositions variées. On traverse les salles dédiées à la Préhistoire un peu vite : trop vite parce que les menhirs gravés de l’époque romaines et les sculptures gallo-romaines sont très intéressantes. A l’étage les costumes sont présentés de manière très intéressante avec des sculptures de bretonnes en coiffe, et surtout accompagnés de tableaux de Pierre de Belay dont nous avons fait la connaissance ce matin de Lucien Smor entre autres. La variété des tissus, des couleurs, des broderies étonne. Les meubles sont de toute beauté. La taille des coffres et des armoires surprend ainsi que la variété des décors ; Il y a même des meubles à personnages. Deux ensembles différents de meubles Art Déco 1925 l’un marqueté de Paul Fouillon l’autre gravé très Art Déco.

Faience de Quimper

Les faïences occupent tout le dernier étage. Avant d’adopter les fonds blancs et les couleurs vives rouge bleu et jaune, les faïenciers de Quimper  ont essayé de nombreux styles et motifs s’inspirant des faïences bleues et blanches, ou des faïences italiennes. Certains plats sont historiques ou ethnographiques, patriotiques même pétainistes.

 

 

 

 

 

Nous comptions visiter le musée de la Faïencerie (fermé) ou de la fabrique de Faïence Henriot  mais tout est fermé sauf la boutique. Même le 2ème choix est inabordable, une tasse à 30€, une assiette même soldée à 20€ . On renonce.

De Pont l’Abbé à Loctudy

CARNET DE LA FORÊT FOUESNANT

Pont-l’Abbé et son pont

 

TopoGuide La côte de Cornouaille p57 – carte IGN 1 :25.000ème OT0519

Le GPS nous a conduit par Quimper et les voies rapides sous un temps incertain.

Pont-l’Abbé est une petite ville très animée avec des commerces variés et vivants, librairies, vêtements un luxueux, cela change des étals pour touristes standardisés. La promenade commence au château des seigneurs du Pont: grosse tour ronde accolée à l’Hôtel de Ville dans le corps du logis. Malheureusement le Musée bigouden n’est pas ouvert hors saison. En face se trouve le Pont qui a donné son nom et sa fortune à la ville. Curieusement il est surmonté d’un grand édifice, un Moulin du 19ème siècle, qui était équipé autrefois de 12 meules, maintenant de vannes régulant le niveau de l’étang  situé à l’arrière. Le GR34 occupe le quai Saint Laurent bordant le Port de commerce qui devait son importance au 19ème siècle au transport de la pomme de terre succédant à celui des grains de Sarrasin ou de blé.  La Rivière de Pont-l’Abbé n’était pas assez profonde pour la navigation des embarcations qu’il fallait tirer. Ma promenade sera donc facile sur le chemin  de halage.

Je passe d’abord derrière l’église des Carmes avec sa curieuse tour revêtue d’ardoise rappelant le beffroi de Concarneau que nous avons vu hier. La rosace gothique est merveilleuse.

monument des bigoudens

Le monument  aux bigoudens disparus en mer aux de François Bazin (1931) représente 5 bretonnes en coiffes attendant le retour des marins. A la sortie de la ville, on devine de belles maisons bourgeoises sont perchées sur les pentes au dessus de la rivière, cachées dans des jardins et des bosquets.

Le chemin de halage le long de la rivière

Une forêt de pins, chênes et ajoncs leur succède. Des panneaux émaillés bornent le parcours racontant l’histoire de Pont-l’Abbé ou décrivant la faune, en face se trouve une héronnière dans un bosquet de pins. Je ne vois pas de hérons mais un peu plus loin, un groupe de spatules, grands oiseaux blancs, plus grands que les aigrettes avec leur bec bien reconnaissable. Le chemin de halage se termine par une digue de pierres. Le sentier descend dans le lit de la rivière, serpente dans la forêt je passe devant le menhir mouillé de Pennglaouic.

le menhir mouillé

Je perds le sentier et marche sur le bord de la rivière, c’est très gadouilleux.  Des îles sont reliées par des passerelles ou des ponts. Le manoir  de Kerazan est gigantesque, construction prétentieuse Belle Époque précédée d’un escalier monumental  qui fait penser à un casino plutôt qu’à un manoir.   Il fait face  à l’île de Garo où je retrouve D sur le pont qui la relie : nous observons un ostréiculteur debout dans le courant de la rivière ranger les sacs d’huitre dans un canot plat qu’il pousse à la main  jusqu’à son vivier situé en face.

les huitres

Nous déjeunons  sur la plage d’Ezer un  peu à l’ouest de Loctudy. Belle plage derrière la dune D’Ezer, sable blanc et encore des algues déposées par la marée. Les oiseaux ont l’air de les apprécier, les algues ou les animaux qui vivent dans ces laissées, mouches moucherons et crustacés divers. Une bande d’étourneaux s’est joint aux goélands et aux mouettes. Ils font un vacarme d’enfer. Curieusement les goélands suivent les étourneaux  de loin. Ils poursuivent les goélands esseulés et les repoussent. A côté des oiseaux effrontés et nerveux, les goélands font figure de balourds . Les mouettes, elles font bande à part dans l’eau.  Nous sommes seules sur la plage. Si le soleil avait été plus vaillant, j’aurais aimé lire le Monde allongée sur le sable blanc très fin, mais le vent (ennemi des journaux) s’est levé et il fait bien frais.

Retour à Loctudy : nous visitons l’église de Saint Tudy sur les recommandations du Guide Bleu. De l’extérieur le clocher parait ordinaire et la façade classique à fronton triangulaire cache l’église romane charmante. On pénètre par le côté sud et il faut aller dans le chœur pour découvrir les chapiteaux romans surmontant de hautes colonnes très élégantes et aérées.

Pont L’Abbé: église des Carmes

Passant par Pont-l’Abbé nous faisant un  arrêt devant l’église des Carmes pour voir la rosace et les vitraux colorés que j’avais devinés de l’extérieur ce matin.

L’Ile-Tudy est une petite station renommée sur une presqu’île, un petit Saitn Trop breton ? Avec le ciel menaçant, vide hors saison, nous sommes assez déçues. Le GB conseille de faire le tour de l’île par les grèves. Impossible avec la marée haute.

Nouvelle promenade sur la plage rectiligne – 4km- de l’Ile-Tudy à Sainte Marine. Une digue de gros blocs de granite protège les maisons construites en front de mer. En l’absence de construction la dune s’effrite sous les jeux des enfants. Ici le ramassage des algues pour les jardins se fait à plusieurs, des hommes remplissent  à la fourche des cagettes de plastiques tandis que des femmes choisissent des laminaires pour les mettre dans les sacs de supermarchés. J’interroge une vieille : – « c’est pour les jardins ! » – « Les laminaires sont meilleures ? » – « bien sûr » sans autre explication.

De Concarneau à Pouldohan et Loc’h Lougar

CARNET DE LA FORET FOUESNANT

Pouldohan

Topo-guide  La côte de Cornouailles, p69

IGN 1/25.000ème 0519ET

Je triche un peu avec l’itinéraire proposé par le topo-guide,commençant au Cabellou.

Alerte jaune « vent violent » sur le Finistère. L’Atlantique est bleu ardoise, hérissé de crêtes blanches et mugit. Le sentier contourne l’anse du Moulin à la Mer,  tranquille et abritée  bordée de magnifiques pins sur des pelouses vertes tondues comme un golf anglais. 2.8km jusqu’au Moulin à la Mer, tranquille. L’anse, la ria, est vaseuse à marée basse, luisante, argentée sous le soleil. Le sentier suit toutes les anfractuosités, le moulin n’est visible qu’au dernier moment. Il est tout petit, tout mignon coiffé d’ardoises.

Au fond de l’anse la végétation est plus dense, de chênes et buissons. Il faut contourner un chantier naval, le GR traverse un petit bois et arrive à la Pointe de Grignalou face à la mer ouverte. Ce n’est que pour découvrir une nouvelle ria : l’anse de Pouldohan, où de nombreux bateaux reposent sur la vase. Il  y a de petites plages de sable clair. En face de la mer ouverte les rochers sont spectaculaires, chaos granitique où de grosses boules sont en équilibre improbable.

Nous déjeunons sur la plage de Pouldohan tandis que le ciel est devenu gris très menaçant. Après Loc’h  Ven la côte devient rectiligne avec une longue plage bordée de dunes barrant des étangs curieusement appelés Loc’h (come en Ecosse ?). Je m’aventure sur la plage et m’enfonce dans du sable très grossier où les grains ont gardé la forme de cristaux. Plus la granulométrie est grosse, plus la progression est difficile. Je remonte sur la dune. La marche est à peine plus facile. Il se met à pleuvoir sérieusement fin de la balade au Loc’h Lougar.

Ys, le Monde Englouti – Gabriel Jan

CHALLENGE BRETON

Levy- Dhurmer : Ma mère, un soir, a vu la ville d’Ys

De retour de Cornouailles, stimulée par la lecture commune avec Claudialucia et Aymeline, j’ai découvert cette deuxième version de la légende de la ville d’Ys avec plaisir, merci Claudialucia!

Joli livre d’un éditeur breton LIV’EDITIONS. format de poche mais beau papier et livre soigné.

C’est une lecture  vivante, avec des dialogues. Trois druides, un enchanteur, nous accompagnent dans la Bretagne païenne des cromlechs, des menhirs, des sortilèges.

 

Ys, riche cité de commerce (et de rapines) de fêtes (et d’orgies) attire de nombreux visiteurs. Le héros de l’histoire, Gélan, médecin, rencontre le fils du meilleurs tailleur qu’il prend en apprentissage. Ils ramassent des simples, fabriquent pommades et potions. Un roman  historique? Non, on n’apprendra rien sur la médecine médiévale, le médecin est un magicien. On  suit Gélan dans la quête du Trimillon, ou Aigue Bleue une pierre aux pouvoirs magiques. Là je décroche. Les mondes parallèles, ne m’ont jamais attirée, le monde réel est assez merveilleux pour moi. Et puis les druides qui communiquent par pigeons voyageurs me font penser aux SMS de mes élèves.

Comme la lecture est distrayante et facile je me laisse prendre aux intrigues, espionnages et amours du beau Gélan. Préfèrera-t-il Cypée la blonde ou Dryad la brune? Il est bien volage et peu franc du collier avec les filles.

Dahut, la princesse d’Ys, est décevante. Ses pouvoirs maléfiques, ses croyances païennes sont bien éludées. Sa séduction n’opère pas. Le barde fait « rimer princesse avec fesses » c’est vulgaire et indigne d’un poète médiéval.

Le final est assez réussi mais la fantasy ne m’a pas séduite comme les textes anciens des légendes de Guyot.

Lire aussi l’article de Claudialucia ICI et celui d’Aymeline LA

 

 

Chaumières de Nevez

CARNET BIGOUDEN ET CORNOUAILLES

 

de la couleur malgré la pluie!


Une Une Une  sérieuse perturbation est arrivée hier soir, grésil, vent et averses ont tambouriné sur le toit et le vélux. Nous décidons une grasse matinée, je me plonge dans Antoine et Cléopâtre. Matinée grise et pluvieuse pour corriger des copies.

chaumière

Nevez est un village à l’est de Concarneau non loin de Tregunc. Un hameau Kerascouet est presque entièrement composé de chaumières. Un vrai village de cartes postales ! Malheureusement il fait bien gris, un rayon de soleil aurait été bienvenu pour les photos et ce jour de Toussaint  est un peu triste.  Non loin de là, le  jardin botanique de Rospico  se visite en saison, aujourd’hui fermé.

 

Comme le soleil fait des apparitions je monte sur le GR34 de l’Anse de Rospico à Raguénez  (50mn – 2.8km). L’anse est peu échancrée et j’arrive très vite sur la mer  verte et déchaînée. Je marche face au vent d’Ouest et je peine à rester dans les temps sur le sentier qui monte et descend..

 

Le vent a emporté les nuages mais gonflé les vagues

De la Forêt Fouesnant à Concarneau

CARNET DE LA FORET FOUESNANT

Carte IGN O519ET – 12km 3h

Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin, ni le breton : l’employé communal n’a pas pris la peine d’enfiler un ciré ou un imperméable, il vaque à ses occupations en pull marine. Je troque tennis contre chaussures de marche montantes Goretex, déploie ma cape.Je me lance  malgré le grain et descends sur la grève  pour m’apercevoir que c’est glissant et que je ferais mieux de chercher le GR.

Un panneau détaille la flore halophyte : j’apprends enfin  le nom de ces plantes basses aux feuilles bleutées : l’obione. Les golfeurs du Golf de la Forêt swinguent tranquillement sous le grand parapluie, les joggers courent. Personne n’a l’air dérangé par la pluie.

Port La Forêt, le soleil brille à nouveau. C’est une vaste marina, très moderne, avec de nombreuses passerelles et de très gros voiliers. L’un des plus gros s’appelle Caliban4 appartient-il à un anglais ou à un shakespearien breton ? C’est le port des  géants des mers. Vendée Globe oblige, ils sont partis. La supérette propose des brunches avec  assiette d’huitres ou plateaux de fruits de mer. Je me sens étrangère à cette société des plaisanciers, comme téléportée dans un autre monde que je traverse au pas de course.

algues vertes sur la plage de Kerleven

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La plage de Kerleven est encore presque vierge de constructions. Au milieu, un restaurant, maison bretonne peinte en jaune. La grève est couverte d’algues vertes.  les promeneurs sont avertis que les laitues de mer, en grande quantité,  se décomposent en donnant un gaz toxique H2S dont je connais l’odeur épouvantable. C’est tout à fait supportable,  je marche sans trop me soucier des émanations. Tout de même, tout ce vert me fait réfléchir. Ne peut-on pas le ramasser pour le valoriser?

Le sentier monte sur les rochers. Les champs de maïs sont minables, à peine un mètre de haut, feuilles toutes desséchées, épis rongés. Que leur est-il arrivé ? Un roulement impressionnant se fait entendre : une machine  ramasse les pommes à cidre. Des branches entières sont à terre, élagage ou passage de la machine ? Je traverse un camping,  mobile-homes de plastique blancs aux faux volets verts ou bleus tous pareils. Pas trop laid hors saison.  L’été, il doit être surpeuplé. Je longe un Saint Laurent minuscule, à peine visible dans son anse vidée par la basse-mer. Trois  hérons s’envolent. Les bords de l’anse sont escarpés, le sentier fait des montagnes russes dans la forêt, Châtaigniers, houx et chênes sont si denses que j’entends la pluie sans la sentir. Un écureuil roux très foncé grimpe un tronc à quelques pas de moi, fasciné par le pic épeiche au dessus de lui. Qui craindre, le pic bruyant ou la promeneuse? L’écureuil hésite.Peut être ne m’a-t-il pas vue?  Le pic si, qui s’envole, laissant la voie libre au rongeur. Au fond de l’anse Saint Laurent la route passe. Au parking un écriteau indique» Les Sables blancs 5km » mon téléphone refuse de fonctionner. Je presse le pas . Je n’arriverai pas à Concarneau avant midi et demie. Le sentier est très bien entretenu, peu balisé,  mais impossible de se perdre . Il s’engage dans une deuxième anse, anse Saint Jean, le ruisseau  est encore plus petit que le Saint Laurent. La mer maintenant emplit l’estuaire avec grand fracas, les hérons, aigrettes sont  remplacés par les mouettes et les goélands. L’arrivée à Concarneau se fait entre deux haies taillées. Les joggers sont nombreux ainsi que les promeneurs de chiens.

Au dessus de la Plage des Sables Blancs, un joli coin pique-nique a été aménagé, nous nous y installons pour les hors d’œuvre de pâté et d’andouille. Le vent a forci. Il fait froid. On terminera le repas dans la voiture . Nous ne sommes pas seules, tout le front de mer est occupé par les gens qui déjeunent.

le beffroi

Un rayon de soleil pour visiter la Ville Close de Concarneau.  Le beffroi avec son horloge, son cadran solaire, et sa girouette en forme de bateau. Passé le porche, on entre dans une petite cour triangulaire entre la Maison du gouverneur et la tour du Major(1691). La visite des fortifications commence dans la tour du Gouverneur puis se poursuit sur les remparts d’où on a une belle vue sur le port et sur l’arrière des  maisons aménagé en terrasses originales. D’autres tours sont encore visibles : la Tour du Vin, la Tour de la Fortune,

montée sur les remparts….

… Deux rues  sont bordées de boutiques à touristes, jolies à défaut d’être originales. J’en ai un peu assez des marinières à rayures, des biscuits dans les boites en fer décorées, des gadgets vintages, ou des bonbons multicolores, les mêmes sur tout le littoral.

 

 

 

 

 

La place Saint Guénolé est ornée d’une curieuse fontaine où sont empilés des animaux, un crocodile, une tortue. Les maisons sont belles, on s’y arrête un moment.

place saint Guénolé

Il faudra revenir pour le Musée de la Pêche et le Marinarium un jour de pluie.

La mer a complètement envahi la Plage de Sables blancs, les algues sentent vraiment mauvais. On rentre au gîte.