La Chartreuse de la Verne

L’hôtesse de l’office de tourisme me déconseille formellement de faire la randonnée seule de la Chartreuse vers la Môle, trop longue et difficile. La Chartreuse est accessible en voiture de Collobrières.
De Collobrières à La Verne : 12 km sur une route sinueuse très étroite. la montagne est couverte de châtaigniers. Des pancartes rappellent que le ramassage des châtaignes est formellement interdit et passible d’amende. Le parking est aménagé quelques centaines de mètres avant le monastère. il faut continuer à pieds sur une piste rocailleuse.
La Chartreuse se découvre ainsi de loin avec les toits de tuiles sur les cellules cubiques, ses hauts murs d’enceinte et son clocher. Quand j’arrive à la porte, je ne peux qu’admirer le très beau portail sculpté en serpentine verte qui se détache sur le très haut mur de schiste. Je suis toujours étonnée par les dimensions des Chartreuses que j’ai visitées.
Le mardi, pas de visite.
La première église romane fut consacrée en 1174, le monastère incendié à 3 reprises entre 1214 et 1318, pillé par les Sarrazins. Les reconstructions au XVIIIème siècle, se sont succédé jusqu’à la Révolution. En 1968, l’Association des Amis de la Verne ont réalisé une rénovation impressionnante entre 1969 et 1982 jusqu’à ce que le monastère retrouve sa fonction initiale, occupé par les soeurs de la Communauté des moniales de Bethleem de l’Assomption de la Vierge de Saint Bruno.

C’est à La Verne que les gendarmes conduisent Maurin des Maures prisonnier et c’est d’une des cellules des moines que Le Roi des Maures réussit à l’évader. En 1908, le monastère n’a pas encore été rénové :
La Verne. C’est un couvent d’architecture romane et qui est tout ruines. Les encadrements des fenêtres et des
portes, les clefs de voûte, les consoles, les niches, sont en belle serpentine noire de Cogolin, et, luxe sur des haillons, ornent des murs dégradés où, dans les fentes, poussent des herbes. Le couvent est planté au bord d’un
plateau qui s’avance comme un cap sur le ravin. Au-dessous de la construction, des roches verticales, murs
naturels, prolongent par en bas ceux qui sont faits de main d’homme, en sorte que, du fond des ravins, le couvent paraît haut de toute la hauteur de la colline. Du pied de la roche montent, jusqu’au faîte de la toiture, des lierres collés aux murailles comme de gigantesques arborescences sur les pages d’un herbier démesuré.
[…]
le couvent est magnifique ainsi, au beau milieu des Maures, tout au bord de la forêt de vieux châtaigniers, si
vieux et si gros que chaque tronc peut abriter deux hommes, parce que le temps et les tonnerres les ont presque tous creusés, évidés, en ont fait, dit Pastouré, autant de guérites

Maurin offre le lapin cuit au romarin et aux herbes qu’il a dans son carnier. pour pouvoir déjeuner, il demande qu’on lui délie les mains. Comment refuser alors que le lapin est si appétissant et que les gendarmes ont grand faim.
Malgré le ravin profond Maurin va s’échapper…
Le circuit du Guide Vert nous conduit en direction de Gonfaron .
Piquenique au col des Fourches où on trouve la route qui monte à Notre Dame des Anges perchée sur le deuxième sommet des Maures à 768 m La Sauvette (780 m). La 108 a grimpé assez de routes pentues qui tortillent pour la journée et renonçons à nous y rendre! Nous piqueniquons au col .
le village des Tortues de Carnoules est l’étape suivante du circuit. Les tortues de Hermann endémiques dans les Maures, victimes des incendies et du débroussaillage mécanique, sont accueillies dans le Centre de soin. Peut-on visiter le 15 mars? Sont-elles sorties de leur hibernation? Dans le doute, je téléphone, le centre est fermé.
Gonfaron
Selon le guide Vert, Gonfaron fut un centre bouchonnier. Si j’avais lu, à l’époque Maurin des Maures j’aurais savouré l’anecdote des ânes volants de Gonfaron.
A Gonfaron les ânes volent. Les Gonfaronnais, des cent ans après, se dirent entre eux : « Du temps de nos pères les ânes volaient : si nous en faisions voler au moins un ? » Ils amenèrent sur la place publique un vieil âne qui n’était plus bon à rien, pensant que si celui-là montait au ciel et ne reparaissait plus on ne perdrait pas grand-
chose ; et ils se mirent en posture de le gonfler de leur respiration, en lui soufflant, – sauf votre respect – par le trou que tous les ânes ont sous la queue….
la Garde Freinet