exposition temporaire : Musée Cernuschi jusqu’au 19 février
J’avais été éblouie par l’exposition de peinture ancienne peindre hors du Monde. L’affiche dans les couloirs du métro me faisait de l’œil.
L’exposition se déroule dans 6 salles :
Ecriture ancienne et peinture moderne au début du XXème siècle: sans surprise des calligraphies, des paysages, des motifs végétaux ou animaux
.
pêcher
moderniser la peinture entre Chine et Japon
j’ai adoré le gibbon, dommage que ma photo soit ratée!
les artistes chinois sont allés apprendre de nouvelles techniques au Japon. Ils ont aussi utilisé la photographie pour des cadrages spectaculaire comme la falaise rouge
Détail de La falaise rouge Zhang Daqian
3. Un exil intérieur : à la découverte des peuples de l’Ouest
le Japon a occupé une bonne partie de la Chine, dans les années 30-40, certains artistes se sont repliés à l’ouest. La route du thé : sur un rouleau horizontal, en plusieurs tableau montre le thé chargé à dos d’homme, puis dans des caravanes de chameaux est m’oeuvre que j’ai préférée
la route du théla route du thé
4. peindre le nu à l’encre vers un art universel
Des Chinois allèrent à Montparnasse s’initier à La Grande Chaumière à la peinture occidentale et enrichirent la peinture chinoise de la peinture du nu qui n’était pas un thème traditionnel
nu
5. peinture rouge dessins et encres révolutionnaires
Sans trop de surprise, ces œuvres s’apparentent au peintures soviétiques, ici à la gloire du Grand Timonier
Pluie de printemps
6. entre deux mondes dialogue avec l’abstraction
Zao Wou ki
On retrouve Zao Wou Kisans surprise . Je découvre un autre plasticien qu’on voit peindre un seau à la main, faisant des grandes dégoulinades, étalant l’encre à pleines mains : Walasse Ting dont j’ai retenu ce corbeau
corbeau Walasse Ting
7. Couper le fil du cerf-volant?
la dernière section pose la question de la transmission de la tradition. Les Chinois peuvent créer de la peinture résolument contemporaine ou poursuivre la tradition;
Tout à fait à sa place au Musée Marmottan qui conserve Impression, soleil levant, le tableau fondateur de l’Impressionnisme, misà l’honneur au milieu de l’exposition sur un panneau doré.
Le Soleil a été vénéré par les Egyptiens, dans l’entrée des scarabées solaires encadrent une jolie peinture ancienne. Le soleil perd sa position dominante ave le christianisme, créé le 4ème jour de la Genèse, il devient accessoire et périphérique. La lumière caravagesque de l‘Adoration des Bergers de Van Honthorst ou tombant sur l’Astronomede Giordano ne provient qu’indirectement. Le soleil a quand même été représenté dans la Vision de Saint Benoit de Del Biondo et sur les cartes du tarot d’Antonio Cigognara
Del Biondo : vision de Saint Benoit
Du Géocentrisme à l’héliocentrisme le soleil retrouve sa position centrale vers la Renaissance et Galilée. La mythologie fournit les mythes d’Icare et de Phaeton
Saraceni (1579-1620) Chute d’Icare
De merveilleux tableaux ensoleillés de Rubens, Le Lorrain et Vernet
Rubens : Paysage à l’oiseleurLe Lorrain : l’embarquement de Sainte Paule à Ostie
le Soleil, c’est aussi le Roi-Soleil, Louis XIV représenté en tenue d’Apollon en costume de ballet, ou sur le plafond de Versailles : Lever de soleil dit aussi Char d’Apollon
Turner est vraiment le maître de la lumière avec le Soleil couchant à travers la vapeur, illustrant la diffraction de la lumière étudiée en ce temps-là. J’ai bien aimé le tableau doré
Turner : Terrasse à Mortlake
Soleil romantique, soleil mystique de Caspar David Friedrich dans deux petits tableaux : La Croix dans le Bois ou Le Matin de Pâques
Caspar David Friedrich : Croix dans le bois
Impression au soleil levant, est accompagné d’un joli Boudin, de Signac, Pissaro plus attendus dans le Musée de Monet.
Signac : le port de Saint Tropez
j’ai beaucoup aimé les deux Vallotton : un Coucher de soleil orange sur Honfleur très spectaculaire et presque abstrait Le coucher de soleil à marée haute, gris bleu
Vallotton, Coucher de soleil marée haute gris-bleu
Moins apprécié le Maurice Denis : Saint François d’Assise et la Crucifixion de Van Sauck.
Otto Dix : Soleil levant (1913)
le Soleil levant de Dix , clin d’œil à Van Gogh ,semble prémonitoire : peint en 1913, il semble annoncer le carnage de 14-18 . Pour mémoire, Delaunay. Inconnus de moi : Trachsel(1909) et Morgner.
Après 1915 et la théorie de la Relativité, le soleil perd un peu de sa place centrale pour devenir une étoile parmi d’autres comme on l’imagine avec les constellations de Baranov-Rossiné peintre ukrainien que je découvre ici.
Baranopv-Rossiné : nymphes , centaures
A l’occasion Fromanger a peint un énorme soleil jaune qui dégouline, à l’entrée de l’exposition et un grand tableau très impressionnant
Fromanger
la procession qui va vers le soleil fait perdre l’équilibre des spectateurs, on est étourdi. Belle conclusion!
Deux expositions Ouzbékistan à Paris simultanément : il ne s’agit pas de doublon. Au Louvre, 1900 ans d’histoire de la conquête d’Alexandre (329 av JC) jusqu’au Shaybanides (1500-1598). A l’Institut du Monde Arabesoieries et or au XIX ème siècle, splendeur et pouvoir des émirs de Boukhara, essentiellement des parures, tapis et broderies. Et si l’Asie Centrale vous fait rêver il y a aussi l’Afghanistan à Guimet. Ces expositions se complètent.
Deux serpents formant un anse/ 3ème millénaire avant JC
Chronologie : quelques dates pour se repérer
329 av JC Alexandre le Grand conquête de la Bactriane
250 av JC introduction du Bouddhisme
230 après JC introduction du christianisme
III-Vème siècle : Huns
VI ème siècle : Turcs
709 islamisation de Boukhara
980-1037 Avicenne
1220 invasion des Mongols
1271 Marco Polo
1370 Tamerlan à Samarcande
1500-1598 Shaybanides
L’exposition Splendeur des Oasis d’Ouzbékistan s’organise selon cette chronologie
prince kouchan en armure
j’ai déjà croisé les Kouchans dans l’exposition Tadjikistan à Guimet l’an dernier. Ce guerrier avec son ruban retenant les cheveux, a un sourire ironique, presque un rictus, à côté de l’armure kataphractaire, symbole de la victoire sur les cavaliers des steppes, contraste avec la douceur des statues bouddhiques et du prince coiffé d’un chapeau pointu. Sculptures d’argiles recouvertes de plâtre d’une grande finesse.
prince Kouchan et divinité bouddhique Devata (1-2ème siècle ap. JC)Tête de Bouddha et Bodhisattva (2ème – 3ème siècle ap. JC)
Ces Kouchans se trouvaient au carrefour de l’hellénisme, de la civilisation indienne, et des steppes.
III-VIIIème siècle après JC / Huns -Turcs
On imagine les Huns, nomades primitifs, au contraire ils ont laissé des sculptures et des objets d’une grande sophistication, bijoux en or somptueux.
Huns : le banquet, fresque
Marchands sur la Route de la Soie
marchand et chameau
Les influences chinoises sont aussi perceptibles comme ce dieu de la Soie chinois
Dieu de la soie
Dans des vitrines, des manuscrits, encre sur papier, en divers écritures, en sogdien (cycle de Rostam), persan, judéo-persan(lettres hébraïques). la porte Samarcande a pour décor la Déesse Nana héritière d’Ishtar avec sa suite d’orants et de processions.
Porte de Samarcande : déesse Nana
On imagine un creuset de diverses religions, langues, styles.
Tête de démon Mara (7ème siècle)
VIII ème siècle : Islamisation de la Transoxiane
Fresque de la salle rouge de Varakhsha
Les premiers raids de Qutayba Ibn Muslim marquent la conquête musulmane (709 Boukhara, 712 Khorezm et Samarcande). La conversion se fit progressivement comme l’atteste le palais de Varakhsha. Tokespadhe,(709-739)le roi, était officiellement musulman mais dans son palais de Varakhsha se déroulaient des rituels zoroastriens. Une reconstitution vidéo du Palais de brique montre la cérémonie du feu dans la grande salle rouge décorée de fresques où figurent des tigres et des dragons, le prince de style indien chevauche un éléphant.
FResque des Ambassadeurs Afrasiab
La fresque bleue d’Afrasiab (Samarcande) se trouve dans le le département des Arts de L’Islam (aile Denon) mais elle vaut le détour.
Travail du métal islamique lampe à deux bec, petit récipient ouvragé
De la période islamique on peut admirer la finesse des céramiques calligraphiées, ainsi que le travail des métaux : plats, bassines, plateaux…
La céramique et le verre sont produits industriellement. Des panneaux décorés de médaillons fleuris d’Afrasiab
XI-XIII – D’Avicenne à Gengis Khan(1166-1227)
La dynastie Samanide (874-1004) : émirat souverains iraniens de langue persane. magnifique robe de soie à motifs d’oiseaux et d’entrelacs,
Occasion de croiser deux scientifiques Avicenne(980-1037) et Al Buruni (973-1050)
Les manuscrits de Marco Polo : Le Devisement du Monde (1270) et de magnifiques manuscrits décorés de miniature
Miniatures
Sur un mur, un vidéogramme nous offre une promenade dans Samarcande : Régistan, mausolée de Tamerlan, Bibi Khanim, nécropole Shah-I Zinda. Spectacle hypnotique entre coupoles cannelées intérieurs dorés ou marbres précieux. Je suis restée à suivre le spectacle trois fois.
De Soie et d’Or sont les maîtres-mots de cette exposition, si vous attendiez des caravanes à travers les steppes de l’Asie Centrale, des khans ou l’ombre de Gengis Khan et de Tamerlan vous resterez peut être sur votre faim.
Broderies or sur le Chapan de l’émir
Cette exposition célèbre les textiles prestigieux de Boukhara, Samarcande, Tachkent, manteaux d’apparat, souzanis, tapis et bijoux.
Dès l’entrée nous sommes accueillis par les dorures des tenues d’apparat des émirs de Boukhara : Shah Murad (1785-1800), Mohammad Alim Khan, Nasrulla Khan et du dernier Mohammad Amir Khan (1911-1920). Le titre de la section est : Pouvoir et Apparat. les Chapans étaient de lourds manteaux de tissus précieux, velours, brocard, soie, rebrodés d’or et incrustés de pierreries. la sériciculture fut rétablie en Ouzbekistan au 8ème siècle et les brodeurs travaillaient dans l’atelier de la citadelle d’Ark de Boukhara. La Broderie était un art exclusivement masculin, on disait que l’or se ternit des mains et du souffle d’une femme.
Apparat équestre
En plus des chapans somptueux, tout un apparat équestre rappelle que l’émir de Boukhara s’inscrit dans la tradition des grands conquérants. Les selles de bois peint, les dagues incrustées de pierres précieuses, les boîtes à Coran décorées de cornaline, les harnachements du cheval argent et turquoise sont d’un luxe inouï
harnachement de cheval : turquoise, argent et or
les bottes de cuir, les calottes sont brodées d’or
Chapans colorés des femmes. Réalisés à la fin du 19ème siècle le premier m’évoque un peu l’Art Nouveau.
Pour les femmes moins d’or mais des couleurs suivant un code établi selon l’âge, les jeunes filles en rouge, après 30 ans bleu ou vert, les femmes âgées en couleurs plus ternes.
Nous entrons alors dans l’univers des femmes, dans le domaine de la maison avec les Suzanis qui sont de grands panneaux décoratifs brodés à l’aiguille par les femmes réalisés au sein du foyer
Suzani
la réalisation des suzanis peut prendre des années entières. Le résultat témoigne de la patience et de la créativité de la future mariée
les motifs le plus souvent végétaux varient selon les provenances
Suzani de Tachkent
En plus de ces panneaux brodés, les femmes réalisent aussi des tapis : le nouage des tapis est exclusivement féminin. Différentes techniques et styles sont exposés comme les tapis à poil épais, les tapis velours, les tapis brodés et même les tapis feutrés des éleveurs nomades.
le tapis ci dessus est réalisé avec de longues et fines bandes cousues, le métier étant très étroit.
j’ai été étonnée de ne pas retrouver les « tapis Boukhara » rouges et noirs . j’aurais bien aimé savoir pourquoi ils ne figurent pas dans cette exposition.
Toujours en restant dans l’univers féminin les bijoux sont présentés dans des vitrines: souvent argent et cornaline, parfois or, turquoises pour les plus sophistiqués.
L’exposition se termine par un feu d’artifice coloré : le travail de la soie (vidéo passionnante) et installation des Ikats soieries teintes. Ikat est un mot indonésien voulant dire « attacher » ou « nouer » En Ouzbekistan o n nomme Abrbandi et c’est un des symboles de l’identité ouzbèke. la teinture est réalisée quand le fil de trame est installé sur le métier. On procède à des ligatures de plusieurs fils. La teinture qui en résulte est un peu floue, « nuageuse »
Ikats
En plus des textiles, des tableaux de peintres du début du XXème siècle sont intéressants, certains cubistes, d’autres fauves.
Entrée gratuite, de lundi au samedi -inscription obligatoire
La Rue Amusée?
Comment présenter du Street Art dans une exposition ou un musée? Le Street-art appartient à la rue, au métro en tout cas à l’espace urbain. Il surgit par surprise, colore notre quotidien. Il provoque . Il est vulnérable aussi menacé aussi bien par les services de nettoyage que par les tags d’autres artistes. Ephémère, sur une palissade de chantier ou sur le wagon du métro. Il amuse la rue, est-il soluble dans un musée?
Ernest Pignon Ernest : Corps bloqués
L’exposition Capitale(s) est ambitieuse : elle présente 60 ans d’art urbain.
Les précurseurs,ont occupé l’espace de la rue dès les années 1960 avec les papiers collés de Ernest Pignon Ernest, ou les affiches lacérées et graffitis de Villéglé . Silhouettes bombées héritiers de Calder ou de Miro de Zlotykamien.
1982 : arrivée des Tags avec BANDO réunissant graffeurs, DJs, Break Dance et rappeurs. Les Writers décorent les rives de la Seine, puis les palissades du Louvre, et à partir de 1986 investissent Stalingrad quand ils ne tagguent pas le métro C’est là que la scénographie devient problématique : pour rendre compte de leur travail il faut montrer des photos qui fatalement seront petites et en petit format l’effet est détruit.
le Ticket-choc montre le détournement d’affiches du métro avec comme point commun l’introduction du fameux ticket jaune à bande rouge
La vidéo permet de montrer les graffeurs à l’œuvre, donner la parole aux artistes, aux institutions (le métro, la SNCF). Un reportage sur les tags de la Station Louvre-Rivoli est particulièrement intéressant. La télévision montre le scandale des statues peinturlurées, parle de saccage, les voyageurs du métro sont outrés. On imagine la transgression, l’action subversive tandis qu’un taggueur interviewé dit qu’il cherche seulement à montrer sa production au plus grand nombre de spectateurs.
Keith Haring 1987 réalise une œuvre de grande taille à l‘hôpital Necker
Autre champ investi par les artistes : les catacombes
« les Catacombes sont le Musée du Graffiti[…] en prise directe avec le passé »
2015 Psykose dans les Catacombes (2015)
une vidéo montre la réalisation d’une œuvre s’apparentant à la mosaïque, les calligraphies, les silhouettes blanches et le travail au pochoir.
La suite de l’exposition montre une série de styles très variés, d’œuvres très différentes allant de la petite mosaïque d’émoticônes pixellisées réparties dans tout Paris
l’invasion de Paris par les émoticones
Une vidéo montre le mur du square Karcher investi par différents artistes pour faire une fresque très sophistiquée pour certains. On peut suivre les différentes techniques.
Banksy : Bonaparte à cheval
la suite de l’exposition se consacre à des vedettes de l’art urbain comme C215, Banksy ou Miss.tic. Une vidéo Banksy/Géricault montre le cri d’alerte du plasticien en faveur des migrants et son œuvre : un radeau s’inspirant du célèbre tableau du Radeau de la Méduse.
Miss.tic
D’autres artistes que je ne connaissais pas sont mis à l’honneur comme Swoon et son collage sophistiqué.
Swoon collage
On montre donc les œuvres du jeune André, sous plexiglas (?) celle de Cristobal Diaz . Dans une salle on voit une calligraphie se défaire comme si on rembobinait le film et s’effacer les fioriture pour découvrir à la fin le motif initial. Ne pas oublier les fragiles fresques à la craie de Philippe Beaudeloque , les ombres électriques de Zeus… L’art urbain est beaucoup plus complexe que je ne l’imaginais.
Jonone : l’Abbé Pierre
C’est dans la rue de Rivoli, sur les grilles de l’Hôtel de Ville que j’ai trouvé les œuvres qui m’ont le plus parlé. Elles se trouvaient à leur place !
Alice Neel : Marxist girl Irene Peslikis; Mon tableau préféré (c’est aussi celui qui a été choisi pour l’affiche de l’exposition)
De tout temps, les femmes ont peint.
Miracle: on les expose!
Alice Neel
Femmes-peintres , puis Pionnières au Luxembourg, Toyen au MAM, O’Keefe à Pompidou, Frida Kalhoet Joan Mitchell, Rosa Bonheur à Orsay. Et sans mièvreries, s’il vous plait. Je ne voulais pas rater l’exposition d‘Alice Neel qui était pour moi une inconnue.
Alice Neel 1954 Rita and Hubert
J’ai été saisie par ces portraits puissants. Ces femmes et ces hommes qui vous regardent bien en face, assis sur le fauteuil à rayure ou sur le canapé d’Alice. Aucun artifice, les mains puissantes ou usées par le travail, les chaussures sont aussi des marqueurs sociaux. Alice Neel donne l’image d’une Amérique diverse, colorée, de ses voisins Portoricains ou Haïtiens, des militants communistes, des artistes, journalistes, activistes….
Alice Neel-1979 Mary D Garrard
Seule défaut de l’exposition, pas de sens de circulation indiqué et cartels en lettres minuscules. On n’a pas trouvé tout de suite le mode d’emploi pour une rétrospective couvrant presque un siècle. Alice Neel née en 1900, décédée en 1984.
A Neel 1929 – Les Intellectuelles
Dès 1929, cette aquarelle est un manifeste féministe : la maman de la petite fille a trois jambes et trois bras, il lui faut au moins cela pour assumer le travail que lui donne un enfant.
Alice Neel : Grève
Dans les années 30, Alice Neel peint New York vide dans la dépression, manifestations et grèves. Son engagement communiste lui fait aussi protester contre la montée du nazisme en Allemagne
Alice Neel – 1936 Nazis kill jews
Une citation raconte qu’on aurait reproché à l’artiste la pancarte blanche qui « prenait trop de place dans le tableau » et elle ajoute que si on avait pris plus au sérieux ce panneau, on aurait peut être sauvé des Juifs. Il convient de faire une lecture politique et historique de nombreux portraits. Celui de Art Shield rappelle que ce journaliste a lutté pour Sacco et Vanzetti.
Alice Neel – Art Shield
Parmi les documents présentés on voit que le FBI l’a fichée vers 1953 comme communiste dans la chasse aux sorcières maccarthyste
Alice Neel 1953 Eisenhower, McCarthy, F Dulles
Peintre des minorités, des Haïtiens comme cette mère et sa fille qui décèdera peu après, l’histoire est déchirante.
Alice Neel, Carmen et Judy
le portrait de Peggy a aussi une histoire bouleversante, Alice Neel a peint le visage abimé de bleus de Peggy œuvre de son alcoolique de compagnon qui rentre ivre-mort et ne s’aperçoit même pas qu’elle est morte
Alice Neel – Peggy
Alice Neel fait poser ses voisins, des ouvriers, un chauffeur de taxi africain mais elle représente aussi des intellectuels, des artistes comme Andy Warhol
Alice Neel : Andy Warhol après l’attentat avec ses cicatrices
Elle représente des féministes, bien qu’elle en refuse l’étiquette. Elle peint des nus sans aucune mièvrerie ni pudibonderie, les organes génitaux bien visibles, hommes comme femmes
Elle peint des femmes enceintes, des couples de garçons, une transgenre (en garçon) et aussi des hommes et des femmes des années 60 et 70 dont je retrouve avec amusement l’allure.
Et si les Hommes préhistoriques, Gravettiens(-34000- 26000) , Solutréens (-27000-22000) Magdaléniens (21000-14000) savaient faire mieux que des bifaces, haches, aiguilles bien utiles mais monotones.
Venus de Tursac 26000
Et si les petites Vénus aux formes généreuses, symboles de fécondité étaient chacune une œuvre d’art à part entière
Vénus brune de Grimaldi
D’autres Vénusmagdaléniennes voient leur silhouette s’étirer sur des supports et des matières variées, lignite ou bois de cerf. Certaines sont gravées sur la roche difficilement repérable comme cette Vénus de Pataud, pour d’autres les organes sexuels sont très marqués comme chez la Vénus impudiquedécouverte en 1863. La plupart d’entre elles sont de petite taille, la Vénus de Laussel mesure plus de 50 cm, elle brandit une corne
Vénus de Laussel
D’autres objets sont à caractère sexuel portent des phallus et parfois fente vulvaire et phallus coexistent sur le même objet.
petit cheval de Lourdes
Les animaux sont aussi source d’inspiration. Ils sont parfois gravés sur des objets usuels comme lissoirs ou propulseurs. parfois on a retrouvé des plaques avec une silhouette animale, ours ou bison…J’ai beaucoup aimé le petit ourson assis.
Ourson assis
le propulseur gravé atteint une forme de perfection dans l’attitude et la complexité.
Propulseur gravé faon et oiseau
L’exposition du Musée de l’Homme présente ces objets d’art mobilier ainsi que les diaporamas très variés et réussi d’Art pariétal non seulement les chefs d’œuvres de Lascaux mais aussi de la grotte de Niaux pour ce qui est du territoire français. L’art pariétal est répandu sur tous les continents, en Afrique, Tchad, Namibie, Egypte, Brésil, Australie, Vietnam…. Des écrans permettent d’identifier des techniques et des styles. A la Préhistoire les artistes disposaient déjà de techniques diverses : pochoirs, pigments soufflés, lignes droites et nettes gravées ou au contraire estompées, hachures, cupules ou points, rayures….
L’interprétation des fresques est parfois étonnante : la Scène du puits de Lascaux a donné lieu à diverses hypothèses et même à un livre de Marc Bruet
L’exposition livre quelques pistes pour observer un homme portant un harpon ou un oiseau sur une tige, un bison blessé, et plus loin un rhinocéros. L’homme a-t-il blessé le bison? Ou est-ce l’inverse ?(l’homme est raide, de travers) le responsable serait-il plutôt le rhino? Le commentaire de la vidéo invite le spectateur à mobiliser non seulement son imagination mais aussi son esprit critique
Voir du Street-Art à l’intérieur d’une galerie? A priori, cela ne va pas de soi, le Street Art c’est l’art de la rue, comme le cinéma a sa place d’abord en salle. Ce n’est pas ma première fois, j’avais été à Malakoff pour une exposition Banksy et j’avais découvert Jeff Aerosolà la MAC de Créteil. J’aime les découvertes au hasard (ou non) des promenades dans le 13ème ou à Vitryoù Christian Guémyalias C215 a beaucoup travaillé. Encore mieux, la découverte par hasard, à Sarcelles ou ailleurs du style et de la signature de C215 !
Clochard
Bonneuil est notre voisine, je ne pouvais pas passer l’occasion de mieux connaître l’artiste, graffeur et pochoiriste. Son Soulage est un hommage au peintre, autre hommage à Ernest Pignon Ernest
Soulage
C215 fait apparaître des visages sur les murs des cités, visages connus ou anonymes comme le clochard ou les amoureux de Catane
c215 les amoureux de Catane
portraits de hasards ou de circonstances parfois très politiques ou de mémoire, comme Joséphien Baker avec son calot militaire ou Cabu et une victime des attentats de Charlie Hebdo
Cabu
La plupart des œuvres présentées sont des œuvres présentées sont des photographies prises sur place dans la rue où même en prison
Dans la prison de Versailles
C215 peint aussi le mobilier urbain, j’aime bien les boîtes à lettres décorées ici ce sont des pompes à essences très politiques l’une d’elle porte d’un côté le portrait de Khomeini de l’autre le président Carter, aussi sur une autre Bush
« j’ai toujours aimé davantage peindre sur des objets que sur des toiles ou des feuilles blanches. Comme dans la rue les objets me fournissent un contexte avec lequel je peux interagir, qu’il s’agisse de la patine, de la matière de la forme de son époque ou de sa fonction… »
c215pompe à essence Khomeini
l’avantage dans une exposition en galerie est de lire les cartels où l’artiste s’exprime
En 2001, j’ai pleuré au Louvre devant un portrait de cheval poignant peint par Géricault. C’est ainsi que j’ai compris la puissance du portrait animalier »
Chat saint Petersbourg
« Dans la tradition du pochoir nombreux sont les artistes qui se sont identifiés à un animal urbain. chacun songe au rat de Blek ou de Banksy. J’ai pour ma part opté pour le chat, animal mutique et mystérieux »
J’ai bien aimé m’approcher des œuvres, lire les textes mais il me semble que la place du street-art est la rue et les cimaises des galeries sont trop tranquille pour cet art vivant.
« Elles sont des millions de femmes, à transporter des millions de kilos, sur des millions de kilomètres. Chacune, à sa manière, porte une part du monde. «
Indiennes, Africaines, Asiatiques, dans tous les pays où la motorisation n’est pas encore courante, ce sont les femmes, parfois de très petites filles qui portent des charges nécessaire à la survie de tous : l’eau dans des bidons ou des bassines, le bois nécessaire à la cuisson des repas, les récoltes, la lessive….
Sur la tête ou à l’épaule,
Ou les récoltes
coton
Quand les voitures, tracteurs prennent le relais les femmes font du sport
je n’ai pas retenu la photo de la femme enceinte qui porte le monde à venir…
Une belle exposition féministe qui montre des femmes fortes.
Lekha Singh
Lekha Singh est une artiste visuelle américaine. Jouissant d’une notoriété internationale, elle a eu l’occasion de voyager dans le monde entier, et de puiser dans ses voyages son inspiration artistique. Elle a exposé son travail photographique, depuis 2004, dans de nombreux musées américains
Une Histoire de la Nature Mortede la Préhistoire à nos jours : Vaste programme !
Ce qui reste : De objets témoignent par eux-mêmes
Dès la première salle, je suis perplexe : de nombreuses œuvres contemporaines voisinent avec un estampage des haches de Gavrinis, un rêmeavissant flacon chypriote en forme de grenade et un bas-relief d’Abydos .
Une courte séquence de Stalker de Tarkovskyoccupe un mur. sur un autre, des photographies de Boltanski: les habits de François C 1971-1972.
Boltanski les habits de François C
L’installation la plus étrange est ce Repas Hongrois, avec assiettes (et restes de nourriture) couverts, verres, « tableau-piège » de Spoerri.
Le dialogue entre les œuvres est amorcé et cette démarche me parle. Deux pistes s’entremêlent : la Chronologie et cette confrontation.
l’Art des choses ordinairesa été représenté depuis l’Antiquité, des fresques d’Herculanum, mosaïques de Pompéi.
Ces représentations de gibiers, crustacés avec des ustensiles du repas sont très proches des natures mortes qu’on a l’habitude de voir.
-Pierre Buraglio : Dessin d’après Six Kakis 1979-82
Les objets de Croyance correspondent aux représentations médiévales, les objets forment le décor d’une image pieuse, symboles qu’on savait lire alors comme le fruit qui évoque la tentation, ou le lys blanc la pureté de la Vierge lors de l’Annonciation. Le contour de la sandale du Prophète dans les représentations islamiques. Face à ces objets de croyance on a placé les kakis qui invitent à la méditation.
Jan Davidz de Heem (1606-1684) la Fermière Hollandaise
A partir du XVIème siècle la peinture s’émancipe de la représentation religieuse. De beaux trompe-l’œil, des marqueteries de Padoue Cette représentation profane est principalement flamande ou hollandaise.
Joachim Beuckelaer : Marché au Poisson
étaJoachim Beuckelaer : Marché au Poisson Joachim Breuckelaerbrosse des tableaux truculents du marché au Poisson ou de l’Etal du Boucher. Ces victuailles sont étalées, avec à l’arrière-plan un Christ dans le Lac de Tibériade, si loin, si petit. En face de ces tableaux truculents, et non moins truculents les collecteurs d’impôt et tous ces trésors dorés étalés suggèrent l’arrivée (déjà!) du capitalisme culminant en 2019 avec la Chambre des Trésorsde Gilles Barlier
Chambre des Trésors-2019 Gilles Barlier
La confrontation de deux œuvres m’a beaucoup intéressée : Matisse s’est inspiré de Jan Davidz de HeemdansLa Desserteil a peint les mêmes choses tout en composant un Matisse original.
Matisse : La Dessertejan davidz de Heem : La Desserte
On peut jouer au jeu des erreurs mais on n’en trouvera pas beaucoup.
Sélectionner, Classer, Collectionner, nous conduit au 17ème siècle du côté des Cabinets de curiosité, des monstres de la Nature au pillage colonial. Puis aux plus classiques coupes deCerises et melon (1633) de Louise Moillon .
Au milieu de ces natures mortes classique un étonnant Dali
Dali
Tout reclasser
commence avec une vidéo qui mélange les différents éléments, les regroupe, s’amuse à construire de nouveaux sujets comme autrefois Arcimboldo
Arcimboldo ; l’Automne
bizarrement, je préfère les fleurs de Séraphine de Senlis à un Delacroixbien terne
Vanitas : les vanités avec crânes ou putréfaction montrant la brièveté de notre vie terrestre
Franciscus Gijsbrecht(1670)
je traverse avec assez de répulsion une salle sinistre présentant des tableaux de gibier, tête d’animal sanguinolents, pieds humains coupés de Géricault, lapins morts, truites de Courbet, unBernard Buffet pour les modernes
la Vie simple me conduit vers de sages asperges peintes par Manet, la Chambre de Van Goghexposée en face d’un intérieur hollandais de Samuel van Hogestatenétrangement moderne.
Bonnard Le Coin de Table
le coin de table de Bonnard fait face à un Cezanne
Cézanne : la table de cuisine
Plus loin je repère Morandi que j’aime tant depuis notre voyage à Bologne.
Morandi
Braque est confronté au sculpteur italien Boccioni son contemporain et non loin de là Fernand Légeravec le Ballet mécanique
Umberto Boccini : Développement d’une bouteille dans l’espace.
nous sommes entrés dans le XXème siècle et la modernité, ready-made, compressions de déchets d’Arman, poupées de Schütte, coca-coladeWarhol et vidéos : film de Resnais et Queneau : Le Chant du Styrène. Une vidéo a retenu mon attention Semiotics of the kitchen vidéo féministe, parodie d’une émission de télévision culinaire où les choses de la cuisine se chargent de colère et de révolte. https://youtu.be/ZuZympOIGC0
L’exposition explose Les Choses en beauté avec Zabriskie Point (1970) d’Antonioni