BALADES EN ILE DE FRANCE

Sous la pluie, mais dans la bonne humeur, nous nous sommes retrouvés à la Gare de Meudon (ligne N – 8 minutes de Montparnasse). Nous avons remonté le coteau par des rues tranquilles et des sentes aux noms pittoresques entre les murs débordant de lilas et de glycines et les jardins. Si près de Paris, un air de campagne, ou au moins de banlieue cossue.

Première étape : la Maison André-Bloc une grande villa bien cachée au creux d’un parc aux camélias roses et bruyères. La villa, habitée, ne se visite pas. Jens a obtenu un rendez-vous exceptionnel pour que nous puissions voir les sculptures-habitacles construite par André Bloc (1951) .

la maisons aux briques blanchies émerge du sol , à l’intérieur on est saisi par la complexité des arches, des ouvertures, des recoins. Elle a servi de décor au film de William Klein, Qui a peur de Polly Magoo? on pourrait imaginer des concerts, des réunions dans cette maison-sculpture.

La seconde sculpture-habitacle est une tour de 25 mètres en briques rouges, ouverte à tous les vents. Elle est déstabilisante avec des escaliers très étroits, des couloirs étroits qui ne mènent nulle par. Par beau temps la vue doit être magnifique. Aujourd’hui c’est brouillard!

Les maisons-Prouvé sont également des expériences architecturales mais diamétralement opposées. André Bloc imaginait un sculpture, une réalisation d’artiste, éventuellement habitable. Prouvé se confronte à la réalité de la reconstruction d’Après-Guerre . Il veut offrir une solution immédiate de maisons industrielles à une urgence.
« je suis prêt à fabriquer des maisons usinées en grande série, comme Citroën
l’a fait en 1919 pour les automobiles…le temps de la brouette est passé! le fer, l’acier…c’est mon truc. Avec le fer on construit vite et solide »
les 14 maisons posées sur un soubassement de pierre, à coque ou à portique, métal et bois, ont drôlement bien tenu le coup. Construites entre 1951 et 1952, elles sont de vieilles dames de 70 ans, certaines ont fait un lifting, mais pas tant que cela. Une habitante très fière de vivre dans une maison d’architecte nous raconte son quotidien, il faut combattre l’humidité de la forêt toute proche, humidificateur et poêle à bois (ramassé dans la forêt) .
Le groupe s’engage dans le sous-bois bleu de jacinthes qui m’enchantent. Une belle montée et nous arrivons rapidement sur le coteau où était construit le château de Louvois puis du Dauphin, fils de Louis XVI. Il ne reste pas grand chose des châteaux (il y en avait un vieux, brûlé à la Révolution, puis détruit sur les ordres de Bonaparte, et un neuf ruiné pendant la guerre de 1870). L’Observatoire construit à l’initiative de Jenssen en 1876 sert encore pour les observations sur le soleil. De nombreux astrophysiciens y travaillent. En dehors des Journées du Patrimoine ou de la Nuit des Etoiles, il n’est pas ouvert au public. La terrasse est plantée d’une belle perspective avec bassin et massifs fleuris.
Nous aurions volontiers pris un café à la Loggia café-restaurant admirablement bien situé sous la terrasse. Nous y sommes fraîchement accueillis. On piquenique donc dans le parc. D’ailleurs il ne pleut plus.
Le Hangar Y, qui devait être une belle visite s’avère décevant : tout est grillagé : même le coup d’œil sur le hangar et sur le bassin octogonal de l’étang de Chalais nous est interdit. Le gardien du parking nous vide comme des malpropres. La halle qui abritait les ballons dirigeables a été très bien restaurée, il y a même une sorte de fantôme de dirigeables. Le site a été restauré par un entrepreneur privé d’évènementiel qui a fixé des prix élevés (3€ pour un tour du bassin, 10€ pour des activités ) comme nous avons peu de temps, nous renonçons.
Meudon a été un centre aéronautique, le hangar construit en 1878 pour l’Exposition universelle, c’est aussi le lieu du premier voyage en dirigeable : au-dessus de la forêt de Meudon jusqu’à Villacoublay.
Meudon a gardé la vocation scientifique avec un Centre de l’ONERA (Office National d’Etudes et de Recherches Aéronautiques ) CLIC
Ce centre enfermé dans de grands murs dans la forêt occupe une partie de la vallée et ne se visite pas.
Juste au dessus du Hangar Y , une petite grimpette nous emmène sur le bord de L‘Etang de Meudon où nous attendait un naturaliste amateur, spécialisé dans les odonates (libellules) membre de l’association caritative Espaces (Insertion et travaux d’entretien de l’étangs) . Il nous a fait admirer un grèbe castagneux, un cormoran, un héron, poules d’eau, foulques et canards tout en racontant les améliorations de la biodiversité.
Parmi les mystères de Meudon : le gladiateur statue antique (ou non?) ornant un carrefour, citée par les visiteurs célèbres, acquis par Louvois. Etait-ce une copie du Gladiateur Borghèse ou une statue très différente, d’un gladiateur assis? Le mystère ne sera pas levé aujourd’hui puisqu’un mur coupe le chemin qui mènerait directement à la Terrasse.
Autre mystère : les canalisations du réseau hydraulique destinée aux jeux d’eau dans le bassin du château : rigoles et aqueduc . Une association l’ARHYME s’occupe à restaurer ce réseau qui est apparent au niveau de l’Etang de Meudon : un gros tuyau en fonte y arrivait. Récemment il aurait disparu. Mystère? non pas, il est exposé au Musée Historique de Meudon

Au-dessus une digue retient les eaux de l’Etang de Villebon . Notre guide naturaliste nous emmène voir un orme reconnaissable à ses fruits en formation. Victimes d’une maladie, la graphiose, les ormes autrefois communs ont presque disparu. Celui-ci est donc un spécimen rare!

L’Etang de Tronchet est asséché depuis longtemps, un parc a pris sa place. juste derrière, nous découvrons le grand ensemble de Meudon-la Forêt : un quartier réalisé par Pouillon entre 1959 et 1967. Tous ceux qui s’y connaissent en architecture et urbanisme (ils sont très nombreux parmi les marcheurs de Voyage Métropolitain)tous se passionnent pour ce quartier, admirent le rythme donné par les verticales en relief, les infimes variations qui sont censée couper la monotonie de l’ensemble, la qualité de la pierre de taille, le soin apporté à la construction. Certes, après plus de soixante ans, Meudon-la-Forêt a belle allure. Belle ouvrage. Mais je m’ennuie dans cette promenade interminable qui aboutit à un bassin carré. Chacun a quelque chose à raconter sur Pouillon. Je note le nom du livre qu’il a écrit en prison : Les Pierres sauvages qui raconte la construction d’un monastère roman.
Nouvelle traversée de la forêt pour découvrir un élément m majeur du paysage : Le tapis vert qui se déroule face à la terrasse et au château, pelouse de 600 m de long de la perspective voulue par Louvois. Mais nous n’allons pas le descendre, nous parcourons la forêt pour découvrir L’anémomètre au centre d’un parcours. Montée, descente, droit sans aucun égard pour le relief , les chemins des chasses royales. Nous retournons à la base de la terrasse au Musée d’Art et d’Histoire de Meudon installé dans une belle demeure XVII ème siècle avec un jardin de sculpture. Un monsieur de l’ ARhyme nous explique encore les restaurations sur le réseau hydrauliques.
Fin de la sortie à la Loggia mais il me faut rentrer chez moi.