Athènes: Acropole promenades byzantine et ottomane

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

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Tôt le matin,  sous un soleil sans nuages, nous nous dirigeons vers l’Acropole dans les petites rues de Plaka. Les crépis colorés ont été refaits et retagués. Les dalles sont toujours aussi glissantes. Des coquelicots poussent entre les pierres de l’Agora romaine. Le parfum entêtant des orangers en fleurs me saoule. Les marchandes ouvrent leurs boutiques. Les tavernes ont laissé dehors les tables carrées et les chaises de bois. La vigne dégringole des tonnelles.

Au passage, je reconnais la Tour des Vents dans l’Agora romaine et la petite église de Métamorphis, le banc sur lequel nous avions pique-niqué …Cette promenade suffit à m’enthousiasmer ! A l’entrée de l’Acropole, il est déjà passé 9 heures, et tous les groupes sont arrivés. On nous intime l’ordre de déposer nos sacs au vestiaire. Pour 12€, nous obtenons un billet composé de 5 talons détachables.

Acropole

Avant de passer les Propylées, cela bouchonne déjà.

Le Théâtre d’Hérode Atticus paraît tout neuf, gradins  refaits, la scène s’élève sur trois niveaux. One pousse la promenade vers le Théâtre de Dionysos situé à la base de l’Acropole, passons devant une citerne byzantine et une fonderie antique sans nous arrêter. Nous réservons la visite au sanctuaire d’Asclépios pour le retour.

Le théâtre de Dionysos semble tout petit. Seule la partie la plus basse de la cavea a été dégagée. Dans son entier, il s’adossait à la falaise et pouvait contenir 17000 spectateurs.

Le monument de Trasyllos dominant le théâtre est actuellement en réfection est une découverte pour moi ! Je lis avec curiosité les panneaux racontant l’histoire de ce site creusé dans le roc, surplombé par deux colonnes corinthiennes. D’abord, annexe du théâtre consacrée au chorège vainqueur, riche citoyen finançant la tragédie. Il devint ensuite une église byzantine. On connaît le détail des portes, aujourd’hui disparues, détruites pendant la guerre d’Indépendance en 1827 .Que compte-t-on restaurer ?

Théâtre de Dyonisos

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Les restaurations se succèdent sur l’Acropole qui se « métamorphose » à chacun de mes passages. Le Théâtre de Dionysos a subi une campagne de fouilles en 2003. C’est peut être pour cela que nous l’avions ignoré précédemment.
D est tout à fait enthousiaste à l’idée de découvrir ce site: elle raconte à ses élèves la naissance de la tragédie,  le chœur, le coryphée… Juste avant notre départ, elle est revenue très fière que le professeur de lettres classiques se soit étonné de ce que ses élèves connaissent Sophocle, Euripide et Eschyle. Elle veut rapporter des documents personnalisés.  Nous photographions les soixante fauteuils des dignitaires et surtout le trône du Prêtre de Dionysos qui domine l’orchestre joliment dallé. De la scène, la Skena, il reste une très jolie frise datant de l’époque romaine racontant le mythe de Dionysos. Malheureusement, les personnages ont perdu leur tête à l’exception des silènes barbus dont la tête penchée semble supporter le poids de la corniche.
L’aire archéologique est boisée de pins, de cyprès et de chênes verts, nous y trouvons de l’ombre pour nous asseoir. Les oiseaux, nombreux, animent les lieux. Je remarque un magnifique geai. Le nombre de touristes, ici, est raisonnable. Un groupe germanophone est mené par un magnifique guide barbu à la longue chevelure grise nouée en chignon à la manière des popes. Il parle allemand lentement et très distinctement. Je glane l’anecdote des trépieds qui récompensent les concours dramatiques. En effet, un peu plus loin, nous découvrons la Rue des Trépieds. Un groupe d’écoliers grecs en uniforme passe. Quelques Français en voyage individuel.

Près du grand théâtre, de l’Odéon de Périclès, il ne reste plus grand chose. Nous passons le long des fondations des deux temples bien détruits et cherchons l’emplacement de la Stoa de Lycurgue.

Il ne reste plus qu’à remonter sur l’Acropole par le sentier, le Peripatos qui conduit au sanctuaire d’Asclépios. Nous avons visité à Epidaure et ailleurs, un de ces sanctuaires où les malades attendaient du dieu guérisseur une cure ou un miracle. J’ai le souvenir de bâtiments destinés à l’hébergement des patients qui attendaient la visite d’Asclépios dans un rêve. Le temple d’Hygéa, sa fille, la construction de la Tholos et la fosse aux serpents étaient associées au culte d’Asclépios. Il faudra que je consulte mes carnets de bord pour retrouver mes autres pèlerinages. D passe hardiment les cordes pour chercher la fosse aux serpents mais elle se fait siffler par la gardienne.

De retour sur l’Acropole, nous retrouvons la foule.

Il faut prendre son tour pour grimper à la file les marches de Propylées qui sont tellement encombrées qu’il faut bien de la persévérance pour trouver du charme à la visite. A moins d’habiller tous les touristes à l’antique, de mêler quelques chevaux et d’autres animaux pour les sacrifices. Peut-être se pressait-on ainsi aux Panathénées !

Le temple d’Athéna Niké a perdu les bâches qui le cachaient la dernière fois. Un grand panneau conte ses restaurations depuis la première anastylose en 1850.

Devant le Parthénon il ne nous reste plus qu’à parasiter un groupe pour profiter des discours instructifs des conférencières. De la première, j’apprends les utilisations du Nombre d’Or pour calculer les hauteurs, diamètre et écartement des colonnes. Les colonnes prolongées construiraient une pyramide solide dégageant de l’énergie. La guide suivante a une théorie plus « naturelle » : 4/9 : les membres du corps, 4/9 la ramure d’un arbre, 4/9 les proportions du Parthénon.  Une troisième tient pour la courbe, aucune droite dans le Parthénon, rien que des courbes : courbe le sol, courbes, les colonnes. Les légendes restent à peu près les mêmes mais les théories varient !

De même, la statue chryséléphantine d’Athéna pour l’une a disparu à Constantinople, pour l’autre n’y est jamais parvenue. Peu importe la vérité historique, pourvu que l’imagination soit sollicitée.

L’Erechtéion est toujours mon temple préféré avec son olivier sacré, ses frises et ses caryatides. Cette année, je remarque la finesse des frises, palmettes lotus et gouttes si délicates. Le site est si riche que je pourrais revenir à nombreuses reprises, je découvrirais toujours un détail nouveau qui me ravirait. Les restaurations font apparaître de nouveaux monuments.

Que dire du Parthénon ?
Le ciel s’est couvert, pas de photos.

Musée de l’Acropole

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Le Musée de l’Acropole est pour nous, une découverte, il était fermé lors de notre premier passage.  Nous y trouvons un Parthénon archaïque insoupçonné, détruit par les Perses, avec son fronton spectaculaire présentant un démon à trois corps, la lutte d’Héraclès contre Triton et contre l’Hydre de Lerne, peint de vives couleurs. Les sculptures d’animaux, un taureau à terre dévoré par un fauve, sont impressionnantes. La très jolie collection de Corés me plaît bien. On pourrait imaginer une « histoire de la mode » ou de la coiffure. Comment varier à l’infini les plis de la chemise gaufrée ou des drapés, les galons bordant le péplos, les broderies…Je les aurais volontiers toutes photographiées. Mais c’est la fin de la pellicule.

Chef d’œuvre du Musée : la frise du Parthénon (tout au moins la partie que Lord Elgin a bien voulu laisser à Athènes). La finesse des détails anatomiques, les veines gonflées des chevaux ou des hommes est impressionnante. On voit la procession avancer, les porteurs d’eau, le bétail du sacrifice, les chevaux, d’abord au pas puis au galop, enfin l’un d’eux se cabre…

A la sortie du Musée, il fait presque froid. J’ai hâte de prendre mon sac, d’enfiler un sweat shirt et mon K-way. Nous redescendons à Monasteraki en traversant l’Agora. Je dépose les films chez le photographe, à 15H30, les photos seront prêtes. Je retourne à Omonia acheter  notre menu favori : feuilleté aux épinards pour moi et salade César pour Dominique.

Notre nouvelle chambre donne sur la grande place de l’hôtel de Ville ornée d’une belle fontaine moderne. L’Hôtel de ville est de style néo-classique.

Promenade Byzantine et ottomane

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L’Office de Tourisme Grec de Paris sous a offert un guide de promenades à thèmes. Nous décidons de suivre le circuit byzantin en prenant Eolou, rue piétonnière parallèle à Athinas, bordée de boutiques de vêtements de toutes sortes, chics ou ordinaires. Vers 16H, le samedi, c’est la fermeture : les rideaux de fer descendent sous nos yeux. Du circuit, nous ne visitons que deux églises : Kapnikarea du XIème siècle est fermée, la Petite Métropole XIIème aussi. Je m’y attarde pour examiner les décorations originales et éclectiques des murs extérieurs, remploi d’édifices antiques. Une fresque de procession païenne court sur le fronton de l’église. Pour lui donner un air chrétien on  a gravé des croix au hasard. Nous ne trouvons pas l’église suivante du circuit, tournons autour de l’agora romaine, passons entre les tables des tavernes. Il nous vient l’idée de planter ici les byzantins et de nous installer en terrasse. Par hasard nous avons glissé dans le « circuit ottoman », découvrons la porte de la medersa cachée dans la verdure. Nous prenons place dans un café devant la mosquée Fetihié avec vue sur la Tour des Vents. Café frappé et, ouzo  . L’endroit est calme, les serveurs de bonne humeur hèlent les passants en essayant de deviner le pays d’origine des touristes. Je m’installe pour dessiner. D va acheter des cartes postales et revient avec deux bracelets en argent à motifs de « grecques ». Le soir tombe. La lumière rasante avive les couleurs des maisons de Plaka.  Photos dans  une ruelle pittoresque qui n’a pas été rénovée. Un panneau prévient « attention au chien ». ce dernier sautera de son mur et attrapera mon pantalon. J’espère que la photo sera réussie avec le crépi jaune, les bancs traversant la rue, les balustres ruinés.  Retour le long de l’Agora jusqu’au métro ancien qui circule dans une tranchée.

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Athènes Keiramikos, Agora, Lycabette

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

 

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J’avais conservé un excellent souvenir du Keramikos, cimetière  situé hors des murs de la ville antique, sur la route de]Panathénées ; calme et fraîcheur du petit ruisseau d’Eridanos, dans la chaleur de juillet. Nous suivons le même chemin, touché par les modernisations des Jeux olympiques. Un grand drapeau de l’Europe flotte sur Gazi. L’ancienne usine à gaz aménagée en espace  culturel avec des halls d’expositions, des salles de spectacle est maintenant un lieu branché. J’aurais bien aimé y faire une visite.

La rue Ermou le long du métro aérien, a été transformée en promenade piétonnière moderne avec pelouses et massifs, neuve proprette. Le marché aux puces est presque incongru. On dirait que mobylettes, tricycles, triporteurs et autres engins grecs salissent la rue. L’entrée du Keramikos a été rénovée ainsi que le petit musée vieillot. Un groupe de scolaires rassemblé autour de leurs professeurs ne nous dérange pas trop.

Kéramikos

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Nous retrouvons l’allée des tombeaux : le taureau énorme dressé sur sa stèle haute domine les édifices. A ses pieds, la chienne Molosse. Nous ne résistons pas à la tentation de photographier à nouveau Charon dans sa barque sur la stèle de Lysimachides, regardant les quatre compères banqueter. La jeune Hégeso, fille de Proxenos, assise choisit un bijou dans un coffret que lui tend sa servante. Après la visite aux stèles les plus luxueuses, nous jouons à notre traditionnel jeu de piste : « chercher les monuments disparus d’après les plans de nos guides et les indices… reconstitution mentale de la ville. » Trois axes permettent de s’orienter : la Via sacrée, le Dromos et le petit canal de l’Eridanos. Dans l’herbe, de très grosses tortues craintives fuient avec une célérité surprenante. A l’entrée de la ville, le Dromos, la route principale passe par un poste de garde fortifié : le Dipylon. Nous avions longuement cherché ce monument quasi disparu, j’étais perplexe, n’ayant pas fait le rapprochement avec les Propylées. Le Pompéïon, ne nous avait laissé aucun souvenir, c’est un grand édifice bâti autour d’une cour à péristyle destiné à la préparation des processions. Nous découvrons à proximité une vaste fontaine de marbre. Enfin, les murailles de Thémistocles passent à travers le site.

Musée du Keramikos

La visite du musée est un enchantement. Les vieilles vitrines poussiéreuses ont été remplacées par une exposition moderne. Un pavillon au plafond vitré et au sol dallé de marbre abrite l’original du grand taureau de Dionysos Kolitos. Le marbre blanc a un grain  fin, brillant, presque translucide conférant un charme étonnant à l’animal massif. Dans un coin, des oliviers dans des jarres et des lécythes complètent la décoration soignée. Les statues sont à leur avantage. Le pentathlète barbu a un profil oriental. Lions et sphinx gardent le domaine des morts.
Les plus beaux objets antiques, bijoux, céramiques, proviennent des tombes. Dominique utilise une expression méprisante qualifiant les « musées des pots cassés » qui ne correspond en rien à ce qui nous est offert à la vue : finesse des décors géométriques tout d’abord, figuratifs plus tard. Variété des formes. Je découvre un objet qui m’avait échappé : le pixis, sorte de boîte cylindrique très plate possédant un couvercle orné, ici des chevaux de céramique. Les vases classiques m’enchantent avec tous leurs détails minutieux où l’on reconnaît Dieux et Héros de la Mythologie. Je fais une visite de révisions en m’attachant à lire les panneaux explicatifs. Toute l’histoire politique vue par la lorgnette des techniques funéraires. Prospérité de la ville, ostentation des nouveaux riches. Des lois ont dû être instituées pour protéger la démocratie et remettre un peu d’égalité au cimetière. Les guerres athéniennes ont aussi marqué : les héros tombés au combat se retrouvent dans une tombe commune, le Demosion Sema. Les pestes, enfin, dictèrent leur tribu…

Agora

Comme il y a six ans, nous poursuivons notre promenade dans l’Agora. Alors, le grillage près du Keramikos était en piteux état et nous étions entrées sans billet derrière le temple d’Héphaïstos. Nous empruntons aujourd’hui sagement la promenade aménagée le long du métro, très animée ce dimanche matin avec le Marché aux Puces. Les terrasses des cafés sont bondées avec surtout des Grecs et quelques touristes. Nous entrons donc par la voie des Panathénées qui fait face à l’Acropole, puis nous bifurquons devant les statues géantes romaines du Gymnase. Nous nous reposons sur un banc au pied de l’Héphaïstéion qui a belle allure au sommet de son éminence encadré de verdure.  Il rayonne, tout blond sous le soleil. Il faut se retenir pour ne pas faire trop de photos.

    Devant la Tholos et le Bouleutérion, nous révisons les coutumes et les lois de la démocratie athénienne, les magistrats tirés au sort, le déroulement des élections, les représentants des dèmes, les assemblées…le Monument des Héros éponymes servait de panneau d’affichage- ou de B.O. – je l’avais oublié – . Nous ne négligeons aucun temple, des débuts de l’Agora jusqu’à la période romaine tardive. Les édifices les plus récents datent du Vème siècle après JC – dix siècles après la période classique !

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En dehors de l’aspect archéologique, l’Agora offre une promenade bien agréable, verte et ombragée avec des échappées étonnantes sur l’Acropole. Il serait agréable de s’y installer tout simplement pour dessiner, écrire lire ou regarder les oiseaux et les tortues…
Je retourne visiter le musée installé dans la Stoa d’Attale. Attale, roi de Pergame offrit aux Athéniens une longue galerie clôturant l’Agora à l’Ouest. Le bâtiment a été reconstruit en marbre blanc couvert de tuiles à l’antique. Les architectes ont mêlé tous les ordres : dorique, ionique, corinthien et même égyptien dans les colonnades. Le seul défaut, c’est cet air « tout neuf ».

Nous avons déjà visité un beau musée, je parcours celui-ci avec moins d’attention,  focalisant mon intérêt sur les tessons d’ostracisme (avec le nom de Thémistocle) « la machine à tirer au sort » : une plaque de marbre avec des encoches pour de petites plaques et un  conduit pour les boules noires ou blanches, la clepsydre de six minutes (sorte de pot de terre avec un trou que l’on peut boucher) limitant le temps de parole des orateurs.

Une surprise à l’hôtel : la terrasse

Nous rentrons à l’hôtel en traversant Monasteraki où je mange mon premier giropita des vacances. Quand je rentre très fière de mon « plat de la mer, calamars, frites », Une surprise pour moi : « prends ton dessert ». je suis un peu déçue de l’accueil réservé aux calamars. Dans l’ascenseur de service, je devine : la terrasse. Sur le toit, au 9ème étage, la terrasse a été aménagée avec un bar, de petites tables rondes, des fauteuils confortables avec vue sur l’Acropole d’un côté, de l’autre le Lycabette, derrière, le Pirée et  les îles. La vue est superbe. Cela donne du lustre à l’hôtel Economy. En plus, la terrasse est pour nous toutes seules. La réceptionniste a déverrouillé en secret l’ascenseur et personne ne viendra nous déranger.

Lycabette en taxi

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Nous hélons  un taxi. Celui qui s’arrête est muni de revues de luxe. Le chauffeur fait mine de mettre le compteur, il sort une revue et commence un baratin en appuyant sur un bouton secret. Il résulte de son  explication que le funiculaire coûte 36€, avec une course à 30€ nous ferions même des économies. J’ouvre la porte au feu rouge à Omonia et déguerpis,  Il nous rappelle : « Combien pouvez-vous payer ? »Je ne réponds même pas. .   Justement un taxi jaune passe et s’arrête à notre hauteur. Au compteur 1.95€ + 0.90 centimes de supplément pascal affiché au tableau de bord.
La route est en travaux, le taxi nous laisse dans les pins puis le chemin s’élève entre les agaves et les buissons. Nous nous arrêtons à chaque tournant pour admirer le panorama. Puisque le Lycabette est visible de la terrasse de l’hôtel, nous devons voir celui-ci. En dessinant, j’ai repéré une coupole argentée toute proche que nous trouvons au-dessus du toit de la Banque de Grèce, bâtiment néo-classique imposant que j’avais d’abord confondu avec l’Hôtel de Ville.

Athènes, relève de la garde, Musée cycladique, Plaka

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion


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Autour de Syntagma

Quel musée visiter ? C’est notre dernier jour à Athènes et j’hésite entre le Musée National, le Bénakis ou celui des Arts Cycladiques. J’hésite. Lundi, le Musée byzantin est fermé, le Musée National n’ouvre qu’à 10H30… . Nous partons  en direction de Syntagma par les petites rues et allons voir les evzones qui montent la garde devant le Parlement. C’est ma quatrième visite à Athènes et je n’ai pas encore vu la relève de la garde. Les Evzones sont en tenue d’hiver avec d’épais bas de coton blanc. On admire la démonstration : flexion-extension du pied et saut du pompon.

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En juillet, il m’avait paru poussiéreux et négligé, au printemps il est exubérant, vert de mauvaises herbes et embaume la fleur d’oranger.de Syntagma et je file au Musée Cycladique qui s’est agrandi dans une annexe installée dans un magnifique hôtel particulier avec jardin d’hiver, lustre de cristal, lourdes tentures et mobilier imitant l’antique. Une exposition temporaire présentant un site crétois est installée à l’étage. Par un tunnel, on accède à l’ancien musée qui s’ouvre sur une petite rue perpendiculaire à Vassilis Sophia dans un immeuble moderne très sobre, contenant les collections permanentes. L’étage des idoles cycladiques me ravit toujours autant. J’avais attendu ce rendez-vous et je savoure les retrouvailles. Elles sont aussi belles, délicates, épurées que dans mes souvenirs, aussi bien les petites en forme de violon, fines, presque translucides que les plus grandes avec leurs coudes repliés, les avant-bras sur le ventre, le triangle du sexe stylisé, les seins à peine ébauchés. J’avais oublié le personnage assis avec sa coupe, plus élaboré mais toujours aussi sobre. Je remarque aussi un plat translucide, décoré d’oiseaux stylisés. A un autre étage, je découvre avec surprise les Papades : poupées d’argile rouges aplaties avec de larges robes comme celles des popes, d’où leur nom. Figures féminines toutefois avec des seins et des coiffures compliquées. Je retrouve aussi des Tanagras. Le Louvre en avait fait une magnifique exposition l’an passé. Décidément, cette année, mes visites aux musées seront spécialisées dans les figures féminines : corés de l’Acropole, idoles des Cyclades,  Papades et tanagras ! Au 3ème étage, une exposition temporaire d’objets provenant de Chypre, à nouveau de petites idoles féminines cruciformes en pierre polie bleu turquoise. Encore des personnages orientalisants de terre cuite.

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Le charme des tanagras

J’aborde enfin l’exposition crétoise, distraitement. Difficile de me concentrer encore sur une nouvelle civilisation ! En général, j’ai tendance à tout mélanger : la Crète, les Iles, Chypre…Ce sont des civilisations complètement distinctes aussi bien dans le temps que dans l’espace. La visite de ce matin me fait prendre conscience de toutes les différences et de la richesse de la Méditerranée orientale.

La place de Syntagma est très agréable, encadrée par deux fontaines, l’eau s’écoule sur des murs de marbre. Les grands hôtels bordent la place, le Parlement ferme  le rectangle. C’est une Athènes chic où nous ne nous étions pas encore attardées.

Aérides

 

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Nous n’avions pas encore visité l’Agora romaine (Pourquoi ne l’appelle-t-on pas le Forum ?) ni vu de près la Tour des Vents qui est l’un des monuments les plus originaux d’Athènes : tour octogonale coiffée d’une girouette, ornée d’un cadran solaire, et équipée autrefois d’une clepsydre pour les jours nuageux. C’était une horloge officielle, la météo romaine. Sur chacune de ses huit faces, une figure ailée personnifie un vent flottant à l’horizontale, jambes écartées, ailes déployées : borée, le vent du nord, souffle dans une conque ; Kaikias vide son bouclier plein de grêlons ; Notos, le vent du sud, amène la pluie dans une urne ; Lips, vent marin, tient l’aplustre,  outil de navigation ; Zéphyros, vent d’ouest, annonce le printemps en déversant des fleurs. Cette tour des Vents termine la rue Eolou. Elle a donné son nom au quartier des Aérides entre Monastéraki et Plaka.

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Zephyros

 

 


A côté de la tour, un bâtiment carré, les latrines romaines. L’agora romaine, dallée par Hadrien, était précédée d’un portique monumental d’un côté et de propylées ornés de jolies colonnes de marbre gris veiné de blanc reposant sur des supports de marbre beige. On devine bien le péristyle abritant bureaux et magasins. Malheureusement le reste de l’Agora avec la Bibliothèque d’Hadrien est fermé le lundi. Je dessine avec beaucoup de plaisir les colonnes des propylées et la tour des Vents. Nous retournons au café sur le bord du forum, nous installant sur une autre table pour que je dessine vue.

Plaka

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Le marchand d’éponges

Avant de quitter Athènes, je veux acheter une éponge. La rue Adrianou (Hadrien) est bordée de nombreuses boutiques. Plus on s’éloigne de Monastéraki, plus les boutiques deviennent chic. Les fast food laissent la place aux tavernes qui ont envahi la rue. Les maisons sont très jolies, cossues, décorées parfois de motifs Art Déco. Nous découvrons en contrebas le curieux monument de la lanterne de Diogène. Au bout de la rue se profile l’Arc de Triomphe d’Hadrien et les colonnes de l’Olympéion que nous n’avons jamais visité – ce sera pour une prochaine fois – nous retournons en flânant dans les rues charmantes de Plaka que nous ne connaissons pas.

Dîner en ville

Nous sommes invitées par les propriétaires de la maison du Pélion. Après des échanges de courriels, cette invitation paraît très sympathique. Métro pour parcourir toute la ligne bleue qui va en direction de l’aéroport. Le métro, mis en service pour les Jeux olympiques, est luxueux marbres et granites polis, escaliers roulants et ascenseurs de verre. Signalisation lumineuse et sonore. De plus, il est très rapide. En un quart d’heure, partie de Monastéraki j’arrive à la sortie d’Athènes sous le périphérique.


Sakis m’attend dans une grosse jeep noire. Il est brun, bouclé, bronzé, mince plutôt petit, juvénile. Ni lui, ni sa femme, Olga ne paraissent leur âge (45 ans) seule leur fille aînée – 15 ans – permet de le deviner. Tout de suite, il se présente : ancien pilote, il travaille dans les radars. Il compte prendre sa retraite l’année prochaine pour se consacrer au tourisme.
Il aide son père qui a construit les Studios Panorama au Pélion. C’est lui qui a conçu le site Internet. Je suis leur première cliente en ligne. C’est ce qui me vaut l’invitation. Ils sont curieux de savoir ce que j’ai pensé de leur site, comment j’ai trouvé leur adresse.


Olga, rousse, toute bouclée a préparé une jolie table avec un plateau de fromages décoré avec des olives, une salade finement hachée en lanières, parfumée à l’aneth sur un plat rectangulaire. Elle apporte ensuite des spaghettis aux crevettes roses et a farci des calamars. C’est la Semaine sainte : ils mangent maigre. Le repas est délicieux, la conversation agréable. Les deux gamines sont bien élevées. La plus grande veut enseigner le grec ancien et l’histoire antique, elle est très posée et sérieuse, la cadette a l’air espiègle. Je rentre vers 11H ravie de ma soirée, emportant la recette des calamars : mélange de fêta et de poivron à chair très fine vert pâle (je croyais que c’étaient des poireaux) elle les a grillés sous le grill du four dix minutes sur chaque face, pratiquement sans graisse.

D’Athènes à Delphes en passant par Osios Loukas

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

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La bergère et son ouvrage


Pour quitter Athènes suivre la route de Lamia, puis le périphérique et l’autoroute. Sur l’autoroute, le paysage est peu intéressant, encombré de toute l’architecture internationale hideuse : centres commerciaux, fast food…Nous traversons sans nous en rendre compte la plaine de Marathon. Nous quittons l’autoroute à Thèbes (Thiva en grec). En dépit de son glorieux passé, de Thèbes nous ne verrons que des zones industrielles sans intérêt. Seul rappel de l’Antiquité, les nombreux marbriers qui bordent la route. Nous passons à Tanagra, pas de potier ni de céramique !

Nous quittons la route principale après un arrêt dans le supermarché Galaksias,  et essayons de rejoindre Osios Loukas par un itinéraire touristique bordé de vert sur la carte Michelin. La route doit traverser la montagne. Sur la carte offerte par l’Office de Tourisme, cette route est représentée par un double trait blanc (figuré de piste). Sakis hier soir m’avait vivement déconseillé de l’emprunter. D’après lui nous devrions trouver une piste pour 4×4. Dominique se lance hardiment à l’aventure. Il faut suivre les panneaux écrits uniquement en caractères grecs (ce n’est pas difficile,  je me suis entraînée pour lire rapidement. Or les noms grecs se déclinent et se trouvent le plus souvent au génitif (mais pas toujours). Nous avons l’agréable surprise de rouler sur une route bien asphaltée, même très large. Toutefois, le fléchage est très déficient. Nous nous arrêtons souvent pour demander notre chemin dans les villages (en Grec on me répond en Grec également). Quand mon interlocuteur est avisé, il joint le geste à la parole. Sinon, il me déverse un discours abondant et incompréhensible. L’essentiel est de garder la bonne direction. On s’arrêtera après et on redemandera.

La route traverse une région très montagneuse. En quittant la côte nous trouvons les nuages et même la pluie. Des forêts d’épicéas et des endroits très verts nous surprennent, le maquis d’épineux et de lentisques pistachiers est plus conforme à mon idée de la Grèce. En cette saison, la campagne est très fleurie : lilas bien fournis, arbres de Judée mais aussi petites fleurs des champs et de petits iris sauvages bleus, mes préférés.

Les villages sont très tranquilles, j’ai du mal à trouver quelqu’un dehors dans la rue. Les grosses maisons en ciment crépi de blanc, couvertes de toits de tuile sont blotties au flanc des collines. Les jardins violets de lilas. La montagne recouverte d’un maquis de pistachiers.
Un berger et une bergère dans un antique pick-up rouge au pas poussent devant la voiture un  troupeau de chèvres.

Le Mont Parnasse enneigé

Au loin, les sommets sont enneigés, le Parnasse à l’ouest dépasse les premières crêtes. De l’autre coté du Golfe de Corinthe, une barre blanche apparaît de temps en temps, je ne parviens pas à déterminer à quel massif elle appartient. Le paysage est grandiose, entre neiges et mer d’huile. Allons nous trouver le monastère d’Osios Loukas que nous cherchons ? Il n’est indiqué nulle part. Pourtant les paysans n’ont pas l’air étonné lorsque nous demandons notre chemin. Sur notre carte l’emplacement n’apparaît pas.
Et si nous faisions tout ce chemin pour rien ? Et si ce n’était pas le bon monastère ? Et s’il était fermé ?

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Osios Loukas katolikon

Au loin, planté au flanc de la colline, rouge brique avec une coupole et un campanile, ramassé sur lui-même, inaccessible, nous devinons un monastère. Je commence à avoir de sérieux doutes. Nous nous consolons en nous disant que la route est si belle qu’elle mérite à elle seule le détour.

Osios Loukas


De gros cars sont alignés sur le parking, pas de doute, nous sommes bien arrivées à Osios Loukas . Nous pique-niquons rapidement, assises sur une murette, sous l’œil intéressé de trois chats efflanqués et d’une chienne allaitante aux mamelles pendantes, et celui, réprobateur, d’un homme – un moine ? – qui pousse sa brouette. Nous mangeons du saucisson alors que les Grecs font carême.

Le monastère est énorme. L’église byzantine est contemporaine de celle de Daphni. Très haute, sa coupole est soutenue par des trompes portant huit petites coupoles. La plupart des coupoles sont revêtues intérieurement de mosaïques dorées qui brillent. Sols et murs sont parés d’une marqueterie de marbres multicolores. Gallimard, sur une double page, nous avait éblouies de toutes ces couleurs. Malheureusement, le sol est protégé par un épais tapis de jute.

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Osios Loukas détail

En matière d’églises byzantines, nous ne sommes plus naïves comme la première fois lorsque nous avons découvert Daphni, puis Mistra. Entre-temps, nous sommes passées à Istanbul en Cappadoce, Chypre et en Sicile où les églises de Palerme, bien que catholiques, leur sont apparentées. Nous reconnaissons donc facilement les scènes de l’Histoire Sainte, les portraits de Constantin et d’Hélène debout, de part et d’autre de la croix dans le narthex. Quel luxe fabuleux de marbres, de mosaïques, de dentelles de pierre dans un endroit aussi isolé dans la montagne !

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Osios Loukas, intérieur

e jeu des lumières par les petites ouvertures rondes découpées en feston donne un très bon éclairage aux fresques et aux mosaïques. Pas besoin de lampes ou d’électricité. Je me réfrène pour photographier, nous avons acheté une plaquette illustrée. L’église est pleine de recoins, partout, de détails étonnants. Un musée est installé dans le vaste réfectoire. Un bel arbre est planté dans la cour, des salles ont été restaurées. Plus loin, le monastère est encore habité dans de petites maisons basses, entourées de jardins. Pendant que nous visitions le ciel s’est dégagé, les nuages ont disparu, il fait un temps magnifique.

une bergère

Il reste une quarantaine de kilomètres pour rejoindre Delphi. Nous franchissons un petit col. Une bergère, habillée de noir, garde ses chèvres. Elle tricote au crochet debout plantée dans un pré d’herbes hautes parsemé de fleurs : beau sujet de photographie. Dominique demande la permission. Elle est ravie. J’essaie d’échanger quelques phrases en Grec. Sans doute s’ennuie- t-elle toute la journée, en compagnie des bêtes.  Sur la route, un deuxième renard écrasé. Comment se fait-il ?
Alors que nous avons trouvé le monastère isolé sans nous perdre, voilà que nous avons raté la grande route qui va à Delphes Nous nous retrouvons à la mer, dans la direction opposée. Nous avion pris en autostop deux vieux  qui attendaient sur le bord de la route. Alors que je lui dis que nous allons à Delphes, le monsieur proteste. Si nous nous étions mieux compris, nous aurions pu faire le détour pour les dépanner et ils nous auraient mis dans la bonne direction. Au lieu de cela, nous voilà perdues dans un cul de sac sur le bord du golfe de Corinthe !

Soirée à Delphes

Arrivée à Delphes vers 17H. Le temps de nous installer à l’hôtel, il est trop tard pour visiter les sites. Nous nous contentons d’une promenade à pied jusqu’à la billetterie puis nous traînons dans le village. Je dépose deux pellicules chez le photographe, une heure plus tard, elles sont prêtes.
Nous nous installons pour un café frappé et un  ouzo sur une belle terrasse à contempler le plus beau paysage du monde : le véritable fleuve d’oliviers qui tapisse le fond de la vallée s’étale jusqu’au Golfe de Corinthe. L’eau du Golfe est lisse et brillante d’un bleu opalin si particulier. Mer et collines s’entrelacent intimement. La terre avance en doigts, les îles en petits caps. Au loin dans le Péloponnèse, une grande chaîne barre l’horizon de ses crêtes enneigées.

Delphes : Sanctuaires d’Apollon et d’Athéna

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

Comment raconter cette journée radieuse dans cet endroit magique qui est Delphes ?
Delphi est un village artificiel : ses deux rues parallèles sont bordées de restaurants, de boutiques de souvenirs et d’hôtels. Mais, justement, le kafénéion Apollo reste bien grec dans sa clientèle et sa simplicité : tables carrées, chaises de bois et de paille, pas de décoration artificielle pour touristes.
Un café grec – le premier des vacances – du pain frais – des biscuits peu engageants que je néglige. Le prix, lui, est très touristique : 5€.


Nous quittons l’hôtel à 7H30 pour arriver les premières sur le site. Il fait un petit vent frais, l’air est vif, clair, la lumière idéale. Le chemin piétonnier longe le musée, il est fleuri de lilas violets qui embaument. Depuis que nous avons pris de l’altitude – Delphes est situé à 500 m – les senteurs des lilas ont remplacé celles des orangers.

Sanctuaire d’Apollon

Nous entrons dans le sanctuaire d’Apollon par un forum romain que j’identifie immédiatement : dallage de marbre, péristyle, les mêmes colonnes que celles de l’Agora romaine d’Athènes, murs de briques et de petites pierres caractéristiques séparant les boutiques de souvenirs des pèlerins – touristes de l’Antiquité -.
Le site est encore dans l’ombre. Deux grandes falaises entaillées par une faille dominent le site vers l’Est. Nous sommes très vite rejointes par un groupe de Français , menés par un conférencier qui parle du Pléistocène qui doit son nom au fleuve de Delphes, le Pléistos (fleuve sans eau que j’avais pris pour un chemin). A sa façon de parler, calme et mesurée, on devine l’universitaire, je tends l’oreille. Dominique fait mine de soigner ses cadrages. Il explique ce qu’est un Trésor : un édifice contenant les offrandes d’une ville et compare le Trésor des Lacédémoniens faisant face à  celui des Athéniens comme le Pavillon Soviétique face au Pavillon Allemand à l’Exposition Universelle.

trésor des Athéniens

Le Trésor des Athéniens

Plutôt que de me cacher, à la première pause dans son discours, je demande au conférencier si cela le dérange que nous l’écoutions. Il nous donne la permission de rester avec son groupe. Nous remontons donc ensemble la Voie sacrée bordée des Trésors des villes, connues de nous ou inconnues. Argos a fait édifier deux hémicycles : socles des statues des rois d’Argos et de ses héros (je pense à la tragédie des Sept de Thèbes, il faudra que je m’y replonge), Corinthe mais aussi Sycione et Siphnos que j’ignore complètement. Le Trésor des Athéniens a été complètement remonté – je connais maintenant le terme : anastylose – . Il a l’air tout neuf avec ses colonnes, son fronton où a été gravé l’hymne à Apollon, la plus ancienne partition connue (l’original est au musée). Sur les côtés, ont été gravées des couronnes de lauriers correspondant aux récompenses des Jeux Pythiques. Seules, nous n’aurions jamais deviné les fines gravures. Notre conférencier, Monsieur Cabanes, est épigraphiste. Il nous parle longuement des travaux de ses collègues de l’Ecole d’Athènes qui ont retrouvé les comptes de l’Amphictionie (ligue des villes qui administraient le sanctuaire) au revers des dalles de la voie sacrée. Chaque dalle a été retournée, chaque inscription relevée. Le mur polygonal qui borde la base du Temple d’Apollon est couvert d’écritures : 700 actes d’affranchissement  d’esclaves y sont répertoriés prenant le dieu à témoin. Ainsi, il serait sacrilège de reprendre sa liberté à l’affranchi. Monsieur Cabanes nous parle longuement de ces actes. C’est son sujet de recherche, mais dans un autre site, en Albanie. Il relativise l’importance de l’affranchissement : un affranchi sera xenos, un étranger. Il ne pourra pas posséder de terre et devra se louer comme salarié. Il restera sans doute au sein de la famille où il était esclave.
Sur ce mur, il déchiffre devant nous une autre inscription : « promanteia », sorte de priorité pour aller consulter l’oracle. De plus, ce privilégié a ses places réservées au théâtre. Ce devait être un généreux donateur. Sous la direction de Monsieur Cabanes, l’inscription est très lisible. Quand nous repasserons, quelque temps plus tard, je serai incapable de la retrouver.
Nous passons devant le Portique des Athéniens où on accrochait les trophées : cordages, éperons de proue des navires perses après la victoire de Salamine…Avant d’entrer dans le temple d’Apollon, M. Cabanes nous fait remarquer les socles des statues et de la colonne torse soutenant un précieux trépied ; cette colonne, nous l’avons vue à Istanbul sur l’Hippodrome. Un haut pilier, analogue à ceux des Propylées de l’Acropole, était surmonté de la statue équestre de Prusias. Il fallait imaginer la Via Sacrée encombrée de statues énormes, d’un palmier au feuillage d’or, de trépieds….

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le Temple d’Apollon et le mur polygonal

Deux séismes, un incendie ont eu raison du temple d’Apollon qu’il a fallu reconstruire trois fois. Les souscriptions des 24 villes de l’Amphictionie s’étendaient à tout le monde grec. Parfois, les dons étaient en nature comme ce navire chargé de céréales envoyé au port d’Itea, tout proche, dont un archéologue a suivi la cargaison et a conclu que les rats en avaient mangé une partie.


Ces anecdotes me ravissent. Interviennent des personnages historiques connus comme Clisthène, habile souscripteur de fonds, qui tira une interprétation habile de l’oracle de la Pythie provoquant ainsi l’intervention des Spartiates pour renverser un tyran d’Athènes. Justement notre Hôtel Economy est dans la rue Clisthenous !

Importance aussi de la géographie : il était tout à fait admirable que, sur un versant aussi en pente, les bâtisseurs antiques aient pu s’offrir une esplanade horizontale pour y édifier un si vaste temple ! Importance de la séismicité également. Cabane fait le tour des fondations pour chercher l’adyton – lieu ou la Pythie entrait en transe- On n’a jamais trouvé de faille où se seraient exhalés les gaz qui auraient provoqué la transe.

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printemps à Delphes


Le long du temple, des ex-voto, celui de Crateros, lieutenant d’Alexandre, qui l’avait sauvé au cours d’une chasse. Sans le guide, j’aurais sans doute supposé qu’on entreposait là des cratères !


Le site est très fleuri. Je me régale à photographier les murs du temple colonisés par des touffes roses.
Le petit théâtre est une merveille. Encastré comme dans un écrin, dans la pente, avec la montagne et la vallée  du Pléistos pour décor de scène. Cabanes nous fait remarquer qu’à Orange, les Romains avaient construit un mur obstruant la vue (ici, aussi, les Romains avaient édifié une scène). Du théâtre, nous montons un sentier raide jusqu’au stade. Ici aussi, on a dû araser la montagne pour obtenir un terrain plat. Des gradins, ne subsistent que ceux qui sont adossés à la pente. Les touristes de Clio organisent une course de deux stades en prenant le départ sur la ligne creusée dans le marbre pour faire des cale-pieds. Chez Clio aussi, on fait des gamineries, même à 70 ans !

Le groupe poursuit la visite  au musée. Je regretterai plus tard de ne pas les avoir accompagnés. Il ne faut tout de même pas abuser. Nous descendons en effectuant les révisions nécessaires. Sur le moment, on comprend tout, on voit tout… ce que le guide montre ! Quelques minutes plus tard, une image a chassé la première et il nous faut l’aide de Gallimard pour mettre un nom sur une stèle, un Trésor, une colonne. Qui était donc perché ? Un sphinx énorme comme celui qui se trouve au musée.
Les groupes en car se pressent, des Français en camping car s’interpellent : ils « font » la Grèce, ils ont « fait » la Turquie. Incommodées, nous prenons le large.

Musée

Le musée a été rénové récemment, la peinture est neuve, la présentation agréable, mais les numéros des salles et l’ordre de présentation ne correspondent plus du tout à ce qui est écrit dans nos guides. Nous sommes condamnées à errer au hasard. Je regrette Monsieur Cabanes.

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sauge de Jérusalem – Phlomis fructuosa

L’aurige occupe toute une salle. Je me souviens bien de lui, il figure sur tous les livres. C’est une statue fascinante. Un guide montre comment les yeux sont faits, les cils en relief ; les sourcils soulignés au plomb lui donnent ce regard vivant. La longue chlamyde est retenue par des lanières pour empêcher qu’elle ne s’envole pendant la course. Je pense à l’Ephèbe de Motzia et au Satyre de Mazzara del Vallo, statues si extraordinaires qu’elles semblent habiter un musée construit exprès pour mettre en valeur une seule statue qui marque plus l’imagination qu’une accumulation de chefs d’oeuvre. L’Aurige de Delphes joue dans leur catégorie !

Nous quittons l’aurige pour trouver Antinoüs – personnage des Mémoires d’Hadrien- le bel éphèbe a le visage d’un adolescent qu’on imagine sur un corps d’athlète peut- être trop musclé pour la délicatesse de ses traits. Hadrien, Hérode Atticus sont des personnages récurrents en Grèce où je ne les attendais pas.

Les frontons des temples archaïques sont suggérés : on a peint sur le mur des triangles bleu gris , les dieux et les héros, Apollon sur son char tiré par quatre chevaux, semblent arriver du ciel. Les métopes du Trésor de Sycione sont parfaitement conservées. On se fait une meilleure idée de la décoration extérieure. Les statues romaines sont les plus nombreuses, en meilleur état, mais il y a également des statues archaïques : deux jumeaux massifs aux yeux largement ouverts, au front bas et à la coiffure nattée rappellent les Egyptiens. En déséquilibre sur la jambe gauche, elles s’arrachent à leur socle et commencent à marcher.

D, partie seule explorer, me montre ses trouvailles : Artémis et Apollon et leur sourire archaïque. Artémis est un peu tête à claques. Dans une vitrine des statues chryséléphantines, l’ivoire a été calciné, mais l’or et l’argent sont encore en bon état. On a également retrouvé un taureau au corps de bois, avec les sabots, la tête, les cornes et les parties génitales en  or .Le bois était recouvert de métal.

Première baignade à Itéa

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Itéa

L’après-midi, nous ne résistons pas à une visite à la mer. Par delà les oliviers, elle s’étale, lisse moirée, immobile, miroir d’argent. Nous traversons Chrisso, petit village à mi-pente, plus authentique que Delphes vouée au tourisme. Itea laisse une curieuse impression : de gros bateaux attendent, on ne sait quoi, et rouillent. Les plages sont minuscules, parasols de paille et une cabine. La marina est grande mais vide. Le front de mer est occupé par de belles terrasses de café vides. La marina et les cafés vides s’expliquent : c’est l’heure de la sieste, en semaine et hors saison. Mais les gros bateaux ? En tout cas,  il se dégage une atmosphère de calme bien agréable. Après que je me suis trempée les pieds jusqu’aux genoux, nous remontons à Delphes pour visiter le sanctuaire d’Athéna.

Sanctuaire d’Athéna

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Sanctuaire d’Athéna : la Tholos

La Tholos est ravissante, hautes colonnes élancées, fine corniche. C’est le seul monument resté gravé dans ma mémoire depuis 1978. Des deux trésors de Marseille, il ne reste que les fondations et ce qui est exposé au musée. Les reconstitutions sur papier avaient fait illusion. Les temples d’Athéna ne sont pas spectaculaires. Mieux conservée, la palestre avec sa très longue colonnade

Météores – Jeudi Saint aux Météores

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

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Réveil au lever du soleil, une belle journée se prépare !  Au kafénéio Apollo,  la patronne m’envoie dehors sur la terrasse . Excellente idée!  Il fait doux. La terrasse est fleurie de géraniums. Des petits arbres poussent dans de gros bidons peints en rouge brique. Deux pommiers terminent leur floraison.

En route pour les Météores

Nous quittons Delphi à 8H30. La route qui passe par Amphissa et contourne le Parnasse,  est excellente, large et bien entretenue. Sur 40 km, nous ne traversons pas un village, aucune culture, pas même un troupeau de chèvres. En revanche, l’exploitation minière est très étendue, à ciel ouvert et en souterrain. Nous descendons sur Lamia et trouvons une plaine très plate et la mer. A nouveau, nous franchissons une petite chaîne montagneuse. La plaine de Thessalie est extrêmement plate, la route est droite, monotone. De nombreux champs fraîchement labourés sont arrosés par des systèmes modernes : canons et machine qui avance toute seule. Qu’ont-ils semé : du maïs ou du tabac ?
Le marché de Trikala cause un embouteillage monstre. Nous traversons cette ville sans aucun intérêt au pas. Seul détail amusant : les plaques des médecins, des juristes qui dépassent des balcons sur 3 ou 4 étages. Kalambaka, au pied des Météores, n’est pas tellement plus attirante : hôtels pour touristes en cars, magasins de souvenirs, commerces d’icônes. Deux kilomètres plus loin : notre village de Kastraki : petites maisons blanches aux toits de tuiles rouges, blotties sous d’énormes rochers gris, verticaux, pilier naturels extraordinaires.

Kastraki

 

Il est moins d’une heure quand nous trouvons la taverne Gardénia qui porte les panneaux « chambres Plakias ». Les chambres ne donnent pas sur la route principale et sont à l’arrière d’une cour. On y entre par une place tranquille. Nous avons un petit balcon sur cour  avec une table ronde et deux chaises.  La chambre carrelée, blanche est toute occupée par un grand lit. Il y a une petite desserte et une armoire. C’est propre, simple et gai.
Les deux jeunes Nikos et Dimitri qui tiennent la pension et la taverne sont très sympathiques et très serviables. Chacun de mes désirs sont comblé : je veux laver du linge, en un clin  d’œil une bassine et une brosse arrivent. Nous désirons manger sur le balcon : pas de problème. Pour les promenades, des conseils. Avec chaleur et gaieté. Nous sommes ravies.

Après le pique-nique sur le balcon et une sieste, nous commençons la découverte du village par l’épicerie qui vend de tout. Nous achetons des cartes postales. Pour les timbres, c’est à la « poste ». Celle-ci est signalée par un panneau qui se trouve sur la porte d’un kafénéio. A l’intérieur du kafénéio : la poste, c’est une table. Nous tombons mal : le patron sert les mézés. Quand il a terminé, il nous vend 3 timbres.

la promenade de Nikos

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Avant de partir en promenade, je demande à Nikos s’il a une carte :

–« la carte, c’est Nikos ! »

Il m’entraîne par le bras au milieu de la rue et pointe du doigt tel rocher, me montre telle maison. Il faut passer par ici puis par là…
Nous remontons donc les rues raides de Kastraki en direction d’un des rochers de Météores et nous fixons comme objectif la petite pointe sur le col. Les maisons du village sont généralement bâties sur un étage avec un balcon de bois. Des tonnelles de vignes, de la glycine agrémentent les façades. Certaines sont très vieilles. On a envie de les photographier avec les rochers et la verdure en toile de fond. Au bout de la rue tellement en pente qu’on a installé une rampe, un sentier s’enfonce dans le bois. Il conduit d’abord au cimetière à l’ombre d’un rocher puis grimpe allégrement. Nous découvrons une église blanche précédée deux grosses citernes de plastique bleu. De l’extérieur on dirait une maison abandonnée. A l’intérieur, les murs sont couverts de fresques en mauvais état mais bien visibles à la lumière du jour. Nous poursuivons notre ascension jusqu’au col à la base de la petite aiguille. De jolies fleurs blanches aux pétales pointus poussent en petits bouquets à ras du sol. Des corbeaux planent. Un de nos guides cite la présence de percnoptères d’Egypte. Saurais-je les reconnaître ?
Le sous-bois embaume. Les odeurs sont différentes de celles de Delphi où cela sentait la Méditerranée, les cyprès, le thym, ici : c’est l’herbe humide et la mousse.

Tour Panoramique des Météores

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Tour panoramique des monastères, sur le conseil de Nikos. Le temps où les moines étaient isolés sur leur piton est révolu. Une route relie tous les monastères habités que l’on peut visiter. Après Kastraki, la route s’élève dans la chênaie. Très vite, on découvre le premier monastère perché, puis un second, quatre monastères nous surplombent !
La lumière est très belle ;  à contre-jour,  les silhouettes des rochers ont un aspect fantastique. Au détour de la route, les monastères sont baignés par une lumière dorée et chaude, se détachant sur un écrin de verdure.
Grand Météore, la marchande de souvenirs nous interpelle et nous vend une brochure de la même collection que celle d’Osios Loukas qui remplacera les photos qu’on ne peut pas prendre dans les églises. Le monastère est fermé pour les touristes mais de nombreux Grecs se pressent, habillés en dimanche, certains, très chic.  Les Grecques portent des couronnes et des bouquets d’œillets blancs et rouges. Une femme passe sur son pantalon de ville une très belle tunique à fleurs, nous sommes perplexes. Un écriteau interdit l’entrée aux femmes en short, pantalon et pantaloon – qu’est ce donc qu’un pantaloon ? –

– «  Faut- il vraiment venir en jupe ?
–     Non, ils en louent.
–     Est-ce que demain, Vendredi saint le monastère est ouvert ?
–    Oui, tous les jours, sauf le mardi.
–    Y aura-t-il quelque chose de spécial pour Pâques ?
–    Rien à part les liturgies. »
Le Grand monastère est accessible par un escalier qui mène à un petit pont sur le vide, ensuite des marches ont été creusées dans le rocher menant à un  tunnel.
De là, nous découvrons Varlam.
Devant le dernier monastère du circuit Hagios Stephanos, nous nous asseyons au soleil couchant . Les crêtes enneigées du Pinde, la verte vallée et la « belle plaine de Thessalie », le fleuve Pénée, encore un torrent dans son lit rocailleux, les grands pics gris, tout cela forme un décor fantastique.
Une cloche se fait entendre au loin. Près de nous, nous entendons les voix féminines chanter la messe (Hagios Stephanos, est un monastère de femmes).
La route descend sur Kalambaka dont le centre est très animé avec ses magasins de souvenirs, ses cafés, ses deux jolies places avec des fontaines. Nous faisons nos courses au supermarché.

Soirée à l’ombre de l’église

J’ai commandé des tomates farcies  et des calamars frits à Nikos que nous mangeons sur notre balcon en entendant la messe. L’église est tellement pleine que les villageois  sont debout dehors sur les marches. Un haut-parleur l’amplifie pour que tout le village puisse en profiter. L’office avait déjà commencé à huit heures quand nous sommes rentrées, il est interminable. Brusquement, l’église s’éteint, une cloche grêle égrène cinq notes lancinantes –la sol fa ré ré bémol – lentement : le glas. Je fonce à l’église. Elle est toujours pleine. Les fidèles sont debout entassés dans le noir, seuls quelques cierges brûlent. Il y a beaucoup trop de monde pour que je puisse voir ce qui se passe. Le noir et cette cloche sinistre me donnent la chair de poule. L’église se rallumera plus tard et à nouveau les chants au haut- parleur de la rue

Météores – Vendredi Saint

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion


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La mère de Nikos ouvre la taverne pour le petit déjeuner (4.5€, très copieux : omelette, fromage, pain et café grec). Il fait très frais, je suis habillée d’un gros pull. Des bancs de nuages traversent le ciel.

ROUSSINOU

Notre première visite est à un couvent de femmes Rossinou. C’est aussi le plus petit monastère. Nous garons la voiture au pied du haut pilier, l’arrivée est plus impressionnante que pour ceux qui descendent le sentier venant du plateau. Nous levons la tête et découvrons que les murs épousent le sommet du rocher, ondulant là où le ruissellement a creusé des cannelures dans le grès. 115 marches pour arriver à une terrasse, de là un petit pont franchit le vide. Sur un balcon, deux nonnes en noir.

A l’entrée, soigneusement pliées, des jupes portefeuille à petits carreaux, fort seyantes attendent les visiteuses en pantalon. Nous attendons dans un parloir  meublé de chaises que le groupe français libère l’église minuscule. Nous pourrons ensuite admirer seules les magnifiques fresques anciennes.

Dans le narthex : Jugement Dernier. Un fleuve rouge partage le mur,  d’un côté le Paradis avec trois anges, une étrange porte avec quatre ailes rouges, au centre une tête ronde (que Dominique compare à un sexe féminin avec le clitoris), de jolis arbres avec des fruits. L’Enfer, de l’autre côté, comme toujours, est plus amusant.
Dans la nef, la lumière pénétrant par la fenêtre éclaire un lutrin que D qui fait une collection de lutrins, veut absolument photographier , les icônes prennent un aspect doré. Les lampes suspendues forment un très joli contre-jour.
De retour à l’extérieur,  je descends au parking chercher mon sac à dos pour pouvoir dessiner. Une cigogne qui plane au-dessus de Varlam fait une éclipse.

Grand Météore

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Grand Météore: 

Grand Météore, trop grands bâtiments entassés, trop de marches, trop de cars de touristes sur le parking.. On y entre par un escalier creusé sous le « filet-ascenseur » suspendu au-dessus de nos têtes, il faut gravir énormément de marches. On se retrouve par surprise à la cave devant un énorme tonneau. Comment l’ont-ils monté ? La visite continue dans l’atelier du menuisier où sont exposées de vieilles charrues.
Dans le Musée, installé dans l’Infirmerie, expo de photographies anciennes en noir et blanc, très belles vues de Kastraki sous la neige, de Kalambaka, à l’ère des carrioles tirées par des chevaux et des ânes. Cette exposition mérite, à elle seule, d’avoir grimpé jusqu’ici. Présentation de costumes folkloriques, costumes très colorés de la Thessalienne, noirs fichus et robes noires de l’Epirote. Uniformes des klephtes et des evzones en bas blancs, jupette blanche mais aussi jupettes noires ou même en drap militaire. Très belle collection d’icônes et de manuscrits anciens enluminés jusqu’à une époque tardive, 17ème siècle. Des tableaux historiques représentent les martyres des temps modernes : un pope prêchant la libération de la Grèce et dénoncé par les Juifs ( ?), pendu par les Turcs. Un moine enterré vivant par les Turcs. Cette imagerie récente reprend tous les codes des fresques traditionnelles. La facture est contemporaine.
Dans le Réfectoire, les deux longues tables sont mises : assiettes et pichets d’étain, ronds de serviette marqués. L’Higoumène préside au fond sur une table ronde. Les livres sont posés sur des chaises hautes pour la lecture pendant les repas.
Le Katholikon est de grande taille avec de magnifiques fresques colorées sur les mêmes thèmes qu’à Rossinou.

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la vallée

Kalambaka

A Paris, on nous avait raconté que tout serait fermé le Vendredi Saint. Nous avions fait des provisions pour tout le week-end. Nous trouvons à Kalambaka une grande animation.On vend « le Monde » du jour. Nous laissons une pellicule chez le photographe et achetons un feuilleté aux épinards pour moi et une pizza pour D que nous mangeons sur le balcon. Je termine par un café grec à la taverne que je déguste lentement en lisant « le Monde ». Quel plaisir ! Nikos m’emmène dans la rue pour me décrire une nouvelle promenade. Nous allons découvrir deux monastères abandonnés. Dominique fait la sieste pendant que je poursuis la lecture du journal.

Les monastères abandonnés

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Nous reprenons la rue en pente à la base de l’énorme rocher, le contournons sur une petite route. Nous avons une très belle vue sur Kastraki et ses Météores. Météore veut dire rocher suspendu. C’est le nom qu’un  moine a donné à son monastère. Par extension, on nomme ainsi les rochers et toute la région. Je ne sais comment appeler ces énormes piliers dressés. D’après la documentation, il s’agit d’un dépôt lacustre ou fluviatile ayant donc un poudingue. L’érosion aurait découpé par la suite ces formes fantastiques. Le ruissellement continue à sculpter des cannelures verticales qui recoupent la stratification à faible pendage SW souligné par des alignements de blocs plus grossiers. Cependant, je ne distingue pas de lentilles comme dans le chenal fossile d’un fleuve. Quelques piliers sont creusés de grottes (naturelles ou artefacts des moines ?)
Justement, la falaise que nous longeons est creusée. A la hauteur de la route, les cavernes sont aménagées pour les animaux domestiques, murets et paille de la litière sont bien visibles. Suspendu à plusieurs dizaines de mètres, je découvre un monastère troglodyte qui vient d’être restauré. Comment y accéder ? Un chemin de terre s’enfonce dans le bois de chênes et nous conduit au second monastère suspendu. Les cellules étaient dans les grottes. Des planches, des plateformes de bois et les échelles qui les reliaient entre elles subsistent encore, en fort mauvais état ! La grotte la plus basse est située à une dizaine de mètres du sol ! Une chapelle moderne avec son enclos et sa banquette de pierre qui en fait le tour, leur fait face. Dominique s’y installe, tandis que je cherche le chemin qui permet de s’approcher encore des monastères suspendus. Un chantier restaure Hagios Nikolaos signalé par nos guides pour ses belles fresques.

Rencontres

Je m’installe sur une dalle de grès pour dessiner les Météores. Un couple parlant le français promène un bébé dans une poussette. Ils me demandent si mon dessin est fini. Leur fille a épousé un Grec. Ils viennent la voir tous les ans pour les fêtes. Ils me parlent des tortues. Quand on entend un grand bruit dans un fourré c’est sans doute une tortue. Un corbeau passe têt et ailes noires, mais corps gris. »Il y en a des plus gros qui saisissent les tortues et les fracassent ». Cela me fait penser aux aigles percnoptères qui, justement, jettent des pierres pour casser les œufs. Quel est donc ce philosophe de l’Antiquité tué par une tortue qu’un aigle lui aurait lâché sur le crâne ? (C’est Eschyle, trouvé par Nicole).
D également parlé avec ces gens. Ils lui ont raconté une coutume locale. Le mardi suivant Pâques, les gens rassemblent les braises qui ont servi à cuire l’agneau pascal et les mettent dans la rue sur le seuil de leur maison. Une procession menée par le pope les bénira. Mais mardi, nous ne serons plus ici.

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tour panoramique

Nous recommençons au soleil couchant le tour panoramique des monastères perchés. Notre préféré est toujours Rossanou. Sans doute parce qu’il est le plus petit. Nous y  attendons le coucher de soleil.

lithurgie

Lorsque nous retournons au village, des théories endimanchées convergent vers l’église, à pied, en famille. Nous dînerons, ce soir encore, en écoutant la liturgie. Spaghetti bolognaise pas terribles pour Dominique, magnifique salade grecque et souvlaki pour moi. La cloche appelle pressante. Grande agitation sur la place. Tous sortent de l’église, un cierge allumé à la main, les enfants balancent des lampions. La processions, pope en tête, suit le catafalque de Jésus décoré de têtes d’œillets blancs et rouges piqués pour ne faire qu’une tapisserie de fleurs. Dominique cherche à faire des photos. Je suis la procession qui parcourt tout le village. Je remonte le cortège comme j’ai l’habitude de faire dans les manifs. Il est long, bien plus que celui des profs du Val de Marne processionnant du Rectorat à la Préfecture. J’évalue le cortège à plusieurs milliers de personnes alors que le village ne compte que 1200 habitants !

J’aurais voulu être témoin du moment dramatique où l’on descend la statue de sa croix et où on l’emballe dans son linceul, mais il aurait fallu rester toute la journée et la nuit dans l’église. Nous le voyons à la télévision. Impossible d’échapper aux popes ! Toutes les chaînes diffusent des retransmissions des liturgies. Et la seule fiction vers 22 heures, c’est Barrabas !

Météores – Randonnées et monastères – Christ est ressuscité

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

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Les cloches me réveillent à 6H30. Elles sonnent à toute volée. Ce n’est pas aux enfants grecs qu’on va raconter qu’elles sont parties à Rome ! Alors qu’en pays catholique, elles se taisent, ici, elles n’arrêtent pas !

Le petit déjeuner de la Taverne Gardénia s’est amélioré. A la place de la fine tranche de fromage jaune, du fromage frais et de la brioche avec un léger goût d’anis. Le village est debout à 8H. Des familles sortent de l’église avec de gros morceaux de pain (celui de la communion ?). Deux messieurs bien habillés, costume sombre et chaussures cirées, s’attablent à la table voisine. Chacun occupe deux chaises – à la grecque – et égrène son chapelet d’ambre.

Hagios Nikolaos

Le parking situé en dessous d’Hagios Nikolaos est déjà occupé par plusieurs voitures. Nous gravissons les marches dans un frais sous-bois de chênes – 3 sortes de chênes : chêne vert, rouvre et à grandes feuilles vert tendre – fleuri de muscaris géants (peut-être de l’ail ? de pervenches et de campanules bleues.

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les icones du crétois Théophane Strelitzas 

Au monastère, peu de visiteurs. Nous pouvons admirer les fresques du peintre crétois Théophane Strelitzas. Les fresques sont disposées dans tous les monastères selon un plan prédéfini : face à l’entrée du narthex, encadrant la porte de l’église, le même Jugement dernier avec le fleuve rouge qui aboutit ici à la gueule d’un dragon, les mêmes monstres marins qui engloutissent des membres humains, des têtes ou des bébés. De l’autre côté, la même porte au motif des quatre ailes d’archange, ouverte par Saint-Pierre, la file des saints qui font la queue, le même jardin d’Eden avec ses fruits et ses oiseaux. On reconnaît aussi les scènes des martyres quoique moins détaillées qu’à Rossanou. Chaque fois le peintre a ajouté une scène originale. Ici, la Genèse, avec des animaux exotiques : éléphants, lions, dromadaires ou fantastiques ? Dans l’église, les anges Gabriel et Michel, les Saints, Hélène  et Constantin, debout, de taille humaine, comme à la parade. Nous connaissons bien ces représentations conventionnelles et je peux même expliquer à un couple italien la Dormition de la Vierge (très belle).

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Nous montons au clocher au sommet du rocher : quatre petites cloches et une grosse. Je pense aux cinq notes du glas.

montée à Varlam

La montée à Varlam me tente : le chemin est bien tracé. Il quitte la chênaie, s’enfonce dans un vallon humide où poussent d’énormes platanes, certains sont creux.

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Varlam est réparti sur plusieurs niveaux. C’est une sorte de labyrinthe. Après avoir monté 195 marches, j’en redescends une dizaine pour arriver au musée installé dans la salle commune ou le réfectoire. Ici, sont présentés des objets de culte, beaux mais convenus, chasubles brodées, étoles, encensoirs et croix sculptées. Les icônes, magnifiques doivent être très précieuses, on les a protégées sous verre. On a reconstitué une cave à vin contenant une barrique de 1600 litres. Est-elle montée avec le filet ? Cela fait beaucoup de vin pour une dizaine de moines ! Le Katholikon est de grande taille et entièrement couvert de fresques. Pas un centimètre à nu ! Toujours les mêmes sujets disposés de la même manière. L’effet de surprise ne jouant plus, je m’attache à regarder le style avec plus d’attention. Les fresques des Météores sont beaucoup plus récentes que celles de Chypre ou de Mistra. Elles sont contemporaines de la Renaissance et de celles que nous avons vues en Toscane. Il faudrait donc les comparer à celles de Fra Angelico ou même à celles de Signorelli. Si les saints montant la garde debout ont tout à fait la raideur byzantine et la sévérité dans leur visage, les personnages des scènes plus compliquées sont tout à fait expressifs et en mouvement. Ils annoncent presque l’art baroque avec les visages apparaissant dans les nuages et les rocailles rococo.
A Chypre, les Romains étaient habillés en Croisés. Ici, les Romains sont en Romains ou habillés à la manière des personnages de la Renaissance. Il faudrait pour faire des comparaisons, faire des retours en arrière.

Je suis toujours ravie quand nos voyages se complètent et se répondent, ouvrant de nouvelles comparaisons, battant en brèche les idées préconçues, toutes faites. Le monde méditerranéen était un monde d’échanges multiples. Les Vénitiens et les Génois avaient des comptoirs de Constantinople à la Crète. Le Gréco avait quitté la Crète. Aucun doute que les peintres italiens n’aient influencé les peintures grecques.

Touristes et pélerins

Les touristes et les pèlerins sont différents des visiteurs des sites archéologiques. Une bande de jeunes filles en jeans prétend passer sans revêtir les jupes-portefeuilles. Le Grec qui vend les tickets s’adresse à elles en anglais. Visiblement elles ne comprennent ni le grec, ni l’anglais. Brusquement, il dit « foutza », cela doit vouloir dire jupe en roumain. Elles se prêtent de bonne grâce au déguisement. Je regarde l’immatriculation des cars et des voitures. Les Italiens et les Français sont en minorité, dépassés par les Roumains, Bulgares, Hongrois, Slovènes, Polonais. C’est la première fois que je me rends compte que nous sommes en Europe Orientale. A Athènes, on achète dans les Agences de Voyages des billets pour Kiev ou Kichenev. Kichenev, quelle idée? qui voudrait y aller ? Dans le monastère et aux alentours, les gens parlent des langues que je ne peux pas identifier. De très gros 4X4  sont immatriculés en Roumanie. Il existe donc des Roumains riches ! Cette évidence paraît une incongruité. J’aimerais calculer sur une carte les distances entre Kalambaka, Sofia, Bucarest, ou Budapest. Pour les pays orthodoxes, le long week-end de quatre jours permet tout à fait le déplacement.

Pique-nique

D rapporte de Kalambaka du tyropita, des galettes végétariennes avec de la salade. C’est très facile de composer un pique-nique de fête pour des prix inférieurs à ceux pratiqués en France (5€) mais la Grèce n’est plus le pays de cocagne où on pouvait se goberger dans les tavernes sans compter. Le prix moyen des plats est autour de 5€ et le demi litre de retsina 2€.

Nous nous installons sur les rochers dominant Hagios Nikolaos. De notre perchoir nous voyons quatre monastères. L’endroit est trop fréquenté pour envisager une sieste. Electre, chevelure  très noire, coiffée en pétard, arpente à grands pas le rocher, le téléphone mobile vissé à l’oreille, un caméscope à la main…Trois jeunes s’interpellent dans un très mauvais américain. Stéphanie est moulée dans une sorte de survêtement en satin blanc et bleu, son nom collé sur le cul. Son compagnon la prend en photo – caricature de séance de pose de photos de mode. Au début je supposais qu’il s’agissait d’un Grec draguant une Américaine. L’américain de la fille est aussi abâtardi d’accent ignoble. D’où viennent-ils? Des Russes ?

A pied vers Hagia Trada

Les Français rencontrés hier nous ont parlé d’un circuit à pied partant de l’hôtel Divani, à la sortie de Kalambaka, allant autour de Hagia Triada et Hagia Stephanos.A la réception de l’hôtel Divani, ils ne connaissent pas cette promenade.Un  chemin monte. Dominique gare la voiture le plus haut possible dans  un quartier très paisible et fleuri aux maisons blanches. Les barbecues pour demain sont sortis et chargés de bois.

Le chemin est empierré de gros galets variés provenant du poudingue constituant les Météores. Il passe dans une garrigue de chênes verts, cistes fleuris. Je n’ai pas peur de me perdre sur ce chemin cimenté. Dominique retourne à la voiture, nous nous retrouverons au monastère de Hagia Triada (la sainte Trinité). Presque arrivée, j’ai la surprise de voir une sorte de téléphérique primitif courir sur un câble, benne rudimentaire réservée aux moines. Les visiteurs doivent se contenter de l’escalier.

Café frappé et ouzo à Kalambaka

Kalambaka, décriée par le Petit Futé, ignorée des autres guides, est un centre touristique très actif et gai. Elle est accueillante avec ses belles terrasses de café sur les places ornées de fontaines. Le café frappé et l’ouzo sont servis avec une coupelle de fruits secs, amandes et noix de cajou. Paresser à la terrasse d’un café est un plaisir méditerranéen qui était réservé aux hommes jusqu’à une époque encore récente  S’imposer aux regards masculins réprobateurs était une épreuve désagréable. Maintenant ce droit semble acquis en Grèce, tout au moins pour les touristes. Avoir 54 ans et des cheveux blancs confère aussi le privilège du calme.

coucher de soleil 

Le meilleur endroit pour voir le soleil se coucher est sans doute le rocher au-dessus de Roussanou. Mais nous n’y sommes pas seules. Tout un rassemblement de Grecs, Roumains et un camping car allemand sont installés avant nous, même des Chinois, l’appareil photo prêt pour le coucher du soleil. Mais ce dernier se cache derrière un banc de nuages qui diffuse des rayons divergents comme sur les chromos anciens. L’éclairage passe du jaune à l’orange. Les nuages gris se frangent d’or.

Christ est ressuscité !
De retour sur notre balcon, nous sommes étonnées par le silence. Nous nous étions habituées à une activité débordante de l’autre côté du mur, aux chants graves des hommes, aux tintements variés des cloches. L’église est fermée en ce Samedi Saint. Ce soir l’église est morte comme le Christ.
En revanche, dans notre courette, toutes les générations sont réunies avant la fête, des grands parents impotents aux tout petits sur la balançoire. Nikos et Dimitri sont très affairés auprès des clients, d’autant plus qu’à l’hôtel, sont arrivées des clientes râleuses qui se plaignent abondamment. Le ton monte. J’ai commandé deux moussakas. Nikos a oublié la nappe et les parts sont petites.
Nous attendons avec impatience les festivités de minuit. En prévision, nous nous couchons tout habillées. Difficile de dormir, la cour est éclairée et les enfants bruyants, excités par la fête. Les motos vrombissent. A 11H, les cloches, à toute volée appellent à la messe. Chacun se presse à l’église, cierge ou bougie enrubannée à la main. A minuit, cloches et feu d’artifice. Je me précipite sur la place – bondée. Chacun porte sa bougie allumée. Le pope et le chantre sont en dehors de l’église, entourés par les enfants de chœur. Tous se congratulent : « Christ est ressuscité ! » Impossible de faire deux pas sans se brûler à la flamme de ses voisins. Les mobiles entrent en action «Christ est ressuscité ! ». Debout, immobile, je me sens mal habillée au milieu de cette foule en tenue de fête. Femmes et jeunes filles sont allées chez le coiffeur, brushing et laque ont alourdi les épaisses chevelures. Les femmes sont juchées sur des talons aiguilles, elles portent des étoles. Même les petits garçons sont en costume et cravate. Les petites filles avec des volants.
Au bout d’un quart d’heure, je rentre me coucher et me laisse bercer par les chants de l’église qui continuent bien après que la foule de la place ne se s’est dispersée.

Pâques à la campagne autour de l’agneau pascal

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

 

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9 heures, le village est  encore endormi ;  à l’église, ce matin, seulement les voix des femmes. La dame de la taverne arrose sa terrasse plus tard que d’habitude. Les gros nuages menaçants d’hier soir ont disparu. Il fait déjà chaud.
La dame nous a fait cadeau de deux œufs rouges décorés avec un motif blanc au pochoir: une feuille d’arbre, ainsi que de 2 sablés qu’elle a préparés elle-même.

Virée dans la campagne

Nous en avons assez des bondieuseries et des visites de monastère !

But de la journée : la campagne environnante.

But inavoué : se faire inviter dans un village à partager l’agneau pascal rôti.

Réserve naturelle

Au dessus des Météores, la montagne a été classée Réserve Natura 2000. De là, la vue est magnifique : à l’est la plaine de Thessalie, Trikala toute blanche, au sud les monastères et les rochers, au-delà les sommets enneigés. Des panneaux avec des cartes de randonnées sont installés au col mais tout est en grec, sans échelle,  pas trop lisible.
Un affût en bois a été construit sans doute pour l’observation des rapaces, aigles et percnoptères. Malheureusement, il est fermé. Nous nous consolons vite en herborisant : les anémones sauvages sont merveilleuses, roses, mauves et rouges. Il y a également de toutes petites fleurs  jaunes  avec des taches noires sur le cœur « Gaille midi », trois belles orchidées roses. Je suis comblée.

Les troupeaux et les chiens

La promenade commencée sur un chemin de crête, tourne court : un chien blanc nous dissuade énergiquement de poursuivre plus avant. Au tournant suivant de la petite route, la vue est encore plus belle. Je commence un dessin. Au-dessus de nous, les vaches paissent, surveillées par six chiens bien trop occupés par leur travail de berger pour venir vers nous. Dominique reste prudemment près de la voiture, en cas d’attaque. Elle lance du pain à une jolie chienne brungé très efflanquée et craintive. Les cloches du village se mêlent à celles des vaches qui remontent. Je viens à peine de terminer mon dessin qu’un autre troupeau surgit, accompagné de cinq ou six molosses.

Eskopi, le jour de Pâques

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L’agneau à la broche dans chaque cour

Les étables sont de basses cabanes bricolées de bric et de broc, recouvertes de tôle ondulée. Le village de Vlachava s’étage sur la  colline, la route ne le traverse pas. Eskopi correspond exactement au stéréotype de « village-grec-le-jour-de-Pâques » : maisons basses blanches, tonnelles de vigne et buissons de lilas en bouquets violets. Dans les cours, tournent des agneaux embrochés. Je demande la permission de photographier un vieux monsieur. En face, une vieille dame en noir surveille la cuisson de ses deux agneaux. Des hauts-parleurs diffusent de la musique grecque. Nous traverserons plus tard d’autres villages, mais aucun ne nous paraîtra aussi festif.

Au bord du ruisseau

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Quand les chênes sont remplacés par les platanes, un ruisseau coule toput près. La pause-apéro est très réussie, dans le creux du ruisseau coulant sur du grès gris. Les têtards s’agglutinent sur les bords sableux du lit peu profond, là où il n’y a pas de courant. Deux sortes de vasques sont creusées dans les  rochers ; celle du bas est profonde et très peuplée : grenouilles énormes qui coassent, notonectes, nèpes que j’observe avec curiosité ;  la vasque  du haut ressemble à une coquille d’où s’échappe une petite cascade sous un jeune platane aux feuilles encore duveteuses. D me fait la surprise de servir les pistaches et noix de cajou de Kalambaka qui accompagnent le jus de cerise. Je ne résiste pas à la tentation de tremper mes pieds dans l’eau fraîche, attention cela glisse !

Nous poursuivons la virée au hasard. Traversons des villages, certains décevants : pas d’agneau à la broche. Dans d’autres, les gens sont attablés dehors sur de longues tables.

Nous cherchons notre coin pique-nique avec beaucoup de soin et poursuivons un chemin de terre qui traverse une chênaie coiffant une montagne. A un tournant : deux belles tortues, la toute petite que Dominique avait trouvée hier était plus craquante, mais celles-ci me plaisent bien. Notre emplacement est ombragé : une belle pelouse sous des amandiers avec vue sur la plaine et les crêtes au loin.

Un panneau signale une église, toute petite, basse, endommagée par le tremblement de terre de 1995. On a reconstruit un porche moderne ouvert. Les fresques du narthex (fleuve rouge qui descend vers l’enfer à droite, porte du paradis à gauche),  tout est visible de l’extérieur. Les fresques sont récentes, 18ème, un peu décolorées, oranges et bleues, mais soignées pour une église aussi perdue.

perdues en forêt

Comment retrouver la route ? Revenir en arrière par le mauvais chemin ou chercher la sortie vers une autre route ? J’ai entrevu des maisons plus loin. J’en conclus que le village suivant ne doit pas être bien loin. C’est une grave erreur : les maisons sont en ruine, abandonnées. Le chemin se creuse d’ornières de plus en plus profondes. Nous arrivons à une étable vide. Les animaux ont effacé la piste avec leurs sabots. Un pauvre renard mort gît, c’est le troisième que nous voyons. Il faut rebrousser chemin. Je me repens amèrement d’avoir conseillé cette direction. Dominique a l’air de bien s’amuser dans son rôle de pilote de rallye. Elle me propose de marcher. Elle m’attendra plus loin pour faire refroidir le moteur. Cette forêt est peuplée, les buissons bruissent de toutes sortes de passages d’animaux : tortues, lézards, oiseaux, geais, pies et corbeaux. Dominique déniche un petit caméléon. Finalement elle parvient au bout de la piste, mais voici que nous avons raté la petite route d’Eskopi. Nous rentrons par la route de la plaine, large et droite qui rejoint Kalambaka. La mauvaise humeur et la fatigue gagnent.

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Nous terminons la  balade où nous l’avions commencée, sur le petit col au-dessous de Vachlava, au-dessus des troupeaux de vaches, sur une pelouse rase, sous les amandiers, fleurie de magnifiques asphodèles. Je ne résiste pas au plaisir de dessiner les asphodèles. J’envoie mon SMS « entre amandiers et asphodèles… ! » Nous attendons le coucher du soleil pour rentrer à Kastraki.

La fête au village

C’est la fête sur la place : les femmes chantent. Les hommes dansent en ligne, costume sombre, chemise blanche et cravate. Malheureusement, c’est la fin, nous avons raté les danses. Notre courette est remplie de très vieilles, toutes de noir vêtues. La femme de Nikos leur apporte un gâteau qu’elle vient de sortir du four. Elle nous offre deux parts brûlantes dans une assiette d’un feuilleté à l’omelette sucrée chaude. Ce n’est pas franchement l’heure des sucreries, mais l’attention nous touche beaucoup. Elle nous a déjà fait des cadeaux ce matin. De plus c’est délicieux. Je me contenterai d’une salade grecque pour dîner.
A la télévision, très belle émission musicale, il me semble reconnaître Theodorakis.

Thessalie et arrivée au Pélion: Milina

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

 


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Traversée de la Thessalie..

La route est facile par Kalambaka, Trikala, Larissa et Volos, deux heures en grande partie sur des 4 voies entre des champs de maïs irrigués dans la plaine jusqu’à Larissa, puis du blé sur les contreforts des collines. Dès qu’un espace  n’est pas cultivé, les coquelicots s’épanouissent en un tapis rouge violent.

Volos et le Pélion
Volos :  tout est fermé le lundi de Pâques. La route du Pélion longe d’abord la côte assez urbanisée, petites maisons blanches, tavernes tout le long des plages de galets. Nous faisons un arrêt devant la plus jolie taverne qui soit, sur une plage abritée par une belle oliveraie, maison à étage, tables bleues, chaises de bois, dentelles aux fenêtres encadrées de  volets bleus,  grecs. Je me trempe les pieds dans la mer, c’est frais. La route quitte ensuite le bord de l’eau. Le paysage devient sauvage, un peu comme en Corse . A Milina, le relief s’adoucit.

Arrivée à Milina

Milina est une petite station balnéaire étirée le long de la mer. Les cafés ont installé leurs terrasses au bord de l’eau. Il règne une charmante animation, ce lundi de Pâques. Les boutiques sont ouvertes, cafés et restaurants sont pleins Sur le parvis de l’église, le pope est sorti, entouré d’une foule endimanchée.

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Notre gîte : studio Panorama

Les Studios Panorama sont à la sortie du village, on ne peut pas manquer le grand écriteau qui surmonte le portail. Nous garons la voiture à l’ombre des  eucalyptus sur le bord de l’eau et levons les yeux pour découvrir les maisons blanches, perchées très haut sur la pente. Des escaliers très raides grimpent tout droit dans le verger. Nous sommes atterrées : non seulement, il faut monter les bagages, mais ensuite D se sentira prisonnière là-haut. Découragées, nous déchargeons valises et sacs. Mentalement, je maudis Internet.
Un homme aux cheveux blancs et sa femme nous attendent de l’autre côté de la route. Ils ne parlent que le grec. Le vieux sort son téléphone pour appeler Sakis. Puis il me tient un  discours d’où ressort le mot « lift », empoigne nos valises et nous conduit à une  plateforme : le « lift ». Plutôt qu’un ascenseur, c’est un funiculaire dont les roues de fer glissent sur deux rails tandis qu’un câble métallique s’enroule autour d’un bidon. Des herbes poussent sur le ciment. Une belle giroflée rose violacée se trouve juste sous la plateforme d’arrivée peinte en gris clair. Elle est équipée d’une rambarde à l’avant et à l’arrière mais sur le côté c’est le vide. Nous sommes loin des « normes de sécurité européennes ». Pour l’actionner, le bouton du bas « kato » pour descendre, celui du haut « pano » pour monter, c’est facile à retenir. Le départ est brusque, il faut s’accrocher à la rambarde. Ensuite l’ascenseur s’élève entre les terrasses de citronniers en fleurs et en fruits, d’orangers et d’oliviers qui embaument. Je compte huit terrasses – huit étages – et arrive sur une terrasse dallée, fleurie de magnifiques rosiers, entre deux maisons blanc.

Il nous faut encore gravir une vingtaine de marches de marbre blanc pour entrer au studio. Et nous voici chez nous !

Notre appartement est composé d’une très vaste salle à vivre avec un coin cuisine, une table et deux chaises, un canapé. La chambre est toute blanche avec un grand lit au couvre-lit blanc, une armoire blanche. Seule la tête de lit, les tables de chevet et la porte en bois sombre ressortent. Même les lampes sont blanches. Lorsqu’on ouvre la fenêtre pour aller sur le balcon on est stupéfait. La vue est encore plus spectaculaire que sur la photo d’Internet. On plonge dans la mer. La baie est splendide avec son petit port de pêche à nos pieds où sont amarrés seulement trois bateaux, la petite île toute proche (700 mètres), la côte verte et, au loin, les crêtes de Thessalie.
Sakis nous montre la piscine sur la terrasse supérieure (10ème étage), carrelée de bleu, profonde de 3m. Dès que nous sommes installées, je descends au village faire les courses. Je rencontre Olga assise à une terrasse de café. Tous les magasins sont ouverts jusqu’à 9 heures du soir sans même une interruption pour la sieste.

Première baignade

Après le déjeuner sur le balcon, nous montons à la piscine. J’hésite longtemps avant de me jeter à l’eau. Comme toujours, ce sont les premiers allers-retours qui coupent le souffle. Avec le mouvement, le corps se réchauffe et s’habitue à l’eau froide,je compte les longueurs,trente en tout. Les immenses parasols se déploient à l’aide d’un cordon et d’une poulie, mais il y a un « provlima » d’après Athanassios, le père de Sakis qui s’installe près de nous, sous l’olivier.

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Nous partons explorer la côte en direction du sud. A un kilomètre ou deux de la maison, un petit restaurant et une marina ; plus loin, dans un petit chantier naval on répare et entretient de très beaux voiliers.  Quand la côte est basse, la plage se réduit à quelques cm de graviers. Puis la route grimpe dans une garrigue et dans des oliveraies. Quand la côte est plus rocheuse, nous découvrons des criques inaccessibles. Le spectacle est à couper le souffle. Parfois, une maison est tapie dans la végétation ou blottie dans sa petite anse. Sous une oliveraie très bien entretenue, un port miniature : une belle maison blanche à étage avec un escalier extérieur flanquée d’une aile et d’une cour carrée sur un petit quai arrondi. Parfois une bergerie de tôle est bien cachée dans la végétation. Nous aimerions faire un arrêt, prendre des photos. Rien n’est prévu pour stationner. La route est si large que deux semi-remorques pourraient se croiser, il n’y a guère de circulation. Je propose de laisser la voiture tout simplement sur le bord de la route. Finalement, je dessine la belle maison, assise sur l’asphalte, les jambes pendantes. En une heure, il ne passera que deux ou trois voitures.

Nous avons rendez-vous avec Sakis pour le coucher du soleil à 19H45. Le soleil encore haut, orange, éclaire d’une lumière chaude les rochers et la digue. Les crêtes deviennent de plus en plus nettes, roses puis violines. Un banc de nuages l’engloutit. Il en ressort une boule rouge, zébrée de fines bandes noires qui va se cacher derrière les montagnes.
La nuit est tombée, au village, toutes les boutiques sont ouvertes. L’animation du midi fait place à une calme soirée. Les Athéniens venus pour le week-end pascal préparent leurs valises ou sont déjà sur les routes.