Bakhita – Véronique Olmi

SOUDAN/ITALIE

Bakhita, est née dans le Darfour en 1869 et a été enlevée  à 7 ans au cours d’une razzia, elle a marché des centaines de kilomètres à pied dans la savane, la forêt souvent enchaînée. Sa survie, elle la doit à Binah une autre fillette-esclave « je ne lâche pas ta main » ensemble, elle se soutiennent, elles vont même s’évader, ensemble elle seront reprises, vendues. 

Bakhita verra d’autres fillettes-esclaves mourir sous ses yeux, elle ne pourra pas sauver le bébé que sa mère ne peut pas nourrir ni faire taire, ni Yebit sous les mains de la tatoueuse. Elle est vendue à plusieurs reprises, domestique ou même jouet pour les petites filles, abusée par leur frère…

Fillette-esclave, j’avais commencé cette histoire à la suite de la lecture de Paradise d‘Abdulrazzak Gurnah l’histoire d’un garçonnet vendu pour dette en Tanzanie. Cette première partie du livre De l’esclavage à la liberté est éprouvante. Aucun répit pour la petite fille qui subit ses épreuves avec courage mais passivité. Survivre est déjà un exploit.

 

Je ne savais pas que Bakhita n’était pas un roman mais une histoire vraie. Je ne savais pas non plus qu’elle est devenue une sainte canonisée en l’an 2000 après être devenue religieuse à Venise en 1890 puis à Schio. 

Sauvée par un consul italien qui l’a achetée à 14 ans pour la libérer, elle le suit en 1885 après la révolution mahdiste. Il la donne comme domestique à un couple d’amis ; elle devient la nourrice de leur petite fille.

La deuxième partie du livre De la liberté à la sainteté m’a d’abord moins intéressée. J’ai eu du mal avec cette vie édifiante au couvent, trop exemplaire pour que j’accroche. Un aspect m’a beaucoup intéressée : l’exploitation de la popularité de la Moretta dont la couleur de peau effraie, repousse les italiens mais que la personnalité  fascine,  dans l’entreprise coloniale italienne en Afrique. 

« Bakhita est acceptée au noviciat. Elle n’est ni une conquête ni un trophée mais une confirmation : l’Italie catholique sauve les esclave »

puis quand le livre de sa vie est publié

« Quand elle se confiait à Ida Zanoli, elle ignorait que cela ferait un livre et que ce livre on lui demanderait de l’offrir à un chef de guerre »

 

« C’est l’Afrique qui fait rêver le Duce et le peuple à genoux, l’Afrique des barbares et des mendiants pouilleux dont la conquête rendra aux italiens leur honneur et leur puissance. L’Afrique dont on fait des cartes postales, des  des  romans […]alors pourquoi pas un feuilleton de l’histoire terrible de Madre Giuseppina anciennement Bakhita »

Toute l’histoire de l’Italie dans la première moitié du XXème siècle s’inscrit en filigrane. Bakhita est illettrée mais fine, elle perçoit les horreurs en Afrique, les bombardements en Lybie, puis plus tard l’usage des gaz en Ethiopie. Finalement, le racisme et l’antisémitisme chasse sa meilleure élève qui est juive.

Un film a aussi été consacré à Bakhita

 

L’inconnu du Grand Canal – Donna Leon

LIRE POUR VENISE

DL

Je suis une fan de Guido Brunetti, j’ai vu ses enfants grandir, j’ai partagé les repas gastronomiques préparés par Paola….la signorina Elettra, Vianello, Foa les équipiers du commissaire sont de vieilles connaissances. J’ai lu au moins 7 épisodes de la série.

Les enquêtes m’ont conduite dans les ruelles, les calli, les canaux et les places de Venise que notre enquêteur parcourt le plus souvent à pied au pas de la promenade. Les sujets abordés ont été variés , patriciens quand l’enquête touchait la famille de Paola, artistiques ou plus triviaux. Et chaque fois, j’étais enchantée de découvrir le Venise des vénitiens et pas celui des touristes. Enquêtes tranquilles pour prendre le temps de flâner.

Mais cette fois-ci, ce n’est plus de la promenade, l’enquête fait du sur-place, pendant les 100 premières page on tourne en rond, et même pas dans les canaux vénitiens, Guido traîne à la questure devant son nouvel ordinateur et quand il quitte enfin son bureau c’est pour aller à Mestre. Embouteillages et visite d’un abattoir – pas glamour du tout.

L’intrigue s’anime un peu dans la deuxième moitié du livre, je m’ennuie un peu moins mais la solution est téléphonée et je me doute bien à l’avance de ce que le commissaire va mettre au jour. Corruptions à tous les étages.

Beau final, original. Ne pas le louper en abandonnant trop tôt.

LE PREMIER GHETTO – l’exemplarité vénitienne – alice becker-ho – ed Riveneuve

LIRE POUR VENISE

 

Merci à Babélio et aux éditions Riveneuve pour cette découverte dans le cadre de la MASSE CRITIQUE! 

Un petit livre de moins de 150 pages que je croyais lire en une soirée et qui m’a demandé 3 jours! Si je pensais faire une promenade guidée dans le Ghetto de Venise, j’aurais pu être déçue. Ce n’est pas du tourisme c’est de l’Histoire (avec un Grand H), de l’Histoire avec références bibliographiques sérieuse, notes et surtout des concepts très précis. Dans l‘avant-propos, l’auteure questionne: 

« quel sens a eu le mot ghetto, d’où est-il venu, dans quel contexte et pour quelles raisons? »

« que signifient étranger, citoyen? Qu’est-ce qui les distingue? Quel rôle ont joué ici la religion? le commerce? l’Etat? les guerres?… »

Elle tâchera de répondre à ces interrogations en établissant Les fondements de la cité en revenant aux cités antiques, à la Grèce et Rome, à la présence d’une acropole, d’une enceinte, à la définition du citoyen et de l’étranger. La ville cosmopolite Alexandrie, Constantinople, peuvent aussi donner des réponses analogues. Venise, la commerçante est héritière de l’hellénisme, de l’Empire byzantin. Avec ses possession maritimes, ses comptoirs, ses Echelles d’Orient, Venise va suivre les modèles de ses  villes commerçantes anciennes. Dans ces trois premiers chapitres, l’auteure pose les bases de sa recherche. Je suis mais m’impatiente un peu. 

Enfin; page 35, elle aborde La communauté juive : d’un exil à l’autre prenant son temps puisque le premier exil est celui de Babylone. Elle raconte les tribulations des Juifs autour de la Méditerranée, en Allemagne, en Espagne…C’est instructif, et je complète mes connaissances.

Venise cité-état va faire l’état des lieux de la fondation de la ville en 421 par les populations romanisées fuyant les Huns, en passant par l »Empire byzantin, les Croisades et l’établissement des comptoirs maritimes, les Echelles, de cet « état au service ds marchands. » enfin l’apparition de la Peste  en 1513 pour arriver à la décision  en 1516 d’isoler les Juifs et de les regrouper dans le Ghetto. Nous voici p 93 arrivés au fait : la fondation du premier ghetto.

Le chapitre : Le ghetto juif ne compte que 17 pages.  sur une période allant de 1516 à 1655. Nous voyons l’installation des Juifs levantins, allemands, et ds marranes, l’établissement d’un nouveau ghetto Ghetto nuovo , puis d’un troisième nuovissimo. La vie quotidienne se dessine. Mais il me manque des références précise, plan des rues, architecture plus précise. 

Le dernier chapitre A la recherche du Ghetto perdu est la partie la plus originale, la plus personnelle de l’ouvrage. Rassurez-vous, ce n’est pas une ville qui a perdu son ghetto, c’est le mot « ghetto » qu’elle interroge, cherchant l’origine, l’étymologie de ce mot qui a connu un succès planétaire si bien que maintenant plus personne ne pense à Venise, et peut être même plus aux Juifs pour désigner un quartier où une population serait assignée à résidence, enfermée. Elle interroge les mots, lance le lecteur sur des pistes inattendues comme celle du funduk arabe ou de la fonte des caractères d’imprimerie. Elle remet en question les idées préconçues comme le caractère péjoratif qu’on attribuerait au ghetto. Le lecteur se laisse entraîner dans cette enquête sémantique originale. 

Si je reste sur ma faim en ce qui concerne le quartier de Venise où j’aime me balader je note dans l’abondante bibliographie des ouvrages que je vais m’empresser d’acquérir  surtout celui de Riccardo Calimani. J’aime bien le jeu de billard livresque, un livre renvoie à un autre qui renverra à un troisième….

Eblouissante Venise au Grand Palais

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 21 janvier 2019

Venise, les arts et l’Europe au XVIII ème siècle

Cette promenade dans la Venise du XVIII ème siècle est toujours un émerveillement, même si les thèmes sont connus et si j’ai en mémoire une récente  exposition à Jacquemart-André(2013) des vedute avec de nombreux tableaux de Canaletto et Guardi. 

Pietro Longhi : l’audience du Doge
l’audience du doge

L’exposition du Grand Palais est plus diverse. Le très grand portrait du procurateur Daniele Dolfin  en habit rouge, de Giambattista Tiepolo nous accueille dès l’entrée. La taille de la Vue du Palais Ducale  de Canaletto me surprend, j’avais été habituée aux plus petits formats. Plusieurs vues de Venise témoignent de son active importance diplomatique avec la visite des ambassadeurs : Luca Carlevaris (1721); ou les fêtes présidées par le doge Pietro Longhi L’audience du Doge, ou Guardi Le Doge à bord du Bucentaure (1775-1777).

Luca Carlevaris ; Entrée du comte de Gergy 1721

Ces vedutistes ont peint la vie mondaine de Venise tandis que certains ont peint  aussi des aspects moins brillants comme les mendiants Canaletto  Rio dei mendicanti ou l’atelier des tailleurs de pierre.

Une salle est consacrée à la musique Vivaldi (1678-1741) et Porpora (1686 -1768), Farinelli en sont les figures les plus connues. Les luthiers étaient aussi très réputés à Venise et de beaux instruments sont présentés.

Pietro Longhi : Il Concertino

La musique est aussi peinte : répétitions d’un opéra, Il  Concertino de Pietro Longhi, bals et commedia dell Arte, bals masqués…..

Guardi : Le Ridotto du Palazzo

Les arts décoratifs sont raffinés, tendance rococo, chinoiseries, stucs, dorures et meubles peints . Un reliquaire a attiré mon attention : j’imaginais plutôt miroir d’une élégante que destiné à quelque ossement sacré!

Reliquaire
Reliquaire

Bien sûr les tableaux d’inspiration religieuse sont aussi présents : Guardi a peint Le Christ et les pèlerins d’Emmaüs  tout à fait surprenant. C’est un très grand tableau où des apparitions, femmes alanguies (en extase?) têtes émergeant des nuées, contrastent avec le réalisme du la partie inférieure beaucoup plus classique.

Je fais connaissance avec un artiste que je ne connaissais pas Giovanni Battista Piazzetta (1682 -1754) avec Judith et Holopherne de caractère et des dessins intéressants.

Piazzetta : Judith et Holopherne

A l’étage l’exposition se poursuit avec La Diaspora des Vénitiens en Europe qui montre que toute l’Europe, la France, l’Angleterre et l’Allemagne ont fait appel aux peintres vénitiens pour décorer châteaux et belles demeures . je découvre qu’il y avait deux Tiepolo : Giambattista et Giandomenico (son fils). J’ai beaucoup aimé les scènes de rues de Giandomenico Scène de Carnaval et L’arracheur de dents.

 

Giandomenico Tiepolo : scène de Carnaval

 

 

L’arracheur de dents

Décidément Venise a bien du charme à la veille de sa chute quand Bonaparte met fin à la Sérénissime République séculaire.

Giambattista Tiepolo

Du Sang sur Venise : Maud Tabachnik

IL VIAGGIO

le sang de Venise

Le train est arrivé un peu en retard à l‘étape vénitienne du voyage organisé par Eimelle. Il faut prendre le train de nuit pour arriver le matin dans la lagune glisser sur l’eau et sortir de la gare en face du Grand Canal. Cela a beaucoup plus d’allure que d’atterrir banalement à l’aéroport….

Suivant le conseil de Claudialucia, je me suis promenée dans le Ghetto en 1575, à la veille d’une peste meurtrière. L’histoire commence à la veille de Pâques : un enfant est repêché, mort,  dans un canal proche du Ghetto. Inutile de chercher l’assassin, les coupables désignés sont les Juifs et le motif : le meurtre rituel. Des notables sont pris en otages. Un moine franciscain attise le ressentiment contre la Communauté juive….

Rachel da Modena, fille du banquier Asher, intelligente, belle, éprise de culture qui a pour amie Sofia Gritti va mener l’enquête qui innocentera les Juifs.

L’enquête se traîne dans la première moitié du livre – forcément puisque personne ne cherche le coupable – elle est rapidement résolue ensuite. Ce n’est donc pas un thriller qui va vous faire tourner les pages.

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L’intérêt est ailleurs : dans la promenade dans Venise du 16ème siècle au temps du Titien.

Je me suis surtout intéressée à l’analyse géopolitique : Venise commerce avec La Sublime Porte. Les Juifs établis à Smyrne, Constantinople ou Salonique sont des intermédiaires obligés. Après la Bataille de Lépante Venise est en rapport de faiblesse avec les nouvelles puissances L’Espagne et l’Autriche qui menacent sa suprématie. Le Pape exige des gages de Venise, le sacrifice du Ghetto en est un, bien que le Saint Père ne croit pas aux meurtres rituels….Entre deux pages je devine la figure du Duc de Naxos, narrateur de La Senora de Catherine Clément.

Deux veuves pour un testament – Donna Leon

MOIS ITALIEN 

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Entre deux lectures sérieuses, après un roman difficile, un polar vénitien pour chanter?

Le mois italien m’a encouragé à sortir de la PAL un énième Donna Leon. Les promenades à pied ou en vaporetto avec Guido Brunetti sont toujours un plaisir, la cuisine parfumée de Paola aussi.

Une dame est trouvée morte par la voisine. Autopsie. Elle était visiteuse dans une maison de retraite. Brunetti y passe des heures ; ce n’est pas le décor le plus glamour, ni le rythme le plus haletant. L’intrigue, piano piano, ronronne. La dame était certainement une personne vertueuse, elle hébergeait  des femmes battues. Peut être l’une d’elles…. Peu d’action. Je poursuis ma lecture dans la même torpeur qui me cloue devant Louis La Brocante à la télé. Personnages sympathiques, j’ai envie de connaître la suite, d’ailleurs, il y a des tableaux  disparus….

Dans le dernier quart du récit, cela se précise. Visite chez un galeriste.  Venise, ville d’art, jolie description d’un tableau de Sainte Catherine. Les petits vieux de la maison de retraite prennent de la consistance. Il fallait juste être patiente!

Une balade agréable dans Venise mais pas un cru exceptionnel!

logo eimelle, le mois italien

 

Histoire d’Irène – Erri de Luca

LE MOIS ITALIEN 

histoire d'Irène

J’ai découvert Erri de Luca avec Montedidio que j’ai tant aimé que nous avons pris l’avion pour Naples aux vacances suivantes. Le jour d’avant le bonheur était de la même veine. Ses livres napolitains sont mes préférés avec Acide Arc en ciel trois nouvelles, trois visites dans les environs de Naples. Dans un autre thème Noyau d’olive m’a aussi beaucoup plu. En revanche, Et il dit… ascension du Sinaï et lecture de la Bible m’a un peu déçue. 

L’histoire d’Irène  est un recueil de trois nouvelles. La première, la plus longue, l’Histoire d’Irène se déroule dans une île grecque. Irène, mi sauvageonne, mi sirène, sourde-muette, mais bavarde, rejetée par les villageois est adoptée par les dauphins. Je ne sais pas pourquoi la fascination qu’exercent les mammifères marins sur nombreux humains, ne me concerne pas. Je les sais intelligents, joueurs, capable de sauver des naufragés….j’aime nager dans la Méditerranée orientale, mais je suis restée sur ma faim.

En revanche, les deux autres nouvelles m’ont beaucoup touchée.

 Le ciel dans une étable se déroule en 1943, à Naples et ses environs. « Naples était sous une grêle de bombardements aériens, les Alliés avaient débarqué à Salerne, le golf était miné et les Allemands raflaient les hommes entre dix-huit et trente-trois ans ».

« Cinq jeunes gens se cachèrent dans la ferme d’un paysan »  avec cinq vaches 

« Cela arrive en des temps et des endroits où l’on est obligé de vivre de façon inhumaine : alors les animaux renouent un lien avec la vie »

Se joint à eux un Juif, persécuté depuis les lois raciales. Incapable de prier, il laissait le vent tourner les feuilles du livre de prière … »le vent se chargeait de prier... »

mais il faut lire la nouvelle!

Une chose très stupide raconte une journée d’hiver, à Naples chez les habitants des bassi ces taudis minuscules au niveau du trottoir : « pour lui le passage de février est un boyau dans lequel il faut ramper ». 

Un peu de tiédeur,  un peu de soleil, une amande qui tombe, suffisent pour infléchir le cors de la journée.

logo eimelle, le mois italien

Le Gouverneur de Morée – Bruno Racine

LIRE POUR LA GRECE ET POUR VENISE

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le fort palamède

1711-1715 la république de Venise nomme Sagredo, gouverneur de Morée. Il s’installe à Nauplie et se consacre à la construction d’un fort imprenable. L’architecte Lassalle est chargé des travaux.

Sagredo tient son journal pendant ces années.

Occasion de retourner à Nauplie, de chevaucher jusqu’à Corinthe, dans un Péloponnèse – en apparence – pacifié.

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Occasion surtout de rêver à Venise, ses vénérables palazzi, ses bals maqués, les bouches de lions pour les lettres de dénonciation, de se pencher sur la politique subtile et parfois retorse de la Serenissime.

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Le gouverneur se livre, sans se découvrir, se méfie autant des Vénitiens que des Grecs ou des Turcs. Prudence diplomatique, défiance, les échanges avec la population locale sont réduits à l’achat de marbre auprès d’un entrepreneur complaisant, ou service d’un ancien pirate gracié devenu le domestique du gouverneur.

Sagrédo nommera son fort Palamède et nous livre une évocation de ce héros mythologique. Réussira-t-il à édifier la chapelle, touche personnelle qui signera son oeuvre ajoutée aux fortifications de Lassalle?

Confidences en finesse.

Un livre léger, délicat agréable à lire

Une matinée à la plage de San Vicenzo

CARNET TOSCAN – CASALE MARITIMO

 

Il Poggetto

 

 

6h : le lever du soleil au dessus de la colline. Une chaude lumière orangée illumine le bâtiment principal crépi de jaune et les briques de la terrasse. J’emporte mon carnet-moleskine pour garder un souvenir dessiné de notre Villa Poggetto que nous avons finalement adoptée. Nos voisins allemands ont été très discrets, les français sympathiques, finalement nous avons bien profité de notre grande terrasse sur l’oliveraie égayée par les parasols à franges bleues en plastique imitant le raphia. Les franges soulevées par le vent ondulent et semblent rafraîchissantes.
Je pars dessiner dans les oliviers. Le chat blanc est ravi d’avoir de la compagnie. Il me précède en gambadant, fait mine de chasser, m’attend caché à la fourche d’une branche d’olivier bondit.
Les oliviers toscans sont très bien taillés, bien entretenus, mais ils sont souvent jeunes. Ils n’ont pas les formes torturées des oliviers Crétois. Je m’attache à représenter le feuillage léger. La meilleure façon d’évoquer cette légèreté est de dessiner feuille à feuille.
Nous connaissons bien l’ancienne via aurélienne et ses lauriers roses qui m’enchantent toujours autant. J’aime bien refaire plusieurs fois un itinéraire, reconnaître, attendre l’allée de pins, le petit bâtiment octogonal comme un baptistère…
Nous nous installons sur la plage de San Vicenzo à l’arrière de la réserve Naturelle : mince bande de forêt, chênes verts près de la route, puis une ligne de pins tordus, plus près de l’eau des genévriers. Sur le bord de la dune : une surprise : une grosse fleur délicate ressemblant à une grosse jonquille mais toute blanche  .Je l’ai cherchée dans me flore, en vain.  Comme il est encore tôt (9h30), il y a de l’ombre. Nous avons déroulé les rabanes, installé le parasol et avons passé des heures bien agréables. Promenade le long de l’eau. Baignade dans l’eau claire. Rien de très original -sentiment de bien être. Au retour, le compteur de la voiture marque 3000km depuis Créteil.
Déjeuner sur notre terrasse. Après midi piscine avec le Monde.
A 18h, nous commençons les préparatifs pour le départ demain. Rien de réservé : l’aventure !

Lecture pour Venise :Loredan-les mystères de Venise – Leonora agent du doge – policier livre de poche

Lire pour Voyager/Voyager pour Lire

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Un policier historique agréable et facile à lire, et même très instructif

Prologue : Pucci, orpheline confiée au couvent des ursulines de Vicence résout l’énigme des reliques volées.

Premier Acte : Leonora Agnela Immacolata (surnommée Pucci) est retirée du couvent pour faire un beau mariage à Venise. L’incarcération du père de la fiancée  aux Plombs va contrarier  ce projet

Deuxième acte : Leonora ne se laisse pas abattre et cherche à savoir de quoi son récent « père » est accusé….

Je ne résumerai pas plus loin l’intrigue et ses nombreuses péripéties pour ne pas altérer le suspense d’une part, ensuite parce que ce serait beaucoup trop compliqué…Leonora ne manque ni d’astuce ni de courage et sa bourse est bien remplie pour acheter valets, barcarols, huissiers mais aussi tous ceux qui tenteraient de l’arrêter. Le courtisan qu’elle a recruté est également très bien renseigné.

Mais Leonora « ne connaît pas Venise ».

Nous non plus !

Cela tombe bien. Nous allons nous instruire  aux coutumes singulières de la Dominante et nous promener pour assister au curetage des canaux de Cannoregio, au commerce de contrebande de dentelle, aux rénovations interminables (déjà à cette époque) d’une église à l’élection d’un doge et aux intrigues qui la précède, à un jugement de la Quarantie et du conseil des Dix ; à la Sensa et au Carnaval…..

Lecture passionnante pour celle qui revient tout juste de Venise et qui a encore bien présents à l’esprit les décors.

Si les Mystères de Venise, et surtout la naissance de Leonora s’éclaircissent au 5ème acte, un dernier mystère reste irrésolu : qui est donc cet auteur qui signe Loredan, les mystères de Venise et dont trois volumes sont déjà parus ? Pas d’indication de traduction, ce Loredan écrit donc en Français ! Je googlise sans résultat : Loredan fut un doge de Venise, cela ne m’étonne pas : déjà dans le roman le doge était un Loredan. Loredan renvoie aussi à des ouvrages de science fiction ou de BD, lien avec Corto Maltèse…

Qui est donc Loredan ?