Tenerife J15 – La Laguna

CANARIES 2005

Retour à Tenerife – la Laguna

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Retour à Tenerife sur le ferry Bentago

 

Nous sommes déçues de ne pas trouver le beau temps que nous espérions. Aux premières lueurs du jour la montagne prend de vives couleurs : les rayons du soleil arrivent obliquement de dessous les nuages. S’il pleut encore ce matin, autant prendre le ferry de midi et visiter La Laguna.

10h45 sur le port de San Sebastian. Tentons une visite au parador mais nous n’osons pas entrer dans les jardins. A l’entrée de l’hôtel, je marche dans une épaisse flaque de boue : ce qui met fin à mes atermoiements. Nous aurions mieux fait d’aller directement à la plage où je fais un passage express pour nettoyer mes bottines.

Hydroglisseur

la Gomera s'éloigne dans un sillage d'écume
la Gomera s’éloigne dans un sillage d’écume

La traversée à l’arrière de l’hydroglisseur est très agréable. Je regarde s’éloigner La Gomera derrière le sillage d’écume; Les  salons sont  luxueux je me laisse tenter par un maillot de marin à rayures bleu turquoise et blanc censé mettre en valeur le bronzage quand nous retournerons lundi au collège.

En bus en taxi

Les Ferries Olsen affrètent des autobus pour rejoindre Santa Cruz. C’est très pratique, le petit chariot de la consigne à bagages est garé à l’arrêt du bus .Il y a très peu de passagers dans le pullman. Nous squattons la banquette arrière et mangeons la salade achetée dans le bateau. L’autoroute suit la côte sud dans un paysage morne et monotone gâché par des installations industrielles et des chantiers que nous avions devinés du taxi à l’arrivée dans l’île. Les villages sont moins nombreux que sur la cote nord. J’observe quelques figures d’érosion intéressantes mais peu lisibles.

Le trajet en taxi de la gare routière de Santa Cruz à la pension Medina à la Laguna est sympa. Le chauffeur est une femme, plutôt bavarde. La pension Medina est située dans un quartier excentré à la Cuesta. Pour 24 euros nous avons une chambre propre. Malheureusement nous sommes loin du centre ville, dix minutes à pied pour rejoindre la Carraterra General puis la Guagua 014. On se trompe. Nous attendons une guagua qui n’arrive pas au bord d’une large avenue déserte. (Ce n’est pas la Carratera General non plus mais il n’y a personne pour nous renseigner)On prend un autre bus qui fait le tour des banlieues de La Laguna.

Le centre de la Laguna, classé au patrimoine Mondial

la Laguna
la Laguna

Le centre de La Laguna est classé au patrimoine de l’Humanité comme ensemble architectural remarquable de la colonisation espagnole. Mais il est petit,  il suffit de deux rues pour en faire le tour. Nous admirons les portails monumentaux de belle pierre de lave très sculptés à la mode espagnole se détachant sur un crépi coloré de jaune, bleu, rose. Le couvent a de curieuses tours carrées en bois grillagées comme des moucharabiehs, qui ont sans doute la même fonction.

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Dans les boutiques, ce sont les soldes. Dominique se trouve de jolies chaussures fines. Je me laisserais bien tenter par des jeans à 3 euros mais je n’ose pas les essayer. Dommage celui que j’achèterai le lendemain à l’aéroport à la même taille ! Nous reprenons la guagua à la tombée de la nuit après avoir acheté des empenadas délicieuses qui nous rappellerons les vacances en Galice.

la Laguna0001 - Copie

Un boucan infernal

La pension Medina est propre, l’accueil sympathique, l’environnement nous avait paru à l’heure de la sieste tranquille. Mais c’était sans compter sur le vacarme typiquement espagnol ! Au rez de chaussée, il y a un bar qui ne semble jamais fermer le soir. Des chiens aboient sans répit, ils couvrent le bruit de la télé. Passé minuit, nos voisins rentrent et allument leur télévision si fort qu’il semble qu’elle est dans notre chambre. Il nous faut nous lever à 5h30. Nous passons une nuit presque blanche.

 

 

La Gomera – J14 Hermigua notre village

CANARIES 2005

Notre village Hermigua, promenades sous la pluie

 

encore la pluie!

hermigua - CopieLa météo nous avait prédit : soleil, nuages et pluies sur La Gomera. Nous avons tout cela en même temps.  J’avais encore un espoir de faire la randonnée Cedro-Hermigua qui aboutit au gîte.
Nous sommes à peine prêtes que tombe la première averse. Pourtant le ciel est dégagé.
J’avais entrevu le clocher, plat et ajouré, très discret, du couvent des dominicains. Trois cloches y sont suspendues, nous les entendons tinter de chez nous. C’est ce couvent qui a donné son nom à notre hameau El convento. L’église donne sur une placette dallée. Ses deux portes de bois sont belles, l’une d’entre elles est ouverte. Nous entrons donc et remarquons les beaux plafonds de bois précieux sculpté très finement. Encore une fois, ce sont les plafonds qui me séduisent le plus dans l’architecture canarienne.
Nous descendons la route principale du village sous  une pluie insistante. Nous découvrons petit à petit Hermigua, son école, son grand jardin public avec un beau carré de plantes grasses.

Google earth nous donne une vue du relief!
Google earth nous donne une vue du relief!

Le bureau de ATUR (qui nous avait loué le gîte) est à l’étage d’une maison. Je monte pour remercier Laurie toujours si aimable dans ses mails et au téléphone. Elle accepte la Mastercard ce qui nous arrange bien et nous permet de rester jusqu’à deux heures demain , nous pourrons prendre un ferry dans l’après midi et pourrons peut être voir Hermigua sous le beau temps !

Face à l’église, nous traversons la rivière et retrouvons la route sur l’autre versant. Je suis fascinée par la géométrie des parcelles vert vif qui tapissent le fond de la vallée et des bananeraies sur les petites terrasses. La camionnette du poissonnier annonce sa venue bruyamment dans tout le village. Nous avons une vue plongeante sur toute la vie du village animé malgré le mauvais temps  Dès que j’amorce le chemin inverse, la pluie recommence à tomber de plus belle. Mon anorak me protège bien au début mais rapidement je suis trempée.

Notre pique-nique se fera dans la voiture devant l’océan, aujourd’hui très calme. Les bateaux de pêche sont sortis, j’en comte quatre plus un petit voilier. Le soleil fait enfin une apparition.
Le GR DE Leppe à Agulo

les terrasses d'Agulo
les terrasses d’Agulo

Le sentier passe dans les ruelles du village entre des murs blancs sur lesquels sont perchés des coqs et des poules . je descends un escalier de pierres irrégulières et très glissantes pour arriver aux petites terrasses cultivées. C’est très agréable, un peu sportif. Malheureusement, j’avais oublié la cascade qui saute de très haut du sommet de la falaise en quatre rebonds pour donner un torrent de boue rouge qu’il faut passer à gué. Je sonde avec le bâton de marche, passe la moitié en me cramponnant aux deux bâtons. Entre deux rochers, le courant est très fort, il ne reste qu’un petit espace de moins d’un mètre mais je dois reculer. Dominique a quitté la petite place de Leppe où elle m’a déposée. Une petite chapelle est ouverte. Je pourrai m’y réfugier si la pluie recommence et l’attendre à côté des statues habillées de velours. Juste à côté, un escalier de ciment monte tout droit. Une série de lampadaires me laisse imaginer que je peux l’emprunter pour arriver à la route. Cela grimpe très raide.

Franchir le torrent de boue?
Franchir le torrent de boue?

Quelques mètres avant d’atteindre le but, une coulée de boue, le chemin s’est effondré. En m’appuyant bien sur le bâton et en suivant les traces de pas de quelqu’un qui est passé récemment, je me lance. Ce n’est pas prudent. Il ne s’agit que de quelques mètres. En dessous une petite terrasse pourrait me recevoir si je glissais. Je passe. Et me retrouve sur la route avec les camions. Dominique a trouvé l’autre extrémité du GR à partir d’Agulo. Elle me fait des signes. Elle est dans un très bel endroit occupé par des jardins. En dessous sont parqués des moutons trempés, marron avec un agneau noir. Nous leur jetons des épluchures. Plus loin, des petits cochons sont sur la route, les mères sont enfermées derrière un grillage.

Moutons trempés!
Moutons trempés!

le soleil revient sur Villehermoso

Puisque les nuages ont disparu, nous continuons la route de Villehermoso pour la voir sous le soleil. Tant qu’on ne s’éloigne pas du rivage, le temps est ensoleillé. Dès qu’on s’enfonce dans la montagne nous retrouvons les nuages et le brouillard.  A deux kilomètre de Villehermoso, nous nous arrêtons près d’une petite plage –baignade dangereuse- une belle piscine. Plus loin une ancienne grue témoigne de l’activité portuaire ancienne quand Villehermoso n’était pas reliée par la route. Pour exporter les productions agricoles, la Grue hissait les marchandises dans les bateaux. Près de la Grue, des allumés ont construit un « château de pirate » un peu délirant avec un bar, une Galerie d’Art,  une scène pour des spectacles et des « nuits de pleine lune ».

retour du soleil entre Vallehermoso et Agulo
retour du soleil entre Vallehermoso et Agulo

carnet moleskine

De retour à Hermigua, je prends mon crayon, mon carnet moleskine. Ce matin j’ai repéré deux « cadrages » qui me plaisent particulièrement : une vue générale sur notre quartier El Convento ramassé sur une arête rocheuse sus une sorte de dyke coupé en deux. Au dessus du rocher, un sommet pyramidal, plus loin, une cascade, enfin, la ligne de crêtes très découpée sur l’horizon.
Autre croquis : au premier plan, les bananeraies dans leurs enclos de pierre, puis la masse du couvent avec son clocher plat et évidé pour trois cloches, à l’arrière, les premières maisons et la nôtre reconnaissable à ses arêtes soulignées par de grosse pierres noires ;

Je n’ai pas pu réaliser le deuxième, trois gouttes se sont écrasées sur le carnet noir que j’ai dû refermer. Sur le chemin du retour une pluie drue m’a mouillée.
J’ai donc passé la moitié de la journée trempée mais au final, je suis ravie.

 

 

La Gomera j13 – Les lezards géants de la Gomera

CANARIES 2005

la gomera  lezards géants

13Valle Gran Rey sous la pluie :lézards géants de la Gomera

Traversée de l’île sous la pluie

Le crachin breton qui tombe ce matin ne ressemble pas aux giboulées des autres jours. Malgré tout, nous prenons la route pour Valle Gran Rey. Le réseau routier de La Gomera se résume à une couronne, qui traverse le Parc à environ 1100m la Carratera Dorsal d’où partent des rayons dans chacune des vallées. Par exception Hermigua communique avec Agulo en faisant une corniche au dessus de la côte nord se prolongeant encore quelques kilomètres avant de tourner vers Villahermoso. Valle Gran Rey se trouve diamétralement opposé à Hermigua .On pourrait aussi bien l’atteindre par le versant sud.

Valle gran rey sous les nuages
Valle gran rey sous les nuages

Les pluies des jours précédents ont provoqué des éboulements sur la corniche. Heureusement, la route est très large. Sous la pluie, la pelleteuse et les camions s’activent. Les camions transportent ; les déblais et circulent lentement sur la route tortueuse. Ils se servent de leur clignotant pour nous prévenir : à droite « vous pouvez doubler » à gauche « ne pas dépasser ». C’est plutôt sympa !

Villahermoso est un bourg ramassé dans sa vallée très cultivée. De petites terrasses très soignées s’étagent jusque haut dans la montagne. De nombreux palmiers poussent sur les terrasses. C’est un paysage très soigné, construit par l’homme, riant et accueillant, tout au moins par beau temps ! Sous le ciel gris et la pluie battante, il faut faire un effort d’imagination pour rajouter la lumière du soleil, les ombres, aviver les couleurs. Un pain de sucre s’appelle le Roque Cano.

 

Roque Cano le lendemain avec le retour du soleil
Roque Cano le lendemain avec le retour du soleil

Nous montons vers le Parc négligeant miradors et curiosités ? Plus nous nous élevons, plus le nuage s’épaissit .Il n’y a plus aucune visibilité. Nous entrons dans un long tunnel rempli de brouillards. Les phares ont du mal à percer l’obscurité. On distingue seulement la ligne blanche de la chaussée. Dominique est saisie d’angoisse. Le Tunnel est très long. J’ai vu sur la carte qu’un autre va suivre. Heureusement, il est moderne large et droit. On voit la lumière du jour au fond.

Valle Gran Rey

vvalle gran rey - Copie (2)

Nous arrivons vers midi à Valle Gran Rey. Encore une fois, sous le soleil, la vallée serait ravissante avec ses rochers découpés, ses terrasses vert fluo, les palmiers et de très hautes cascades. Réminiscences de Thaïlande sous la mousson. La petite station balnéaire est tranquille. Aucune comparaison avec les gros centres de Tenerife. L’activité principale est la Randonnée, à pied à vélo ou en canioning. Point commun à tous les passants : ils sont germaniques. L’espagnol a peu cours ici. Les randonneurs allemands ne sont pas rebutés par les intempéries. En short, en Kway, bob ou parapluie, la pluie n’arrête pas le pèlerin. J’ai même vu un enfant sur les épaules de sa mère, emballé dans un sac poubelle noir sortir sa tête coiffée d’une casquette par un trou dans le plastique.
Dans une échancrure de la falaise, un petit port avec des barques colorées et un bar des pêcheurs. Plus loin des quais modernes pour accueillir des bateaux plus gros, déserts aujourd’hui.

Les lézards géants

la falaise des lézards géants ddans la brume
la falaise des lézards géants ddans la brume

Je rentre dans les boutiques pour avoir des renseignements sur le Centre des Lézards.
Chez les Teutons : perplexité. J’ai oublié, ou jamais su, comment on dit lézard en allemand. Même ceux qui tiennent un commerce n’ont jamais entendu parler des lagartos. J’essaie une piste pour me faire comprendre : un serpent avec des pattes, cela ne leur dit rien.
Les Espagnols connaissent le Centre : c’est à la Playa del Ingles derrière le stade de foot.

La pluie a cessé. On se promène à pied dans des jardins très fleuris : bougainvillées, poinsettias, géraniums, volubilis …La Playa del Ingles est au pied d’une énorme falaise, telle un mille feuilles, s’empilent coulées rouges et noires, cendres rouges, brunes ou claires… C’est là que vivent les lézards géants sauvages. Personne ne viendra les déranger.

Deux petits bâtiments en ciment : des terrasses grillagées, sur le portail une plaque Centro de Recuperacion de los Lagartos. J’ai trouvé ! Il est 13h30. Par chance, la porte est ouverte. Deux hommes sont assis.

Je me présente « je suis professeur de sciences naturelles, j’aimerais bien voir les lézards d’autant plus que les lézards sont un peu une histoire de famille, mon père a fait sa thèse sur les lézards vivipares ». Le mot « thèse » me manque en espagnol. J’emploie l’américain PhD, pas compris. L’homme me dit en français « Mais vous êtes française !j’ai travaillé à l’Université de Montpellier » Il demande  mon nom. Panigel cela lui dit quelque chose. Il a dû le rencontrer dans une bibliographie Lui, s’appelle Mateo.

Il me fait visiter d’abord la nursery. Dans des terrariums, les petits lézards âgés de trois mois sont éclairés par des tubes de  néon dans des boîtes de Pétri. On leur propose de la pastèque coupée en morceaux et des rondelles de poivron. Ils n’ont pas encore les caractères morphologiques adultes et ressemblent à n’importe quels lézards. Dans les enclos on a creusé des galeries dans lesquelles on a adapté des tubes en PVC. Comme il fait mauvais, évidemment, les lézards sont cachés. Mateo tire un tube, le secoue et le retourne. Il en sort une petite femelle grise qui court à toutes pattes vers un nouvel abri. Elle n’est pas bien grande, à peine une vingtaine de centimètre et je n’ai pas le temps de la photographier.  Nous allons visiter un nouvel enclos. Mateo déloge un gros mâle de trois ans qu’il prend dans sa main. On voit bien sa gorge blanche. Comme les lézards de Tenerife, il porte une rangée de points bleus sur les flancs. C’est loin d’être un géant. Pour atteindre trois kilos il lui faudra vieillir de soixante ans. Les jeunes des terrariums ne seront probablement jamais libérés. L’espèce n’a été découverte que depuis peu. La première capture d’un animal vivant remonte à 1999. La description de Gallotia simonyi gomerana a été faite en 1985 d’après des restes subfossiles. Il convient donc d’obtenir en captivité une population assez importante avant de relâcher ces animaux.

Le chercheur nous montre leur habitat naturel dans la falaise, un creux et un rebord où est installée une corde. Il faut être alpiniste pour étudier ces animaux là de près ! De retour à son bureau, il fouille pour trouver de la documentation à nous offrir. Je vois son matériel de travail : des diapos et des classeurs, des boîtes de tirés à part. pas d’ordinateur. C’est un labo à l’ancienne. Sur son bureau trônent de solides chaussures de montagne. Cette visite donne du sens à cette triste journée pluvieuse. J’étais tombée par hasard sur le site des lézards géants sur Internet et j’attendais avec impatience cette visite.

Playa del Ingles

Playa del Ingles
Playa del Ingles

La playa del Ingles est la plus belle plage sauvage que nous avons vue depuis le début des vacances. Dangereuse à la baignade ! La date de la dernière noyade remonte à 2002 comme l’indique une affiche placardée pour décourager les intrépides. Une bouée et un filin soigneusement enroulé sont prêts à tout sauvetage éventuel. De gros blocs parsèment la plage de sable noir. On les a empilés pour faire des paravents. La mer est déchaînée. Les rouleaux se brises en formant une sorte de traîne d’écume blanche. La falaise au ras de la plage est énorme, marbrée de pourpre de violet, de brun d’orange avec des lentilles et des coulées qui alternent.

Pendant le déjeuner, la pluie a cessé. Au retour, elle redouble. Nous reprenons la même route avec un peu moins de brouillard. Le tunnel redouté est passé sans encombre .Des cascades descendent de toutes les parois. Parfois ; ce sont de véritables torrents de boue rouge qui dévalent le rocher.

l’archevêque de Salzbourg

Quand nous remontons au gîte, notre escalier ressemble à un de ces jeux d’eaux de l’archevêque de Salzbourg ! Le chemin est noyé sous une épaisse couche d’eau. C’est tellement mouillé que c’en est drôle !

La Gomera 12 – San Sebastian la capitale de la Gomera

CANARIES 2005

Arrivée sur San Sebastian : la côte sud est plus ensoleillée et plus aride
Arrivée sur San Sebastian : la côte sud est plus ensoleillée et plus aride

La tempête s’est calmée et le beau temps est revenu. Nous allons sur la côte sud. Après les tunnels sous les sommets nous débouchons sur le versant ensoleillé désertique où poussent cardon, tabaïbas, opuntias, les plantes grasses du désert.

San Sebastian, capitale de la Gomera

San Sébastian n’a que 7000 habitants mais c’est la capitale de La Gomera avec de très beaux bâtiments officiels : une Mairie à balcons canariens en bois sombre sur une jolie place plantée de palmiers. Nous arpentons la vieille rue la Calle del Medio, bordée de petites maisons basses blanches avec de nombreux commerces. C’est dans cette rue que se trouve la petite église et la Maison de Christophe Colomb.

église où Cristophe Colomb aurait reçu la bénédiction avant sa traversée de l'Atlantique
église où Cristophe Colomb aurait reçu la bénédiction avant sa traversée de l’Atlantique

L’autre monument historique est la Torre del Conde, une tour carrée chaulée de blanc avec des parements de lave rouge. A l’intérieur, une exposition de gravures anciennes de San Sebastian et des cartes marines du port. Les cadres modernes de bois plat ciré, tout simple mettent en valeur ces documents qui sont aussi beaux qu’une exposition de peinture. Les marins et les historiens peuvent apprécier la valeur historique.

les rues de San Sebastian
les rues de San Sebastian

Nous allons au port nous renseigner des horaires de bateaux vendredi pour notre retour. Les passages sont nombreux la veille du week end. Espérons qu’on n’aura pas de tempête !

La plage de San Sebastian, abritée par le port et par des rochers pointus. Elle est assez grande et son sable est fin Sous le pâle soleil trois couples de touristes adossés à la digue, essaient de bronzer. je sacrifie à ma marche favorite au bord de l’eau, bien fraîche après le mauvais temps d’hier.

Torre del conde
Torre del conde

A midi et demie, nous avons épuisé les curiosités de la capitale.

On remonte au Parc de Garajonay

La route du Parc de Garajonay en direction du NE remonte au flanc d’une arête comparée au dos d’un chameau. Plus on grimpe, plus le panorama est spectaculaire : Tenerife parait toute proche. On voit les stations balnéaires occupant la côte sud, les villages à mi pente, les bâches des bananeraies. Nous repérons les Gigantes, la falaise et la ville. Un nuage coiffe le Teide. Au dessus de nous, les nuages passent, tantôt cachant le soleil tantôt nous avons une belle éclaircie.

Un jardin de rocaille pour un pique-nique ensoleillé
Un jardin de rocaille pour un pique-nique ensoleillé

Nous cherchons le coin pique-nique idéal avec un parking, une belle vue et si possible du soleil ! Dominique nous trouve un véritable jardin : une rocaille fleurie de cistes d’asphodèles de soucis oranges, et planté d’opuntias de tabaïbas pour l’exotisme, au loin des palmiers, un petit ravin très creux aux parois abruptes, des crêtes découpées sur une mer bleue. Nous sommes tellement bien que je dessine les plantes et les crêtes.

rocaille, détail
rocaille, détail

Nous sommes près de la Degollada de Peraza, lieu qui raconte la fin de l’histoire commencée à la Torre del Conde .Cette tour fut édifiée en 1450 par Fernan Peraza l’Aîné pour se défendre contre les Guanches qui résistaient à la colonisation espagnole. Son fils Fernan le Jeune épousa Béatriz Bobadilla. Puis il conçut une passion pour la princesse Guanche Iballa. Alors qu’il allait la rejoindre, il tomba dans une embuscade tendue par les frères de la princesse et fut jeté dans un précipice.

Les Roques de Aguando sont des dykes aussi grands que la Cathédrale du Teide Ils dominent une vallée verte où poussent en altitude des pins des Canaries remplacés par les palmiers près de la mer. Le printemps semble arrivé ici : les vipérines bleues sont en fleurs ainsi que les genêts qui forment une grosse boule blanche.

L’Ermita de la Nieves est une jolie petite église blanche toute simple dans un site magnifique.  le Teide est presque sorti des nuages. J’en profite pour le dessiner tandis que Dominique fait une sieste sur une arête rocheuse parmi les bruyères arborescentes et les genêts en fleurs. Nous sommes à l’altitude de la Laurisilva mais sur ce versant sud, seule pousse la bruyère moins exigeante que les autres arbres.  Elle a la taille d’un arbuste. Comme nous passons devant le panneau Cedro je demande à Dominique d’aller prospecter le départ de la promenade qui arrive à notre gîte et que j’ai très envie de faire. La SEAT Ibiza s’engage sur une belle allée dallée dans un sous bois très dense. La descente est impressionnante la montée nous fera apprécier davantage notre voiture « Bord de Mer » qui grimpera sans chauffer et sans renâcler.

Hermigua el convento
Hermigua el convento

La Hermigua

Nous terminons cette belle journée en nous engageant sur la petite route sur le versant faisant face à notre maison. Nous faisons le tour d’Hermigua, gros village dispersé en nombreux hameaux dans la vallée étroite. Notre hameau, est nommé El Convento à cause du couvent dont j’avais entraperçu le clocher ajouré. C’est seulement sur le versant opposé que nous le voyons, en contrebas de la route. C’est aussi seulement maintenant que nous découvrons la silhouette de notre maison :  une des plus belles du quartier,bâtie sur deux niveaux, blanche avec des pierres apparentes aux angles, un toit de tuile, son jardin et les deux palmiers qui la précèdent.

De la route principale on ne devinait que deux quartiers : la Ville d’en haut et la ville d’en bas. On découvre maintenant que les maisons s’étalent très haut au dessus de nous. Autour de l’hôtel rural  où nous sommes allées chercher les clés dimanche, il y a encore un autre hameau. . Le long de la petite route les maisons sont plus dispersées, des chemins partent dans tous les tournants vers des ravines insoupçonnées.

La petite route qui  mène à la mer est coupée par un gigantesque glissement de terrain. La montagne est fissurée et risque de basculer à tout moment. Depuis quelques jours, je suis saisie par l’ampleur de l’érosion qui est un phénomène très lent sous le climat français et qui reste pour moi une notion très abstraite. Les élèves acceptent très bien cette idée et parlent de l’ »usure du temps ». Je suis forcée de leur expliquer que le temps en lui même n’use rien du tout et que les facteurs de l’érosion sont l’eau et le vent. Ici le phénomène se déroule sous mes yeux. La route principale de San Sebastian a été coupée aujourd’hui par un amas de roches et de boue. Depuis ce matin une pelleteuse remplit des camions qui se succèdent sans arrêt. Le tas n’avait quasiment pas diminué à notre retour à 5 ou 6 heures. Ici, à la Gomera, les basaltes sont anciens, les roches sont marron ocre, très oxydées, très altérées. Les pluies de Dimanche et Lundi ont fait couler dans les rues de San Sebastian une fine argile rose sur laquelle j’ai failli m’étaler ce matin et que les cantonnier raclent à la pelle. A Tenerife, sur le Teide, les chutes de pierres de l’après midi quand la glace fond étaient impressionnantes. Dans les Alpes à haute altitude je connaissais ce phénomène mais ne l’avais jamais constaté de visu. Ces vacances sont vraiment un stage pratique de géologie.

Bonne surprise de retour au gîte, avec le beau temps, la télé est revenue ! Le journal télévisé consacre l’essentiel de son temps à la vague de froid et de neige qui sévit sur l’Espagne. Dès notre arrivée à Tenerife nous avons vu le Pays Basque, la Galice sous d’épaisses couches de neige ce qui ne nous a pas vraiment étonnées. Puis Madrid et la Castille, ce qui n’est pas exceptionnel. Depuis quelques jours on nous montre l’Andalousie sous la glace et la neige. Aujourd’hui le bulletin local des Canaries fait le point sur les intempéries : la tempête a mis à terre des tonnes d’oranges et d’avocats. Le froid et l’humidité ont favorisé le développement du mildiou sur les tomates. C’est toute l’agriculture canarienne qui est touchée. Sans parler du téléphérique du Teide encore bloqué !

 

La Gomera J 12 – la forêt enchantée du Parc de Garajonay

CANARIES 2005

foret pluviale
foret pluviale

Les volets intérieurs  s’encastrent dans la boiserie des fenêtres, ils empêchent la lumière de rentrer et amortissent les bruits. Je dors nettement mieux, plus profondément et je me réveille plus tard grâce à eux. Ils facilitent les siestes espagnoles et leurs réveils tardifs !

Les courses

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Hermigua

Trois priorités ce matin : le plein d’essence avant de tomber en panne, assurer le ravitaillement de base et enfin, trouver les itinéraires des sentiers.

Le temps est variable :se succèdent les bourrasques, les giboulées, les éclaircies, les averses de grêle…Du côté  de la mer, le ciel est dégagé, d’épais nuages sont accrochés à mi-pente des montagnes.
Nous logeons dans le quartier du haut Hermigua : « El Convento ». Les commerçants sont installés dans le village d’en bas. Il y a plusieurs supermarchés, deux banques, une pharmacie peinte en violet, une église en ciment peinte en jaune et de nombreux restaurants.

De la plage déserte, Tenerife semble toute proche. Je crois entrevoir le sommet enneigé qui se cache bientôt.

A Agulo, les voitures sont garées sur le terrain de foot en terre battue marron. Dans le village, les rues sont tranquilles. Nous faisons nos courses et laissons nos trois sacs plastiques sur un congélateur pour poursuivre la promenade dans des rues blanches aux maisons basses. Seule la place de la Mairie et de l’Eglise est bordée de maisons à étage avec des balcons.

Au centre d’Interprétation du parc à Las Rosas

Au centre toutes les explication sur cette pluie horizontale où prospère mousses et géraniums
Au centre toutes les explication sur cette pluie horizontale où prospère mousses et géraniums

On oblique vers la montagne pour trouver le Centre d’Interprétation du Parc de Garajonay. Il fait gris et, en altitude, très froid. En short, je suis gelée.

Le jardin botanique est très joli mais j’ai hâte de me mettre à l’abri. Le vent a fait tomber un poteau électrique et leMusée est en panne. Dans l’unique salle éclairée, le panorama de la flore, la faune, le climat et la géologie de l’île, est très complet, simple et pédagogique. Je recopie studieusement les panneaux:

Le régime des vents est très détaillé. Hier, mon voisin anglais lisait un livre de météo destiné aux navigateurs. Je lui avais demandé une explication au mauvais temps présent. Selon lui, le vent du sud Ouest serait le responsable, l’anticyclone des Açores ayant bougé. En effet, d’après les explications du centre, le vent de Sud Ouest apporte bourrasques et précipitations intenses : exactement ce qui se passe aujourd’hui ; au contraire, les Alizés (trade wind)venant du Nord Est auraient garanti un temps stable, des brumes en altitude mais peu de précipitations .

laurasylva ou Monteverde
laurasylva ou Monteverde

La jeune fille de l’Accueil, distante au début de la visite est devenue très aimable. Elle a sans doute détecté en nous des visiteuses motivées et finalement nous communiquons facilement en Espagnol. Les Canariens n’ont guère d’estime pour les touristes, il faut faire nos preuves aussi bien du point de vue linguistique que de la motivation. Elle sort les brochures de dessous le comptoir et nous conseille deux promenades faciles dans le Parc. Elle déconseille formellement les descentes glissantes et dangereuses par temps de pluie ?

La forêt enchantée de Garajonay

Direction du sud par la route de San Sebastian . La Carratera Dorsal  traverse le Parc en chemin de crête. A la sortie d’Hermigua la route s’élance en lacets très serrés. En cinq ou six kilomètres nous gravissons 1000m et nous trouvons en plein brouillard. Des miradors sont aménagés, inutile de s’y arrêter ! Nous traversons la Laurasilva ou Monteverde où les bruyères arborescentes poussent très serrées, envahies par endroits, de lichens qui leur donnent un aspect étrange. La brume rajoute une atmosphère fantomatique.

Suivant les recommandations de la Ranger, nous suivons le rebord sud ouest du parc à l’abri du vent. Pas de brouillard ici, la couverture nuageuse est peu dense. Sans voir le ciel bleu on devine par moments le soleil. De la route, une bonne piste forestière descend jusqu’à une aire de pique-nique (tables et immenses barbecues).

De là le sentier de Creces fait une boucle d’une heure et demie. Des bornes numérotées renvoient au petit guide polycopié que nous a donné la guide. Le commentaire est très détaillé. Nous suivons d’abord une petite canalisation ancienne en pierre, tombée en déshérence, et marchons sous les houx et les lauriers (Lauréa Azorica) . Des mousses épaisses s’accrochent aux troncs et aux branches donnant aux arbres un aspect chevelu, barbu, des champignons plats jaunes font des taches colorées .Au sol, à l’ombre des fougères magnifiques. Dans les clairières les géraniums au feuillage très découpé font un tapis vert tendre. Le feuillet cite aussi les cistes de Montpellier et la menthe. Les bruyères arborescentes sont en fleur en ce moment. Vu de dessous cela ne se remarque pas (de la route si). La taille des troncs des bruyères est impressionnante. Ils sont aussi épais que ceux d’un chêne. Recouvertes de mousse, avec les lichens qui pendent elles forment une forêt fantomatique dans la brume. On pourrait y filer un de ces films de sorcellerie qui ont du succès chez les ados en ce moment. Pour une fois, nous sommes dans les temps en nous arrêtant longuement à toutes les bornes .je suis ravie de cette promenade dans la forêt humide.

La pluie horizontale

J’en reviens avec un nouveau concept scientifique : «  la pluie horizontale ». Il s’agit de la captation par la forêt de l’humidité contenue dans l’air sous forme de nuages et de brumes. D’après le document, cette humidité serait dans les mêmes proportions que les véritables précipitations (1000mm/an) ce qui est une quantité énorme. Cette eau captée par la forêt est d’autan plus précieuse qu’elle ne s’accompagne pas du ruissellement violent des averses. Sans compter le rôle de protection des sols et surtout la création d’humus dans ces conditions favorables d’humidité  et de température (14/15°C en moyenne annuelle) .j’avais lu ou entendu quelque part que la forêt « fait pleuvoir », cela m’avait paru étrange. Peut être serait plus correct de dire qu’elle capte l’eau de l’atmosphère. Peut être y a t il d’autres phénomènes que je ne connais pas ?

Je repense aux collines pelées du Cap Vert et aux efforts gigantesques de reforestation de la Révolution de Cabral. Alors, je ne voyais dans les arbres qu’une protection contre l’érosion.

Dyke dans la pluie horizontale qui fait prospérer le lichen
Dyke dans la pluie horizontale qui fait prospérer le lichen

Lorsque nous rentrons, le plafond nuageux est assez élevé pour qu ‘on ne conduise pas dans le brouillard. Nous profitons donc du paysage et nous arrêtons aux miradors. Au mirador de El Bailadero : deux dykes en pain de sucre sont coiffés de nuages. El Rojo domine la Vallée d’Hermigua. Partout dévalent de belles cascades. Dans le creux on découvre un petit lac de barrage.

j10 Tenerife/la Gomera

CANARIES 2005

los cristianos - Copie
Los Cristianos : le port d’où part le ferry de la Gomera

 

10.Los cristianos/la Gomera traversée en hydroglisseur

Menace de tempête

Nous venions tout juste de boucler les bagages que la tempête s’est levée brusquement sans que rien ne l’annonce. La pleine lune et le ciel étoilé avaient fait suite à cette très belle journée. Malgré les épais volets de bois nous entendons rugir le vent .Il ne reste plus qu’à espérer qu’il tombera aussi vite qu’il est venu. Je convoque mes souvenirs de traversées en bateau. Curieusement, chaque fois, la veille, nous avons eu du grand vent. Au pays de Galles avant de passer en Irlande, seul le plus gros ferry avait pris la mer très agitée. En Croatie, nous avions eu plus de chance : le pin, en face de notre balcon s’était balancé toute la nuit à s’en casser les branches. Le matin, la mer était d’huile. Pareil à Mindelo.

Trois heures du matin, plus de vent. Tomas nous a prêté son réveil . Nous partons vers six heures dans une nuit très douce. Je me réjouis de voir le jour se lever lorsque nous quittons Icod los Vinos. J’avais eu peur de rater le paysage à cause de la nuit. Nous avons choisi la petite route jaune qui traverse le massif du Teno en tortillant.

En montagne sous la pluie

A la sortie de Buenavista, la pluie s’invite. Rapidement, nous entrons dans le brouillard. La route est si étroite qu’on se croiserait à peine. Heureusement, ce dimanche matin, à 7h1/2, en Espagne, tout le monde dort. Quand la brume laisse entrevoir le paysage, des pics acérés, des ravins profonds surgissent pour disparaître. Les formes sont étranges, parfois des silhouettes de monstres, un profil couché avec trois verrues sur le nez, une mâchoire de requin avec des dents pointues recourbées…La montagne ruisselle de partout. De belles cascades, des petites rigoles. La route est recouverte de scories charriées par les ruisseaux qui inondent le goudron. Dominique doit éviter les très grosses pierres. Je me rappelle que la route du phare, juste en dessous, est coupée par temps d’intempéries, à cause des chutes de pierres. Dominique commence à s’inquiéter. Je n’ai jamais vu, même en montagne, autant de chutes de pierre. Cela roule autour de nous. Evidemment, le ruissellement explique l’érosion. Les tunnels de lave façonnent les véritables dentelles que j’avais admirées en descendant de Chinemada dans le massif de l’Anaga – pendant est du Massif de Teno- que nous traversons. Le brouillard s’épaissit. La pluie redouble. Le parapet peint de couleur claire permet de deviner les courbures des lacets .Je compte les kilomètres qui nous séparent de Santiago del Teide où nous retrouverons la route principale . Je regarde les bornes  puis le compteur de la voiture. Les  23 km entre Buenavista et Santiago del Teide paraissent interminables.

Quel dommage que nous n’ayons pas parcouru cette route par beau temps ! Le petit village de Masca s’étage sur différents éperons. Des terrasses vertes façonnent la montagne. Les maisons sont blanches avec des toits recourbés. Le barranco fameux s’ouvre sous mes yeux dans une trouée dans la brume. La route grimpe en lacets de plus en plus serrés. Dans une épingle à cheveux, la Clio cale. Dominique doit maintenant passer la première à chaque virage.

La côte sud

Los Gigantes sous le soleil, dans la brume c'est plus effrayant
Los Gigantes sous le soleil, dans la brume c’est plus effrayant

Nous attendions le soleil sur la côte sud. Le ciel est bien gris quand nous atteignons les fameuses stations balnéaires de la Playa las Americas et los Cristianos. Dans un paysage désertique les complexes touristiques s’adossent aux petits cônes volcaniques. Selon une architecture très répandue ici, d’énormes résidences adoptent la forme d’une demi pyramide. Chaque étage est construit en retrait du précédent en laissant une vaste terrasse à chaque niveau. Les couleurs différencient les résidences : ocre ou blanc dominant mais toutes les fantaisies sont permises : toits de tuiles vernissées bleues, loggias violettes, balcons turquoises … Tourelles et pignons témoignent autant de l’originalité que du mauvais goût des promoteurs.  Finalement, j’avais craint pire. Les stations sont ramassées sur elles mêmes et ne mordent pas sur les terres agricoles. Elles semblent construites ex nihilo. Finalement elles dégradent moins le paysage que les tours de Puerto de la Cruz.

Los Cristianos : immeubles et plage, tourisme de masse
Los Cristianos : immeubles et plage, tourisme de masse

Nous tournons longtemps avant de trouver le bureau d’AVIS. J’interroge les ambulanciers sur le parking des urgences d’une clinique. Négligemment ils me conseillent de me renseigner dans une cafétéria. Au bar, personne ne bouge. Les touristes ne sont pas d’une meilleure aide, ils sont pressés et ne savent rien. Au pays du tourisme la gentillesse n’a pas cours. Mépris de l’autochtone pour les foules moutonnières débraillées et stupides. Mépris du touriste qui est là pour passez du bon temps et non pas pour aider son prochain. . De toute façon, il n’est pas d’ici et ne parle pas la langue.

Nous n’en menons pas large devant le bureau d’AVIS. Comme c’est dimanche, il est fermé. C’est la réceptionniste de l’hôtel Oasis Mango qui prend la clé. Je lui annonce que les voleurs ont ouvert la voiture (en espagnol on dit que la voiture a été forcé forzado, cela ressemble au français.) elle fait une photocopie de la déposition et nous appelle un taxi pour nous conduire à la gare maritime.

Attente à la Gare Maritime

La Gare maritime est un très joli bâtiment construit comme un bateau sur un port animé où de jolies barques de pêche et quelques grands voiliers se balancent de façon inquiétante. La gare est vide, les comptoirs fermés. Les horaires ne sont pas affichés .Le bateau pour la Gomera est encore à quai quand nous arrivons. Nous aurions bien dû grimper dedans. Le suivant est à 15h30. Le bateau de midi a été supprimé pour cause de révision justement entre le 26 février et le 1er mars Les autres compagnies ont supprimé les passages à cause de la tempête : leurs embarcations sont trop petites pour sortir par gros temps.  Aucune information aucun accueil. Seule explication d’un employé « boat is broken ». Il faut attendre cinq heures dans la gare et surveiller nos bagages. On se relaie pour faire un tour dans les rues de Los Cristianos : foule dense magasins de toutes sortes journaux en toutes langues, bars allemands avec saucisses, pubs anglais … On achète des sandwichs chez Subway. On aurait pu choisir Kentucky Fried Chicken ou MacDo

Il y a une consigne pour les bagages : des petits trains de casiers en bois on met un Euro et on emporte sa clé. Cela nous permet de nous promener ensemble sur la digue sous le soleil qui est revenu.

Un anglais lit un livre savant la météo pour les navigateurs. Je l’interroge. Peut être a t il une explication pour ce gros temps. Oui, l’anticyclone des Açores est décalé. Au lieu que les alizés (tradewind) soufflent de nord-est apportant un peu d’humidité c’est le vent du Sud Ouest qui apporte la tempête.

le ferry

Ferry : catamaran à gueule de requin
Ferry : catamaran à gueule de requin

A 15h, grande agitation : notre ferry entre au port. Sa proue ressemble à la gueule d’un énorme requin. Il va tellement vite que nous ratons la photo de l’arrivée. Sur cet hydroglisseur géant il n’y a pas de pont. Seul endroit pour rester à l’extérieur une sorte de balcon à la poupe. Nous traversons des salons luxueux. On  dirait plutôt un avion qu’un bateau.

Le ferry quitte los Cristianos dans une traînée d’écume qui monte tellement haut qu’un petit arc en ciel se. Le bateau longe la côte très construite. Je révise mon opinion, plutôt indulgente, ce matin. Les constructions sont vraiment très étendues et très laides. Nous sommes parties par temps clair. Quelques minutes plus tard, la couverture nuageuse du Teide se dissipe. Je ne le quitte pas des yeux jusqu’à notre arrivée à San Sebastian. Nous ne découvrons La Gomera qu’au dernier moment, très verte très découpée.

Le gite de Hermigua : la carte a déteint dans l'album
Le gite de Hermigua : la carte a déteint dans l’album

Notre voiture sur le port

Sur le quai, pas de Fiat 600 rouge comme promis sur le mail. Après avoir cherché systématiquement je téléphone. En effet, ils ont changé de voiture. La dame nous cherche. Elle nous propose à la place une Seat Ibiza blanche. Dominique en pro fait le tour de la voiture. Elle est bignée de partout. Pas de feuille constatant les dégâts. Nous ne sommes pas chez un loueur international mais dans une petite entreprise familiale. On passera lundi payer au garage et faire les papiers .Comme nous ne connaissons pas la route ils nous proposent de suivre la Mercedès .Nous les suivons donc plus préoccupées à trouver les lanternes quand nous arrivons dans une série de tunnels et, ensuite, par le voyant d’essence qui s’allume, que d’admirer le paysage.
C ‘est aujourd’hui dimanche, nous ne trouverons du carburant que demain. Les boutiques sont également toutes fermées. J’achète de l’eau en bouteille dans un bar rudimentaire. Pour manger rien. Heureusement que nous avons une soupe en sachet  et deux œufs durs! Pour le jus d’oranges du petit déjeuner de demain, je cueille des oranges dans le jardin. Nous avons aussi ramassé à la Finca Saroga des avocats que le vent a fait tomber. Ce n’est pas une idée d’arriver un dimanche !

Notre belle maison

Des petits bancs permettent de jouir du paysage, on se croirait dans un château
Des petits bancs permettent de jouir du paysage, on se croirait dans un château

Notre gîte est somptueux et immense. Le salon est très vaste avec deux canapés jaunes deux rocking- chairs, un très vieux coffre en bois ciré et un beau buffet sur lequel on a disposé de très vieux livres de compte reliés. Ce qui me plait le plus, c’est le plafond de bois foncé. Les lambris sont fixés sur de fines poutres qui font un dessin de chevrons. Les poutres sont elles mêmes gravées de deux traits. Comme à la Finca Saroga,  la hauteur des pièces donne un volume surprenant. Portes et fenêtres, également en bois ciré sombre, se détachent sur les murs jaunes. Rideaux jaunes, jetés de canapé assortis, un tapis et des coussins vieux rose. Les éléments décoratifs sont de bon goût : composition de fausses fleurs très réussie dans un vase, deux sous- verres : une nature morte et une aquarelle du Teide.

merveilleux plafond de bois
merveilleux plafond de bois

Deux chambres à coucher sont équipées chacune de lits jumeaux. Dans celle qui a la même vue que le salon un grand secrétaire me tenterait. Nous choisissons la chambre d’angle plus proche de la salle de bains, celle que l’on nous destinait puisque les lits sont déjà faits. La cuisine est correcte, un four quatre plaques un grand frigo avec un petit congélateur. Une salle à manger jouxte la cuisine : grande table et quatre chaises en osier. Elle donne sur une petite courette cimentée blanche et doit être fraîche en été.
Nous avons une vue merveilleuse sur la vallée d’Hermigua : vallée encaissée, verdoyante aux maisons dispersées, toits rouges, terrasses cultivées, bananeraies dans le creux. Pour mieux profiter de la vue, comme autrefois dans les châteaux, deux sièges en bois cirés sont construits dans l’épaisseur du mur ;
En plus de la courette chaulée avec ses deux agaves, il y a un jardin avec des orangers et des néfliers et une terrasse pour étendre le linge.
Le seul défaut du gîte c’est qu’il est perché très haut au dessus de la route. Il faut monter des marches
Dominique prépare de jolies assiettes avec les œufs et les avocats et nous dînons devant la télévision : soirée de musique canarienne traditionnelle.

 

Tenerife J9 – Rambla de Castro

CANARIES 2005

Rambla de Castro : végétation tropicale
Rambla de Castro : végétation tropicale

Temps magnifique, plus chaud que les autres jours. Pour la première fois, nous prenons notre petit déjeuner dehors sur le patio. Un canard nous rend visite. Il a une curieuse façon de réclamer : il se tortille du croupion en étendant le cou. Il est très drôle et apprécie le pain.

Petit dej dans le patio de la Finca Saroga
Petit dej dans le patio de la Finca Saroga

Une très belle hacienda en contrebas

Nous avions repéré une belle promenade à partir du Mirador de San Pedro à Los Realejos dans une réserve naturelle. A Tenerife, tout ce qui n’est pas protégé par une réserve est menacé du béton, des grues et des excavatrices. Les réserves que nous avons visitées sont très bien tenues, les panneaux explicatifs, toujours intéressants.

Palmiers et ambiance tropicale
Palmiers et ambiance tropicale

Au fond du ravin, se trouve une hacienda du 17ème siècle. L’abondance des sources a favorisé l’agriculture. Depuis la colonisation, se succédèrent les cultures de la canne à sucre, le vignoble de malvoisie et tardivement les bananeraies. On acclimatait également là des arbres exotiques avant de les importer en Espagne.
Descendant une belle allée pavée, nous remarquons d’abord un énorme ficus abritant de nombreux oiseaux. L’écriteau nous invite à nous asseoir sur le banc de pierre pour écouter les canaris . Nous traversons une très jolie palmeraie. Comme dans les palmeraies marocaines, il règne ici une atmosphère spéciale de paix et de fraîcheur. L’eau coule dans de petites rigoles. De magnifiques grappes violettes ressortent sur toute la verdure. Un chemin nous conduit à la source principale, maintenant capté, un mince filet d’eau goutte sur les fougères.

Cason de castro
Cason de castro

La Casona jaune se visite. Le gardien bedonnant et rigolard rassemble les touristes. Il aurait préféré un groupe constitué. La courette est précédée d’un portail original. Il ouvre la porte et nous nous trouvons dans un charmant patio entouré de galeries couvertes en pin et planté en son centre d’un grand magnolia. Il ouvre toutes les portes et les fenêtres, essaie de plaisanter pour gagner sa propina.

le portail de bois
le portail de bois

Le chemin côtier passe entre des murs des bananeraies. On pousse une porte et découvre le Teide enneigé dominant une jungle de bananes Le sentier en corniche nous conduit à une urbanizacion très chic et très fleurie. Fin du sentier. Tout en dessous, une minuscule plage de galets. Un escalier mène aux rochers . La mer s’y fracasse avec une profusion d’écume blanche. De dizaines de crabes s’accrochent aux rochers ? L’un d’eux accolé à une protubérance rocheuse nous fait penser à une tortue. Des pêcheurs arrivent avec leurs lignes et leurs cannes télescopiques et se plantent en vigie. La mer monte. Les embruns atteignent notre perchoir. .Nous déjeunerons ailleurs.

Encore les lézards

Sur le sentier côtier
Sur le sentier côtier

Retour à la palmeraie de la Rambla de Castro où de nombreux recoins ont été aménagés avec des bancs. Nous trouvons sans mal une terrasse. Les lézards accourent dès que nous entamons la salade de pommes de terre. Ont-ils un bon odorat ou savent-ils par habitude que les touristes leur laissent des miettes ? Les plus gros revêtant une livrée rayée sur le dos et leur rangée de points bleus semblent plus circonspects et ne s’approchent qu’avec prudence tandis que les jeunes moins colorés sont moins farouches. Nous avions déjà fait cette observation à notre première rencontre.  Ils surgissent des buissons d’euphorbes emportant les fragments de pomme de terre pour les manger à l’abri. Les croûtes de fromage ont encore plus de succès.

Dragonniers

Dragonnier
Dragonnier

Comme les CapVerdiens, les Canariens vénèrent leurs dragonniers. L’écorce du dragonnier est grise, très pâle et assez lisse. Par endroits, elle est griffée ayant un peu l’aspect d’un nid de guêpes. Autour des blessures, les cicatrices sont pourpres ? On dit que le sang du dragon, rouge serait paré de nombreuses vertus médicinales. La couleur rouge sang de cette sève est plutôt suggestive . Quatre ou cinq mètres au dessus de nous, les épines forment un épais parasol . Mais les dragonniers sont fragiles. Souvent, ils sont étayés avec des planches tout à fait inélégantes. En tout cas, chaque dragonnier est répertorié sur les cartes comme curiosités touristiques.

tunnels

Je laisse Dominique adossée au plus beau dragonnier pour descendre jusqu’à la plage de galets au creux du barranco par un sentier très raide. La mer fait un bruit effrayant en roulant des galets de plusieurs décimètres de longueur. Je ne sais pas si la granulométrie utiliserait le terme galet ou bloc. Impossible d’approcher de l’eau.

Les ouvertures de la taille d’une porte pratiquées dans la falaise sont les sorties des galeries creusées dans la roche tendre et poreuse à la recherche de l’eau. Les ponces et les scories sont des roches réservoir exploitées en puits et en tunnels. Si on les mettait bout à bout leur longueur dépasserait la distance Tenerife Madrid affirme le panneau.

merci les faucons!

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Un dernier cartel  informe que, dans les années 70, on avait commencé à bâtir un hôtel de neuf étages. Les défenseurs des faucons  ont obtenu le classement en réserve naturelle. Je regarde avec une reconnaissance redoublée le petit faucon crécerelle qui niche dans la falaise de l’autre côté du ravin et qui plane à la recherche de quelque lézard.

surfeurs à Socorro

La plage de Socorro est très fréquentée par le beau temps. Le thermomètre de la voiture marque 26° mais il est toujours pessimiste. Il fait sûrement plus chaud : le goudron fond et me brûle les pieds quand je vais faire ma marche rituelle au bord de l’eau. Les surfeurs sont nombreux mais la baignade est toujours interdite pour cause de courant violent.

lechuga de mar Astydamia latifolia
lechuga de mar Astydamia latifolia

A la Finca, le parking est bondé.  Une foule silencieuse est en méditation ou en prière dans la salle commune. De temps en temps, ils sortent pour une récréation et se promènent dans la cour. Curieusement personne ne téléphone. Je ne sais à quelle secte ils sont affiliés. Dans la chapelle, le Bouddha en carton a laissé la place à la Sainte Vierge habillée de velours à l’Espagnole. Au dessus du bureau de Tomas qui participe aux prières il y a des images pieuses bien catholiques.

 

 

Tenerife 8 – Teide 3 mésaventure

CANARIES 2005

 

 

Avec la tempête le Teide a encore blanchi et le téléphérique est arrêté
Avec la tempête le Teide a encore blanchi et le téléphérique est arrêté

La route de l’Ouest

Il fait beau. Le  parcours est ambitieux : aborder le Teide par la route de l’Ouest que nous avons parcourue sous le brouillard, traverser la caldera et rentrer par la route de l’Est , la Carratera dorsal que nous ne connaissons pas .
Nous parvenons vite à Icod (17km) sur la route que nous connaissons maintenant très bien. Nous retrouvons  le dragonnier d’Icod, près de la route- un arbre fameux, dont Icod en est très fière, et lui attribue un âge immémorable. Les dragonniers de Sao Nicolao, au Cap Vert, m’avaient paru beaucoup plus beaux. Au dessus d’Icod, la route coupe la pointe ouest de l’île traversant des campagnes verdoyantes. Les montagnes très abruptes du Massif du Teno dominent la route. Dès que l’on redescend sur l’autre versant le paysage est égayé de grosses boules roses des pêchers en fleurs. Le Teide, bien blanc, se détache sur sa couronne de pinèdes. Les buissons de marguerites, presque des arbustes sur des troncs, toutes en fleurs font des touffes blanches.
Après Santiago del Teide sur  un paysage de terrasses abandonnées sur des coulées de lave, une végétation étrange s’est installée : des Aeonium mansiquorum portent une inflorescence en chapeau chinois fanée d’autres Aeonium forment comme des assiettes, des Euphorbes en buissons, des vipérines, des Opuntias …Plus discrètes, les fougères ont de toutes petites crosses en cette saison.  A l’Ouest, l’île de La Gomera se détache sur l’horizon.
Après Chio nous passons devant le cône du volcan responsable de l’éruption de 1909 qui a laissé un paysage noirâtre ressemblant à celui des Arénas Negras. Plus loin nous entrons dans la forêt de pins poussant sur des coulées plus anciennes.. Finalement, la route passe sur les coulées des Narines du Teide. Nous avons l’impression de traverser une mer déchaînée et pétrifiée sur une digue. Des tunnels de lave ont été coupés par la construction de la route. Sous cet angle je remarque le Pico Viejo responsable des éruptions les plus récentes.

Les narines du Teide : les petits cônes encore plus blancs sur l'arêtte
Les narines du Teide : les petits cônes encore plus blancs sur l’arêtte

Des que nous arrivons dans le Parc nous trouvons une circulation intense des voitures arrivant du sud. Il y a bouchon presque à chaque arrêt.

pique-nique devant l’Observatoire

Coulée et rebord de la camdeira saupoudrés de neige
Coulée et rebord de la camdeira saupoudrés de neige

J’étudie méthodiquement et recopie les panneaux explicatifs. Après le Portillo nous prenons la route de l’Observatoire de l’Azanaga avec ses coupoles et sa tour blanche se détachant sur le ciel bleu.La montagne est blanche, la neige, épaisse. De nombreux Espagnols jouent aux boules de neige ou font de la luge. Aujourd’hui, pas de plats à paella mais des planches de surf. Nous déjeunons au dessus de la Mer de Nuages : salade de pommes de terre, thon, anchois et herbes du jardin. Il y a plus d’herbes que de thon !Au dessert encore le pain perdu du Buffet du Teide.

L'observatoire de l'Anazaga
L’observatoire de l’Anazaga

Les Pastels

pastels
pastels

La route a entaillé une série de pyroclastites : entre deux couches sombres de scories basaltiques, une couche claire de ponce.
Puis nous nous enfonçons dans la Mer de Nuages, qui s’étend en dessous de 2000m. La forêt de pins est noyée dans le brouillard. On ne verra rien des innombrables belvédères.

Dernier mirador au dessus de Santa Cruz

Le phénomène de la mer de nuages
Le phénomène de la mer de nuages

Nous sortons du nuage au dessus de La Laguna à 1000m. Au dernier mirador, nous découvrons la mer avec des dizaines de gros bateaux : Santa Cruz. Il fait très beau.
Un couple s’attarde sur la table d’orientation. Ils ont posé une carte et mangent un sandwich, nous empêchant de nous repérer. On proteste : « en plus ils ne regardent même pas ! »
Quand nous retrouvons la voiture garée de l’autre côté de la chaussée, Dominique remarque un gnon sur sa portière. On n’arrive pas à ouvrir avec la télécommande. Nous comprenons tout de suite : j’ouvre mon sac et la cachette : vide ! Le porte-monnaie contenant 300Euros, la carte VISA, et  le téléphone portable ont disparu. Nous prenons l’autoroute dans le mauvais sens, demi tour à Santa Cruz puis dare dare à la limite des 120km/h autorisés, nous rentrons à la Finca. Tomas me prête son téléphone mobile pour faire opposition à la carte de crédit et nous allons au commissariat de Puerto de la Cruz faire la « denuciacion ».

La denuciacion.

Le planton à l’entrée, plantureux et moustachu, parle un peu anglais. Je m’adresse à lui en Espagnol, il m’envoie dans une salle d’attente pleine : deux Allemands, une famille espagnole, deux Anglais. Les touristes sont en majorité. Quelques minutes plus tard on m ‘appelle pour me proposer de faire la déposition en français de mon « hôtel » avec un interprète parlant ma langue. Je ne veux pas téléphoner, on a volé le téléphone, je ne veux pas d’interprète non plus. Ce que je veux c’est un papier à présenter à AVIS. L’attente est interminable. Plus d’une heure a passé depuis que la famille espagnole a été invitée à entrer dans le bureau. Pourquoi n’appelle-t on plus personne ? Que fait le policier ? L’arrivée d‘une suédoise détend l’atmosphère. Elle raconte ses mésaventures : elle a perdu son bracelet et n’arrive pas à joindre son amie au téléphone. Elle nous fait la conversation. On s’ennuie moins mais rien n’avance. La nuit tombe. Je suis ici depuis deux heures. Le policier est sorti. Le commissariat va t il fermer ? Un jeune le remplace, en uniforme bien repassé, gros insigne doré à la poche de poitrine, l’air d’un poupon.
Je raconte mon histoire. Comme toujours, les premiers mots en espagnol sortent difficilement. Au début je suis bloquée.Une fois, la conversation engagée, mon espagnol devient plus fluide . Le policier propose un interprète puis disparaît dans le bureau d’à côté où ses collègues écoutent la radio. Dans la vitre de la porte-fenêtre se reflète ce qui se passe : notre policier fait les cent pas sans rien faire. Au bout d’une longue attente, il revient, examine sous toutes les coutures ma carte d’Identité, les papiers de la Clio. Il est extrêmement pointilleux. Ce qui le gêne c’est que nous lui avons dit que le  vol s’était déroulé à La Esperanza. Il lui semble que le mirador est plutôt situé sur la commune de La Laguna. Nous racontons que nous avons vu les voleurs.

– « Les avez vous vus ouvrir la voiture ? »

– «  non, bien sûr, mais nous avons vu une Fiat Punto bleue qui faisait demi tour précipitamment et un homme nous faire un « doigt d’honneur » par la fenêtre de la portière ».

On mime le geste obscène. Cela amuse beaucoup le policier qui, poliment, écrira dans la déposition « geste inconvenant ».

– « Pourriez vous reconnaître la figure des voleurs ? »

– « Non, cela s’est déroulé trop vite »

– « Et sur des photos ? «

Il semble prendre très au sérieux son enquête, note le numéro de mon téléphone. Nous sortons à 8h20 après avoir signé huit exemplaires de la déposition et huit autres de mes droits.

Tenerife J7 – Jardin botanique / San Juan de la Rambla

CANARIES 2005

Ficus de collection
Ficus de collection

Jardin botanique

La tempête, hier, a été sérieuse : les avions n’ont pas pu atterrir ni décoller à Tenerife. Vers 11h du soir l’orage grondait encore. Toute la nuit, un vent terrible s’est déchaîné. Ce matin, le ciel est bleu, la mer agitée, mais le Teide est couvert. Difficile de choisir un but de promenade.
Compromis, nous irons au jardin Botanique de Puerto de la Cruz, après, on avisera.
Pour trouver le jardin, j’interroge un passant :

« Vous êtes italienne ? »

– «  Non, française »

–«  Je suis Catalan,  je vais vous expliquer en Catalan. »

C’est bien ma chance ! Son catalan est compréhensible, de toutes façons, c’est facile, il suffit de tourner à droite et ensuite c’est fléché !

Trois cars de touristes attendent devant l’entrée du jardin. Les touristes ont collé sur leur pull, le numéro du car. Certains portent à leur cou des pochettes comme celles des enfants non accompagnés des compagnies aériennes.

jardin botanique de puerto dela  - Copie

Le jardin  ancien,  contient des arbres de très haute taille. Il est ordonnancé géométriquement : deux allées perpendiculaires le coupent en quatre quartiers. Des allées secondaires le recoupent en seize. Chaque carré est délimité par une bordure soigneusement taillée de coléus, crotons … le carré des Cactées est entouré de Sanseveria. Dans chaque massif, un ou deux très grands arbres. Le sol est couvert de plantes fleuries : beaucoup de clivias mais aussi des fougères.

Exotiques et étranges
Exotiques et étranges

Peu de logique ou de pédagogie. Les arbres proviennent de tous les continents, Beaucoup viennent du Brésil, d’Australie ou d’Afrique du Sud. Je reconnais à l’entrée un Mamey de Cuba. Un ficus énorme occupe le centre du jardin. Ces arbres sont toujours impressionnants. Je ne sais si celui là est plus grand que celui de Palerme.

jardin botanique de puerto dela 0001

Les jardins botaniques m’enchantent toujours. Nous ne ratons jamais une occasion d’en visiter un et restons toujours longtemps. Ici, la foule est vraiment trop dense, le jardin trop petit pour supporter tout ce monde. Le soleil est caché,  ne favorise pas la prise de photo. Après avoir arpenté chacune des allées méthodiquement. Après que Dominique ait rempli ses poches de dattes et de graines diverses, nous décidons de rentrer.

Promenade Las Aguas El Rosario

san juan de la rambla - Copie
San Juan de la Rambla

 

La promenade n°4 , Las Aguas-El Rosario, commence à la piscine de San Juan de la Rambla non loin de Los Realejos où se trouve notre finca. Le parking est vide ainsi que la piscine. C’est un endroit très tranquille. Nous empruntons un sentier côtier bien entretenu. La mer, bleu profond, est décorée de nombreux moutons. Le soleil est éclatant. Il fait bon. Je suis en habits d’été : short, et T-shirt

Pique nique en bonne compagnie

Gallottia gallotti Eisentrauti le lézard du Teide
Gallottia gallotti Eisentrauti le lézard du Teide

Face au village, une banquette de pierre, perpendiculaire au parapet, nous offre un coin pique-nique idéal. Au menu, carottes râpées au persil et aux épinards crus, et  omelette aux herbes du jardin. A peine sommes nous installées que qu’un gros lézard sort de son trou : c’est un lézard  du Teide : Gallotia Gallotii eisentrauti. Sur le dos, une ornementation de raies jaune fluo très fines, tenue de camouflage. La gorge est bleue. Sur les flancs une série de points bleus. Entre les pierres de la murette, nous voyons poindre des petites têtes grises qui ont l’air de nous surveiller. J’ai lu au Centre d’Interprétation du Portillo qu’ils se nourrissent de graines, de racines et également des restes des pique-niques. Je lance une miette de pain. Le plus hardi s’en saisi et part se cacher. Le gros lézard tente d’intercepter le butin du jeune. Venant par derrière nous, un lézard mord dans l’omelette qui se trouvait dans le tupperware posé sur le parapet. Il en emporte du morceau. Je n’ai pas le choix, je lui cède le coin qu’il a grignoté. Quatre ou cinq petites têtes nous guettent. Je lance des carottes râpées, chacun emporte une provision. Chaque fois le plus gros recommence à chasser les petits pour les voler. Il est beaucoup plus prudent et ne s’approche pas. Soudain, alerte générale : tous les lézards disparaissent. Au dessus de nous, bien haut, un faucon plane. Comment  ont ils été avertis ?

un joli chemin en balcon

finca dans les bananiers et palmiers
finca dans les bananiers et palmiers

Le chemin passe entre tamaris et roseaux. Les agaves pointent leur nouveau bourgeon floral de l’année. Une très jolie maison d’angle aux murs jaunes vifs parsemé de pierres apparentes est surmonté d’une sorte de loggia de bois vert de guingois. Elle est toute petite, une pièce en rez de chaussée, une plus grande à l’étage. A l’abord des maisons le chemin est très soigné pavé bordé de plantes ornementales fleuries avec des inflorescences bizarres sur de hautes hampes. Un vieux chien marron et blanc, entre cocker et épagneul, se lève péniblement  et décampe en boitant Le petit hameau de Rambla est très joli avec sa toute petite église blanche qui donne sur une place arrondie bordée par une banquette dominant l’océan. Nous descendons dans un ravin aménagé en terrasses irriguées. Des bananes poussent sans bâches ni parpaing.  Près de la mer, on cultive des tomates déjà mûres en cette saison .Tout le système de rigoles en ciment apportant l’eau  aux parcelles est remplacé par des tuyaux.

Cultures irriguées en terrasses, tomates papas, bananes
Cultures irriguées en terrasses, tomates papas, bananes

Au retour nous nous arrêtons à la plage de Socorro puis portons les pellicules photos chez le photographe de notre quartier à Realejos, en face de la Montaneta. Nous reviendrons les chercher à 8 heures. J’ai apporté les photos ratées toutes bleues et mon Olympus. Je lui demande si la pile de la cellule est responsable des photos surexposées. Non! d’après lui, la cellule fonctionne bien mais elles sont brûlées –quemados – parce que mon film est trop sensible. Je devrais utiliser du 100 Asa.

san juan de la rambla

Tenerife j6 – Le Teide sous la tempête de neige

CANARIES 2005

le Teide s'encapuchonne
le Teide s’encapuchonne


Le temps est incertain

 circuit n°2, marqué 3h, au départ  du Portillo,

Nous décidons de nous lever tôt et arrivons les premières au Centre d’Interprétation du Portillo et devançons les rangers du Parc. Le beau temps radieux d’avant hier n’est pas au rendez vous. De la Orotava, le Teide paraissait dégagé mais il y a déjà de nombreux nuages. Deux éventualités : soit nous serons au dessus des nuages, soit nous serons dedans. C’est donc un pari .
Au début de la promenade, le soleil brille ;  seuls, quelques petits nuages restent accrochés au sommet.

Nous montons progressivement sur le flanc d’un cratère par un bon sentier. Assez rapidement nous rencontrons la neige. Pas de problème pour moi, mes chaussures de rando sont en goretex. Dominique, en revanche, est en tennis. Au début, la neige est ferme sous nos pieds, bien tassée et ne fond pas. Là où elle a fondu hier, la terre est soulevée par les cristaux de glace allongés et légèrement incurvés. Il a gelé dur cette nuit. Le thermomètre de la voiture marquait 2°. Pas de balisage, nous suivons les traces des pas des randonneurs. La vue est dégagée jusqu’à la mer qui se confond avec le ciel gris.

Mirage : des îles?

Les nuages semblent se déchirer : la mer apparaît brillante, moirée, pas une ride ne l’agite. Il me semble apercevoir trois îles. A cette altitude ce ne serait pas invraisemblable puisque selon nos livres, on voit tout l’archipel du sommet du Teide .Je prends la carte pour les identifier. Hélas ! Il s’agit d’un mirage : ces »îles » ont changé de forme entre temps, ce sont de petits nuages allongés sur l’horizon.

la neige sous les tropiques!

Le Teide sous la neige!
Le Teide sous la neige!

Devant nous, les dômes et coupoles blanches de l’observatoire astronomique. Derrière nous, le Teide s’enveloppe d’une écharpe blanche qui cache la pointe. Nous avançons d’un bon pas parmi les genêts aux « feuilles » épaisses sur la face nord de la montagne. La vue est plongeante sur des cratères bordés de neige. Il y a même des traces de ski de fond et d’autres, plus grandes, de raquettes. Tant de traces, que nous perdons le sentier. Dominique me montre une tache orange fluo avec une crotte de lapin au milieu. Ce lapin a dû manger de la carotte ! Plus loin, une autre tache orange. Nous arrivons à une impasse, plus de traces. Quelques mètres au dessous : le sentier sur lequel nous étions tout à l’heure. Et si les traces orange étaient un balisage ? Nous revenons en arrière et suivons les pas les plus nombreux. Les petits flocons qui ne nous avaient pas inquiétées tant qu’il y avait encore du soleil, se sont renforcés. C’est maintenant une véritable  tempête de neige. Nous marchons vers un petit col entre deux petites montagnes. Pas de vue. Nous marchons dans le blanc. Nous pourrions être aussi bien dans le Massif Central !Au petit col, nous retrouvons avec plaisir le balisage : des cairns alignés tous les 15 ou 20m. En quittant notre couloir abrité, le vent glacial nous arrive en pleine figure. Le sentier fait le tour d’un cratère de scories noires souligné par la neige. Les scories sont bien stables, le chemin est bien marqué et confortable. Ce serait une balade magnifique si le vent ne nous fouettait pas le visage et si nos jeans n’étaient pas trempés. Nous sommes gelées. Nous descendons en lacets la pente très escarpée du petit volcan. Quand nous retrouvons la neige nous recommençons à glisser. Enfin nous arrivons dans la plaine au fond de la caldera, recouverte de projection, blocs, bombes. On se dirait dans le lit d’un oued. Malheureusement, les conditions atmosphériques ne nous ont pas permis d’apprécier la variété des paysages.

luge et paella

Vers midi, le soleil est revenu. De jeunes espagnols portent des plateaux ronds – des plats à paella – enveloppés dans des sacs poubelles pour faire de la luge.
A une heure nous sommes de retour. La randonnée a duré 4 heures au lieu de trois, pourtant, nous n’avons pas musardé.

jardin botanique

Nouvelle visite au petit musée, je découvre un jardin botanique très pédagogique. Malheureusement, en hiver les plantes ne sont pas à leur avantage !

Nous faisons une nouvelle traversée du parc en voiture en nous arrêtant aux miradors illustrés par des panneaux et des tables d’orientation.

Le pique-nique est gastronomique : grosses crevettes roses, avocat et saumon à l’aneth, pour dessert du pain perdu du Restaurant du Teide. Nous comptions nous installer au Minas de San Jose. Malheureusement, dès que nous nous installons devant le petit dôme de ponces vertes, l’averse de neige de grêle redouble et nous cache le paysage ;

Nous roulons vers l’ ouest du parc en plein brouillard. Même les Roques de Garcia sont invisibles. Après les Azulejos, des chutes de pierres ont presque barré la route.La route ouest est une digue traversant  une mer de lave ressemblant à un champ labouré. Enfin, on le devine. Ce que nous voyons, ce sont les stops d’une Fiat Punto de location que nous suivons pendant des kilomètres jusqu’à l’intersection pour Los Gigantes après Chio.
Nous retrouvons le paysage de terrasses couvertes des raquettes des figuiers de Barbarie, d’euphorbes et autres succulentes et fleuri de marguerites en grosses touffes, de pêchers roses et de buissons bleus ressemblant à de la lavande. Ce paysage, riant hier, est plus triste sous la pluie. Quand nous arrivons sur la côte Nord au dessus de El Tanque, nous voyons un arc en ciel double. La mer est bleu profond agitée de nombreuses vagues. Les couleurs sont violentes   jaunes et ocre, orange des crépis des maisons, rose orange des bougainvillées.Nous vivions depuis des heures dans un monde en noir et blanc , subitement, on aurait « remis la couleur ». Retour coloré par l’itinéraire bien connu.