exposition temporaire : Musée Cernuschi jusqu’au 19 février
J’avais été éblouie par l’exposition de peinture ancienne peindre hors du Monde. L’affiche dans les couloirs du métro me faisait de l’œil.
L’exposition se déroule dans 6 salles :
Ecriture ancienne et peinture moderne au début du XXème siècle: sans surprise des calligraphies, des paysages, des motifs végétaux ou animaux
.
pêcher
moderniser la peinture entre Chine et Japon
j’ai adoré le gibbon, dommage que ma photo soit ratée!
les artistes chinois sont allés apprendre de nouvelles techniques au Japon. Ils ont aussi utilisé la photographie pour des cadrages spectaculaire comme la falaise rouge
Détail de La falaise rouge Zhang Daqian
3. Un exil intérieur : à la découverte des peuples de l’Ouest
le Japon a occupé une bonne partie de la Chine, dans les années 30-40, certains artistes se sont repliés à l’ouest. La route du thé : sur un rouleau horizontal, en plusieurs tableau montre le thé chargé à dos d’homme, puis dans des caravanes de chameaux est m’oeuvre que j’ai préférée
la route du théla route du thé
4. peindre le nu à l’encre vers un art universel
Des Chinois allèrent à Montparnasse s’initier à La Grande Chaumière à la peinture occidentale et enrichirent la peinture chinoise de la peinture du nu qui n’était pas un thème traditionnel
nu
5. peinture rouge dessins et encres révolutionnaires
Sans trop de surprise, ces œuvres s’apparentent au peintures soviétiques, ici à la gloire du Grand Timonier
Pluie de printemps
6. entre deux mondes dialogue avec l’abstraction
Zao Wou ki
On retrouve Zao Wou Kisans surprise . Je découvre un autre plasticien qu’on voit peindre un seau à la main, faisant des grandes dégoulinades, étalant l’encre à pleines mains : Walasse Ting dont j’ai retenu ce corbeau
corbeau Walasse Ting
7. Couper le fil du cerf-volant?
la dernière section pose la question de la transmission de la tradition. Les Chinois peuvent créer de la peinture résolument contemporaine ou poursuivre la tradition;
Entrée gratuite, de lundi au samedi -inscription obligatoire
La Rue Amusée?
Comment présenter du Street Art dans une exposition ou un musée? Le Street-art appartient à la rue, au métro en tout cas à l’espace urbain. Il surgit par surprise, colore notre quotidien. Il provoque . Il est vulnérable aussi menacé aussi bien par les services de nettoyage que par les tags d’autres artistes. Ephémère, sur une palissade de chantier ou sur le wagon du métro. Il amuse la rue, est-il soluble dans un musée?
Ernest Pignon Ernest : Corps bloqués
L’exposition Capitale(s) est ambitieuse : elle présente 60 ans d’art urbain.
Les précurseurs,ont occupé l’espace de la rue dès les années 1960 avec les papiers collés de Ernest Pignon Ernest, ou les affiches lacérées et graffitis de Villéglé . Silhouettes bombées héritiers de Calder ou de Miro de Zlotykamien.
1982 : arrivée des Tags avec BANDO réunissant graffeurs, DJs, Break Dance et rappeurs. Les Writers décorent les rives de la Seine, puis les palissades du Louvre, et à partir de 1986 investissent Stalingrad quand ils ne tagguent pas le métro C’est là que la scénographie devient problématique : pour rendre compte de leur travail il faut montrer des photos qui fatalement seront petites et en petit format l’effet est détruit.
le Ticket-choc montre le détournement d’affiches du métro avec comme point commun l’introduction du fameux ticket jaune à bande rouge
La vidéo permet de montrer les graffeurs à l’œuvre, donner la parole aux artistes, aux institutions (le métro, la SNCF). Un reportage sur les tags de la Station Louvre-Rivoli est particulièrement intéressant. La télévision montre le scandale des statues peinturlurées, parle de saccage, les voyageurs du métro sont outrés. On imagine la transgression, l’action subversive tandis qu’un taggueur interviewé dit qu’il cherche seulement à montrer sa production au plus grand nombre de spectateurs.
Keith Haring 1987 réalise une œuvre de grande taille à l‘hôpital Necker
Autre champ investi par les artistes : les catacombes
« les Catacombes sont le Musée du Graffiti[…] en prise directe avec le passé »
2015 Psykose dans les Catacombes (2015)
une vidéo montre la réalisation d’une œuvre s’apparentant à la mosaïque, les calligraphies, les silhouettes blanches et le travail au pochoir.
La suite de l’exposition montre une série de styles très variés, d’œuvres très différentes allant de la petite mosaïque d’émoticônes pixellisées réparties dans tout Paris
l’invasion de Paris par les émoticones
Une vidéo montre le mur du square Karcher investi par différents artistes pour faire une fresque très sophistiquée pour certains. On peut suivre les différentes techniques.
Banksy : Bonaparte à cheval
la suite de l’exposition se consacre à des vedettes de l’art urbain comme C215, Banksy ou Miss.tic. Une vidéo Banksy/Géricault montre le cri d’alerte du plasticien en faveur des migrants et son œuvre : un radeau s’inspirant du célèbre tableau du Radeau de la Méduse.
Miss.tic
D’autres artistes que je ne connaissais pas sont mis à l’honneur comme Swoon et son collage sophistiqué.
Swoon collage
On montre donc les œuvres du jeune André, sous plexiglas (?) celle de Cristobal Diaz . Dans une salle on voit une calligraphie se défaire comme si on rembobinait le film et s’effacer les fioriture pour découvrir à la fin le motif initial. Ne pas oublier les fragiles fresques à la craie de Philippe Beaudeloque , les ombres électriques de Zeus… L’art urbain est beaucoup plus complexe que je ne l’imaginais.
Jonone : l’Abbé Pierre
C’est dans la rue de Rivoli, sur les grilles de l’Hôtel de Ville que j’ai trouvé les œuvres qui m’ont le plus parlé. Elles se trouvaient à leur place !
Alice Neel : Marxist girl Irene Peslikis; Mon tableau préféré (c’est aussi celui qui a été choisi pour l’affiche de l’exposition)
De tout temps, les femmes ont peint.
Miracle: on les expose!
Alice Neel
Femmes-peintres , puis Pionnières au Luxembourg, Toyen au MAM, O’Keefe à Pompidou, Frida Kalhoet Joan Mitchell, Rosa Bonheur à Orsay. Et sans mièvreries, s’il vous plait. Je ne voulais pas rater l’exposition d‘Alice Neel qui était pour moi une inconnue.
Alice Neel 1954 Rita and Hubert
J’ai été saisie par ces portraits puissants. Ces femmes et ces hommes qui vous regardent bien en face, assis sur le fauteuil à rayure ou sur le canapé d’Alice. Aucun artifice, les mains puissantes ou usées par le travail, les chaussures sont aussi des marqueurs sociaux. Alice Neel donne l’image d’une Amérique diverse, colorée, de ses voisins Portoricains ou Haïtiens, des militants communistes, des artistes, journalistes, activistes….
Alice Neel-1979 Mary D Garrard
Seule défaut de l’exposition, pas de sens de circulation indiqué et cartels en lettres minuscules. On n’a pas trouvé tout de suite le mode d’emploi pour une rétrospective couvrant presque un siècle. Alice Neel née en 1900, décédée en 1984.
A Neel 1929 – Les Intellectuelles
Dès 1929, cette aquarelle est un manifeste féministe : la maman de la petite fille a trois jambes et trois bras, il lui faut au moins cela pour assumer le travail que lui donne un enfant.
Alice Neel : Grève
Dans les années 30, Alice Neel peint New York vide dans la dépression, manifestations et grèves. Son engagement communiste lui fait aussi protester contre la montée du nazisme en Allemagne
Alice Neel – 1936 Nazis kill jews
Une citation raconte qu’on aurait reproché à l’artiste la pancarte blanche qui « prenait trop de place dans le tableau » et elle ajoute que si on avait pris plus au sérieux ce panneau, on aurait peut être sauvé des Juifs. Il convient de faire une lecture politique et historique de nombreux portraits. Celui de Art Shield rappelle que ce journaliste a lutté pour Sacco et Vanzetti.
Alice Neel – Art Shield
Parmi les documents présentés on voit que le FBI l’a fichée vers 1953 comme communiste dans la chasse aux sorcières maccarthyste
Alice Neel 1953 Eisenhower, McCarthy, F Dulles
Peintre des minorités, des Haïtiens comme cette mère et sa fille qui décèdera peu après, l’histoire est déchirante.
Alice Neel, Carmen et Judy
le portrait de Peggy a aussi une histoire bouleversante, Alice Neel a peint le visage abimé de bleus de Peggy œuvre de son alcoolique de compagnon qui rentre ivre-mort et ne s’aperçoit même pas qu’elle est morte
Alice Neel – Peggy
Alice Neel fait poser ses voisins, des ouvriers, un chauffeur de taxi africain mais elle représente aussi des intellectuels, des artistes comme Andy Warhol
Alice Neel : Andy Warhol après l’attentat avec ses cicatrices
Elle représente des féministes, bien qu’elle en refuse l’étiquette. Elle peint des nus sans aucune mièvrerie ni pudibonderie, les organes génitaux bien visibles, hommes comme femmes
Elle peint des femmes enceintes, des couples de garçons, une transgenre (en garçon) et aussi des hommes et des femmes des années 60 et 70 dont je retrouve avec amusement l’allure.
la Vénus de Lespuguefut découverte le 9 Aout 1922 dans la Grotte des Rideaux de manière fortuite et fractionnée en 11 morceaux. Sculptée en ivoire de mammouth, elle date du Gravettien.
Une vidéo présente les recherches scientifique correspondant à la restauration et à la structure de la statue. Coppens raconte dans une autre vidéo comment, intrigué par la forme des fesses, qu’il trouvait illogiquement à l’envers, eut l’idée de la retourner et découvrit un autre personnage à l’envers, cheveux ou pagne? Cette structure double ajoute à son mystère et son charme
Sa silhouette en losange a inspiré de nombreux artistes dont Brassaï, Arp ou Zadkine
ou plus récemment Gabriel Sorbin qui a sculpté une belle pièce en albâtre (2019)
Alexandra Sanddessina une série d’études au charbon sur papier qui aboutirent à de grands panneaux à la suite d’un dialogue avec Coppens autour de la Vénus de Lespugue
Alexandra Sand
les Mountaincutters ont réalisé des répliques de la Vénus de Lespugue en verre soufflé (Bruxelles 1990)
Mountaincutters verre soufflé
tandis que Muriel Decaillet a décliné le thème en textile
sans oublier Louise Bourgeois qui l’imagine enceinte
louise Bourgeois
Une centenaire (si on se réfère l’année de sa découverte) ou une ancêtre… qui offre un modèle à une féminité moderne dans la vidéo d‘Ana Guinzburg : What is beauty
Voir du Street-Art à l’intérieur d’une galerie? A priori, cela ne va pas de soi, le Street Art c’est l’art de la rue, comme le cinéma a sa place d’abord en salle. Ce n’est pas ma première fois, j’avais été à Malakoff pour une exposition Banksy et j’avais découvert Jeff Aerosolà la MAC de Créteil. J’aime les découvertes au hasard (ou non) des promenades dans le 13ème ou à Vitryoù Christian Guémyalias C215 a beaucoup travaillé. Encore mieux, la découverte par hasard, à Sarcelles ou ailleurs du style et de la signature de C215 !
Clochard
Bonneuil est notre voisine, je ne pouvais pas passer l’occasion de mieux connaître l’artiste, graffeur et pochoiriste. Son Soulage est un hommage au peintre, autre hommage à Ernest Pignon Ernest
Soulage
C215 fait apparaître des visages sur les murs des cités, visages connus ou anonymes comme le clochard ou les amoureux de Catane
c215 les amoureux de Catane
portraits de hasards ou de circonstances parfois très politiques ou de mémoire, comme Joséphien Baker avec son calot militaire ou Cabu et une victime des attentats de Charlie Hebdo
Cabu
La plupart des œuvres présentées sont des œuvres présentées sont des photographies prises sur place dans la rue où même en prison
Dans la prison de Versailles
C215 peint aussi le mobilier urbain, j’aime bien les boîtes à lettres décorées ici ce sont des pompes à essences très politiques l’une d’elle porte d’un côté le portrait de Khomeini de l’autre le président Carter, aussi sur une autre Bush
« j’ai toujours aimé davantage peindre sur des objets que sur des toiles ou des feuilles blanches. Comme dans la rue les objets me fournissent un contexte avec lequel je peux interagir, qu’il s’agisse de la patine, de la matière de la forme de son époque ou de sa fonction… »
c215pompe à essence Khomeini
l’avantage dans une exposition en galerie est de lire les cartels où l’artiste s’exprime
En 2001, j’ai pleuré au Louvre devant un portrait de cheval poignant peint par Géricault. C’est ainsi que j’ai compris la puissance du portrait animalier »
Chat saint Petersbourg
« Dans la tradition du pochoir nombreux sont les artistes qui se sont identifiés à un animal urbain. chacun songe au rat de Blek ou de Banksy. J’ai pour ma part opté pour le chat, animal mutique et mystérieux »
J’ai bien aimé m’approcher des œuvres, lire les textes mais il me semble que la place du street-art est la rue et les cimaises des galeries sont trop tranquille pour cet art vivant.
« Elles sont des millions de femmes, à transporter des millions de kilos, sur des millions de kilomètres. Chacune, à sa manière, porte une part du monde. «
Indiennes, Africaines, Asiatiques, dans tous les pays où la motorisation n’est pas encore courante, ce sont les femmes, parfois de très petites filles qui portent des charges nécessaire à la survie de tous : l’eau dans des bidons ou des bassines, le bois nécessaire à la cuisson des repas, les récoltes, la lessive….
Sur la tête ou à l’épaule,
Ou les récoltes
coton
Quand les voitures, tracteurs prennent le relais les femmes font du sport
je n’ai pas retenu la photo de la femme enceinte qui porte le monde à venir…
Une belle exposition féministe qui montre des femmes fortes.
Lekha Singh
Lekha Singh est une artiste visuelle américaine. Jouissant d’une notoriété internationale, elle a eu l’occasion de voyager dans le monde entier, et de puiser dans ses voyages son inspiration artistique. Elle a exposé son travail photographique, depuis 2004, dans de nombreux musées américains
Sam Szafranest né à Paris en 1934 dans une famille juive polonaise. Pendant la guerre, se cache à la campagne alors qu’une grande partie de sa famille est exterminée dans les camps. Autodidacte, il est initié à la littérature et la peinture dans les cafés et ateliers de Montparnasse.
Atelier – 1970 – fusain
Nous découvrons d’abord d’intéressantes études au fusain de son atelier. chaos très étudié de cadres, châssis, chevalets. En regardant plus attentivement on découvre le dessinateur à sa table, parfois seulement ses deux mains dans un coin. Allongé il se repose…Grande précision ans le dessin.
Atelier de la Rue Crussol
La salle suivante réunit des études de son Atelier de la rue Crussol, le titre est Le chaos apprivoisé. Avec les pastels, la couleur fait irruption dans ces études d’atelier où il décrit sa vie quotidienne, ses outils avec des gammes de couleurs dans ses boites bien rangées de pastels.
L’imprimerie Bellini
Ancienne fabrique de lithographie cette imprimerie fut un lieu important dans les années 1970. Szafran dessine les volumes de la verrières, les escaliers, les machines sous différentes perspectives. on peut voir les ouvriers au travail.
Funambule (1969)
Le Vertige de l’escalier
L’escalier est un thème qu’il a déployé de manière cinématographique : les différentes perspectives sont vertigineuses et suggèrent une déformation de la vision. C’est l’escalier du 54 rue de Seine, siège de la Revue poétique La Délirante . Il dessine aussi des personnages coincés et dans une illusion d’optique.
l’escalier du 54 rue de Seine
Dans l’escalier, des personnages découvrent le monde extérieur. le paysage fait irruption dans le tableau
Désormais, Szafran utilise l’aquarelle. Il peint aussi de grands tableaux de paysages urbains
Tableau paysage urbain
l’escalier structure encore le bas du tableau tandis qu’autour de la cour, les murs se déploient en un curieux entonnoir sous des toits plus conventionnels
L’invasion de l’intérieur
C’est l’invasion du feuillage : philodendrons et aralias se développent jusqu’à occuper tout l’atelier du graveur. Dans ce luxuriant jardin d’hiver les feuillages dessinés avec une précision extrême masquent les personnages. On devine encore un escalier dans l’un d’eux, un personnage se cache : Lilette (la femme du peintre). un tableau est un hommage à George Pérec qui a publié Espèces d’Espaces, un autre à Jean Clair.
Les formats des tableaux deviennent plus grands, et plus colorés, les végétaux de plus en plus étouffants. On imagine les tropiques, l’Asie du sud Est ce qui n’est pas fortuit , le peintre Zao Wou Ki lui a justement prêté son atelier!
Eblouie! Impressionnée par les immenses diptyques, triptyques, polyptyques éclatants de couleurs qui explosent et emportent tout.
J’ai adoré ces jaunes chaleureux qui évoquent des tournesols
Je suis captivée comme au spectacle d’un feu d’artifice. Je m’arrête pour détailler les traces des coups de pinceaux, des coulures, des reliefs, parfois des grosses taches épaisses (j’aime moins).
Difficile de mettre des mots sur ces sensations violentes. D’ailleurs, Joan Mitchell ne donne que de très rares indices pour une analyse ou une description. Rares références de lieux ou de circonstances.
No birds
No Birds est une allusion àVan Gogh: même champ de blé mais pas de corbeaux comme dansLe Champ de blé aux corbeaux . Joan Mitchell est à Vetheuil non loin d’Auvers-sur-Oise.
.
J’ai beaucoup aimé les jaunes, mais Mitchell sait aussi varier les couleurs et les techniques : j’ai imaginé des prés, des champs dans ces à-plats rectangulaires, imaginé des fenêtres sans qu’aucune indication n’y fasse allusion.
Vétheuil
ici, dans cette salle où les toiles de Joan Mitchell dont confrontées à celles de Monet, le cartel précise qu’il s’agit bien de la vue de sa terrasse de Vétheuil. La mise en scène de cette confrontation est réjouissante!
Joan Mitchell et Monet : l’heure des bleus
Entre saule et nymphéas, les tableaux de Joan Mitchell s’insèrent parfaitement, se répondent. Accrocher un tableau face aux nymphéas pourrait être dangereux. Et bien non! Mitchell prend sa place en face du Maître de Giverny qui aurait pu être son voisin à cinquante ans près.
Monet : Pont Japonais
Le Pont Japonais frôle l’abstraction. Il figurait auprès des Peintres abstraits américains dans l’exposition à L’Orangerie en 2018 :Nymphéas : l’abstraction américaine et le dernier Monet .
Occasion aussi de découvrir un jardin de Monet que je n’avais jamais vu
Monet : Maison de l’artiste vue du jardin
ainsi que des hémérocalles, des agapanthes de toute beauté. Quelques fois j’ai des doutes, cet arbre est-ce Monet ou Mitchell?
Impressionnante, la série de la Grande Vallée ; dix immenses tableaux peints en 1983-1984
La Grande Vallée
J’ai volontairement photographié les visiteurs pour donner une idée de l’échelle.
la Grande Vallée
Une exposition réjouissante. Laissez-vous séduire par cette explosion de couleurs et de sensations!
J’avais découvert Garousteau Musée de laNature et de la Chassedans une présentation du tableau Diane et Actéonqui m’avait bien intéressée CLIC
Pinocchio
Je ne connaissais pas la vaste production du peintre et cette rétrospective au Centre Pompidou a été une surprise. : elle retrace son œuvre sur une quarantaine d’années et se répartit sur plus de 18 salles (+ la chronologie). Il faut prévoir une bonne après-midi et peut-être, comme moi, vous fatiguerez avant la fin ; ce qui est dommage parce que les œuvres les plus récentes sont passionnantes.
EN CHEMIN LE PASSEUR S’INVITE DANS LES SALLES OBSCURES DU PALACE
Garouste, avant d’être un peintre reconnu à part entière se consacra à la décoration et au décor de théâtre. Il construisit une installation La Règle du Jeu avec des objets, des piquets figurant des personnages, un masque, des énigmes. Une série de tableaux ayant aussi pour titre La Règle du Jeu représente une comédie policière, dispersant les énigmes comme au Cluedo. J’ai passé un peu trop de temps à chercher les indices…
Adhara
Après les décors on en arrive avec de très grands formats à des peintures impressionnantes: dans une atmosphère sombre, deux personnages, l’un d’eux, yeux bandés l’autre accompagné d’un chien, semblent dédoublés : sont-ils Le Classique et l’Indien, figures récurrentes à cette époque? D’autres tableaux sombres, gris ou bruns ont des titres lourds de significations, Constellations, Orthros et le Classique.
Orthros et le classique
Orthros est le chien bicéphale, psychopompe, dit le cartel je remarque une grande maîtrise dans le dessin. En même temps je cherche à mobiliser les souvenirs de la mythologie grecque, sans succès. Un autre tableau s’appelle Orion, encore une constellation, encore de la mythologie. Colomba, encoreune constellation mais aussi des allusions littéraires à Prosper Mérimée, et à Henry James avec l’Image dans le le Tapis.
Garouste nourrit sa peinture de clins d’oeil, un Déjeuner sur l’herbe est composé de deux femmes habillées et d’un homme nu. Dans la Chambre rouge, encore une inversion aux codes habituels : l’homme git sur le lit alangui tandis que la femme est debout.
La chambre Rouge
Personnages à l’antique (lutteurs) et nature morte géante avec un énorme vase bleu qui revient à plusieurs reprises dans la série de tableaux. La couleur violente fait apparition dans les années 1985. Le Commandeur, sa statue renversée sont aussi des sujets de la série. La salle suivante nous plonge dans l‘Enfer de Danteavec des allusions à Delacroix avec le bateau qui conduit Dante et Virgile
Dante
Inspirée de Rabelais, La Dive Bacbuc, une curieuse installation cylindrique, peinte aussi bien dehors qu’à l’intérieur, visible par des œilletons.
Don Quichotte et les livres brûlés
Cervantès aussi : un portrait de Quichotte avec la figure de J. M. Ribes
Le théâtre de Don Quichotte
On voit maintenant les ânesqui vont peupler nombreux tableaux. Ânes bibliques ou non
Balaam 2005L’ânesse et la Figue
l »âne et les ânesses figurent dans nombreux tableaux y compris dans Le Pont de Varsovie et les ânesses
le Pont de Varsovie et les ânesses 2017
Comme j’ai beaucoup de sympathie pour les ânes je les ai photographiés!
A partir de 1990 Garouste s’intéresse à l’hébreu, aux épisodes bibliques mais aussi au Talmud et au Midrach. Il Illustre la Haggadah de Pessah et la Meguilat Esther.
Meguilat Esther
Une grande trilogie prend pour sujet Pourim : les masques m’avaient fait penser à Venise avant que je ne lise le titre,
Pourim
Nombreux tableaux sur des thèmes juifs, aussi bien bibliques que plus modernes comme les portraits de Kafkaque de rabbins. Celui qui m’a touchée c’est la sculpture de Jonas : une arche avec une voile sur des vagues qui contient dans un tiroir secret 4 chapitres du livre de Jonas pliés en leporello (livre accordéon) en hébreu, français, phénicien, yiddisch, latin, allemand.
Jonas
A vrai dire, je suis arrivée fatiguée et saturée dans ces dernières salles aux thèmes juifs qui sont très intéressantes et j’ai regretté de ne plus être assez concentrée pour m’y consacrer plus sérieusement.
Sally Gabori peint son île, l’île de Bentick, au nord de l’Australie. Aborigène de la tribu kaiadilt, elle a quitté son île natale pour vivre sur l’île Mornington où est établie une mission presbytérienne. 1945 – 1947, Diverses catastrophes naturelles dont un ras de marée chasse les Kaiadilt. Ils ne peuvent y retourner que 50 ans plus tard et ce n’est qu’en 2004 que les droits territoriaux des aborigènes sont reconnus.
Sally Gabori Nyinyilky
En 2005, âgée de 80 ans, Sally Gabori peint pour la première fois. D’autres femmes kaiadilt se lancent également dans la peinture et réalisent avec elle des peintures collectives très colorées que j’ai beaucoup aimé
Sally Gabori & al : Sweers Island
Il faut imaginer la taille : plus de 6m de long de ces peintures éclatantes de couleurs. Abstraction ou figuration? Les titres sont des lieux de l’île. La médiatrice parle de peinture cartographique, topographique. Sally Gabori nous emmène dans un voyage enchanté où elle figure un lagon, une source, une rivière. Il faut se laisser emporter dans ces lieux, imaginer les murets de pierre, pièges à poisson, les mangroves et se laisser conter la légende fondatrice de la Morue de roche, le Dibirdibi qui a creusé la terre avec ses nageoires et dont le foie s’est transformé en source d’au douce….
Dibirdibi country
Pour mieux imaginer l’échelle j’ai photographié un personnage