Nous prenons rendez vous avec Mattias, le petit piroguier, qui sert maintenant au restaurant . Il pleut, Mattias a couvert sa tête avec un sac en plastique noir.
Nous préférons attendre la fin de l’averse sous les paillotes de la plage.En saison sèche, la pluie est de courte durée.
La pirogue traverse d’abord la mangrove.
– « quels sont les animaux de la mangrove ?» , je demande à Mattias.
– « plein, des noiseaux comme poulets, comme perroquets »
La zoologie n’est pas sa spécialité !
sel de la lagune
Des femmes extraient le sel du sable par un procédé tout à fait original. Elles remplissent de sable de gros paniers sur lesquels elles versent l’eau de la lagune : la saumure s’écoule par un petit tuyau dans une bassine que les femmes font bouillir sur des foyers de terre qu’elles alimentent avec du bois. Comme ce sont les vacances, les enfants apportent des petits rondins sur leur tête. On ne récolte le sel qu’en saison sèche. A la saison pluvieuse, les eaux monteront et inonderont la place.
sel de la lagune
Nous observons les pêcheurs ; l’un d’eux pêche à l’épervier et lance son filet d’un mouvement circulaire gracieux. Un autre se tient debout à la limite de la mangrove et attache son filet aux branches.
Deux femmes traversent à pied la lagune, leur fagot sur la tête.
Sur la plage, nous attendons Thimoléon qui doit me montrer des photos du chantier de Pobè. Il arrive avec son ordinateur portable. Malheureusement sans autonomie. Il faut attendre 7 heures pour avoir du courant à Helvetia. Moronikê ne met en route le générateur qu’à la tombée de la nuit. Au retour en France, j’aurai ses photos par mail. Nous discutons de la mise en route de la salle de lecture. Je lui montre comme modèle celle d’Essouhé.
Les vagues sont plus fortes que les autres jours. C’est marée haute. Peut être les grandes marées ? C’est aussi la fin de la saison de pêche. D’ici deux semaines, la pêche sera finie et les pluies commenceront. A la cuisine Moronikê et toute son équipe nettoient des barracudas grands et petits qui seront congelés. Ce soir encore il y aura du poisson au menu !
Nous cherchons une flûte africaine pour le conte de La Flûte-à-parler de ChantalSerrière que nous devons jouer en juin. Mais les flûtes ne sont pas des objets courants au marché artisanal. Nous allons de boutique en boutique. Bientôt tout le marché est au courant que nous cherchons une flûte. Nous finissons par en trouver plusieurs : la première ressemble plutôt à un sifflet et ne convient pas. Une autre a une forme bizarre et pas de trous. Cela doit être très difficile de souffler dedans, c’est plutôt un objet de musée, en plus elle est fendue. La dernière est une flûte de roseau tout à fait ordinaire que le vendeur prétend vendre à 6000F ; On paierait moins cher en Europe pour la même chose.
J’ai envie d’une petite chaise. Les touristes de Kpalimé en ont trouvé une qui m’aurait parfaitement convenu. Je m’assois dans toutes les chaises du marché artisanal avant de trouver celle qui est adaptée à ma morphologie. Tous les marchands m’en proposent. Enfin, je trouve le bon prix. Je ne rentrerai pas bredouille !
Enfin, nous achetons au marché Dantokpa un coupon de 12 yards de wax pour 11 000F, le juste prix. Je n’ai pas trop cherché l’imprimé le plus original mais après la recherche de la flûte nous n’avons plus la patience.
Nous avons rendez vous à l’école pour la distribution de fournitures scolaires, stylos, gommes et taille crayons qui ont servi de décoration à l’arbre de Noël dans la classe de Dominique avec des petits bijoux, et même des footballeurs miniatures.
L’école est fermée pour les vacances mais l’Instituteur est venu rendre les cahiers de correspondance. Les enfants prévenus de notre passage, sont venus.
Comme à Pobè, on organise une « pioche ». Tous les objets sont étalés sur une table, les enfants se rangent à la file ; Je sors mon bandana bleu pour leur bander les yeux. De temps en temps, l’instit intervient en criant après les resquilleurs qui tentent de repasser une deuxième fois.
– « On va faire une vue dehors ! »
la bibliothèque de Gérard
Gérard le bibliothécaire et son cahier
– « on va à la bibliothèque ! On évolue ! »
Tous les enfants nous escortent. Symplice, l’ancien bibliothécaire, a eu son bac et a laissé son poste à Gérard, 16 ans, en 3ème, qui tient impeccablement les cahiers de présence et des visiteurs. Il n’y a pas de cahier de prêt puisque la lecture se fait sur place dans une petite salle où trois bancs sont adossés aux murs.
Gérard nous tend une liste des ouvrages qu’ils souhaiteraient acquérir : c’est une très bonne idée. Pour les 6ème Tidjani Serpos, dont mes élèves ont lu un poème l’an passé à l’Unesco, 5ème L’Enfant Noir de Camara Laye, justement je voulais le faire lire aux 4ème
Les terminales souhaitent des livres de philo, entre autres Platon et Nietzsche mais aussi Les bouts de Bois de dieu d’Ousmane Sembene, que j’aime beaucoup et l’Aventure Ambiguë de cheik Hamidou Kane. J’ai mauvaise conscience : ce livre se trouve dans ma valise mais je ne l’ai pas terminé.
Les enfants prennent un livre dans le casier dévolu à leur âge, ils s’installent sur les bancs. Les dictionnaires ont la cote, les contes et les livres illustrés aussi. A la fin de la séance, une rumeur court qu’un élève a emporté un livre. Gérard rappelle toute la troupe, les fait aligner. Ce n’était pas vrai. J’admire l’autorité du petit bibliothécaire qui rêve d’être professeur de Français et qui nous confiera trois lettres pour ses correspondantes françaises, il y a deux ans j’avais également fait le facteur.
Pascal (CM1) aime aussi écrire, il a apporté une très jolie lettre.
– « mais vous ne m’avez pas répondu ! » se plaint il une heure plus tard.
D s’exécute. La réponse de Pascal ne tarde pas. Malgré son jeune âge Pascal a le goût de la langue et se délecte de conjuguer au subjonctif.
Nous quitterons le village encombrées de nombreuses enveloppes.
Je suis amère. La salle de lecture de Pobè pour laquelle nous avons versé de grosses sommes reste une chimère tandis qu’ici, elle fonctionne à merveille. Les cartons contenant des livres que nous n’avons même pas déballés là-bas auraient été mieux appréciés ici ! retour vers Helvetia
J’ai dormi sur la route du retour jusqu’à Comé. Nous avons bu un rafraîchissement au joli bar rouge et blanc sur la route inter-état, traversé Ouidah et retrouvé avec joie la route des Pêches.
Retour à 16heures, nous aurons le temps d’aller à la plage.
On a pêché un baracuda énorme : au dîner il y aura des brochettes de poisson et des alocos.
Les chèvres sont sorties de leurs enclos vers 6heures.
Leurs cris m’ont tirée du lit où je somnolais.
Au village, la nuit est habitée de toutes les voix des tambours et des chants des cérémonies en cours (Sébastien dit qu’avec le progrès ils ont aussi des sonos, nous avons vu passer hier un mégaphone sur le porte-bagages d’un vélo). Nous avons été bercées par ces échos.
Les villageois se lèvent avec le jour. Je ne veux à aucun prix rater le petit matin à la concession. Les matins africains sont d’une douceur étonnante. Promesses de vie, comme une enfance. C’est aussi le moment d’une belle activité. Chacun profite des heures fraîches pour travailler, balayer encore, allumer des feux, nourrir les bêtes…
Les gens se promènent avec un bâton au coin de la bouche.
– « C’est leur cure-dents », explique Sébastien, « on choisit une plante bien ligneuse, il n’y a pas d’arbre spécialisé dans les cure-dents. »
Moronikê, elle, prétend que c’est l’usage du cure-dents qui donne aux Béninois de meilleures dents qu’aux Européens.
– « Peut être », ajoute-t-elle, « le régime alimentaire pauvre en sucreries. »
la marchande de beignets
la marchande de beignets
7 heures, nous allons voir ce qui se passe de l’autre côté de la cour où les femmes ont fait un feu de bois. L’une d’elles est accroupie. Elle prend des petites boules d’une pâte grisâtre de farine de haricots et de soja. Elle et fait frire des beignets dans une bassine d’huile.il y en a vraiment beaucoup.
– « pour toute la famille ? »
A côté sont empilées de larges feuilles vertes de teck. Je m’assois sur un tout petit banc mesurant à peine dix centimètres de large et une douzaine de haut. On me dit qu’il supporte les postérieurs des Africaines beaucoup plus grosses que moi. Je m’adosse à un de ces piquets tordus des abris de chaume.
La cuisinière nous offre des beignets, légèrement salés, ils sont délicieux.
les beignets pour les petits écoliers
Une bande d’écoliers survient. Chacun prend une grande feuille verte et y met une poignée de beignet. La jeune femme met des pièces de monnaie dans le bol rempli d’eau où elle se lave les mains.
Je ne comprendrai que plus tard. Elle vend les beignets 5F l’unité. A l’heure de la récré elle ira vendre à l’école le reste. Nous allons chercher de la monnaie pour lui en acheter d’autres et payer ceux que nous avons mangés.
Gérard vient remplacer Hyacinthe qui fait le dîner. Il me guide vers les sages
– « allons faire quelques pas pour saluer « mon oncle »
Le vieux est malicieux.
– « comment faites vous en Europe pour vivre dans le froid ? » demande-t-il
– « avec des manteaux et des bottes… » je réponds bêtement
– « cela se réchauffe, la coupe de l’UEFA va se rejouer normalement » déclare-t-il
– « Est-ce à cause du froid que vous avez si peu d’enfants ? » dit il faussement naïf.
Un compère rigole.
– « A Marseille les 40cm de neige, c’est une histoire marseillaise ! » il sait de quoi il parle.
– « Mais, quand même, pensez vous que Sarkozy fera un deuxième mandat ? »
Les gens ne se contentent pas d’être polis. Ils ont réellement envie de discuter et sont beaucoup plus informés qu’ils ne le laissent paraître.
Le soir, je dîne sur la natte comme la première fois, je dîne seule.
-« on avait pensé que ta seconde viendrait aussi » dit Gilbert. Ma « seconde » jolie expression.
Le poisson frit est délicieux. Il vient de la mer, « on l’achète congelé »explique Sébastien qui est venu me tenir compagnie. Nous sommes au 21ème siècle. Hyacinthe a frit tout un assortiment de tubercules : igname, manioc (très farineux) un troisième intraduisible en français, bouilli, ma préférence va aux grosses frites sucrées de patates douces. Les féculents sont très variés !
Comme la première fois, nous allumons les bougies à la citronnelle, contre les moustiques mais surtout pour nous éclairer.
Au Bénin, la route est goudronnée. Nous arrivons vite à Azové où nous avions perdu Michel il y a deux ans. Je reconnais la route, le panneau « chez Essou », la concession, le bâtiment en parpaing où nous allons passer la nuit.
Ils sont là : Sébastien et ses frères. Je reconnais Hyacinthe qui a eu son BEPC, Félix n’est pas là, Symplice qui a eu son bac est à la fac. Gilbert, enfant dans mon souvenir, a 16 ans et fait plus. Mithen est un nouveau venu. Dominique a des lettres à distribuer et cherche des correspondantes.
Sébastien délègue Mithen à la recherche des filles de 12 ou 13 ans qui aimeraient écrire. Rapidement, arrive Yvonne puis Clarisse. Il nous avait semblé que dans ce village on ne voyait que des garçons, il suffit d’appeler les filles pour les voir.
Les chambres n’ont pas changé. Toujours pas d’électricité ni de moustiquaire.
On râle pour cette dernière. Sébastien emprunte une voiture pour en acheter une à Azové.
Après les salutations d’usage et une bonne douche au seau et à l’écuelle, il ne se passe rien. Je suis un peu déçue. Je pensais que Sébastien animerait la visite mais il ne semble pas du tout pressé de s’occuper de nous. Finalement il propose d’aller dans une maison où se déroule une cérémonie.
Gilbert et Hyacinthe nous accompagneront, le dernier, le plus vieux négociera le droit de prendre des photos. Mais avant la négociation, il faut aller s’asseoir dans la case du féticheur avec les sages qui s’entassent dans une toute petite pièce décorée d’une feuille de palmier où pendouillent des crânes variés. De nombreux sacrifices et libations ont déjà eu lieu si j’en juge l’état des fétiches dégoulinants de sang, alcool, plumes….En mon honneur le féticheur remplit un verre de rhum. Je me récrie : « je ne bois jamais d’alcool »Il verse le contenu sur le fétiche et sur le sol. Je suis rassurée. On ne m’offrira plus de boisson. La pièce est saturée de vapeurs alcooliques. Plusieurs bouteilles ont déjà servi : gin, rhum…Le prêtre prie pour que nous rentrions sans encombre chez nous. Je ne sais comment remercier. Je sors. Il est encore interdit de photographier
cérémonie
– « il faut patienter ! » – « Veulent –ils de l’argent ? »
Hyacinthe nous prie aimablement mais fermement de ne pas nous mêler de cela. Je dois encore retourner dans la pièce des fétiches.
Enfin, j’ai le droit de photographier. Tous veulent être filmés. Comment vont-ils recevoir ces films ? Je vais faire un CD que j’enverrai à Sébastien. Ils se plantent devant l’objectif regardent les petits films et sont ravis. Il y en a même qui jouent les acteurs.
Hyacinthe m’emmène chez l’instituteur qui me fait entrer dans sa maison. Nous prenons place autour d’une belle table de bois. Il a un ordinateur mais l’unité centrale est gâtée. Nous parlons pédagogie de l’utilisation possible de l’ordinateur même en l’absence d’une connexion Internet. Tout le monde a un GSM au village, bientôt auront une clé USB ? je lui raconte qu’au Vietnam qui était encore sous développé et très pauvre, il y a peu, les enfants tiennent le cybercafé, comment l’Asie a pris le tournant informatique et comme il faudrait que l’Afrique s’y mette.
5h30 – il ne fait pas encore jour au Togo, mais on balaie déjà. Etonnant d’entendre et de voir tous ces balais qui s’activent à chasser la moindre feuille importune et tracent sur le sable des rayures fines. Les balais à grand manches existent mais le plus souvent on balaie courbé, le dos cassé à l’aide d’une feuille de palme sèche ou de petits fagots.
A la Détente, le personnel très nombreux, complète le ménage par un passage au chiffon de tous les poteaux, tous les rebords laqués de gris. Dans la fraîcheur du petit matin, une énergie incroyable est dépensée dans ce ménage. Dès que la chaleur deviendra accablante le rythme se ralentira.
Après le petit déjeuner, nous prenons congé de La Détente qui ne payait pas de mine à l’arrivée mais où nous avons été très bien.
la piste à travers le Togo :d’Agou à Notse
Au marché la vendeuse de boisson
Pour aller au Bénin, nous allons emprunter les chemins de traverse : une piste à partir d’Agou passant par Notse jusqu’à la frontière.
La route de Lomé est bordée de très jolis étals de fruits : avocats, ananas bananes et plantains sous de jolis abris de chaume. Bois et chaume, paniers et plateaux en vannerie. Aux abords d’Agou, les arbres sont magnifiques. Un panneau indique la production de spiruline (il faudrait que je me renseigne).
Après Agou, la piste traverse des villages encore intouchés par la vie moderne. Pas de voiture. Nous sommes seuls, croisant vélos et quelques motos. Peu de maisons en ciment. Des baobabs se dressent dans les champs de maïs et de manioc. Le mont Agou s’éloigne sur notre gauche. Nous passons une rivière où se baignent jeunes hommes et gamins. Certains s’y lavent en se savonnant.
Le bourg le plus important, Kati, doit avoir un marché actif. Le dimanche matin, c’est tranquille. Seules quelques échoppes sont occupées.je suis très bien accueillie avec mon appareil photo. J’ai l’habitude des refus. Ici, c’est tout le contraire : tout le monde veut être pris en photo. Les gens se regardent dans l’écran à l’arrière de l’appareil. Ils sont ravis de leur image. Peut être n’ont-ils pas l’occasion de se voir. Ont-ils des miroirs à la maison ?
coton : sur place!
Kamal me montre les nérés petites feuilles composées et gousses en bouquet. La forêt a disparu depuis un bon moment. Nous nous arrêtons devant un champ de coton. Il en reste encore quelques poignées et certains plants sont en fleur. La première des deux récoltes se termine, on en fait deux par ans. Plus loin les gros camions orange, les « titans » chargent des ballots. Un gros tas fume : on fabrique du charbon de bois.
Les églises sont pleines le Dimanche! Nous entendons les rumeurs des messes chantées et dansées. A Notse, arrêt pour acheter de l’eau, je m’aventure dans une grande église en ciment. Tout le monde est debout. Certains dansent sur place. D’autres font la queue en une longue file qui serpente : ils portent une enveloppe brune – sans doute leur contribution financière. Je n’ose pas filmer malgré la bienveillance des gens qui me saluent. Plus tard, dans les villages des théories de villageois portent les bancs sur leur tête.
Les villages sont très beaux : les toits de chaume coniques coiffent des cases de terre ou des auvents ouverts portés par des piquets tordus. Même les écoles sont en chaume. Les tableaux noirs nous indiquent qu’il s’agit bien d’établissement scolaire. Plusieurs classes mitoyennes sont construites à la file. Plus de grands kapokiers, à leur place nérés et baobabs.
Entre temps un groupe de jeunes blancs est arrivé, deux garçons un peu godiches et six filles portant le T-shirt d’un camp de « volontaires ». L’une d’elles, cheveux européens tressés à l’africaine a pris la tête de la bande. Elle cherche un enfant qui les conduirait à la cascade :
– « Djalil a dit que pour 1000F n’importe quel enfant nous y conduira. » affirme-t-elle avec l’autorité des blancs qui connaissent l’Afrique.
Appolinaire et son compère des plantes tinctoriales sourient de connivence
– « il faudra payer 500F par tête pour l’entretien de la Cascade »
La tressée se lève comme un ressort :
– « Nous ne paierons rien du tout, nous avons déjà payé au Mont Kloto pour l’ensemble des sites et nous avons un reçu ! » qu’elle brandit sous le nez des guides.
– « 500F ! ce n’est même pas un €. Quelle histoire ! », je murmure assez fort pour qu’ils entendent.
– « un prix, c’est un prix ! pérore la tressée, « c’est marqué dessus ! » « un cadeau, c’est un cadeau ! on ne peut pas nous forcer à donner des cadeaux »
– « vous êtes des volontaires ? »demande un togolais
– « c’est bien ! » poursuit le togolais.
Je comprends mieux. Ils ont payé leur voyage, ils sont étudiants et désargentés. Ils sont venus avec toute leur bonne volonté ils paient leur stage, ils travaillent et sans cesse on leur demande « un cadeau », un pourboire…Comme s’ils étaient Crésus !
Au bout de quelques semaines, cela doit devenir agaçant. En place de reconnaissance, on les considère comme des porteurs de porte-monnaie.
Kpalimé – La Cascade
la cascade de Kpalimé
Nous quittons la route pour un sentier qui s’enfonce dans la forêt.
Vu de France, un sentier dans la jungle togolaise cela semble très aventureux. On imagine des bêtes sauvage, des serpents, des araignées effrayantes….
Ce n’est pas du tout ce que nous trouvons !D’abord, la forêt est très civilisée : partout, les paysans ont planté des bananiers, des avocatiers, des palmiers à huile… ensuite, le sentier est très bien tracé et fréquenté par des enfants portant des fagots, des femmes du bois dans des bassines.
La forêt est luxuriante et verte à tous les étages avec ses fougères, ses lianes sur le sol, ses épiphytes au dessus de nos têtes, ses bananiers et ses parasoliers, ses arbres à pain et les grands troncs des kapokiers allant vers la canopée. Elle est luxuriante mais elle n’est pas sauvage : elle a été reboisée puis coupée en 1992 à la suite de troubles ( ?) et maintenant fait à nouveau l’objet de nouvelles replantations. Apollinaire souhaite planter 12000 nouveaux arbres avec l’aide de volontaires canadiens cet été.
Nous arrivons donc sans encombre à une jolie cascade qui retombe dans un petit bassin ? Pour les exploits nautiques c’est u n peu trop petit. Pour la douche glaciale, je m’y reprends à 3 fois ? Une cabine a été installe à l’écart. Au milieu de sa toile, une araignée de bonne taille guette sa proie, je me change à distance.
Le petit ruisseau, né de la cascade, coule au pied de bananiers vert tendre. Un bouquet de feuilles lancéolées sort d’un rocher qui ressemble à un petit banc. Sous la cascade il y a de délicates fougères. C’est un joli endroit pour dessiner. Je découvre, tapie sous une feuille une araignée noire pattes écartées, tapie. Apollinaire me rassure, elle est inoffensive.
Bel endroit aussi pour le pique-nique : banane et avocat.
Kpalimé- balade au mont Kloto
Termitière au Mont Kloto
Mont Kloto
Nous grimpons d’abord au « campement »où Kamal nous attend avec la voiture. Il est aménagé comme un hôtel où des groupes peuvent passer la nuit. Rien ne semble prévu pour les individuels. Les troncs des arbres sont impressionnants.
Du kapokier, Appolinaire dit :
– « on fait sortir la pirogue »
Du parasolier :
– « on fait sortir les instruments, djembés, congas… »
L’idée que l’arbre contienne de son vivant les objets qui ne demandent qu’à sortir me plait beaucoup.
Du Campement on peut aller au sommet du Mont Kloto en voiture. Apollinaire décide qu’il fait chaud et veut abréger la promenade que je réclame vivement. Pour ma punition, il marche au pas de charge. Pour retrouver mon souffle je photographie une termitière. Le mont Kloto n’est pas boisé. Son sommet est herbu. C’est vrai qu’à 3 heures de l’après midi ce n’est pas la balade la plus agréable. J’en profite pour apprendre comment on fait l’huile de palme : l’huile rouge pour la cuisine devient en vieillissant l’huile noire. Mon guide cueille une sorte de datte orange qui pousse en régime à la base de la touffe de feuilles.
Au retour Kamal nous mène au Centre Artisanal de Kpalimé où des sculpteurs fabriquent des meubles, des éléphants, des tabourets avec des outils rudimentaires. L’un d’eux travaille un bloc d’acajou à l’herminette. Il tient le bloc avec son pied, pas d’étau, pas de serre-joint.
De retour à l’hôtel nous bavardons avec trois enseignantes du 93 qui sont installées dans sur les chaises longues du petit salon ouvert dans un renfoncement, très agréables. Ils voyagent à 4 en taxi. Nous aurions pu faire de même. Avoir un chauffeur est un luxe mais pas une obligation au Togo !
En fin de soirée, Justin de Sandotours, qui accompagne un petit groupe, vient pour une courte visite. Ce troisième séjour en Afrique de l’Ouest est vraiment sous le signe des rencontres, des retrouvailles et de l’amitié.
Apollinaire cueille la feuille du Lantana inancara qui ressemble au lantana que nous employons comme une plante décorative, buisson fleurissant avec de petits pompons. On l’utilise ici comme plante médicinale, elle guérit certaines maladies de peau.
Dans une cour on a étalé les baies du Giropia qui ressemble à des bâtonnets verts et rouges vif comme des piments. Elles sècheront et serviront à parfumer la sauce. Leurs buissons ressemblent aux caféiers.
Les bambous de taille impressionnante sont utilisés pour les clôtures et les cabanes des animaux.
Devant un coca bien frais, Apollinaire nous raconte que c’est un vieux qui l’a initié aux plantes médicinales. Trop âgé pour aller les chercher lui-même, il l’envoyait les cueillir dans la forêt. Il a ensuite étudié la botanique.
Kpalimé – Plantes tinctoriales
Teinture jaune
Le noir et le marron viennent d’une gousse de Moukouna. Les feuilles de l’indigo fraîchement pilées donnent le vert, fermentées le bleu. L’écorce de l’Arangana de Madagascar raclée, mêlée à du kaolin et au jaune d’œuf feront le pigment jaune. Le rouge vient de la graine de Roukou ou des feuilles des jeunes tecks, le rose du bissap
Kpalimé -Peindre avec plantes!
peindre avec des plantes!
On enduit le chiffon de coton dans de l’empois d’amidon puis dans le kaolin pour obtenir une toile épaisse sur laquelle le peintre dessine des silhouettes stylisées noires sur un fond coloré. Les danseurs et danseuse sont très gracieux mais nous préférons acheter un groupe d’enfants réunis avec leurs têtes rigolotes (3500F).
On nous montre ensuite, dans une sorte ou de volière, un phasme énorme de peut être 30 cm de long très difficile à photographier.
Apollinaire cueille une feuille d’une très jolie fougère à la fronde découpée qu’il appelle Polypode vulgaris (aucune ressemblance avec le polypode européen aux lobes arrondis tout bêtes). Ici, les jeunes villes décorent leur corps en appliquant l’envers des feuilles qui laissent l’empreinte des spores blanches. Très beau tatouage éphémère sur la peau noire !
collections d’insectes, scorpions, orchidées..
insectes
Papillons, coléoptères, scorpions
Deux jeunes vendent des boîtes de collection d’insectes : coléoptère, cerfs volants, scarabées métalliques, Polyphème à ponctuations, Lucanes piqués avec des épingles autour d’un phasme aux ailes déployées. Ils n’ont jamais entendu parler de la reproduction des Phasmes par parthénogénèse. Ici phasmes femelles et phasmes mâles s’accouplent et pondent des œufs.
les autres boîtes contiennent des papillons colorés, bleus métalliques, orange violent. Les noms sont inscrits mais je ne les ai pas retenus. Pour la photo, le jeune fait coulisser le verre. Pour éluder l’achat je trouve l’excuse : « trop encombrant ».
Le scorpion de près d’un décimètre a des pinces impressionnantes.
– « est-il mortel ? »
– « non, mais sa piqûre est très douloureuse. Cela fait mal pendant au moins 72 heures sauf si on frotte avec les feuilles d’une plante qui font disparaître la douleur »
La plante c’est du manioc, cela tombe bien il y en a partout.
– « Il n’est pas agressif,- continue Appolinaire, je m’amuse bien avec lui, je le fais grimper sur mon corps. Il ne pique que s’il se sent vraiment menacé, si on lui écrase ses pinces, pour se défendre. »
Orchidées
Les gens vont chercher les orchidées épiphytes et les installent dans des packs de vin vides dans du terreau pour les vendre. Malheureusement la floraison est terminée et les hampes florales sont desséchées.
Foyers améliorés
Un panneau, sur le bord de la route, vante les foyers améliorés installés par une ONG. J’aurais bien aimé en visiter un. Ils fournissent une économie de bois et de temps notable, améliorant ainsi la vie des femmes et épargnant la forêt. Ici tout est cuit au bois ou au charbon de bois – ce qui revient au même.