Elixir – Dans la vallée à la fin des temps – Kapka Kassabova – Marchialy

 BALKANS (BULGARIE)

 

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Fan absolue de Kapka Kassabova qui m’a envoûtée avec Lisière puis avec L’Echo du Lac ! J’ai attendu avec impatience la sortie de ce troisième opus et voilà que Babélio m’a donné le privilège de le découvrir, merci à Babélio et à l’éditeur Marchialy! 

L’autrice m’a donc embarquée pour un voyage dans la vallée de la Mesta, fleuve encore sauvage en Bulgarie courant entre les trois massifs des Rhodopes, de Rila et du Pirin à la frontière de la Grèce et de la Macédoine du Nord. Nous avons visité ces villages il y a une dizaine d’années et j’ai trouvé des réponses aux questions que je me suis posée alors.

« C’est quoi, ce livre que tu écris?

– Ca s’appelle Elixir, répondis-je

– Elixir

-Ca raconte comment les hommes le cherchent sans le trouver. »

Ce n’était pas gagné : j’aime bien herboriser pour le plaisir de la découverte des végétaux mais je ne fréquente pas les herboristes, ni les guérisseuses et je me méfie des médecines « alternatives ». Je suis accro au café italien, je bois volontiers du thé mais je déteste verveines, rooibos, et autres  tisanes.

La magie de l’écriture a opéré : Kapka Kassabova détaille les usages et les bienfaits des plantes, fleurs, racines, feuilles, tout a des vertus curatives, mais surtout, elle nous fait partager des rencontres rares avec des personnalités extraordinaires, femmes et hommes détenteurs d’un savoir millénaire, la science des plantes médicinales. Cueilleurs d’herbes, de champignons, de baies qui parcourent à pied la montagne et en connaissent les secrets. Hommes simples, Bulgares ou Roms, qui traversent l’Europe pour les asperges, les fraises ou tout autres cueillettes.

Je découvre les Pomaks, musulmans mais non turcophones, dont les femmes portent encore les sarouels traditionnels. Minorité oppressée pendant le Régime communiste, qui exigea de changer leurs noms, leurs costumes. Islamisés depuis des siècles mais héritiers des Bogomiles chrétiens proche des Cathares, islam soufi plutôt clément pour les femmes.

Syncrétisme aussi. Ces populations encore très proches de la nature vénèrent des sources, des pierres investis de pouvoirs miraculeux. Tous sont sensibles à la nature encore sauvage des montagnes, à l’influence de la lune, à l’émerveillement des nuits étoilées.  Histoires byzantines. Traditions antiques de ruines Grecques ou romaines encore visibles. Le mythe d’Orphée est aussi présent. Pouvoir magique de l’eau, des bains, romains, turcs ou thermaux qui réunissent encore les habitants de ces vallées et que nous fait partager l’autrice. 

Chaque rencontre avec les babas guérisseuses, gardiennes des pierres magique, est une surprise. On fait aussi connaissance avec un spécialiste des herbes, un masseur aveugle, un éleveur de chevaux, des bergers, des chasseurs de trésor… Chaque fois Kapka Kassabova fait surgir des personnages originaux. Elle ancre leur histoire dans les légendes ou dans le contexte politique. Tout n’est pas idyllique, la vallée se dépeuple. l’exode rural après l’abandon de la culture du tabac qui était la richesse de la vallée. Déjà, du temps du communisme on a essayé d’exploiter ces forêts et ces montagnes 

« Des pancartes de l’ère communiste pendouillaient au bout de clous brisés : 

« DU COMBAT CONTRE LA NATURE, NOUS SORTIRONS VICTORIEUX »

Mon guide sourit tristement : « Ils ont échoué mais pas assez »

Les villages se vident inexorablement, peu de jeunes dans les habitants permanents. Ce sont des vieux qui maintiennent les  techniques et les savoirs traditionnels. L’autrice note :

 » quand un village perd ses spécialistes de la terre il devient un village vide. il se mue en station touristique ou en banlieue satellite »

Même si je ne l’ai pas suivie sur le terrain des saintes et des miracles ou des voyantes, je me suis laissé entrainer par Kapka Kassabova dans ce voyage avec grand plaisir!

Rhapsodie Balkanique – Maria Kassimova- Moisset

BULGARIE

Une belle histoire d’amour à Bourgas puis Istanbul !

Charme des Balkans , mosaïque de religions, de traditions, de langues dont l’autrice nous restitue la musique avec le Grec et le Turc qui se mêlent au Bulgare – le roman est traduit du Bulgare – mais que la traduction française occulte.

A la naissance de Miriam, la Bulgarie vient juste d’être indépendante et de sortir de l’Empire Ottoman. Ahmed, son amoureux arrivera plus tard d’Albanie sur une charrette. Imbrication des communautés qui se définissent par leur confession qui ne peuvent s’unir par le mariage.

Ahmed, le musulman, et Miriam orthodoxe ne peuvent vivre leur amour. Miriam est maudite par Théotitsa, sa mère, elle devient « la putain turque » stigmatisée dans toute la ville, elle perdra aussi sa sœur tant aimée qui ne lui parlera plus. Miriam est une femme forte, ardente, un peu sorcière. Elle ne se laisse pas intimider. Ahmed et Miriam fuient donc la ville provinciale pour Istanbul, la Ville. Dans l’anonymat de la grande ville ils trouveront un foyer, élèveront leurs deux enfants avec la complicité bienveillante de leur voisine. Cruauté du sort : Ahmed, phtisique va mourir et la jeune femme sera démunie, rejetée parce que chrétienne. Ils connaissent la misère. La vie n’est pas facile pour une jeune veuve avec deux enfants. Miriam croit trouver une solution en abandonnant l’aîné dans un pensionnant militaire de la Turquie kémaliste. Choix douloureux! 

La vie n’est pas simple pour les femmes des Balkans : même très fortes comme Miriam et avant elle pour sa mère Theotitsa. Indépendante, douée d’une imagination étonnante, presque sorcière, Miriam tente suivre sa voie, son amour. Elle paie le prix fort.

J’ai beaucoup aimé le soin et la poésie que l’autrice apporte pour décrire le quotidien des femmes : lessives, repassages, pliages, dignité de ces vêtements raides, des robes noires, soin aux reliques des enfants morts – petits habits pliés dans le coffre interdit. Evocation de l’enfance, intimité des deux soeurs et courage et débrouillardise de Haalim, le fils de Miriam.

Kéraban le têtu – Jules Verne

VOYAGE EN ORIENT – MER NOIRE

« De là, à travers la Bessarabie, la Chersonèse, la Tauride ou le pays des Tcherkesse, à travers le Caucase et la Transcaucasie, cet itinéraire contournerait la côte septentrionale et orientale de l’ancien Pont Euxin jusqu’à la limite qui sépare la Russie de l’empire ottoman »

Un voyage autour de la mer Noire.  D‘Istanbul à Scutari sans traverser le Bosphore! Jules Vernes nous entraine dans des aventures à pied, à cheval, en voiture mais surtout pas en bateau, en compagnie de Kéraban, un marchand de tabac turc, de son ami Van Mitten, un négociant hollandais ainsi que de leurs serviteurs. Pour corser le voyage : Kéraban-le-têtu refuse toutes les inventions modernes : trains, télégrammes ; il a peur en bateau. Comme il est têtu, il n’en démordra pas. Course contre le temps, son neveu doit épouser la fille du négociant Sélim d’Odessa dans six semaines.

Roman d’aventure et  roman comique.

Pour le comique, Jules Verne n’a pas fait dans la finesse, ses personnages sont plutôt caricaturaux, Kéraban, très conservateur, très entêté, son serviteur très servile, le Hollandais, très très hollandais et Ahmet le fiancé un jeune homme sans peur et sans reproche. Les méchants, très méchants.

Pour l’aventure, vous serez servis.

En revanche, pour le tourisme, vous serez peut être frustrés. Kéraban est tellement pressé que vous ne visiterez rien, ni Odessa, ni Trébizonde, ni aucun des sites antiques cités. L’essentiel est d’arriver à temps. Cependant la nature est parfois plus forte que la volonté d’arriver et la voiture s’enlisera dans le delta du Danube, escale forcée :

 

« par entêtement, le seigneur Kéraban ne compta pas, en dépit des observations qui lui furent faites, et il lança sa chaise à travers le vaste delta. Il n’était pas seul, dans cette solitude, en ce sens que nombre de canards, d’oies
sauvages, d’ibis, de hérons, de cygnes, de pélicans, semblaient lui faire cortège. Mais, il oubliait que, si la nature a fait de ces oiseaux aquatiques des échassiers ou des palmipèdes, c’est qu’il faut des palmes ou des échasses pour fréquenter cette région trop souvent submergée, à l’époque des grandes crues, après la saison pluvieuse. »

Nous traverserons à grande vitesse la Crimée :

Crimée ! cette Chersonèse taurique des anciens, un quadrilatère, ou plutôt un losange irrégulier, qui semble avoir été enlevé au plus enchanteur des rivages de l’Italie, une presqu’île dont M. Ferdinand de Lesseps ferait une île en deux coups de canif, un coin de terre qui fut l’objectif de tous les peuples jaloux de se disputer l’empire d’Orient, un ancien royaume du Bosphore, que soumirent successivement les Héracléens, six cents ans avant l’ère chrétienne, puis, Mithridate, les Alains, les Goths, les Huns, les Hongrois, les Tartares, les Génois, une province enfin dont Mahomet II fit une riche dépendance de son empire, et que Catherine II rattacha
définitivement à la Russie en 1791 !

 

Heureusement le Hollandais a un guide touristique et nous fait part des sites touristiques et des anecdotes s’y rapportant, faute de faire une visite. Comme dans le Delta du Danube, la nature piège l’attelage

« Il devait être onze heures du soir quand un bruit singulier les tira de leurs rêves. C’était une sorte de sifflement, comparable à celui que produit l’eau de Seltz en s’échappant de la bouteille, mais décuplé[…]

Qu’y a-t-il donc? Pourquoi ne marchons -nous plus? demanda-t-il D’où vient ce bruit?

ce sont les volcans de boue, répondit le postillon « 

Moi aussi, j’ignorait l’existence des volcans de boue de Kerch près de la mer d’Azov!

Il y a donc encore des surprises pittoresques en cours de route que je vous laisse découvrir, des souvenirs historiques, les soldats de Xenophon….et bien d’autres.

Adieu Shangaï – juif Angel Wagenstein – Ed. l’Esprit des péninsules

BULGARIE 

Angel Wagenstein est un écrivain bulgare auteur de Abraham le Poivrot, loin de Tolède et de Le Pentateuque ou les cinq livres d’Isaac, que j’ai beaucoup aimés et qui mettent en scène des Juifs séfarades bulgares à Plovdiv pour le premier et un tailleur ashkénaze de Kolodetz- Galicie  (à côté de Lviv) qui, sans quitter sa ville a changé 5 fois de nationalité et a été déporté avec son beau-frère le rabbin. Ces deux livres, florilège d’humour juif m’avaient beaucoup fait sourire, même rire. 

Adieu Shanghai est le dernier volet de cette trilogie racontant l’histoire des Juifs d’Europe au XXème siècle. C’est un roman historique et  un roman d’espionnage : l’histoire vraie, mal connue, de la communauté juive de Shanghai entre les années 30 et la fin de la guerre en 1946.

En introduction et en conclusion : la Symphonie des Adieux de Haydn. Les héros du roman sont des Juifs allemands : un couple de musiciens de Dresde et  Hilde, une jeune Berlinoise, figurante de cinéma qui a été repérée pour un tournage à Paris. Juifs assimilés, éloignés de la tradition juive, ils n’ont pris conscience du danger dans l’Allemagne nazie que très tard quand toutes les portes de l’exil se sont refermées.  L’Angleterre ferme ses portes, l’Amérique ne donne plus de visas comme dans l’épopée du paquebot Saint Louis avec à son bord près de 1000 juifs allemands qu’on a renvoyé à Hambourg.  Le 10 novembre 1938, Nuit de Cristal, Theodor Weissberg et les musiciens juifs du Philharmonique de Dresde sont arrêtés et conduits à, Dachau… Seule destination encore ouverte : Shanghai! 

A Shanghai la Communauté Juive est composé de trois groupes  : les plus anciens, les Bagdadis, riches commerçants sont installés au coeur de la Communauté internationale, un autre groupe vient de Russie ayant échappé aux pogroms et aux persécutions, et plus récemment des réfugiés venus d’Allemagne s’entassent dans un quartier pauvre, dans des dortoirs de fortune de la fourmilière humaine de Hongkew. 

Cosmopolite, Shanghaï était une ville portuaire avec des Anglais, des Français, des Allemands, des marins , vivant séparés du peuple chinois. Depuis juillet 1937 les Japonais sont maîtres de la ville. Les Allemands alliés des Japonais comptent bien étendre les mesures antijuives à Shanghaï et concentre les Juifs dans un ghetto à Hongkew.

Shanghaï est aussi un nid d’espions, entre services secrets japonais, allemands, russes, anglais et américains. Les gouvernants n’écoutent pas toujours les indices que leurs renseignements font circuler. Pearl Harbour aurait-il pu être évité? Pour qui espionne Vladek- le polyglotte, alias Vincent le journaliste? Tout un jeu trouble dans les vapeurs d’opium ajoute à la tension du livre.

Ces jours-là, on attribuait à Joseph Staline le mérite personnel du retournement de situation sur le front russe. possible. Si la rumeur et l’Histoire aiment à simplifier et personnifier les évènements afin de les rendre  plus digeste. il serait cependant par trop simpliste de mettre toutes les victoires et tous les naufrages au crédit d’un seul homme. Il est ainsi peu probable que le message codé par le journaliste suisse Jean-Loup Vincent ait joué à lui seul un rôle décisif dans cette épopée si dramatique pour Moscou. Attribuer la prise de Troie, au terme d’un infructueux siège de dix ans, à un cheval en bois creux, la destruction de l’inexpugnable Jéricho à des trompettes ou le salut de Rome à des vols d’oies. Autant de procédés littéraires, mais bien loin de restituer toute la complexité et la barbarie de la vérité historique….[…]Semblables supercheries douanières se comptent par dizaines ; Pearl Harbour est du nombre.

On ne sourit pas(ou très peu) à la lecture de ce livre contrairement aux deux précédents, on est en pleine tragédie. Et pourtant, l’auteur sait repérer le cocasse de certaines situations comme cette synagogue dans un temple chinois meublé d’un énorme Bouddha ou l’orchestre des carmélites accueillant les réfugiés en musique

Cet exotique tableau avec nonnes chinoises embouchant trombones et trompettes pour magnifier le Danube bleu à l’embouchure du Yang-Tseu-Kiang lequel brassait les eaux d’un brun trouble, recelait quelque chose de grotesque et de touchant à la fois. un tel accueil, aussi solennel qu’ inattendu, insufflait du courage dans l’âme des réfugiés désorientés et exténués après ce long voyage, il ravivait l’espoir génétiquement enraciné au cœur de la tribu d’Israël, si souvent persécutée, que la situation n’était pas si tragique et qu’au bout du compte, tout finirait par s’arranger. Frêle espoir qui serait bientôt mis à rude épreuve. 

Livre d’autant plus émouvant que rien (ou très peu) a été inventé!

Les Dévastés – Théodora Dimova – Editions des Syrtes

 

BULGARIE

Lu dans le Mois de la Littérature de l’Esà la suite de Patrice

et  Chez mark et marcel de Passage à l’Est  

« Quel souvenir garderez-vous de moi si je ne vous écris pas ces mots, si, par cette lettre que vous lirez
certainement plusieurs fois, parfois ensemble, mais parfois seuls aussi, vous n’entendez pas ma voix et ne sentez pas ma caresse qui sera toujours au-dessus de vous, jusqu’à la fin de vos jours, tout comme maintenant je vous contemple et vous caresse, ici, sur ce sol en terre battue, serrés l’un contre l’autre, enveloppés de la couverture râpée que nos logeurs nous ont donnée.. »

Je me suis trompée longtemps en recopiant le titre Les Dévastés que j’orthographiais « Les Dévastées«  puisque ce sont les voix de femmes, Raïna, Ekaterina, Viktoria et Magdalena, Alexandra, vingt ans plus tard qui donnent le titre à chacun des chapitres. Dévastées à la suite de la prise de pouvoir des communistes sur la Bulgarie. 

Le livre s’ouvre sur la nuit que Raïna passe à la veille de l’exécution de Nikola, son mari, un écrivain, un intellectuel en février 1945. Par un long monologue, elle s’adresse à Nikola, comme si lui parler le maintenait encore en vie.

Ekaterina est la femme du Père Mina, emprisonné avec Nikola et fusillé avec lui. Elle écrit une longue lettre à ses enfants pour maintenir le souvenir de leur père. On ne s’est pas contenté de prendre la vie à leur père, on a aussi pris leur maison, et les a déporté dans une misère noire.

Viktoria et sa fille adoptive Magdalena sont victimes de la vindicte de voyous au service du nouveau pouvoir. Ils jalousent la richesse de Boris et l’envoient en prison. Déportée,  la jeune femme délicate, pianiste, artiste, travaillera dans un briqueterie après avoir tout perdu et sombrera dans la déchéance.

L’histoire d’Alexandra commence par un deuil : son père, Mikhail un peintre estimé vient de mourir. Mikhail était le mari de la fille de Raïna et la petite fille reporte toute son affection sur sa grand-mère qui lui livrera les secrets de famille. Et la boucle est bouclée.

Hommes exécutés, femmes en deuil, déportées…une réalité bien triste. Et pourtant je suis restée scotchée à écouter leur voix, à imaginer leurs histoires. Un roman très touchant, très sensible.

L’Echo du Lac – Kapka Kassabova – Marchialy

BALKANS – MACEDOINE-ALBANIE-GRECE-BULGARIE

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Lisière fut un  véritable coup de cœur l’an passé! Kapka Kassabova, écrivaine bulgare emmenait le lecteur dans les forêts sauvages de la zone frontalière entre Bulgarie, Turquie et Grèce, aux frontières de l’Europe, sur l’ancien Rideau de fer. Elle nous conduit sur les routes d’exils, à travers une histoire millénaire qui remontait aux Romains, aux Thraces. Rencontre avec des gens simples qui ont traversé des frontières pour garder leur identité, leur langue ou leur religion. Exils volontaires, échanges de population, ou réfugiés chassés. 

 

Les lacs jumeaux d’Ohrid (« h » aspiré) et Prespa sont incrustés tels des diamants dans les replis des montagnes de Macédoine occidentale et d’Albanie orientale. Ils sont relativement proches de l’Adriatique et de la mer Égée[…] Ici passait la via Egnatia, voie romaine stratégique reliant Dyrrachium sur la côte adriatique à Byzance sur le Bosphore.

Le lac d’Ohrid est alimenté par des affluents, des sources sublacustres, et – fait plus remarquable – par des eaux souterraines provenant du lac Prespa[…]Cette extraordinaire transfusion s’opère sous nos yeux, seconde après seconde, tout comme le bouillonnement
des sources lacustres à Saint-Naum, en Macédoine, et à Drilon, en Albanie.

L’écho du Lac décrit autre région balkanique : la Macédoine à cheval sur trois états actuels : Macédoine du Nord, Albanie et Grèce mais aussi revendiquée par la Bulgarie, la Yougoslavie hier et même l’ Empire ottoman. Rien ne la symbolise mieux que cette salade macédoine, faite de divers morceaux mélangés. Diverses langues, Macédonien, Bulgare, Albanais ou Grec, Turc, musulmans ou orthodoxes, avec toutes les combinaisons possibles. Et tout cela sur un mouchoir de poche : sur les rives du Lac d’Ohrid entre deux petites villes Ohrid la macédonienne et Pogradec l’Albanaise, quelques villages, un monastère fameux, des grottes autrefois habitée par des ermites, des montagnes sauvages où vivent encore des ours et des loups…Non loin du Lac d’Ohrid, les Lacs Prespa sont également à cheval sur l’Albanie, la Macédoine du Nord et la Grèce. leur histoire est aussi dramatique et sanglante, Komitas et andartes mais aussi souvenirs des guerres civiles grecques. Exils et emprisonnements dans les camps albanais d’Enver Hoxa, ou sur les îles de Makronissos. Identités complexes façonnées par les exils jusqu’en Australie. Totale tragédie quand la Besa ( serment à la parole donnée et au Kanun albanais)  façonne des vendettas qui courent sur des générations. 

L’orage menace sur le Lac d’Ohrid

L’écho du Lac correspond à une démarche très personnelle : la mère, la grand-mère, les tantes et cousines de Kapka Kassabova sont originaires d’Ohrid. C’est donc un  retour aux sources de sa famille maternelle. Les titres des deux premiers chapitres Fille de Macédoine et A qui appartenez-vous? situent l’autrice dans la position de l’exilée qui rentre au pays et qui reconstitue l’histoire de sa famille sur des générations. Quand elle rencontre des personnes qui ne lui sont pas apparentées, elle est considérée comme une fille du pays. Rien à voir avec une aventurière ou une journaliste qui viendrait explorer un pays étranger. Il en résulte un accueil toujours bienveillant et confiant. De parfaits inconnus lui livrent des secrets de famille, racontent leurs exils, leurs retours impossibles, leurs enfants perdus de l’autre côté d’une frontière infranchissable. Et toutes ces histoires sont très touchantes. 

monastère saint Naum

Il n’est pas indifférent que ce livre soit écrit par une femme dans cette région où hommes et femmes voient leur rôle défini par une tradition patriarcale presque féodale. Il n’y a pas si longtemps au XXème siècle une fille n’avait pas le droit de passer deux fois dans la rue principale dans la même journée. Elle était assignée à un code de conduite très précis. De même, les femmes macédoniennes revêtaient très jeunes le noir du deuil pour ne pas le quitter, « veuves » d’un mari parfois vivant, exilé, emprisonné ou en fuite.

« La polygamie était assumée chez les musulmans, clandestine chez les chrétiens. Cela explique peut-être pourquoi la ville close adopta un système matronymique : les femmes s’assuraient de laisser leur empreinte. À qui appartenez-vous ? Je suis la fille d’Angelina.[…]

L’absence des hommes conférait aux femmes davantage de pouvoir au sein des familles et des communautés. »

« J’avais beau rencontrer davantage d’hommes que de femmes, les femmes du lac me semblaient avoir une
présence plus prégnante. Mortes ou vivantes, elles incarnaient l’élément lacustre, les profondeurs génératrices où le désir et le chagrin ne cessaient de bouillonner. Je me suis assise sur l’herbe sèche au-dessus de Zaver. Je me suis imaginé une procession : les femmes des lacs. Des femmes lavant le linge, des enfants sur le dos, réparant des filets de pêche, défiant à la rame les vagues mauvaises dans ces chuns aux allures de cercueils, flanquées de mules chargées ; et des citadines en talons hauts munies de livres et de cahiers, de rêves de grand amour, de réussite… La perfection, sinon rien. »

 

Il faudrait parler d’histoire, d’Alexandre à Ali Pacha de Janina, de guerres greco-bulgares, des divers communistes grecs (partisans souvent staliniens) de la Yougoslavie de Tito, des outrances d’Enver Hoxa et de la terreur qu’il inspira, de ce conflit identitaire pour le nom « Macédoine » ou pour le drapeau qui sépare les habitants du Lac Prespa par une frontière invisible… Evoquer le monastère Naoum et Clement, les fresques, les miracles….

parc drilon

J’ai enfin compris les mystères de Psarades, où nous avons passé quelques jours. Nous avions essayé de parler avec une vieille dame en Grec, elle ne nous comprenait pas, et la femme du restaurant ne savait pas déchiffrer le menu en Grec. Elle n’était pas illettrée, nous ne savions pas que le macédonien s’écrivait en cyrillique.

Nous avions aussi visité le Parc Drilon à Tushemisht en Albanie sans savoir que les sources étaient celle du fleuve Drin. Tant de choses que les touristes, même consciencieuses ne peuvent deviner!

 

Le Pentateuque ou les cinq livres d’Isaac – roman d’Angel Wagenstein – autrement

MITTELEUROPA

Angel Wagenstein (né en 1922 à Plovdiv, Bulgarie) juif séfarade est l’auteur d’Abraham le Poivrot qui m’avait fait beaucoup rire et qui se déroulait au bord de la Maritza.

Le Pentateuque ou les cinq livres d’Isaac – Sur la vie d’Isaac Jacob Blumenfeld à travers deux guerres mondiales, trois camps de concentration et cinq parties – 

traduit du bulgare

Si Lewen : LaParade

Isaac est un tailleur de Kolodetz, de l’ancienne province de Galicie, aujourd’hui en Ukraine non loin de Lvov. Isaac Brumenfeld fut successivement sujet et soldat de l’Empire Autrichien(jusqu’en 1918), citoyen polonais(jusqu’en 1939 , soviétique jusqu’à l’invasion allemande 1942, allemand (et interné dans deux camps nazis), réfugié en Autriche, interné en Sibérie….

« tout cas, voici le fond de ma pensée : si la demeure de Dieu possédait des fenêtres, il y aurait beau temps que ses carreaux seraient brisés ! »

Cette vie tragique est racontée de manière cocasse, véritable collection de blagues juives, qui me font sourire quand ce n’est pas rire aux éclats. Avec son compère et beau-frère le rabbin Shmuel Bendavid (qui devint Président du club des athées pendant leur période soviétique) ils traversent les épreuves avec débrouillardise et philosophie et surtout un grand humanisme.

« — Qui sortira vainqueur d’après toi, demandai-je, les nôtres ou les autres ? — Qui sont les nôtres ? fit pensivement Shmuel. Et qui sont les autres ? Et qu’importe le vainqueur quand la victoire ressemble à un édredon trop court ? Si tu t’en couvres la poitrine, tes pieds resteront à l’air. Si tu veux avoir les pieds au chaud, ta poitrine restera découverte. Et plus longtemps durera la guerre, plus court sera l’édredon. Si bien qu’en définitive, la victoire ne sera plus capable de réchauffer quiconque. »

La vie quotidienne des juifs du shtetl est décrite de manière vivante. Isaac est tailleur mais l’essentiel de ses commandes est plutôt de retourner un caftan pour lui donner sur l’envers un aspect présentable (sinon neuf) .  Ses connaissances des différentes langues parlées à Kolodetz, son Allemand littéraire, le Russe (qui sert surtout pour les jurons), le Polonais, en plus du yiddisch de la vie familiale, lui permet de survivre dans ses tribulations.

Chaque fois que la vie paraît impossible, une nouvelle anecdote (blague juive) va alléger le récit et les digressions sont annoncées parfois de manière plaisante :

« voilà que je suis à nouveau passé par Odessa pour me rendre à Berditchev. »

J’ai recopié tout un florilège d’humour juif, je suis bien tentée de tout coller ici .

Si Lewen : La parade

Ce récit émouvant est un texte humaniste et pour finir , cette citation  illustre le sinistre « A CHACUN SON DÛ » des camps de concentration :

« Qu’est-ce qu’un unique et misérable émetteur caché parmi des boulets de coke comparé à la puissance de leur armée ? » « Je vais te dire ce qu’il est : il est l’obstination de l’esclave, il est une provocation envers l’indifférence de l’acier qui donne la mort. Je vais te le dire : il n’est rien et il est tout, un bras d’honneur au Führer, mais aussi un exemple dont l’homme faible a besoin pour croire que le monde peut changer.
L’inscription qui surmonte l’entrée de tous les camps de concentration – « À CHACUN SON DÛ » – prendra
alors un sens nouveau et deviendra enfin réalité. Amen et shabbat shalom, Itzik ! »

 

 

Mois de la littérature de l’Europe de l’Est : Aquarelle bulgare

Mars est le mois de lectures communes en suivant Eva, Patrice et Goran,

En prologue, je vous propose une aquarelle de ma façon

Introduction à deux lectures bulgares récentes

Lisière de Kapka Kassabova qui est un coup de coeur, et qui vous transportera sur la montagne magique de la Strandja, sur les routes des Thraces, et dans les pays frontaliers de Turquie, Grèce. Aventure, histoire, poésie et exils…

Les Carnets de la Strandja (1989- 2019) d‘Alexandre Lévy qui se déroule dans la même région, vue par un journaliste. 

Pour en savoir plus cliquer ICI pour LISIERE

et LA  pour LES CARNETS DE LA STRANDJA

La Route des Balkans – Christine de Mazières – Sabine Wespieser

« Deutschland ist ein starkes Land… Wir haben so vieles geschafft, wir schaffen das. Wir schaffen das, und wo uns etwas im Wege steht, muss es überwunden werden. » 

Angela Merkel – Berlin 31 Aout 2015

Ce roman se déroule entre la fin Août et le début Septembre  2015. A la suite de la découverte de 71 migrants morts dans un camion frigorifique abandonné sur le bord d’une autoroute autrichienne à Parndorf, et de la diffusion de la photo d’Aylan, petit garçon syrien de trois ans noyé, une vive émotion a secoué l’Allemagne et l’Europe.

On s’attache aux personnages : deux soeurs syriennes, l’ainée étudiante en médecine, la cadette Asma qui rédige son journal. Dans la cohue pour monter dans le camion Asma perd le sac contenant le cahier rouge, Tamim, un jeune afghan descend le chercher. C’est ce qui lui sauvera la vie : les deux sœurs seront parmi les victimes du Parndorf.

A la gare de Budapest, les migrants sont piégés. Le gouvernement hongrois fait construire une barrière métallique pour les empêcher de passer. Une caravane de milliers de marcheurs s’ébranle sur l’autoroute

« Enfin, tout ce petit monde s’est mis en ordre de marche. Déracinés, vagabonds, ils ont pris leur destin en main.
Les sans-nom, les indésirables, les invisibles, les exilés, les refoulés, les dublinés, les calais, ce sont eux
désormais qui décident de leur sort. Ils relèvent la tête

En Allemagne, c’est le choc. Une tragédie rappelle l’autre. Les photos rappellent les Treks de réfugiés de la fin de la Seconde Guerre mondiale, soixante-dix ans auparavant, treize millions d’Allemands fuyant devant l’Armée rouge en plein hiver sur les chemins enneigés et les lacs gelés. Toutes les familles allemandes ont connu des histoires d’exilés, chassés de chez eux par la guerre.

En parallèle , à Munich, une famille allemande dont l’histoire familiale  s’enracine en Prusse Orientale, histoire de déplacés, d’exilés, fuite devant l’Armée Rouge. Secrets bien cachés que le dépistage d’un cancer va faire resurgir.

Images des Allemands de l’Est rejoignant la République Fédérale en 1989, les Allemands ne peuvent être indifférents à ce « trek » de réfugiés syriens ou afghans. Poids de la culpabilité pour certains, réactions racistes pour d’autres. C’est un roman d’exil mais c’est aussi un roman européen.

 » Mon Europe, pense Helga, ce sont les champs de lavande en Provence, les hautes nefs des cathédrales, Léonard
de Vinci et Galilée, Don Quichotte de la Mancha, Rostropovitch qui enlace son violoncelle devant le Mur de
Berlin écroulé, les révolutions pacifiques des Œillets et de Velours, et l’Hymne à la joie de Schiller et Beethoven : Alle
Menschen werden Brüder… Tous les hommes deviendront frères… Helga sourit dans la touffeur du soir. Oui,
c’est cela, mon Europe… Ce désir de fraternité et de liberté, ce rêve partagé… Ce rêve que nous avons réalisé
sur les charniers de la dernière guerre. Parce que nous avons dépassé en horreur tout ce que l’on pouvait
imaginer jusque-là. Parce que nous savons que la civilisation la plus raffinée n’est qu’une barrière de papier face
aux pulsions destructrices. Parce que nous avons appris que tout homme a le droit d’avoir une vie digne d’être
vécue. C’est cela qu’ils viennent chercher, tous ceux qui fuient leur pays et risquent leur vie pour venir chez
nous… »

Carnets de la Strandja 1989-2019 d’un mur à l’autre – Alexandre Lévy –

BULGARIE

Strandja. Ce nom a toujours sonné à mes oreilles comme un avertissement : Voyageur, rebrousse ton chemin,
cette montagne est étrange voire hostile. Et c’est peut-être pour cela qu’elle est fascinante.

La Strandja est le massif montagneux à cheval sur la frontière de la Bulgarie et de la Turquie. Pendant la Guerre Froide, le Rideau de Fer passait à travers cette région très militarisée où nombreux candidats à l’exil à l’Ouest tentèrent leur chance. Aujourd’hui, en sens inverse, réfugiés syriens, afghans, africains cherchent à gagner l’Europe ; un nouveau grillage a été mis en place pour contenir ces migrants. 

Alexandre Lévy est un journaliste franco-bulgare qui a collaboré au Monde, au Courrier International, au Temps (Suisse),Books. Né en 1969 en Bulgarie, il a vécu à Plovdiv et l’a quitté après la chute de Jivkov et après avoir effectué son service militaire.

Je viens de refermer Lisière de Kapka Kassabova qui a été un vrai coup de cœur. Elle a évoqué cette montagne, son histoire et ses légendes d’Orphée, aux Romains, ses mystères ses sources sacrées et les danseurs sur les braises. J’avais envie de retrouver dans cette montagne magique mai la comparaison entre les deux ouvrages va être difficile. J’ai eu peur d’être déçue. 

Les Carnets de la Strandja de Lévy est l’ ouvrage d’un journaliste en relation avec des journalistes bulgares du site d’investigation Bivol débusquant la corruption et les pratiques mafieuses de la classe politique bulgare. 

Chaque chapitre est introduit par un morceau de hard rock des années 70 ou 80, musique qui représentait beaucoup, à l’époque,  pour les jeunes derrière le Rideau de Fer. J’avoue mon ignorance dans ce domaine mais les fans apprécieront.

Les Carnets commencent avec un fait divers sanglant : la rencontre avec le Cannibale qui aurait  mangé le foie de deux voisins – ambiance! Cette rencontre singulière introduira d’autres massacres, non pas dictés par la folie singulière d’un malade mental mais par le pouvoir communiste en place, afin de dissuader toute évasion à l’Ouest et de maintenir la pression sur la population complice.

Cet homme était porteur d’une histoire, peut-être indicible, et qu’il voulait certainement effacer de sa mémoire.
Un peu comme tout le monde ici, dans ces montagnes inhospitalières et sauvages, jadis théâtre d’un face-à-face
potentiellement destructeur entre les deux blocs de la Guerre froide, cette Strandja traversée aujourd’hui par les
ombres furtives

Alexandre Lévy va rencontrer des témoins de ces tentative de fuite, et même des responsables. Lui-même a effectué son service militaire à la fin des années 80.  Il traque les  traces du Rideau de Fer, les souvenirs des habitants.

« Mais la voici érigée de nouveau, flambant neuve et équipée de détecteurs et de caméras dernier cri, sauf que
cette fois-ci elle est destinée à empêcher les candidats à l’exil d’y pénétrer et non pas d’en sortir. »

Les migrants, réfugiés Syriens, Afghans ou Pakistanais qui veulent éviter la traversée de la Mer Egée tentent cette route terrestre. En plus des barbelés de la clôture, des policiers, douaniers et agents de Frontex,

« Puis quelques sombres individus ont surgi d’on ne sait où pour s’ériger en « chasseurs de migrants »[…]milice citoyenne » très bien organisée dont les membres masqués et en treillis assurent protéger ici non seulement les frontières bulgares mais aussi celles de l’Europe « blanche et chrétienne »….

Alexandre Lévy mène une enquête journalistique sur ces Chasseurs de migrants. Il rencontre les policiers de Frontex, sans être convaincu de leur efficacité.   Certains se sont construit une célébrité sur les réseaux sociaux, personnages sulfureux. Il utilise aussi son expérience d’ancien militaire pour entrer sur les pages Facebook d’ancien combattants. Il est même entraîné dans une chasse très spéciale sous le commandement d’un Russe

« Les Bulgares ne sont pas dupes, et tous ne croient pas aux élucubrations nationalistes et racistes laborieusement
formulées par ces chasseurs de migrants et autres milices citoyennes. Qui les finance ? Qui tire les ficelles ? Là
aussi, c’est un héritage d’un pays qui a connu le passé totalitaire : (presque) tout le monde a ici la conviction que
rien ne se passe par hasard, que rien n’est véritablement spontané non plus. Mon ami Assen Yordanov de Bivol
pense, et il n’est pas le seul, qu’il s’agit d’une opération plutôt réussie des services spéciaux de la Bulgarie
démocratique. « 

Cette enquête est très fouillée. Diverses hypothèses sont envisagées et l’ambiguïté de certains s’explique par une certaine jalousie : les Bulgares sont pauvres et aimeraient aussi tenter leur chance plus à l’ouest

« La liberté de circulation est un mal nécessaire, dit-il. Mais si l’Europe occidentale a besoin de main-d’œuvre bon
marché, pourquoi eux et pas nous ? Nous sommes là, travailleurs, blancs et chrétiens. » Mais là aussi, ce serait
une catastrophe pour la Bulgarie : « Le pays se vide alors que les Tsiganes, eux, prolifèrent. »

Séchage des feuilles de tabac

Avec le même sérieux Lévy va à Kardjali « la capitale des turcs de Bulgarie » pour assister à une commémoration sur la tombe d’une petite Türkan, 17 mois, tuée par les forces spéciale du régime communiste, alors que ses parents manifestaient contre la bulgarisation des noms turcs. Il explique alors dans le détails la tragédie de ces turcs bulgares qui a commencé par la « bulgarisation » et s’est terminé par « la Grande Excursion » – en fait l’exode de 360 000 personnes vers la Turquie. 

Finalement ce récit, viril, émaillé de souvenirs de service militaire  est différent de la poésie qui m’avait séduite dans Lisière de Kapka Kassabova. Ces deux livres se complètent.