Madame Zola – biographie – Evelyne Bloch-Dano – Grasset

PRINTEMPS DES ARTISTES

C’est à Médan que j’ai eu vraiment envie de connaître Alexandrine qui a laissé son empreinte dans la Maison de Zola  et cette biographie de 475 pages est tout à fait passionnante et détaillée. 

La vie d’Alexandrine Meley commence comme un roman de Zola

« il y a du Cendrillon et du Cosette chez la petite Alexandrine. Elle doit apprendre à ravaler ses larmes et balayer le plancher. »

Elle vit dans le quartier des Halles que Zola décrit dans le Ventre de Paris, Comme Nana elle sera fleuriste, comme Gervaise, lingère…Grisette, elle devient  Gabrielle et pose pour les peintres. Cézanne la présente à Zola son ami aixois. Dans la biographie de  Evelyne  Bloch-Dano, il me semble retrouver l‘Œuvre  et la bande d’artistes impressionnistes, les parties de canotage à Bennecourt

« Gabrielle les connaît presque tous, les peintres qui refont le monde chez le Père Suisse, dans la fumée des pipes et l’odeur de térébenthine : Claude Monet, Édouard Manet, Camille Pissarro, Empéraire l’étrange nain, Oller y Cestero l’Espagnol et tant d’autres. »

J’ai énormément de plaisir à trouver les correspondances avec les différentes œuvres des Rougon-Macquart  que n’ai lues récemment. 

C’est avec  l’Assommoir que les Zola achètent Médan et le décorent. Je me régale des commentaires de certains de leurs amis Daudet et Goncourt (quelle langue de vipère que ce dernier). 

« la vraie naissance d’Alexandrine a lieu le 31 mai 1870, le jour de son mariage : ce jour-là, Alexandrine Zola
vient enfin au monde. »

Après 5 ans de vie commune le mariage va donner une nouvelle identité à Alexandrine qui ne sera plus Gabrielle mais Madame Zola 

« On voit comment les rôles se répartiront entre Alexandrine et Zola, sur le modèle du couple bourgeois : un mari productif qui assure par son travail la subsistance de la famille, une épouse qui prend en charge le foyer. »

Et, comme souvent, dans les couples bourgeois, le mari trompe son épouse. Zola ne fait pas exception.  Il mène un existence bigame, Madame Zola, officiellement récolte les honneurs et les invitations, Jeanne et ses deux enfants mènent une existence discrète dans l’ombre. La colère d’Alexandrine sera violente, puis elle accepte la situation. Tant que Zola travaille à la maison, y prend ses repas, et ne retire rien de leur vie commune, elle lui laissera les après-midi, les goûters. Le grand regret d’Alexandrine est de n’avoir pas pu donner d’héritier à Zola. Elle va donc « adopter » les enfants en leur faisant des cadeaux, des visites, ayant même un droit de regard sur leurs études. A la mort de Zola, les deux veuves établiront des rapports encore plus étroits. Alexandrine versera une rente à sa rivale, et finalement les adoptera officiellement si bien qu’ils porteront le nom Emile-Zola son décès. 

Madame Zola sera reçue officiellement en voyage, en compagnie de son mari, puis souvent seule. Elle voyage des mois entiers en Italie à sa guise.

Tout au long de l’Affaire, Alexandrine sera l’alter ego de Zola, sa correspondante de guerre, son témoin numéro
1. 

Compagne mais aussi collaboratrice, elle jouera un rôle important pendant l’Affaire Dreyfus notamment quand Zola sera contraint de fuir en Angleterre.

elle se retrouve « vibrante comme dans sa jeunesse, accueillant une fois encore « comme de vrais enfants gâtés » » tous ceux qui soutiennent son mari. Les jeudis redeviennent des réunions de combat, où l’on vient aux nouvelles, où l’on commente les derniers événements, où l’on se retrouve entre partisans, où l’on fourbit des armes.

Puis après le décès de l’écrivain, elle mènera un travail important pour mettre de l’ordre dans l’œuvre de son mari. Editions, adaptations au théâtre, il lui faudra gérer les entrées d’argent. Les procès, la fuite en Angleterre ont tari les rentrées d’argent. Et enfin la panthéonisation qu’elle accepte mal. 

Zola n’est pas mort puisqu’elle est Alexandrine Émile Zola.

Une belle personnalité! Et une biographie passionnante qui retrace aussi bien la vie d’Alexandrine que celle de son époux.

 

 

Ségou -t.1 Les Murailles de terre – Maryse Condé

LECTURE COMMUNE EN HOMMAGE A MARYSE CONDE

C’est une relecture. Lu avant le premier voyage au Bénin. J’ai repris ce livre avec les souvenirs de nombreux voyages où se déroulent l’histoire et les développements géopolitiques actuels.

Une saga familiale

Ségou est au Mali sur les bords du Niger appelé ici Joliba. 

La saga de la famille de Dousika Traoré commence à la fin du XVIIIème siècle avec l’arrivée d’un blanc qui ne sera pas admis dans les murs de la ville. Dousika est un noble bambara, fétichiste, bien en cour, père de quatre fils. 

Son aîné, Tiekoro, se convertit à l’Islam et part étudier à Tombouctou. Son père ordonne à son frère Siga, fils d’une esclave, de l’accompagner. A Tombouctou, les deux frères ne sont pas bien accueillis. Tiekoro, musulman et lettré, devra faire ses preuves. Siga, rejeté par son frère, devient  ânier, puis gagne la confiance d’un marchand, qui l’envoie à Marrakech et Fès où il apprend les techniques des tanneurs et des maroquiniers. Il y rencontre Fatima, une mauresque, qu’il enlève pour l’épouser et fonde une famille. Sans rancune, il héberge Tiekoro et sa femme Nadié quand il vivra un revers de fortune

Le troisième fils, Naba, est razzié au cours d’une chasse et vendu comme esclave. Nous le retrouvons à Gorée, jardinier d’une signare, baptisé Jean Baptiste. Il suit une jeune esclave Ayodélé/Romana, au Brésil.  Elle lui donne trois enfants mais il va mourir mêlé à une rébellion. Romana rachète sa liberté et retourne en Afrique au Dahomey. Les Brésiliens (anciens esclaves au Brésil, catholiques ayant pris des noms brésiliens) forment une classe sociale très respectées à Ouidah. C’est là qu’aboutit après une longue errance le plus jeune fils : Malobali. Confondue par sa ressemblance avec Naba, Romana l’épouse….Olubunmi leur fils arrivera à Ségou, et la boucle sera bouclée.

Si vous avez peur de vous égarer dans tous ces personnages et ces noms, un arbre généalogique est prévu! Il n’est pas nécessaire, chacune des histoires se présente presque indépendante, l’une de l’autre. C’est un plaisir de suivre toutes ces aventures.

Géographie et histoire : 

Ségou, la ville et ses palais, est le centre du roman. C’est une ville commerçante, animée. Son roi, le Mansa, est au nœud des alliances et des équilibres politiques entre différentes ethnies, Bambara, mais aussi Peules et plus loin Touaregs, Haoussas. La conquête musulmane est au centre de l’histoire. Au début du roman, les musulmans ont déjà quelques mosquées à Ségou mais ils sont minoritaires. La 5ème partie du livre s’intitule « Les Fétiches ont tremblé » , le roi fait appel à une faction musulmane pour en combattre une autre. On voit plusieurs courants, plusieurs confréries,  certaines rigoristes combattant les plus tièdes. Le Djihad est en marche.

Du côté de la Côte Atlantique, catholiques européens mais aussi Brésiliens et protestants britanniques ou africains se livrent une belle concurrence. Les intérêts marchands et coloniaux sont transparents sous le prétexte religieux.

L’esclavage est aussi un thème fort du roman. Les esclaves sont partout. Pas seulement la Traite Atlantique racontée dans les pérégrinations de Naba et de Romana de Gorée au Brésil puis à Ouidah où on croise un curieux personnage, riche commerçant négrier Chacha. Cependant, les esclaves sont partout, du Maroc à Ségou. Esclave, la mère de Siga et Sira, la Peule, prise de guerre, concubine. A Ségou, des esclaves travaillent dans le champs, dont on ne parle pas. 

Maryse Condé n’a pas oublié les femmes, les mères et la plus majestueuse Nya. Elle n’en fait pas des objets de convoitise et de désir des hommes bien qu’ils se comportent souvent en prédateurs et violeurs. Chacune a sa personnalité, sa fierté même si , deux fois, cela aboutit à la solution affreuse de se jeter dans un puits. 

Maryse Condé est une merveilleuse conteuse qui m’a embarqué sur près de 500 pages qui se tournent toutes seules. Attention, roman d’aventure addictif!

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La Belle Créole – Maryse Condé

LIRE POUR LA GUADELOUPE

« Celui que le devant-jour n’a pas surpris sur la mer ne peut imaginer l’émerveillement qui saisit les yeux. C’est
une symphonie en blanc. On dirait que des balles de coton étincelant brusquement répandues sur l’océan
s’amoncellent et moutonnent jusqu’à l’horizon. Le ciel est pareil à une immense jatte de lait où les nuages se
pressant comme autant de brebis viennent s’abreuver. »

la Belle Créole est un voilier oublié à quai, à vendre, après que ses propriétaires soient retournés en métropole. Dieudonné, le héros du roman y a passé les plus belles heures de son enfance, à naviguer et à plonger. 

L’histoire commence au tribunal où Dieudonné est acquitté après une plaidoirie très politique de son avocat, que le prévenu mutique n’a pas bien comprise

« Toujours à lui seriner qu’il appartenait à la classe des opprimés. Opprimé par qui ? Opprimé par quoi ? Il était né dans un mauvais berceau, manque de chance ! La chance, cela ne se discute pas. C’est affaire de hasard. Ça sourit à droite, ça prive à gauche, voilà tout ! »

L’île qui ressemble à la Guadeloupe (pas pas nommée) vit une crise aigue, grève des services publics, de l’électricité, agitation des indépendantistes. Dieudonné, libéré de prison, traverse la ville à la recherche d’un abri. Mutique, orphelin, rejeté par sa famille, sans aucun projet.

Nous apprendrons au fil du roman pourquoi il est arrivé au tribunal. On imagine mal comment ce garçon si doux, si perdu, est devenu un criminel. En tout cas, pas par vengeance de l’opprimé qui « a tué la grande Békée » comme l’a plaidé l’avocat, comme les politiques, qui songent l’envoyer à Cuba, manipulent son histoire dans un contexte prérévolutionnaire.

Pas de chance! né sans père, il s’est dévoué pour sa mère quand, après un accident, elle était devenue infirme. Malade, il avait trouvé un apaisement dans le crack, s’était déscolarisé et avait été rejeté par ses parents les plus proches. Puis il avait retrouvé La Belle Créole encore amarrée sur le port. 

Puis il avait fait la connaissance de Boris, le poète SDF, admirateur de Shakespeare et de Pablo Neruda…

Il avait enfin trouvé un travail : jardinier chez une riche propriétaire blanche, 

« Fatigué d’être humilié, un amant finit avec sa maitresse. Ce qui l’auréolait de symbolisme, c’est que l’affaire se passait dans ce pays frais émoulu de l’esclavage(enfin pas si frais, cent cinquante ans déjà!) que la maitresse était blanche békée de surcroit, l’amant noir. La maîtresse est riche, le noir sans le sou, son jardinier. « 

Telle était la thèse de l’avocat, convaincante puisque Dieudonné avait été acquitté. Et pourtant si éloignée de la réalité. Réalité infiniment plus complexe.

Nous suivons l’errance de Dieudonné . Il retrouve Boris plus du tout poète, leader politique. Il rencontre une ado haïtienne. Apprend l’identité de son géniteur. Enfin,  découvre qu’il est père et prend la fuite, reproduisant le schéma initial…

C’est un roman  de tensions et de tendresse, tout en nuances. Roman désespéré aussi qui se lit d’une traite. 215 pages.

 

Le cœur à rire et à pleurer – Souvenir de mon enfance – Maryse Condé

GUADELOUPE

LECTURE COMMUNE Pour rendre hommage à Maryse Condé qui nous a quitté récemment, je propose une lecture commune de son œuvre. récapitulation le 23 mai, chacun.e peut choisir de lire un ou plusieurs livre. 

Dans cet ouvrage, Maryse Condé nous raconte son enfance à Pointe-à-Pitre De sa naissance, en temps de carnaval : 

« Quand les premiers coups de gwoka firent trembler les piliers du ciel;, comme si elle n’attendait que ce signal-là, ma mère perdit les eaux »

jusqu’à son départ pour la classe d’hypokhâgne à Paris et ses études à la Sorbonne.

Comment devient-on écrivaine? Ce récit d’apprentissage ne répond pas vraiment à cette question.

Dernière née d’une fratrie de 8, Maryse grandit dans une famille de fonctionnaires, sa mère est institutrice

« Dans notre milieu, toutes les mères travaillaient, et c’était leur grande fierté. Elles étaient pour la plupart
institutrices et ressentaient le plus vif mépris pour les tâches manuelles »

Son père, âgé est un ancien fonctionnaire. Ses parents font partie d’une certaine élite privilégiée. Ils font régulièrement le voyage en Métropole où ils se sentent parfaitement intégrés. Maryse est bonne élève à l’école bien fréquentée. On ne la laisse pas rencontrer les enfants de classe sociale inférieure. Elle parle le « Français de France », et non pas le créole. Deux incidents lui font prendre conscience de la « Lutte de classe » (comme est intitulé le troisième chapitre) quand elle se trouve persécutée par un petit garçon inconnu, qui veut venger sa bonne, injustement renvoyée. L’autre incident concerne une petite blondinette au nom aristocratique de Anne-Marie de Surville, rencontrée au jardin public, qui, sous prétexte de jeux va la battre :

« je ne veux plus que tu me donnes des coups. Elle ricana et m’allongea une vicieuse bourrade au creux de
l’estomac : — Je dois te donner des coups parce que tu es une négresse. »

Santino, son grand frère, rebelle lui déclare que leurs parents sont « aliénés ». 

Cette notion d’aliénation est au centre des réflexions de Maryse

« Une personne aliénée est une personne qui cherche à être ce qu’elle ne peut pas être parce qu’elle n’aime pas
être ce qu’elle est. À deux heures du matin, au moment de prendre sommeil, je me fis le serment confus de ne
jamais devenir une aliénée. »

« Mes parents étaient-ils des aliénés ? Sûr et certain, ils n’éprouvaient aucun orgueil de leur héritage africain. Ils l’ignoraient. »

« Comme ma mère, il (son père) était convaincu que seule, la culture occidentale vaut la peine d’exister et il se montrait reconnaissant envers la France qui leur avait permis de l’obtenir. »

Ce n’est que beaucoup plus tard, étudiante à Paris, qu’elle cherche à connaître les écrivains antillais  sous l’instigation d’un professeur communiste, Joseph Zobel et Aimé Césaire

« Aux yeux de ce professeur communiste, aux yeux de la classe tout entière, les vraies Antilles, c’étaient celles
que j’étais coupable de ne pas connaître. Je commençai par me révolter en pensant que l’identité est comme un
vêtement qu’il faut enfiler bon gré, mal gré, qu’il vous siée ou non. Puis, je cédai à la pression et enfilai la
défroque qui m’était offerte. »

En conclusion de cette expérience:

« J’étais « peau noire, masque blanc » et c’est pour moi que Frantz Fanon allait écrire. » 

 

La bonne élève ne fera pas les brillantes études à Fénelon ni même à la Sorbonne, elle rencontrera des étudiants haïtiens et africains et se consacrera plutôt au militantisme politique. 

Elle est pourtant très jeune consciente de sa capacité à toucher avec ses écrits : un texte écrit pour sa mère, lu le jour de son anniversaire, la  touche tellement _ pourtant femmes forte – jusqu’aux larmes. Elle regrettera de l’avoir fait pleurer mais mesurera le pouvoir des mots. Premier exercice de l’écrivaine?

J’ai beaucoup aimé ce livre qui m’a fait connaître l’auteure, bien différente de ce que j’avais imaginé à la lecture de Traversée de la mangrove ou Moi, Tituba sorcière qui mettaient en scène des esclaves ou descendants d’esclaves dans un monde de contes et de sorcellerie. 

Le Juif Errant est arrivé – Albert Londres – 1930

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Albert Londres est peut être le plus célèbre des journalistes. Journaliste d’investigation, il entreprend des reportages au long court. Le Juif errant est arrivé est composé de 27 chapitres correspondant à un long voyage à travers l’Europe, de Londres jusqu’en Palestine. Courts chapitres très vivants, amusants, au plus proche du sujet traité. 95 ans, reste-t-il d’actualité?

« pour le tour des Juifs, et j’allais d’abord tirer mon chapeau à Whitechapel. Je verrais Prague, Mukacevo, Oradea Mare, Kichinev, Cernauti, Lemberg, Cracovie, Varsovie, Vilno, Lodz, l’Égypte et la Palestine, le passé et
l’avenir, allant des Carpathes au mont des Oliviers, de la Vistule au lac de Tibériade, des rabbins sorciers au
maire de Tel-Aviv

La première étape : Londres où arrivent les Juifs de l’Est, émigrants ou « rabbi se rendant à LOndres recueillir des haloukah(aumônes)

pourquoi commencer le reportage à Londres? Parce que, voici 11 ans l’Angleterre s’est engagée par la Déclaration Balfour :

: « Juifs, l’Angleterre, touchée par votre détresse,
soucieuse de ne pas laisser une autre grande nation s’établir sur l’un des côtés du canal de Suez, a décidé de vous envoyer en Palestine, en une terre qui, grâce à vous, lui reviendra. »

A Londres, le journaliste rencontre toutes sortes de Juifs, dans l’East End, les Juifs fuyant les persécutions d’Europe Orientale, des rabbins, des sionistes, des Juifs qui ont réussi, se sont enrichis, ont déménagé dans l’Ouest.. Londres remarque le portrait de Théodore Herzl en bonne place. Sont-ils sionistes?

Théodore Herzl, journaliste à Paris, écrivain à succès. quand éclata en 1894 l’Affaire Dreyfus

 Le cri de « Mort aux Juifs ! » fut un éclair sur son âme. Il bloqua son train. « Moi aussi, se dit-il, je suis Juif. »

Il fit un livre « L’Etat Juif » puis partit en croisade, se précipita chez les banquiers juifs, puis lança l’appel d’un Congrès Universel mais fut dénoncé par les rabbins comme faux Messie. Il gagna Constantinople pour obtenir la cession de la Palestine par le sultan, puis il s’adressa à Guillaume II à Berlin, puis en Russie tandis que Chamberlain lui fit une proposition africaine. 

Cependant :

 » Était-ce bien le pays d’Abraham ? Je pose cette question parce qu’elle est de la
plus brillante actualité. Depuis la conférence de San-Remo, en 1920 (après Jésus-Christ), où le conseil suprême des alliés donna mandat à l’Angleterre de créer un « foyer national juif » en Palestine, les Arabes ne cessent de crier à l’imposture. Ils nient que la Palestine soit le berceau des Juifs. »

Londres n’oublie pas les Arabes.

Après ces préambules, le voyage continue à l’Est : Prague, 

« Prague, sous la neige, est une si jolie dame ! J’y venais saluer le cimetière juif et la synagogue. Ils représentent,
en Europe, les plus vieux témoins de la vie d’Israël. À l’entrée des pays de ghettos, ils sont les deux grandes
bornes de la voie messianique d’Occident. Ce n’est pas un cimetière, mais une levée en masse de dalles
funéraires, une bousculade de pierres et de tombeaux. On y voit les Juifs – je veux dire qu’on les devine –
s’écrasant les pieds, s’étouffant, pour se faire, non plus une place au soleil, mais un trou sous terre. »

[…]
« a le Christ du pont Charles-IV aussi. C’est le troisième témoin de l’ancienne vie juive de Prague. C’était en
1692. Un Juif qui traversait la Voltava cracha sur Jésus en croix. »

presque du tourisme?

pas vraiment parce que dans les Carpathes, il va rencontrer la misère noire, la peur des pogromes, la faim

« Abraham, sont-ce là tes enfants ? Et ce n’est que Mukacevo ! Que cachent les ravins et les crêtes des Carpathes ?
Qui leur a indiqué le chemin de ce pays ? Quel ange de la nuit les a conduits ici ? La détresse ou la peur ? Les
deux. Ils fuyaient de Moravie, de la Petite Pologne, de la Russie. Les uns dans l’ancien temps, les autres dans les nouveaux, chassés par la loi, la faim, le massacre. Quand on n’a pas de patrie et qu’un pays vous repousse, où va- t-on ? »

A partir de Prague, la lectrice du XXIème siècle va peiner avec la géographie, les frontières ont beaucoup dérivé depuis le Traité de Versailles. La Tchécoslovaquie, de Masaryk a donné des droits aux Juifs mais certaines communautés sont tellement pauvres et arriérées que seuls certains s’occidentalisent. La Pologne a institutionalisé l’antisémitisme.

Les trois millions et demi de Juifs paient quarante pour cent des impôts et pour un budget de plus de trois
milliards de zloty, un os de cent mille zloty seulement est jeté à Israël. Un Juif ne peut faire partie ni de
l’administration, ni de l’armée, ni de l’université. Comme le peuple est chassé des emplois, l’ouvrier de l’usine, l’intellectuel est éloigné des grades. Pourquoi cela ? Parce que le gouvernement polonais n’a plus de force dès qu’il s’agit de résoudre les questions juives, la haine héréditaire de la nation emportant tout. Les Juifs de Pologne sont revenus aux plus mauvaises heures de leur captivité. †

Les bolcheviks « protègent » leurs juifs après les pogromes effrayants de Petlioura en Ukraine. 

Albert Londres visite partout, les taudis, les cours des rabbins miraculeux. Il se fait un ami colporteur qui l’introduira dans l’intimité des maisons où un journaliste ne serait pas admis. Dans le froid glacial leur périple est une véritable aventure. Les conditions dans lesquelles vivent les plus pauvres sont insoutenables. Seule solution : l’émigration . En Bucovine, (actuellement Ukraine) loin de toute mer, les agences de voyages maritimes prospèrent :

La misère a créé ici, ces Birou di Voïag. Les terres qui ne payent pas remplissent les bateaux.

Le clou, c’était que les Birou di Voïag ne chômaient pas. La foule, sous le froid, attendait à leurs portes comme les passionnés de Manon sur le trottoir de l’Opéra-Comique.

Et après toute cette misère, il rencontre un pionnier de Palestine, sioniste, décidé, revenu convaincre ses coreligionnaires

Qu’êtes-vous venu faire ici, monsieur Fisher ? — Je suis venu montrer ces choses aux jeunes. Israël a fait un
miracle, un miracle qui se voit, qui se touche. Je suis une des voix du miracle. Il faudrait des Palestiniens dans
tous les coins du monde où geignent les Juifs. Alter Fisher, le pionnier, n’était pas né en Bessarabie, mais en Ukraine. L’année 1919 il avait dix-huit ans.

cette époque j’étais un juif-volaille. Les poulets, les canards, on les laisse vivre autour des fermes. Puis, un beau jour, on les attrape, et, sans se cacher, on les saigne. Le sang répandu ne retombe sur personne. L’opération est légale. En Palestine on m’a d’abord appris à me tenir droit. Tiens-toi droit, Ben ! »

La solution? Pas pour les juifs orthodoxes. Avant de partir pour la Palestine, Londres fait un long détour par Varsovie où il visitera « l’usine à rabbins » et la cour d’un rabbin miraculeux d’où il rapporte des récits pittoresques d’un monde qui va disparaître (mais Albert Londres ne le sait pas). Pittoresques, dépaysants, très noires descriptions mais les écrivains comme Isaac Bashevis Singer en donnent une vision plus humaine.

Le voyage de Londres continue en Palestine où il découvre la ville moderne Tel Aviv, l’enthousiasme des pionniers

On vit une magnifique chose : l’idéal prenant le pas sur l’intérêt. les Juifs, les Jeunes Juifs de Palestine faisaient au milieu des peuples, honneur à l’humanité.

Ils arrivaient le feu à l’âme. Dix mille, vingt mille, cinquante mille. Ils étaient la dernière illustration des grands mouvements d’idées à travers l’histoire….

Ce serait un conte de fées si le pays n’était pas peuplé d’Arabes réclamant aussi la construction d’un foyer

Admettons. Nous sommes sept cent mille ici, n’est-ce pas ? On peut dire, je crois, que nous formons un foyer
national. Comme récompense, lord Balfour nous envoie les Juifs pour y former également un foyer national. Un
foyer national dans un autre foyer national, c’est la guerre !

!… De nous traiter en indigènes !… Voyons ! le monde ignore-t-il qu’il y a sept cent mille Arabes ici ?… Si
vous voulez faire ce que vous avez fait en Amérique, ne vous gênez pas, tuez-nous comme vous avez tué les
Indiens et installez-vous !… Nous accusons l’Angleterre ! Nous accusons la France !…

Albert Londres pointe ici les guerres à venir. D’ailleurs les émeutes sanglantes ne tardent pas. En été 1929, les massacres se déroulent et préludent à toute une série qui n’est toujours pas close. 

Et le Juif Errant?

 

Plaçons donc la question juive où elle est : en Pologne, en Russie, en Roumanie, en Tchécoslovaquie, en
Hongrie. Là, erre le Juif errant.

Une nouvelle Terre Promise, non plus la vieille, toute grise, de Moïse, mais une Terre Promise moderne, en
couleur, couleur de l’Union Jack ! Le Juif errant est tombé en arrêt. Qu’il était beau,

 

C’est donc une lecture vivante, agréable, presque amusante qui, dès 1929 anticipe la suite de l’histoire.

 

 

#J’Accuse…! Jean Dytar – Delcourt

AFFAI

RE DREYFUS

..

C’est un gros  et lourd coffret contenant une grosse BD, comme un dossier. Noir et Blanc, graphisme hachuré pour les cases de BD où sont dessinés les personnages. Dossier de Presse également. 308 pages qui ne se tournent pas si vite qu’on pourrait l’imaginer tant l’information est riche et dense.

Dans la Fronde Séverine rend compte du procès

L’auteur a imaginé le retentissement médiatique de l‘Affaire Dreyfus selon les médias 2.0, d’où le titre sous forme de mot-dièse. Chaque document est présenté comme sur l’écran d’un ordinateur, boutons, fenêtres, ascenseurs mais aussi parfois, likes, commentaires et icones de réseaux sociaux….Et comme l’illusion n’était pas complète, une appli Delcourt Soleil est permet d' »augmenter la réalité » du livre en scannant certaines pages et en accédant aux éditions de la Presse de l’époque. Présentation originale, peut-être anachronique, quoique. En tout cas très vivante. On ne s’ennuie pas en lisant tous ces articles. Et ma lecture fut très longue parce que j’ai utilisé le smartphone avec l’appli Delcourt, mais aussi Wikipédia et même Encyclopédia Universalis.

J’ai donc rencontré de nombreux personnages, les protagonistes de l’Affaire, Le Capitaine Alfred Dreyfus qui n’apparait qu’à la fin, son frère Mathieu dont on reprend les souvenirs (l’Affaire telle que je l’ai vécue), ses soutiens de la première heure Bernard Lazare, Scheurer-Kestner, puis le camp Dreyfusard s’étoffe avec l’intervention de Zola, Clémenceau, Jean Jaurès le soutien de plusieurs journaux, Le Figaro et l’Aurore, La Fronde avec Séverine..je ne peux pas les citer tous. Et bien sûr la Ligue des Droits de l’Homme

Caran d’Ache
…surtout ne parlez pas de l’Affaire Dreyfus…ils en ont parlé

Le camp des Antidreyfusards est très fourni, très organisé. L’auteur leur donne la parole pour qu’on puisse imaginer la violence de l’Antisémitisme, les coups tordus, la mauvaise foi, la puissance de l’Armée, relents de Boulangisme, coup d’état raté mais tenté par Déroulède qui veut convaincre un général de rentrer à l’Elysée (on pense à Trump) . Fake news, la Presse ne recule devant aucune allégation fallacieuse. Attentat contre Labori. Faux et usages de faux jusqu’au bout. Et la morgue des militaires. Sans oublier les caricatures de Caran d’Ache

Pas question ici de revenir sur les épisodes d’une affaire qui a couru sur 5 ans , du 1er Procès de 1894 au procès de Rennes en 1899, mais dont la conclusion devra attendre 1906 (douze ans!) pour la réhabilitation de Dreyfus, et la réintégration de Picquart.

Moi qui croyais les BD réductrices, je me suis bien trompée! C’est un  ouvrage de fond. A lire, relire, faire lire et conserver

 

 

 

 

 

 

 

 

La Maison d’Emile Zola à Médan

LES ROUGON-MACQUART

La maison de Zola vue des bords de Seine à Médan

26 rue Pasteur – Médan – de Paris environ 30 km par l’autoroute A13

Les visites sont guidées, il convient de réserver les billets sur Internet sur le site de la Maison d’Emile-Zola – Musée Dreyfus

Zola acheta sa maison en 1878 grâce aux gains de l’Assommoir, puis agrandit la maison avec deux tours Nana et Germinal 

Salon de Zola, côté billard avec le vitrail au paon

A la mort de Zola en 1902, Alexandrine Zola a vendu les meubles, les vitraux et a offert la maison à l’Assistance Publique. En 1999, Pierre Bergé avec l’Association de la Maison-Zola a restauré la maison à l’identique sur le souhait de François Mitterrand. De la petite maison initiale, l’écrivain a meublé un château à son goût, collectionnant de nombreux objets parfois hétéroclites. Le conférencier nous fait remarquer que ce républicain avait multiplié les fleurs de lys, cet agnostique, les madones…

Salon côté musique et jardin

L’évocation de la vie sociale, des Soirées de Médan (Maupassant, Huysmans, Céard, Hennique, Paul Alexis) se fera autour de la table de la salle à manger. Chez les Zola, on mange beaucoup, on invite à déjeuner.

Salle à manger

On remarque les assiettes dans le buffet : ce sont des « produits dérivés » à l’image des personnages de l’Assommoir, vendues dans les librairies. Alexandrine en parfaite hôtesse surveille la préparation du repas mais y participe. La cuisine communique avec la salle à manger, ce qui ne se faisait pas dans les maisons bourgeoises.

cuisine

la salle de bains était aussi très commode et fonctionnelle, très grande aussi. L’écrivain recevait ses invités quand il était dans son bain. En revanche, pour ne pas être dérangé, il a refusé qu’on lui pose le téléphone.

le bureau de Zola

Zola était un gros travailleur. Sa devise « pas un jour sans une ligne » est inscrite en latin sur la cheminée. Il passait 4 heures chaque matin à son bureau. Derrière la balustrade, sa bibliothèque. Le guide nous montre un fauteuil avec les symboles du Rêve qu’il a écrit dans la lumière colorée de vitraux anciens (provenant d’une chapelle bretonne) Il se trouvait donc dans l’ambiance. Je n’ai pas beaucoup apprécié cet opus. Les vitraux ont été vendus « à un Américain » sans autres précision, et perdus. Le plus amusant est qu’ils ont été retrouvés très récemment. Le magnat de presse Hearst les avait achetés, emporté aux Etats Unis, et  n’avait même pas déballé les caisses. Ils ont été retrouvés sur un compte Instagram très récemment et seront peut-être copié pour retrouver le décor initial. 

La lingerie

La lingerie permet d’animer le souvenir d’Alexandrine, Madame Zola, qui était lingère avant d’épouser Zola. Une personnalité intéressante. Un mariage égalitaire (pour l’époque) et d’évoquer la maîtresse de Zola, lingère aussi,  qui lui donna deux enfants.

Dans la dernière salle une exposition est dédiée au #J’accuse…! de Dytar

Dytar BD #j’accuse!…

que je viens de réserver à la Médiathèque : BD traitant de l’Affaire Dreyfus avec les techniques actuelles .

La visite était passionnante, mais elle s’est terminé à 12h30, heure de fermeture de la Maison Zola. Je n’ai pas pu visiter le Musée Dreyfus. Il nous faudra revenir. 

Médan château

Le village de Médan mérite une visite. Le château(1494) a vu la visite de Ronsard , celle de Cézanne et de Maeterlinck qui en  a été propriétaire. Pour le visiter en groupe, il convient de prendre rendez-vous, les individuels sont accueillis certains jours précisés sur le site du château ICI

Il y a même un accueil spécial ‘randonneurs » avec possibilité de suivre le GR1 et de s’arrêter dans le parc.

Une exposition de photos en face de la Mairie présente des clichés pris par Emile Zola et par Alexandrine. Un panneau montre les photos du chemin de fer. 232 trains par jour passaient à travers la propriété de Zola. Avec ses amis ils s’amusaient à compter les trains, les wagons et la documentation pour la Bête Humaine a pour origine ces passages. Une autre série de photos est consacrées aux habitants célèbres de Médan en plus de Ronsard, Maeterlinck et Zola, Geneviève Tabouis, Bruno Crémer Suzy Solidor et d’autres que je ne connais pas du tout ont habité Médan. 

Nous avons pique-niqué sur les bords de Seine, les deux restaurants Aux Ecrivains et la Crêperie sont fermés. Le sentier de halage m’a conduit enfin à la Guinguette de l’île du Roi qui aurait pu faire l’affaire. Une jolie promenade. 

Les Forceurs de blocus – Jules Verne

LECTURE COMMUNE : BOOKTRIP EN MER

L’idée de lecture commune Book Trip EN MER me plait bien et à la suite de Claudialucia

Le Douanier Rousseau : Bateau dans la tempête

J’ai téléchargé cette nouvelle de Jules Verne qui est inépuisable, et me déçoit rarement. Lecture facile, une aventure en mer, mais aussi historique et instructive. une des conséquences de la Guerre de Sécession est l’arrêt de l’exportation de coton par les Etats Confédérés

La plus importante matière de l’exportation américaine manquait sur la place de Glasgow. La famine du coton, pour employer l’énergique expression anglaise, devenait de jour en jour plus menaçante

Coïncidence amusante, je viens de terminer les mémoires de Davidoff – le Juif qui voulait sauver le Tsar, et cette demande en coton a été à l’origine de la fortune des ancêtres des Davidoff avec l’essor de la culture du coton en Ouzbékistan. 

Un négociant écossais affrète donc un navire particulièrement rapide qui forcera le blocus de Charleston, livrant des armes aux Confédérés, sans se soucier des causes du conflit et de l‘abolition de l’esclavage. La moralité du commerce apparait en filigrane

« mais enfin il dut reconnaître, entre autres choses, que la question de l’esclavage était une question principale
dans la guerre des États-Unis, qu’il fallait la trancher définitivement et en finir avec ces dernières horreurs des temps barbares.

[…]je ne vous répondrai que par un mot : je suis négociant, et, comme tel, je ne me préoccupe que des intérêts de ma maison. Je cherche le gain partout où il se présente.

[…]
Ainsi, quand vous vendez aux Chinois l’opium qui les abrutit, vous êtes aussi coupable qu’en ce moment où
vous fournissez aux gens du Sud les moyens de continuer une guerre criminelle ! »

Bien sûr, il y a le plaisir de la navigation, une histoire d’amour qui se trame (cousue de fil blanc), presque une bataille navale…. de l’action, des surprises. Un bon, mais court Jules Verne!

Les Pestiférés – Marcel Pagnol

LECTURE COMMUNE

la Partie de Cartes façon Street Art au Panier à Marseille

Avec Si on bouquinait et Nathalie

Il y a tout pile 50 ans, le 18 avril 1974, décédait Marcel Pagnol . Patrice de Si on bouquinait a eu l’idée de célébrer cet anniversaire par une lecture commune. Il a choisi Jean de Florette 

Rejoint par Nathalie qui vient de terminer un livre sur la Peste de 1720 à Marseille et qui a lu Les Pestiférés

J’avais oublié la date de la lecture commune. C’est le matin-même, sur FranceMusique que j’ai reconnu la voix de Pagnol qu’il fallait deviner. Et que je me suis rendue compte que je serai en retard pour la Lecture Commune. 

Le soir-même j’ai téléchargé Les Pestiférés qui est une longue nouvelle (67 pages, le chapitre 9 Du Temps des Amours) que j’ai lu dans la foulée, d’une traite et avec grand plaisir. 

« Il y a tant de maladies qui nous viennent par les navires ! dit le capitaine. Je connais cent sortes de fièvres, et c’esttoujours la même chose : une grande chaleur de la peau, des plaques rouges, des plaques noires, du pus, des vomissements, et on n’y comprend rien… Quand il en meurt beaucoup, on dit que c’est la peste, et ceux qui restent meurent de peur. – Surtout à Marseille ! »

Une placette, à flanc de coteau, bordée de maisons bourgeoises et de quelques boutiques. Maître Pancrace, médecin très estimé va organiser la petite communauté composée de notables pour survivre à l’épidémie de Peste qui a ravagé Marseille en 1720. Le Capitaine, Marius Véran, armateur enrichi par la Traite Atlantique, Maître Passacaille, le notaire, Maître Combaroux drapier fort riche, mais aussi fort dévot. En plus des notables, les commerçants, Romuald, le boucher, Arsène, mercier-regrattier, Félicien le boulanger. Et bien sûr, des femmes, des enfants, des vieillards.

Pancrace, dès le début de l’épidémie, alerte ses voisins. il revient du port où 3 portefaix sont morts dans les infirmeries. Dès qu’il est sûr que c’est bien la peste, il rassemble les hommes, ses voisins, leur fait part de la nouvelle.

Les premières mesures sont plutôt simples : brûler tous les effets qui auraient pu être en contact avec la maladie, et se laver soigneusement au vinaigre. Il organise le confinement:

« Enfin, tous ceux qui auront été obligés de quitter notre placette pour aller à leurs affaires devront dès leur retour prendre un bain d’eau vinaigrée et se savonner du haut en bas, très consciencieusement. Ce sont des précautions peu obligeantes, mais qui suffiront à nous préserver, du moins pour le moment. »

Pour survivre, il faut aussi mettre en commun les provisions, fabriquer des lotions avec des herbes médicinales : rue, menthe, romarin et absinthe macérées dans le vinaigre donnent le Vinaigre des Quatre voleurs détruisant les insectes qui propagent la contagion.

« J’allais justement dire, s’écria Pancrace, que dans toutes les épidémies les ordres religieux cloîtrés n’ont même jamais entendu parler du fléau qui faisait rage autour de leurs couvents. Eh bien, mes amis, nous allons suivre leur exemple, qui est fort peu honorable pour des moines qui devraient tout sacrifier à la charité chrétienne, mais qui convient parfaitement à des citoyens chargés de famille. »

Toute la communauté va vivre cloitrée à l’image des religieux.

Seul le drapier dévot va désobéir pour suivre la messe comme chaque jour malgré les injonctions de Pancrace

« je vous déclare, dit le docteur, qu’il faut renoncer à la messe pour quelques temps. Le Bon Dieu qui nous voit saura bien que ce n’est pas par manque de zèle : il n’ignore pas, en effet, qu’une église, comme d’ailleurs tous les lieux de réunion, est un très dangereux foyer de contagion. »

Il reviendra avec la Peste mais n’entrera pas.

Désinfections, confinements, surveillance, utilisation d’eau non contaminée. Cela nous rappelle quelques souvenirs.

Quand la ville sera tellement ravagée que seul le feu peut lutter contre la contagion, il leur faudra fuir le quartier.
Mais je ne vous racontera pas comment, il faut bien ménager un peu de surprises!

Cette Peste de 1720 est très célèbre, au Château d’If une plaque rappelle que le capitaine du navire responsable de l’épidémie, y fut enfermé.

Et pour revenir à la Célébration des 50 ans de la mort de Pagnolj’ai écouté sur l’appli Radio-France un excellent podcast où Fernandel raconte Pagnol cinéaste. LES NUITS DE FRANCE CULTURE : Marcel Pagnol raconté par Fernandel – dimanche 14 avril 2024 CLIC

Challenge A la Recherche du temps perdu …et plus de Proust si vous le voulez bien

LECTURES COMMUNES

logo de la lecture commune

Il est toujours temps de lire Proust !

Miriam : « J’ai lu Proust étant adolescente et il est temps de faire une lecture adulte? J’aime bien me lancer dans l’aventure d’une lecture intégrale »

Claudialucia : « Personnellement  je m’étais initiée à Proust quand j’étais au lycée; je n’avais pas aimé et j’en étais restée là ! Enfin pas vraiment ! J’ai essayé d’entrer par la petite porte, en lisant beaucoup autour de Proust et de larges extraits.

Mais peut-on rester en dehors toute sa vie de ce monument de la littérature
française quand on aime comme nous l’aimons tous la lecture, amis blogueurs ? Certes, Proust intimide mais les incursions que j’ai faites dans ses œuvres m’ont bien persuadée qu’il n’est pas rébarbatif et même qu’il a beaucoup d’humour. »

Donc si vous ne faites pas partie de CQLD : de Ceux Qui Le Détestent : Anatole France : « la vie est trop courte et Proust, trop long », rejoignez-nous : Miriam dans son blog Carnet de voyage et notes de lecture et Claudialucia dans Ma Librairie.

La recherche du temps perdu

Il est toujours temps de lire Proust ! C’est en partant de cette affirmation que nous vous proposons un défi : lire A la recherche du temps perdu du premier au dernier volume.

A partir du mois d’Avril 2024, lançons-nous dans la lecture des sept volumes de Marcel Proust dans l’ordre : 1) Du côté de chez Swann 2) A l’ombre des jeunes filles en fleurs 3)Le côté de Guermantes 4)Sodome et Gomorrhe 5) La prisonnière 6) Albertine disparue 7) Le Temps retrouvé

Si j’en crois Keisha, La Proustolâtre, il faut se donner une décennie pour les lire et recommencer ! Bon, on va y arriver un peu plus vite, j’espère ! Mais sans pression! Du coup nous ne mettons pas de date pour clore notre défi. L’important est donc de participer au moment où l’on a envie et d’arriver au bout.

On peut s’inscrire pour cette Lecture commune ou préférer la faire en solitaire car il n’est pas question que cela devienne un marathon et chacun pourra choisir de rejoindre la LC ou de lire à son rythme.

Du côté de chez Swann pour le 15 Mai

Les livres autour de Marcel Proust

Pour ceux et celles qui ont déjà lu La Recherche et qui veulent nous
accompagner, pour tous ceux qui veulent approfondir leur lecture, nous
présentons aussi une liste non exhaustive de livres à lire autour de Marcel Proust et il y en a pour tous les goûts. On les lit quand on a a envie, au rythme que l’on préfère. Et là aussi vous mettez un lien et le logo en direction de vos blogs. Nous proposerons de temps en temps une récapitulation de vos participations.

Proust roman familial – Laure Murat

L’herbier de Marcel Proust de Dane Mc Dowell (Editions Flammarion) Claudialucia ICI

Le manteau de Proust Lorenza Foscini(Quai Voltaire)Claudialucia ICI

Les enquêtes de Marcel Proust : Pierre-Yves Le Prince –  Editions Gallimard Claudialucia ICI
La madeleine et le savant Balade proustienne du côté de la psychologie cognitive André Didierjan  Keisha ICI Claudialucia ICI

Un humour de Proust avec Denis Podalydès et Jean-Philippe Collard Concert-Lecture Claudialucia ICI

La petite cloche au son grêle  Paul Vacca : ( à propos de Marcel Proust)

A la recherche de Robert Proust Diane Margerie – Flammarion Claudialucia ICI

 Le musée imaginaire de Marcel Proust  Tous les tableaux de A la recherche du temps perdu Eric Karpeles keisha ICI

Proust et les autres Christian Péchenard –  Proust à Cabourg, Proust et son père –  Proust et Céleste (Edition La petite vermillon) Keisha ICI

 Proust contre La déchéance de Jospeh Czapski ( Les éditions Noir sur
blanc ) Keisha ICI

Dictionnaire amoureux de Proust Jean-Paul et Raphaël Enthoven (Plon Grasset) Keisha ICI

Chercher Proust Michaël Uras (livre de poche ) Keisha ICI

Une saison  avec Marcel Proust de René Peter  (Editions Gallimard)

Une jeunesse de Marcel Proust Evelyne Bloch-Dani (Editions Stock)

Un été avec Marcel Proust  Antoine Compagnon...(Editions des Equateurs)

Le Proustographe Proust à la recherche du temps perdu en infographie de Nicolas Ragonneau (Editions Denoël)

Le grand monde de Proust Dictionnaire des personnages de la Recherche du temps perdu de Mathilde Brézet  (Editions Grasset)

Monsieur Proust souvenirs de Céleste Albaret (Editions Laffont)

L’important c’est de nous dire quand vous publiez votre billet en mettant un
lien dans le blog de Miriam et de Claudialucia. vous trouverez d’autres logos chez Claudialucia.