Frida Kahlo au-delà des apparences à Galliera

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 5 mars 2023

Frieda Kahlo – 1939 par FK Murray

Attention! Exposition très courue : réserver le créneau de visite à l’avance!

Le Palais Galliera  est le Musée de la Mode, assurance de voir les robes et les bijoux de Frida Kahlo plus que ses œuvres (très peu de tableaux, plutôt des photographies de ses tableaux).

J’avais été impressionnée par l’Exposition à l‘Orangerie en 2013 et j’avais lu Diego et Frida, le livre de Le Clezio CLIC.  

Récemment j’ai aussi lu Rien n’est noir de Claire Berest, biographie colorée CLIC

L’exposition Frida Kahlo au-delà des apparences apporte un autre regard se focalisant sur la personnalité de l’artiste plutôt que sur ses œuvres. Occasion, également, d’admirer de merveilleux portraits de son père d’abord qui était photographe et de photographes de renom comme Gisèle Freund, Man Ray , Murray et d’autres 

Portrait de famille, Frida Kahlo est habillée en garçon

Frida Kahlo a joué avec son image et avec l‘apparence de genre, valorisant son côté masculin, ses sourcils épais et sa moustache qu’elle a parfois exagéré. C’est un aspect que je découvre ici. 

La galerie des portrait la présente avec Diego Rivera, bien sûr, mais aussi avec d’autres artistes. Son exposition à Paris est l’occasion de fréquenter les surréalistes. Le rôle d’André Breton ne le présente pas à son avantage, plutôt un sale type misogyne, tandis que Duchamp l’a aidée. 

Murray

L’exposition présente des objets de la Casa Azul qui se sont trouvés enfermés 50 ans  après sa mort. Objets très intimes comme flacons de parfums, médicaments, trousse de couture….Ainsi que les robes mexicaines merveilleuses.

 

Ce sont précisément les tenues qu’elle portait sur les photos présentées ici.

Frida Kahlo a tiré de son handicap, une inspiration  créatrice . Elle cachait  sa jambe mutilée sous ses longues jupes mais elle en faisait état en  le mettant en scène dans de nombreux tableaux  figurant l’accident, sa colonne vertébrale et ses corsets, ses fausses-couches. Ses prothèses et corsets occupent une salle de l’exposition, certains sont peints, véritables œuvres d’art

Florence Arquin : Frida Kahlo en corset

Autre facette de la vie de Frida Kahlo : l’engagement politique. Bien que Trotski  ait logé à la Casa Azul, elle s’est représentée peignant le portrait de Staline assurant de sa fidélité au communisme. On voit aussi sa critique des riches Etatsuniens : elle n’omet pas de représenter les files d’attente à la soupe populaire même si elle a beaucoup apprécié son séjour américain.

Costume traditionnel mexicain avec le Resplandor cérémonies religieuses. Eisenstein dans son film Que viva Mexico!  a filmé ces coiffes
REsplandor Haute Couture

Enfin, l’influence de Frida Kahlo sur la Haute Couture est importante : Jean -Paul Gaultier a dessiné des hauts s’inspirant des corsets orthopédiques de Frida Kahlo. Karl Lagerfeld a fait défiler Claudia Schiffer maquillée avec l’uni-sourcil de la peintre. couleurs et broderies des robes mexicaines se retrouvent sur les modèles de Haute Couture, sans parler de la collerette traditionnelle mexicaine.

Erdem 2020

Olmèques au quai Branly

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 25 juillet 2021

Félin

Spectaculaires statues de basalte, délicates sculptures de jade, haches polies, et même ballon de caoutchouc pour des jeux de balle rituels.

Découverte d’une civilisation dont j’ignorais jusqu’au nom.

personnages de jade (environ 12 cm de haut)

Malheureusement, en vacances scolaires, il y avait foule, des familles avec des enfants, des provinciaux en vacances….J’ai un peu bâclé la visite, incapable de prendre des notes et de me concentrer. Je me contenterai de faire une galerie de photos.

J’ai quand même noté que les Olmèques formèrent la première grande civilisation du golfe du Mexique datée de 1700 à 400 avant JC avec San Lorenzo et La Venta et Tres Zapotes pour capitale. La terre humide a digéré tous les matériaux organiques, le bois, les ossements, il ne reste donc que la pierre (et les balles en caoutchouc) ainsi que les pyramides d’argile.

Le jade que j’avais découvert à San Jose Costa Rica fut aussi associé à des objets cérémoniels symbolisant fertilité, eau et éternité. Il était extrait au Guatemala.

Plus récentes que les Olmèques, la civilisation Huastèque a aussi laissé des statues magnifiques, très sophistiquées de pierre volcanique ou de céramique.

huastèque

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Rien n’est noir – Claire Berest

FRIDA KALHO 

Ce n’est pas ma première rencontre avec Frida Kalho dont j’avais vu la très belle exposition avec Diego Rivera à l’Orangerie voila quelques années. A la suite de celle-ci j’avais lu l’excellente biographie des deux peintres par Le Clezio. Episode  de la vie de Trotski dans l’excellent livre de Padura : L’homme qui aimait les chiens

Claire Berest a écrit Gabriële biographie de Gabriële Buffet-Picabia, racontant avec talent la vie de Gabrieële qui vit fréquenté tout ceux qui comptaient dans l’Art de l’époque. 

Je ne crois pas en Dieu, je crois en Picasso ! Et vous verrez que les œuvres murales prendront le relais des fresques
des églises

Je me suis donc embarquée avec grand plaisir dans Rien n’est noir. Cette biographie est écrite sous le signe de la couleur.

Toutes les nuances de Bleu pour les années de jeunesse, de l’accident à la rencontre avec Diego. Bleu d’acier pour l’accident. Bleu roi la rencontre avec le plus grand peintre mexicain. Bleu outremer : le corps brisé. Bleu ciel, le ciel de son lit …Bleu égyptien, bleu ardoise, bleu safre….

Rouge les années américaines (1930 -1932) les succès des murales de Diego, les succès mondains, mariage,  rouge le sang rouge de la fausse-couche, la douleur de cet avortement, rouge politique celui de la Révolution. Rouges, les tromperies de Diego, homme à femmes…

Les tromperies de Diego ne sont pas un sujet, c’est un éléphant dans la pièce. C’est l’éléphant d’el Elefante qui
s’installe de force dans la cuisine en terre cuite de Fridita et fait tomber toute la vaisselle par terre avec sa large
trompe incontrôlable. Trompe-Tromperies. Ce n’est pas le bon terme d’ailleurs, pour tromper il faudrait
dissimuler au moins. Avoir un souci de la mise en scène. Gratifier l’autre d’un suspense.

Jaune les années 1933-1940, Jaune safran, jaune piquant, jaune beurre frais, jaune sable de la séparation, qui passe finalement à un jaune réséda, jaune tiède et âcre, du départ pour l’Amérique puis Paris, voyages seule, sans Diego. un jaune qui sent l’amertume, le manque même si Frida connait ses plus grands succès…jaune flash et j’en passe! Jaune ciel de Paris, les surréalistes, Marcel Duchamp, jaune du divorce….

 tu te souviens, Diego ? En vérité, rien n’a de couleur devant mes yeux, si je ne partage pas les visions avec toi,
c’est un gris qui s’abat, et qui étouffe même les chants des perroquets, il n’y a plus de contours, c’est pour toi
que je peins, 

Noirs les chapitres de la fin , noirs et gris cendres de la maturité, de la douleur qui ne la quittera jamais vraiment, noir de la mort.

J’ai aimé ces pages colorées. J’ai aimé les descriptions précises de certains tableaux. Claire Berest sait décrire la passion qui a animé toute la vie de Frida, passion amoureuse pour Diego, mais aussi passion pour la vie, la peinture. immense appétit de vivre, même si cette vie fut douloureuse, Passion comme celle du crucifié?

 

Mexique au Gand Palais (3) Des Femmes fortes

20161211_104758-2Cette section est initiée par des séquences filmées où des femmes rossent des soldats, des malotrus. Curieux cinéma où les rôles sont inversés.

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Bien sûr, parmi ces femmes fortes on trouve Frida Kalho mais elle est loin d’être la seule femme peintre.

Frida Kalho
Frida Kalho
Nahui Olin
Nahui Olin

Je découvre Nahui Olhin,

Maria Izquierdo
Maria Izquierdo

Maria Izquierdo (lire ICI ) qui sont représentées dans des autoportraits.

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Diego et Frida – Le Clezio

LE MONDE EN EXPO

diego et frida

en sortant de l’Expo à l’Orangerie Frida Kalho Diego Rivera, il me vient l’envie de lire une biographie. Merci à Claudialucia de m’avoir conseillé celle de Le Clezio!

 

 

Le Clezio a replacé la biographie de Diego et Frida dans son contexte historique, révolutionnaire, communiste et américain.

 

diego riveraPaysageZapatiste
paysage zapatiste

Interpelée par le tableau cubiste Paysage zapatiste de l’exposition, je me suis rendue compte que je ne connaissais rien de cette révolution qui éclata en 1910. Diego Rivera était alors en Europe où le cubisme   était aussi une révolution artistique. Il rencontre Picasso, Modigliani et tous les peintres de Montparnasse. Il a aussi voyagé en Italie où il a vu les fresques de Michel-Ange… quand il rentre en 1921 – après la Révolution russe – Diego est un artiste confirmé officiellement chargé de décorer des bâtiments officiels – ce n’est d’ailleurs pas le seul peintre muraliste. Frida est alors une très jeune fille, mais très décidée lors de leur première rencontre en 1923.

Diego muraliste : indiens
Diego muraliste : indiens

Ils ne se retrouveront que quelques années plus tard. Frida est alors une militante communiste, après l’accident elle peint pour résister au désespoir : peindre c’est vivre. Il faut imaginer cette période révolutionnaire . Le Clezio donne le titre L’amour au temps de la Révolution au chapitre racontant leur rencontre leur mariage en 1929. Période fascinant pour l’artiste muraliste qui peint les images passionnantes de la révolution, qui va chercher son inspiration dans la culture indigène, dans la culture précolombienne. Frida épouse cette culture, quitte le costume sévère de la militante pour adopter les tenues indiennes.

diego rivera_id_24820

Cependant, en 1929, Diego est exclu du Parti Communiste mexicain.

Ensemble ils découvriront les États Unis, San Francisco puis New York et Detroit. Diego est fasciné par Ford et les usines de Detroit. Il y peindra un de ses chef d’œuvres. Attrait ambigu, s’il travaille pour un capitaliste, il est attiré par le prolétariat américain qu’il voit comme potentiellement révolutionnaire. Se garder d’idées toutes faites et d’anachronisme! Jamais servile, il glisse des provocations comme un tableau de vaccination en forme de Nativité révolutionnaire qui fait scandale. N’hésite pas à protester contre l’antisémitisme. New York, il travaille au Centre Rockfeller et prétend peindre Lénine comme le leader des peuples opprimés. Le Clezio raconte cet épisode sous le titre de la Bataille de New York. Bataille perdue, il quittera New York ruiné en 1933.

Frida-Kahlo-Henry-Ford-Hospital-1932

Frida qui l’accompagne ne se laisse pas séduire par les sirènes américaines. Plus lucide, peut être. Surtout traversant la tragédie de l’impossibilité de garder son enfant, elle peint la fausse couche et s’enferme dans la douleur.

fresque de Detroit
fresque de Detroit
Fresque de Detroit détail de machine
Fresque de Detroit détail de machine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les années 30 au Mexique bouillonnent encore de ferment révolutionnaire,1934 crise opposant  les communistes à un mouvement fasciste, en 1936, la guerre d’Espagne, 1937 Trotski débarque au Mexique accueilli par le couple. Rencontre avec André Breton.

Le couple bat de l’aile, en raison des infidélités de Diego. Les époux se séparent puis se remarient …Amour-passion, amour fusionnel de Frida, couple indestructible …. Là, je décroche un peu. Diego n’est-il pas un de ces machos insupportables?

J’en resterai à la leçon d’histoire, et à la leçon de peinture. Et je vais chercher les écrits de Frida pour la connaître mieux.

Un commentaire bizarre sur le billet de l’expo, concernant une actrice m’avait étonnée; la clé du mystère réside dans le spectacle au Dejazet. J’aurais été bien avisée de découvrir le site avant, j’aurais gardé mon billet pour profiter du spectacle!

Au hasard des recherche ce site officiel qui propose de bien belles illustrations. cliquer ICI;

 

 

Rêves d’or – film de Diego Quemada-Diez

TOILES NOMADES

L’expression train-movie comme on dit roadmovie existe-t-elle?

Rêves d’or nous fait parcourir le Guatemala et le Mexique jusqu’à la frontière américaine à bord (ou plutôt sur le toit) de trains de marchandises avec les émigrants prêts à tout pour réaliser leur rêve d’or, le rêve états-unien.

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L’histoire commence dans un bidon-ville guatémaltèque, baraques de tôles, récupération du plastique dans une décharge. Trois amis, au départ : Juan le chef, Sara-Osvaldo cheveux courts sous une casquettes, seins bandés, Samuel, le gentil, moustache naissante. Quatorze, quinze ans, peut être seize, pas plus mais une grande détermination. Au bord d’une rivière, Chauk, machette à la ceinture, dans sa besace de l’eau et une petite calebasse, indien tzotzil tente de les suivre. Sara l’accueille tandis que Juan, jaloux veut le chasser….

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Ce n’est pas un voyage tranquille, il faut monter en marche, grimper sur le toit des wagons. Et là, ils ne sont pas seuls. Pas moins de 600 noms des figurants, candidats à l’émigration, figurent au générique. Solidarité de ces hommes et de ces femmes venant de toute l’Amérique centrale, Nicaragua, Honduras, Guatemala…solidarité aussi des paysans mexicains qui leur lancent les oranges qu’ils cueillent, des prêtres qui les ravitaillent et les hébergent. Le voyage est interrompu par la police (ou l’armée) qui renvoie les enfants au Guatemala. Attaque (presque l’attaque des westerns par des bandits qui rançonnent et enlèvent les femmes). Intervention louche de passeurs, de narco-trafiquants. Au final : frontière murée par un dispositif impressionnant.

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On traverse des paysages magnifiques et très variés, la musique est bonne. Le rythme du film d’aventure rapide. on n’a jamais le temps de s’ennuyer. On prend quand même celui de rêver avec Chauk qui ne parle pas Espagnol et qui vient d’un autre monde, si riche. On s’attache aux personnages.

Les acteurs Karen Martinez et Brandon Lopez ont l’âge de leur rôle, 16 ans. Rodolfo Dominguez est un indien Tzotzil des montagnes des Chiapas. Il est d’une expressivité étonnante.

La surprise de la rentrée. Un excellent film!

 

Frida Kalho et Diego Rivera – l’Art en fusion à l’Orangerie

 

Les personnages sont célèbres, personnalités passionnantes et passionnées! Et je n’étais pas seule dans la queue pour l’exposition.

 

 

 

Chronologie oblige, on fait d’abord connaissance avec  Diego Rivera en Europe au début du 20ème  siècle – influence de Picasso – Diego Rivera cubiste,  toujours figuratif et mexicain (Paysage zappatiste). Le magnifique tableau de Tolède   me fait penser à Martiros Saryan vu à Erevan.

Une petite salle présente des dessins et de magnifiques photos. Je  regrette que dans la revue de Connaissance des Arts que j’ai achetée ne figure pas celle où Frida Kalho de profil se regarde de face dans un miroir – ma préférée!

Dans la grande salle, les œuvres des deux artistes sont accrochées, encadrées par les reproductions des fresques monumentales. On passe de l’un à l’autre à plusieurs reprises. C’est sans doute cela : l’Art en Fusion, artistes complémentaires mais différents. Monumental, serein, politique pour Diego. Intimiste, souffrant, pour Frida. Frida en madone hiératique mais stérile,  ou en Saint Sébastien percée de clous à la colonne brisée, presque surréaliste, Peinture presque naïve évoquant les ex-votos…

Mention spéciale pour l’audio-guide qui est vraiment très intéressant!

A la librairie de l’exposition plusieurs biographies de Frida Kalho sont disponibles . Laquelle choisir?