MITTELEUROPA : UN MOIS A TRAVERS L’AUTRICHE, LA HONGRIE ET LA CROATIE
Metro Karlsplatz (Otto Wagner)
Métro Karlsplatz, notre point de ralliement. Il fait un temps magnifique pour prendre des photos des pavillons du métro d’Otto Wagner, de la Karlskirche et du pavillon Sécession. En attendant l’ouverture du Pavillon, nous faisons un tour au Naschmarkt.
Pavillon Sécession
Pavillon Secession
Le Pavillon Sécession est très sobre avec seulement quelque ornements et surtout un dôme de feuilles dorées. Devant la porte, des topiaires dans des vasques bleues, posées sur de grosses tortues de bronze. La porte en bronze est très belle.
Pavillon Secession : entrée
Fresque de Klimt
Klimt : le Géant Typhée
La fresque de Beethoven de Klimt court sur les murs d’une vaste pièce rectangulaire. Des femmes transparentes volent allongées. Seule leur chevelure est colorée. Des plages dorées, en relief, font ressortir les cheveux peints et les vêtements colorés. Sur un autre mur, un singe énorme avec des ailes bleues et un corps de serpent, figure un monstre géant : Typhée avec ses trois filles les Gorgones menaçantes. Sur le troisième côté la fresque se termine par les chœurs de la IXème symphonie.
Klimt : fresque Beethoven
Installations d’art Contemporain
Deux expositions d’art contemporain : une installation d’un vidéaste dans une sorte de tunnel surélevé en Skaï avec des écrans de télévision : des gens friqués parlent, un verre à la main, une piscine,… aucun intérêt.
Encore une installation à l’étage supérieur : des vêtements sont pendus ou posés sur le sol, des dessins sont suspendus. Sur l’un d’eux la « gestion du bonheur » formulée comme un problème de robinets avec des débits, des fuites.. Sur une banderole toute l’histoire du XXème siècle est schématisée de façon très marxiste avec des flux de capitaux, des rouages, des entonnoirs (dépression) un réseau enserrant l’Europe figure le nazisme.
Klimt : choeurs de la 9ème en lévitation
Opéra
Nous allons à pied à l’Opéra qui fait meilleure figure sous le soleil. Ressemblance avec Garnier, en moins bien, et avec le palais Ferstel, renaissance Italienne.
MITTELEROPA : UN MOIS A TRAVERS L’AUTRICHE, LA HONGRIE ET LA CROATIE
Hundertwasser haus
Métro puis tram jusqu’à la place Radetzky. Un itinéraire fléché mène aux maisons colorées de Hundertwasser.
Les maisons colorées Hundertwasser (carte postale puisqu’il pleuvait)
Le temps s’est couvert. Il commence à pleuvoir. C’est tout à fait dommage ! Je me faisais une fête de photographier ces curieux immeubles multicolores décorés de pilastres géants en céramique, de mosaïques et de miroirs où les terrasses arborées font entrer les végétaux à tous les étages. Il fait si sombre que les couleurs ont l’air passées et on se contentera de cartes postales.
WC remarquables!
Hundertwasser : toilettes remarquables
Dans la galerie marchande de l’Art Moderne les WC sont remarquables. C’est la première fois que je paye pour entrer dans des toilettes publiques sans les utiliser ! Elles méritent la photo avec leur carrelage à damier, les bandes rouges et bleues et les miroirs encadrés brisés.
Exposition Tiffany
Exposition Tiffany : lampes 1900 avec des abat-jours en vitrail aux motifs végétaux Glycine merveilleuse, narcisses et jonquilles, nénuphars ou feuilles de vigne. Autre motif récurrent : les libellules. Je me souviens en avoir vu à l’exposition « 1900 » du Grand Palais. Dans la pénombre, avec des effets de miroir, toutes ces lampes précieuses font un ensemble extraordinaire. Tiffany est un Américain qui a saisi l’opportunité de la découverte de la lampe à incandescence d’Edison pour faire de la lampe électrique un objet d’art .Cette exposition cadre très bien dans notre programme « Art nouveau» ou Sécession prévu pour demain.
Hundertwasser
Hundertwasser maquettes
Le reste du musée est consacré à Hundertwasser : des maquettes présentent son travail d’architecte: des maisons d’habitation mais aussi une usine d’incinération (type de celle du Carrefour Pompadour)toute habillée de couleurs vives de mosaïques et de bulbes dorés. Architecture écolo
Un village aux forme arrondies à moitié enterré sous des pelouses témoigne de la sensibilité écologique de l’auteur : la terre isolerait du froid comme de la chaleur, on marcherait sur les toits, ce serait la fin de l’architecture verticale, la maître d’œuvre y voit une nouvelle convivialité, également un traitement différent de l’eau.
peintre ou plasticien?
En plus de cette utopie, nous découvrons un peintre, ou plutôt un plasticien, majeur. Comment nommer celui qui utilise plutôt la sérigraphie, la gravure, un graphiste ? un graveur ?? les titres sont amusants, un peu surréalistes, les couleurs, vives parfois criardes dans les épreuves de sérigraphie avec une utilisation d’encres métallisées, dorées argentées et même violet métallisé. La spirale est un motif récurrent ainsi que les gouttes qui traversent le tableau, gouttes de pluie, pluie de sang, larmes… Les arbres, parfois de simples boules vertes, surviennent dans des situations inattendues : un meuble, un portrait.
On devine une sensibilité écolo très forte, Hundertwasser semble traduire l’air du temps, quand j’examine les dates , je découvre un précurseur «Mehr grün» n’est pas un slogan politique des années 80, le tableau a trente ans de plus, un « garçon aux cheveux verts » baskets aux pieds, tellement actuel a presque 50 ans En tout cas son œuvre me touche beaucoup. Les pluies de sang, flammes et cendres sont elles des réminiscences des années de guerre Hundertwasser a perdu une partie de sa famille dans les camps ou traduisent elles un état de guerre permanent à travers le monde ?
Selon la biographie de l’artiste (1928 – 2000), il a beaucoup voyagé, Paris, Japon, Nouvelle Zélande, il est d’ailleurs mort en mer à bord d’un paquebot. Curieuse idée d’inventer des drapeaux ! Pour Israël la moitié du Magen David au dessus d’un croissant vert allongé sur le même fond blanc, une curieuse spirale verte pour la Nouvelle Zélande, un rocher rouge sur fond bleu pour l’Australie.
La visite se déroule dans le calme, nous sommes presque les seules visiteuses. Il y a des bancs pour s’asseoir. Nous passons une excellente après midi.
Retour vers 7h30 à la pension Kraml après avoir acheté des poissons chez Nordsee (très chers pour un fast-food mais délicieux)
Exposition temporaire du 18 septembre au 14 décembre 2020
la Récompense du Devin
Giorgio de Chiricoest né à Volosen Thessalie où son père, ingénieur a construit une voie ferrée de Miliès dans le Pélion jusqu’à Volos. Ce détail a son importance parce que les trains sont très présents dans les tableaux ainsi d’ailleurs que la figure du père. La mythologie grecque est aussi source d’inspiration pour le peintre : Centaures et Prométhée sont le sujet de tableaux de jeunesse (que je n’ai pas beaucoup appréciés) dans la première salle de l’Exposition, face à des tableaux de Böcklin rappelant le passage du peintre à Münich où il a étudié.
Peinture métaphysique(l’expression est d’Apollinaire et peut être philosophique quand De Chirico s’attache aux pas de Nietzsche à Turin. travail pictural, sur le temps, l’Eternel Retour, les arcades de Turin. De Chirico choisit comme décor une ville vide, intemporelle pour des figures énigmatiques.
De Chirico : la Nostalgie de l’Infini
« L’abolition du sens en art, ce n’est pas nous qui l’avons intentée. Soyons justes, cette découverte revient au polonais Nietzsche, et si le Français Rimbud fut le premier à l’applique dans la poésie, c’est votre serviteur qui l’appliqua pour la première fois dans la peinture. »Giorgio de Chirico 1919
De Chirico : La Conquête du philosophe
De Chirico arrive à paris le 14 juillet 1911. En 1913, il est découvert par Apollinaire, exposé dans la galerie de Paul Guillaume. Il rencontre Picasso.
Portrait de Guillume apollinaire – portrait prémonitoire avec la cible?
Une série de tableaux marque l’arrivée du mannequin
De Chirico : Le Voyageur sans fin
et le le Vaticinateur
Le Vaticinateur
Ce mystérieux personnage est un devin, un mannequin auquel le peintre s’identifie comme le laisse penser le tableau sur le chevalet représentant une ville en perspective. Le personnage adopte une improbable position : la tête de face, les épaules de 3/4, et les jambes de profil. Sa tête lisse porte un bandeau, un oeil unique, une cible, l’œil rappelle celui que les anciens peignaient sur les bateaux pour se prémunir du mauvais sort.
Ferrare : dialogue muet entre différents objets, absurdité?
En 1915; l’Italie mobilise, Giorgio de Chirico et son frère, le peintre, Alberto Savinio rentrent en Italie. A Ferrare, il va peindre une série de tableaux sur la Grand folie du monde
Ferrare : au centre un thermomètre, un poisson dans une boîte….
En 1918 les peintures de De Chirico font face à celles de Carrà et Morandi qui utilisent les mêmes figures du mannequin et des objets, même codes pour une peinture métaphysique
madre e figlio
la figure du mannequin peut aussi être une référence à la deshumanisation que la Guerre a causé, aux gueules cassées et aux prothèses pour réparer les dégâts du conflit.
Morandi
De Chirico peint aussi des intérieurs métaphysiques :
Intérieurs métaphysiques
La peinture métaphysique qui a séduit Bretonet les surréalistes s’arrête au début des années 1920, De Chirico choisit un retour à une expression plus classique. l’exposition ne rend pas compte de l’évolution ultérieure de la peinture de ce peintre qui vivra jusqu’en 1978.
Cézanne n’est jamais allé en Italie, pourtant cette exposition le décrit comme Italien par la lumière qui inonde ses tableaux, lumière de Provence. Italien parce qu’il connait les peintres italiens et s’en est inspiré! L’exposition 2020 au Musée Marmottan fait suite à une exposition de 2014 que j’ai trouvée racontée sur un blog que j’aime beaucoup ICI
1) Cézanne l’Italien.
L’exposition du Musée Marmottan présente les tableaux par paires : La Descente de Croix du Tintoret qui a inspiré un petit tableau La Femme étranglée où la composition se trouve inversée (explication et schéma sur les cartel : passionnant!). Aucun rapport pour le sujet profane mais l’analogie est remarquable.
2)Cézanne regarde Venise et Naples
occasion d’apparier les tableaux La déploration du Christ du Tintoret et LeMeurtre de Cézanne.
le meurtre Cézanne
Occasion de découvrir un aspect de la peinture de Cézanne que j’ignorais complètement : ces peintures sombres que je n’imaginais pas du tout, loin des paysages lumineux de la Sainte Victoire ou des tranquilles natures mortes.
La toilette funéraire ou l’Autopsie Cézanne
Cette toilette funéraire est appariée à la Déposition du Christ de Ribera, même si les personnage ont été réduits de six à trois et que le sujet est bien profane.
Ce jeu des paires marche aussi pour une tête de vieillard de Cézanne inspiré du Portrait d’Antonio da Ponte de Bassano, ou de deux jeunes filles l’une du Gréco (magnifique mais interdit de photographier). La parenté entre la Préparation du banquet et la Cène du Tintoret n’est pas aussi évidente.
En tout cas : Cézanne connaissait la peinture vénitienne et napolitaine!
3) Cézanne regarde Rome
Pastorale
Plusieurs paysages dans cette section: surtout des Poussins – archétype du paysage classique – qui invente un paysage idéal tandis que Cézanne peint sur le motif. Cette Pastorale est accrochée à côté d’un Poussin Paysazge avec Bacchus et Cérès.
Cezanne : le château noir
Le Château noir correspond plus à ma vision de la peinture de Cézanne. C’est d’ailleurs un des tableaux que j’ai préféré dans l’exposition.
4)Cézanne regarde la nature morte en Italie
nature morte ou vanité? Je découvre la Vanité avec Crane de Salvator Rosa que je ne connaissais pas du tout.
Cristoforo Munari
Cristoforo Munari (encore une découverte pour moi) a peut être inspiré Cézanne
5) Cézanne vu par les Italiens
Si les maîtres italiens ont inspiré Cézanne, la réciproque est aussi vraie: Soffici, Carrà, Morandi, Sironi et Pirandello sont présent dans le jeu des paires.
Sironi : Portrait du frère Ettore/ CézanneCézanne : la bouteille de liqueurmorandi
baigneuses de Cézanne et baigneuses de Pirandello
Baigneuses de Pirandello
Cette exposition m’a beaucoup plu, non seulement les tableaux sont magnifiques et certains inconnus mais encore la démarche de faire dialoguer les œuvres, de mettre en évidence les analogies, les compositions, les parentés est très formatrice pour l’oeil.
Exposition à l’Orangerie du 19/10/2019 au 27/01/2020
Fénéon par signac
J’ai rencontré Félix Fénéon au Quai Branly dans l’Exposition Les arts lointains et j’avais apprécié sa critique de la Colonisation et ses questionnaires « Entreront-ils au Louvre » en parlant des oeuvres d’art africains. Je m’étais promis de le retrouver à l’Exposition prévue à l’Orangerie.
L’exposition présente ses années anarchistes de 1892 à 1894 pendant lesquelles Fénéon est accusé d’avoir participé à un attentat. Son procès est même mis en scène. Les dessins de Luce le montrent en prison. Des coupures de journaux témoignent de cette épisode. L’anarchie est peinte dans un tableau idyllique de Signac : Au temps d’Anarchie rebaptisé plus tard Au temps d’harmonie, l’âge d’or n’est pas dans le passé, il est dans l’avenir.
Signac : Au temps d’anarchie
Critique d’art, collectionneur, journaliste, galeriste, Félix Fénéon a joué un rôle important en soutenant les néo-impressionnistes, Seurat, Signac, Cross, mais aussi en organisant une exposition pour les Futuristes italiens et plus tard d’autres artistes novateurs.
Secrétaire de la Revue Blanche, il a aussi joué le rôle d’éminence grise en publiant des oètes symbolistes : Stephane Mallarmé, Paul Verlaine, puis Proust, Gide Oscar Wilde, Charles Péguy….
La lecture Rysselberghe
L’exposition montre une grande variété d’oeuvres, de merveilleux tableaux pointillistes colorés de Seurat et Signac, mais aussi des dessins très sombres de Seurat avec des préoccupations sociales.
Usine à Courbevoie
Après les tableaux futuristes, il y a aussi des Bonnard, Vuillard, Matisse….l’occasion de voir de belles choses.
Après le bel article de lisapascaretti, j’ai eu bien du mal à rédiger mon article!
Rassemblant 36 tableaux divers du peintre de son arrivée à Paris en 1913 à son dernier retour à Paris (1950-196) sa conversion au catholicisme en 1959.
60 ans de création de ce Japonais amoureux de Paris dont il a connu les plus belles heures de l’Ecole de Paris, le cubisme, le Douanier Rousseau, les fêtes de Montparnasse….Deux tableaux de sa première visite (1913 ) représentent la proche banlieue, les fortifications et les usines dans un style naïf et des harmonies de camaïeu gris.
A son retour à Paris en 1921-1931, il adopte un style très personnel aussi bien dans sa peinture que dans son personnage de dandy au train de vie luxueux. Il peint des femmes nues où la recherche se fait surtout sur la blancheur de la peau et les poils que sur les rondeurs ou les formes. Réminiscence d’Olympia, femme allongée sous de la toile de Jouy….et puis, avec un peu d’attention, on découvre un chat. les chats sont très présents dans les œuvres de Foujita. Je n’ai jamais vu de chats aussi réussis. Douceur et espièglerie, mais pas que, la bataille de chats est impressionnantes, 14 chats se déchaînent, griffes et crocs, il y en a même un borgne.
La crise de 12929 le ruine et Foujita quitte Paris pour des voyages en Amérique du sud et au Japon. Sa peinture se colore, elle devient presque Mexicaine avec des ocres, des oranges, des jaunes et des verts. Il peint aussi le Japon et la Chine. J’aurais aimé en voir plus.
Face à la Guerre (1939 -1949) Foujita est incorporé dans l’armée impériale pour des peintures de guerre monumentales, deux sont présentées là, brunes, héroïques, elles occupent tout une cimaise et ne m’ont pas plu (ce n’est pas le travail de Foujita qui me rebute mais le genre). A côté, un Rêve d’une femme nue entourée de nombreux animaux fantastiques a attiré mon attention. Foujita ne peint pas que des chats, il excelle aussi dans la représentation des singes, lapins ou chiens
Retour à Paris (1950-1968) atmosphère de bistrots, même à New York il peint un café parisien. Il obtient la nationalité française et en 1959 se converti au catholicisme. Un tableau le représente, lui et sa femme en tenue monastique avec la vierge (qui a une physionomie curieuse, peut être japonaise. Ce tableau s’inspire des flamands, seuls les oiseaux, mésanges, pic vert.. m’ont intéressée.
Au plus humides jours de janvier, il faudra remettre à plus tard les visites de maisons d’artiste en Vallée de Chevreuse mais je retiens celle de Fujita pour le printemps prochain à Villiers-le-Bâclesur la route de Gif sur Yvette!
(suite de l’article précédent, depuis que je suis passée à Windows10 j’ai des problèmes incessants avec le traitement des images)
La Révolution zapatiste fut sanglante et certains tableaux sont effrayants.
Les tableau d’Orozco aux teintes terreuses marron/gris noir sont extrêmement violents.
Femmes soldats
Je découvre aussi Siqueiros (sous-titré : La Lutte des classes) . Selon les explications, il privilégie la peinture murale, mais aucune image de ces fresques n’est donnée ici
la Mère prolétarienne Siqueiros
Dans le même thème, les photos de Bravo sont très belles. Un long extrait de Que Viva Mexicod’Eisensteinest projeté. Magnifique! on peut le visionner sur YouTube.
L’utopie sociale est représentée par Rivera dans la Rivière Juchitan (1953-1955) apporte les couleurs vives qui contrastent avec ces images bien sombres
J’ai gardé le plus vif souvenir de l’exposition de l’Orangerie en 2013 consacrée à Frida Kalho et Diego Rivera. L’exposition actuelle, bien qu’elle expose quelques tableaux qu’on y avait déjà vus, n’est nullement redondante. Même si Frida et Diégo étaient les vedettes les plus connues, ils n’étaient pas seuls, loin de là. Cette peinture est très riche. L’exposition de 1913 était surtout centrée autour de le personnalité de Frida et Diégo et leur relation de couple. Celle de 2016 est organisée autour de thèmes très variés. Il ne faut donc pas faire l’impasse au prétexte qu’on a vu celle de l’Orangerie
Diego Rivera : Femme au puits
LES MEXICAINS A PARIS présentent une série de gravures de Roberto Montenegro d’inspiration symbolistes où je retrouve une parenté avec les illustrations de Salomé de Beardsley vuesà l’Expo Oscar Wilde mais avec des thèmes bien mexicains, têtes de morts et squelettes Vulnerant omnes ultima necatde Roberto Montenegro ainsi qu’un Saint Sebastien. Zarraga dans la Femme et le pantin montre un clown grimé comme une tête de mort.
Rivera, Zàrraga, Montenegro ont une bonne connaissance des avant-gardes parisiennes, s’essaient au cubisme dans la Femme au puit de Rivera, le Paysage zapatiste. J’ai du mal sans l’aide des cartels à distinguer les peintures de Rivera de celles de Zarraga. Les thèmes mexicains et la révolution zapatiste dominent. j’ai aussi aimé la footballeuse de Zarraga ainsi que les deux tableaux où figure la même indienne aux tresses attachées et à la jupe rouge flamboyante.
Deux expositions presque simultanément sur les lieux consacrés à Monet et à l’Impressionnisme: Sorolla à Giverny et Monet, Munch, Hodler à Marmottan. La mode cette année est-elle de faire dialoguer les peintres? Je goûte énormément ces rencontres qui offrent un point de vue nouveau sur des écoles qu’on imagine séparées.
Hodler (1858-1918), Monet(1840-1926) Munch (1863-1944) contemporains ne se sont jamais rencontrés, chacun a effectué des recherches originales dans des voies différentes, mais chacun dans la lumière et la couleur.
hodler
Peindre l’impossible est le sous-titre de l’exposition
« J’ai repris encore des choses impossibles à faire : de l’eau avec de l’herbe qui ondule dans le fond… c’est admirable à voir, mais c’est à rendre fou de vouloir faire ça» Monet
En introduction, une courte présentation des trois peintres : trois autoportraits. L’essentiel de l’exposition s’organise autour de ces thèmes impossibles à rendre : les montagnes, l’eau, la neige, le soleil et la lune, pour terminer par Couleurs.
Le grand maître des montagnes est sans conteste le suisse Hodler. Dans le Lac de Thoune ou le Lac Léman les sommets se reflètent, ou émergent d’une mer de nuages ou de bancs de brume. Le contraste entre le tracé extrêmement précis, structuré, presque géologique, des sommets et le flou de la brume est surprenant.
Lac de thoune et chaîne du stockhorn
Le premier tableau : Le Lac de Thoune et la Chaîne du Stockhorn est construit en couches parallèles bleues ou jaunes , 7 lignes bleu-clair, de brume traversent le tableau et la montagne. Au premier plan, de très petites taches vertes donnent du relief. De nombreux tableaux de montagnes sont accrochés : Le Mont Mönch net et structuré, le bâti est souligné d’un trait bleu ou rouge, surmonté de jolis nuages blancs en forme de virgule. La Jungfrau, l’Eiger et le Mönch au dessus de la mer de brouillard .
Monet : Mount Kolsaas
Monet s’est aussi essayé avec bonheur à peindre le Mont Kolsaas(Norvège) là où je ne l’attendais pas du tout.
paysage de Thuringe
Pour la neige, c’est Munch qui excelle avec des personnages très colorés qui se détachent. En regardant avec plus d’attention, je découvre les flocons tombant sur cette Neige fraîche sur l’avenue que l’on a choisie comme affiche de l’exposition. Et j’ai eu un coup de cœur pour le Paysage de Thuringeoù les limites des champs enneigés sont soulignés de rouge, brun ou vert. Monet, bien sûr n’est pas de reste….
Monet
Le thème de l‘eau n’échappe pas à Monet avec une barque dansle courant de l’eau souligné par les ondulations des végétaux. Peinture de maître!
Autre thème : les astres , coup de cœur cette fois-ci pourMunch, et à plusieurs reprises! Sa nuit étoilée a une parenté avec celles de Van Gogh!
munch soleil
Pour terminer, Couleurs glorifie les teintes chaudes de rouge et d’orange!
Une très belle exposition, donc. Seul Bémol, les salles sont exiguës à Marmottan et si trois groupes suivent leurs conférencières, les visiteurs individuels ont du mal à accéder aux tableaux. J’ai donc fait la visite dans le désordre pour revenir aux salles moins embouteillées.
drapeau, UNIA (1990) sunthèse du drapeau américain et de l’Universal Negro Improvement Association
Coïncidence? Deux expositions américaines se font face. Rive droite, à l’Orangerie, les Peintres des années 30, Rive gauche, The Color Lineprésente les artistes afro-américains au cours du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Ces deux expositions se complètent en donnant une lecture politique au travaux des artistes.
The Color Line est une grosse exposition. Prévoir du temps. Et ne pas commettre l’erreur de rester trop longtemps et d’étudier trop en détail chacun des documents du début, des tableaux de statistiques (au demeurant édifiants) pour, ensuite passer trop vite devant les tableaux, sculptures présentées en fin de parcours. Ce serait dommage.
spectacle raciste
L’exposition montre la situation des noirs à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, affiches de spectacle illustrent la section intitulée MINSTRELS, BLACKFACES & VAUDEVILLE des blancs, grimés, caricaturent et se moquent des noirs qu’ils appellent « coons ». Dans les années 1990 les artistes afro-américains se réapproprièrent ces images et détournèrent l’imagerie raciste.
Détournement de l’imagerie raciste et réappropriation des clichés
PREMIERS COMBATS CONTRE LA SEGREGATION montre les luttes contre les « lois Jim Crow » et présente les personnalités des leaders Du Bois et Booker T Washington qui présentèrent (entre autres) la condition des afro-américains à l’Exposition Universelle de Paris. Un peintre noir Henry Ossawa Tanner fut un artiste reconnu en France, peignant des sujets universels et ne se limitant pas au folklore noir.
LA GRANDE GUERRE : 200.000 soldats afro-américains traversèrent l’Atlantique, combattirent sous l’uniforme américain. Ce qui n’empêcha pas le racisme de sévir. le réalisateur Griffith dans Birth of a Nation montre même le KuKluxKLan comme des héros sur l’affiche du film.
LE SPORT, en revanche fut émancipateur. l’exposition montre des couvertures de magazines, des photos de sportifs et des peintures.
Strange fruit
STRANGE FRUITS montre des représentation des lynchages
Meditation – mob victim
APRES LA GRANDE MIGRATION(migration du sud des USA vers les nord moins ségrégationniste) est illustré par un mur où sont projetées 60 tableaux Migration series 1940-41) de Jacob Lawrence, petits tableaux très colorés avec ds à-plats comme des collages.
HARLEM ON THEIR MINDS introduit une autre thématique, vie quotidienne, danse et musique.
BLACK IS BEAUTIFUL rassemble ds tableaux plus récents très variés.
pour finir deux grandes salles montrent des oeuvres contemporaines, peintures, mais aussi tapisseries, un mobile fait avec des masques africains suspendus, des sculptures….
Une exposition très copieuse, historique, politique, certes, mais avant tout avec de très belles choses à voir!