Les Enquêtes d’Anatole Le Braz -Le sang de Douarnenez – Gérard Lefondeur – Ed Palémon mystère

MASSE CRITIQUE DE BABELIO

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Excellente pioche de la Masse Critique qui tombe à pic puisque nous retournerons en Bretagne au mois de Juillet et que nous aurons sûrement l’occasion de visiter les lieux du roman. 

Ce roman policier  se déroule à Douarnenez en mars 1902 L’auteur, Gérard Lefondeur, recourt au procédé littéraire bien connu :  dans une vielle boîte à gâteaux, il retrouve les manuscrits de Carnets secrets d‘Anatole Le Braz . L’écrivain, historien, folkloriste, aurait assisté le commissaire Dantec à résoudre une affaire difficile.L

Les équipages de  deux barques de pêcheurs ont été retrouvés morts dans une macabre mise en scène près du rivage… Cette découverte funèbre suggère un rituel qui justifie l’assistance de Le Braz, expert en culture bretonne. Le Braz est ami de Conan Doyle. Par l’intermédiaire de ce dernier il rencontre Bram Stoker, l’auteur irlandais de Dracula. Nous nageons en plein surnaturel, dans une ambiance celte! Le Sang de Douarnenez est un polar très littéraire où un marin pêcheur cite Shakespeare. Le Braz cite aussi Renan, grand homme de Tréguier alors que Le Braz est de Port Blanc.

C’est aussi un polar très bretonnant avec la légende de la ville d’Ys, les Sirènes qui causent les naufrages, les malédictions…

Polar sociologique, sur un arrière-plan de crise sardinière. Douarnenez est le pays des sardinières, les Penn-Sardin. En 1901, les bancs de sardines qui faisaient la richesse de la ville vont à manquer. Pour approvisionner les conserveries, il faut appâter avec des œufs de poisson venant de Norvège. Les pêcheurs deviennent tributaires des conserveurs qui leur vendent l’appât et fixent les prix. La grand grève des sardinières n’aura lieu qu’en 1905, après le dénouement de l’intrigue mais l’auteur dénonce les conditions de travail des ouvrières. Evoque aussi leurs chansons (à propos plusieurs podcasts de Radio-France, passionnants!).

Polar historique. Déjà, les Romains, travaillaient la sardine pour faire du garum. Un épisode des Guerres de Religion avec un nobliau rebelle.

Ce gros livre de  se dévore d’un seul trait. Instructif, addictif. Très réussi!

Merci à Babélio et à l’éditeur!

Du Cap de la Chèvre à la Pointe de Dinan et la plage de Goulien

CROZON

cap de la chèvre stratifications de la pointe de Kerroux

Passant par Crozon, j’achète une barquette de fraises de Plougastel, c’est une véritable addiction ! Après Saint Hernot nous traversons de charmants villages de petites maisons aux volets bleus et pignons triangulaires, enfouies sous les rosiers et les hortensias. A Rostudel, un groupe de maisons  mitoyennes pittoresque est à louer.

La route s’arrête devant le monumental sémaphore (terrain militaire), interdit d’entrer et de photographier ; qui en aurait envie ? il est hideux avec un grand mur gris qui le double, comparé au  joli phare blanc de Toulinguet. Le sentier contourne le terrain militaire pour rejoindre le sentier côtier bordé de fils de fer pour permettre à la végétation de repousser. En balcon, le sentier offre des vues impressionnantes sur les falaises et les pointes. J’essaie de reconnaître les affleurements signalés sur le dépliant de la Maison des Minéraux. La pointe est formée de Grès Armoricain, puis de dolérite, roche volcanique, enfin de schistes et calcaires. De loin, je ne reconnais pas grand-chose mais m’obstine à photographier de loin les stratifications et les bancs qu’on voit plonger sous l’eau transparente ; Certains bancs sont découpés en prismes sur la plage en dessous. Je regrette d’être incapable de lire les structures intéressantes.

Cap de la chèvre crique

Le couvert végétal est composé de bruyère et de coussinets très verts et très denses. En regardant mieux : j’identifie des ajoncs très bas serrés et piquants, des prunelliers forment également des boules serrées. De temps en temps, des taches orange de filaments étranges. Des randonneurs me disent que ce serait des « cheveux  du diable », plante parasite. Ce végétal m’intrigue. Un peu plus loin, j’ai le plaisir de voir s’envoler un Crave à bec rouge son bec est vraiment rouge.

Cheveux du diable

A l’entrée de la Plage de la Palue, on traverse une zone boueuse puis j’arrive dans la dune. Le sable sec s’infiltre dans mes chaussures, les alourdit et la marche devient pénible. J’aurais mieux fait de descendre sur l’estran et de marcher sur le sable mouillé.

Dominique m’attendait avec un pique-nique gastronomique : salade de champignons de Paris frais avec saumon en fines tranches marinées avec de l’aneth et du citron confit et pour dessert les fraises de Plougastel.

A partir de la Pointe de Lostmarc’h le sentier en balcon court à travers une lande, véritable patchwork coloré. La floraison des ajoncs s’annonce avec les boutons jaunes prêts à éclore, les bruyères forment des taches roses, coussins verts. Même l chèvrefeuille s’est invité, il rampe sur les ajoncs. De petits troènes sont fleuris. Pourquoi cette lande située sur le même versant, même orientation est-elle plus fleurie que celle située avant la plage ? Cette portion du sentier côtier est beaucoup moins fréquentée que la première du Sémaphore jusqu’à la plage, en effet elle ne figure pas sur la rando-fiche. Je ne croise qu’un coureur qui dévale les pentes. Le tracé du sentier est moins visible, on l’a même interdit sur le rebord de la falaise. Le GR rentre dans la campagne. Je marche, téléphone en main en me guidant au GPS et marchant le long du fil de fer. A l’approche de Kerguillé, je descends jusqu’au bord de l’eau et remonte de 60 m perpendiculairement aux courbes de niveau, contente de m’aider de mon bâton. Enfin la Pointe de Dinan et le Château de Dinan se profilent.

Pour terminer la journée à la plage de Goulien toute proche à pied la voiture doit retourner à Crozon, traversant le ravissant village fleuri de Keraveno. La plage de Goulien est très grande et relativement fréquentée par de nombreuses familles avec des enfants (beaucoup d’Allemands). Je fais un petit tas avec la robe rose glissée dans les sandales que je perche sur un rocher (beaucoup de moules et balanes). Malgré la fraîcheur je nage dans une eau calme comme en Méditerranée. Je pourrais nager très longtemps, je me suis habituée à la température de l’eau.

la Pointe des Espagnols et Camaret

CROZON

Le Fret

Roscanvel : vipérines

Le Fret, notre port d’attache est à 800m du gîte. Alignées sur le quai, les petites maisons bretonnes, certaines blanches d’autres colorées, une plus grande, jaune, clôt la série, perpendiculairement en face du port de pêche. Plus loin, le quai des navettes pour Brest(en saison), vélos électriques en libre-service. De là je découvre une petite plage. Un peu plus loin, l’Ile Longue, base militaire, donc inaccessible. En face, Brest. La seule petite épicerie-dépannage est fermée ce matin.

Roscanvel

Pas plus de courses possibles à Roscanvel, c’est décidé, nous irons au restaurant !

Roscanvel : fontaine et lavoir

 Roscanvel est un village charmant autour de son église Saint Eloi, XVIIème siècle. Ses vitraux modernes, colorés, en verre très épais, surprennent. Ils étaient l’œuvre de Labouret selon la technique originale de dalles de verre cloisonné ciment. Un incendie en 1956 a mis à mal les vitraux originaux qui sont remplacés par des copies. En face de l’église, une pelouse sert d’écrin à une très jolie fontaine (1666) et à un lavoir (1831). Dans l’église, on peut trouver un circuit de promenade de découverte des sources, fontaines et lavoirs autour de Roscanvel. Bordant la pelouse, une belle maison avec un jardin fleuri. Des vipérines des Canaries (Echium pininana) très hautes, très touffues, bleues attirent mon regard. Malheureusement, elles sont à contre-jour et les couleurs ne ressortent pas. La propriétaire surgit et m’invite à entrer dans le jardin pour avoir un meilleur éclairage. « Savez-vous comment elles s’appellent ? – savez-vous combien de temps elles vivent ? – Trois ans » dit la dame –« la floraison va précéder leur mort. Il faudra les arracher. Elles ne font pas de rejet mais se dessèchent. Il faudra recommencer avec des graines ». La dame n’est pas inquiète. Les inflorescences donnent de nombreuses graines. Ces belles colonnes bleues attirent bourdons et abeilles vraiment très nombreux.

De la petite place, partent deux randonnées signalées par des flèches en bois malheureusement pas de balisage visible. Visorando m’oriente sur la route jusqu’à Port Scorff parmi des jardins fleuris et longeant la mer. Puis on quitte la route au Lez pour monter sur l’arête de la Pointe. Je trouve le GR qui chemine en sous-bois, promenade très tranquille. A l’approche de la Pointe je passe à côté des fortins, batteries des fortifications. Mais c’est le chantier : le GR est refait, élargie, sablé, dans le parking de la Pointe de gros engins travaillent. Des grillages interdisent le GR qui conduit à la Pointe. Quelle est la raison de ces travaux ? Souhaite-t-on canaliser les visiteurs, mettre en valeur les fortifications, ou sécuriser le sentier côtier mis à mal à cause de l’érosion ? Aucune explication n’est proposée.

Pointe des Espagnols lavoir de Stiff

Sur l’autre versant de la pointe, le sentier domine une côte très escarpée. La végétation est rase : bruyère très fleurie, fougères-aigles très vertes ? Dans un creux, le sentier passe en sous-bois frais et humide. On a même construit un chemin de planches qui conduit à la jolie fontaine et au lavoir de Stiff aménagé à la fin du XIX ème à l’usage des militaires. Des papyrus et des arums se reflètent dans le miroir d’eau du lavoir. Le sentier remonte ensuite et suit la côte en balcon.

Digitales

A l’approche de Camaret la route passe à côté d’une base militaire en fonction. Décidemment, cette Pointe des Espagnols est très militarisée !

Avant d’arriver à Camaret : la plage protégée par la Pointe Sainte Barbe a un nom étrange La mort anglaise est très accueillante malgré son nom. J’apprendrai après que ce nom correspond à un épisode de la bataille de Camaret.

Camaret

Camaret port, tour Vauban, chapelle

Nous arrivons à l’heure du déjeuner à Camaret. Les terrasses des restaurants sont alignées sur le quai sous un beau soleil. Promesse d’un bon déjeuner. Promesse qui ne sera pas tenue. Impossible de garer la voiture. Impossible aussi de revenir en arrière, le quai est à sens unique. En général, une rue parallèle est en sens unique inverse. Pas à Camaret ! Impossible de faire le tour, il faut retourner dans la campagne. Nous ne déjeunerons donc pas au restaurant mais grignoterons biscuits apéritif et andouille en réserve dans la voiture. Cela donne soif ! Je retourne à pied vers le quai avec l’intention d’acheter une bouteille d’eau minérale dans une épicerie, un bar ou un restaurant. Je suis entrée dans chaque établissement avec cette demande simple : « pouvez-vous me vendre une bouteille d’eau ? »Eh bien non ! Ils ne peuvent pas. Je retourne à notre banc les mains vides. La mauvaise volonté a une excuse : la consigne. En effet, sur chaque table, il n’y a aucune bouteille en plastique, seulement de lourdes bouteilles de verre, sans bouchon. Pas de San Pellegrino, ni d’Evian ou autre « marque ». Château-La Pompe uniquement. Pourtant je milite pour cela. Voici que le boomerang me revient à la figure. Pareil pour la piétonisation ! Si j’avais pris ma gourde peut être me l’auraient-ils remplie ? pas sûr.

Notre Dame de Rocamadour est une jolie chapelle au clocheton décapité par un boulet en 1694 au cours de la Bataille de Camaret, tentative anglo-hollandaise de détruire la flotte française. Un autel peint rappelle cette bataille. A côté de la chapelle se dresse la Tour Vauban.

Après ce déjeuner raté nous retournons à la jolie plage de la Pointe Sainte Barbe . j’ai approfondi mon « longe-côte » en marchant avec l’eau à mi-cuisse. Si le beau temps persiste je me baignerai avant la fin de la semaine !

 

Voyage vers Crozon et arrivée au Fret

CROZON

Le Faou

Voyage facile :autoroute A11 presque vide ainsi que les 4 voies jusqu’à Rennes . Nous quittons la RN 12  à une trentaine de km de Rennes pour la RN 164 qui coupe la Bretagne par le centre . Le plus souvent, la route en 2×2 voies (pas toujours) évite les bourgs et les villages. On devine les grandes installations agro-alimentaires, usines et hangars à camions, leur emprise n’est pas négligeable.

Pour acheter le pique-nique, nous quittons la grande route à Mûr-de- Bretagne, village pittoresque, avec sa grand église (en restauration), ses maisons de pierre bâties autour de la place et quelques commerces : un fleuriste croûle sous les rosiers, corbeilles et bouquets (c’est la fête des mères). Chez le traiteur-charcutier-pâtissier, trouvons le déjeuner : une tourte au saumon excellente et une croûte à thé (gâteau aux amandes et pistaches). Pour le carburant, il n’y a aucune station-service entre Rennes et Châteaulin, encore un détour, par Carhaix. A Châteaulin : une fourchette au sud : Quimper, nous prenons vers le nord, Brest et Crozon (Rn 165). Depuis un moment l’Aulne serpente non loin de la route ; appelée aussi, la rivière de Châteaulin, c’est un petit fleuve de 144 km qui se jette dans la rade de Brest.

Le Faou : maison à encorbellement

Pause sur le port du Faou au pied de l’église Saint Sauveur XVIème siècle, dont le fin clocher ajouré est coiffé d’un dôme. Son architecture est complexe. Autrefois un enclos paroissial avec un cimetière ont été déplacés lors d’une épidémie de choléra. Le village du Faou est tout à fait charmant :  maisons de granite et maisons à pans de bois à encorbellement recouvertes d’écailles d’ardoises. Village touristique : la rue principale est animée avec les terrasses des restaurants. Le long de la grève, un panneau explique l’action menée pour contrer l’invasion par la spartine, plante invasive importée d’Amérique par les eaux de ballast des navires au 19ème siècle. Elle fait disparaître la flore de pré-salé et accélère l’envasement de la rade. On dispose des bâches tenues par des dalles pour étouffer la spartine.

Belvédère de l’Aulne

Au-dessus du Faou une route grimpe la colline au Belvédère de Rosnoën d’où le panorama sur un méandre de l’Aulne est spectaculaire. Le Pont de Tenerez – élégant pont moderne haubané – enjambe l’Aulne.

Argol : enclos paroissial

Arrêt-photo à Argol pour admirer l’enclos paroissial.

Enfin la mer !

A Telgruc – sur- mer, pique-nique sur le parapet bordant la belle plage de Trez Bellec. En robe de plage, j’entreprends un « mini-longe-côte », pieds nus, l’eau au-dessus du genou étonnamment tiède jusqu’à la Pointe de Bellec.

Le Fret

Le Fret

16h, comme prévu, arrivée au gite au Fret. C’est un studio en rez de chaussée dans un groupe de maisons neuves un peu biscornues (œuvre d’un architecte) Le studio, petit et discret, s’ouvre sur un jardin merveilleux. La pelouse légèrement en pente se trouve sous de très beaux chênes, elle est plantée de quelques arbres fruitiers et ornées de massifs fleuris. Les roses sont à leur meilleure saison et embaument, des artichauts graphiques les accompagnent. Les acanthes sont aussi fleuries. Devant notre porte, une petite table ronde et des rosiers jaunes et rouges. C’est là que je m’installe pour écrire. Dans le studio, tout le confort moderne, télévision, Wifi mais un clic-clac tient lieu de lit. Le coin cuisine occupe tout un mur percé d’une belle baie ensoleillée l’après-midi. Séparant chambre et cuisine : un lit-cage breton avec un coffre, c’est plus joli que les placard modernes et il y a du rangement. Un buffet sculpté complète le décor breton.

Gîte Le Fret : jardin

L’installation est laborieuse. J’ai plus envie de profiter du jardin ensoleillé que de défaire les valises.

 

 

Jean Painlevé – Les pieds dans l’eau – Jeu de Paume des Tuileries

Exposition temporaire jusqu’au 18.09.2022

Une exposition fascinante dans le bestiaire fantastique du littoral, filmé sous l’eau avec cet équipement baroque ou au laboratoire en microphotographie.

puce

J’ai perdu la conscience du temps qui passe en regardant les films de Painlevé : La Pieuvre, Les Daphnies, Le Vampire, L’Oursin, Crevettes…filmés de loin, de près, de très très près, grossis 150.000 fois. Et j’ai découvert des animaux dont je n’avais jamais entendu parler : Aceras, (mollusque)Hyas et Sténorinques(crustacés), j’ai vu se déployer des Spirographes.

Certains films datent de 1929, d’autres sont beaucoup plus récents comme la Transition de phase des cristaux liquides, en couleur, presque de l’art abstrait (d’ailleurs pourquoi ai-je écrit presque)?

Des tirages Noir&Blanc d’une grande beauté, non dépourvus d’humour comme ces pinces de crustacés qui évoquent un profil (il y en a une autre où la pince de homard ressemble à De Gaulle).

J’ai pensé au temps jadis où la sortie du projecteur Super8 en classe déclenchait l’enthousiasme des élèves pas encore saturés d’Instagram et de documentaires animaliers pompeux. Loin des opéras filmés qui hantent les programmes télévision. Du cinéma slow, sobre, mais tellement bien filmé, du soin, de l’humour, de la précision, de l’observation, de la science quoi!

Acera dansant ou Femme à la fraise Renaissance

 

De l’Aber Wrac’h à Plouguerneau

CARNET DES ABERS

Aber Wrac’h vue au dessus du pont Paluden

Après de très belles journées ensoleillées, la dépression attendue est arrivée à grand fracas : vent et averses, pendant la nuit. Dès 10 heures du matin, elle est déjà passée. Cette météo pessimiste ne nous a pas incitée à préparer la randonnée et le pique-nique mais plutôt à prévoir un déjeuner le déjeuner de crêpes que j’attends depuis le début des vacances. 

J’ai pris mon bâton de marche en prévision des chemins mouillés et glissants et je trouve le GR à deux pas de notre gite de Saint Antoine le long de l’Aber Wrac’h vers l’intérieur. Je me méfie, dimanche dernier, je me suis perdue à Kerviré, une ferme un peu à l’écart de la côte, j’avais fait au moins 3 km de plus pour retrouver le sentier (grâce au GPS de Visorando) . Au lieu de suivre le chemin agricole dans les maïs, je trouve le GR qui s’engouffre dans les taillis, petite trouée que je n’avais pas remarquée, le chemin creux est aussi bien gadouilleux, je me félicite d’avoir mon bâton. j’arrive rapidement au chantier naval où une belle épave est répliquée à neuf. Un jeune homme explique qu’ils ont prélevé les 3 mâts pour les mettre sur le nouveau bateau. C’est un gros chantier : 30 charpentiers y travaillent parfois. 

Encore une petite grimpette et j’arrive sur l’aber près du petit port à côté du Pont de Paluden où se trouve la petite Crêperie du Pont où nous avons réservé une table. Dans une ancienne maison de pierre deux salles sont meublées traditionnellement : tissu à carreau rouge et blanc, vieux et lourds meubles sculptés en bois sombre, une belle cheminée de granite. nous commandons des galettes Mont d’Arrée (chèvre chaud et miel) et Océane (saumon) et deux crêpes paluden (pommes caramel au sel) pour dessert. 

Le soleil brille, je reprends le GR à la Plage de Saint Cava où nous avions piqueniqué dimanche. Entre le Pont Paluden et Saint Cava, le GR suit la route, puis s’éloigne de l’Aber en prenant de la hauteur sur un bon chemin agricole à 50 m au dessus du niveau de l’eau. Chemin facile, tout droit dans les champs de maïs qui descend au niveau du lieu-dit Perros en suivant une petite route. Après, c’est un peu compliqué parce que la côte est construite et qu’on ne peut pas suivre le littoral, il faut contourner les maisons (ce n’est pas très bien balisé non plus). 

Après la plage de Saint Cava, le sentier colle bien à la côte, impossible de se tromper, une plage est bordée de restaurants, la pointe en face des phares de l’île Vierge – vue spectaculaire . A un tronçon plus sauvage vers Reun, succède une pointe un peu plus construite avec de jolies maisons bretonnes fleuries.  Enfin, je retrouve Dominique à Porz Gwen près de viviers. Mais c e sont aux viviers de Paluden que nous achèterons les dernières moules des vacances!

A l’Est de Plouguerneau jusqu’à Menez Ham

CARNET DES ABERS

Aber Wrac’h phares de l’île Vierge

Départ de Korejou et à la petite île de Penn Enez accessible en voiture jusqu’à la Maison de la mer qui abrite le SNSM, un club nautique et un club de plongée. Le reste de la petite île est encore sauvage et herbue. La petite maison du garde date de Vauban qui a fortifié la côte et le Fort Cézon sur une petite île de l’Aber Wrac’h. Le GR fait le tour de l’île.

Marin de pierrer de François Breton

Vers le large un marin de pierre regarde vers le large. Je reconnais le style de François Breton vu à l’Abbaye des Anges  et la grande Vierge à l’Enfant de Lilia. Un peu plus loin on voit une femme de pierre qui se tient sur un rocher.

Un ensemble de sculpture forme un Calvaire accompagné par un poème de Xavier Grall. L’œuvre est inachevée, un peu disparate. Les bas-reliefs racontent la vie des marins et des pêcheurs, on y voit aussi des bateaux. 

Le GR34 se confond avec la route jusqu’à Moguéran puis il suit une petite pointe rocheuse jusqu’à la plage de Zorn. je marche dans un chemin creux, les buissons forment des arceaux. S’il pleuvait je pourrais marcher au sec sous cette voûte. Mais aujourd’hui, le ciel est sans un nuage. je m’amuse à faire des photos à travers les frondes des fougères. 

A travers les fougères

Après la Plage de Zorn, le GR grimpe dans la colline; fougères et prunelliers forment un chevelu végétal impénétrable. je découvre d’en haut la Plage du Vougo, inaccessible. Après cette belle grimpette et le détour puis la descente parmi des maisons qui n’étaient pas détectables sur la carte je parviens enfin à la longue plage de sable fin, de temps en temps barrée par des amas rocheux qu’il me faut escalader. Le GR est tracé dans la dune appelée la Sècherie. 

Salle à manger de luxe

Dominique m’attend à la Pointe près d’un centre nautique. Elle a sorti les chaises de camping dans une luxueuse « salle à manger » : des blocs de granite qui nous abritent du vent et elle est tapissé d’un vert et doux gazon. Le poissonnier de l’Intermarché de Plouguerneau a cassé les pattes de tourteau. Soudain, le vent forci et les morceaux de chair de crabe péniblement extirpés des pinces risquent de s’envoler. le soleil s’est caché, de gros nuages gris obscurcissent le ciel. le froid tombe. Repli dans la voiture.

Nous avions prévu d’emprunter la digue qui relier Le Curnic à Nodeven et qui enferme une lagune, site ornithologique réputé. Avec le vent fort, l’observation des oiseaux est inconfortable et il n’y a que quelques canards impassibles. 

Guisseny est un village très tranquille à l’heure de midi. 

Nous contournons un petit aber : Port de Tresseny en voiture . Le soleil est revenu. Je reprends la promenade juste avant Neiz Vran contourne un petit cap puis parcours pieds nus la longue plage de Kerlouarne sur le sable fin et doux. 

Menez Ham, au bord de la carte IGN 0416 est un lieu touristique avec un grand parking, des attractions et des restaurants. Mais il est tard et les nuages sont très menaçants. Nous rentrons donc (25000 pas au podomètre)

 

 

 

L’aber Benoit et la Presqu’île Sainte Marguerite

CARNET DES ABERS

Aber Benoit

La promenade le long de l’Aber Benoit est une des plus belles de la  région. Mais attention! Elle est plus longue qu’il n’y paraît. Félicitations à l’Office de Tourisme ou à la Mairie : le parcours est très bien entretenu. le début après le pont à Tréglonou est bien signalé. Les marches solides sont équipées de grillage antidérapant. Parfois on a installé une rambarde ou une corde. J’avais pris mon bâton de marche par peur des glissades. Aucun souci de ce côté là. Le bâton facilite les petites montées raides. C’est donc une randonnée facile en sous-bois de hêtres, châtaigniers, près de l’eau à marée haute. Le miroir de l’eau est calme. on voit de nombreux  oiseaux. Le sentier colle aux renfoncements imprévus et aux petites pointes, l’évaluation de la distance en comptant un index pour 250 m sera complètement fausse.

des surprises : un manoir caché, une petite guérite de pierre, une plage…je marche parfois entre de très hautes fougères. Un ruisseau  je jette dans l’aber, formant une profonde échancrure que je confonds avec celle du Garo de la vallée des Moulins. L’heure tourne, je ne pourrai pas faire le détour par les moulins qui me tentait.

moulin

Cette dernière partie de la balade s’éternise. Je monte des marche, le GR s’éloigne de l’eau, monte sur des petites routes, contourne des propriétés . les six kilomètres deviennent onze.

J’arrive enfin à Saint Pabu au quai de Stellac’h. Je passe devant un chantier naval avec d’assez gros bateaux et de grands catamarans. plus loin, se trouve le petit port avec le club nautique où Dominique m’attend pour un pique-nique délicieux avec les rillettes de thon de la Cancalaise, du pâté au poivre vert et kouing aman. 

Après midi : tour de la presqu’île Sainte Marguerite entre l’Aber Benoit et l’Aber Wrac’h. Dominique me lâche dans l‘anse de Brouesnou . Je découvre de très belles plages de sable découvertes par la marée basse, me déchausse et préfère marcher pieds nus que suivre le sentier. Approchant de la pointe , je devine le phare de l’île Vierge qui annonce l’Aber Wrac’h. La pointe est rocheuse, il y a de beaux thuyas. Le Fort Cezon (construit par Vauban)coiffe une petite île accessible par marée basse.

Fin de la soirée au Sémaphore un trois mât passe sur l’eau bleu marine.

Au Café du Port de l’Aber Wrac’h : La Bricole – chants maritimes

CARNET DES ABERS

la bricole

Nous avons terminé en musique ce beau dimanche, au Café du Port de l’Aber Wrac’h. Sur une petite scène installée au fond du jardin, trois musiciens : un rouquin à bouille rigolote, accordéon et clarinette, un guitariste guitare et bouzouki, et le chanteur en maître de cérémonie: petit chignon sur le haut du crâne, petit gilet serré et boucles d’oreilles. 

Ils chantent de vieilles chansons maritimes du Boulonnais. Trouvées dans les carnets de chanson, écrites par des gens du peuples, marins, conscrits mais aussi des femmes, parfois en patois boulonnais. 

Chansons inconnues de moi, surprenantes. Chansons d’un autre siècles, certaines ont plus de  ans. Accompagnement inattendu: clarinette jazzy, bouzouki chamarré, pas du tout grec par ailleurs. mandoline miniature. Ces instrument sont de beuax objets .

Si les marins sont boulonnais ou originaires des villages entre Boulogne et Calais, les airs naviguent entre Antilles et Algérie.

Une fin de journée très plaisante!

Aber Wrac’h – l’Abbaye des Anges

CARNET DES ABERS

Abbaye des anges : chapelle

En saison, les visites guidées se succèdent toutes les heures. Le dernier dimanche de septembre est la dernière occasion de visiter l’Abbaye. Je ne suis pas seule à la visite de 16 heures.

1507-1509 : des Franciscains s’installent après 60 ans sur l’île Vierge où les conditions de vie étaient très difficiles. Les derniers frères quittèrent l’Abbaye en 1791. Un particulier y tint une auberge et un hôtel jusqu’en 1936. 

En 2002 commença la restauration. Plus qu’une visite historique, c’est celle d’un chantier de restauration encore en cours, passionnante!

Abbaye des anges : porte

On entre sous une arche au motif des choux frisés. le conférencier nous explique que l’église fut endommagée après que des aviateurs américains en 1917 en  avaient démonté les poutres  pour la construction d’une base aérienne à proximité. Les Compagnons du Devoir ont reconstruit la chapelle. La couverture est en ardoises de Sizun : la taille des ardoises est décroissante à  mesure qu’on monte, ce qui facilite le travail des couvreurs et qui donne un aspect plus élégant.

Abbaye des anges : sablière sculptée motif marin

A l’intérieur la voûte est en carène de bateau renversée. Le sculpteur  Bernard Duvillers,  avec l’aide des jeunes du Père Jaouen qu’il a formé a sculpté des poutres de la chapelle : les sablières – poutres horizontales sont décorées de motifs marins du côté de la Mer et des animaux et végétaux terrestres du côté Terre. Les engoulants aux extrémités des poutres représentent des animaux fantastiques. 

sablière motif terrestre

Dans les murs on remarque des trous circulaires, ce sont les cols de poteries: 122 pots acoustiques en céramique améliorent l’acoustique de la chapelle – 60 sont d’origine. En projet, des concerts auront lieu ici dès 2023.

Les vitraux sont aussi remarquables, œuvre du verrier d’art de Nantes Eric Boucher . Le verre thermoformé est constitué de trois couches ce qui leur confère du relief.

Abbaye des Anges : mur de séparation du chœur et pots acoustiques

Un mur de séparation (1792) isole le chœur de la nef, pour séparer les Récollets des laïcs.

La Bibliothèque des moines contenait 1200 livres à la Révolution. Il reste une galerie ouverte marquant la limite entre le cloître  occupé par le jardin des simples  – Haute-Cour consacrée à la vie religieuse et la Basse-Cour où se trouvait le puits, les logements des frères converts, le pigeonnier, la buanderie et l’écurie où se déroulait la vie quotidienne.

Abbaye ds anges : fontaine

Deux petites sculptures ont été réalisées par Joseph Pinchon.  A côté d’une petite source à l’extérieur des murs il y a également une statue :La Vierge et l’Enfant  du sculpteur local François Breton dont nous allons voir d’autres sculptures dans la région. 

Joseph Pinchon, (1871 – 1953) l’inventeur de Bécassine, illustrateur, a  aménagé toute une aile pour en faire une résidence qu’on peut visiter et admirer les décors originaux.