Causse Comtal : Trou de Bozouls et Rodelle – Vallée du Lot : Estaing, Espalion Saint Côme d’Olt

CARNET OCCITAN

Bozouls : trou de Bozouls et village

La route N88 coupe le Causse Comtal en une saignée qui coupe le calcaire qui affleure. Les pelouses sèches à genévriers sont caractéristiques de ces sols mais elles ne sont pas aussi étendues que sur les Grands Causses. On traverse également des pâtures bien vertes, des champs cultivés labourés en ce moment de terre rouge comme sur la route de Conques. Les changements rapides dans le paysage sont fréquents en Aveyron. La complexité de la carte géologique explique ces variations.

L’église Sainte- Fauste sur la falaise

Pour arriver au Trou de Bozouls, Mme GPS nous organise un tour bien plaisant dans la campagne en passant par les Brunes, puis la D581. Nous arrivons directement au Belvédère pour découvrir le canyon découpé par la petite rivière Dourdou formant un cercle presque parfait profond d’une centaine de mètres, découpant le village en deux parties. En face nous voyons le vieux village avec ses tourelles et ses maisons alignées sur la falaise. Par une rue sur le rebord, j’arrive à l’église Sainte-Juste, comme suspendue au-dessus du vide. Pour y entrer un dispositif électrique fonctionne très bien, la porte claque derrière moi. La nef est très haute, très claire, arcs et chapiteaux romans. Une seule nef, longue et étroite. Pour sortir la porte ne veut pas s’ouvrir, une flèche rouge indique le bouton, quel bouton ? Vais-je rester prisonnière dans l’église ? Je tripote partout, un battant s’ouvre (je pensais que ce serait l’autre). Une aire récréative a été aménagée de là, un sentier avec des marches bien hautes et bien glissantes descend dans le canyon où coule le Dourdou. Des petits panneaux expliquent la flore endémique. En bas, un groupe de randonneurs, bonnes chaussures, bâtons de marche, se dirige vers le canyon. Ils vont sûrement voir els grottes et les sources. Combien de temps ? 5  km , selon le panneau, mais est-ce aller et retour seulement aller ? Je préfère emprunter le petit pont qui conduit au village, puis une rampe remonte au belvédère. 2.5 km, 35 minutes. Une dame qui promène son chien m’explique : il y a 3 circuits, je n’ai fait que le petit.

Rodelle et son roc

Rodelle est un minuscule village perché sur un piton rocheux à la manière de sa grande sœur Rodez. Rodelle serait une « petite Rodez » avec ses maisons de pierre regroupées autour d’un bloc rocheux et son église romane. Autrefois, il y avait un château fort, il n’en reste pas grand-chose.

Estaing

Estaing : pont sur le Lot

Par la D20 et la D 22 nous parcourons les deux côtés d’un carré et montons sur la colline pour découvrir la Vallée du Lot. En descendant, les vignes sont de plus en plus présentes. La D22 tortille en descendant jusqu’à Estaing dont nous découvrons le château qui domine le paysage avec son donjon carré, ses nombreuses tourelles qui bourgeonnent et donnent une allure de fantaisie à ce qui aurait pu être une forteresse austère. Promenade dans les rues, ruelles, escaliers…Hautes maisons de schiste en lamelles fines et parfois un moellon marron de grès. Tourelles, toits recourbés, parfois concaves, parfois convexes mais toujours dans le chatoiement de l’argent des lauzes arrondies. En plus du Lot qui passe sous les quais, je découvre un ruisseau : la Coussanne enjambée par de petits ponts. On pourrait la franchir à gué surtout aujourd’hui avec la sécheresse.

Estaing pont sur la coussanne

Déjeuner sur une terrasse au bord du Lot « chez Lilou » au choix : panini ou galette avec une salade composée. Lilou est bavarde, souriante, efficace. Sous le pont de pierre, le Lot forme un miroir dans lequel se reflètent les arbres de la forêt. Sur le pont la silhouette d’une statue que je crois féminine. Non ! c’est un évêque en soutane, de la famille d’Estaing : François d’Estaing évêque de Rodez (1460- 1529).

Estaing donjon

Estaing est une étape sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, étape avant Conques pour les bons marcheurs (32 km) (GR 65). Partout, nous rencontrons les pèlerins avec ou sans coquille. Chez Lilou, il n’est question que de marche, d’étape, restaurants et chambres d’hôtes.

L’église Saint Fleuret est perchée sur un monumental escalier aux marches arrondies ? A l’entrée, une très fine croix de calcaire clair est sculptée d’une mise au tombeau et d’un pèlerin de Compostelle.

Juste en face, une rampe conduit au Château d’Estaing (ouvert). Il a été racheté par la fondation Giscard d’Estaing qui l’a restauré. La famille Estaing, une des plus puissante du Rouergue du XIIIème au XVIII ème siècles a donné des cardinaux, des militaires. Le dernier amiral a été guillotiné à la Révolution, le château, vendu. La famille s’est éteinte en 1794. En 1922, le père de Valéry Giscard d’Estaing a « repris » le nom d’Estaing.

L’essentiel de la visite consiste en une évocation de l’ancien président avec e nombreux panneaux à lire, des vidéos à visionner. Leçon d’Histoire récente. Il faut être motivé pour tout lire et tout écouter. L’accent est mis sur la première crise pétrolière (1973) à la veille de l’élection de VGE à la présidence et le choix du Nucléaire (larges interviews du président d’EdF. Je zappe. Zappée aussi la collection des robes d’Anne-Aymone, Chanel, Courrège, Dior…griffes prestigieuses mais garde-robe ennuyeuse.

château Calmont-Olt

L’arrêt suivant aurait dû être Espalion à quelques kilomètres en amont sur le Lot. C’est une petite ville, pas un village. Il y a beaucoup de circulation. L’église renommée sur le Plateau de Perse est accessible à pied mais que faire de la voiture ? A la recherche d’une place de parking nous sortons de la ville et aboutissons au Château de Calmont-Olt perché au-dessus de la vallée. Selon le guide Gallimard, les parties anciennes seraient carolingiennes. Il est bien ruiné, et fermé.

Saint Côme d’Olt

Saint côme d’Olt clocher flammé

Après Espalion, le Lot prend le nom d’Olt, c’est un peu surprenant sur la carte. Saint Côme d’Olt est un charmant village construit en cercles concentriques autour de son église. Ces villages ronds sont nommés « circulades » dans le Languedoc.

L’église construite entre 1522 et 1532 a un curieux clocher tors ou flamme à 8 pans culminant à 45 m avec 7 cloches. Sur les portes de l’église on a planté 365 clous. Les vitraux colorés sont modernes. Sur le parvis, des galets dessinent une coquille saint Jacques, marquant le chemin de pèlerinage.

La prospérité du village est attribuée à la douceur du climat. Il a été construit à la rencontre de deux voies de communication : une draille préhistorique et une voie romaine.

Aux murs des maisons une grande exposition-photos montre des scènes de vie des années 1950-1960, comme la lessive dans le Lot (1951) ou la moisson avec des bœufs. La « cavalcade » ou défilé de chars a été prise en photo en 1920.

La promenade dans les rues n’est pas très longue mais j’ai l’occasion de remarquer des portes et fenêtres très soignées entourées de beau calcaire blanc sculpté. Le château a une tour ronde dont on voit encore les corbeaux tenant le chemin de ronde. La Porte Neuve est ogivale, dans un haut bâtiment de 4 étages.

Encore un village qui mérite le détour !

 

 

 

 

les lacs du Lévezou

CARNET OCCITAN

Plage de Vernhes lac de Pareloup

Flavin-Pont de Salars, 15 km dans le brouillard, pour le paysage, vous repasserez ! De temps en temps, le disque solaire se devine derrière la brume et la lumière est dorée. Promesse d’une belle journée.
L’Office de Tourisme de Pont de Salars ouvre le mercredi à 9 heures. La dame est très efficace : elle me conseille la promenade de La Vierge des Lacs (décrite aussi sur Visorando : 5.8 km, 2 h facile). Garer la voiture au parking de Vernhes au bord du lac de Pareloup (indiquer Salles-Curan au GPS)/ A notre arrivée au Lac de  Pareloup, la brume s’est dissipée ;le ciel est bleu pur, la lumière d’une grande netteté. Très beau parcours le long du lac situé tout près de la route. On traverse le lac sur une passerelle : la Passerelle des Vernhes.

levezeou : Lac de Pareloup vu daux pieds de la Vierge

A la plage de Vernhes, je ne résiste pas à la tentation de marcher le long de l’eau sur le sable. La sécheresse fait reculer anormalement l’eau et a dégagé une plage de sable grossier rose avec de gros morceaux de quartz à arête coupante brillant au soleil. De petits coquillages ronds ressemblent à de petites coques ou plutôt à l’ornementation de palourde. S’agit-il de la corbicule, filtrant l’eau, espèce invasive venue d’Asie qui infeste les lacs savoyards. Le parking de la Vierge des Lacs est un peu plus loin, le sentier part de l’autre côté de la route. Le début grimpe dur (810 m à 880 l) – heureusement j’ai pensé au bâton – jolie montée à travers bois puis on sort dans les prés. La vierge, en granite est assez originale. Elle précédée de deux grands cairns. Avec la belle lumière, le lac se détache très net, ses berges serpentent. A l’étiage avec la sécheresse on croirait voir des bancs de sable parallèles aux bords. Vers le sud, les éoliennes sont immobiles faute de vent.

Mon projet de faire le tour du lac de Villefranche-Panat a été validé par la dame de l’Office de Tourisme. 11.5 km, impossible de le faire avant le pique-nique. Nous musardons entre les deux lacs. La promenade en voiture nous mène d’abord à Salles-Curan où j’aurais aimé visiter le Musée Eugène Viala (mais pas d’horaires d’ouverture ni de numéro de téléphone). Le personnage de Viala est tout à fait singulier, graveur renommé, photographe, peintre ami de Fenaille, de caractère difficile…

Tour Peyrebrune

D577 vers Alrance, on voit de nombreux animaux, vaches ou bœufs, chevaux dans de belles prairies vertes. Les champs labourés sont engraissés au fumier, une odeur tenace flotte. Une tour très haute attire le regard. On croit à un mirador anti-incendie. A l’entrée d’Alrance : une flèche touristique signale la tour : Tour de Peyrebrune. Elle a fière allure, 5 étages, des créneaux, et une statue de la Verge qui la surmonte. Je recopie le panneau explicatif :

On trouve trace de la Tour dès l’époque carolingienne. Au XIIIème siècle le fief du seigneur de Panat s’étendait sur presque tout le Rouergue. Pendant la Guerre de 100 ans la région a été cédée aux Anglais, les troupes du prince Noir ont ravagé le pays, origines d’une légende sur un trésor caché « Le veau d’or de Peyrebrune ». je comprend sa présence à Belcastel. Finalement Richelieu a fait démanteler le château en 1630 pendant les Guerres de Religion. En 1898 les abbés Lamouroux le reconstruiront en le transformant en chapelle. C’est un lieu de pèlerinage, avec des espaces pour se retrouver, pique-niquer, sorte d’aire de loisir en pleine campagne. Lieu pittoresque aussi avec des rochers énormes qui rappellent le Sidobre et une très belle vue sur le Lévezou et le Lac de Panat et sur les crêtes dans le lointain.

Avant d’entreprendre le tour du Lac de Villefranche-Panat, nous pique-niquons au parking de Grenouillac où il y a une plage aménagée, un petit port pour les canoës et les petits bateaux à moteur. Et à l’arrière, un restaurant.

Le Tour du lac est une bande cimentée ou goudronnée d’environ 60 cm de large. Le parcours est varié. Il passe même sur des passerelles de bois. Lorsque le lac est rempli on marche au-dessus de l’eau ce qui doit être rafraîchissant. Avec la sécheresse actuelle, l’eau manque. On traverse même un bras du lac sur une passerelle métallique. Parfois on marche à couvert sous de beaux hêtres ; les faînes craquent sous nos pas. Aux alentours de la Centrale EDF, le circuit entre dans la campagne. La route n’est jamais loin mais très discrète, on ne s’en rend pas compte.

Décidément une très belle promenade bouclée en 2h30.

Des panneaux expliquent pourquoi e Lévezou possède 5 lacs : ce sont des lacs de barrage implantés dans les années 50. Retenue de Pont-de Salars sur le Viaur, de Pareloup sur le Vioulou, de Villefranche de Panat sur l’Alrance. Leur fonction principale est de fournir de l’énergie électrique mais également de l’eau potable à la ville de Rodez et les Syndicats de l’Eau du Segala. Chaque retenue a un débit réservé pour maintenir la biodiversité, destocker l’eau dans les cours d’eau pour la période sèche. N’oublions pas l’aspect touristique !

Un système de conduits capte l’eau pour la conduire à la Centrale. C’est un peu compliqué.

Le retour au gîte de Villefranche-de-Panat à Flavin s’est fait par de petites routes très agréables traversant des forêts de hêtres et de résineux traversant Salmech et le Viaur au Pont de Grandfuel.

Vendredi 6 octobre : retour à Lévezou et Restaurant

autour du champignon

En prévision du voyage du retour, nous avons préféré ne pas faire de route. Comme il fait encore un temps merveilleux , inespéré pour octobre, nous sommes retournées au lac de Villeneuve-Panat pour refaire le tour du lac tôt le matin. Et pour fêter la fin des vacances nous avons choisi un beau restaurant au bord du lac de Pareloup : Les Reflets du Lac. 

Carte très alléchante : Dominique prend des ris de veau et moi, une entrée un peu énigmatique « autour du champignon » très jolies assiettes décorées de radis bicolores, de champignons, de petits cubes de coing et de racines (carottes, panais…) C’est très joli et surtout très bon. Et pour dessert je choisirai encore un assortiment « autour de la figue ». Face au lac . une belle conclusion pour de belles vacances.

 

 

 

 

 

Villefranche-de-Rouergue – Belcastel

CARNET OCCITAN

Villefranche-de-Rouergue place Notre Dame

Depuis le gîte de Flavin, 55 km dont 35 dans le brouillard. L’altimètre indique plus de 700 m, c’est précisément l’altitude où stagne le nuage. Rien à voir comme paysage ! Quand on descend sous 600 m, le ciel est gris. Jolie arrivée sur Villefranche-de-Rouergue (250 m) et la vallée de l’Aveyron. je remarque le retour des toits de tuile rouge.

Jolie promenade sur les quais de la rivière jusqu’au Pont des Consuls (1321) pont piétonnier formant un dos d’âne qui servait de péage à l’entrée de la bastide. Dans son prolongement la rue de la République monte à la Place Notre Dame. La rue est large de 6 m mais il y a des ruelles plus étroites avec des maisons à encorbellement. Galeries d’art, belles boutiques. Prenant pour cap le clocher, j’arrive sous les arcades qui bordent la grande place carrée. Elles sont si larges et si hautes que même une camionnette parvient à y circuler.

Sur la place, un énorme crucifix métallique. La collégiale est aussi énorme avec son gros clocher-porche aux contreforts aux quatre pointes ornées de pinacles.

La bastide fut fondée en 1252 par Alphonse de Poitiers, ex nihilo, jugeant les environs trop favorables à Raymond de Toulouse. La collégiale fut commencée en 1260 et consacrée en 1519. Exemple de gothique languedocien (une seule nef, pas de transept) . Elle fut ensuite pillée par les Huguenots.

Villefranche de Rouergue place de la fontaine

Après une promenade dans les ruelles, cherchant la Chapelle des Pénitents noirs que je n’ai jamais trouvée, je me retrouve sur la Place de la Fontaine assez étrange avec le Griffoul en ceux, bassin à dix côtés avec des personnages grotesques bien usés.

Le beau temps est revenu : dans la région trois étapes possibles, le château de Bournazel, celui de Belcastel et le site de Peyrusse-le-Roc spectaculaire site médiéval perché sur un rocher. Le GPS nous joue un drôle de tour : nous avons programmé Peyrusse et voilà qu’il nous conduit vers l’Est au lieu du nord, nous quittons la D1 bien roulante non loin de l’église d’Anglars Saint Félix et de là dans les gorges de l’Aveyron par de petites routes charmantes. Ravies d’avoir abandonné le grand axe routier, nous profitons des tournants pittoresques, des montagnes russes dans une campagne boisée pour arriver….dans la cour d’une ferme nommée Peyrusse. Rien à voir avec le site archéologique que nous cherchons, la synagogue, le rocher ! Il aurait fallu programme Peyrusse-le-roc et mieux suivre sur la carte !

Belcastel château et village blotti

Belcastel est tout proche, mais du mauvais côté de l’Aveyron. Descendant du plateau, la forteresse et le village blotti à ses pieds ont belle allure. Le pont est piétonnier. Il faudra faire un grand détour dans les bois au-dessus de gorges pour trouver le Pont neuf.

Le château, remonte à l’an 900, issu d’une motte castrale, appartenait à la famille Belcastel nommée par Charlemagne. Au XIIIème siècle il passe à la famille Saunhac et sa glorieuse histoire prend fin au XVIème siècle. Fernand Pouillon l’achète en 1973, le restaure et le rend habitable. Il y décède en 1986. Il est inhumé au cimetière du village. C’est donc un château privé et habité qu’on peut visiter librement avec un dépliant très détaillé. Il a été racheté par une galeriste, Heidi Leigh, qi en a fait aussi un lieu d’expositions contemporaines. L’exposition « Créatura » et son bestiaire de créatures animées : Basilic Griffon, Stryge…entre légendes médiévales et Fantasy infantile ne m’ont pas séduite. Le parcours dans le château, en revanche est très agréable. Une trentaine de points d’intérêt racontent au visiteur la vie au château au temps des seigneurs Saunhac. Evocation aussi de Fernand Pouillon – personnalité intéressante, architecte de Meudon La Forêt, et du Point du Jour, d’Alger à Téhéran …écrivain auteur de Pierres Sauvages qui raconte l’édification du monastère du Thoronet. Il y a même deux chevaliers en armure et à cheval, l’un d’eux est le Prince Noir. Je n’ai rien compris sur le moment mais j’aurai l’explication à Peyrebrune demain !

Je descends à la rivière à travers les rues du village, rampes pavées de galets entre les maisons anciennes en schiste aux toits de lauzes. Ce « plus beau village de France » mérite sa récompense.

Dîner de gastronomie locale : tripoux de Naucelle : estomac de mouton farci de jambon, ail et persil. Les tripoux se présentent en petits rouleaux (5 ou6 cm) ficelés dans une sauce orange avec des carottes qu’il est recommandé de réchauffer au bain-marie. Excellents.

 

 

 

 

 

 

 

Conques, la vallée du Dourdou et Salles-la-Source

CARNET OCCITAN

Arrivée sur Conques

Le soleil du matin est éblouissant, presque une lumière de montagne. Le GPS propose un itinéraire tournicotant par de charmantes routes de campagne pour éviter la route principale de La Primaube à Rodez, embouteillée, mais étrangement nous fait traverser Rodez où nous nous perdons, bien sûr ! La suite sur la D901 – Route Soulages – qui est la route de Conques traversant des villages : Salles-la-Source, Marcillac-Vallon, Saint Cyprien-Dourdou. Les paysages sont variés, la route boisée traverse des vignes autour de Marcillac – ceps très hauts conduits sur des rangées arrondies, champs rouges comme le grès rouge permien des rochent qui affleurent. A partir de Nauviale, la route suit le cours de la petite rivière, le Dourdou. Un groupe de maisons et un petit pont, un ancien moulin sans doute, nous font faire un détour.

A l’approche de Conques, la vallée se resserre dans les Gorges du Dourdou : les versants abrupts des collines sont boisés. Juste avant l’entrée de conques, il ne faut pas rater la petite route qui monte au Belvédère de Bancarel : une piste carrossable conduit à une croix. Mais pour découvrir Conques il faut grimper sur un escarpement rocheux ce qui confère à la découverte un léger parfum d’aventure.

Conques est interdite aux voitures, il convient d’abandonner son véhicule près de la rivière (parking gratuit) et rejoindre le village à pied, ou de la garer au parking payant situé juste sous le village.

Conques est une étape du Chemin de Compostelle, les pèlerins (ou randonneurs) lourdement chargés et chaussés, avec ou sans bâton, sont nombreux sur le parvis de l’abbatiale. Je descends dans la « coquille » (la conque) découvrant les tours pointues, les épais toits de lauze des habitations. Je passe sous la Porte de la Vinzelle pour entrer dans le village, puis devant une grosse demeure « le château d’Humières ». Par la rue du Château, je parviens à la place de l’église bordée de maisons à pans de bois (restaurants qui déploieront tables et parasols vers midi). Dans les boutiques on peut acheter cartes postales, coquilles et bâtons de pèlerin, topo-guides et cartes IGN, livres pieux….

Conques : le Jugement dernier

L’Abbatiale Sainte Foy est impressionnante. Sa façade est encadrée par deux tours carrées. Je m’arrête un long moment pour admirer le tympan où est sculpté le Jugement dernier. Les élus à la droite du Christ sont sagement assis, ils ont l’air de s’embêter sérieusement. L’autre côté, celui des pécheurs et de l’enfer est plus amusant. Le diable cherche à tricher en appuyant sur la balance. Les personnages sont grotesques. J’essaie de deviner les punitions visant chaque type de péché, cela se lit comme un jeu (je ne trouve pas toujours). En revanche, dans la nef, c’est la sobriété qui me frappe. Solennité de cette nef haute et clairs où les seuls ornements sont les chapiteaux haut placés. Une visite guidée des tribuns est prévue l’après midi mais en attendant la porte est close, inaccessible. Je pense aux Pierres sauvages de Fernand Pouillon que j’ai lu récemment. Simplicité des abbayes cisterciennes ! Les vitraux de Pierre Soulages sont parfaitement à leur place.

Sobriété de la nef et des vitraux de soulages

Des panneaux discrets rappellent les heures des offices où l’église est rendue au culte. A 11h45 , un piquet à l’entrée signifiera que la messe est en cours. Passant la tête j’aperçois un moine en habit blanc cassé qui allume un cierge.

Le Trésor

Sous l’abbatiale, le cloître. Les arcades n’occupent qu’un côté du carré planté d’herbe avec un gros bassin. Passant sous la galerie, on accède au Trésor (payant mais le billet de Rodez donne droit à une réduction). C’est vraiment un trésor ! Or et pierres précieuses dans des reliquaires très anciens.  L’un d’eux est mérovingien. Le reliquaire attribué à Charlemagne est manquant, prêté au Musée de Cluny. Triangulaire, hexagonal, pentagonal, châsse ou statue dorée, tous sont revêtus ses ornements els plus précieux : gemmes, émaux cloisonnés, intailles…. Tellement précieux que c’en est trop. Cachés au temps de la Révolution, Prosper Mérimée les a redécouverts. Le plus impressionnant est la statue de Sainte Foy, toute recouverte d’or, assise en majesté, encore portée en procession de la Fête de la Sainte-Foy. Foy, du temps de Dioclétien, était agenaise. Ses reliques furent volées « par translation furtive » en 866 par les moines de Conques.

Dans ma promenade j’ai raté les séchoirs à châtaignes le long d’un sentier de randonnée. Cela me rappelle que je ne les avais pas trouvés non plus en Corse à Serra-di-Scopemena. Cesont des constructions discrètes !

Pour déjeuner nous descendons le cours du Dourdou jusqu’à un petit pont où nous suivons une flèche indiquant « chapelle préromane », nous montons dans une forêt touffue. Bel endroit pour une pause « apéro ». Au sommet de l’épaulement on devine une autre vallée Lot ou Aveyron ?

Pont et moulin sur le Dourdou

Après-midi : châteaux

A Nauviale : couronnant une butte Le Château de Beaucaire fortifié à partir du XIIème siècle, délaissé au XVIIIème . L’enceinte XIVème possédait 6 tours de gros moellons de grès rouge. Elles ont subi l’érosion du temps et le château ne se devine de la route que grâce au drapeau qui flotte sur la tour. C’est une jolie promenade commentée par des panneaux. J’aime bien ces découvertes mineures et inattendues.

Nauviale : château de Beaucaire

Le Château de Pruines est bien indiqué de la route principale (7 km quand même) suivant les pancartes, nous parvenons au petit village de Pruines. Mais où est donc le château ? Je demande aux habitants qui me montrent une grosse tour carrée accolée à un gros bâtiment « Aucun intérêt cela ne se visite pas » ajoute l’homme interrogé. Il est habité, en très bon état mais je n’en saurai pas plus.

Le château de Servayrie se voit de la route qui nous ramène à Salles-la-source au lieu-dit Mouret.

Salle la source : cascade

Nous montons sur le Causse Comtal avant de descendre à Salles-la-source où nous découvrons une belle cascade. De nombreux panneaux commentent cette curiosité : c’est une résurgence de rivières souterraines sous le Causse exploré par Armand et Martel.  Moulins, tissage, toute une industrie s’est développée autour de l’énergie hydraulique. Mais cette eau précieuse est très convoitée et détournée par une usine électrique dans un barrage souterrain, des actions en justices ont été tentées par les riverains s’estimant lésés.  Derrière la fontaine, un escalier monte sur la falaise conduisant à un belvédère et au Griffoul.

 

 

 

 

 

Rodez – Musée Fenaille

CARNET OCCITAN

Le Musée Fenaille est le musée archéologique de Rodez

la Dame de Saint Sernin

Il se trouve sur la place Eugène Raynaldy, la place de l’Hôtel de Ville, sur l’emplacement de l’ancien Forum Romain. L’entrée est moderne : les portes de verre cachent un hôtel particulier Renaissance que je ne découvrirai que bien plus tard.

Une visite guidée commence au 3ème étage juste à mon arrivée. Au début, je suis seule : le guide me fait les honneurs d’une visite privée, mais cela ne durera pas.  Les visiteurs nous rejoignent et le conférencier reprend son commentaire en l’enrichissant de digressions et citations. Très brillant, il cite Valery (Mythes et Légendes), Chateaubriand. S’arrête, feint d’oublier, se reprend, digresse, nous fait sourire. Erudit ou cabotin ? On en redemande.

La Dame de Saint Sernin-sur-Rance est la première vedette. Découverte en 1888 par un jeune prêtre, l’abbé Hermet. Les enfants du village auraient tout de suite reconnu « une religieuse » avec les plis de son voile qui cache la bouche, son chapelet autour du cou et ses « poumons ». Achetée par le Louvre, la statue menhir n’a pas quitté l’Aveyron par la volonté de son découvreur.

La musée Fenaille possède  une collection de ces statues-menhirs.

A Rodez Pierre Soulages n’est jamais loin, le guide évoque sa présence à l’ouverture du musée en 1937 et nous montre les statues préférées du peintre : la Statue-menhir de La Verrière, plus simple, moins anthropomorphique, dont on ne distingue que des sillons et le poignard, et une autre plus abstraite, plus stylisée…Soulages a aussi participé à des fouilles archéologiques

Les statues-menhirs sont répandue dans toute l’Europe, du Portugal jusqu’en Ukraine en passant par l’Espagne, la Bretagne, la Corse et la Sardaigne. Ces pierres dressées n’étaient pas des pierres tombales, ni des bornes plutôt des pierres magiques à qui les hommes savaient s’adresser.

Une installation contemporaine d’un couple franco-ukrainien : Nikita Kravtsov et la brodeuse, Camille Sagnes intègre 3 statues-menhirs. A l’arrière, une grande tapisserie composite réinterprète La Chasse de nuit de Paolo Uccello, incluant des canevas anciens, des larmes en plastique fluo. Ils mettent en scène des animaux et des chasseurs, scène plutôt angoissante. Au pied, les plasticiens ont planté des fleurs artificielles comme celles des cimetières, renvoient à l’actualité à  la guerre qui se déroule en Ukraine.

Après les statues-menhirs, le guide propose de continuer la visite du musée.

Rugtène avec torque et poignard

Au second étage : l’Antiquité. Les Rutènes, installés sur l’oppidum,  ont donné leur nom à la ville de Rodez. Le chef Rutène ( 1er siècle reconnaissable à la Torque et le poignard sur la statue de calcaire blanc. Une maquette de la ville romaine a été réalisée.

Descendant on arrive au Moyen Âge : très belle clé de voûte de l’église de Salles-la-Source. Disposée à hauteur des yeux, on peut admirer le soin pour cette pièce caché si haut normalement. Très belle Vierge de l’Annonciation 16ème siècle.

Nous découvrons la cour de la belle demeure Jouery achetée par Maurice Fenaille, riche mécène, ami de Rodin, et de Viala dont les eaux fortes sont exposées dans le musée Denys Puech.

Après cette longue et intéressante visite j’ai juste le temps de prêter un coup d’œil pressé à l’intérieur de la Cathédrale.

 

 

Rodez : Musée Soulages

CARNET OCCITAN

Une visite guidée partira à 10h30. Je dispose donc d’une demi-heure pour découvrir le musée, flâner à ma guise. Les salles sont encore vides de visiteurs ce qui confère une intimité avec les œuvres. Des questions : qu’est-ce donc ? Comment regarder un tableau noir ?

Le conférencier présente d’abord le musée conçu à l’origine pour abriter les patrons des vitraux de Conques. Le cabinet d’architecture catalan RCR a gagné le concours sous le contrôle pointilleux de Soulages qui a failli les recaler parce qu’il manquait 1m2 pour ‘l’  espace d’expositions temporaires. Le matériau rouillé de l’extérieur est de l’acier Corten , acier noir rappelant les tableaux de Soulages, et qui devient rouge en s’oxydant se mariant bien avec le grès rose de Rodez. A l’ouverture en 2013, le bâtiment était noir. A l’intérieur, il est resté noir. L’astuce est que les tableaux même lourds tiennent aux cimaises par des aimants.

La visite débute donc dans la salle des maquettes des vitraux de Conques . Cette commande par Jack Lang a été très bien accueillie par Soulages parce que c’est précisément à conques que le jeune soulages en visite scolaire a ressenti sa vocation de devenir artiste. Les travaux se sont poursuivis de 1987 à 1994. Etrangement, il y a un point commun entre ces vitraux blancs et les tableaux noirs : le rôle de la lumière. Selon l’éclairage, la météo, l’heure du jour, le passage d’un nuage…la couleur des vitraux varie. Les barres de plombs semblent capturer la lumière.

« La Lumière » sera le mot-clé de cette visite.

Dans al salle suivante nous nous arrêtons devant une vitrine contenant divers objets de Soulages dont un paysage qu’il a peint très jeune.

Brou de noix

Pierre Soulages est né à Rodez, rue Combarel le 24 décembre 1919. Il a fait toute sa scolarité à rodez mais il est parti à Paris. Son maître l’a convaincu de se présenter au concours des Beaux-Arts de Paris. Reçu, il renonce à y étudier. En revanche il étudie aux Beaux-Arts de Montpellier où il rencontre Colette qui va devenir sa femme. Ils se marient en 1942, en noir tous les deux et à minuit. Il rencontre la poète Joseph  Delteil et par son intermédiaire Sonia Delaunay. Ses premiers tableaux abstraits sont marqués par cette rencontre.

En 1946 ils installent l’atelier à Courbevoie où il produit des grands formats (1956). Il utilise de grosses quantités de brou de noix. Ses outils ne sont pas les pinceaux et les brosses des artistes mais plutôt ceux des artisans, il fabrique ses propres outils. Il travaille au sol, horizontalement et place l’outil au bout d’un manche à balais.

Les titres des tableaux n’ont aucune signification : il note la technique, les dimensions du tableau, la date. Le spectateur est libre d’interpréter.

Au début, il recouvre le tableau d’un fond blanc, passe du noir puis racle, gratte pour retrouver le fond.

outgrenoir

L’outrenoir – au-delà du noir – date de 1979. Selon la position de l’observateur, l’éclairage, le tableau est différent. Notre guide nous fait faire l’expérience, scindant le groupe en deux l’un côté fenêtre, l’autre du côté du mur et pose des questions. Les réponses sont tout à fait différentes dans les deux groupes. On permute ensuite pour vérifier les observations. Question d’éclairage, question de brillance : l’huile et l’acrylique n’offrent pas le même résultat. L’acrylique sèche plus vite que l’huile et permet des empâtements. Il y a beaucoup plus de matière à l’acrylique.

Après avoir visité les collections permanentes nous découvrons l’exposition temporaire qui est celle des dernières toiles de Soulages. « Les derniers Soulages ». Cet espace d’expositions temporaires a accueilli Picasso, Calder et d’autres artistes. Parmi les tableaux noirs, un complètement blanc (2012) . Un tableau 3.8m fait de trois panneaux qui a été exposé au Louvre…et sa dernière toile datée 2022.

Cette visite a été un réel plaisir, notre guide nous a appris une manière ludique à fréquenter les œuvres de Soulages. D’ailleurs sur l’autocollant donné pour preuve que nous avons payé la visite guidée ce slogan :

La peinture ça ne se regarde pas ça se fréquente !

Je serais volontiers restée plus longtemps à regarder chaque œuvre, maintenant plus accessible, en s’amusant à bouger, à faire varier la lumière, à imaginer la technique du peintre.

Rodez en voiture et à pied!

CARNET OCCITAN

L’arrivée à Rodez en voiture est un peu compliquée : il faut tournicoter pour parvenir sur le rocher. La Cathédrale, visible de partout, nous nargue. Enfin, nous passons devant les cubes rouillés du Musée Soulages dans un vert jardin qui lui fait un écrin. Trop tôt : le musée n’ouvre qu’à 10 heures. Il me reste une petite heure pour découvrir les quartiers au pied de la Cathédrale. Je monte l’avenue Victor Hugo  le long du jardin public du foirail. Le portail Ouest est dans l’ombre (logique le matin), les côtés nord et sud sont plus difficiles à appréhender : il y a peu de recul avec un monument si grand. Le clocher étonnant avec ses étages est ouvragé. De la Place de la Cité, à l’arrière on le saisit dans son entier et au soleil.

Courte Promenade dans la ville

Je me promène au hasard des rues étroites, découvre de très belles demeures anciennes, des arches, des cours. Contrairement aux vieux quartiers d’Albi qui forment un ensemble homogène XIIIème, le bâti de rodez est hétérogène : les maisons médiévales ou Renaissance côtoient des maisons plus récentes crépies de gris au-dessus de boutiques modernes. Des bâtiments contemporains de verre et d’aluminium brossé s’intègrent très bien aux maisons anciennes. Il en ressort une impression de ville vivante, animée, le contraire d’une ville-musée pittoresque pour les touristes. Des places dégagées aèrent des quartiers de ruelles. De l’autre côté de la Cathédrale, le Palais épiscopal se dresse comme un rempart avec ses murs et son palais massif et sévère.

Après cette longue visite au Musée Soulages, nous rentrons déjeuner au gîte. La position de place-forte sur un piton rocheux était un avantage au Moyen âge mai au temps de l’automobile et de l’urbanisation contemporaine, cette ville construite sur les flancs de la colline fait de l’orientation et de la circulation automobile un cauchemar. Les rues tournent descendent et remontent inexplicablement. Le GPS délivre ses injonctions beaucoup trop tard « tournez à gauche ! », c’est une ruelle, « tournez à droite ! », c’est sens-interdit ! On réagit à contre-temps et se retrouve perdues. Finalement, nous rentrons à Flavin par une petite route le long d’un ruisseau passant par la Mouline et le Monastère. Joli itinéraire, pas le plus court, inattendu !

Le gîte du Bel Air à Flavin

CARNET OCCITAN

Le matin se lève sur Rodez

La route monte d’Albi (170 m)  à Carmaux (235 m), et culmine à Rodez à 634 m. Avec l’altitude, nous allons oublier la canicule qui sévissait encore à Albi le 30 septembre. La limite entre le Tarn et l’Aveyron n’est pas marquée sur la route mais, brusquement, je remarque que la couverture des toits a changé : les lauzes ont remplacé les tuiles romaines et les maisons sont plus massives. Vignes, tournesol et maïs ont laissé à la place aux vertes prairies. L’altimètre du GPS marque 700 m, on se croirait en moyenne montagne.

Le gîte du Bel Air est très bien situé à 11 km de Rodez. De la terrasse, la Cathédrale de Rodez se détache sur une jolie campagne avec des prés, des haies, des bosquets. Voisine, une grosse ferme d’élevage bovin. Une haie de lauriers-palmes délimite notre petit (très petit) terrain avec un arbre à soie et un sureau. Quelques m2 de pelouse. Lierre et vigne verge se disputent le mur extérieur. Dans un  coin, un hortensia fané en cette saison. La terrasse et carrelée. Elle porte une table ronde. Un barbecue en ciment complète l’équipement.

A l’intérieur, la pièce à vivre est bien équipée micro-onde, gazinière 2 feux, une table, canapé en face de la télévision. Dans al chambre un lit, un grand placard, peu de décor mais c’est très clair et gtrès gai avec toujours la belle vue.

A moins de 2 km, à La Primaube, nous faisons nos courses au Carrefour Contact. J’achète « local » une barquette d’aligot des tripoux de Naucelle du fromage de brebis de l’Aveyron. Le soir nous goûtons à l’Aligot, bien filant et bien calant.

coucher de soleil du Bel Air

Il fait très frais. Je suis rentrée à 19h15 pour me réchauffer.

 

Une très bonne adresse à retenir!

Monestiès – La Mise au Tombeau

CARNET OCCITAN

Mise au Tombeau

Suivant les conseils du Guide Vert nous grimpons au-dessus d’Albi sur la N88 que nous quittons à Blaye-les-Mines pour rejoindre Monestiés.

 La Mise au Tombeau est le chef d’œuvre de Monestiés. Logé dans la modeste Chapelle Saint Jacques un peu à l’écart du village, sur le Chemin de Compostelle. Je suis stupéfaite de découvrir ce groupe de statues. Sous la Crucifixion, une pietà avec 7 personnages, le Christ sur les genoux de la Vierge Marie a sa tête qui repose sur les genoux de Jean représenté avec une belle chevelure dorée, sont accompagnée de 5 femmes. Je reconnais Marie Madeleine avec le voile sur ses longs cheveux.

Louis d’Amboise

Au pied, de part et d’autre du groupe, dix personnages sont debout. Soulevant le Saint Suaire : le commanditaire de la Mise au Tombeau : Louis d’Amboise. Louis d’Amboise fut évêque d’Albi à la fin du XVème siècle. C’est aussi le commanditaire du Jugement Dernier de la Cathédrale Sainte Cécile.  Cette commande de Louis d’Amboise était destinée à sa chapelle au château de Combefa – En 1774, les habitants de Monestiés ont emmené les statues sur quatorze charrettes à bœufs, des hauteurs du château de Combefa vers la chapelle de Saint-Jacques, à Monestiés. Louis D’Amboise est suivi de Joseph d’Arimathie, de Jacques et de Jean qui tient la couronne d’épines (très féminin je l’avais pris pour une femme). Le second groupe est mené par Nicodème et cinq femmes. Ces statues de pierre sont très expressives, d’une très grande finesse. Elles sont rehaussées par de la couleur.

Piéta :

Il ne faut pas oublier d’admirer les stalles de bois avec leurs accoudoirs très amusants.

Francisco Bajen : Femme au mortier

Le petit village de Monestiés possède aussi un musée de Peinture : Le Musée Bajen-Vega. Installé dans une demeure XV (avec l’Office de Tourisme).
Francisco Bajen (2012 – 2014) est né en Espagne. Il se marie avec Libertad Granje : Martine Vega (1915 – 1974). Ils s’exilent en France en 1939 à Saint Juery (à côté d’Albi) et travaille dans le textile. Francisco Bajen commence à peindre ne 1944-1946. Le musée présente les œuvres des deux artistes. Elles sont très différentes. Les tableaux de Bajen, d’abord cubiste, puis adopte la ligne claire entourant le motif. Sa palette adopte des coloris d’un camaïeu  beige -brun – ocre. Les sujets sont des travailleurs, des paysans : Bûcheron, Femme au pain, Femme à la Gerbe, femme au pilon….la plupart du temps les personnages ont les yeux fermés.

m

Les œuvres de Martine Vega sont au contraire très colorées avec des personnages animés, souvent en groupe. J’ai beaucoup aimé les moissons, la cueillette et la Pastorale.

C’est tout à fait étonnant que ces deux artiste, époux, aient commis des tableaux si différents. J’ai préféré ceux de Vega à cause des couleurs et surtout els yeux fermés de Bajen m’on gênée.

Le village de Monestiés mérite une visite. Nous avons garé la voiture sur la Foirail planté de grands arbres, à l’extérieur de la ville médiévale. Devant la fontaine le Griffoul, belle vasque de pierre, j’emprunte une rue étroite très tranquille qui me conduit à la Place de la Mairie où se trouve le musée je musarde dans les ruelles, parviens à un porche « le château » belle demeure avec une tourelle. Nous faisons ensuite un arrêt-photo sur le pont de pierre au-dessus du Cérou.

La suite de la journée est calamiteuse. Nous faisons les courses à Carmaux , ville ouvrière sans charme : barres d’immeubles grisâtes en ciment, routes bordées de magasins sans intérêt.

Je tiens à visiter le Musée du Verre qui se trouve à la Verrerie, château de la famille De Solages (qui possédait aussi les mines) j’avais entendu parler de cette verrerie à Cagnac-les-Mines et au Musée Jean Jaurès à Castres. Jaurès était intervenu sur grève à la verrerie.

Malheureusement la Verrerie est fermée.

L’attraction suivante est le Viaduc du Viaur : un viaduc ferroviaire construit par Bodin en 1902. De la route N88 on peut l’apercevoir en roulant.  Il existe une « aire de vision » que nous n’avons jamais trouvée, le GPS, les panneaux et la carte se contredisant tout le temps. Le Viaur est un affluent de l’Aveyron, il prend sa source dans le Lévézou.

Encore une attraction ratée !

Lautrec

CARNET OCCITAN

lautrec place des arcades

Lautrec est un village perché sur son puech à 15 km au NO de Castres. Village médiéval que la modernité n’a pas altéré. Sur Internet j’ai sélectionné le restaurant Le Jardin du Clocher pour sa terrasse dans un jardin arboré. Il s’ouvre sur une rue étroite.

Lautrec rue médiévale : enseigne du restaurant

On se gare sur la place voisine, par chance il y a de la place. Par malchance, la « clé » de la voiture, plutôt un badge aplati glisse entre le siège et la « boite à gants ». Impossible de glisser une main. J’essaie de repêcher l’anneau avec une fourchette qui tombe dans le même interstice. La « clé » est sur le rail du siège conducteur. Il me faut ramper pour parvenir à l’attraper sous le siège. Vivent les clés qui trouvent leur place dans une serrure !

Le jardin du Clocher est un restaurant chic. Pas de « formule », un menu 29€ quelques plats à la carte. Avec la canicule (plus de 30°C) entrée + dessert suffira. Je choisis une soupe à l’ail rose de Lautrec et Dominique des œufs mollets. Les assiettes sont très jolies : dressées avec une mousse, crème fouettée très légère, décorées d’une feuille de sauge. Ma soupe à l’ail est blanche avec des vermicelles très fins, deux croutons surmontés de chips de lard. Au goût c’est excellent, un peu piquante mais douce du point de vue de l’ail. L’oeuf mollet est pané, cela nous paraît un exploit. Le serveur nous répond d’un air blasé qu’ »il ne faut que son travail » pas étonnant selon le marchand d’ail « chandail » le cuisinier vient de Monaco de l’Hôtel de Paris ;

Les desserts sont excellents : mon parfait au chocolat est une mousse glacée au chocolat très clair sur lequel est imprimé un rayon de miel avec du miel dans deux alvéoles, un petit sorbet vert et un palet de Gianduja.

La spécialité de Lautrec est l’ail rose, j’en achète une tresse. L’autre spécialité : le pastel. Lautrec est une des communes du « pays de Cocagne ». Les feuilles de pastel étaient autrefois (au XIIème siècle et jusqu’au XVIIème quand l’indigo des colonies a supplanté le pastel) séchées, broyées et mises en boule « coques » qui ont donné « cocagne » et, par extension, cocagne suggère la richesse que le pastel a apporté à la région : il s’exportait très cher.

pastel

De nos jours, à Lautrec, une teinturière teint toutes les fibres naturelles : coton, lin chanvre, soie …au pastel. L’intensité du bleu correspond au nombre de passages dans le bain de pastel. Une écharpe bleu clair se vend 30€, bleu foncé, 45€. La boutique « la Ferme du village » propose écharpes, chemises, robes, caracos, jupes. Tout est très beau mais si cher. Je trouve ma robe de lin bleue. J’ai bien du mal pour me retenir très fort de ne pas craquer.

Dans le village travaille encore un sabotier occupé à tailler des sabots de hêtre dans son atelier.

J’explore toutes les ruelles médiévales aux maisons de brique, torchis, à pans de bois, crépies ou maisons de pierres. Fantaisie de potées dans les rues le long des murs. Jardins fleuris. J’arrive au moulin qui a gardé ses ailes. Beau panorama sur la région.

 

Pour rentrer à Albi le GPS nous guide sur le chemin des écoliers qui évite la grande route D612 par la D41 et D71 dans une belle campagne.