MASSE CRITIQUE de BABELIO
Encore une surprise de la Masse Critique! Je ne m’attendais pas du tout à lire cet essai , merci à Babélio et au Passager clandestin (l’éditeur).
Paru en français en 2018, cet ouvrage a connu diverses versions en anglais, la première en 1979, en 1992 puis révisée en 2008. Le texte est précédé de la Présentation de l’éditeur d’une trentaine de pages qui contextualise le texte en le résumant un peu trop à mon goût. On perd le plaisir de la découverte.
Dans l’introduction, l’auteur se pose les questions cruciales :
« ….pourquoi la culture dominante estelle animée d’une passion destructrice aussi atroce, aussi implacable, aussi démentielle, génocidaire, écocidaire, suicidaire? »
et, un peu plus loin:
« Comment un groupe d’individus, quels qu’ils soient et quel que soit leur degré de folie et de stupidité peut-il arriver à détruire la plan_te sur laquelle il vit? »
Questions malheureusement d’une urgente actualité.
Celui qui les pose se situe du côté des Amérindien, ce ceux que Christophe Colomb et les conquistadors ont décimé les tribus qu’ils considéraient « sauvages ». Pour Forbes, la sauvagerie, qu’il qualifie de cannibalisme, est du côté du colonisateur. Seule, la folie, la démence peut expliquer les méfaits de la colonisation. Et à cette démence, il donne nom wetiko.
Si l’histoire est écrite par les vainqueurs (les colonisateurs) Forbes va écrire une autre histoire, du point de vue des colonisés, des exterminés, des Amérindiens, mais pas seulement.
Et, cette démence wetiko a des conséquences incalculables. Détruisant le rapport que les hommes ont à la Terre-mère, à la nature, les conséquences sont politiques et sociales, mais aussi religieuses, écologique, asservissant les « primitifs » et les femmes.
En 17 chapitres, l’auteur aborde aussi bien le cannibalisme « consommer la vie d’autrui » avec pour symptôme le plus flagrant, la colonisation, le génocide des Amérindien et l’esclavage. Il décrit le colonisateur comme brutal, cupide, arrogant. Il montre ensuite comment les peuples colonisés ont contribué à leur propre destruction en perdant leur culture et en se laissant européaniser.
Il généralise son analyse au terrorisme. Les véritables terroristes ne sont peut-être pas ceux qu’on pense?
Par le même raisonnement il s’attaque au patriarcat « violence masculine, subordination féminine »
Sans oublier le rapport à la nature et à la problématique de l’écologie!
On ne peut que souscrire à cette analyse de la par des victimes de la colonisation.
Cependant, les bonnes intentions ne font pas toujours la meilleure littérature. Beaucoup de redites. Surtout le concept wetiko me semble un peu trop étendu. Une fois qu’on a constaté la folie, que fait-on? En revanche j’ai beaucoup aimé les passages faisant allusion aux mythes amérindiens, j’aurais aimé en apprendre plus.
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