La légende des montagnes qui naviguent (2) Les Apennins- Paolo Rumiz

LIRE POUR L’ITALIE

la deuxième partie de La Légende des montagnes qui naviguent se déroule dans les Apennins de Savone au Capo Sud, à l’extrême sud de la Calabre.

En prologue : 

Entre Florence et le bassin du Mugello, j’ai traversé dix-huit kilomètres au milieu d’une angoissante succession de plaques verticales de roche fracturée, de lames dégoulinantes d’eau qui m’enserraient[…] je voyageais dans une éponge. Les Apennins étaient un fond marin criblé de fissures.

….saignée qui, en quelques années à peine, avait volé aux Apennins cent vingt millions de mètres cubes d’eau, soit
cinquante litres à la seconde. On m’a parlé de caporalato1, de pots-de-vin, de main-d’œuvre tuée au travail. 

Le tunnel de la ligne Bologne-Florence m’apparaissait de plus en plus comme une allégorie dantesque.

En contrepoint, il va chercher à suivre la  colonne vertébrale de l’Italie en suivant sa crête, il part

avec des règles de fer. Pas de grande ville. Pas de plaine. Pas de guides rouges, verts ou bleus en direction des monuments.

Et pour moyen de transport une Topolino 1953 bleue, une voiture de collection, qui suscite curiosité et sympathie partout où il va passer. Ce roadtrip est presque une histoire d’amour entre lui et sa voiture qui va imprimer son rythme particulier, et ses limites (elle prend l’eau). Il sera beaucoup question de pannes, de réparations qui imposeront des étapes imprévues et des rencontres. 

Les rencontres sont inattendues comme celle de la baleine des Apennins, fossile bien sûr mais inspirante. Autres mastodontes  : les éléphants d’Hannibal . Hannibal sera un personnage récurrent au cours de  cette expédition ainsi que Frédéric II. Cette montagne que les humains désertent est une sorte de bout du monde 

« C’est un endroit où ne viennent que les bêtes sauvages. Les montagnes sont pleines de hérissons, de vipères, de renards et de buses »

C’est aussi le domaine du loup, et celui des bergers et des agneaux.

Si les montagnes sont désertées, les auberges sont chaleureuses

« Mon cher ami, ton voyage t’ouvrira la porte d’un monde oublié et méconnu. Tu trouveras l’âme d’un pays malheureux, aimé de tous, sauf des Italiens. »

On y joue de la musique : on y apprend que la cornemuse en serait originaire. Les souvenirs historiques racontent la dernière guerre, les partisans, les Américains mais aussi un passé plus ancien des guerres napoléoniennes

 On l’appelle Camp dei Rus, le champ des Russes. C’est à cause des cosaques. Ils ont commis de telles atrocités parmi les villageois, après avoir défait les armées de Napoléon en 1799, que les gens se sont mis à les zigouiller dès qu’ils étaient
ivres.

les années 1950, on a vu arriver les charrues motorisées, la terre a été retournée jusqu’à ses profondeurs,
régurgitant des sabres, des baïonnettes et des boutons frappés d’étranges lettres en écriture cyrillique, et ce n’est
qu’alors que la mémoire a repris corps.

L’Antiquité a laissé des noms puniques :

« écriteau qui indique le village de Zerba, puis devant une plaque portant le nom Tàrtago. Les noms comportent toujours un secret et mon incomparable navigateur en détient, de toute évidence, la clef : « Il paraît que ces deux noms veulent dire respectivement Djerba et Carthage. À cause des Carthaginois qui se seraient cachés ici, après la deuxième guerre punique. »

il importe que, après vingt-deux siècles, la vallée revendique encore maintenant de fabuleux antécédents puniques. »

Il traverse aussi des villages remaniés par Mussolini où le souvenir du Duce est encore honoré avec boutiques de gadgets fascistes. L’auteur note avec humour 

« Il nous suffit de savoir que, par un perfide retour des choses Mussolini repose dans la via Giacomo Matteotti; locataire de sa propre victime »

Dans les Marches, il passe par les monts Sybillinsquel beau nom, qui évoque la Sibylle, les mystères, les forces cosmiques des orages, les ermitages et les couvents, Camaldules et Padre Pio… on approche du Gargano. 

Le Monte Sibilla n’était que le commencement. Je m’aventurais ensuite dans un territoire, au sud-est, où l’invisible prenait l’ascendant. Après les baleines volantes et les éléphants d’Hannibal rencontrés en Padanie, c’étaient maintenant des cavernes et des eaux souterraines qui se manifestaient.

Nous voici revenus aux eaux souterraines, comme au début de l’aventure, à ces eaux que le tunnel du TGV a volée, à l’eau qui manque…à l’exode rural. parce que la désertification des Apennins est aussi le thème principal.

L’Italie est tellement obnubilée par les clandestins, tellement braquée sur les extra-communautaires, qu’elle ne s’aperçoit pas que l’émigration interne s’est remise en marche. Dans les grandes largeurs

J’ai pris 13 pages de notes tant j’ai été enchantée de cette lecture. Incapable maintenant de tout restituer.

Vers la fin, quand il traverse la Basilicate et la Calabre j’espère croiser des routes que nous avons parcourues en juin 2019. En vain. En revanche il détecte ce que nous n’avions pas pu voir ni entendre : l’ombre de la n’drangheta et les rapports sociaux 

« En Italie, une voiture sert à faire savoir combien d’argent on a. Dans le Sud, elle sert en plus à autre chose : à indiquer son contrôle du territoire. Celui qui se gare de travers en occupant la moitié de la chaussée laisse entendre que quelque chose (ou quelqu’un) lui permet de le faire. »

Un beau livre à ranger à côté de ceux de Fermor, de Chatwyn, Durrelln  de Lacarrière, et de son compatriote triestin Magris.

La liberté au pied des oliviers – Rosa Ventrella

LIRE POUR L’ITALIE (POUILLES)

Années 1940 – 1950 à Copertino dans les Pouilles non loin de Lecce et de Manduria où nous avions passé une semaine délicieuse. 

Deux sœurs inséparables : Tereza, l’ainée la silencieuse, la blonde et Angelina, la brune, la plus belle fille du village. Relation fusionnelle, intense.

« ….vérité, c’était que nous devions lutter pour manger. Mon père le savait. Ma mère le savait. Tout le monde au
village le savait. Pour cette raison, les sentiments et les rêves étaient dosés, savourés comme une forme
d’épargne réservée aux bons jours. »

Grande pauvreté des paysans sous le fascisme puis la guerre. Comment nourrir ses filles quand le mari est au front? Au village, restent les commères qui surveillent les allers et venues de Caterina, la mère. On croit encore aux sorcières.

« En janvier 1950, quand les paysans protestèrent pour avoir le droit de cultiver les terres du marquis Tamborrino
de Maglie, un saisonnier âgé de trente ans reçut des balles de mitraillette en pleine poitrine et mourut. À partir de
là, le vent de la révolte souffla sur les terres de Nardò, Carmiano, Leverano et Copertino. »

« L’injustice qui habitait ces terres depuis la nuit des temps et la colère des peuples laissés pour compte qui
s’étaient mélangés et perdus dans cette lande semblaient avoir élu domicile dans le cœur de mon père. »

masseria : « maison de sucre »1

Tout le village est sous la coupe du Barone qui possède les terres et qui règne avec ses nervis, châtiant les velléités de révolte. En 1950, les hommes rentrés de guerre veulent cultiver les terres laissées à l’abandon, réserves de chasse des nobles, ils se révoltent et finissent par obtenir des terres. C’est donc aussi le roman de cette lutte.

« Le grand mange le petit, déclara-t-elle. C’est comme ça depuis toujours. Et si le petit essaie de devenir grand, le
grand dégaine le premier. »

Lutte de classe? Tout n’est pas simple. Caterina, la mère, et Angelina ont reçu en cadeau une grande beauté, une malédiction selon les commères jalouses. Cette beauté ne laisse pas indifférents les barons père et fils. Angelina deviendra baronne. Tereza doit vivre avec la honte qui va avec ces compromissions. Elle, qui est transparente, réservée raconte l’histoire de sa mère et de sa sœur.

« Moi, j’étais invisible et, bien que devenue femme, mes traits devaient lui paraître confus et interchangeables,
comme ceux de tous les jeunes gens qui n’attirent l’attention de personne. Pour Giacomo j’étais à la fois
familière et insignifiante, au même titre que les meubles de la cuisine, l’armoire, le secrétaire ou les bibelots
dont il avait rempli sa maison. Une jeune fille malchanceuse, coincée entre la beauté désinvolte de sa sœur et la
force de sa mère. »

A lire, pour la chaleur de l’été des Pouilles, pour la lutte des paysans même si j’émets quelques réserves sur cette « malédiction de la beauté » qui se répète de génération. Une lecture agréable sans plus.

 

 

Taranto (3) Citta vecchia

CARNE DU MEZZOGIORNO (POUILLES)

Nous avions imaginé un restaurant de poisson, rien de tel sur le Lungomare ni dans les quartiers chics alentours. Pour compliquer nos recherches, les sens uniques de la circulation nous entrainent là où on n’a pas envie d’aller et nous nous retrouvons au sud de la ville dans des bretelles d’autoroutes vers Lecce ou Brindisi ; nous demandons au Navigatore de nous conduire à l’opposé, Via Garibaldi dans la vieille ville et lui obéissons servilement. Une demi-heure plus tard, nous retrouvons le pont tournant, longeons le Mare Piccolo où se trouve le port de pêche.

Tout au bout de l’île, une place avec une grande vasque : Piazza Fontana est proche de la halle aux poissons. Sous cette halle métallique se trouvent quelques tables disposées près de l’eau. Il nous faut attendre un peu qu’une table à l’ombre se libère. Il est passé 14h mais qu’importe ! Nous commandons de la frittura di paranza (anchois petits poulpes, crevettes roses, anneaux de calmar tendres et frais) dans une fine pâte à beignets) et des légumes grillés(courgettes, aubergines et poivrons d’une finesse exceptionnelle) avec un café et un calice de vin blanc 40€ un peu plus cher que d’habitude mais nous consolant des expériences désolantes de dimanche. Le poissonnier vient chercher ses moules dans un sac qui trempait dans l’eau du port.

Taranto ; port de pêche sur Mare Piccolo

Promenade dans la Citta Vecchia commencée à la Tour de l’Horloge , je suis la rue Cava. A travers les ruelles de grosses poutres vont de maison à maison pour empêcher que les façades ne s’écroulent. Les maisons sont souvent en ruine, fenêtres et portes condamnées avec des parpaings mais la rue n’est pas déserte. Il y a encore des boutiques à l’ancienne ouvertes, dans les garages sont rangés les filets et le matériel de pêche. En ruine mais vivante ! Je furète dans les cours. Une Madone étonnante est peinte sur un mur, entourée de toutes sortes de coquillages, des rames, des articles de pêche. Représentation naïve. Je n’ai pas trouvé le Duomo ?

Taranto città vecchia : une barque dans la ville

Retour sur la route littorale à la recherche d’un Lido pour une baignade. Nous négligeons le Lido Azzurro  trop proche de la zone portuaire et des raffineries pour tourner à Chiatona toute petite station balnéaire avec des villas cachés sous de hauts pins. Au bout de la route un parking privé gardé mais surtout ombragé avec des toiles posés sur des structures métalliques  (3€).

Baignade fabuleuse dans une eau limpide et très calme. Pour baliser mon parcours je nage de bouée orange en bouée orange ? Je nage seule dans la félicité ; Il semble que les maitres-nageurs aient peu de travail ; Les rares baigneurs restent au bord de l’eau avec de l’eau leur arrivant aux genoux. A mon deuxième parcours de bouée en bouée, je suis hélée par une embarcation rouge (je croyais qu’un original faisait du paddle). Ce sont les maîtres-nageurs qui m’interpellent

« Tout va bien ? vous voulez venir avec nous ? »

Bien sûr que non ! Ma brasse n’est pas rapide mais je suis toute à la joie de la baignade que je ne souhaite pas écourter.

« Ne dépassez pas les bouées rouges ! »

D’abord je ne les dépasse pas ensuite, elles sont oranges !

 

 

Taranto (2)- Musée archéologique

CARNET DU MEZZOGIORNO (LES POUILLES)

Musée archéologique de Taranto : tanagras

Musée d’Archéologie de Taranto (MARTA)

Situé 10 rue Cavour, non loin du château dans les quartiers de la ville moderne Borgo Nuevo où de larges artères bordées de grands et beaux immeubles avec de belle boutiques, des banques, des cafés luxueux. Le musée est situé dans le cloître du couvent des Frati Alcantarini (18ème siècle très élégant) .

A la billetterie, on me prévient : les salles sont ouvertes alternativement. Le second étage n’est pas accessible en ce moment. Au premier, les tanagras et bijoux, au 3ème les vases.

En attendant l’ouverture du 1er étage, on me conseille de visiter l’exposition temporaire « Les Mythes et les Héros ». De très grands vases peints sont présentés avec un luxe de détail : je peux donc identifier chacun des héros à ses attributs Héraclès et sa massue, Orphée et sa lyre…je reconnais Achille sous sa tente (symbolisé par deux colonnes). Je découvre un épisode de la guerre de Troie que j’avais oublié : Achille caché sous son fameux bouclier tend une embuscade à Telos, le plus jeune fils de Priam qui aurait peut-être refusé ses avances.

Enfin ! l’heure sonne pour mon rendez-vous avec les tanagras.

Les statuettes en terre cuite présentant encore des traces de peinture sont présentées avec les bijoux. Ces figurines n’ont pas forcément les prétentions esthétiques des marbres classiques qui répondent à des canons de beauté. Elles en sont d’autant plus émouvantes. Ce sont souvent des femmes. Parfois ce sont des statuettes votives figurant une déesse. Parfois toute une saynète est figurée comme cette naissance d’Aphrodite sortant de son coquillage d’une simplicité merveilleuse. Des mortelles sont aussi représentées dans les scènes de la vie quotidienne, même un couple dans un baiser explicite. Le musée a été récemment rénové et les vitrines sont particulièrement agréables à contempler. Chaque visite regroupe une statuette et des bijoux qui lui correspondent : or précieux pour cette dame élégante drapée dans un tissu plissé…Je suis surprise par les couleurs rose et violine des drapés. Je ne sais pas pourquoi je me représentais les Grecs et les Romains vêtus de blanc. Pas du tout ! Comme pour les bâtiments, ils aimaient la couleur. . Nous avons la chance de contempler 2000 ans plus tard certaines pièces encore très colorées.

De rose vêtue

Un casse-noix est d’une élégance unique : deux mains de bronze portant bagues et bracelets. Certains colliers étaient faits de coquillages, parfois imités. Merveilleuses perles en forme de petits dauphins en ivoire ou en os. . Diadèmes et colliers en feuilles d’or. Travail très fin d’orfèvrerie de fils d’or tressés en filigrane ou de minuscules grains d’or. Nous avons vu un travail analogue au nord de la Grèce à Thessalonique ou en Thrace bulgare.

Danseuse et acrobates, musiciennes ou amazones, ces statuettes racontent la vie de la cité, les divertissements, le théâtre, le cirque. On a réuni des couples, des groupes de guerriers qui luttent des athlètes avec leur strigile.

acteur

Je suis tentée de filmer la vitrine qui raconte le Théâtre avec les acteurs masqués, cette autre des jeux. Parfois un vase complète la représentation.

Ce musée est absolument fascinant.

Il contient aussi d’autres objets, des stèles funéraires, une collection lapidaire juive avec des inscriptions hébraïques ou bilingues grec/hébreu.

On a aussi regroupé la Cité Grecque, la ville romaine, byzantine

Les mosaïques me déçoivent un peu (difficile de trouver plus beau que celles du Bardo ou d’El Djem)

Le 3ème étage qui présente les vases tarde à ouvrir. Il est temps de songer au déjeuner. D’ailleurs mon billet est valable toute la journée.

 

Taranto (1): château aragonais

CARNET DU MEZZOGIORNO (LES POUILLES)

Taranto : château aragonais

J’ai toujours regretté d’avoir fait l’impasse sur Taranto lors de notre précédent voyage dans les Pouilles. Les fumées des raffineries, les grues du port nous avaient effarouchées. Taranto est à moins de 40 km de Marina di Ginosa à parcourir sur une route bien roulante la Statale 106. Je suis impatiente du rendez-vous avec les tanagras du Musée archéologique.

Nous traversons les zones portuaires, terminal de containers, raffineries et citernes, et arrivons rapidement au centre-ville devant le château et son pont-tournant. Parking sur le Lungomare Victor Emanuele III, le long d’une promenade bien à l’ombre sous de grands chênes verts, avec des bancs de pierre. A ses pieds, une marina ; En face, des immeubles énormes dominés par des constructions mussoliniennes.

Le Château se trouve de l’autre côté du canal navigable qui relie la Petite mer de la Grande Mer enjambé par le Pont tournant (Girevole) . Je m’inquiète, sera-t-il ouvert à mon retour ? Pas de souci, son ouverture est exceptionnelle motivée par le passage de bâtiments militaires de très grande envergure comme le porte-avion Cavour.

Taranto : architecture monumentale mussolinienne

Le château aragonais a fière allure avec ses grosses tours rondes de pierre claire, entouré d’eau sur trois côtés. Propriété de la Marine Italienne, il est ouvert pour des visites guidées. Visite gratuite, il faut toutefois remplir un formulaire d’identité. Une jeune femme marin m’accompagne à travers la cour pour rejoindre un groupe constitué d’une famille italienne très motivée pour les choses militaires et un américain qui comprend l’italien mais ne le parle pas. Notre guide est un officier qui a beaucoup d’allure en uniforme bleu marine.

Les italiens s’étonnent de la présence de femmes parmi les marins. Depuis 2003, la Marine Italienne enrôle des femmes, leur effectif atteint 10%. Cette présence féminine enthousiasme les visiteurs mais pas forcément notre conférencier qui estime qu’elles posent des problèmes. Dans cette visite il sera autant question de la marine que du château, lui-même. La dame d’âge mûr fredonne des hymnes militaires et compare les fortifications à celle de Padoue dont elle semble originaire. Je me passerais volontiers de ces interventions qui ralentissent la visite.

En dehors de l’aspect purement touristique de ces visites en Italien sont une véritable aubaine pour moi d’entendre autre chose que le vocabulaire basique des courses ou de la vie quotidienne, elles me permettent aussi de côtoyer des Italiens. Hier, ils étaient plutôt artistes aujourd’hui militaristes, il en faut de toutes sortes !

La forteresse aragonaise fut construite vers 1481 par Ferdinand d’Aragon sur les fondations d’une forteresse byzantine construit par Nicephore Phocas  en 931. Ce dernier n’a pas hésité à employer les matériaux provenant des temples et des édifices de la Tarente antique dont l’acropole était proche.  Au 15ème siècle, les Turcs étaient les maîtres en Méditerranée. Contrairement aux châteaux-forts médiévaux avec leurs hautes tours et leurs hauts murs, le château aragonais a été conçu pour résister à l’artillerie : tours et murs bas très épais (8m) avec des angles d’attaque annonçant les fortifications à la Vauban. Seulement 7 m dépassent le niveau du quai. On peut voir maquette du projet initial avec 5 grosse tours rondes et un bastion triangulaire à la pointe du cap. Une de ces tours a été abattue à la suite de la construction du Canal Navigable au 18ème siècle. Au cours de la promenade notre guide aura à cœur de nous montrer les différences de construction, d’appareillage, les grandes et belles pierres antiques retrouvées dans les fouilles, la poterne médiévale, une tour enfouie dans les murs postérieurs. Nous passons d’une galerie angevine-souabe, plus ancienne pour passer dans une galerie espagnole tardive.

tour saint Christophe : casemate, artillerie

La Tour Saint Christophe, la plus exposée face à la mer, devait être la plus résistante. 4 casemates ont été reconstituées dans l’épaisseur des murs équipées de leurs canons et de boulets de pierre.

Dans des vitrines on voit divers objets retrouvés sur place.  Dans les monnaies antiques, l’une d’elle a été datée 48 av JC et présente l’inscription Caio Giulio Cesare avec un éléphant à l’avers.

Une maquette explique le mécanisme du pont tournant inauguré en 1887, il faut électrifié en 1957 et le. premier pont tournant datait de 1800. Avant l’électrification lemoteur était mu par un système hydraulique nécessitant une citerne énorme et un tunnel pour actionner l’autre côté. Ces installations hydrauliques sont encore visibles dans l’une des tours.

En mon honneur, le marin raconte l’histoire du père d’Alexandre Dumas, Thomas Alexandre Dumas (1762-1806). Mulâtre de Saint Domingue, il devint général de Bonaparte et fut prisonnier au château de Taranto dont il chercha à s’évader. On dit que son journal inspira Alexandre Dumas pour la rédaction du Comte de Monte Cristo.

Bari : Pinacothèque et baignade

CARNETS DU MEZZOGIOR

 

Guido di Renzo

Deux musées me tentent : le Musée archéologique de Santa Scholastica et la Pinacothèque.

Le premier, est fermé pour restauration (aucune indication pour une éventuelle réouverture). La Pinacothèque se trouve au 4ème étage du Palais de la Province sur le Lungomare. Ici aussi, on se précipite pour me demander mon âge. Au-dessus de 65 ans c’est gratuit, pratique que je croyais tombée en désuétude.

L’exposition temporaire Incanto Partenopeo est consacrée aux peintres napolitains autour de Guido di Renzo (1886 Chieti – 1951) et ses amis Cacciaro, Irolli.

Guido di Renzo a peint surtout de petits formats, portraits et paysages. Les premiers paysages sont ceux de ses racines dans les Abruzzes : simples maisons paysannes, animaux domestiques ou arbres. Guido di Renzo a fait plusieurs études d’un même sujet. Un peu plus loin, dans l’exposition je lis » cette exposition est une déclaration d’amour au paysage napolitain » le Pausilippe, Ischia, Capri représentés par d’autres peintres avec ceux de Guido di Renzo.

Cette exposition est présentée au milieu des collections permanentes confrontée aux chapiteaux médiévaux en face des peintures anciennes. J’ai remarqué un Saint Nicolas sur bois entouré de petites scènes comme sur une icone byzantine, de beaux portraits de saints par Antonio et Bartelomeo Vivaroni, peintes vénitiens fin 15ème siècle sur bois avec un format très allongé et très étroit, aux visages d’une grande finesse et d’une grande douceur. La vedette dans une cellule climatisée est Saint Pierre Martyr par Giovanni Bellini. Ce mélange de peinture ancienne et moderne est très plaisant.

En plus de la peinture, des crèches napolitaines sont spectaculaires. L’une d’elle est peuplée de toutes sortes de personnages haute de 25 à 30 cm habillés avec soin figurant aussi bine les marchands et leur marchandise (merveilleuse poissonnerie),les paysans,  les bergers et les animaux (classique dans une crèche), les Rois Mages.

Je passe indifférente devant les grands tableaux d’inspiration religieuses 17ème et 18ème siècle mal éclairés et peu attrayants à mon goût.

Une salle 19ème avec Francesco Netti et De Nittis m’a plus intéressée. En revanche je n’ai pas trouvé les De Chirico que j’attendais.

Promenade dans les Quartiers Muratiens. Murat qui fut Roi de Naples voulu moderniser Bari et planifia ces quartiers modernes.

Le front de mer, lui est marqué par l’architecture mussolinienne avec de grand et hauts bâtiments solennels (et très militaires).

Joli cadre mais cuisine détestable

Nous retournons vers le sud dépassons Torre a Mare. Sur la route qui borde la mer se sont installées des poissonneries qui vendent moules, coquillages et poissons. De petits restaurants sont accolés à la poissonnerie : on peut déguster moules, huitres, clams crus et poissons servi en une sorte de ceviche. Nous choisissons un établissement qui a deux jolies terrasses directement sur les rochers. Bel emplacement mais self-service. On choisit son plat, on le paie et on emporte des assiettes en plastique sur son plateau. J’ai très faim puisqu’on ne peut pas manger normalement au gîte, je commande le plat qui me paraît le plus nourrissant riz et patates aux fruits de mer. C’est bourratif, en fait de fruits de mer, de rares moules sont noyés dans le mélange tandis qu’à côté de nous nos voisines se délectent d’un plateau de fruits de mer et de fritures. Mauvaise commande !

Nous retournons à Dorimar pour le dessert et le café dans le luxe de ses fauteuils blancs.

Bari a aménagé plusieurs plages le long de la route avec de grands parkings payants. Entre le parking et la plage de galets blancs, une piste cyclable. Des jeux, des bars de plages et des pontons avec des échelles pour se baigner. En ce début juin, il y a du monde sur la plage mais personne dans l’eau, c’est peu engageant. Plus près du centre une grande plage de sable est à l’abri de brise-lames cimentés construits en parallèle à la côte. Beaucoup d’enfants se baignent. C’est là que je choisis de nager, en toute sécurité mais dans une eau très peu profonde.

15

Retour au gite par San Spirito et son joli port de pêche. Les vendeurs de poissons sont devant le port nous en aurions bien acheté si la cuisine avait été possible ! Je me console avec des cerises.

Bisceglie – Molfetta

CARNET DU MEZZOGIORNO

 

Port de pêche de Bisceglie

Midi, trop tôt pour déjeuner. Et si nous cherchions une plage ?

Suivant le lungomare nous arrivons à Bisceglie qui touche Trani. Ce n’est pas si facile, les plages de galets sont accessibles par des escaliers, impossible de s’approcher en voiture. Scabreuse manœuvre et marche arrière entre deux murs bien irréguliers. La Polo est maniable mais elle a une bonne envergure et nous fait regretter la Smart de Corse. Quittant les quartiers chics, nous trouvons un parking, une plage de galets avec un petit escalier et même des gens dans l’eau, ce qui m’encourage malgré la fraîcheur de la mer. C’est ma première baignade italienne et elle est très agréable. Dommage que l’environnement soit si laid : vieux immeubles de ciment et usines abandonnées. Biceglie est une ville de 50.000 habitants et cette plage d’abords facile n’est pas dans un beau quartier.

Plage de Bisceglie

Après avoir traversé des zones industrielles et des immeubles peu engageants, nous trouvons une petite crique avec un port de pêche, des barques bleues dans l’eau et des caïques colorés montés sur les quais de pierre blanche. De jolies maisons colorées en arc de cercle et une série de restaurants aux terrasses fleuries. Nous choisissons Il Caico . Au menu salades et pizzas. Salade verte, haricots, tomates thon pour moi. La pizza de Dominique n’est pas ronde mais allongée, servie sur une planche garnie de câpres et d’anchois. (21€ avec un verre de vin blanc et café)

Tour normande du Castillo de Bisceglie

Sans beaucoup de convictions, nous cherchons à l‘heure de la sieste, la cathédrale(sans la trouver) et le castello normanno-svevo dont il reste la haute tour normande et une cour en chantier.

Molfetta

Encore une ville industrielle avec des quartiers hideux. Les villes historiques en Italie ne se prêtent pas à la circulation automobile réservée aux riverains, avec des caméras flashant les autres. Nous sommes donc confinées à ces artères modernes horribles.

Un panneau touristique marron porte une curieuse indication « Pulo » et « Musée archéologique de Pulo » . Cela changera des cathédrales et des châteaux normands ! Le Musée archéologique se situe en dehors de la ville. Il est logé dans l’élégante Casina Capelluti au fond d’un jardin très calme. C’est un musée très moderne. A l’entrée on me demande mon âge, tarif réduit d’1€ et visite guidée privée (je suis la seule visiteuse).

Le « Pulo » est une doline parfaitement ronde dans la région karstique. Dès la Préhistoire, les hommes se sont installés à proximité Au 18ème siècle au temps des Bourbons, Giuseppe Maria Giovanni, prêtre et naturaliste, a étudié la doline et les grottes de Molfetta. En 1785, une nitriera fut installée, exploitation des nitrates qui ont percolé dans le réseau karstique. Le traitement consistait en un lavage du minerai avec 12 passages successifs dans l’eau qu’on portait à ébullition dans de grandes chaudières. Les vestiges des trois bâtiments subsistent encore au fond de la doline. On voit au musée les vases en céramiques utilisés alors.

Un couvent de capucins fut construit sur le bord du Pulo en 1535.

L’étage du musée est consacré à la Préhistoire. Au Néolithique, l’agriculture était déjà développée, les animaux domestiqués. . Des blocs de pisé des murs des maisons, cuits par un incendie, montrent la trace de piquets et permettent de reconstituer comment étaient construites les cases : on enfonçait des piquets solides, on tressait des branches souples pour faire une sorte de grille et on remplissait la paroi d’un mélange de paille et d’argile. En plus des silex, la présence d’obsidienne provenant des îles Lipari montrait que les échanges commerciaux avaient déjà cours et surtout que les habitants du Pulo étaient plutôt riches pour en détenir. La céramique de Molfetta est connue. Les décors étaient imprimés à la surface des pots avec des coquillages.  On a retrouvé des anses sur les pots et on peut imaginer qu’ils pouvaient être portés sur le dos avec des bretelles.

Nous montons au Pulo situé au-dessus de la voie rapide. Le site est clos mais visible de la route.

Dolmen San Silvestro13

Nous rentrons par les petites routes de campagnes à travers oliveraies, vergers de figuiers et champs. Sur la route de Terlizzi à Giovanizza se trouve le magnifique Dolmen de San Silvestro : allée couverte cachée par un tumulus de petites pierres protégées par une couche d’argile et formant un cercle de 35m de diamètre. Il a été mis au jour en 1961. Daté de l’âge de Bronze, il comporte en plus de la galerie une pièce ronde qui serait peut être utilisée pour les cérémonies ou comme lieu de réunion pour les vivants.

 

 

 

 

 

Trani

CARNET DU MEZZOGIORNO

Le port de Trani

La journée commence mal : la cafetière a fait sauter l’électricité dans toute la maison. Dépannage téléphonique avec le propriétaire qui me guide dans l’armoire des fusibles.

Sur la voie rapide SS16 (2×2 voies) de Giovinazzo à Trani, nous avons la surprise de découvrir un paysage industriel auquel je ne m’attendais pas du tout. Des zones industrielles se succèdent, hangars, centres commerciaux immenses alors que j’imaginais des villages de pêcheurs. Sidérurgie, chantiers navals sont abandonnés et rouillés.

Trani

Villa Communal et clocher de Sn Domenico

Trani est une ville de 50.000 habitants. La Via Cavour aboutit à une place devant la Villa Communale un jardin public sur une sorte de promontoire qui domine deux baies, celle du port dans une anse ronde autour duquel est bâtie la vieille ville dominée par le haut campanile et l’autre baie bordée d’une longue plage avec la ville moderne. Je commence la visite de Trani dans ce jardin très ombragé orné de statues. L’église San Domenico est en réfection, la façade est cachée par un échafaudage mais le campanile se voit à travers les frondaisons.

Trani : Chiesa de Ognissanti

Gardant pour cap le campanile du Duomo, je longe le port et découvre le chevet d’une petite église de style roman-apulien : trois cylindres de l’abside et des absidioles, avec une fenêtre haute fine ment décorée sur des murs lisses très blancs.

Chiesa de ognissanti : les Templiers

La  Chiesa ognissanti est l’église des Chevaliers du Temple(début Xième siècle). La côte Adriatique a été marquée par les Croisades et la présence des Templiers. Le premier document attestant de cette église remonte à 1170, elle resta aux mains de l’ordre jusqu’en 1312 (suppression de l’ordre par le pape Clément). Le portique est celui de l’Hospice des Chevaliers. A l’intérieur de l’église, deux rangées de trois colonnes de granite délimitent trois travées tandis que 4 piliers portent des chapiteaux bien usés, plafond de bois. Un garde, gardien ou religieux, porte l’habit blanc avec la croix rouge rappelant les Croisades.

Place San Marco, l’église Sainte Thérèse a une façade baroque.

Le Palazzo Caccetta (1449-1453), édifié par un riche marchand, a de jolies fenêtres aux fines colonettes.

Trani duomo, chevet

Suivant les quais, je parviens à la Cathédrale par l’arrière, chevet très haut, toujours 3 hauts cylindres. Une fenêtre très ornée. Le flanc est très sobre, 6 hautes arcades sont soutenues par des piliers. La façade est symétrique. Deux rampes d’escalier sont fleuries d’hortensias blancs et de roses, encore un mariage ; le marié vient d’arriver, les invités se pressent.

Trani duomo

L’accordéoniste rom a cessé de jouer pour que retentisse la marche nuptiale. Les touristes attendent sur la place. J’entre dans une crypte et j’ai la surprise d’en découvrir une seconde, plus bas et un escalier qui conduit encore plus bas. Tandis que la noce se met en place, j’examine la très belle porte de bronze, les colonnes portées par des lions fantastiques, les personnages et la dentelle de pierre autour du porche encerclant les trois arcades de chaque côté. Légèrement décalé, le campanile carré est vraiment vertigineux.

Trani, duomo portes de bronze

Au musée diocésain, se trouve « le Musée de la machine à écrire »  que je néglige pour aller faire un tour au château souabe de Frédéric II et de Manfred. Enorme forteresse carrée avec ses grosses cours carrées. En restauration, caché derrière des échafaudages.

Retour par des petites rues de la ville médiévale. La Rue de la Giudecca descend vers le port, j’y trouve l’ancienne synagogue du temps de Frédéric II (12ème 13ème siècle)devnue plus tard l’église Saint Pierre Martyr. La tortueuse via Ognissanti me conduit à une place triangulaire et à l’église basse San Francisco – cela change du roman-apulien. Une dame attentionnée me signale qu’il n’est pas prudent de mettre mon sac sur le dos. Quelle obsession, les voleurs ! La rue est vide, dans la foule je comprendrais…J’atteins enfin la ville moderne et retrouve la via Cavour, bien droite qui va directement à la Villa Communale.

Bari

CARNET DU MEZZOGIORNO

Bari : Théâtre Margherita

San Spirito

 

Sur la route de Bari par la mer, premier arrêt à San Spirito : un petit port tout simple, plutôt port de plaisance, pour de petits bateaux, aussi port de pêche. Les étals de poisson attendent le retour des pêcheurs, vides ce matin. Dans les rues perpendiculaires au lungomare, au petit marché il y a surtout des vêtements. Nous cherchons les pizzerias pour dîner ce soir,  tout est fermé.

Arrivée à Bari

Théâtre Piccini

Fin de la route de la mer, près de l’aéroport, nous trouvons la tangenziale. J’ai trouvé le mode d’emploi du Navigatore intégré dans la Polo, nous entrons dans Bari par la Via Napoli qui traverse des zones industrielles et des quartiers modernes. Nous arrivons sur le Corso Vittorio Emanuele II qui relie la Piazza Garibaldi à la mer, bordé de beaux palazzi : le Palazzo Fizzaroti est tout à fait étonnant, gothico-vénitien tout à fait éclectique, le Théâtre Piccini fait face à l’important Palazzo del Governo. Aux murs des bâtiments, des plaques commémoratives. Les Palais sont colorés, décorés avec stucs et moulures. Des rangées de palmiers bordent le Corso. Je pense à Dürres, juste en face, où nous étions il y a deux ans : un grand port, un front de mer et des palmiers.

Au fond de l’artère, un curieux bâtiment rose aux fines tourelles couronnées de coupoles comme des minarets de fantaisie : le Théâtre Margherita –qui s’avance dans la mer sur ses pilotis. Théâtre Liberty 1914, il abrite maintenant des expositions temporaires ; en ce moment, une Exposition de Photographie  me tenterait bien C’est ici que je commence la promenade du Guide Vert.

à déguster sur place ou à emporter
à déguster sur place ou à emporter

Parking payant  (1€/h payable en pièces ou par carte de crédit) . Un marché de poisson à l’ombre d’un auvent métallique s’est installé. Dans des assiettes des coquillages, huitres, oursins accompagnés d’un demi-citron à déguster sur place. Les seiches vivantes sont dans un aquarium, des poulpes entiers dans des sacs de plastique. Plus classiquement, on peut aussi acheter des poissons d’une fraîcheur éclatante.

Vieille Ville

Place del Ferrarese

Piazza del Ferrarese, des fouilles mettent en évidence les vieilles dalles d’une chaussée antique.  On voit le chevet et l’abside de la petite église de la Valisa. Modeste, blanche, très jolie. Je la contourne. Des musiciens préparent un concert. J’entre alors dans le dédale des rues étroites où sèche le linge, enjambées de hautes arches.

par les rues étroites de la vieille ville de Bari

Au hasard, je me retrouve devant la Cathédrale di San Sabino accolée au Palais épiscopal. Très haute, très blanche. Romane mais si haute ! J’hésite entre l’impression de dépouillement des murs blancs éblouissants, très hauts, très lisses, et celle de la richesse et la délicatesse de la décoration, la finesse des sculptures des colonnes supportées par des animaux encadrant le porche et un bestiaire fantastique autour des fenêtres. Un mariage se prépare, de magnifiques bouquets de roses blanches ont été déposées, les photographes sont prêts. Je ne m’attarde pas et fonce à la crypte où je suis surprise par les couleurs après la blancheur du haut.

Saint Nicolas de Bari : porche

Je fais le tour de la cathédrale pour trouver la trulla : grosse tour ronde aveugle sur l’emplacement du baptistère, aujourd’hui, sacristie. Une simple plaque avec une ménorah gravée et une inscription en hébreu signale qu’autrefois il y avait là une synagogue.

La Via Carmine conduisant à l’Eglise San Nicola est encombrée de touristes en troupeau derrière leur guide. Les boutiques à touristes proposent des pâtes et d’autres souvenirs. J’essaie de faire des photos de linge qui pend et de vespa…San Nicola, commencée en 1089, consacrée en 1107 fut construite pour abriter les reliques volées en 1068 par 62 marins de Bari « enlèvement de Saint Nicolas ». C’est une église normande : Robert de Hauteville, dit Guiscard (frère de Roger roi de Sicile) a conquis Bari en 1071. Selon nos guides San Nicola servira de modèle aux églises de style Roman apulien. Il faut prendre du recul pour admirer la façade à trois nefs et le campanile. Je préfère me rapprocher et photographier les amusantes sculptures qui dépassent, les bœufs qui supportent les colonnes.

Saint Nicolas dd Bari

A l’intérieur, de curieuses arcades très fines traversent la nef (ajoutées après le séisme de 1456 selon le Guide Bleu) et un très haut jubé découpent le volume impressionnant. Le plafond a été peint au 17ème siècle. La crypte contient les reliques du saint. Un pope, ou plutôt deux conduisent un groupe de pèlerins slaves, femmes enfoulardées, hommes vêtus de shorts négligés, tous font les larges signes de croix orthodoxes, répétés et fréquents, s’agenouillent et se signent encore. Une seule icone est revêtue d’argent à la mode orthodoxe. Il règne une telle ferveur que je n’ose ni filmer ni bouger pour examiner les chapiteaux.

Bari : Lungomare

Dominique a envie de déjeuner au bord de la mer. Nous suivons le Lungomare bordé d’immeubles modernes et de grande bâtisses mussoliniennes auxquelles nous ne prêtons guère d’attention. Nous quittons facilement Bari vers le sud, découvrons des établissements de plage. Un restaurant dans un trullo nous tente.

un déjeuner à la mer

Nous lui préférons une terrasse contemporaine, en blanc et bleu : Doremar. Au choix,  ombre ou soleil, tables et chaises, poufs et tables basses. Le menu est simplissime,  4 propositions sur l’ardoise, mais sibyllin : on commande sans savoir ce qui va arriver parmigiana et calamarata. La calamarata ne contient aucun mollusque ni calmar, mais des pâtes en forme d’anneaux, cuisinées avec des tomates fraîches de l’aubergine et des petits morceaux de saumon et  décorée d’une poudre fine noire mystérieuse. La parmigiana ne contient pas forcément du parmesan, c’est un gratin d’aubergine. Cuisine raffinée et délicieuse mais en petite quantité on accepte avec joie le cremoso de chocolat : fine tranche de glace avec des grains de chocolat. Il fait frais au bord de l’eau, nous prenons dessert et café au soleil.

Bari château Normand-souabe

Le château Normand-Souabe est une énorme forteresse qui a été occupée et modifiée au cours de l’histoire. Normand d’abord, on y retrouve l’empreinte de Frédéric II (1233-1240). On entre par le vestibule de Frédéric. La voûte repose sur des colonnes aux chapiteaux décorés de motifs végétaux, mais aussi de têtes de guerrier et de l’aigle impérial. On entre dans la cour et on découvre la tour carrée avec deux escaliers extérieurs formant deux rampes. A partir de 1735, le château fut une prison. On creusa ensuite une citerne et on y fit même des cultures maraîchères.

Salle Angevine : dans l’encoignure de la fenêtre

A l’étage, des expositions permanentes : restauration de l’édifice, céramiques « butto », retrouvées dans un tas d’ordure, jetées, peut-être mais encore très belles. Certaines à motifs jaunes et bleu de Bari, des faïences au fond bleu de Faenza. Une salle Angevine, très haute de plafond avec quatre cheminées. Une autre Aragonaise rappelle Bona Sforza morte à Bari en 1557.

Au rez de chaussée, une vidéo raconte l’histoire du château.

Une exposition temporaire consacrée l’une à saint Nicolas est destinée principalement aux enfants. Saint Nicolas protège les enfants et les marins. Selon la légende, les reliques de Saint Nicolas mort en 337 à Myre en Turquie,  furent emportées par 62 marins de Bari en 1087.  Dans la crypte de l’église Saint Nicolas de Bari, la lampe possède deux bouches symbolisant l’unité des cultes catholique et orthodoxe qui vénèrent ce saint.  Sont exposés, des livres d’enfants de la légende de Saint Nicolas, des pains d’épice à l’effigie de Saint Nicolas, des chocolats, des marionnettes, des Play mobiles, et des représentations de Santa Claus qui devint le Père Noël.

Autour du livre est une installation d’art contemporain Libri d’Artista, l’Arte da Leggere montrent des variations contemporaines sur le thème du livre : un livre évidé, des livres d’image, et même une version des tablettes de Babylone en argile.

La Gypsothèque vaut vraiment la visite. Les moulages en plâtre de chapiteaux des églises normandes de Bari et de ses environs sont présentés à hauteur humaine permettant de les observer plus facilement que sur place. Je me régale à photographier animaux fantastiques et personnages dont je peux voir tous les détails charmants.

 

 

Arrivée à Bari

MEZZOGIORNO

Giovanizza

Vol Air France direct : Charles de Gaulle – Bari  , 2h30,  très agréable.

Notre Polo VW de location (Sixt) est neuve (740km) équipée d’un GPS – Navigatore – dont je ne connais pas le mode d’emploi. Je me laisse guider par le téléphone jusqu’à Oasi di Pace dans la Résidence Scoglio di Euridice fermé par un cancello impressionnant. Au téléphone, un homme, pas du tout au courant de la réservation, nous l’ouvre. Dans la rue, barrée par un portail vers la mer, aucune indication de la chambre d’hôtes. Des maisons de vacances entourées d’agréables jardins. Un court de tennis côté rue, une piscine côté mer. Aucun Oasi di Pace en vue !

La dame arrive et ouvre la porte et nous intime l’ordre de verrouiller la voiture. Nous sommes bien dans le Sud de l’Italie, on y craint les voleurs ! Y en a-t-il tant ? Dans une résidence barricadée ? « Les Roms peuvent escalader » répond-elle. Tout est bouclé à clé, le petit portail du jardin, la maison. Le trousseau de clé est impressionnant.

Elle me montre les fusibles et le disjoncteur dans la rue : « Cela peut sauter » (en effet cela sautera).

Pas de cuisine, ni de réfrigérateur, en guise de bouilloire, une cafetière électrique monumentale avec des piles de gobelets de très petite taille pour le café, à peine plus grands pour le thé, pas de cuillers, des touillettes plastiques, pas d’assiettes ni de couverts. Une abondance de serviettes de toilettes ! la Télévision ne capte que les chaînes italiennes. L’intérieur est bien décoré, on aurait préféré un frigo !

Un très joli patio : des croisillons en bois foncé et un auvent de toile épaisse abritent une table et des bancs dans une végétation luxuriante. Une haie de jasmin embaume. Autour du patio des géraniums rouge se détachent sur le vert foncé des ficus, yuccas, myrte, orangers du Brésil. Dans des jardinières on a fait des compositions de cactées et succulentes. Il y a de l’eau à la fontaine. Des jarres sont négligemment oubliées….

Le cadre serait très agréable si on pouvait faire à manger, ou au moins garder de l’eau au frais. Restaurants et cafés ont à des kilomètres. La résidence est située entre Giovanizzo et San Spirito.

 

Giovanizzo est une petite ville pittoresque (22 000 habitants). Le centre historique se tasse dans ses murs autour d’une grande Cathédrale et du Palazzo Ducale au-dessus d’un très joli port. Au coucher du soleil, je me promène au bord de l’eau le long des murs de la ville. Rapide coup d’œil  à la cathédrale (il y a du monde à la messe). Dans le port des rameurs – en majorité des rameuses – en T-shirts verts s’entrainent pour la Fête de la Mer, samedi prochain – nous serons parties.

Nous trouvons notre dîner au supermarché Eurospar. Les plats préparés en barquettes comme en France, et les salades toutes prêtes n’ont pas cours ici. Chacun cuisine chez soi, pâtes et produits frais ou va au restaurant. Je trouve cela sympathique : pas de suremballage, des dispositifs pour acheter en vrac les produits secs. A

ujourd’hui cela n’arrange pas nos affaires, on doit acheter des vrais verres (pas question de boire ans les affreux gobelets minuscules), des assiettes en carton et même des couverts qu’on emportera pour les pique-niques à venir. Nous dînons sur la table du jardin d’une tomate, d’un yaourt grec et de nèfles.