Taranto (2)- Musée archéologique

CARNET DU MEZZOGIORNO (LES POUILLES)

Musée archéologique de Taranto : tanagras

Musée d’Archéologie de Taranto (MARTA)

Situé 10 rue Cavour, non loin du château dans les quartiers de la ville moderne Borgo Nuevo où de larges artères bordées de grands et beaux immeubles avec de belle boutiques, des banques, des cafés luxueux. Le musée est situé dans le cloître du couvent des Frati Alcantarini (18ème siècle très élégant) .

A la billetterie, on me prévient : les salles sont ouvertes alternativement. Le second étage n’est pas accessible en ce moment. Au premier, les tanagras et bijoux, au 3ème les vases.

En attendant l’ouverture du 1er étage, on me conseille de visiter l’exposition temporaire « Les Mythes et les Héros ». De très grands vases peints sont présentés avec un luxe de détail : je peux donc identifier chacun des héros à ses attributs Héraclès et sa massue, Orphée et sa lyre…je reconnais Achille sous sa tente (symbolisé par deux colonnes). Je découvre un épisode de la guerre de Troie que j’avais oublié : Achille caché sous son fameux bouclier tend une embuscade à Telos, le plus jeune fils de Priam qui aurait peut-être refusé ses avances.

Enfin ! l’heure sonne pour mon rendez-vous avec les tanagras.

Les statuettes en terre cuite présentant encore des traces de peinture sont présentées avec les bijoux. Ces figurines n’ont pas forcément les prétentions esthétiques des marbres classiques qui répondent à des canons de beauté. Elles en sont d’autant plus émouvantes. Ce sont souvent des femmes. Parfois ce sont des statuettes votives figurant une déesse. Parfois toute une saynète est figurée comme cette naissance d’Aphrodite sortant de son coquillage d’une simplicité merveilleuse. Des mortelles sont aussi représentées dans les scènes de la vie quotidienne, même un couple dans un baiser explicite. Le musée a été récemment rénové et les vitrines sont particulièrement agréables à contempler. Chaque visite regroupe une statuette et des bijoux qui lui correspondent : or précieux pour cette dame élégante drapée dans un tissu plissé…Je suis surprise par les couleurs rose et violine des drapés. Je ne sais pas pourquoi je me représentais les Grecs et les Romains vêtus de blanc. Pas du tout ! Comme pour les bâtiments, ils aimaient la couleur. . Nous avons la chance de contempler 2000 ans plus tard certaines pièces encore très colorées.

De rose vêtue

Un casse-noix est d’une élégance unique : deux mains de bronze portant bagues et bracelets. Certains colliers étaient faits de coquillages, parfois imités. Merveilleuses perles en forme de petits dauphins en ivoire ou en os. . Diadèmes et colliers en feuilles d’or. Travail très fin d’orfèvrerie de fils d’or tressés en filigrane ou de minuscules grains d’or. Nous avons vu un travail analogue au nord de la Grèce à Thessalonique ou en Thrace bulgare.

Danseuse et acrobates, musiciennes ou amazones, ces statuettes racontent la vie de la cité, les divertissements, le théâtre, le cirque. On a réuni des couples, des groupes de guerriers qui luttent des athlètes avec leur strigile.

acteur

Je suis tentée de filmer la vitrine qui raconte le Théâtre avec les acteurs masqués, cette autre des jeux. Parfois un vase complète la représentation.

Ce musée est absolument fascinant.

Il contient aussi d’autres objets, des stèles funéraires, une collection lapidaire juive avec des inscriptions hébraïques ou bilingues grec/hébreu.

On a aussi regroupé la Cité Grecque, la ville romaine, byzantine

Les mosaïques me déçoivent un peu (difficile de trouver plus beau que celles du Bardo ou d’El Djem)

Le 3ème étage qui présente les vases tarde à ouvrir. Il est temps de songer au déjeuner. D’ailleurs mon billet est valable toute la journée.

 

Metaponto intello (3) Archéologie et poésie des mathématiques

CARNET DU MEZZOGIORNO (BASIliCATE)

Site de Metapunto : temple dorique d’Héra

Nous visitons le site archéologique sous un soleil de plomb. Là, au moins, nous sommes tranquilles. Il était fermé le matin, quelle idée de ne l’ouvrir qu’à 14 h ! De la ville grecque, il reste les fondations visibles de trois temples qu’on identifie facilement d’un perchoir construit près du parking et qui permet d’embrasser la ville d’un seul regard.

Site de Metapunto : temple ionique d’Artemis

On a remonté les trois grosses colonnes du temple d’Héra et deux colonnes ioniques d’un temple plus petit dédié à Artémis. Je suis surprise de l’élégance du chapiteau ionien. Quand la colonne est entière on ne se douterait pas que la partie supérieure de cette sorte d’escargot qui s’enroule est si soigneusement ornée d’écailles ou de feuilles ni que le haut de la colonne est gravé de frises. Il faut aussi imaginer les décors du fronton, les figures en terracotta. Les amateurs de ruines romantiques n’imaginent pas la sophistication de ces décors ? Avec les reconstitutions virtuelles on commence à se faire une idée colorée de la vie antique.

Temple d’Héra

Une digue borde le cours d’eau . Il y a d’autres canaux de drainage. Il faut se représenter le rivage beaucoup plus proche et non pas à l’emplacement actuel du Lido de Metaponto. Près de l’agora, que je n’identifie pas exactement, le petit théâtre a été restauré pour y faire des spectacles. C’est là que s’est déroulé la nuit dernière le concert de piano. Les gradins ne sont visibles que partiellement, cachés par les structures métalliques. Un panneau m’apprend que l’Ekklesasterion d’un diamètre de 60 m pouvait réunir 8000 personnes pour l’assemblée de la ville.

Il est trop tôt pour rentrer dans notre gîte infernal (équivalent sans la mer du Lido de Metaponto). Je retourne au Musée où se tient une exposition patronnée par Matera2019, installation contemporaine sur le Thème de la Poésie des Nombres Premiers en hommage à Pythagore mort à Metaponto/ Si Pythagore a fondé une école, il n’a pas laissé d’écrits. C’est donc un exercice visuel illustrant le fameux théorème et d’autres théorèmes et conjectures mathématiques.

Dans le couloir d’entrée de nombreuses citations concernant la poésie des mathématiques de nombreux savants mathématiciens ou littéraires comme Borges ou Einstein et Cantor… Comme elles sont en traduites en italien, je ne les recopie pas. Un enregistrement me permet d’entendre un exposé  sur Cantor et les infinis dont certains sont plus infinis que d’autres. J’ai du mal à suivre…Une vidéo : une pièce de théâtre à laquelle je ne comprends rien et un vidéogramme sur le thème des puissances de 10, dans l’infiniment grand de l’espace comme dans l’infiniment petit.

L’avantage avec cette exposition ambitieuse et difficile  c’est que c’est climatisé et qu’il n’y a personne.

Escher

A côté de la grande exposition il y en a une autre « Remplir le vide » consacrée à Escher et à ses successeurs qui ont exploité le même procédé : comment le vide entre les oiseaux se métamorphose en poissons, comment entre les anges on voit apparaître des démons, qui se cachent si bien qu’à l’autre bout du tableau on ne voit plus qu’eux….Les tableaux d’Escher sont presque tous en noir et blanc, les autres plasticiens ont plus joué avec les couleurs. Exposition très séduisante.

 

Naxos : visite de Chora, Kastro musée archéologique…

CARNET DES CYCLADES

Montons sous les arches par les passages ldu Kastro de Naxos

Sur le quai, à la librairie Zoom je trouve une carte détaillée de Naxos. Elle a aussi un rayon de littérature francophone bien fourni.

Des ruelles et des escaliers montent au Kastro – la citadelle – passant devant de jolies boutiques et restaurants chics et des cafés agréables. Sur le port, les terrasses de restaurants sont alignées, pratiques pour les passagers des ferries ou les plaisanciers de la marina. Pour trouver des commerces plus raffinés il vaut mieux flâner dans les ruelles qui passent sous des arches gothiques, dans des couloirs qui évoquent une médina. Les maisons possèdent parfois de fort belles portes avec des encadrements de marbre finement ciselés. Suivant la rue Kazantzakis, j’entre dans la galerie d’art Petalouda sur l’invitation du galériste qui doit être français. Les sculptures longilignes de Yanni me plaisent, j’ai déjà vu à Santorin celles qui allient bronze et verre en forme de poisson, les sculptures de Monica Marinella mélangeant animaux, masques et diableries m’intéressent bien.

Naxos est une île riche culturellement :  son festival propose des expositions, des concerts, des projections de cinéma en plein air au Centre Cuturel catholique. Ce soir concert de violon, demain bouzouki samedi guitare….Pour la lecture deux bouquinistes proposent des livres d’occasion en différentes langues.

Naxos : la cathédrale catholique

La Cathédrale Catholique a un clocher et un porche de marbre. Erigée au 13ème siècle par Marco Sanudo neveu du Doge Vénitien Dandolo. Il fonda le duché de Naxos après la 4ème Croisade, érigea le kastro à Chora en fit une ville vénitienne alors que la population de l’île était réfugiée dans l’intérieur et que la capitale était Halki. La cathédrale fut remaniée au 16ème et 17ème siècle. Je suis d’abord surprise par sa taille. Vue de derrière avec sa coupole blanche elle ressemble à n’importe quelle église grecque.  A l’intérieur on reconnait bien une église catholique, elle est très claire, avec ses murs blancs et ses ouvertures rondes qui laissent entrer la lumière. Le plafond bas est soutenu par deux rangées de colonnes rondes solides et trapues aux minces chapiteaux peints tandis que des piliers carrés délimitent les côtés. Dans la coupole un lustre à pendeloques de cristal détonne un peu dans cet ensemble sobre. Au-dessus de l’autel, dans un retable, une belle vierge. Selon le guide, le tableau serait peint sur les deux faces, à l’envers, un portrait de Saint Jean Baptiste. Un personnage de profil au portrait très vivant et réaliste est noté S. Marco Borromeo ( ?)

église de Chora : Marco Borromeo

Le Palais Episcopal se trouve de l’autre côté de la place, c’est l’ancien Palais des Doges avec son porche carré ; A peine me suis-je approchée qu’un homme m’entraîne par la porte suivante dans une église orthodoxe invisible du dehors, est  double : construite sur deux niveaux,  en haut St Anasthase, en bas consacré à la Vierge.

Dans l’impasse, une plaque rappelle que Nikos Kazantzakis a passé l’année 1897-1898 à l’Ecole des Jésuites.

Le Musée Archéologique est logé dans l’ancienne école des Ursulines.

Musée archéologique de Naxos : Antonius
Musée archéologique de Naxos : Antonius romain

La visite commence au niveau le plus bas. Nous sommes accueillis par des statues de pierre dans un couloir : deux lions provenant d’une fontaine, un kouros en mauvais état et 3 stèles gravées, et deux grandes statues romaines ; L’une d’elle est la statue d’Antonius, général qui a conquis Rhodes en 41 av JC. Naxos, Andros et Tinos passèrent sous contrôle de Rhodes. Antonius se fit représenter en « nouveau Dionysos » auquel on vouait un  culte ; il tient à la main une victoire Niké. Est-ce Marc Antoine ? les dates correspondent.

Trois salles sont aménagées avec des vitrines contenant surtout de la céramique. Des bijoux en or d’époque mycéniene (1200-1100 av.JC) proviennent de Kamini, de la vaisselle géométrique vient

vase à décor marin
vase à décor marin

del’île de Donoussa.

 

Les vases sont ornés d motifs marins de vagues, poissons, oursins….

Plusieurs armoires contiennent des idoles cycladiques malheureusement pas mises en valeur  ni par la présentation ni l’éclairage.

C’est l’occasion de faire connaissance avec l’histoire antique de Naxos :

Au 7ème siècle, Naxos tente de contrôler le sanctuaire de Délos et par extension, le monde égéen. La plupart des dédications de Délos sont Naxienne.

540 Tyrannie de Lygdamis avec l’aide de Pisistrate  à Athènes.

490 la  deuxième attaque des Perses s’avéra fatale, la plupart des habitants s’enfuirent dans les montagnes de l’île et Naxos fut l’une des premières à entrer dans la 1èer lue athénienne – Ligue de Délos (477)

Le musée possède aussi des marbres hellénistiques et de petites statues en terracotta et des lampes romaines, des bouteilles de verre romains.

Sur la terrasse il y a une belle mosaïque et une vue sur le port et la ville de Naxos.

Ecole de fille des Ursulines partitions de musique

La Gallerie 139 à côté du Musée, présente l’ancienne école de fille dès 1739. C’est le premier établissement pour les filles de Naxos mais aussi de la région. Des élèves venaient de l’étranger. Il y avait un internat. L’activité de l’établissement connut son apogée entre le début du 20ème siècle et la 2ème guerre mondiale. On y enseignait le français, le grec, l’anglais, la musique, la peinture et le théâtre. Une vitrine montre les manuels d’aquarelles, de dessin, les couleurs, les partitions de musique. Aucune référence aux sciences ou aux mathématiques. On voit le classiques photos de groupe de classe, mais aussi les spectacles de théâtre.

Une boutique de cadeaux est installée dans le bâtiment –textiles et bijoux bon goût et design, trop chers pour qu’il m’intéressent.

Un café-terrasse très chic aussi sur la terrasse où se trouve l’ascenseur qui relie le parking au kastro.

Ruelle du Kastro – Naxos

En descendant les ruelles je passe à Antico Veneziano – antiquaire dans une belle maison vénitienne vieille de 800 ans. Les plafonds sont étayés par des colonnes antiques. Les ruelles forment un charmant labyrinthe entrecoupé de volées de marches, passant sous des arches gothiques et par des passages couverts.

En rentrant, nous nous arrêtons au supermarché Vidalis, des produits Carrefour beaucoup sont français. Une déception comme toujours en Grèce, les produits frais sont beaucoup plus appétissants et moins chers dans les supérettes. On croit gagner du temps et on ne trouve rien de ce qu’on cherche.

Déjeuner sur la terrasse ; Le vent s’est levé. Il n’y a pas de vrais vagues mais l’aspect lisse de la mer et l’impression de sécurité et de facilité s’est estompée. Je me rapproche du bord.