CARNET DES CYCLADES

Sur le quai, à la librairie Zoom je trouve une carte détaillée de Naxos. Elle a aussi un rayon de littérature francophone bien fourni.
Des ruelles et des escaliers montent au Kastro – la citadelle – passant devant de jolies boutiques et restaurants chics et des cafés agréables. Sur le port, les terrasses de restaurants sont alignées, pratiques pour les passagers des ferries ou les plaisanciers de la marina. Pour trouver des commerces plus raffinés il vaut mieux flâner dans les ruelles qui passent sous des arches gothiques, dans des couloirs qui évoquent une médina. Les maisons possèdent parfois de fort belles portes avec des encadrements de marbre finement ciselés. Suivant la rue Kazantzakis, j’entre dans la galerie d’art Petalouda sur l’invitation du galériste qui doit être français. Les sculptures longilignes de Yanni me plaisent, j’ai déjà vu à Santorin celles qui allient bronze et verre en forme de poisson, les sculptures de Monica Marinella mélangeant animaux, masques et diableries m’intéressent bien.
Naxos est une île riche culturellement : son festival propose des expositions, des concerts, des projections de cinéma en plein air au Centre Cuturel catholique. Ce soir concert de violon, demain bouzouki samedi guitare….Pour la lecture deux bouquinistes proposent des livres d’occasion en différentes langues.

La Cathédrale Catholique a un clocher et un porche de marbre. Erigée au 13ème siècle par Marco Sanudo neveu du Doge Vénitien Dandolo. Il fonda le duché de Naxos après la 4ème Croisade, érigea le kastro à Chora en fit une ville vénitienne alors que la population de l’île était réfugiée dans l’intérieur et que la capitale était Halki. La cathédrale fut remaniée au 16ème et 17ème siècle. Je suis d’abord surprise par sa taille. Vue de derrière avec sa coupole blanche elle ressemble à n’importe quelle église grecque. A l’intérieur on reconnait bien une église catholique, elle est très claire, avec ses murs blancs et ses ouvertures rondes qui laissent entrer la lumière. Le plafond bas est soutenu par deux rangées de colonnes rondes solides et trapues aux minces chapiteaux peints tandis que des piliers carrés délimitent les côtés. Dans la coupole un lustre à pendeloques de cristal détonne un peu dans cet ensemble sobre. Au-dessus de l’autel, dans un retable, une belle vierge. Selon le guide, le tableau serait peint sur les deux faces, à l’envers, un portrait de Saint Jean Baptiste. Un personnage de profil au portrait très vivant et réaliste est noté S. Marco Borromeo ( ?)

Le Palais Episcopal se trouve de l’autre côté de la place, c’est l’ancien Palais des Doges avec son porche carré ; A peine me suis-je approchée qu’un homme m’entraîne par la porte suivante dans une église orthodoxe invisible du dehors, est double : construite sur deux niveaux, en haut St Anasthase, en bas consacré à la Vierge.
Dans l’impasse, une plaque rappelle que Nikos Kazantzakis a passé l’année 1897-1898 à l’Ecole des Jésuites.
Le Musée Archéologique est logé dans l’ancienne école des Ursulines.


La visite commence au niveau le plus bas. Nous sommes accueillis par des statues de pierre dans un couloir : deux lions provenant d’une fontaine, un kouros en mauvais état et 3 stèles gravées, et deux grandes statues romaines ; L’une d’elle est la statue d’Antonius, général qui a conquis Rhodes en 41 av JC. Naxos, Andros et Tinos passèrent sous contrôle de Rhodes. Antonius se fit représenter en « nouveau Dionysos » auquel on vouait un culte ; il tient à la main une victoire Niké. Est-ce Marc Antoine ? les dates correspondent.
Trois salles sont aménagées avec des vitrines contenant surtout de la céramique. Des bijoux en or d’époque mycéniene (1200-1100 av.JC) proviennent de Kamini, de la vaisselle géométrique vient


del’île de Donoussa.
Les vases sont ornés d motifs marins de vagues, poissons, oursins….
Plusieurs armoires contiennent des idoles cycladiques malheureusement pas mises en valeur ni par la présentation ni l’éclairage.
C’est l’occasion de faire connaissance avec l’histoire antique de Naxos :
Au 7ème siècle, Naxos tente de contrôler le sanctuaire de Délos et par extension, le monde égéen. La plupart des dédications de Délos sont Naxienne.
540 Tyrannie de Lygdamis avec l’aide de Pisistrate à Athènes.
490 la deuxième attaque des Perses s’avéra fatale, la plupart des habitants s’enfuirent dans les montagnes de l’île et Naxos fut l’une des premières à entrer dans la 1èer lue athénienne – Ligue de Délos (477)
Le musée possède aussi des marbres hellénistiques et de petites statues en terracotta et des lampes romaines, des bouteilles de verre romains.
Sur la terrasse il y a une belle mosaïque et une vue sur le port et la ville de Naxos.

La Gallerie 139 à côté du Musée, présente l’ancienne école de fille dès 1739. C’est le premier établissement pour les filles de Naxos mais aussi de la région. Des élèves venaient de l’étranger. Il y avait un internat. L’activité de l’établissement connut son apogée entre le début du 20ème siècle et la 2ème guerre mondiale. On y enseignait le français, le grec, l’anglais, la musique, la peinture et le théâtre. Une vitrine montre les manuels d’aquarelles, de dessin, les couleurs, les partitions de musique. Aucune référence aux sciences ou aux mathématiques. On voit le classiques photos de groupe de classe, mais aussi les spectacles de théâtre.
Une boutique de cadeaux est installée dans le bâtiment –textiles et bijoux bon goût et design, trop chers pour qu’il m’intéressent.
Un café-terrasse très chic aussi sur la terrasse où se trouve l’ascenseur qui relie le parking au kastro.

En descendant les ruelles je passe à Antico Veneziano – antiquaire dans une belle maison vénitienne vieille de 800 ans. Les plafonds sont étayés par des colonnes antiques. Les ruelles forment un charmant labyrinthe entrecoupé de volées de marches, passant sous des arches gothiques et par des passages couverts.
En rentrant, nous nous arrêtons au supermarché Vidalis, des produits Carrefour beaucoup sont français. Une déception comme toujours en Grèce, les produits frais sont beaucoup plus appétissants et moins chers dans les supérettes. On croit gagner du temps et on ne trouve rien de ce qu’on cherche.
Déjeuner sur la terrasse ; Le vent s’est levé. Il n’y a pas de vrais vagues mais l’aspect lisse de la mer et l’impression de sécurité et de facilité s’est estompée. Je me rapproche du bord.