Rhodes: notre maison à Asklipio

notre maison

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Notre maison grecque est plus vaste qu’on ne l’imaginerait du dehors. La salle à manger et ses dépendances : minuscule cuisine et salle d’eau. Une vaste chambre : un large matelas est posé sur une estrade haute cachant des placards, un canapé de l’autre côté d’un coffre en bois. Au fond de la maison il y a même une dernière chambre avec une mezzanine. On pourrait dormir à 6. La dame nous recommande de cuisiner sur le camping gaz( un bleuet antique)
–    « il use moins d’électricité ».
Il y a  une machine à laver le linge mais elle ne s’étend pas sur son fonctionnement. Nous ne découvrirons qu’après son départ le climatiseur et le  ventilo (gourmands en électricité comme les plaques de cuisson).
Notre logeuse propose de nous emmener dans les magasins.
–    « Mais pas maintenant, c’est fermé ! »

une très jolie maison

Une petite arche sépare la salle de séjour de la cuisine. Cinq assiettes de faïence la ponctuent. Dans un coin de la fenêtre trois assiettes de la même série sont accrochées. Leur facture me rappelle la faïence de Quimper. Intriguée, je retourne une assiette, c’est écrit en grec. Un vaisselier bleu contient des assiettes de porcelaine fine.

Sur le buffet, un savant désordre d’objets anciens : une jolie amphore finement rayée une grosse éponge avec une minuscule étoile de mer incrustée, un vieux bougeoir, une calebasse végétale, une corbeille à pain contenant des galets et un fragment de poterie usé par la mer.

Une table ronde de bois ciré clair et une banquette complètent l’ameublement. Des rideaux de coton crochetés habillent les fenêtres, soutenus par de jolies tringles. Le plafond est recouvert de roseaux. Le carrelage,  camaïeu de bruns.

Dans la chambre : une cheminée d’angle. Le dessus du lit est brodé. Si le thème de la décoration de la salle à manger est celui des assiettes, celui de la chambre serait la broderie. Frises de danseuses au point de croix au dessus du lit, frise de fleurs et de fruits sur le bord de la cheminée chemin de table sur le coffre qui sert de table basse.

Le petit supermarché vend de tout. Très peu de fruits. Les pommes, poires et pêches sont aux prix français. Ceux des aubergines, tomates et courgettes ne sont pas affichés; les légumes sont très appétissants.

Nous dînons sur notre terrasse au soleil couchant,  une salade de tomates et feta et un  hamburger.  Nous venons de terminer quand la dame apparaît pour nous emmener faire les courses. Les Grecs n’ont vraiment pas les mêmes horaires que nous ! L’épicerie ferme à 23 heures. La propriétaire est étonnée de nous voir dîner si tôt !
Les étoiles se lèvent. La nuit est belle mais la journée a été longue. A 22h (grecques) nous sommes couchées.

Rhodes : Asklipio première matinée à la plage

 


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lindos

Le jour se lève vers 6h. il fait frais. Notre logeuse arrive à 9 heures . Au coin de la rue,  une autre dame attend. Elle porte le même foulard blanc brodé de perles que celui que j’ai acheté il y a 10 ans à Beyséhir. Elle l’a noué à la paysanne, le front dégagé le nœud devant. Je la complimente. Si nous restons assez longtemps elle me coudra le même. Cela ne s’achète pas dans les magasins. Ces coiffures identiques me font réfléchir à cette obsession que nous avons eu récemment à propos des foulards islamiques. Bien sûr, ls foulards, hidjab, burkas…sont des signes d’une oppression intolérable. Peut être ne faut il pas se crisper sur le foulard. Les jeunes musulmanes en ont fait l’objet d’une provocation identitaire. Mais de quelle identité ? Grecques, roumaines et même italiennes portaient, il n’y a pas si longtemps des fichus pour se protéger du soleil ou de la poussière si elles travaillaient aux champs ou tout simplement pour protéger leur mise en pli. Cette crispation ne viendrait elle pas de la peur de l’autre ?


La dame nous emmène chez Marathon auto. L’agence est toute neuve, c’ests aussi une agence immobilière. Une jolie flotte de petite voiture attend le client. Tout se passe bien. Le règlement se fait encarte Visa. Le prix est même plus bas qu’attendu : 240€ pour 9jours.
La plage toute proche. Plage plate de sable grossier ou de petits galets verts, roses, oranges. Une rangée de parasols, des tavernes de plages très tranquilles ;
La dame nous invite à boire un café dans son cabanon. Nous montons un escalier raide qui mène à une esplanade dallée autour d’une église minuscule


–    « ici, on fait la fête, on danse, on chante, on boit, on mange ».
Les  cabanons sont entourés de jardins. Ils sont bricolés de bric et de broc, caravane et contreplaqué et disparaissent sous les tonnelles de vigne ou de verdure. Une vraie cuisine est installée (avec un bleuet), des chambres avec de nombreux lits.
–    « il manque l’électricité. Le gouvernement ne veut pas nous le donner »


Je crois comprendre que le terrain appartient au domaine public. Je visite le vaste jardin : haricots, tomates, aubergines et pastèques. Il y a aussi de grands arbres : un avocatier, trois orangers des grenadiers, un abricotier, un figuier. Pour l’instant il n’y a pas de fruits : les abricots sont finis et les pommes, oranges, grenades sont encore verts. Le jardin, c’est le domaine de Monsieur Petalas que nous ne connaissons pas. Il est parti arroser ses jeunes oliviers qu’il a plantés et a pris le camion et une citerne. Ils récoltent les olives et font de l’huile mais ne la vendent pas et la gardent pour leur consommation familiale. Ils ont vécu 15 ans au Cameroun où ils étaient commerçants. C’est là qu’ils ont appris le français qu’elle a un peu oublié. Sa copine au foulard blanc a vécu au Canada. Il semble qu’à cette génération de nombreux grecs ont prix le chemin de l’exil.


Nous allons de cabanon en cabanon saluer les voisins qui se joignent à Madame Petalas pour la baignade. Les vieilles dames sont en maillot sous leur tablier et gardent un bob en toile dans l’eau. Ils s’installent sur le gravier tandis que nous prenons deux lits et un parasol.


L’eau est très claire. Avec mon masque, je peux voir quelques poissons. Certains sont colorés de bleu et de jaune. Quelques touffes de posidonies poussent ça et là. Je retrouve le plaisir d’économiser mes gestes pour ne pas effrayer les poissons et rester plus longtemps immergée. La température est très agréable. Avec le vent on ne sent pas la chaleur. Nous restons jusqu’à 13H30  installées à la taverne : souvlakis (2€) et calamars (7€).

Rhodes : Asklipio – aquarelle

 

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Nous essayons d’imiter les Grecs et de faire la sieste. Je dors profondément une bonne heure. A 16h, il n’y a pas d’ombre dans la cour. Il faut donc rester à l’intérieur. Je sors les aquarelles. Comment peindre le village blanc? Maisons blanches entassées en amphithéâtre. Cubes et terrasses chaulés. Peu de végétation. Comment faire apparaître tous ces volumes blancs sur la feuille à dessin ? L’encadrement de la porte vert foncé me sert de cadre, la porte bleu marine, la luxuriante touffe de lys tigrés occupe une grande partie du champ. Le store à larges bandes bleues relevé en draperie sort de la feuille et va occuper une partie de la page de droite. La cour rouge sang, le fer forgé bleu de la grille et du garde-fou de la terrasse en face. Dommage que le bougainvillier ne soit pas en fleur. Trois branches graciles traversent le champ. J’aurais pu les imaginer rose ou mauves ! Finalement l’aquarelle est très colorée. Quand j’ai terminé les chauffe-eau métalliques au dessus des capteurs gris, il reste bien peu de blanc dans le carnet !

Rhodes : le kastro d’Asklipio

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Avec la fraîcheur du soir, nous montons au kastro, la forteresse élevée au 15ème siècle par les Chevaliers hospitaliers au sommet du village. Gardienne hiératique, une grande chèvre blanche aux cornes enroulées est installée sur le chemin de ronde et nous regarde de haut. Le sentier s’élève dans les pistachiers à mastic taillés en petits arbustes. La sauge odorante a des feuilles charnues bleu-gris. Il y a aussi toute une collection de chardons : des bleus aux grosses boules un peu passées, des verts aux motifs compliqués, d’autres secs. Nous passons une belle arche pour pénétrer dans la cour : c’est le domaine des chèvres de tout poil : noires, fauves, grises…Certaines, curieuses, lèvent vers nous de grands yeux aux pupilles fendues horizontalement.


La cloche appelle les villageois aux liturgies. Il règne une grande animation au village. Beaucoup de jeunes, d’enfants que nous n’avons pas vus la veilles. Les enfants de notre logeuse sont venus pour le week end et nous partager devons la courette. Heureusement nos horaires sont décelés. De cours en terrasse les enfants courent, les gens s’interpellent. Par deux fois, je monte sur la place pleine de voitures où il ne se passe rien de spécial. Dans la cour de l’école, les enfants jouent, surveillés par leurs mères. Sur la place devant la superette, les vieilles dames ont apporté leurs chaises. Au micro, on entend des annonces en grec que je ne comprends pas.

Rhodes : port

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Nous voyons les bateaux d’excursion pour Symi et Tilos puis les quartiers mussoliniens du temps où Rhodes était italienne et où les Italiens avaient adopté cette architecture lourde et ennuyeuse avec la Poste, l’Hôtel de Ville, la Gare . Toujours italienne mais plus légère, de style vénitien, la Capitainerie. Sur des arcades grises découpées en ogive repose un bâtiment bicolore rose et blanc qui n’est pas désagréable à l’œil. Au bout de la place une coupole turque : c’est une boîte de nuit. Plus discrète, cachée dans la verdure, la mosquée de Murat Reis. Sur un terre-plein, imitant les antiques, on a érigé un monument aux héros de l’Indépendance grecque. Ce mélange est un condensé de l’histoire récente de Rhodes qui n’est grecque que depuis 1945.

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Incontournables: les colonnes portant une biche à l’emplacement du fameux Colosse de Rhodes, gardant le petit port Mandraki – dans l’Antiquité, le port de guerre. En face, trois moulins sont posés sur la digue.

Rhodes : la rue des Chevaliers

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Nous garons la voiture près de la Porte Arnaldo au pied des remparts. Comme c’est dimanche, c’est gratuit. A quelques pas de la porte nous trouvons la Place du Musée Archéologique installé dans l’ancien Hôpital des Chevaliers et en face l’Auberge de la Langue d’Angleterre.
Les Auberges avaient  pour vocation de réunir les chevaliers parlant la même langue. Au 15ème siècle, les nations n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. L’auberge de la Langue d’Espagne réunissait les chevaliers espagnols mais aussi les catalans, les portugais tandis qu’il y avait une Auberge d’auvergne et une autre de Provence. Elles sont toutes construites dans le Collochium et bordent pour la plupart une longue rue que nous remontons dans le calme du matin. L’Auberge de la Langue de France est la plus spectaculaire avec ses gargouilles à gueules de crocodile ;le Grand maître Dieudonné de Coujon avait tué un de ces sauriens, échappé d’un bateau et qui terrorisait la ville. A proximité, dans une niche, une vierge à l’enfant précède une jolie chapelle à coupole byzantine. Plus haut on voit la maison du chapelain avec les armoiries gravées dans une croix en creux. Il faudrait de bonne notion de hieraldique pour lire l’histoire de la chevalerie racontée par ces blasons. En face, dans les jardins de la Maison de Villaragut, une très jolie fontaine turque est mise en valeur par de beaux feuillages. Une grille aux gracieuses volutes de fer forgé sépare le jardin de la rue. La serrure en forme de croix  permet une très jolie photo. Encore plus haut se trouve une autre fontaine ottomane en marbre blanc, sur le trottoir. Dans cette rue très européenne, la marque ottomane se résume aux fontaines. Ce n’est pas rien ! La chaussée est pavée de petits galets blancs et noirs plantés verticalement mais les trottoirs sont dallés de belles pierres lisses plus agréables sous nos pas. On passe sous l’arche reliant l’Auberge d’Espagne à celle de Provence. En haut une arche monumentale domine la rue : la Loge saint Jean, reliant la grande église Saint Jean qui n’existe plus, à l’énorme Palais des Maîtres.

 

 

Rhodes: basilique saint jean, mosquée… palimpseste

 

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Ici, je retrouve aussi un palimpseste, trace des anciens occupants. L’Eglise Saint Jean a disparu mais ses fondations ont été dégagées par les archéologues. Au dessus des fouilles on voit un bâtiment de style grec classique qui abritait une école portant un e inscription en Turc mais écrit en lettres arabes. Tout à côté la belle mosquée de Souleymane voisine avec la tour de l’Horloge (1852) qui ressemble à un campanile qu’on a  affublé de chevalier en armures récemment (les statues sont modernes). Un peu plus loin, la belle porte ouvragée est celle de la bibliothèque musulmane.

Rhodes: Palais des Maîtres des chevaliers Hospitaliers

palais des Maitres chevaliers Hospitaliers

 

 

La visite du Palais des Maîtres exige de l’énergie et beaucoup de concentration. La Palais est immense et les collections très riches.

Cet édifice a été restauré par les Italiens : une plaque commémore le Roi Emmanuel III, Roi d’Albanie, empereur d’Ethiopie et son ministre Benito Mussolini. Je n’avais encore jamais vu de commémoration de Mussolini!


En entrant dans l’énorme cour de la forteresse, on voit sous les arcades, des Romains. Les statues sont-elles d’origine ou correspondent elles à l’esprit mussolinien qui a présidé à la restauration ?

Cette forteresse devait servir d’abri à toute la population de la citadelle ce qui explique cette taille énorme ; On comprend que les Italiens aient relevé ce palais de dimensions gigantesques. L’escalier de marbre gris qui mène à l’étage est encore plus haut que celui du Palais Pitti.

Au rez de chaussée, une  belle exposition sur l’Antiquité à Rhodes. Je m’attache à observer le moindre détail sur chaque poterie. Si bien qu’à la sortie de l’exposition, j’ai déjà épuisé une bonne partie de mon stock de patience.
Je passe ensuite devant les salles de l’histoire byzantine avec des fresques et de belles icônes. Les vitrines témoignant de la vocation commerciale de Rhodes, présentent des céramiques syriennes et des faïences italiennes.

Quand arrive le tour des mosaïques romaines ornant les grandes salles du premier étage, je suis déjà complètement blasée et je parcours au pas de charge ces salles gigantesques aux plafonds de boiseries et aux pavements remarquables.
A vrai dire, je ne remarque plus rien, je suis saturée !

Rhodes : rues et places charmantes, musée byzantin

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Quand nous redescendons la rue des Chevaliers, je m’attache plus aux bougainvilliers  rose thyrien ou en mélange de fleurs violettes orange et rouges qu’aux blasons. Les ruelles ont un charme paisible qui repose des musées.

Ne cherchant plus rien, nous trouvons des places charmantes : la Place de Symi et son temple d’Aphrodite bien en ruine, la Place d’Argyrocastro avec l’auberge d’Auvergne. Au centre de cette dernière place se trouve une bien jolie fontaine – un ancien baptistère chrétien du VIème siècle – avec un jet d’eau. Les touristes se succèdent pour s’y faire photographier.

place Argyrokastro

Devant le Musée d’Arts décoratif se trouvent deux bancs à l’ombre. Nous avons eu bien tort de nous y arrêter. Un pigeon bien gras nous a couvert de fiente. Horreur ! Dans une petite loggia je découvre une plaque de marbre représentant un curieux sablier. Dans le coin opposé, une cour avec de la verdure, de noirs cyprès….

Entre l’Auberge d’Auvergne et l’Eglise transformée en Musée byzantin, se trouve encore une autre cour ombragée, fraîche ; c’est là que nous mangeons un gyropita acheté rue Socratous et une glace menthe chocolat.

Le Musée Byzantin est installé dans une très belle église : Sainte Marie du Château .Construite au 11ème siècle, sur le plan de la croix grecque elle devint la cathédrale catholique romaine puis fut transformée en mosquée .On y a installé des fresques provenant d’autres églises. Elles paraissent un peu rapportées. Je suis un peu déçue .

Rhodes : musée des arts décoratifs

assiette iznik

 

Le Musée des Arts Décoratifs place Argyrocastro m’a enchantée.   Décoration d’assiettes, de boiseries de tenture reconstituant un intérieur traditionnel rhodien. Je retrouve les éléments décoratifs de notre gîte : les assiettes colorées suspendues aux murs. Les plus belles viennent d’Iznik qu’on appelle ici Nicée. Je connaissais le concile de Nicée et la céramique d’Iznik mais je n’avais jamais rapproché ces deux noms d’une seule ville. Les broderies rappellent aussi la décoration de notre chambre à Asklipio. Evidemment celles du musée sont magnifiques. On présente aussi des bois ciselés finement ou des panneaux peints en rouge avec des personnages naïfs orientaux avec turbans et pantalons bouffant comme sur les miniatures.