lindos
Le jour se lève vers 6h. il fait frais. Notre logeuse arrive à 9 heures . Au coin de la rue, une autre dame attend. Elle porte le même foulard blanc brodé de perles que celui que j’ai acheté il y a 10 ans à Beyséhir. Elle l’a noué à la paysanne, le front dégagé le nœud devant. Je la complimente. Si nous restons assez longtemps elle me coudra le même. Cela ne s’achète pas dans les magasins. Ces coiffures identiques me font réfléchir à cette obsession que nous avons eu récemment à propos des foulards islamiques. Bien sûr, ls foulards, hidjab, burkas…sont des signes d’une oppression intolérable. Peut être ne faut il pas se crisper sur le foulard. Les jeunes musulmanes en ont fait l’objet d’une provocation identitaire. Mais de quelle identité ? Grecques, roumaines et même italiennes portaient, il n’y a pas si longtemps des fichus pour se protéger du soleil ou de la poussière si elles travaillaient aux champs ou tout simplement pour protéger leur mise en pli. Cette crispation ne viendrait elle pas de la peur de l’autre ?
La dame nous emmène chez Marathon auto. L’agence est toute neuve, c’ests aussi une agence immobilière. Une jolie flotte de petite voiture attend le client. Tout se passe bien. Le règlement se fait encarte Visa. Le prix est même plus bas qu’attendu : 240€ pour 9jours.
La plage toute proche. Plage plate de sable grossier ou de petits galets verts, roses, oranges. Une rangée de parasols, des tavernes de plages très tranquilles ;
La dame nous invite à boire un café dans son cabanon. Nous montons un escalier raide qui mène à une esplanade dallée autour d’une église minuscule
– « ici, on fait la fête, on danse, on chante, on boit, on mange ».
Les cabanons sont entourés de jardins. Ils sont bricolés de bric et de broc, caravane et contreplaqué et disparaissent sous les tonnelles de vigne ou de verdure. Une vraie cuisine est installée (avec un bleuet), des chambres avec de nombreux lits.
– « il manque l’électricité. Le gouvernement ne veut pas nous le donner »
Je crois comprendre que le terrain appartient au domaine public. Je visite le vaste jardin : haricots, tomates, aubergines et pastèques. Il y a aussi de grands arbres : un avocatier, trois orangers des grenadiers, un abricotier, un figuier. Pour l’instant il n’y a pas de fruits : les abricots sont finis et les pommes, oranges, grenades sont encore verts. Le jardin, c’est le domaine de Monsieur Petalas que nous ne connaissons pas. Il est parti arroser ses jeunes oliviers qu’il a plantés et a pris le camion et une citerne. Ils récoltent les olives et font de l’huile mais ne la vendent pas et la gardent pour leur consommation familiale. Ils ont vécu 15 ans au Cameroun où ils étaient commerçants. C’est là qu’ils ont appris le français qu’elle a un peu oublié. Sa copine au foulard blanc a vécu au Canada. Il semble qu’à cette génération de nombreux grecs ont prix le chemin de l’exil.
Nous allons de cabanon en cabanon saluer les voisins qui se joignent à Madame Petalas pour la baignade. Les vieilles dames sont en maillot sous leur tablier et gardent un bob en toile dans l’eau. Ils s’installent sur le gravier tandis que nous prenons deux lits et un parasol.
L’eau est très claire. Avec mon masque, je peux voir quelques poissons. Certains sont colorés de bleu et de jaune. Quelques touffes de posidonies poussent ça et là. Je retrouve le plaisir d’économiser mes gestes pour ne pas effrayer les poissons et rester plus longtemps immergée. La température est très agréable. Avec le vent on ne sent pas la chaleur. Nous restons jusqu’à 13H30 installées à la taverne : souvlakis (2€) et calamars (7€).