Le Procès – Kafka

LES LETTRES ALLEMANDES 

D’abord l’homme libre est supérieur à l’homme lié. Or, l’homme qui est venu est libre, il peut aller où il lui
plaît ; il n’y a que l’entrée de la Loi qui lui soit défendue, et encore par une seule personne, celle du gardien. S’il
s’assied à côté de la porte et passe sa vie à cet endroit, il le fait volontairement ; l’histoire ne mentionne pas qu’il
y ait jamais été contraint. Le gardien, par contre, est lié à son poste par son devoir …

Garouste Kafka

Adolescente, je m’étais enthousiasmée pour Kafka dont j’avais lu, bien sûr, La Métamorphose. J‘avais vu une adaptation théâtrale du Procès à l’Odéon en tchèque ou en polonais, surtitrée (que je n’arrive pas à retrouver sur Internet) que je n’avais pas bien comprise alors mais qui m’avait beaucoup marquée. Il n’est pas toujours évident de revisiter des souvenirs d’adolescente… 50 ans plus tard, l’enthousiasme ne m’est pas revenu et je me suis un peu perdue au long de ces interminables démarches auprès de personnage souvent cocasses mais aussi sinistres. 

« On avait sûrement calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin. »

[…]

Quand on est arrêté comme un voleur, c’est grave, tandis que votre arrestation… elle me fait l’impression de quelque chose de savant – excusez-moi si je dis des bêtises – elle me fait l’impression de quelque chose de
savant que je ne comprends pas, c’est vrai, mais qu’on n’est pas non plus obligé de comprendre.

J’ai été vérifié la date : paru en 1925, roman posthume, Franz Kafka est décédé en 1924. Roman prémonitoire? Kafka évidemment ne pouvait pas imaginer les procès de Prague, ni les bureaucraties nazies. Un siècle (ou presque) plus tard, la coïncidence est frappante. Ou peut être ces bureaucraties étaient les héritières de empires Austro-Hongrois.

Les archives de la justice se trouvaient donc dans le grenier de cette caserne de rapport ! Ce n’était pas une
installation de nature à inspirer grand respect et rien ne pouvait mieux rassurer un accusé que de voir le peu
d’argent dont disposait cette justice qui était obligée de loger ses archives à l’endroit où les locataires de la
maison, pauvres déjà parmi les pauvres, jetaient le rebut de leurs objets.

Joseph K. a eu notification de son arrestation mais il reste libre de travailler dans sa banque où il est chargé de pouvoir. Cependant toute son énergie et sa capacité de travail seront  consacrées  à son procès, à se justifier sans savoir de quoi, à écrire des requêtes. Cela fait étrangement penser à ces confessions que rédigeront des décennies plus tard des accusés des procès staliniens. Libre dans la ville, il est obsédé par les démarches juridiques. Kafka nous fait ressentir l’absurdité de ces démarches auprès d’institutions d’autant plus absurdes.

Grotesques ces juges, ces tribunaux cachés dans de minables faubourgs alors que la Loi devrait inspirer le respect!

Avocats, étranges parasites de cette justice, jusqu’à la cathédrale est contaminée. Etrange comportement des femmes que Joseph K rencontre et qui, par compassion ou par intérêt se jettent dans ses bras. Pourtant on ne peut pas le soupçonner de misogynie d’après le récit de sa vie que j’ai écouté sur des podcasts de France Culture récemment. Felice, Milena, Dora, Ottla : quatre femmes avec Kafka  clic

Même si j’ai trouvé des longueurs – peut être faites exprès – j’ai trouvé toutes les réflexions passionnantes.

Le Turbulent Destin de Jacob Obertin – Catalin Dorian Florescu – Le Seuil

LES FEUILLES ALLEMANDES

 Catalin Dorian Florescu, est un écrivain suisse, de langue allemande,  d’origine roumaine, né à Timişoara  (1957).

Le roman, 381 pages, est la saga de la famille Obertin (ou Aubertin) originaire de Lorraine et établie dans le Banat – région de Timişoara. Le  roman historique commence  en 1635 à  avec la Guerre de Trente ans  quand Caspar, mercenaire aussi bien du côté des Suédois que des Impériaux, rentre dans son village en Lorraine.

allaient dans une région dont Frédéric n’avait jamais entendu parler et où le Saint Empire avait énormément de terres mais trop peu de gens. Les nouveaux arrivants étaient donc exemptés d’impôts pendant trois ans. Ils
recevaient en bail une ferme et une terre, ainsi qu’une avance de bêtes et d’outils, afin de survivre aux premiers temps. 

Il se poursuit avec l’installation des colons dans le Banat à l’appel de Marie-Thérèse d’Autriche (1717 – 1780) désireuse de peupler les régions marécageuses et dépeuplées  non  loin des frontières de l’empire Ottoman. Embarqué sur le Danube à Ulm, Frederick Obertin tente sa chance de devenir paysan propriétaire. Intelligent, entreprenant, il prend la tête d’un groupe de colons et sera reconnu comme le fondateur du village de Treibwetter. 

Vous savez tous qui je suis. Vous avez trop souvent détourné le regard pour ne pas le savoir très exactement. Je suis celui qui est arrivé ici il y a un peu plus d’un an et demi par le plus grand orage que vous ayez jamais connu, et qui a d’abord trouvé refuge chez Neper. Je suis aussi celui qui travaille depuis tout ce temps chez les Obertin, et vous le savez sûrement aussi : vous avez trop souvent craché en nous voyant ensemble.

La famille Obertin va s’enrichir avec le voyage en Amérique d’Elsa  au début du XXème siècle. Ils deviendront donc de riches propriétaires jalousés de leurs voisins. Jakob, surgi de nulle part, hardi et entreprenant s’impose comme prétendant d’Elsa et consolide la fortune, employant de nombreux ouvriers, souvent des Tziganes, et devient un riche commerçant. Son fils Jacob de santé fragile ne peut pas prétendre à la succession de la ferme et des affaires….

Village saxon en Roumanie

Les Souabes  de Roumanie forment une population germanophone qui se laisse entraîner à la suite d’Hitler dans la Guerre mondiale. Le sort des Juifs est à peine abordé : une couturière et la boulangère juives disparaissent sans que l’auteur ne s’y attarde. En revanche, les Tziganes, nombreux  sont déportés, chassés par la population. Le curé dénonce la famille serbe, exécutée sur place.

L‘arrivée de l’Armée Russe donne lieu à une nouvelle déportation, celle de tous les jeunes germanophones en Sibérie. Puis l’installation des Communistes est la ruine de tous les propriétaires allemands. Certains Souabes se souviennent de leurs origines lorraines et tentent de retourner en Lorraine mais les Obertin ne sont pas du voyage.

Les diables alors mirent en place douze postes de douane. Pour aller voir Dieu, il fallait d’abord passer par ces postes et corrompre les diables : toute âme morte devait se présenter douze fois à eux et douze fois les convaincre, les séduire. L’âme devait faire douze fois ses preuves, sinon les diables la récupéraient. C’était leur vengeance contre Dieu.

Le Turbulent Destin de Jacob Obertin n’est pas seulement un passionnant roman historique, c’est aussi un roman d’aventures. L’écriture originale  entraîne le lecteur dans les tempêtes, orages et diableries des Tziganes avec  les récits de Ramina, la guérisseuse, un peu sorcière. Le lecteur est bousculé par une chronologie fantaisiste avec des retours en arrière inopinés, bousculé aussi par des invraisemblances et des mensonges. J’ai pris grand plaisir à lire ce roman parfois déjanté. 

Lire également l’avis du blog Si on bouquinait.

 

La Treizième tribu : l’empire khazar et son héritage – Arthur Koestler

KHAZARIE

Récemment, j’ai lu La mort du Khazar Rouge de Shlomo Sands un polar où il est question de l’identité juive et des Khazars, j’ai voulu en savoir plus sur les Khazars. Emmanuel Ruben, Sur la route du Danube raconte qu’il a visité un cimetière khazar à Celarovo (Serbie), il cite Le Dictionnaire khazar de Milorad Pavic. J’ai téléchargé la Treizième Tribu de Koestler en anglais et j’ai beaucoup appris sur les Khazars.

 

La Treizième tribu, l’Empire Khazar et son Héritage est un livre de 181 pages, annexes comprises. Sa première publication date de 1976. Il est composé de deux parties : L’essor et la chute des Khazars et l’Héritage.

Khazarie et voisins trouvé sur wikipedia

Qui étaient les Khazars? C’est un peuple d’origine turque, semi-nomade,  venant de l’est, comme avant eux les Huns, Bulgares? Hongrois ou Pechnègues. Leur domaine s’est étendu entre la Mer Noire et la Caspienne, du Caucase à la Volga. Ils sont venus avec leurs yourtes, puis ont construit des palais. Leur capitale Itil se situait dans le delta de la Volga; pour contrer les incursions des Vikings (Rus) ils édifièrent la forteresse de Sarkel près de Tsimliansk (Rostov-sur-le-Don).  Après avoir combattu les Arabes au 7ème siècle, le Royaume Khazar  servait à l’équilibre géopolitique entre l’empire Byzantin chrétien et les califes musulmans. Situé au carrefour des routes commerciales (Est-Ouest sur la Route de la Soie) et nord Sud, par la Volga et le Don entre la Baltique et Constantinople, le royaume Khazar vivait du commerce en prélevant des taxes de passage sur les marchandises qui circulaient.

la conversion

Selon la légende, en 740, le Kagan Bulan, aurait vu un ange dans son sommeil lui enjoignant de se convertir ….mais quelle religion  choisir?  Il fait venir des représentants des trois grandes religions monothéistes pour une grande controverse. Le choix est peut être plus politique que philosophique, garantissant l’indépendance du royaume entre l’Islam et le christianisme byzantin. Le judaïsme était bien connu des Khazars : des Juifs de Bagdad fuyant des persécutions auraient rejoint la Khazarie.

Koestler se réfère aux textes connus, relation d’Ibn Fadlan, mais aussi correspondance entre un Juif de Cordoue, textes byzantins. C’est vraiment un essai historique loin du roman historique. un important corpus de notes et références dans les annexes montre le sérieux de cette étude. .

L’empire Khazar atteindra son apogée à la fin du VIIIème siècle, vers le milieu du IXème siècle le Kagan demanda l’aide des byzantin pour construire la forteresse de Sarkel destinée à contenir les incursions des Vikings ou Rus. Constantinople se servait du royaume Khazar comme bouclier protecteur contre les navires Vikings comme aux siècles précédents contre la bannière verte du Prophète. Une alliance entre les Khazar et les Magyars confortait la position du Kagan.

Toutefois, au tournant du millénaire , l’annexion en 862 de Kiev par les Rus, les guerres et les alliances entre Constantinople et les Vikings/Rus puis le baptême de la Princesse Olga de Kiev en 957 annoncent le rapprochement entre les deux puissances au détriment des Khazars. Vladimir occupa Cherson  en 987 sans même une protestation byzantine. La destruction de Sarkel en 985 marqua la fin de la puissance Khazar. Les hordes mongoles de Gengis Khan au début du XIIIème siècle puis la peste Noire 1347-8 signent la chute de l’empire Khazar.

L’héritage

Avec la destruction de leur état, plusieurs tribus Khazar se joignirent aux magyiars en Hongrie, certains ont combattu en Dalmatie en 1154 dans l’armée hongroise. La diaspora khazar suivit la migration vers l’Ouest des Magyars, Bulgares de la Volga,  Kumans, etc…La formation du Royaume de Pologne se fit au moment du déclin de l’empire Khazar 965. les immigrants khazar furent les bienvenus en Pologne et en Lituanie, de même que les Allemands qui apportèrent leur savoir-faire. parmi ces population s’installèrent aussi les Karaïtes, une secte juive fondamentaliste emmenés comme  prisonniers de guerre en 1388. Koestler montre l’apport démographique  considérable formant d’après lui le noyau de la communauté juive eshkenaze. Tandis que le féodalisme polonais a graduellement transformé les paysans polonais en serfs la communauté khazare surtout urbaine a formé un réseau d’artisans, marchands de bestiaux, cochers, tailleurs, bouchers… caractéristiques du Shtetl. Selon Koestler, la construction de charrettes, la profession de cocher spécifique des communautés juives aurait une origine khazar rappelant les peuplades semi-nomades qui utilisaient des chariots tiré par des bœufs ou des chevaux.

L’usage du yiddisch proche de l’Allemand conduit à penser que les juifs polonais ou russes seraient venus de Rhénanie et d’Allemagne. Après une grande digression sur l’historique des communautés juives d’Europe de l’Ouest Koestler soutient que ces migrations à la suite des persécutions pendant les Croisades et après la Grande Peste ne marquent  pas de déplacement en masse et que l’usage du yiddisch pourrait avoir une autre origine, linga franca dans tout ce domaine parce que les Allemands formaient une population éduquée qui influençait les juifs du shtetl.

S’en suit ensuite une longue étude pour prouver qu’il n’existe pas de fondement scientifique à l’existence d’une race juive. Etude fastidieuse des caractères comme la forme du nez, la taille, ou les groupes sanguins. Comme, depuis longtemps, le concept de race n’est plus scientifiquement fondé, je ne m’attarde pas sur cette partie du livre.

Cette idée que les Juifs Ashkénaze auraient des origines turques et  asiatiques complètement distinctes des origines de la Diaspora venant de Palestine après la Destruction du Temple perturbe certaines traditions et certaines notions comme celle de « Peuple élu » et se trouve à la base du roman de Sand La mort du Khazar Rouge. 

Je serais curieuse de lire ce que Marek Halter a écrit

Dans mes recherches sur Internet j’ai eu la très désagréable surprise de trouver que les Khazars avaient inspiré antisémites et conspirationnistes qui ont imaginé des conspirations khazares impliquant Rothschild ou même Soros. Evidemment j’ai prudemment refusé d’aller plus loin et de cliquer sur les vidéos ou les liens de peur d’importer de très nauséabonds cookies.

Mendelssohn est sur le Toit – Jiri Weil

LITTERATURE D’EUROPE DE L’EST – TCHEQUIE

« Téléphonez à la mairie, tout de suite, quelqu’un doit bien y être de service. C’est une négligence inadmissible, inouïe, pire que la trahison. Mendelssohn est sur le toit ! »

Prague, 1942. La Tchécoslovaquie est un Protectorat nazi, le Protecteur, Reinhard Heydrich, promoteur de la Solution Finale règne. Contrairement aux brutes incultes de la Gestapo et des SS, Heydrich est cultivé et apprécie la musique. La présence de la statue de Mendelssohn sur le toit de l’opéra de la ville lui est intolérable, il faut la déboulonner d’urgence.

« Là-haut, sur le toit, il s’agissait d’autre chose. D’une statue. D’une statue juive. Déboulonner la statue d’un
compositeur juif, ce n’était pas un péché, la statue n’allait pas se plaindre au jour du Jugement. Eh ! les voies de
Dieu sont insondables. Même une statue pouvait se faire l’instrument de sa vengeance, il avait vu ça une fois
dans un opéra. »

C’est à Prague que fut créé le Don Giovanni de Mozart le 29 Octobre 1787 et il est bien question de statue. La statue du Commandeur interviendra-t-elle? Il sera souvent question de statues dans le roman de Jiri Weil, statue de la Justice qui indisposera la responsable du magasin-entrepôt des biens des Juifs spoliés, statue d’un ange contenant un cochon du marché noir…

Burlesque comique des statues dans un contexte de tragédie. Malgré la situation de l’occupation, malgré la menace pesante de la déportation vers l’Est, on sourit et même on rit quand les ignorants commencent à déboulonner Wagner (puisque c’est celui qui a le plus long nez, caractéristique du Juif dans l’imaginaire populaire), comique amer quand on demande au rabbin d’identifier Mendelssohn, alors que les images sculptées sont interdite dans sa vision rigoriste de la religion et qu’à son idée le compositeur baptisé n’est même pas juif!

Faites encore une fois le tour et regardez bien les nez. La statue qui a le plus grand nez, ce sera le Juif. »

Penauds, les deux agents lâchèrent la corde, laissant le nœud pendant au cou de Richard Wagner.

L’histoire de la statue met en évidence la brutalité, la bêtise des occupants et des collaborateurs., la terreur que Heydrich fait régner. Nous allons suivre dans ce roman le destin des personnages, juifs ou pas qui ont approché cette statue.

Cet épisode n’est que l’ouverture du roman qui raconte aussi les prémisses de la Solution Finale avec Theresienstadt – la ville-forteresse où sont enfermés les Juifs tchèques en attente d’une déportation dans les camps d’extermination. Jiri Weil met en scène différents personnages, des Juifs menacés, ou qui se cachent,  des collaborateurs, des résistants, des braves types envoyés en Allemagne…Personnages dérisoires à côté du destin, souvent sympathiques, toujours émouvants. 

Jiri Weil raconte l’attentat dont Heydrich a été victime, vengeance de la statue du Commandeur. Il raconte aussi le Musée juif rassemblant les objets de culte pillés dans les synagogues. C’est dans ce musée que l’auteur a passé la guerre et a réussi à échapper à la déportation. Commencé à la fin de la Guerre, le roman a subi la censure et certains épisodes ont été remplacés par d’autres plus conformes à l’idéologie communiste en insistant davantage sur le rôle de l’Armée Rouge et de la résistance. Cette nouvelle édition du nouvel Attila présente un chapitre censuré pour notre plus grand plaisir.

Lu dans le Mois de la Littérature de l’Europe de l’Est et chroniqué également par Kathel (Lettres Exprès) et par Patrice (et si on bouquinait?)

Plaklenica

MITTELEUROPA – un mois à travers l’AUTRICHE

12 km plus loin vers le nord, à Starigrad, se trouve l’entrée du Parc National de Paklenica.
Entrée payante, 30 Kunas, parking 2 km plus loin dans une vallée très profonde entaillant la montagne.

un canyon entre de hautes falaises

Nous marchons ensuite dans un canyon entre de très hautes falaises. Des voies d’escalades sont aménagées et les grimpeurs sont nombreux.
A 8h il fait encore frais, le sentier est bien aménagé mais il commence très raide par des marches glissantes (Il faudra marcher avec précaution au retour). Cette rampe s’élève dans une vallée sèche. Bientôt la végétation devient dense d’Elat mastic(pistachiers lentisque), de charmes, noisetiers, hêtres et figuiers. Cette forêt est inattendue. Quand on regarde de la mer, les montagnes sont pelées couvertes d’un maquis ras. Les crêtes déchiquetées en calcaire nu.
Le sentier devient plus large, bien entretenu en petits cailloux avec des fontaines. Nous suivons un petit torrent.

La grotte

Un écriteau indique la grotte à 40 minutes.
Dominique reste. Je grimpe le sentier en lacets large d’une soixantaines de cm, en pente pas trop raide, dans une forêt clairsemée,  ombragée à cette heure matinale. Je fonce pour respecter le minutage. La grotte est aménagée pour la visite. Nous descendons l’équivalent de cinq étages dans une salle immense avec de très belles draperies.
Dominique qui a attendu 1h45 et vu passer des dizaines de randonneurs commence à s’impatienter.

Le ruisseau
La promenade continue le loin du ruisseau à l’ombre. Nous déjeunons les pieds dans l’eau près d’une maison forestière puis rentrons dans la chaleur de l’après midi.
Après-midi à la plage de Rovaniska
Plage  chez nous, très calme nous sommes seules. Des vieilles arrivent vers 17h30.

courses à Starigrad

Nous retournons à Starigrad changer de l’argent à la banque et visitons les supermarchés. Il y a pourtant plusieurs campings, mais nous ne trouvons rien à notre goût. Il faut croire que les campeurs ne mangent que des saucisses et du saucisson. Rien de bien appétissant ! On se contentera de spaghettis.
Nous terminons la soirée par la traditionnelle passeggiatta sur le remblais. Comme c’est le week end, c’est très animé et le vendeur de glaces ne chôme pas.

 

Pecs

MITTELEUROPA : UN MOIS A TRAVERS L’AUTRICHE, LA HONGRIE ET LA CROATIE

Pecs place Szechenyi

Départ avec pertes et fracas!

Nous quittons avec soulagement Bugac après avoir payé les pots cassés ; en l’occurrence la tablette en verre du cabinet de toilette. Dominique, en se relevant des cabinets a heurté avec sa tête le verre qui s’est brisé avec fracas, sans compter la chasse d’eau qui ne chassait rien. La voilà en fort mauvaise posture, le pantalon baissé, maintenant d’une main le verre cassé, de l’autre le robinet. Plutôt la débandade !

Vers le sud

Route vers le Sud sous une pluie battante, traversant des villages très fleuris. Les Hongrois fleurissent la rue de grosses plates-bandes d’œillets d’Inde, de cannas rouges, de buissons d’althaeas roses ou mauves. Les murs peints en jaune (comme à Schönbrunn) donnent l’illusion de lumière sous le ciel plombé.

Nous rejoignons le Danube par des régions de vergers de pommiers et de pêchers, parfois de la vigne et d’immenses parcelles de maïs avec des rangées étiquetées. Qu’expérimente-t-on des semences, des insecticides, des engrais, des OGM ?

Après Baja (sous la pluie, aucun intérêt) nous traversons le Danube sur un pont métallique, le train passe entre les deux voies de voitures. Le paysage devient plus vallonné, des tournesols occupent des collines entières. Puis, vigne, plantée dans le sens de la pente au dessus des grosses maisons des vignerons. L’habitat devient plus dense. Après Mohács les panneaux sont bilingues voire trilingue en Hongrois, Allemand et Croate. Le relief s’accentue encore quand nous arrivons à Pecs.

Pecs

Pecs

Nous avisons une pension avec une curieuse enseigne : un grand panier d’osier peint en jaune – un berceau ? – Nous partageons le parking avec la synagogue toute proche, pour 7500ft il y a la télé un ventilateur, un minibar, le réceptionniste monte tout notre barda, on s’installe, il remonte s’excuser, cette chambre a été réservée, nous irons à l’annexe : pour 4500 ft nous avons une grande chambre avec une cuisine et une salle d’eau.

Vers midi, la pluie a cessé.  Notre hôtel est central, inutile de bouger la voiture.  En face de la synagogue, la place est bordée de très jolies maisons décorées avec des vitrines vieillottes, il fait beaucoup trop gris pour des photos. Plus loin, la Poste : un magnifique bâtiment Sécession avec des tuiles vernissées orange et jaunes.

Pecs : Poste

Nous montons une rue étroite aux façades intéressantes et débouchons sur la Place Széchenyi dominée par la Mosquée en pierre de taille surmontée d’une coupole verte –très turque- sauf que le croissant est surmonté de la croix.
D’autres maisons sont remarquables: un immeuble décoré de majolique, Mc Do occupe le rez de chaussée d’un magnifique immeuble 1900 tout en stuc et guirlandes, c’est d’ailleurs courant en Hongrie qu’il s’installe dans des lieux classés. Sur la place, peu d’endroit où se restaurer à bon marché, on ira pour une fois à MC Do, ce n’est pas très hongrois mais c’est sans surprise.
La mosquée transformée en église,  garde son caractère. Nous montons ensuite des petites rues tranquilles avec des maisons aux façades peintes.

Comme c’est lundi tous les musées sont fermés, heureusement, il reste les édifices religieux.  Comme ils ne manquent pas, voici le lundi le deuxième jour du Seigneur.

La cathédrale Szent Peter est très bien située sur une place pavée très en pente prolongée par un jardin planté de marronniers fournis. C’est une basilique romane imposante avec 4 tours au 4 angles d’une triple nef. Je la trouve trop grande pour avoir le charme des basiliques romanes. La grille du porche est moderne et originale, elle représente deux pieds de vigne. Lorsqu’on entre, comme à Budapest, on est surpris par l’ornementation. Le plafond à caisson représente divers personnages curieusement à l’envers pour les fidèles. De grandes fresques ont été peintes au XIXème siècle trop grandes, trop majestueuses, le reste de l’intérieur est couvert de motifs géométriques, on dirait du papier peint. Nous n’avons pas l’habitude des églises peintes. J’ai beau me dire qu’au Moyen âge, elles étaient ainsi décorées cela me choque un peu..  J’ai besoin de la patine, de l’idée du temps qui est passé qui a érodé les statues, fané les fresques, n’a laissé que l’essentiel, a gommé toute l’agressivité d’une église catholique dans toute sa splendeur qui me fait un peu peur. En descendant dans la crypte, un bas relief naïf me plaît bien.

Pecs Liszt au balcon

De chaque côté de la place se trouvent deux palais baroques l’un peint en marron foncé(le Palais épiscopal) l’autre plus élégant en jaune. A l’angle du Palais Episcopal, un sculpteur moderne a installé Liszt en bronze sur un balcon en ferronnerie il a de curieux cheveux en ressorts brillants. Sous le palais jaune se trouvent les catacombes avec des fresques romaines bien conservées. Elles ne sont pas spectaculaires mais ces traces anciennes sont touchantes.
Dans les petites rues nous trouvons un Kodak express qui développera nos photos en deux heures.

Konditorei

Pâtisserie

En attendant, je suis bien décidée à ne pas quitter la Hongrie sans avoir goûté à une pâtisserie bien crémeuse dans le cadre qui convient, une belle Konditorei. Dominique ne me suit pas dans cette expérience mais m’aide à choisir l’établissement : caffish Cukraszda qui a une jolie façade rose décorée de stuc. L’intérieur est charmant : de petites tables rondes en marbre, des boiseries sombres, des lustres en cristal, un poêle en faïence blanche avec des têtes de lion. Le comptoir mérite une photo avec son percolateur en porcelaine à fleurs et sa machine à crème fouettée . Des vieilles dames très comme il faut sont attablées.

Pecs pâtisserie

Je choisis le gâteau à la cerise qui se révèle un peu décevant, il n’y a qu’une seule cerise, celle de la décoration, à l’intérieur une gelée rose bien synthétique, du cacao bien dilué et une crème fouettée beaucoup trop sucrée. C’est plus un régal pour les yeux que pour le palais, je savoure le décor, observant la serveuse qui prépare une coupe de glace, au dessus de la crème fouettée et du nappage elle installe deux demi-tranches d’orange, deux mûres énormes, deux gaufrettes en forme de cœur et un fouet métallisé.

Nous terminons la soirée avec nos deux voisines, des françaises profs, en commentant nos vacances, le manque d’amabilité des Hongrois, nos expériences aux bains avec beaucoup d’éclats de rire. Cela fait du bien de rigoler comme cela.

 

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De la puzsta d’Hortobagy à la puzsta de Bugac

MITTELEUROPA : UN MOIS A TRAVERS L’AUTRICHE, LA HONGRIE ET LA CROATIE

Nous quittons notre jolie ferme d’Hortobagy sous un ciel gris, il a plu cette nuit. Au lieu de rester sur les grands axes nous prenons un raccourci qui longe le Par cet regardons une dernière fois la Puszta, ses cigognes, les troupeaux en liberté et les puits à balancier. Dernière photos d’une chaumière qui résume tout cela.. Ce dimanche matin nous traversons des villages vides, bien fleuris avec des althaeas somptueux taillés en boule sur un tronc grêle.

Bains à Szolnok

La route N° 4 est très fréquentée même le dimanche, nous arrivons rapidement à Szolnok où nous guides signalent un très bel établissement de bains. Nous profitons de la ville pour aller au supermarché, tous les petits magasins sont fermés le dimanche.
Heureusement que j’ai pris ce bain ! C’est l’attraction la plus réussie de la journée. A côté d’un hôtel aux stucs blancs et aux lourdes décorations Belle Epoque se trouve l’Etablissement Thermal avec un portique peint en brun sur rouge de naïades sur des frises .L’accueil, pour une fois est agréable, la réceptionniste me pilote aux vestiaires pour une fois individuels et fermés par un rideau, puis vers les douches.

Szolnok : bains

C’est le calme absolu, pas une parole, dans le noir, sur des bancs en gradins, une femme lit son journal au sauna. Je me baigne seule dans la piscine d’eau très chaude à 38 ou 39° assise sur les marches en marbre rose. Des sculptures de femmes portant des amphores décorent le tour du bassin. Des écriteaux conseillent de ne pas dépasser une demi-heure. L’eau est rougeâtre.

Bains Szolnok détail

Le bassin d’eau à 32/ 34° est plus grand, il est couvert par une gracieuse coupole de verre, la lumière du jour éclaire faiblement. Un homme athlétique mais plus tout jeune, les cheveux blancs noués en chignon, lit le journal , une femme d’un quarantaine d’année avec son fils joue avec le filet d’eau qui s’écoule d’une statue, deux ou trois personnes sont assises immobiles. J’ose une traversée à la nage, mais ce n’est pas l’usage ici. Aux murs des bas-reliefs en poterie rouge ornent les murs. Dans la salle voisine de curieuses chaises longues permettent de se reposer les jambes en l’air, la tête en bas.

Clocher de l’église de Nagykoros

A Nagykőrös, curieuse église jaune avec un clocher de bois.

 

Keskemet

Art Nouveau à Keskemet

Kecskemét aurait été une jolie étape si le soleil avait daigné apparaître. Tous les monuments intéressants sont regroupés dans un petit périmètre : plus exactement deux places communiquant par un jardin public. Un bâtiment byzantino-mauresque rappelle la synagogue de Budapest, repeint en blanc. Elle a perdu tous ses attributs de synagogue pour devenir un centre de technologie.

Art Nouveau à Keskemet

Autour de la place de nombreuses églises catholiques et un temple protestant, des maisons Art Nouveau avec des façades en majoliques intéressantes, des toits en tuiles vernissées bicolores des pignons précurseurs des maisons d’Hundertwasser en céramique multicolores avec des renflements. L’hôtel de ville est curieux, sorte de gothique mâtiné de flamand avec des céramiques Sécession et un carillon avec de nombreuses cloches qui font entendre une mélodie plaintive.

Arrivée à Bugac
Après Kecskemét il ne reste que quelques dizaines de kilomètres pour arriver à la Puszta de Bugac. Rien ne l’annonce. La ville est entourée de vergers, de vignes et de nombreux arbres. La plaine sableuse a été bien colonisée. Plus rien ne rappelle la steppe. Arrivée à Bugac sous un ciel très gris.
Le dernier show va commencer, trop tard pour nous !
Nous préférons chercher une chambre. C’est la première fois que nous allons nous même frapper aux portes signalées par un écriteau « zimmer frei ». Nos deux premières tentatives échouent : « bosetzt »! Nous acceptons le troisième gîte, un peu minable, mais très bon marché 3500 ft avec petit déjeuner. S’il avait fait beau, cela aurait eu une autre allure, le jardin est grand et très fleuri avec des pétunias, des cannas rouges, datura et géraniums, une balancelle et un salon de jardin. Il y a aussi des animaux : trois chats, un chien et des porcelets.


Mais la pluie menace. Nous allons nous promener dans le Parc sous la pluie. C’est bien décevant par comparaison avec la Puszta que nous venons de quitter! Le parcours des calèches est tout droit : un petit kilomètre sur une grande route sableuse. Le  musée est vide, rien de bien authentique. On pense plutôt à un golf bien tondu qu’à la steppe. Après une heure de promenade la conclusion s’impose, nous partirons demain matin, nous préférons rester sur l’excellent souvenir d’Hortobagy. Ici tout semble frelaté : les Csardas énormes, vides, les pelouses bien tondues, un spectacle deux fois par jour !
Pour comble de tristesse, il pleut une pluie froide sans discontinuer, le seul agrément de notre logement est le jardin fleuri. La chambre ressemble plutôt à un grenier où on aurait entreposé tous les objets inutiles de la maison, je recense 13 vases sur le haut d’une armoire, et une vingtaine sur l’autre, sans compter les crucifix, les bambis, le cendrier de Sidney ….

Hortobagy : la puzsta

MITTELEUROPA : UN MOIS A TRAVERS L’AUTRICHE, LA HONGRIE ET LA CROATIE

D’Eger à la Tisza

La Tizsa

Au sud d’Eger, la route traverse tout d’abord des vignobles au flanc des collines. Après 12 km nous arrivons dans la plaine cultivée de maïs, tournesol et betterave. Les parcelles sont très grandes, des systèmes d’arrosage très longs irriguent les cultures. De nombreux arbres donnent du relief à cette étendue plate contrairement à la Turquie où l’absence d’arbres donnait l’impression de la steppe malgré les cultures. Ici, c’est seulement une campagne très plate.
Un pont enjambe la Tisza, ou plutôt un lac d’où émergent des touffes de roseaux, des îles . Entre les roselières l’eau reflète le ciel bleu. Nous garons la voiture et rencontrons des pêcheurs à la ligne, assis leur seaux remplis de carpes, d’autres sont dans des barques. Je confonds le lac et la rivière, très large.

La Puszta

Ferme de la puzsta avec son puits à balancier

Nous abordons la Puszta après Tiszafüred, plaine et roselières. Le paysage a un air de Camargue.  Dès que nous entrons dans le Parc national, les cultures cèdent le pas à la steppe (sauf du fourrage destiné aux chevaux : avoine et luzerne). De très longs bâtiments, très bas, très blancs, recouverts de chaume sont dispersés dans la Puszta : les bergeries. Ca et là, des puits à balancier.
Les oiseaux attirent le regard : des hirondelles par milliers, des cigognes et un gros volatile (une oie ou une outarde ?)

Chambre chez l’habitant

Notre gite à Hortobagy

La jeune femme du Tourinform parle très bien Allemand, elle nous trouve une chambre pour 5000 forint avec le petit déjeuner et nous explique clairement comment y parvenir.
Dans une rue du village, derrière une palissade verte de planches à claire-voie, une dame en tablier nous attend . Dans la cour, une belle carriole verte et l’écurie occupent un côté, de l’autre un petit bâtiment bas est partagé entre la porcherie avec 3 cochons et le poulailler. Une nouvelle barrière verte sépare la cour de ferme du jardin et des habitations. La maison des propriétaires est une maison étroite et basse blanche au toit reposant sur cinq piliers formant une galerie couverte. Nous logeons dans une sorte de pavillon crépi de beige avec l’encadrement des portes rouge brique, une petite entrée où sont rangées les chaussures fait saillie. L’angle opposé est évidé pour faire un salon de jardin, abrité par une tonnelle de vigne. Tout le tour de la maison est cimenté, des jardinières contenant des géraniums et des impatiens sont alignés. La pelouse est plantée d’arbres fruitiers au tronc chaulé, surtout des pruniers chargés de petites prunes jaunes mais aussi des cerisiers, trois abricotiers et un poirier tout petit.

la carriole de nos hôtes

A midi, nous sommes installées, Maria nous cueille des prunes en geste de bienvenue. Elle parle un Allemand rudimentaire permettant d’établir un contact chaleureux à défaut d’une conversation intéressante. Dans nos précédents gîtes, à Sopron et à Budapest, les propriétaires étaient plutôt distants, ici nous nous sentons très bien accueillies.

Pour se promener dans le Parc, il faut payer un droit, on reçoit une carte détaillée, la,  fille de Tourinform nous indique 4 balades. nous découvrons que nous logeons chez elle, Maria est sa mère !

Promenade en calèche

Promenade en calèche

Notre promenade en calèche part à 14h d’un hôtel de luxe qui abrite aussi des haras et un petit hippodrome. Deux chevaux bruns tirent une lourde carriole verte bâchée avec des bancs de bois qui fait partie d’une caravane de cinq équipages soulevant la poussière, on se dirait dans un western.

On nous montre les troupeaux : des vaches à très grandes cornes et à la robe grise, vaches indiennes croisées avec des buffles ( ?), des porcs laineux très, très sales, la boue retenue dans leur pelage fait une carapace, le chevaux en liberté, alezans assez lourds, plutôt des chevaux de trait, mais rien à voir avec des percherons. Dans la bergerie il fait très frais, les moutons ruminent, seuls les béliers avec de curieuses cornes torsadées toutes droites sur plus de trente centimètres.

Spectacle équestre

Cavalier de la puzsta

Des cavaliers approchent. Leurs costumes bleus avec de drôles de chapeaux coniques leur donnent un air mongol .La caravane ralentit. Les cavaliers font une démonstration  équestre impressionnante. L’un d’eux conduit un attelage de cinq chevaux, trois devant deux derrière, il est debout un pied sur le dos de chaque cheval et fait claquer son long fouet, l’attelage lancé au galop fait plusieurs cercles autour de nous. Puis trois autres cavaliers en bleu font coucher leur monture sans mettre pied à terre, le cheval s’assied ensuite à la manière d’un chien.

Dressage

Promenade dans le marais

Nous faisons ensuite une promenade à pied dans le marais occupé principalement par des roseaux. Sur deux kilomètres, nous ne voyons pas l’eau mais entendons les oiseaux, puis nous débouchons sur un chenal. Des meules coniques faites de bottes de roseaux nouées font de belles photos. Un petit pont de planches enjambe un autre chenal, un bel oiseau blanc ressemblant à un petit héron va se percher sur un arbre tout proche, des grenouilles sautent à notre approche, une couleuvre s’enfuit en ondulant à la surface de l’eau . Un affût est installé sur une tour de guet. Nous découvrons une très belle pièce d’eau. Des oiseaux noirs occupent les branches émergeant un peu plus loin, des cormorans ou des corbeaux ? des canards noirs nagent, le petit héron blanc est toujours sur son perchoir, un groupe très important d’oies occupe un endroit peu profond.
Nous suivons le canal le long d’une étroite voie ferrée désaffectée, de lourds volatiles nous précèdent – des outardes ou des oies ? – Elles ont la démarche dandinante de l’oie mais pas franchement le même profil. Lorsque nous approchons elles s’envolent. Une aigrette blanche et élégante se tient au bord d’un déversoir.
Au bout du chemin de fer, une vieille maison basse sans porte ni fenêtre est occupée par des pêcheurs. Au coucher du soleil nous remontons sur une tour d’affût et nous promettons d’y revenir dîner un soir.

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Hortobagy : animaux et kayak

MITTELEUROPA : UN MOIS A TRAVERS L’AUTRICHE, LA HONGRIE ET LA CROATIE

Fermes à Hortobagy : canards

Animaux domestiques, chiens et vaches

Chevaux et carrioles

Par temps frais et couvert, nous retournons nous promener dans la Puszta. La voiture est garée près d’une ferme d’où partent des carrioles. Les fermiers sont peu loquaces. Ils ne nous aident pas à trouver le sentier. Nous prenons un chemin de terre près d’un puits à balancier. Des vaches à la robe sombre presque noire paissent non loin .  l’une d’elles, accompagnée de son veau,  debout  semble nous fixer. Dominique n’est pas rassurée. Deux chiens surgissent, c’est franchement la panique ! Nous rebroussons chemin prudemment suivies de loin par les chiens qui n’ont pas l’air agressifs, ils chassent les rongeurs et jouent. Avant de renoncer à la promenade, je demande aux fermiers s’ils sont méchants, je mime un chien qui mord, on nous assure que non, ils ne sont pas méchants.

Nous continuons donc la balade dans la praire fleurie de chardons roses et de chicorées bleues. Au loin à la jumelle, je surveille les troupeaux, derrière les vaches noires, il y a des buffles gris et plus loin des chevaux, encore plus loin, un troupeau de moutons .En revanche, peu d’oiseaux en dehors d’un vol d’étourneaux qui se regroupe près des vaches puis s’éparpille, ressemblant aux étincelles d’un feu d’artifice. Au dessus de cette plaine monotone où seuls les balanciers des puits dépassent, le vol d’étourneaux prend une importance particulière.

Fenaison

A contre-jour, se détachant sur l’horizon, une charrette de foin tirée par deux chevaux s’approche, il n’y a qu’un seul arbre, le tableau est saisissant ! Des calèches prennent leur cargaison de touristes et entrent en action. Des cavaliers bleus galopent, nous verrons peut être un autre spectacle équestre ? Nous nous rapprochons pour profiter de l’aubaine.  Je surveille la démonstration à la jumelle.

Musée des Bergers

Bergers

On y voit donc des costumes, des outils, des huttes de roseaux. Le plus beau, ce sont des objets gravés dans le bois ou la corne : couverts de table à manche ouvragé et incrusté, boites pour le rasoir ou le miroir, cuir tressé des harnachements des chevaux. Les manteaux de moutons richement brodés sont aussi très beaux.

Kayak lac de Tiszafüred 

On y loue des kayaks pour 250 ft l’heure. Les pagayes sont lourdes et j’ai bien du mal à manœuvrer. Dominique râle beaucoup parce que je l’éclabousse. Nous nous engageons dans une petite anse, un héron bihoreau se tient à l’affût sur chaque perchoir, c’est un enchantement de voir ces petits hérons huppés blancs et jaunes qui ne s’enfuient qu’au dernier moment.
Au retour, l’orage gronde dans le lointain mais cela ne nous empêche pas de retourner dans le marais.

Hortobagy puzsta humide et puzsta sèche – bains de Hadjuszobolo

MITTELEUROPA : UN MOIS A TRAVERS L’AUTRICHE, LA HONGRIE ET LA CROATIE

meules

9h, promenade dans la partie sèche de la Puszta.
Des petits nuages pommelés s’effilochent sur le ciel bleu. Dans la grande plaine, le ciel prend toute son importance, les nuages,  leurs reliefs.
Nous marchons sur un chemin de poussière élastique et doux sous nos pas. Dans cette prairie sèche subsistent encore quelques fleurs violettes que je ne connais pas des coquelicots des ombellifères blanches. Deux gros volatiles traversent le sentier à une vingtaine de mètres et s’envolent. Sur le chemin, tranquille, un lièvre ne s’enfuira que longtemps après, en petits bonds tranquilles. Les animaux se savent en sécurité dans la réserve. C’est le tour de cinq aigrettes qui nous précèdent gardant toujours la même distance de sécurité, nous avançons vers elles, elles progressent en même temps. Leur cou et leurs pattes sont très élancés.

Le lièvre dans les chaumes

Un peu plus loin, c’est le marais avec ses roseaux. Un héron plane quelques temps, un autre est posé sur le sentier, fin et élégant. La monotonie de la plaine est largement compensée par la variété de la faune. Un campagnol fuit sous nos pieds.  Nous levons un faisan d’un buisson d’herbes sèches, il s’envole en me rasant la tête bruyamment. En limite de Parc, les cultures reprennent le pas sur la steppe, des hommes ramassent les dernières bottes de paille. Dans un champ retourné des centaines d’oiseaux blancs : des mouettes.

Puits à balancier

Une ferme traditionnelle a  deux puits à balancier, des étables ou bergeries en chaume, un petit pigeonnier, elle est flanquée d’une maison d’habitation plus moderne plus haute crépie de beige avec une galerie à arcades décorée de géraniums rouges entourée d’un jardin fleuri. En face deux jeunes manœuvrent une barque dans un canal dans la roselière.

Le ciel s’est chargé de nuages, il tombe quelques gouttes, nous rentrons sans nous faire mouiller. Près des maisons sur la route ce sont les cigognes qui sont installées. Une jolie chevrette s’éloigne à grands bonds.

Chemin dans la puzsta

Nous retrouvons nos instincts de chasseur et le plaisir de l’affût. Comment font -ils pour tirer sur ces animaux, merveille de joie de vivre et d’innocence ?

Nous changeons de l’argent dans un bureau de poste ressemblant aux postes françaises, même guichet, même queue, même employés occupés à des tâches incompréhensibles pendant que nous nous impatientons. Ici, la Poste vend aussi des pellicules-photos, des bonbons et même du shampooing.

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Aux bains d’Hadjuszobolo

Le temps s’est remis au beau.  Après le repas pris sous la tonnelle, nous étendons la lessive dans le jardin puis partons « aux bains » à la petite station thermale de Hajduszoboslo.
Juste à l’entrée de la ville, une forte odeur de gaz nous surprend : deux torchères brûlent au dessus d’un réseau compliqué de tuyaux. Les enseignes sont éloquentes : TOTALGAZ, MOBIL ? etc… Nous traversons une série d’usines. Nous sommes loin de la « petite station thermale » vantée par la française mariée à un hongrois rencontrée à Eger …De fait, c’est quand même un lieu de villégiature, mais la clientèle visée est polonaise ; sur les panneaux, l’Allemand s’efface devant le Polonais. Ils ne doivent pas être difficiles, les Polonais en vacances! Les locations ne sont ni décorées ni repeintes, elles ont l’air minables.
Nous traversons la ville avec ses HLM toujours le même modèle  comme à Szombathély, bordant une vaste avenue plantée d’arbres et de verdure qui nous conduit aux Thermes.
Ici, ce n’est pas le charme Belle Epoque, les thermes sont modernes, béton et verre. L’entrée de la piscine est surmontée d’une étoile socialiste en béton formant un auvent immense où sont installés des marchands ambulants.
Nous choisissons l’entrée « centre Thermal », verre et métal des années 90 et retrouvons toujours les panneaux connus, l’accueil en blouse blanche et les tickets à code-barres.
Les bains médicaux sont couverts d’une jolie verrière,  nous n’y avons pas accès. Par un long couloir nous arrivons à l’extérieur : spectacle hallucinant de centaines de gens plongés dans l’eau marron. Sur les bords la foule est dense. Le complexe thermal est énorme, il y a 7 ou 8 piscines entourées de restaurants de buvettes et de marchands ambulants.
On peut tout acheter : des livres, des cartes postales, des maillots, des bouées…Autour de chaque bassin des tables , des chaises, des parasols, des chaises longues ainsi que de grandes tables en bois rectangulaires pour s’allonger.
Un haut parleur annonce quelque chose, toutes les piscines se vident de leurs occupants qui se précipitent vers un bassin entouré de hauts murs : les vagues. J’imite la foule, tout le monde est debout presque aussi serrés que dans le métro à six heures, et attend la vague. Oublié le calme des bains distingués de Budapest. Ici, le public est familial avec beaucoup d’enfants et d’adolescents. S’il y moins de cris de poursuites et de plongeons qu’en France, il n’est pas possible de nager. L’occupation à la mode ici c’est de jouer à la balle par dessus la tête des autres baigneurs. On peut aussi éclabousser les passants avec de gros bazookas à eau.
Nous nous demandons bien ce que nous sommes venues faire dans cette foule ! La réponse est simple : nous rafraîchir ! Puisqu’on  a fait 30 km et qu’on a payé l’entrée, nous allons quand même profiter de l’eau pour nous délasser même si le cadre n’est vraiment pas joli c’est quand même agréable de nager.
Dans l’eau à 38 °C on ne peut (ni ne doit) rester longtemps, l’idéal pour nager c’est autour de 26°C, à 24°C on peut rester assises sans rien faire, traverser le bassin puis s’asseoir à regarder passer la foule.
Vers 5 h, l’orage menace, un gros cumulus s’est formé, le ciel devient tout noir. Tout le monde remballe dans la panique.
Courses au supermarché de Debrecen