Anna-Eva Bergman (1909-1987) est une plasticienne norvégienne. J’ai découvert son œuvre à Antibes au Musée Picasso à côté de celle de Hartung son mari de 1929 à 1938 puis se remarie en 1957. Ils avaient également une maison à Antibes qu’on peut visiter.
Minorque 1933
Hartung et Bergman s’installèrent à Minorque. Anna-Eva Bergman dessina caricatures et dessins critiquant le pouvoir nazi et Franco
critique du nazisme
mais c’est à son retour en Norvège que dans sa série Fragment d’une île en Norvège elle s’intéresse à la nature, aux galets, aux diaclases du granite, aux textures et aux minéraux.
Composition 1951
Elle introduit des feuilles métalliques dans sa peinture, fait des recherches sur le nombre d’or, fait des recherches de style, incursion dans le cubisme avec cette recherche sur la pluie
1949 Pluie
A partir des années 1950 Anna-Eva Bergman travaille des formes observées dans la nature, construit une sorte d’alphabet de ces formes: montagne, falaises, stèles, galets…
1955der Hochschwebender
Formes, mais aussi transparences et lumière. Elle met au point cette technique très personnelle de feuilles métalliques, argent, aluminium, or et cuivre sur des supports divers, bois ou papier laissant découvrir des fentes, des failles ou des rayures ou au contraire des plis.
1960 Holme îlot
l’exposition présente deux sections : Cosmogonies, transcriptions paysagères puis Epures, captation atmosphériques. Je me promène dans un espace très lumineux, illuminé par la lumière surnaturelle du cercle arctique baigné dans la mer de Norvège, entre mer et fjords
1963 mer de Norvège
Paysages du Finmarkje navigue dans cette terre étrange, lunaire, envoûtée, dépaysée
1966 Finmark hiver
Eclairée par le soleil argenté, blafard à travers la brume entre des falaises déchirées et les reliefs verticaux des fjords.
1967 Fjord
Un voyage en terres polaires, ou peut être dans le cosmos!
J’ai découvert l’auteur, Pedinielli et sa détective Ghjulia Boccaneraà l’occasion d’un de nos voyages en Corse avec La Patience de L’immortelle ICI polar corse que j’avais bien aimé. J’avais cherché les deux premiers opus de la série qui se passent à Nice, Boccanera et Après les chiens (il vaut mieux les lire dans l’ordre). J’étais donc impatiente de retrouver Diou, son coloc Dan, son ex Santucci et leur univers, le SDF allemand muet, leur cantine favorite et les promenades en scooter dans Nice.
J’ai donc retrouvé le petit univers, fait plus ample connaissance avec Ferdi, le muet, et suivi trois enquêtes : accidents du travail sur un chantier de construction, trafic de cocaïne, et la recherche d’une Italienne présumée victime de l’attentat de la Gare de Bologne en 1980.
« Sans collier » qui donne le titre au roman, viennent justement de Bologne
« On les appelait cani sciolti, et finalement, pour eux, c’était une gloire. Ils étaient une petite meute solide et
organique qui vivait avec frénésie »
Cette histoire bolognaise m’a plu mais le reste ronronne un peu et les bouffées de chaleur de la ménopause ne font pas avancer le récit. Les agressions dont Diou et ses proches sont régulièrement les victimes non plus : se mettre en travers des dealers ou des mafieux, a des conséquences violentes, pas un scoop.
Si un nouvel épisode paraît, je retrouverai avec plaisir mes amis niçois quand même!
Dans la même veine, allez faire un tour dans le Nice de Pinar Selekavec Azucena ICI
Pour ses études sur les minorités, arméniens et kurdes, elle a subi les persécutions du régime turc et a même fait l’objet de poursuites judiciaires dans son pays. Elle a donc fui la Turquie et réside maintenant en France et enseigne à Nice à l’Université côte d’Azur.
Le titre un peu bizarre et la figure de Nana de Niki de Saint Phalle m’ont bien plu : Zinzine féminin de zinzin, Pinar Selek n’hésite pas à féminiser cette expression rigolote. Sûr que ce n’est pas un bouquin sérieux! Plutôt une aimable fantaisie féministe, militante et joyeuse qui se lit vite et bien. lecture facile, distrayante.
le jeu parano. Le jeu pour sortir des filets des grandes entreprises. Le jeu d’installer des jardins secrets. Le jeu du Stand qui allait se transformer en une belle histoire.
Azucena nous entraîne dans Nice, loin des plages et de la Promenade des Anglais dans un quartier populaire occupé par des gens de bonne volonté.
Manu, qu’est-ce que tu penses de Blanqui ? Que vous ayez choisi cette place… C’était un chouette hasard. Notre Stand est sur une place qui porte le nom d’un révolutionnaire qui a consacré sa vie à la liberté. Bien entendu, c’est très différent. On essaie de changer le monde sans recours à la violence ni aux structures hiérarchiques.
Azucena tient un stand de paniers de légume d’une coopérative maraîchère. Parmi ses amis Alex, le Prince des Poubelles est bulgare, Gouel, Chanteur des rues irlandais, les commerçants du quartier sont impliqués, et il y a aussi les cheminots syndiqués, un certain nombre de sans-papiers qu’on devine dans l’ombre. Sans parler des chiens, avec collier mais sans laisse. Mais pourquoi les fourmis?
C’est de nous qu’ils ont le plus peur. Parce qu’on devient autonome, on s’enracine là où on se trouve et on creuse des galeries comme des fourmis. Nous restons invisibles et quand ils nous remarquent, il est trop tard. Tu crois que les fourmis peuvent tenir tête aux supermarchés, aux multinationales ?
Une vie loin du conformisme : certains sont SDF, sans domicile fixe, oui mais pas du tout clochardisés. Gouel vit dans un bateau qu’on lui prête, Azucena passe ses nuits dans le Train Bleu, le train couchette Paris/Nice avec la bénédiction du chef de train. Quand d’autres possèdent des appartements ce n’est pas pour s’y installer mais plutôt pour les vendre….Ils sont loin de la société de consommation même posséder, être le maître d’un chien, est discutable. Les trésors d’Azucena : une carte postale deux vinyles.
Si on voulait résumer en quelques mots le livre, le premier qui me vient serait solidarité. Et le second, amour, un amour sans possession, un amour qui inclut les chiens, le sentiment amoureux mais aussi la tendresse. Résumé ainsi, on se croirait presque chez les bisounours, ce serait oublier le tragique de la Guerre d’Espagne dont Azucena veut conserver la mémoire, celui du génocide arménien et tous les drames des exilés.
Et puis, il y a Leonard Cohenet Suzanne, parce qu’Azucena c’est aussi Suzanne….
Randonnée de Visorando: De la Plage de l’Argentière à Cabasson (A/R)16 km – 4h45
L’Argentière est une très belle plage à La Londe-les-Maures. un très grand parking est prévu.
L’Argentière : sentier côtier
L’escalier monte sur la corniche boisée de pins est facile. Les marches sont consolidées par des traverse de bois. il y a même une main courante. Aucune comparaison avec les sentiers de Saint Raphaël ou de Ramatuelle! j’arrive à une petite calanque remonte et trouve la grande plage de Pellegrin. Au beau milieu du sable, un pin parasol s’est écroulé, son tronc est à l’horizontale mais une branche s’est redressée il a repris son port caractéristique : un parasol au milieu de la plage!
Plage Pellegrin et son pin parasol couché
Le sentier remonte sur le Cap Pellegrinpuis une petite descente raide mais facile jusqu’à une anse. Sur le sable fin je longe la plage de Léoube. A l’extrémité sous une pointe rocheuse, un beau voilier attend dans une eau très transparente : la plage parfaite!
Plage Léoube
Au Cap de Léoube, le sentier est barré, pour réhabilitation de la batterie de Léoube (1794), terrain militaire, on ne visite pas. La déviation est très raide avec des marches si hautes que je suis forcée de m’asseoir. J’arrive sur une crique rocheuse. Pas une balise! Pour où passer? heureusement deux autres randonneurs me rejoignent. L’homme, sportif ne se laisse pas intimider, la femme est plus circonspecte. Je mets mes pas dans les leurs et escalade sans trop de mal le rocher. J’attends le reflux entre deux vagues. Enfin, nous trouvons le sentier en balcon plus haut. C’est très joli avec tous les rochers, les îlots. je découvre le fort de Brégançon sur son île.
Fort de Brégançon vu du sentier
Une flèche « sentier côtier » attire notre attention ; très bien tracé, au milieu d’un massif de lentisques. Seule la direction me paraît bizarre. j’avance, les yeux fixés sur l’écran du smartphone. le point bleu s’éloigne du tracé du parcours de Visorando. Nous sommes bien sur le sentier, mais nous retournons en arrière. Ceci explique la galère sur les rochers. il n’y avait pas de balise simplement parce que le sentier passait par l’intérieur! Nous n’étions plus sur le parcours.
Jolie rencontre avec deux chèvres très tranquille, presque apprivoisées qui se prêtent aimablement à la photo.
La Plage de l’Espagnol a un sable blanc, très fin, gris quand il est mouillé, très doux. Après cette plage, il y a encore La longue Plage (c’est son nom). Autour de la Pointe de la Vignasse, cela se gâte. Au moins on est prévenu par un écriteau « SENTIER LITTORAL PAR LES ROCHERS ». je suis distancée par les randonneurs que je suivais. les rochers sont mouillés mais pas trop glissants. la schistosité du gneiss fait presque des marches. Et quand c’est lisse on a taillés les marches.
Piquenique à Cabasson
Enfin j’arrive à Cabasson, jolie plage, parking ombragé, tables de pique-nique.
Retour par la très jolie D42A à travers le vignoble. nous passons à côté de très beaux « châteaux » : le Château de Brégançonplus beau que la résidence présidentielle; flanqué de tour rondes, vaste demeure du 17ème siècle, dans la famille Tezenas depuis 1816, cru classé, 350 ha. On peut visiter le domaine et acheter des produits du terroir.
Le château de Léoube est impressionnant. Je m’y attendais, après l’avoir longé côté rivage pendant longtemps. il se visite également, dégustation de vins bio, mais aussi huile, fruits…le café Leoube propose des menus méditerranéens. On peut aussi acheter des robes, louer kayaks et paddle.
Le château Mireille est de taille plus modeste quoique très beau avec ses pierres de schiste apparentes. Egalement en agriculture biologique.
Brebis dans les vignes
Dernière surprise : les moutons gambadent dans les vignes parmi des fleurs si blanches que tout le sol en est blanchi.
Le Jardin du Rayol – « Jardin des Méditerranées « – invite le visiteur à un tour du monde dans les régions au climat méditerranéen, aussi bien aux Canaries qu’en Australie ou en Californie.
pergola
Le domaine fut initié en 1910 par le banquier Courmes, puis en 1940 par le constructeur aéronautique Potez. En 1989; le Conservatoire national du Littoral fit l’acquisition de ce terrain de 20 ha. le jardin a été dessiné par le paysagiste Gilles Clément.
Autour d’un axe qui ondule de l’Hôtel de la Mer, beau pavillon peint en jaune où se trouve l’accueil, à la Ferme, le restaurant et le salon de thé, jusqu’à la très belle Villa Rayolet , le paysagiste a créé des parcelles variées comme un patchwork de jardins exotiques. le reste du domaine est recouvert de maquis endémique des Maures. A l’accueil on fournit un plan et le visiteur choisit les sentiers et les itinéraires à sa guise. A 14h30, il y a une visite guidée mais je préfère me promener seule.
jardin des Canaries
Au premier coup d’œil, j’ai reconnu les succulentes graphiques, les Aenium, et les vipérines des CanariesEchium, fleuries en cette saison avec leurs grandes inflorescences. Insensiblement, on passe des Canaries à la Californie. Oxalis et freesia, fleuris en ce moment dans les Maures ont envahi les carrés exotiques. Sympathique floraison jaune faisant un abondant couvert végétal. le jardin Australien embaume de 7 variétés de mimosas et les eucalyptus fleuris mêlent leurs senteurs. Un buisson rose, couvrant, ressemble à de la bruyère (mais Pl@ntNet est dubitatif). Le jardin Sudafricain est rose. Ambiance tout à fait différente dans le Jardin de l’Amérique centrale aride: volumes et formes, plantes grasses et piquantes.
jardin Amérique Centrale aride
Après la Ferme, trois petits ânes très fringants viennent à ma rencontre, joyeusement et bruyamment.
Rayol perspective
Le Sentier botanique s’enfonce dans le maquis. Des panneaux racontent la flore locale avec des anecdotes incluant la faune qui est inféodée à chaque plante. Même si je connais la plupart des espèces, c’est très instructif. je fais dons ici l’inventaire des végétaux rencontrés et expliqués :
-Nerprun alaterne : Rhamnus alaturnus
-le laurier-sauce abrite des forficules qui se nourrissent d’acariens et de pucerons (ce n’est pas le privilège exclusif des coccinelles, bon à savoir et à protéger
-fragon : Petit-Houx Ruscus aculeatus
-myrte : Myrtus Communis attire les oiseaux qui dispersent ses graines (zoochorie)
-filaire Phillyrea angustifolia proche de l’olivier
-le Chamaeropsis palmier nain pousse spontanément en Europe.
-Chêne-liège : Quercus suberus est un réservoir de biodiversité
-Daphne garou: Daphne gnidium.
-Genévrier cade : Juniperus oxycedrus (extraction de l’huile de cade)
(si vous trouvez cet inventaire ennuyeux, je le trouve bien utile surtout pour les équivalents latins qui me permettent de me repérer dans les contrées non francophones où chaque botaniste connait le nom scientifique. )
Ciste
J’arrive au jardin des cistes cistes et lavandes marquent des milieux ensoleillés. les cistes ne sont pas encore fleuris. Je viens de lire dans Maurin des Maures de Jean Aycart qui appelle mussugues les coteaux couverts de cistes. Selon les explications, les incendies seraient « un bain de soleil pour les cistes ». Le feu profite aux cistes car il stimule leurs gaines et laisse des paysages ouverts.
Associés aux cistes :
-la bruyère arborescente
-pins d’Alep : les mésanges consomment les chenilles processionnaires dans les nids.
-lavandes des Maures
Le pistachier lentisque profite à la tortue d’Hermann qui s’y réfugie l’été et peut y passer l’hiver.
J’aime beaucoup cet éclairage écologique qui envisage non pas les espèces végétales seules mais avec toute la biodiversité associée.
Villa Rayolet chêne-liège
De la villa Rayolet part le sentier qui descend à la Pointe de l’olivier et à la plage où se trouve La maison de la plage dans laquelle une exposition ; Le Jardin maritime met en évidence les adaptations de certaines plantes au milieu maritime . je retiens les Barbes de Jupiter que j’ai trouvées dans l’Estérel : leur feuilles possèdent des poils blancs capable de filtrer (retenir) le sel et dont la couleur claire est réfléchissante.
Barbe de Jupiter
je rentre en passant par le jardin chinois et ses bambous. tout un versant est couvert de pervenches curieusement blanches. Dans un vallon poussent aussi des fougères arborescentes. Dans les bambous et les fougères j’ai perdu tout sens de l’orientation et je retourne à la villa Rayolet alors que je croyais trouver l’accueil.
Pointe du Figuier
Cavalaire
Pour le pique-nique à la mer, il faut aller à Cavalaire sur la belle plage longue de 5 km. Je pars ensuite vers l’Est sur la Digue du chemin de fer en bord de plage. Mars est le mois des travaux pour la remise en place des paillotes, restaurants et autres établissements de bains. Il faut que tout soit prêt pour l’arriver des vacanciers et on y met les grands moyens ; tractopelles, grues, chenilles. On interdit le passage avec des rubans blancs et rouge qui délimitent des périmètres fermés à la promenade. Je contourne ces zones interdites en restant au plus près de l’eau et arrive à la Croix Valmer où plusieurs restaurants permanents sont regroupés le long d’une allée. une pizzeria me semble bien située. Et si nous revenions demain?
Du Rayol au Col de Canadel
Rayol : escalier fleuri
Pour terminer cette belle journée, une petite randonnée, la montée à pied au col de Canadel. D’abord par l’escalier fleuri orné de belles jarres. La floraison sera pour un peu plus tard dans la saison. L’escalier construit en schiste. il compte 882 marches. A mi-pente se trouve une pergola circulaire : lePatek. A l’origine les marches montaient jusqu’au rocher du Drapeau mais maintenant la deuxième partie de l’escalier n’est plus entretenue, le sentier se rétrécit et devient très escarpé. Mon bâton télescopique prend du service et devient même indispensable dans le dernier tronçon où le chemin est éboulé. je prends appui sur le bâton pour me hisser quand els traverses de bois des marches ont été bouleversées. ici, encore le randonneur n’est pas le bienvenu. Les riverains ont installé du fil électrifié en bordure du sentier délimitant leur pelouse verte (il ne me semble pas que paissent ici des bestiaux. je pense à Caïn et Abel, à l’antagonisme entre sédentaires et nomades, le marcheur dans le rôle du nomade.
Un étrange fanion métallique matérialise « le Drapeau »qui est le sommet qui domine Rayol-Canadel (318 m) rappelant des faits de guerre de la seconde Guerre mondiale. Une bonne piste descend vers l’ouest croise la piste forestière jusqu’au Col de Canadel (265 m).
Col de canadel
la randonnée a été courte (une heure seulement) mais avec plus de 300 m de dénivelée j’arrive toute en sueur.
Piquenique au col des Fourches où on trouve la route qui monte à Notre Dame des Angesperchée sur le deuxième sommet des Maures à 768 m La Sauvette (780 m). La 108 a grimpé assez de routes pentues qui tortillent pour la journée. Nous piqueniquons au col .
Si nous avions lu Maurin des Maures de Jean Aicard avant de partir nous n’aurions pas renoncé à monter à la chapelle où Tonia, la Corsoise a fait le voeu de monter pieds nus pour que la Vierge la délivre de son amour pour Maurin. Dans une cahute, un ermite raconte de fameuses histoires et se fait même payer pour les raconter comme celle de la Messe de la Lièvre et celle d’ l‘âne de Gonfaron.
le village des Tortues de Carnoulesest l’étape suivante du circuit. Les tortues de Hermann endémiques dans les Maures, victimes des incendies et du débroussaillage mécanique, sont accueillies dans le Centre de soin. Peut-on visiter le 15 mars? Sont-elles sorties de leur hibernation? Dans le doute, je téléphone, le centre est fermé.
Gonfaron
Selon le guide Vert, Gonfaron fut un centre bouchonnier. Selon Aicard, c’est surtout le village où les ânes volent :
« A Gonfaron les ânes volent. Les Gonfaronnais, des cent ans après, se dirent entre eux : « Du temps de nos pères les ânes volaient : si nous en faisions voler au moins un ? » Ils amenèrent sur la place publique un vieil âne qui n’était plus bon à rien, pensant que si celui-là montait au ciel et ne reparaissait plus on ne perdrait pas grand- chose ; et ils se mirent en posture de le gonfler de leur respiration, en lui soufflant, – sauf votre respect – par le trou que tous les ânes ont sous la queue…. »
la Garde Freinet
la Chapelle Saint Jean abrite l’Office de Tourisme et un petit musée.
la Garde Freinet
Au premier étage : une maquette du Fort Freinetdont on peut visiter les ruines : chapelle, four, caves et toutes sortes d’artefacts trouvés sur place : clous et fers d’équidés, serpettes, points de flèches, grelots, scories témoignent d’une véritable industrie métallurgique.
exposition sur le thème du Ver à Soie avec des vidéos très intéressantes. On voit le ver en train de manger « la grande freze ». les étapes de l’élevage des vers est expliquée en détail : grainage : production des œufs, tri des cocons, papillonage : sortie des papillons. encabanage après la grande freze au bout de 30 jours on installe des haies de bruyère…
Cela me fait penser au livre Middlesex de Jeffrey Eugenides que j’ai lu récemment.
Une autre exposition : SAUVONS NOS CHÂTAIGNES
montre tout ce que vous avez voulu savoir sur les châtaignes…Les châtaigneraies sont de bons pares-feux mais les châtaigniers sont attaqués par une maladie fongique, le chancre de l’écorce, affaiblis par les insectes et la sècheresse. il faut donc renouveler les verger et greffer des sujets.
On montre le séchage des châtaignes, le décorticage, et les moulins à farine.
Dernière production locale :LE LIEGE
le chêne-liège, Quercus suber, ne supporte pas les sols calcaires et a besoin de précipitations annuelles d’au moins 600 mm. Il pousse donc à proximité de la mer. On procède à son écorçage tous les 12 à 15 ans, le levage du liège se fait à la hache (picoussin)
La fabrication de bouchons se faisait à la main : des photos montrent les bouchonniers autour d’une table, coupant d’abord des cubes puis les façonnant. Sont aussi exposées des Bruses : les ruches traditionnelles des Maures en liège.
Je n’aurai pas le temps de monter aux ruines du Fort, dommage.
Il est temps de rentrer au gite. Sur la route entreLa Garde Freinet et Grimaud nous traversonsdes paysages calcinés par les incendies de l’an passé. les chênes lièges sont supposés ne pas trop souffrir du feu, ils sont quand même bien noircis, sans parler des pins. les buissons, bruyères ou arbousiers et genets se reconstituent.
L’hôtesse de l’office de tourisme me déconseille formellement de faire la randonnée seule de la Chartreuse vers la Môle, trop longue et difficile. La Chartreuse est accessible en voiture de Collobrières.
De Collobrières à La Verne : 12 km sur une route sinueuse très étroite. la montagne est couverte de châtaigniers. Des pancartes rappellent que le ramassage des châtaignes est formellement interdit et passible d’amende. Le parking est aménagé quelques centaines de mètres avant le monastère. il faut continuer à pieds sur une piste rocailleuse.
La Chartreuse se découvre ainsi de loin avec les toits de tuiles sur les cellules cubiques, ses hauts murs d’enceinte et son clocher. Quand j’arrive à la porte, je ne peux qu’admirer le très beau portail sculpté en serpentine verte qui se détache sur le très haut mur de schiste. Je suis toujours étonnée par les dimensions des Chartreuses que j’ai visitées.
Le mardi, pas de visite.
La première église romane fut consacrée en 1174, le monastère incendié à 3 reprises entre 1214 et 1318, pillé par les Sarrazins. Les reconstructions au XVIIIème siècle, se sont succédé jusqu’à la Révolution. En 1968, l’Association des Amis de la Verne ont réalisé une rénovation impressionnante entre 1969 et 1982 jusqu’à ce que le monastère retrouve sa fonction initiale, occupé par les soeurs de la Communauté des moniales de Bethleem de l’Assomption de la Vierge de Saint Bruno.
La Chartreuse de la Verne
C’est à La Verne que les gendarmes conduisent Maurin des Mauresprisonnier et c’est d’une des cellules des moines que Le Roi des Maures réussit à l’évader. En 1908, le monastère n’a pas encore été rénové :
La Verne. C’est un couvent d’architecture romane et qui est tout ruines. Les encadrements des fenêtres et des portes, les clefs de voûte, les consoles, les niches, sont en belle serpentine noire de Cogolin, et, luxe sur des haillons, ornent des murs dégradés où, dans les fentes, poussent des herbes. Le couvent est planté au bord d’un plateau qui s’avance comme un cap sur le ravin. Au-dessous de la construction, des roches verticales, murs naturels, prolongent par en bas ceux qui sont faits de main d’homme, en sorte que, du fond des ravins, le couvent paraît haut de toute la hauteur de la colline. Du pied de la roche montent, jusqu’au faîte de la toiture, des lierres collés aux murailles comme de gigantesques arborescences sur les pages d’un herbier démesuré. […] le couvent est magnifique ainsi, au beau milieu des Maures, tout au bord de la forêt de vieux châtaigniers, si vieux et si gros que chaque tronc peut abriter deux hommes, parce que le temps et les tonnerres les ont presque tous creusés, évidés, en ont fait, dit Pastouré, autant de guérites
Châtaigneraie
Maurin offre le lapin cuit au romarin et aux herbes qu’il a dans son carnier. pour pouvoir déjeuner, il demande qu’on lui délie les mains. Comment refuser alors que le lapin est si appétissant et que les gendarmes ont grand faim.
Malgré le ravin profond Maurin va s’échapper…
Le circuit du Guide Vert nous conduit en direction de Gonfaron .
Piquenique au col des Fourches où on trouve la route qui monte à Notre Dame des Angesperchée sur le deuxième sommet des Maures à 768 m La Sauvette (780 m). La 108 a grimpé assez de routes pentues qui tortillent pour la journée et renonçons à nous y rendre! Nous piqueniquons au col .
le village des Tortues de Carnoules est l’étape suivante du circuit. Les tortues de Hermann endémiques dans les Maures, victimes des incendies et du débroussaillage mécanique, sont accueillies dans le Centre de soin. Peut-on visiter le 15 mars? Sont-elles sorties de leur hibernation? Dans le doute, je téléphone, le centre est fermé.
Gonfaron
Selon le guide Vert, Gonfaron fut un centre bouchonnier. Si j’avais lu, à l’époque Maurin des Maures j’aurais savouré l’anecdote des ânes volants de Gonfaron.
A Gonfaron les ânes volent. Les Gonfaronnais, des cent ans après, se dirent entre eux : « Du temps de nos pères les ânes volaient : si nous en faisions voler au moins un ? » Ils amenèrent sur la place publique un vieil âne qui n’était plus bon à rien, pensant que si celui-là montait au ciel et ne reparaissait plus on ne perdrait pas grand- chose ; et ils se mirent en posture de le gonfler de leur respiration, en lui soufflant, – sauf votre respect – par le trou que tous les ânes ont sous la queue….
Nous avons combiné les deux circuits proposés par le Guide Vert : La Route des Cols et la Route des Sommets (p. 77)
Nous quittons La Môle par la D.98 en direction de Hyères, entre vignoble et forêt de chênes jusqu’au Col de Gratteloupoù se trouve un arboretum, que nous passons à regrets, les arbres vus de la route sont magnifiques.
la D41 est plus fréquentée par les cyclistes que par les voitures, elle est très sinueuse et très étroite. Montée vertigineuse, épingles à cheveux, heureusement aucune voiture ne vient à notre rencontre. les chênes-lièges sont impressionnants mais on n’a pas prélevé le liège. Sous les arbres, des buissons surtout des arbousiers. Il y a de très belles échappées avec vue sur les îles d’Hyères.
A partir du Col de Babaou les chênes caduques et des châtaigniers remplacent les chênes liège . Un panneau nous met au courant de la réhabilitation de la châtaigneraie. En effet, les arbres semble en mauvais état.
Collobrières
Collobrière surmontée de sa ruine : Saint Pons
Collobrières est la « capitale de la châtaigne » ou du marron. châtaignes et marrons sont le fruit du châtaignier. Si dans la bogue il n’y a qu’un seul fruit, gros et rond on l’appelle « marron« , s’il y en a plusieurs ce sont des « châtaignes« . Nous stationnons sur le parking de la Confiserie Azuréenne, ensemble de bâtiments jaunes sur les bords de la rivière, comprenant une usine de marrons glacés, de crème de marrons et de crème glacée aux marrons, un petit musée du marrons où sont exposés les ustensiles accompagnés d’une vidéo qui raconte la récolte et la fabrication. De l’autre côté de la cour une boutique vend des marrons glacés sous toutes leurs formes ainsi que des fruits confits et du miel.
Collobrière pont de pierre sur le Real Collobrier
Une rivière, Real Collobrier, traverse le village franchie par deux ponts et deux passerelles sur lesquelles sont installées les terrasses de deux restaurants. Un panneau signale les repères de crues : 4 crues importantes 1959, 1972, 2011 et 2014 . Quand je regarde le petit ruisseau qui s’écoule c’est difficile d’imaginer des crues destructrices.
Près du pont de pierre, l’Office de Tourisme est installé dans une mignonne maisonnette. L’accueil y est chaleureux, l’hôtesse renseigne sur les randonnées dans le massif des Maures et sur les promenades dans le village et des parcours thématiques.
Collobrières Office de Tourisme
Un parcours géologique composé de 7 bornes mettent en évidence le métamorphisme. près du parking du stade, un panneau raconte l’histoire géologique des Maures : le métamorphisme aurait duré 100 Millions d’Années et se serait achevé au Carbonifère il y a 300 MA. Collobrières possède aussi un musée géologique, fermé hors saison. Malgré le plan détaillé je ne trouve pas les bornes. La carte géologique signale des affleurements de gneiss, des micaschistes à grenats, des amphibolites et leptynite ainsi que des phyllades.
Collobrières place de la Libération
La promenade dans rues, ruelles et places est tout à fait charmante. Nombreuses places ont des fontaines ; l’une d’elles le 15 Aout, ruisselle de vin(nous sommes dans un pays de vignerons) . Je suis le plan : rue Voltaire à la rue Marat, rue Galilée, Kepler et Pasteur, cette toponymie révolutionnaire et scientifique m’enchante. De ruelles en passages j’arrive sur la place Castrale où s’élevait l’ancien château. Un peu plus haut les ruines de l’église Saint Pons domine le village, fière ruine actuellement en réhabilitation. Le clocher, devenu dangereux a été abattu au 20ème siècle. Derrière Saint Pons commence le chemin botanique, trop tôt dans la saison pour me tenter.
De nombreuses randonnées sont possibles au départ de Collobrières.
C’est aussi trop tôt pour aller au restaurant, il y en a pour tous les goûts (et les bourses) du très simple Chez Pa’ avec des burgers et des pâtes, des très chics, et les terrasses sur la rivières qui proposent des menus provençaux.
Entre La Môle et Ramatuelle, 23 km en voiture (à vol d’oiseau beaucoup moins) ) travers le vignoble par Cogolin (embouteillages) et Grassin. Certains châteaux (domaines viticoles) sont très grands, l’un d’eux a un fronton majestueux avec une avancée soutenue par des colonnes. D’autres ressemblent à de grosses fermes souvent précédées d’une majestueuse allée de pins parasols.
Nous passons encore devant ces « pépinières » de vieux arbres, vieux oliviers, platanes adultes, cactus géants. Encore une fois, je me désole surtout quand ils ont rasé les oliviers en topiaires et nuages.
Randonnée sur le sentier côtier de La Bonne Terrasse à La plage de l’Escalet
Ramatuelle : La Bonne Terrasse
La route tortille dans les collines vertes jusqu’à La Bonne Terrasse, plage de sable abritée par une pointe. pour canaliser les voitures, des parkings sont organisés à l’écart de la plage et des restaurants. Les piétons sont aussi « canalisés » les rondins au bord des trottoirs sont si hauts qu’on ne peut pas les franchir et qu’on est obligé d’attendre le passage piéton.
Ramatuelle sentier côtier
Le sentier littoral se trouve à l’extrémité de la plage où se brisent de belles vagues. Il fait soleil, la mer est bleu vif, rayée de crêtes blanches. la promenade s’annonce bien. Les balises jaunes sont présentes et c’est heureux parce que les passages faciles sur un sentier sablé alternent avec les traversées sur les rochers, presque de l’escalade. Je suis forcée de prendre mon temps pour m’assurer, prises de pieds, aussi prise de main. il ne s’agit pas d’avoir le vertige ni de regarder le paysage. L’astuce est de se concentrer, pas après l’autre, de chercher la marque jaune, chercher où poser le pied. Un couple est parti presque en même temps que moi, plus grands, plus jeunes. je les retrouverai à plusieurs reprises. je croise un jeune trailer qui me rassure : selon lui cela passe.
Ramatuelle sentier côtier
Le sentier est varié, monte et descend, avec des passages à plat entre les lentisques. La salsepareille s’accroche à ma parka. En montant, je m’agrippe à un buisson : une épine me perce l’index c’est un Calicotome épineux (je ne l’identifierai que plus tard au Jardin de Rayol), pire que le Genêt! Un peu d’adrénaline pimente la promenade. L’ennui c’est que j’avance très lentement. Dominique m’appelle du Phare Camarat. la voiture y arrive mais le sentier passe beaucoup en-dessous, des marches y montent. nous nous donnons rendez-vous à la Plage de l’Escalet. Je retrouve les randonneurs et les laisse passer.
Une croix au milieu du sentier m’interpelle : je cherche la suite des balises jaunes, rien! Dans ce cas, le plus raisonnable est de revenir à la croix, elle interdit l’accès à des marches de l’escalier à l’aplomb. Les propriétaires auraient pu peindre leurs marches et non pas le sentier! les promeneurs ne semblent pas les bienvenus. un grillage métallique est fixé au ras du chemin. Un arbre est tombé en travers et bouche le passage. Il faut passer à travers les branches pour retrouver les balises jaunes. Je râle « les c.. »! Au dessus du sentier on devine de très belles villas du lotissement du Merlier. Un panneau enjoint les promeneurs de bien suivre le chemin balisé.
Avec les vagues on ne passe plus!
Le deux randonneurs reviennent en arrière et me préviennent « on ne peut pas passer, il y a trop d’eau » il vont essayer de remonter à travers le lotissement. je tente quand même de poursuivre. Les vagues battent une petite terrasse d’où partent des marches. Si je passe entre deux vagues, j’atteindrai les marches. Mes chaussures sont mouillées, je me colle au roche pour ne pas être emportée par le reflux. les marches conduisent à un rocher mais après, il y a encore une autre crique et encore plus de vagues. je suis maintenant trempée jusqu’aux cuisses et je commence à paniquer perchée sur mon rocher. Il faut rebrousser chemin mais pour aller où? Pour retourner à la Bonne Terrasse, il me faut près de 2 heures, pour le Phare de Camarat, une heure, plus 100 m de dénivelé. J’essaie moi aussi de passer par le lotissement. Village fantôme de très belles villas de ciment fermées. pourvu qu ‘il n’y ait pas de chiens! Heureusement des ouvriers travaillent, et par chance, ils quittent le chantier. Je monte à bord de leur camion. Ils ont le code pour ouvrir le portail. je me retrouve sur une belle route. Je fais le point avec le GPS c’est le Chemin du Merlier. Maintenant je peux appeler Dominique qui me récupère en haut.
Pampelonne pas très glamour
Saint Tropez plage des salins
Nous cherchons un endroit agréable pour déjeuner : la plage renommée de Pampelonne longue de 4.5 km, avec des parkings aménagés. Le ciel s’est couvert, le vent s’est levé (35 km/h) il fait gris et froid. les vaques roulent les posidonies et les algues : elles sont noires. La plage est un véritable chantier : des pelleteuses et chenilles travaillent sur le parking. Sur la plage, quatre grandes grues sont installées. Des ouvriers remontent les restaurants et buvettes démontés hors saison. Pourquoi ces grues? Les paillotes sont en bois, on construit avec des planches ou des cloisons en contreplaqué. Pour transporter les planches ils utilisent d’énormes tractopelles qui labourent le sable dans lequel je m’enfonce quand je marche . Loin d’ici, le concept de plage chic et élégante!
A la recherche de plus de calme et de nature, nous demandons au GPS de nous conduire à la Plage des Salins. Il nous emmène à Saint Tropez.Le Conservatoire du Littoral y expose de beaux panneaux pour expliquer son action dans la conservation de la Biodiversité et sur la Réserve marine.
Saint Tropez
Saint Tropez place de l’Ormeau
J’imaginais un village, une station balnéaire chic et snob. je découvre une vraie ville provençale des ruelles, des placettes des platanes et des fortifications. Ocres, jaunes, roses, un camaïeu de façades étroites. les boutiques et restaurants sont fermés le plus souvent. Sur le port, le célèbre Sennequier a couvert sa terrasse de plastique rouge agressif . Avec les terrasses couvertes l’ambiance du port n’a aucun intérêt. Les yachts les plus énormes bouchent le paysage et me rebutent.
Saint Tropez citadelle
Je monte jusqu’à la Citadelle (17ème siècle) où se trouve un Musée maritime très intéressant. Je n’aurais jamais imaginé l’importance militaire du Port de Saint Tropez qui, selon le musée, aurait été le 3ème port français de la Méditerranée.
Le musée est installé sur trois niveaux autour de la cour hexagonale.
Saint Tropez citadelle terrasse
Musée d’histoire qui présente les marins fameux comme Suffren, (1729-1788). Plusieurs salles sont consacrées à la pêche: filets, chaudrons, outils, nasses entourent un « vieux pêcheur » (hologramme) qui raconte la pêche d’antan et celle d’aujourd’hui. Quelques salles sont plus naturalistes, on y voit les poissons pêchés, les éponges, les coraux. D’autres aspects de Saint Tropez comme la manufacture des câbles ou l’usine de torpilles. Une belle place est offerte à la navigation de Plaisance. Il y a bien sûr, des maquettes.
j’aurais dû arriver plus tôt et prendre des notes, c’est une grosse visite que j’ai un peu bâclée.
« Est-ce que vraiment, monsieur Ripert, ces Maures dont on me rebat les oreilles sont un pays aussi beau qu’on le prétend ? » M. Ripert répondit couramment : « Un pays merveilleux, monsieur le Préfet, un groupe de montagnes qui, selon l’expression de M. Élisée Reclus, servit de boulevard aux Maures pendant le cours des IXe et Xe siècles et qui forme à lui seul « un système orographique parfaitement limité ». Le massif des Maures est séparé des montagnes environnantes par les vallées de l’Aille, de l’Argens, du Gapeau. Ces vallées sont larges et le massif est isolé. C’est comme un îlot montagneux dans la plaine et comme une île de gneiss et de schistes et de granit au milieu des calcaires. »
Si vous préparez des vacances dans les Maures, de la Baie de Saint Tropez à Hyères et même jusqu’à Draguignan c’est le livre qu’il vous faut. Mieux que Le Guide Vert ou le Routard! Vous pourrez même faire une excursion dans les îles, à Porquerolles, ou à bord d’un bateau de pêche à Saint Tropez. Les paysages vont s’animer, des compagnies de perdreaux s’envoleront sous vos pas, quand ce ne sera pas un lapin ou « une » lièvre….
Attention, si vous êtes vegan ou anti-chasse, il vaut mieux être prévenu: Maurin est chasseur de métier, ou braconnier, c’est même son occupation à temps plein! Pour la misogynie, c’est pareil, Maurin, le Don Juan des Maures a adopté tous les préjugés de son temps. Maurin des Maures est sorti en 1908 et reflète l’esprit de l’époque, pas spécialement féministe dans les campagnes du Var.
« À la façon des Maures ses aïeux, il aimait les femmes un peu comme de gentils animaux familiers qui doivent
servir attentivement leur maître, l’homme, pour être vraiment aimables. Il les aimait dédaigneusement. »
Malgré ces réserves, si on veut considérer le texte dans son contexte et faire les concessions qui s’imposent, c’est un roman qui ne manque pas de saveur.
– Eh bien, ce qui m’intéresse par-dessus tout, c’est le pittoresque, et j’ai plus de plaisir à rencontrer dans mes pérégrinations un type curieux, une histoire gaie, qu’un drame ou qu’une physionomie dramatique.
Et surtout, on s’amuse beaucoup puisque le mode d’expression se résume en un mot lagaléjade (ou galégeade)
« Et toute cette façon de rire de soi et des autres en se donnant un ridicule vrai ou seulement vraisemblable, c’est cela qui constitue la gouaillerie provençale, la galégeade. »
Maurin est un paysan sans instruction mais doué d’une faconde exceptionnelle. Il est même capable de retourner l’opinion publique si bien que le préfet et les autorités le tiennent pour un agent électoral intéressant
Maurin une âme plébéienne digne de sympathie et qui en conduit beaucoup d’autres. De Saint-Raphaël à la Londe-les-Maures, Maurin, en passant par Saint Tropez, a bien dix mille, que dis-je, quinze ou vingt mille électeurs à sa suite… […]Bravo, car il a une conscience bien supérieure à la masse[…]seulement que Maurin prenne garde. Il préfère l’équité à la justice, le bon sens aux préjugés et l’idéal au bon sens…
En plus des histoires de chasse, on assiste à la cuisine électorale locale qui est bien plaisante, en joyeuse compagnie. C’est une époque ou la question de l’influence de l’église était d’actualité ; le lecteur se délectera d’anecdotes anticléricales amusantes. A la fête de la Saint Martin au Plan-de-la-Tour, le curé doit donner une culotte (en guise de manteau de Saint Martin) à un pauvre qui est censé grelotter, et bien sûr Maurin s’en mêle. A la Chapelle de Notre-Dame-des Anges., un ermite fait payer ses récits . Si j’avais lu Maurin des Maures avant, nous n’aurions pas renoncé à y monter sur le plus haut sommet des Maures.
Quant aux histoires des ânes volants de Gonfaron, elles valent leur pesant de crottin….
Des galéjades, mais pas que….
On suit une histoire avec des personnages. L’intrigue tourne surtout autour de la rivalité entre le gendarme Alessandri et Maurin. Sandri est amoureux de la belle Corsoise qui, entre bandit et gendarme, (des figures corses de l’époque) penche plutôt pour le bandit. Jaloux , le gendarme poursuit Maurin qui le fait enrager de plaisante manière.
Avec Maurin, vous visiterez La Chartreuse de la Verne (avant restauration),Collobrières et ses châtaigniersles bois de Bormes-les Mimosas, et la maison forestière, la Môle et ses vignes….. je le citerai dans le contexte!