21. d’Ait Benhaddou à Marrakech en passant par Telouet

MARRAKECH ET LA VALLÉE DU DRAA

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Deux itinéraires possibles : la RN9 que nous connaissons déjà, environ 180 km ou par Telouet 172 km mais un  passage de piste délicat. C’est ce dernier que nous choisissons.

Un dernier regard au ksar d’Ait Benhaddou dans le matin, puis à Tamdaght et ses deux grandes casbahs. Un  petit stop devant une maison en rénovation pour le plaisir d’admirer deux portes anciennes.

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Nous suivons l’oued Ounila dans un défilé de roches rouges puis à Tiffst dans du calcaire clair (grottes signalées). La route monte en épingles à cheveux au dessus de la vallée cultivée en terrasses. Les arbres sont en tenue hivernale sauf es peupliers qui ont gardé des feuilles argentées et dorées. Nous prenons en stop une femme vêtue de noir qui se présente

          «  je suis la maîtresse des petits enfants »

Dès qu’on accepte de la prendre deux jeunes filles suivent. On pousse la valise sur la banquette arrière. Malgré la surcharge la Hyundai grimpe les virages dans la montagne beige.

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Les villages ont très pittoresques perchés à mi-pente au dessus des jardins. Quand la vallée s’élargit l’habitat se disperse. La route est étroite et sinueuse ; on s’y croise à peine. Un panneau : « Travaux pour élargissement » : le chantier a défoncé la route qui devient une très mauvaise piste. Avec les passagères la voiture peine. Une mine de sel est signalée, le lit des ruisseaux est recouvert d’une pellicule de sel mimant la glace. Pause près d’un thuya unique, isolé sans doute très vieux, noueux au port trapu.

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Aux abords de Telouet on retrouve le goudron.

La Casbah du Glaoui est à l’entrée du village, grand ensemble de tours et bâtiments très délabrés. Quelques salles d’apparat ont conservé le décor d’origine d’une qualité inégalée, plus beaux encore que ceux de la Bahia avec des motifs plus fins et plus variés. Les stalactites peintes en vert se détachent sur les stucs blancs. Merveilleuse fenêtre en ferronnerie se s’ouvrant sur les montagnes.

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De Telouet à la RN9, la route est bonne, un peu encombrée par es 4×4 qui ne se poussent pas du goudron et nous forcent à descendre sur les cailloux. Se défier à qui cèdera le premier. J’ai horreur de ces comportements machos et dangereux. En 10jours la neige au col a beaucoup fondu, il ne reste que quelques plaques à l’ombre. Une forêt recouvre les sommets, certes clairsemée, mais aux essences variées : genévriers, cyprès, thuyas, pins et chênes-verts. Les gros buissons sont bien verts. J’ai même la surprise de voir des plaques d’herbes alors que plus au sud tous les sommets étaient arides.

Telouet
Telouet

Enfin on rejoint la RN9 où la circulation est chargée surtout dans l’autre sens, cars minibus touristiques, 4×4 aux toits chargés pour une expédition saharienne soit à la mode. Une enseigne : MIKANIK, nous amuse. Il n’est pas midi lorsque nous passons à Taddert, le restaurateur de La belle Vue  allume son barbecue, les braises ne sont pas encore chaudes, il faudrait attendre trop longtemps pour les brochettes. Nous achetons 4 yaourts à la vanille, un « étage » (8portions) de Vache-qui-rit et les grosses oranges Navel. Nous revoyons avec plaisir les villages traversés qui nous semblent peut être moins étonnants qu’à l’aller.

Au Gueliz, nous sommes prises dans l’embouteillage. Marrakech est pavoisée de grands drapeaux à chaque carrefour. Le roi a choisi d’y passer le Reveillon ; On murmure qu’il aurait des invités de marque. La rumeur en rajoute Obama peut être Hollande ! la route avait paru simple. Mal m’en a pris de demander confirmation à un chauffeurd e taxi qui nous dit d’obliquer à droite. On se retrouve sur Mohamed V, c’est ensuite la galère pour faire demi-tour. L’assistant de l’Agence budget hèle pour nous un grand taxi (100dhr) j’aurais préféré attendre un petit avec compteur. Yannick  a envoyé à Riad Laarous Brahim et la « carossa » qui n’est pas un carrosse mais une charrette à bras pour transporter les valises dans le souk. Nous n’avons jamais vu Brahim. Dès que nous descendons du taxi deux hommes chargent les valises sur une charrette. Sottement on leur demande si l’un d’eux s’appelle Brahim. « Bien sûr ! « L’homme avance à vive allure ; Où va-t-il ? le sait-il lui-même ? Je cours derrière lui sans quitter des yeux les valises. Que fait son compère ?

          « je lui ai dit « dégage ! » » traduit le faux-Brahim.

L’autre  ne s’en va pas du tout et le ton est bien amical pour « dégage ! ». soudain, dans le souk un visage familier de Beija la cuisinière. On se fait la bise. Elle me reproche :

          « Pourquoi n’avez-vous pas attendu Brahim ? ».

 Le faux Brahim suit les indications de Beija mais nous plante dans les couloirs où la charrette ne passe pas. J’avais préparé 50 dhr et glisse le billet au charretier furieux ;

          « nous sommes deux, cela fait 25 dirhams, c’est trop peu ! »

Très en colère je leur réponds qu’ils n’auraient rien de plus, qu’ils sont des menteurs et que le second n’a rien fait.

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Au Riad Jenaï Yannick nous installe au rez de chaussée. Le plafond est magnifique, grands rideaux grenats, couvre-lit rouge, fauteuils bas rouges. Salle de bain contemporaine noire perchée sur une estrade.

merveilleux plafond peint
merveilleux plafond peint

Emplette des cadeaux à la médina. Le choix est vaste pour les sacs à main, il y en a pour tous les goûts, les tailles et les prix. Je néglige ceux qui sont revêtus de tissus brillant qui me paraissent synthétiques. A Ait Benhaddou le vendeur ne m’avait pas convaincue avec l’expression « soie végétale ». J’avais pensé : la soie est une protéine animale, ce qui l’imite c’est du synthétique. Et bien si ! la soie végétale est bien une spécialité marocaine fibre naturelle  le sabra tiré de l’aloe vera.  Cela m’apprendra à être suspicieuse !

Impossible de faire son choix en fonction du prix. Rien n’est étiqueté et les prix sont exagérés. Plus cher qu’en Europe. Depuis notre dernier passage, les articles ont beaucoup changé ; Les cuirs souples jaune rouge ou verts criard ont disparu. Cette année beaucoup de sacs en tissu (les poufs sont tous en tissu) beaucoup de mélange tissu-cuir. Ne jamais marchander un article qui ne plait qu’à moitié. Inutile de dénigrer l’objet pour faire baisser le prix. La concurrence est forte mais les touristes sont si nombreux que le marchand ne nous rappelle pas. Inutile de croire qu’on trouvera moins cher chez le voisin. C’est pareil, surtout si c’est le même article. A part soi, deux questions : Ce sac me convient-il ? Combien suis- je prête à dépenser ? Après cela le prix s’établit à la satisfaction des deux parties.  Le sac cuir et tissu doublé avec des poches intérieures est descendu de 300dh à 180dh (j’en voulais 150) . pour le panier, c’’est encore plus serré. En revanche, les petits flacons aux bouchons métalliques décoratifs sont beaucoup moins chers que prévu.

Le dîner de réveillon est servi vers 22h : velouté de carottes, tagine coing-bœuf décoré de sésame et une énorme coupe de mousse de fruits concoctée par Beija spécialement pour nous : mangue, orange, pomme, poire mixées. Dîner léger en comparaison avec les agapes de Saint Sylvestre mais raffiné et délicieux ; Yannick nous tient compagnie. Nous apprécions sa conversation et avons l’impression des plus des invitées que des clientes.

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20. Oasis de Fint

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Oasis de Fint
Oasis de Fint

Un secret bien gardé, ignorée de nos guides bleu ou Hachette, recommandé par Mohamed et Rose.

14km au sud de Ouarzazate, après la Kasbah de Tifoultoute, sur la droite si on roule vers Zagora, il faut guetter la flèche « Fint 10km ». On traverse une zone bizarre viabilisée avec l’éclairage public et même les passages piétons et les arrêts d’autobus : un lotissement prévoyant des centaines de maisons à bâtir. Curieusement il n’y a rien, ni appartement-témoin, ni panneaux publicitaires, ni chalets de vente. Ce quartier connaîtra-t-il un futur développement ou est-on témoin d’une opération immobilière foireuse ? J’ai déjà vu au Sénégal, au Cambodge tels projets avortés relevant plus de la corruption que de l’urbanisme. A la suite d’un boulevard goudronné assez large pour y faire atterrir un avion bordé de palmiers desséchés à l’agonie, la piste traverse un plateau caillouteux au milieu de nulle part. Des montagnes sombres, volcaniques, des étendues de pierres noircies. On se croirait sur la lune. Si on ne rencontrait pas des voitures de temps en temps, on se demanderait bien ce qu’on est venues faire ici. Mohamed du Bagdad Café nous a assuré que les petites voitures passaient mais on est tendues.

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A un tournant, un homme à casquette bleue retournée façon cycliste (ou banlieue)  nous arrête. On le prend à bord. Dans le désert la solidarité est nécessaire – pensai-je – si on crève il nous aidera. Nous acceptons bien volontiers son invitation pour un thé au village. Au détour de la route on découvre l’oasis au pied de rochers énormes. Une rivière coule. Les palmiers se pressent dans la vallée. Un mirage ? La descente en virages serrés est impressionnante, la piste est cimentée. Si l’oasis est bien cachée elle n’en est pas moins fréquentée par les touristes. « Terrasse des délices » « bivouac des aigles » ont balisé la piste. De gros 4×4 immatriculés en Espagne bouchent le pont. Notre passager nous guide.

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D’un pas alerte, je traverse l’oued derrière lui sur un gué jusqu’à une maison grise qui ne paie pas de mine. Il me montre dans le couloir le moulin à grain actionné à la main ainsi que trois fours pour le pain ou les braises pour les tagines.

maroc 2013mp 124 - Copie Il m’abandonne dans une grande pièce éclairée par un puits de lumière où 4 colonnes délimitent un espace carré sur une estrade de terre. Autour tout est tapissé de tapis, coussins et banquettes. Deux tables rondes accueillent les hôtes ou la famille. Aux murs quelques photos sont encadrées. Il y a même Nicolas Hulot en compagnie du grand père en burnous orange. Dans la voiture, le jeune homme nous a raconté qu’il a travaillé sur le tournage d’Astérix et avec Jamel Debouze. Le frère arrive, casquette  dans le bon sens avec la bouilloire, la théière et un panier de raphia au couvercle pointu ressemblant à celui du plat à tagine. L’homme à la casquette à l‘envers apporte une coupelle de dattes fraîches, des cacahouètes, une femme en voile rose apporte du pain très fin comme une crêpe à tremper dans l’huile d’argan. Pendant que l’eau bout on bavarde ; l’oasis compte 2000 habitants tous berbères qui vivent de l’agriculture, du tourisme et un peu du cinéma. La dame apporte un gros bouquet de menthe du jardin. Du panier, l’homme sort un cône de sucre et un marteau. Je croyais que c’était un usage passé réservé aux musées. Cela m’émerveille. La théière remplace la bouilloire sur le réchaud au sommet de la grosse bouteille de gaz. Transfert savant dans les verres retour à la théière, Nous partageons le thé tous les 4. Au Sénégal, 3 verres éaient de rigueur. Malheureusement je ne peux pas m’attarder.

Le cône de sucre pour le thé
Le cône de sucre pour le thé

Se promener seule dans la palmeraie est difficile. Les touristes sont accompagnés. Je m’y hasarde mais je cherche longtemps un passage, les jardins sont enclos derrière des palissades de palmes tressées. Les champs sont en terrasse. J’arrive au bout de la plus haute sans trouver l’accès au niveau du dessous. En ce moment il y a un peu de luzerne (moins qu’à Agdz) mais surtout des légumes : carottes, navets, fèves ; les pois n’ont que quelques centimètres de haut et de fin brins vert tendre donneront peut être des céréales. Toutes els cultures se font à l’ombre des palmiers. Au dessus des rigoles la bigne s’étale en formant des tonnelles. Figuiers et grenadiers ont perdu leurs feuilles. L’eau coule en abondance. Il a plu la semaine dernière mais l’oued n’a pas débordé, s’est plaint l’homme à la casquette à l’envers. Au bord de la rivière, les femmes font la lessive dans des cuvettes métalliques qui ressemblent au fond de gros bidons avec des planches de bois dentelées. Comment laver tant de linge dans si peu d’eau ? Je repense au film Tinghir-Jérusalem. Tandis que les hommes avaient la nostalgie du village  les femmes se félicitaient des machines à laver israéliennes. Dans la palmeraie de nombreux oiseaux chantent et volent ; on croise un grand héron cendré. On croise un berger et son troupeau, quelques moutons et chèvres qui reviennent de la montagne.

Le retour est plus facile ; Je remarque des vergers irrigués en goutte à goutte, rangées d’oliviers et d’agrumes ; irrigation permise par e barrage tout proche ; je suis perplexe. Ce barrage est le coupable qui assèche la palmeraie du Draa. Ouarzazate se livre sous nos yeux dans un  écrin de verdure. On a planté des pins, des eucalyptus et nous longeons une pépinière forestière.

Pour dîner tagine aux pruneaux et abricot. L’agneau est délicieux. C’est excellent.

19 . Ait Benhaddou – Tamdaght

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Ait Benhaddou
Ait Benhaddou

Le petit déjeuner du Bagdad Café est très bien servi : crêpes brioches, œuf sur le plat….

On se précipite sur le site avant l’arrivée des cars et on traîne à photographier les détails du décor de pisé, on s’amuse à cadrer par toutes les ouvertures, portes, fenêtres. Même très touristique, Ait Benhaddou reste photogénique.

pisé
pisé

Promenade le long  de l’oued

Tamdaght se trouve à 5km sur la route de Telouet. Nous décidons de nous y retrouver. Facile d’y aller à pied m’assure-t-on, il suffit de suivre l’oued. Nous avons vu trop d’oueds asséchés et j’ai oublié que c’est une rivière. Devant le site d’Ait Benhaddou, le lit est à sec. Dès la sortie du village je remarque que l’eau est canalisée dans un conduit en ciment. Je marche sur les galets sans me méfier. La fine argile forme des figures de dessiccation et s’enroule en copeaux.

maroc2013dt 002 (255) - CopieParfois la boue est humide. Quelques temps plus tard, je vois la rivière couler avec de l’eau vie et du courant. J’évite la berge concave bordée par la falaise pour marcher sur la rive opposée dans le sable. On a creusé une rigole. Me voilà coincée entre la rivière et la rigole. Je dois reculer pour trouver un passage où le canal est plus étroit et où je peux sauter. Je m’engage entre les tamaris qui me bouchent  la vue. Trop profond, trop large, je ne peux plus sauter. Il faut encore revenir en arrière et trouver un gué praticable. A ce jeu- là je vais mettre beaucoup plus qu’une heure et quart prévue pour les 5km. Au méandre suivant me voici accolée à la rive consolidée par un mur de pierres enfermées dans un grillage. Des sacs en travers du courant ont été posés pour traverser à gué ; Trop profond. Ma chaussure est trempée. Une fois pieds mouillés, je traverse sans prendre de précautions, il ne fait pas froid au soleil. Sur le pont métallique une voiture noire passe et repasse. Il n’y a pas de réseau pour téléphoner, je monte sur la route. C’est moins charmant que près de l’oued mais cela gagnera du temps.

Tamdaght

Casbahs de Tamdaght
Casbahs de Tamdaght

Loin des foules d’Ait Benhaddou, les casbahs ont gardé leurs mystères et leurs habitants. Le marchand de légumes ambulant s’est installé sur la place. L’école primaire s’orne d’inscriptions en alphabet berbères, en arabe et curieusement en français « École centrale islamique ». la plus grand  casbah est rénovée et transformée en hôtel. Une autre plus « ancienne »est habitée mais visitable moyennant 20dirhams. Une jeune fille en cheveux (c’est rarissime) me tombe littéralement dessus, elle encaisse les 20dh mais ne guide pas. Je découvre seule la grande galerie avec ses belles portes bleues, ses grillages et ses plafonds peints. L’énorme nid de cigogne est vide.

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18. De M’Hamid à Ait Benhaddou

 

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Des barrières contre l'avancée des dunes
Des barrières contre l’avancée des dunes

es murs de palmes tressées empêchent  que le sable n’envahisse les cultures. Je cueille un brin du buisson bleu-vert. Ses feuilles sont épaisses, presque une plante grasse, les petits fruits, globuleux (je ne suis pas sûre que ce soient des fruits). Acacias et hamada, sables tamaris, j’ai plus de mal à identifier les buissons tellement desséchés qu’il ne reste qu’une trame  à symétrie hexagonale et de longues aiguilles. Les buissons sont beaucoup plus présents qu’on ne l’imaginerait.

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Entre Tagounit et Tamgrout on franchit un petit col. De là, la vue est étendue sur la palmeraie mais elle est brouillée, brouillard de chaleur ou poussière ? Le vent se lève ; c’était un  vent de sable. A Tinfou : travaux. La  poussière du chantier s’additionne au sable. On ne voit plus rien, ni le bord de la piste, ni les véhicules qui viennent à notre rencontre ni les engins du chantier. Heureusement tout est clair à Zagora où nous assistons à l’arrivée d’un marathon.

palmeraie
palmeraie

Nous avions repéré une flèche « Circuit touristique de la Palmeraie » parallèle à la RN9 sur l’autre rive du Draa. Selon Hassan, un véhicule léger peut le parcourir. Dès qu’on a traversé l’oued on rencontre des travaux qu’on doit contourner. A chaque intersection le doute s’installe. Doit-on choisir la direction « à la boussole » vers le nord ou prendre la piste principale mieux entretenue ? La route mène à un village où personne n’est capable de nous renseigner. On poursuit le long du Draa jusqu’à un pont. La palmeraie est verte, l’eau vive circule dans des rigoles, la luzerne a une couleur intense, des choux croissent au beau milieu des luzernes ou des fèves. Vie intense qui contraste avec la tristesse de la palmeraie abandonnée de M’Hamid.

J’ai plaisir à retrouver les casbahs autour d’Agdz. Reprendre la même route qu’à l’aller ne m’ennuie nullement ; j’aime ces révisions qui fixent les repères dans la mémoire.  Nous pique-niquons non loin de la cascade de Tizgui (avocat, vache-qui-rit- et oranges achetés à Zagora).  Avant Ouarzazate on loupe la route de Marrakech et traversons la ville. Ville moderne de ciment, impersonnelle, administrations, hôtels, garages. Nous passons devant les studios Atlas que nous avions visité : les décors égyptiens sont toujours visibles de la route.

l'oued près d'Ait Benhaddou
l’oued près d’Ait Benhaddou

Le trajet Ouarzazate/Ait Benhaddou paraît interminable. Nous arrivons à 16heures à notre Hôtel Bagdad Café (le premier sur la route principale). Rose me conseille de filer sur le site pour profiter du coucher du soleil qui donne au pisé une teinte au rouge et des ombres intéressantes. Une contribution d 10 dirhams est demandée pour la restauration du site. Décors naturels de tournage de nombreux films (Lawrence d’Arabie, Gladiator, Alexandre), inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco, Ait Benhaddou est un site pittoresque mais très touristique. Même à 17h15, on s’y bouscule dans toutes les langues (surtout en Espagnol). Le ksar perché sr la colline est surmonté d’un grenier (agadir), il domine un oued qui lui donne un écrin de verdure. Même vidé de ses habitants, même occupé par les marchands de souvenirs, Ait Benhaddou garde un charme certain malgré la perte de son authenticité. Il y a 13 ans, nous avions acheté un pouf en cuir qu’on avait rempli de souvenirs, miroirs au cadre incrusté d’os, un sac, un couvre-lit…Rien ne me tente aujourd’hui, les couvre-lits me semblent industriels, les tapis et kilims sont tous identiques, chèches et autres batiks arrivent tout droit d’Asie. Sans parler de « aquarelles au thé et au safran » et des villages en plastique.

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J’ai choisi sur Internet le Bagdad Café pour ses 6 chambres et sa petite piscine ; L’accueil de Rose et de Mohamed est très chaleureux ; Ils sont prévenants, à l’écoute et de bon conseil. Notre chambre est parfaite avec une salle d’eau assez grande, de l’eau chaude dans la douche, un chauffage efficace. Le décor est sobre : plafond de roseaux meubles contemporains de ficelle tressée, tadelakht brun et rose, couettes assorties aux couleurs assorties orange rouge et gris. La pièce est bien éclairée. Je vais pouvoir laver mes cheveux et me débarrasser du sable de la route !

Pour dîner, j’ai commandé de la pastilla – un met raffiné – celle qui arrive est « individuelle » galette recouverte de sucre glace décorée à la cannelle. La pâte feuilletée est bonne mais la farce est un peu sèche, le poulet (ou pigeon) est haché tellement fin qu’on ne le perçoit pas, mélangé à la noisette, l’amande pilées et la cannelle. La poudre aurait gagné à être mélangée à du beurre.

17. M’Hamid – pierres de fossiles, promenade en carriole

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La lune est brouillée derrière un écran nuageux. Au point du jour, des écharpes roses, mauves drapent le ciel. Précédée par Gen, le japonais, je grimpe à la plus haute pour voir le soleil se lever. Sans illusions, une barre nuageuse nous privera du spectacle. C’est la deuxième fois, déjà à Merzouga…Nous retournons vers M’Hamid. Mohamed arrête le véhicule sur la hamada pierreuse.

          «  Et tes pierres difficiles, tu comptes les mettre dans la valise ? » râle DT

           « Et comment ! si je trouve des fossiles mes élèves seront ravis ! »

Mohamed a l’œil exercé, à peine descendus de voiture, il trouve une pierre portant un long et mince orthoceras côté pile et un beaucoup plus gros côté face. Les Japonais et nous ne trouvons rien du tout. Soit Mohamed, le Nomade, sait quoi et où chercher, soit il m’a gardé en réserve cette  pierre intéressante que je range précieusement dans mon sac.

Nous reprenons les mêmes pistes qu’hier, mais le ciel est laiteux, le soleil voilé, la lumière moins franche. La géologue se pose de plus en plus de questions : qui a roulé ces galets sur la hamada, d’où leur vient cette patine foncée ? Cassés, leur cœur est clair. D’où se sont d&tachées les pierres de fossiles. La répartition des végétaux m’intrigue aussi. La présence d’un sol meuble est –elle déterminante ? Ou est-ce que l’eau est plus proche ? Le puits n’est pas très profond – à peine (5 ou 6m). Mohamed est très gentil mais il n’a pas été à l’école, il a appris le Français avec les touristes, je ne peux pas lui faire part de mes interrogations.

10h – nous sommes de retour à l’auberge retrouvons avec plaisir Hassan. Avec les Japonais nous nous connectons à la Wifi. Je montre mon blog  à Hassan qui connaît le metteur en scène de Tinghir-Jérusalem et a vu le film. Hassan n’est pas seulement vif et intelligent, il est aussi cultivé et me suggère un livre Les Origines Sahariennes de Jacques Meunié (j’ai feuilleté le sommaire sur Amazon, c’est un  livre très savant qui parle des origines jusqu’au 16ème siècle mais il coûte 83€)

Déjeuner en compagnie des Japonais : tagine poulet, citron avec encore des petits pois frais à peine cuits, délicieux, une salade de légumes variés, tomates, chou fleur, poivrons et oignons en compote.

La promenade en carriole

La promenade en carriole commence à 14h30, Mohamed, 17ans est l’ânier. La haute plateforme est recouverte de tapis et de coussins. Au détour de la route nous nous trouvons dans la palmeraie. Le contraste entre les palmiers très verts et fournis et la Hamada est étonnant.

Il se dégage des palmeraies une impression de fraîcheur et de sérénité toujours renouvelées, une impression de tristesse aussi. Si les arbres sont verdoyants, les champs paraissent abandonnés. Certains ont été préparés pour d’hypothétiques semis, attendant l’eau, la pluie ou celle du Draa. Autour de rares stations de pompage on irrigue. D’autres parcelles sont craquelées, abandonnées depuis longtemps, les rigoles envahies par le sable. Des tamaris commencent à se développer dans les anciens jardins. Une casbah s’est écroulée, il y a peu sans doute, les fils électriques pendent encore. Le ksar est encore habité et a une école primaire rose, un stade enfermé derrière une belle grille, des moutons dans une cour. Les enfants désœuvrés trainent, les plus grands,  sur des vélos, tournent autour de notre charrette, les petits jouent à la marelle. Les femmes sont voilées de noir avec des broderies jaune, rouge et vert très vifs et leur voile est bordé de pompons. Elles portent les bébés sur le dos comme les africaines. Passant devant nous, elles font le signe « non » de la main sans que nous ne tentions de les photographier le moins du monde.  Les habitants vaquent dans les couloirs du village de terre.

Le ciel est couvert, l’agriculture à l’abandon, les maisons écroulées donnent à la promenade une impression de nostalgie. Deux stations de pompage tentent d’irriguer les champs de luzerne très verte des rectangles de ferraille jaune fraîchement peints régulent la circulation de l’eau dans les rigoles. Un semblant de survie dans cette palmeraie qui se meurt. Même l’âne se traîne. Mohamed, l’ânier est plein de bonne volonté et cherche à faire durer la promenade en s’engageant dans des chemins de traverse et s’arrête pour les photos. Par politesse, je filme sans conviction, sachant que j’effacerai au retour ces vidéos fades sans soleil ni ombres.

On nous convie très tôt à 7h pour dîner. Ensuite, une animation musicale est prévue ; Brahim jouera de  l’oud.  Rien ne se passe comme prévu. Les Japonais arrivent en retard. Ils sont vraiment charmants et très gais. La harira est un peu fade mais le bœuf du tagine est fondant. L’arrivée des inévitables clémentines déclenchent l’hilarité de Junko .  On traîne à table jusqu’à 21h15. Ne voyant rien venir,  on se sépare. Mohamed vient nous chercher alors que nous sommes déjà déshabillées.

16. les dunes de Chigaga

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A l'assaut de la Grande Dune
A l’assaut de la Grande Dune

Enfin les dunes!

au pied, un bivouac avec une dizaine de tentes faites de laine brune de chèvre et de dromadaire tissée en bande de 40 à 60 cm cousues entre elles  tendues sur une armature métallique. Une belle tente caïdale blanche brodée et doublée sert de restaurant. Le sol est couvert de tapis, les chaises habillée de bleu nuit. Impression de luxe.

On nous accueille avec le thé sous la grande tente. L’omelette berbère est servie dans un plat à tagine, les œufs cassés sur les poivrons et les oignons en compote grésillent. Une salade tomate concombre et poivron l’accompagne.

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Après le thé, Mohamed nous conduit à la Grande Dune de Chegaga haute de plus de 300m. Il a mis e la musique sahraouie planante pendant la traversée du désert. Nous partons à l’assaut de la dune ; la montée est un peu pénible tant que je garde mes sandales. Pieds nus c’est mieux. Les crêtes sont plus faciles que les traversées où l’on s’enfonce. Arrivée au sommet je suis fière de moi. Un sommet de 300m !!!

Nomades saharouis au puits
Nomades saharouis au puits

Rencontre avec des nomades au puits : un jeune porte un magnifique turban violet, il a de beaux yeux bleus, un visage d’enfant mais des mains d’ouvrier. Un troupeau de chèvres passe, une femme les poursuit en courant toute voilée de rouge. Les couleurs des voiles sont très africaines. Elles sont enveloppées dans une mousseline très fine passant au dessus de la tête, enroulée autour de la taille ressemblant beaucoup au meufeu des Maures du Sénégal. Dans le désert le voile n’est pas un signe religieux ni un accessoire de mode, il est indispensable contre la poussière et la brûlure du soleil. Nous avons appris à nouer le chèche. Les nomades, chameliers chauffeurs et cuisiniers le portent sur la bouche et même devant le nez.

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Au diner dans la tente caïdale, excellente harira et tagine . Des copeaux de carotte et des quartiers de pommes de terre cachent la viande qui baigne dans une sauce aux oignons et petits pois frais. C’est de la chèvre fondante, confite. « Pas du chevreau » explique Najji « 15kg, petite chèvre » . Mandarines encore.

Mohamed, Najji et Omar
Mohamed, Najji et Omar

Le thé est servi près du feu. Avec quelques branches de tamaris ils ont construit un cône. Pas de petit bois, ils allument le feu avec des cartons. Le bois sec brûle avec de belles flammes claires. Mohamed, Najji et Omar, turbans noirs et robes bleues on relevé les pans de leurs chèches sur la bouche ; Ils s’accompagnent de derbouka et de sorte de castagnettes métalliques, chantent pour nous, essaient de raconter des blagues…Le ciel est plus étoilé qu’on ne peut le rêver. Najji nous montre comment trouver la direction de La Mecque avec la Grande Casserole.

Lever du soleil à 7h demain matin. On se couche sous trois très grosses couvertures.

15.En route vers Chigaga

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Mohamed le chauffeur
Mohamed le chauffeur

10heures, départ en 4×4 en compagnie d’un couple de Japonais arrivés par taxi de Zagora, francophones et sympathiques. Mohamed le chauffeur est jeune, il porte une belle djellaba bleue et un chèche noir qui ne laisse voir que ses yeux magnifiques. A la sortie de M’Hamid, fin du goudron, la piste commence dans la Hamada pierreuse et plate puis dans le sable.

les tamaris
les tamaris

La végétation reste très présente. Dès qu’il y a un peu de sable pour retenir les racines. Les tamaris sont une taille respectable,  ils arrêtent le vent qui construit une petite butte sableuse d’où émergent les branches ? Parfois les tamaris ont l’air perché au sommet de la butte. De nombreux buissons épineux forment des coussins gris, verts ou bleutés . Mohamed repère 3 dromadaires qui paissent tranquillement et se laissent photographier. Les nomades ne les entravent pas et les laissent chercher seuls leur pâturage.

dromadaires
dromadaires

Sur les petites dunes la conduite est plus sportive, mieux que la foire du Trône. Partout il y a des traces de pneus. Le désert est devenu un vaste terrain de jeu pour touristes. Avec la sécheresse et le barrage sur le Draa qui a tari le fleuve il n’y a pratiquement plus d’agriculture. Les caravanes ne passent plus. Les sahraouis du campement racontent que la guerre a fermé les frontières. J’ai quelques doutes. Qui fait encore du commerce à dos de dromadaires à l’heure des 4×4 et des camions ? Le tourisme reste donc la seule activité de M’Hamid, les nomades trouvent des emplois de chameliers, chauffeurs, guides ou dans les hôtels. C’est purisme que de regretter la poésie perdue ou souillée par les pneus des 4×4 ! Je ne veux pas tomber dans ce travers. Le temps des explorateurs sahariens, de Monod ou de Foucault est révolu !

Les mots de Monod restent imprimés dans ma tête. Avec lui je regarde les végétaux bien plus nombreux que je ne le pensais avant. Je l’imagine marchant avec son herbier, collectionnant les plantes du désert. Sur la hamada pierreuse, il ne pousse que des buissons  épineux  desséchés, dès que le sol est plus meuble les coussins verts sont plus nombreux. On traverse une presque-forêt de tamaris. Le 4×4 file plein sud. A gauche, à l’est les montagnes de l’Algérie. A droite, encore un plateau violacé, pourpre, parfois échancré borde l’horizon. La hamada plate est ravinée par un oued, peut être très ancien avec des galets ronds dans son lit. Quand a-t-il coulé la dernière fois ?

14. M’Hamid

MARRAKECH ET LA VALLÉE DU DRAA

l'enseigne de l'auberge
l’enseigne de l’auberge

 

L’Auberge de Hassan : Hamada du Draa est précédée par un portail monumental surmonté de deux dromadaires métalliques baraqués. On entre par une très belle porte en bois  incrusté de fibules berbères et de cauris et on se trouve dans un verdoyant jardin.

maroc2013dt 002 (184) - CopieOn a recouvert une grande estrade de tapis colorés avec des divans et des tables basses et des coussins. Sur une terrasse trois tables en mosaïque et des chaises de ferronnerie, sous une tente il y a encore des tables.

salle de bain grand luxe poterie de tamgroute
salle de bain grand luxe poterie de Tamgroute

Les chambres sont installées dans de spacieux bungalows de terre à la façade arrondie peinte de figures naïves à la manière des cases africaines. La porte est gravée d’une fibule triangulaire. Le mobilier consiste en un très grand lit dont la tête est en ficelle tressée. La table de nuit et un canapé sont aussi en ficelle. Le tapis rebrodé de rouge et noir au point de croix est aussi sur du jute. Le carrelage jaune est parsemé d’étoiles bleues. La douche est installée dans un cylindre carrelé de carreaux verts de Tamgroute. Le clou est le lavabo de pierre contenant des ammonites et des orthoceras  qui ressortent en relief, une merveille.

Ammonites et orthoceras dans le lavabo
Ammonites et orthoceras dans le lavabo

Hassan nous attendait. L’accueil est chaleureux avec bien sûr du thé.

On s’installe ensuite dans le jardin pour écrire, trier les photos et se reposer après le long voyage.

Au dîner la soupe est jaune et contient des vermicelles et des petits pois frais. La tagine de poulet au citron est accompagné d’olives, de petits pois frais et de carottes ; Excellent ! Pour finir des mandarines.

13. La route d’Agdz à M’Hamid

MARRAKECH ET LA VALLÉE DU DRAA

 

La route construite un peu en hauteur au dessus de la palmeraie domine les jardins, paysage verdoyant. Nous jetons un air un peu blasé aux casbahs et aux ksour sans nous y arrêter. La kasbah Oulad Othman est vraiment impressionnante, nous marquons l’arrêt sans la visiter. La route s’élève dans le défilé de l’Azlag . La falaise brune éclipse le soleil pendant un petit moment et c’est bien reposant. Beau panorama sur la palmeraie. J’essaie de repérer les strates épaisses qui coiffent la montagne. Géologie à la jumelle, évidente pour qui possède les repères que j’ignore. Jusqu’à Zagora, la palmeraie reste proche même si la route s’éloigne parfois. Zagora est une ville avec des bâtiments officiels, des grands carrefours, des banques, de nombreux hôtels. Nous nous félicitons de lui avoir choisi Agdz pour étape.

Entre Zagora et Tamgroute nous rencontrons les premiers amas de sable. Peut –on les appeler des dunes ?

les portes du désert
les portes du désert

Tamgroute s’est développée depuis  notre premier passage il y a 12 ans. C’était un petite bourgade dans mon souvenir, notre guide nous avait cueillie à l’entrée de la ville. C’était un homme charmant, artiste, cultivé qui nous avait fait une longue visite et offert une esquisse calligraphiant nos prénoms avec les troncs des palmiers. Je garde un très bon souvenir.

Aujourd’hui nous traversons des faubourgs avant de trouver la Mosquée où se trouve la bibliothèque fameuse. Un homme en djellaba nous fait garer la voiture dans l’ombre du minaret et propose ses services. Pas question d’y couper, guide ou faux guide, autant prendre celui-là ! A la bibliothèque, il cède le guidage à un très vieil homme tout ratatiné dans une chaise roulante qui récite plus qu’il n’explique. La bibliothèque date donc de 1600 et contient 4000 manuscrits. Le plus ancien est un Coran sur peau de gazelle de 1063/483. D’autres ouvrages enluminés et calligraphiés sont des commentaires du coran, du Droit coranique, des ouvrages de grammaire, d’astronomie, de mathématiques, il y a même une histoire de l’Egypte,  un dictionnaire turc/arabe et des poésies berbères transcrites phonétiquement en alphabet arabe. Tout ceci est présenté dans des vitrines. Précieux pour des érudits, émouvant pour qui sait lire l’arabe, les manuscrits anciens me plaisent. J’avais passé une matinée passionnante au matanadaran à Erevan. Malheureusement l’interdit religieux des images limite l’enluminure à de la calligraphie ce qui est plus difficile à apprécier.

A grands pas, mon guide en djellaba rayée traverse la cour de la zaouïa pour me montrer le mausolée du fondateur de la bibliothèque Sidi Mohamed Bennacer. On n’entre pas, je ne peux qu’admirer les plafonds peints en bois de cèdre de l’Atlas à l’extérieur. Sous les arcades de la zaouïa vivent des pèlerins des indigents et surtout des malades qui espèrent recouvrer la santé à proximité du mausolée. Ils sont nourris par la communauté. Les femmes sont hébergées à part dans une salle.

Le complexe religieux comporte une université coranique où 120 étudiants étudient pendant 3 ans. Tout est gratuit pour eux, logement et nourriture mais ils ramassent les dattes et les vendent ; la ville de Tamgroute possède 7 mosquées correspondant aux 7 familles ; chaque famille peut avoir un effectif de 500 personnes. Venues avec les caravanes elles ont des origines lointaines au Mali même au Sénégal. Chaque famille occupe un quartier de la ville et se consacre à un métier. Nous nous engageons dans le couloir qui reste frais même dans la chaleur écrasante de l’été.

Les potiers de Tamgroute

poterie de Tamgroute
poterie de Tamgroute

Les potiers sont originaires du Mali. 460 membres font partie de la coopérative, dans chaque atelier les familles se relaient  à tour de rôle pour que chacun trouve du travail. La glaise est prélevée à trois kilomètres dans le lit du Draa étalée puis pétrie 4 à 5 semaines dans la cour. La couche prête à l’emploi est épaisse de 2 ou 3 cm et bien humide. Un homme travaille au tour, il est installé dans un creux seul émergent du sol de l’atelier, son buste et le pot en train de grandir. On fabrique toutes sortes de poteries : des grandes jarres émaillées de vert, des tuiles vertes ; des gobelets, des plats, des carreaux. La couleur verte(oxyde de cuivre) est la spécialité de Tamgroute mais on produit aussi des plats à tagine bruns (hématite). Aux oxydes minéraux on mélange aussi des pigments végétaux comme le henné ou le safran. Une autre technique plus délicate appelée « peinture au henné » est le travail des femmes. Les motifs sont marron et noirs sur un fond clair et ressemblent aux tatouages.  Evidemment la visite se termine à la boutique. Le potier a fait une visite vraiment intéressante, impossible de partir les mains vides. Je jette mon dévolu sur un brûle-parfum en forme de plat à tagine a joué de motifs de croissant de lune et d’étoiles. Le jaune que j’ai choisi est plus cher parce qu’il est au safran.(50dh). Le guide propose d’aller voir els forgerons, j’écourte redoutant un nouveau traquenard.

Je resterai sur mon ancien souvenir de Tamgroute. A la sortie nous voyons les premières dunes et la ville ensablée. Des constructions émergent à peine du sable.

la ville ensablée au sud de Tamgroute
la ville ensablée au sud de Tamgroute

La route est en chantier, une piste caillouteuse la double. Comme il y a pas mal de circulation on avale de la poussière. Le désert est plat, pierreux sans rien qui n’accroche le regard. Passé un autre col nous retrouvons le Draa dont l’eau est particulièrement limpide ce qui me paraît étrange. Des écriteaux préviennent :

          «  vous entrez dans le désert ! milieu fragile, économisez l’eau qui est précieuse ! emportez vos ordures ! »

un acacia, un puits...bel endroit pour un piquenique!
un acacia, un puits…bel endroit pour un piquenique!

Il est près de 2h, le pique-nique est minimaliste : une orange, une mandarine et une banane mais l’endroit choisi est rêvé : un acacia au feuillage léger et un  peu plus loin un puits. Des dromadaires ont laissé l’empreinte de leurs pas.

Tagounite

Tagounite est une ville de garnison. Une base militaire occupe l’entrée de la ville de ciment poussiéreux envahie par une horde de cyclistes : les lycéens qui retournent au lycée.

M’Hamid

M’Hamid est la fin de la route. Après, c’est le désert, la piste. En dehors du tourisme, il n’y a pas grand-chose. Le tourisme est agressif. Par trois fois des rabatteurs nous arrêtent.

12.jeudi, souk à Agdz

MARRAKECH ET LA VALLEE DU DRAA

 maroc2013dt 002 (167) - Copie

 

 

Jeudi, jour de marché à Agdz. Le souk est aux portes de la ville. On arrive de partout, en grand taxi Peugeot ou en carriole à âne. La marchandise est déballée par terre légumes et quincaillerie ou outils, sur des tréteaux pour les épices. Les mandarines remplissent out l’arrière d’un petit camion, les tas d’oignons sont gigantesques, les pommes de terres monstrueuses. Tous les légumes d’été chez nous sont ici en décembre : petits pois, haricots verts, aubergines, courgettes, poivrons…Aucune femme : les hommes font les courses.  Des antiquaires ont suspendu des kilims colorés. Je demande le prix d’une théière décorée d’os 250dirhams (trop cher !) Le marchand nous rappelle. Elle ne me tente pas assez pour engager un marchandage. Un autre article me touche plus : un soufflet orné d’une étoile de David, d’une ménorah et une main de Fatima. Le marchand insiste, il est encore en état de marche. Après la visite du mellah abandonné, cet objet est émouvant. Pas question de le mettre dans la valise, il est trop encombrant. Je le quitte à regret.