MARRAKECH ET LA VALLÉE DU DRAA
Deux itinéraires possibles : la RN9 que nous connaissons déjà, environ 180 km ou par Telouet 172 km mais un passage de piste délicat. C’est ce dernier que nous choisissons.
Un dernier regard au ksar d’Ait Benhaddou dans le matin, puis à Tamdaght et ses deux grandes casbahs. Un petit stop devant une maison en rénovation pour le plaisir d’admirer deux portes anciennes.
Nous suivons l’oued Ounila dans un défilé de roches rouges puis à Tiffst dans du calcaire clair (grottes signalées). La route monte en épingles à cheveux au dessus de la vallée cultivée en terrasses. Les arbres sont en tenue hivernale sauf es peupliers qui ont gardé des feuilles argentées et dorées. Nous prenons en stop une femme vêtue de noir qui se présente
– « je suis la maîtresse des petits enfants »
Dès qu’on accepte de la prendre deux jeunes filles suivent. On pousse la valise sur la banquette arrière. Malgré la surcharge la Hyundai grimpe les virages dans la montagne beige.
Les villages ont très pittoresques perchés à mi-pente au dessus des jardins. Quand la vallée s’élargit l’habitat se disperse. La route est étroite et sinueuse ; on s’y croise à peine. Un panneau : « Travaux pour élargissement » : le chantier a défoncé la route qui devient une très mauvaise piste. Avec les passagères la voiture peine. Une mine de sel est signalée, le lit des ruisseaux est recouvert d’une pellicule de sel mimant la glace. Pause près d’un thuya unique, isolé sans doute très vieux, noueux au port trapu.
Aux abords de Telouet on retrouve le goudron.
La Casbah du Glaoui est à l’entrée du village, grand ensemble de tours et bâtiments très délabrés. Quelques salles d’apparat ont conservé le décor d’origine d’une qualité inégalée, plus beaux encore que ceux de la Bahia avec des motifs plus fins et plus variés. Les stalactites peintes en vert se détachent sur les stucs blancs. Merveilleuse fenêtre en ferronnerie se s’ouvrant sur les montagnes.
De Telouet à la RN9, la route est bonne, un peu encombrée par es 4×4 qui ne se poussent pas du goudron et nous forcent à descendre sur les cailloux. Se défier à qui cèdera le premier. J’ai horreur de ces comportements machos et dangereux. En 10jours la neige au col a beaucoup fondu, il ne reste que quelques plaques à l’ombre. Une forêt recouvre les sommets, certes clairsemée, mais aux essences variées : genévriers, cyprès, thuyas, pins et chênes-verts. Les gros buissons sont bien verts. J’ai même la surprise de voir des plaques d’herbes alors que plus au sud tous les sommets étaient arides.

Enfin on rejoint la RN9 où la circulation est chargée surtout dans l’autre sens, cars minibus touristiques, 4×4 aux toits chargés pour une expédition saharienne soit à la mode. Une enseigne : MIKANIK, nous amuse. Il n’est pas midi lorsque nous passons à Taddert, le restaurateur de La belle Vue allume son barbecue, les braises ne sont pas encore chaudes, il faudrait attendre trop longtemps pour les brochettes. Nous achetons 4 yaourts à la vanille, un « étage » (8portions) de Vache-qui-rit et les grosses oranges Navel. Nous revoyons avec plaisir les villages traversés qui nous semblent peut être moins étonnants qu’à l’aller.
Au Gueliz, nous sommes prises dans l’embouteillage. Marrakech est pavoisée de grands drapeaux à chaque carrefour. Le roi a choisi d’y passer le Reveillon ; On murmure qu’il aurait des invités de marque. La rumeur en rajoute Obama peut être Hollande ! la route avait paru simple. Mal m’en a pris de demander confirmation à un chauffeurd e taxi qui nous dit d’obliquer à droite. On se retrouve sur Mohamed V, c’est ensuite la galère pour faire demi-tour. L’assistant de l’Agence budget hèle pour nous un grand taxi (100dhr) j’aurais préféré attendre un petit avec compteur. Yannick a envoyé à Riad Laarous Brahim et la « carossa » qui n’est pas un carrosse mais une charrette à bras pour transporter les valises dans le souk. Nous n’avons jamais vu Brahim. Dès que nous descendons du taxi deux hommes chargent les valises sur une charrette. Sottement on leur demande si l’un d’eux s’appelle Brahim. « Bien sûr ! « L’homme avance à vive allure ; Où va-t-il ? le sait-il lui-même ? Je cours derrière lui sans quitter des yeux les valises. Que fait son compère ?
– « je lui ai dit « dégage ! » » traduit le faux-Brahim.
L’autre ne s’en va pas du tout et le ton est bien amical pour « dégage ! ». soudain, dans le souk un visage familier de Beija la cuisinière. On se fait la bise. Elle me reproche :
– « Pourquoi n’avez-vous pas attendu Brahim ? ».
Le faux Brahim suit les indications de Beija mais nous plante dans les couloirs où la charrette ne passe pas. J’avais préparé 50 dhr et glisse le billet au charretier furieux ;
– « nous sommes deux, cela fait 25 dirhams, c’est trop peu ! »
Très en colère je leur réponds qu’ils n’auraient rien de plus, qu’ils sont des menteurs et que le second n’a rien fait.
Au Riad Jenaï Yannick nous installe au rez de chaussée. Le plafond est magnifique, grands rideaux grenats, couvre-lit rouge, fauteuils bas rouges. Salle de bain contemporaine noire perchée sur une estrade.

Emplette des cadeaux à la médina. Le choix est vaste pour les sacs à main, il y en a pour tous les goûts, les tailles et les prix. Je néglige ceux qui sont revêtus de tissus brillant qui me paraissent synthétiques. A Ait Benhaddou le vendeur ne m’avait pas convaincue avec l’expression « soie végétale ». J’avais pensé : la soie est une protéine animale, ce qui l’imite c’est du synthétique. Et bien si ! la soie végétale est bien une spécialité marocaine fibre naturelle le sabra tiré de l’aloe vera. Cela m’apprendra à être suspicieuse !
Impossible de faire son choix en fonction du prix. Rien n’est étiqueté et les prix sont exagérés. Plus cher qu’en Europe. Depuis notre dernier passage, les articles ont beaucoup changé ; Les cuirs souples jaune rouge ou verts criard ont disparu. Cette année beaucoup de sacs en tissu (les poufs sont tous en tissu) beaucoup de mélange tissu-cuir. Ne jamais marchander un article qui ne plait qu’à moitié. Inutile de dénigrer l’objet pour faire baisser le prix. La concurrence est forte mais les touristes sont si nombreux que le marchand ne nous rappelle pas. Inutile de croire qu’on trouvera moins cher chez le voisin. C’est pareil, surtout si c’est le même article. A part soi, deux questions : Ce sac me convient-il ? Combien suis- je prête à dépenser ? Après cela le prix s’établit à la satisfaction des deux parties. Le sac cuir et tissu doublé avec des poches intérieures est descendu de 300dh à 180dh (j’en voulais 150) . pour le panier, c’’est encore plus serré. En revanche, les petits flacons aux bouchons métalliques décoratifs sont beaucoup moins chers que prévu.
Le dîner de réveillon est servi vers 22h : velouté de carottes, tagine coing-bœuf décoré de sésame et une énorme coupe de mousse de fruits concoctée par Beija spécialement pour nous : mangue, orange, pomme, poire mixées. Dîner léger en comparaison avec les agapes de Saint Sylvestre mais raffiné et délicieux ; Yannick nous tient compagnie. Nous apprécions sa conversation et avons l’impression des plus des invitées que des clientes.