La Maison d’Emile Zola à Médan

LES ROUGON-MACQUART

La maison de Zola vue des bords de Seine à Médan

26 rue Pasteur – Médan – de Paris environ 30 km par l’autoroute A13

Les visites sont guidées, il convient de réserver les billets sur Internet sur le site de la Maison d’Emile-Zola – Musée Dreyfus

Zola acheta sa maison en 1878 grâce aux gains de l’Assommoir, puis agrandit la maison avec deux tours Nana et Germinal 

Salon de Zola, côté billard avec le vitrail au paon

A la mort de Zola en 1902, Alexandrine Zola a vendu les meubles, les vitraux et a offert la maison à l’Assistance Publique. En 1999, Pierre Bergé avec l’Association de la Maison-Zola a restauré la maison à l’identique sur le souhait de François Mitterrand. De la petite maison initiale, l’écrivain a meublé un château à son goût, collectionnant de nombreux objets parfois hétéroclites. Le conférencier nous fait remarquer que ce républicain avait multiplié les fleurs de lys, cet agnostique, les madones…

Salon côté musique et jardin

L’évocation de la vie sociale, des Soirées de Médan (Maupassant, Huysmans, Céard, Hennique, Paul Alexis) se fera autour de la table de la salle à manger. Chez les Zola, on mange beaucoup, on invite à déjeuner.

Salle à manger

On remarque les assiettes dans le buffet : ce sont des « produits dérivés » à l’image des personnages de l’Assommoir, vendues dans les librairies. Alexandrine en parfaite hôtesse surveille la préparation du repas mais y participe. La cuisine communique avec la salle à manger, ce qui ne se faisait pas dans les maisons bourgeoises.

cuisine

la salle de bains était aussi très commode et fonctionnelle, très grande aussi. L’écrivain recevait ses invités quand il était dans son bain. En revanche, pour ne pas être dérangé, il a refusé qu’on lui pose le téléphone.

le bureau de Zola

Zola était un gros travailleur. Sa devise « pas un jour sans une ligne » est inscrite en latin sur la cheminée. Il passait 4 heures chaque matin à son bureau. Derrière la balustrade, sa bibliothèque. Le guide nous montre un fauteuil avec les symboles du Rêve qu’il a écrit dans la lumière colorée de vitraux anciens (provenant d’une chapelle bretonne) Il se trouvait donc dans l’ambiance. Je n’ai pas beaucoup apprécié cet opus. Les vitraux ont été vendus « à un Américain » sans autres précision, et perdus. Le plus amusant est qu’ils ont été retrouvés très récemment. Le magnat de presse Hearst les avait achetés, emporté aux Etats Unis, et  n’avait même pas déballé les caisses. Ils ont été retrouvés sur un compte Instagram très récemment et seront peut-être copié pour retrouver le décor initial. 

La lingerie

La lingerie permet d’animer le souvenir d’Alexandrine, Madame Zola, qui était lingère avant d’épouser Zola. Une personnalité intéressante. Un mariage égalitaire (pour l’époque) et d’évoquer la maîtresse de Zola, lingère aussi,  qui lui donna deux enfants.

Dans la dernière salle une exposition est dédiée au #J’accuse…! de Dytar

Dytar BD #j’accuse!…

que je viens de réserver à la Médiathèque : BD traitant de l’Affaire Dreyfus avec les techniques actuelles .

La visite était passionnante, mais elle s’est terminé à 12h30, heure de fermeture de la Maison Zola. Je n’ai pas pu visiter le Musée Dreyfus. Il nous faudra revenir. 

Médan château

Le village de Médan mérite une visite. Le château(1494) a vu la visite de Ronsard , celle de Cézanne et de Maeterlinck qui en  a été propriétaire. Pour le visiter en groupe, il convient de prendre rendez-vous, les individuels sont accueillis certains jours précisés sur le site du château ICI

Il y a même un accueil spécial ‘randonneurs » avec possibilité de suivre le GR1 et de s’arrêter dans le parc.

Une exposition de photos en face de la Mairie présente des clichés pris par Emile Zola et par Alexandrine. Un panneau montre les photos du chemin de fer. 232 trains par jour passaient à travers la propriété de Zola. Avec ses amis ils s’amusaient à compter les trains, les wagons et la documentation pour la Bête Humaine a pour origine ces passages. Une autre série de photos est consacrées aux habitants célèbres de Médan en plus de Ronsard, Maeterlinck et Zola, Geneviève Tabouis, Bruno Crémer Suzy Solidor et d’autres que je ne connais pas du tout ont habité Médan. 

Nous avons pique-niqué sur les bords de Seine, les deux restaurants Aux Ecrivains et la Crêperie sont fermés. Le sentier de halage m’a conduit enfin à la Guinguette de l’île du Roi qui aurait pu faire l’affaire. Une jolie promenade. 

Les Enquêtes d’Anatole Le Braz -Le sang de Douarnenez – Gérard Lefondeur – Ed Palémon mystère

MASSE CRITIQUE DE BABELIO

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Excellente pioche de la Masse Critique qui tombe à pic puisque nous retournerons en Bretagne au mois de Juillet et que nous aurons sûrement l’occasion de visiter les lieux du roman. 

Ce roman policier  se déroule à Douarnenez en mars 1902 L’auteur, Gérard Lefondeur, recourt au procédé littéraire bien connu :  dans une vielle boîte à gâteaux, il retrouve les manuscrits de Carnets secrets d‘Anatole Le Braz . L’écrivain, historien, folkloriste, aurait assisté le commissaire Dantec à résoudre une affaire difficile.L

Les équipages de  deux barques de pêcheurs ont été retrouvés morts dans une macabre mise en scène près du rivage… Cette découverte funèbre suggère un rituel qui justifie l’assistance de Le Braz, expert en culture bretonne. Le Braz est ami de Conan Doyle. Par l’intermédiaire de ce dernier il rencontre Bram Stoker, l’auteur irlandais de Dracula. Nous nageons en plein surnaturel, dans une ambiance celte! Le Sang de Douarnenez est un polar très littéraire où un marin pêcheur cite Shakespeare. Le Braz cite aussi Renan, grand homme de Tréguier alors que Le Braz est de Port Blanc.

C’est aussi un polar très bretonnant avec la légende de la ville d’Ys, les Sirènes qui causent les naufrages, les malédictions…

Polar sociologique, sur un arrière-plan de crise sardinière. Douarnenez est le pays des sardinières, les Penn-Sardin. En 1901, les bancs de sardines qui faisaient la richesse de la ville vont à manquer. Pour approvisionner les conserveries, il faut appâter avec des œufs de poisson venant de Norvège. Les pêcheurs deviennent tributaires des conserveurs qui leur vendent l’appât et fixent les prix. La grand grève des sardinières n’aura lieu qu’en 1905, après le dénouement de l’intrigue mais l’auteur dénonce les conditions de travail des ouvrières. Evoque aussi leurs chansons (à propos plusieurs podcasts de Radio-France, passionnants!).

Polar historique. Déjà, les Romains, travaillaient la sardine pour faire du garum. Un épisode des Guerres de Religion avec un nobliau rebelle.

Ce gros livre de  se dévore d’un seul trait. Instructif, addictif. Très réussi!

Merci à Babélio et à l’éditeur!

Convoi pour Samarcande – Gouzel Iakhina

RUSSIE

« Nous n’avons plus de nourriture depuis longtemps, aucune. Nous avons abattu le bétail et la volaille l’automne passé déjà, et aussi attrapé tous les chiens et les chats, les souris et les lézards. Ce que nous mangeons ? Toutes sortes de saletés : de l’herbe trouvée sous la neige, des branches écrasées et bouillies. Des branches de pin, des pommes de pin, de la mousse. Des glands écrasés, bouillis dans sept eaux. Les plus fous mangent même des cailloux, font des soupes de sable. Ils ont essayé de moudre du bois, mais n’ont pas pu le manger. »

j’ai beaucoup aimé Les Enfants de la Volga et Zouleikha ouvre les yeux J’ai dévoré ce livre de 466 pages en trois jours.

 

Kazan 1921 -1922, la famine sévit dans la région de la Volga. Les autorités soviétiques chargent Déiev de former un convoi pour évacuer 500 enfants dans la région de Samarcande où ils trouveront de meilleures conditions

On y rassemblait, de tous les coins proches et lointains de la Tatarie rouge, des enfants que leurs parents ne
voulaient pas ou ne pouvaient pas nourrir ;

Déïev va réunir et aménager des wagons disparates : un wagon de luxe, une église roulante…une équipe formée d’une commissaire intransigeante Blanche, d’un infirmier Zoug, géant à l’âge de la retraite, de six nurses, un jeune cuisinier et un mécanicien. Ils devront conduire les 500 enfants sur près de 3000 km (2200 km à vol d’oiseau) à travers la campagne, la steppe et les déserts. Il faudra ravitailler le convoi aussi bien en nourriture qu’en combustible pour la locomotive. Une épidémie de choléra se déclare. Lutter aussi contre la vermine, le froid. Affronter des bandits dans des régions pas encore pacifiées. 

C’est donc une épopée que Gouzel Iakhina va nous faire vivre. le lecteur sera happée dans les épisodes dramatiques de la recherche de nourriture que Déïev mène, les armes à la main. Il n’hésite pas à user de violence et de chantage auprès des autorités rappelant à ceux qui gardent les entrepôts de grain leurs crimes de guerre. Et par la même occasion, faire part au lecteur de la barbarie de la guerre et ses massacres. Elle oppose la culpabilité de tous et le pardon possible, la rédemption dans le sauvetage de 500 enfants. Ces derniers, enfants des rues ne sont pas innocents pour autant, eux aussi ont volé pour survivre, certains sont drogués, certains ont tant souffert qu’ils en sont devenus fous, ou mutiques. 

Deïev était un homme simple qui aimait les choses simples. Il aimait quand on disait la vérité. Quand le soleil se levait. Quand un enfant inconnu souriait d’un sourire rassasié et insouciant. Quand les femmes chantaient, et les hommes aussi. Il aimait les vieux et les enfants : il aimait les gens. Il aimait se sentir appartenir à quelque chose de grand : l’armée, le pays, toute l’humanité. Il aimait poser la main sur le flanc d’une locomotive et sentir battre le cœur mécanique contre sa peau.

Si le personnage principal est donc le commandant du convoi, tout l’art de l’auteure est de donner épaisseur aux autres personnages adultes et enfants, et même au train qu’elle appelle « la guirlande » ou à la chienne qui sera la nourrice du bébé abandonné par sa mère sur le marchepied du train. Elle nomme les enfants par leurs surnoms qui racontent un peu de leur vie antérieure, de leurs origines ou de leurs particularités physiques.

C’est un récit haletant comme un thriller. Le lecteur se demande à chaque épisode comment Déïev trouvera nourriture, bois ou eau. Dans le désert les rails vont même se perdre….Et que trouveront-ils à Samarcande?

De la porte d’Ivry à la porte de Bagnolet

EN SUIVANT LE PERIPHERIQUE AVEC LE VOYAGE METROPOLITAIN

Porte d’Ivry

J’arrive à la Porte d’Ivry par le tramway T3 sur son gazon vert qui court sur les boulevards des Maréchaux,  apaisés. Le Périphérique, objet de notre exploration est invisible.

Des Fortifs au Périf

Denis est notre conférencier pour le début de la matinée, spécialiste Ivry-Vitry. L’histoire commence avec les fortifications de Thiers qui ont coupé à travers le tissu urbain d’Ivry et isolé Ivry de Paris.  Une référence :    Des Fortifs au Périf de A. Lortie et J-L Cohen. Cette ceinture démantelée a donné un espace non constructible La Zone où se sont installées des cabanes, roulotes ….

Les usines Panhard-Levassor bordaient les » maréchaux » avec leurs bâtiments de briques. Le Rendez-vous est devant l’Ecole Emile Levassor construite en angle en face du boulevard Massena, à la pointe des usines Panhard.

En face, un bâtiment de brique occupé par les bureaux de la SNCF est une réhabilitation moderne des bâtiments Panhard.

Un stade, le siège de la fédération française de Tennis de table, des installations sportives isolent la ville du périphérique que nous ne voyons toujours pas.

« habiter une porte »

De l’autre côté du boulevard Massena, une ceinture de briques des logements sociaux (HBM)impriment une identité originale à ses habitants qui ne sont ni vraiment parisiens, ni banlieusards. Espace aménagé récemment ménageant des perspectives singulières place Yersin,  avec la Tour Eiffel dans l’axe.

Souvenir des anciens chemins comme celui du Château des Rentiers que l’on retrouve de l’autre côté du périf dans le Petit Ivry. La place Jean Ferrat est bordée d’un côté d’une barre de logement impressionnante, on a dû déplacer l’ancien moulin qui a gardé ses ailes.

Petit Ivry pavillon

 

 

 

Des pavillons avec des jardins coexistent avec les constructions contemporaines.

Un hôtel, un parking, dominent la tranchée du périphérique. Le plaisir du Voyage Métropolitain est de prendre son temps à regarder ce que personne ne voit : le mur antibruit coloré bariolé, les petites maisons.

 

 

Nous descendons par des ruelles rappelant les traboules lyonnaises entre des jardins et des maisons tranquilles. Pour conforter les construction sur cette pente raide des vis en métal sont électrifiées pour empêcher la corrosion. Bizarre!

Juste en face de cette ruelle bucolique les deux cheminées de l’usine d’incinération d’Ivry et la grande tour du retraitement des ordures. Perspective assez dantesque.

Street Art

Domaine des graffeurs et du Street Art, la  galerie Lavo//Matik et plus bas sous les escaliers nous découvrons un lieu qui leur est un peu réservé sous les bretelles d’une voie rapide reliant Paris à Ivry, autoroute fantôme où ne passe aucun véhicule qui coupe le passage vers la Seine.

Street At sous l’échangeur

il y a bien des chaises, transats et cabanes de bars éphémères, mais il est trop tôt, cela n’ouvre pas avant 11 heures. Nous nous trouvons à la base des Tours Duo de Jean Nouvel. Elles éclipsent un autre bâtiment « remarquable » primé celui de Perreault qu’il faut chercher pour le voir. De l’autre côté on peut voir le joli spectacle de la circulation automobile reflétée sur le mur oblique en une sorte de kaléidoscope. Effet optique étonnant qu’on ne remarque pas quand on roule sur le périf : soit on roule trop vite pour regarder en l’air, soit il y a un bouchon et alors le spectacle s’arrête! 

les tours Nouvel

Le vent glacial rend la traversée de la Seine sur le Pont National assez désagréable. Un gros point rouge sur le béton du périphérique signale le kilomètre zéro de ce dernier. Nous descendons et marchons le long du centre commercial Bercy 2, croisant au passage des Flex bus espagnols ou hongrois. Drôle d’endroit pour embarquer! 

Une odeur alcoolisée nous signale qu’on marche le long des bâtiments de La Martiniquaise  puis un  passage discret nous conduit à une passerelle très haute et très longue qui enjambe les rails des trains de la gare de Bercy. Du haut de la passerelle nous découvrons les bouteilles….

De la passerelle de Bercy

Là où se trouvent les voies ferrées, il y avait autrefois un très beau château et un magnifique parc. Il n’en reste que deux jolis pavillons à Charenton

 

Nous nous dirigeons vers le Bois de Vincennes (qui appartient à la Ville de Paris) . Pour encore quelques jours, la Foire du Trône occupe la Pelouse de Reuilly. Pour entrer il faut se soumettre à la fouille, une file pour les femmes, une autre pour les hommes, on écarte les bras. Palpation et visite des sacs. C’est une plaisanterie parce que nous avons tous des couverts et opinels pour le pique-nique et qu’on nous laisse passer. 

Foire du trône

A 11 heures, il n’y a encore personne, nous traversons sans voir les attractions en action. En revanche les odeurs de barbapapa et de frites nous titillent déjà. Pourquoi ai-je un pique-nique d’œufs durs dans mon sac?

Pique-nique tout à côté sur les bords du Lac Daumesnil. Nous repartons ensuite par la Porte Dorée . Arrêt devant la grande stèle de l’Exposition Coloniale : Monument à la Mission Marchand avec les noms des militaires coloniaux gravés sur une sorte de bouclier et un bas relief représentant des coloniaux aux attitudes avantageuses en compagnie de tirailleurs …L’existence de cette stèle pose problème. Elle est bien propre mais elle fait souvent l’objet de tags ou de jets de peinture. La discussion s’engage dans le groupe. Nous n’avons pas le temps de nous attarder à détailler la très belle façade du Musée de l’Immigration (autrefois musée des colonies) .

la Coulée verte et la Petite Ceinture

Nous entrons dans Paris par des rues tranquilles et des jardins. Nous  accédons à la Petite Ceinture par le square Charles Péguy. Les rails sont toujours en place. A la base du talus des jardins partagés élargissent le périmètre de verdure. Dans Paris, mais avec une impression de campagne. Malheureusement, la coulée verte est barrée au niveau d’un tunnel, c’est le RER A  qui prend la suite des voies ferrées de l’autre côté du périphérique.

Nous continuons la promenade dans Saint Mandé avec un petit détour au Lac de Saint Mandé moins connu que le Lac Daumesnil.

Saint Louis de Vincennes

La promenade dans les rues cossues nous réserve une surprise : l‘Eglise Saint Louis de Vincennes des architectes Droz et Marrast qui remportèrent le concours en 1912, construction terminée en 1924

Le plan d’inspiration byzantine est centré en croix par des arcs de béton.

Eglise Saint Louis de Vincennes

Les murs extérieurs sont en meulière et en brique, le curieux campanile en brique. Le porche est abrité par un auvent semi-circulaire décoré

Porche . H Marret

A l’intérieur, les fresques sont l’œuvre de Maurice Denis et de Marret, les céramiques colorées de Maurice Dhomme.

De Vincennes nous arrivons à Montreuil, accueillis par la grosse barre rouge de la BNP, tout le quartier est BNP, sauf en rez de chaussée les concessionnaires automobile, Renault, Dacia mais aussi des modèles de luxe. Dimanche, ce quartier bancaire est particulièrement désert. Nous montons sur le toit d’une construction sportive et découvrons un curieux espace très graffité. Désert lui aussi. Des enfants jouent sur un terrain. De l’autre côté de la rue, un bloc symétrique : Bloc CGT  face aux capitalistes ! 

Une statue  syrienne  en exil à Montreuil

Nous buttons alors sur une énorme tête d’homme sur un socle: celle du poète syrien aveugle Abu Ala Al Maari (973 – 1057) qui a dénoncé il y a plus de  1000 ans l’intégrisme religieux . Quand sas ville, Ma’arrat Al Numa’Man, s’est révoltée au printemps 2011, le régime syrien l’a bombardée. occupée par les djihadistes en 2013, la statue fut décapitée.

le sculpteur syrien Assem Al Basha l’a sculptée à nouveau en 2018 à Grenade. 

« Elle est réfugiée à Montreuil jusqu’à ce qu’elle puisse retourner dans une Syrie libre de tout despotisme, extrémisme et occupation« 

peut-on lire sur son socle.

Nous traversons les  Puces de Montreuil, encore un souvenir de la Zone! A la Ville de Paris, le Bois de Vincennes, à sa banlieue, les rebuts des chiffonniers, les biffins, la récupération. Plus trop de « puces » et de vieilleries ou d’occasion, plutôt des fringues très bas de gamme. 

Retraversée du périf : Paris nous accueille en fanfare, fête organisée dans un stade, foodtrucks, jeux de ballon, stage de Street Art (effluves des bombes de peinture, on ne verra pas les chefs d’œuvres) une toile cirée piste de danse?

56 rue Saint Blaise : un jardin partagé, étroite bande comprise entre les deux murs d’un immeuble. Deux allées, des bandes de terrain bien vertes où poussent une grande variété de végétaux. Peu ensoleillé, le jardin ne donnera peut-être pas beaucoup de récoltes mais des tomates s’en débrouillent. C’est probablement l’aspect convivial qu’il faut souligner, le plaisir qu’ont les membres de l’association de cultiver leur tout petit carré et de rencontrer les autres. Face à la rue, un bâtiment  assez léger recouvert de panneaux solaires qui fournissent l’électricité nécessaire et même EDF leur reverse quelques subsides. Sans oublier une Amap qui distribue des paniers…..

La balade se termine à l’échangeur de Bagnolet.

 

Les Forceurs de blocus – Jules Verne

LECTURE COMMUNE : BOOKTRIP EN MER

L’idée de lecture commune Book Trip EN MER me plait bien et à la suite de Claudialucia

Le Douanier Rousseau : Bateau dans la tempête

J’ai téléchargé cette nouvelle de Jules Verne qui est inépuisable, et me déçoit rarement. Lecture facile, une aventure en mer, mais aussi historique et instructive. une des conséquences de la Guerre de Sécession est l’arrêt de l’exportation de coton par les Etats Confédérés

La plus importante matière de l’exportation américaine manquait sur la place de Glasgow. La famine du coton, pour employer l’énergique expression anglaise, devenait de jour en jour plus menaçante

Coïncidence amusante, je viens de terminer les mémoires de Davidoff – le Juif qui voulait sauver le Tsar, et cette demande en coton a été à l’origine de la fortune des ancêtres des Davidoff avec l’essor de la culture du coton en Ouzbékistan. 

Un négociant écossais affrète donc un navire particulièrement rapide qui forcera le blocus de Charleston, livrant des armes aux Confédérés, sans se soucier des causes du conflit et de l‘abolition de l’esclavage. La moralité du commerce apparait en filigrane

« mais enfin il dut reconnaître, entre autres choses, que la question de l’esclavage était une question principale
dans la guerre des États-Unis, qu’il fallait la trancher définitivement et en finir avec ces dernières horreurs des temps barbares.

[…]je ne vous répondrai que par un mot : je suis négociant, et, comme tel, je ne me préoccupe que des intérêts de ma maison. Je cherche le gain partout où il se présente.

[…]
Ainsi, quand vous vendez aux Chinois l’opium qui les abrutit, vous êtes aussi coupable qu’en ce moment où
vous fournissez aux gens du Sud les moyens de continuer une guerre criminelle ! »

Bien sûr, il y a le plaisir de la navigation, une histoire d’amour qui se trame (cousue de fil blanc), presque une bataille navale…. de l’action, des surprises. Un bon, mais court Jules Verne!

Les Pestiférés – Marcel Pagnol

LECTURE COMMUNE

la Partie de Cartes façon Street Art au Panier à Marseille

Avec Si on bouquinait et Nathalie

Il y a tout pile 50 ans, le 18 avril 1974, décédait Marcel Pagnol . Patrice de Si on bouquinait a eu l’idée de célébrer cet anniversaire par une lecture commune. Il a choisi Jean de Florette 

Rejoint par Nathalie qui vient de terminer un livre sur la Peste de 1720 à Marseille et qui a lu Les Pestiférés

J’avais oublié la date de la lecture commune. C’est le matin-même, sur FranceMusique que j’ai reconnu la voix de Pagnol qu’il fallait deviner. Et que je me suis rendue compte que je serai en retard pour la Lecture Commune. 

Le soir-même j’ai téléchargé Les Pestiférés qui est une longue nouvelle (67 pages, le chapitre 9 Du Temps des Amours) que j’ai lu dans la foulée, d’une traite et avec grand plaisir. 

« Il y a tant de maladies qui nous viennent par les navires ! dit le capitaine. Je connais cent sortes de fièvres, et c’esttoujours la même chose : une grande chaleur de la peau, des plaques rouges, des plaques noires, du pus, des vomissements, et on n’y comprend rien… Quand il en meurt beaucoup, on dit que c’est la peste, et ceux qui restent meurent de peur. – Surtout à Marseille ! »

Une placette, à flanc de coteau, bordée de maisons bourgeoises et de quelques boutiques. Maître Pancrace, médecin très estimé va organiser la petite communauté composée de notables pour survivre à l’épidémie de Peste qui a ravagé Marseille en 1720. Le Capitaine, Marius Véran, armateur enrichi par la Traite Atlantique, Maître Passacaille, le notaire, Maître Combaroux drapier fort riche, mais aussi fort dévot. En plus des notables, les commerçants, Romuald, le boucher, Arsène, mercier-regrattier, Félicien le boulanger. Et bien sûr, des femmes, des enfants, des vieillards.

Pancrace, dès le début de l’épidémie, alerte ses voisins. il revient du port où 3 portefaix sont morts dans les infirmeries. Dès qu’il est sûr que c’est bien la peste, il rassemble les hommes, ses voisins, leur fait part de la nouvelle.

Les premières mesures sont plutôt simples : brûler tous les effets qui auraient pu être en contact avec la maladie, et se laver soigneusement au vinaigre. Il organise le confinement:

« Enfin, tous ceux qui auront été obligés de quitter notre placette pour aller à leurs affaires devront dès leur retour prendre un bain d’eau vinaigrée et se savonner du haut en bas, très consciencieusement. Ce sont des précautions peu obligeantes, mais qui suffiront à nous préserver, du moins pour le moment. »

Pour survivre, il faut aussi mettre en commun les provisions, fabriquer des lotions avec des herbes médicinales : rue, menthe, romarin et absinthe macérées dans le vinaigre donnent le Vinaigre des Quatre voleurs détruisant les insectes qui propagent la contagion.

« J’allais justement dire, s’écria Pancrace, que dans toutes les épidémies les ordres religieux cloîtrés n’ont même jamais entendu parler du fléau qui faisait rage autour de leurs couvents. Eh bien, mes amis, nous allons suivre leur exemple, qui est fort peu honorable pour des moines qui devraient tout sacrifier à la charité chrétienne, mais qui convient parfaitement à des citoyens chargés de famille. »

Toute la communauté va vivre cloitrée à l’image des religieux.

Seul le drapier dévot va désobéir pour suivre la messe comme chaque jour malgré les injonctions de Pancrace

« je vous déclare, dit le docteur, qu’il faut renoncer à la messe pour quelques temps. Le Bon Dieu qui nous voit saura bien que ce n’est pas par manque de zèle : il n’ignore pas, en effet, qu’une église, comme d’ailleurs tous les lieux de réunion, est un très dangereux foyer de contagion. »

Il reviendra avec la Peste mais n’entrera pas.

Désinfections, confinements, surveillance, utilisation d’eau non contaminée. Cela nous rappelle quelques souvenirs.

Quand la ville sera tellement ravagée que seul le feu peut lutter contre la contagion, il leur faudra fuir le quartier.
Mais je ne vous racontera pas comment, il faut bien ménager un peu de surprises!

Cette Peste de 1720 est très célèbre, au Château d’If une plaque rappelle que le capitaine du navire responsable de l’épidémie, y fut enfermé.

Et pour revenir à la Célébration des 50 ans de la mort de Pagnolj’ai écouté sur l’appli Radio-France un excellent podcast où Fernandel raconte Pagnol cinéaste. LES NUITS DE FRANCE CULTURE : Marcel Pagnol raconté par Fernandel – dimanche 14 avril 2024 CLIC

Journal de Nathan Davidoff – Le Juif qui voulait sauver le Tsar – présentation Benjamin Ben David -Ginkgo éditeur

J’ai trouvé ce livre dans le blog de Keisha

Après notre voyage en Ouzbékistan et la visite de la synagogue de Boukhara j’ai été très curieuse de connaitre les Juifs boukhariotes surtout dans le début du XXème siècle avec la Révolution de 1917. Le soustitre « le Juif qui voulait sauver le Tsar » m’a aussi intriguée.

Nathan Davidoff (1880 -1977) fut un homme d’affaires, un négociant en textiles, un capitaine d’industrie qui a pris d’abord la succession d’une affaire de famille florissante avant d’étendre ses activités à diverses branches.

La Communauté juive de Boukhara a un statut original : dès 1833, les Juifs boukhariotes furent autorisés à adhérer aux guildes commerciales et à résider dans certains territoires de l’Empire russe. en 1866 et 1872, ils obtinrent la nationalité russe. Le territoire du Turkestan ancien (actuel Ouzbékistan) est sur la Route de la Soie, et après la Guerre de Sécession américaine, quand le coton vint à manquer sur le marché mondial, un territoire de plantation du coton. Les Juifs traditionnellement étaient négociants de fils.

La famille de Nathan Davidoff établie à Tachkent et Kokand possédait des carderies et une fortune assez considérable. Le jeune Nathan Davidoff participa d’abord à l’affaire familiale avant de s’établir à son compte. Le journal raconte par le menu l’extension de ses activités commerciales et industrielles. Très gros travailleur, il savait se faire apprécier aussi bien des banquiers que de ses collaborateurs. Plus intéressé par le commerce qu’avide d’argent, il savait négocier les meilleurs prix sans étrangler ni ses clients ni ses concurrents. Il n’hésitait pas à se rendre en personne à Moscou auprès de son oncle d’abord, puis pour son compte personnel. Il a su étendre ses activités à d’autres branches comme les mines de charbon, et une concession ferroviaire pour le transport, des forêts et une scierie….

En bon négociant, il a su rendre service à toutes sortes de personnages, aussi bien dans l’entourage du Tsar qu’auprès des révolutionnaires. Par ses relations, il a eu conscience à temps de ce que la révolution bolchevique était inéluctable. Il a donc essayé de convaincre le Tsar de fuir ou tout au moins de faire passer la frontière à sa famille.

Ces mémoires détaillent les opérations commerciales et financières, il faut lire en diagonale toutes les transactions qui sont répétitives. Mais au fil de la lecture on apprend comment vivaient les Russes à Moscou et à la campagne.

Cependant, il ne faut pas chercher de folklore, ou de description de Boukhara, Tachkent ou Samarcande qui nous font tant rêver. La vie de la communauté juive est plutôt évoquée dans les notes que le petit fils de Nathan a ajoutées. De même, le procès antisémite qui lui fut intenté et qui se termina par un non-lieu.

Ces mémoires sont un témoignage précieux pour qui s’intéresse à cette région d’Asie Centrale et au début du XXème siècle.

Dans les Règles de l’Art – Makis Malafekas –

LIRE POUR LA GRECE

« C’est simple : quand une œuvre n’existe pas, tu dois l’acheter avec de l’argent qui n’existe pas. Ça marche
comme ça. Comme tout le reste, d’ailleurs. L’argent et l’art sont deux visages identiques qui se regardent dans le miroir. Le fric spécule de lui-même pour engendrer plus de fric, venu de nulle part, comme du faux argent, si tu veux. Le pognon va au pognon. Et toi, après, t’achètes le rien. T’achètes une œuvre qui n’existe pas, qui n’est, au mieux, qu’une idée. Ce rien-là vient se ventouser à l’autre rien, et ils se font un bisou. »

La Documenta 14 s’est déroulée en juillet 2017 à Athènes. l’auteur grec Makis Malafekas a situé l’action du roman Dans les Règles de l’art au cours de cet évènement. Le narrateur, Mikhaelis Krokos, écrivain grec, arrive à Athènes pour la sortie de son livre sur John Coltrane. Mauvais timing, qui se soucie de Coltrane alors que la ville bruisse d’installations et d’évènements autour de la Documenta?

L’écrivain va se trouver mêlé à une affaire très louche qui commence par le vol d’un tableau et qui va prendre une tournure sanglante avec l’assassinat d’un spécialiste dans la restauration de tableaux, puis un autre cambriolage,  des chantages et des menaces. Les évènements s’enchaînent à un rythme d’enfer dans ce thriller étonnant. 

Satire des milieux très sophistiqués et très artificiels de l’Art Contemporain où seuls les initiés peuvent apprécier œuvres et installations.

Quand on a accusé Damien Hirst d’avoir sacrifié l’Art sur l’autel de la Mort, de s’être agenouillé devant le Veau d’or de l’argent, il est allé prendre un vrai veau et il l’a plongé dans un aquarium de formol, en réponse à tous ses détracteurs. Et moi je dis QU’IL A BIEN FAIT. Parce que, précisément, il n’y a rien de mieux que de
prendre les choses au pied de la lettre  »

En revanche, il est question de gros sous, de blanchiment d’argent, un Hacker au  pseudo transparent d’Aswang menace de dévoiler tout un trafic international…Le thriller prend des allures de roman d’espionnage….

Pour celui ou celle qui espérait un peu de dépaysement en Grèce, soleil et mer bleue, c’est raté. Pas d’antiquités, ni de visites de l’Acropole. En dehors d’un court séjour à Hydra sous la canicule. Les décors sont plutôt les cafés branchés d’Exarchia, les bars gays louches, les cocktails de la Documenta. pas d’ouzo,du Lagavulin, le vin  n’est pas du retsiné mais plutôt  additionné de substances illicites. Pour le folklore grec, vous repasserez!

J’ai eu la curiosité de chercher un peu plus sur la Documenta 14 et Le Monde a une archive qui traite des aspects financiers, des rapports entre l’Allemagne et la Grèce sur fond de Grexit, de prêts, et de diplomatie. Le thriller gagne en épaisseur :

Sur le papier, l’idée d’une greffe à Athènes était louable, comme l’était l’ambition de collaborer avec des institutions helléniques moribondes. Pour autant, la Documenta n’a pas été accueillie à bras ouverts, loin s’en faut. Certains commentateurs grecs ont réduit l’opération à une tentative d’hégémonie libérale et à un tourisme de crise. De nombreux militants et acteurs culturels locaux se sont aussi sentis écartés. En riposte, la Biennale d’Athènes, qui se tenait en même temps avec un budget bien moindre, s’est intitulée « En attendant les Barbares ».

Un thriller d’espionnage, une satire des milieux de l’art contemporain sur un rythme d’enfer. Pas si mal!

Revoir Van Eyck – Rencontre avec un chef d’œuvre : la Vierge du Chancelier Rolin au Louvre

Exposition temporaire jusqu’au 17 juin 2024

Vierge du Chancelier Rolin – Van Eyck

Contempler pendant deux heures un tableau (avec quelques autres) et ne pas en être lassée, le quitter à regret. Avoir tant de plaisir à le découvrir que les échanges se sont fait entre inconnus, envie de partager les découvertes, de s’étonner ensemble. Chercher avec les visiteurs  le détail qu’on ne trouverait  qu’avec de très bons yeux, le découvrir (ou pas) nous n’avons pas trouvé le lapin dans le jardin)…Telle est la grande réussite de cette exposition autour du chef d’œuvre de Van Eyck récemment restauré. 

Il faut mériter cette visite après un haut escalier jusqu’ à la Salle de la Chapelle.

Face à l’entrée, en majesté, on remarque d’abord les deux personnages, la Vierge enveloppée d’un riche manteau rouge, Nicolas Rolin, agenouillé revêtu d’un riche manteau brun bordé de fourrure. Contrastant avec le rouge : le bleu du tissu drapant le prie-Dieu, et celui de la robe de l’ange qui tient la couronne.  A travers trois arcades, un paysage limité par les Alpes enneigées.

Nicolas Rolin en prière – Rogier Van der Weyden

Un circuit s’impose avant de revenir au tableau. Portraits de Nicolas Rolin, (1396 – 1467),personnage considérable: Chancelier du Duc de Bourgogne, Philippe le bon, que je découvre sur le parchemin. Le Duc est en noir et tout proche Nicolas Rolin. Nicolas Rolin est le fondateur des Hospices de Beaune

Philippe le bon reçoit le livre – Rogier Van der Weyden

Une série de portraits de Van Eyck, Campin, Rogier van der Weyden, montre comment les peintres flamands s’attachaient à représenter les personnages ressemblants. 

Jacques Daret : Présentation au Temple

Une autre section montre des éléments d’architecture ; les chapiteaux de pierre de Corbie (Picardie) ou Moissac avec des entrelacs sont des éléments du décor présents dans nombreux tableaux comme la Présentation au temple de Jacques Daret (Daret est l’élève de Campin) 

Annonciation Van Eyck (détail inscriptions)

L’Annonciation de Jan Van Eyck  m’a beaucoup intriguée. pourquoi l’inscription correspondant aux paroles de l’ange sont-elles lisibles et la réponse de la Vierge a les lettres inversées, retournées. Une dame américaine a trouvé avec son smartphone la réponse sur un site en anglais: les mots de Gabriel, à l’endroit, tandis que la réponse à l’envers sont destinées à Dieu. J’ai apprécié cet échange avec une visiteuse, vrai partage. Ensemble nous observons les 7 lumières de Dieu et le Saint Esprit (colombe) descendant d’un vitrail sur la Vierge.

Annonciation – jan Van Eyck

j’ai mieux vu la colombe et admiré le soin des dessins du pavement.

Une section s’intitule : Deux fonctions pour un objet . De son vivant Nicolas Rolin transportait partout La Vierge, l’envers était peint d’un faux marbre coloré, véritable tableau abstrait. Après sa mort il devait être placé à côté de son tombeau. 

Une 4ème section : Rencontre présente la confrontation d’un homme (ou une femme, ou le spectateur du tableau) face au divin. Divers procédés doivent montrer la différence : changement d’échelle ou vue au pieds de la Vierge, le spectateur est imaginé agenouillé. dans la Vierge de Lucques

Jan Van Eyck – Vierge de Lucques

j’ai bien aimé cette Vierge allaitante.

5ème salle Paysagela paysage de la Vierge du Chancelier Rolin montre une grande ville avec de nombreux clochers, un château sur une île, au milieu d’une campagne prospère . Cette image de la prospérité m’a fait penser au Bon Gouvernement de Sienne. Le fleuve central fait ressentir la profondeur de champ. 

6ème salle Jardin et Petits guides dans le tableau de la Vierge de Rolin on voit un jardin suspendu. Le thème du « jardin clos » est une image de la pureté de la Vierge. Dans ce jardin figurent des fleurs et des animaux (lapin, pie, paons) qui ornent aussi les marges des manuscrits de l’époque comme le Codex Cocharelli ou ce petit tableau de la Vierge au Paradis où l’enfant Jésus joue avec un psaltérion présenté par des anges. Les petits guides penchés au dessus des créneaux se retrouvent dans de nombreux tableaux 

Campin – Nativité

Il est temps de revenir au tableau de Van Eyck et, de le scruter pour chercher les détails : le jardin suspendu avec les fleurs et les oiseaux (pies), je n’ai pas vu le lapin pourtant cherché avec d’autres visiteurs. Les petits personnages des créneaux (petits guides) nous montrent le paysage. Celui qui porte un turban rouge serait-il Jan Van Eyck lui-même?

Pour une exploration du paysage une animation en macrophotographie nous permet de nous promener dans la ville à la sortie de la messe, sur le pont avec les nombreux personnages, souvent noirs mais égayés de rouge et de bleu (comme les dominantes du tableau). Des taches jaunes marquent la lumière, sur les clochetons, ou même dans les arbres. L’exploration du paysage s’apparente à une méditation. Promenade en suivant les petits personnages qui cheminent ou en admirant l’architecture des nombreuses églises….

 

Une conférencière cite le site Closer to Van Eyck qui donne des études de détail en macrophotographie d’autres œuvres du peintre.

Une excellent visite!

 

Théodore Rousseau – La Voix de la Forêt – au Petit Palais

Exposition temporaire  jusqu’au 7 juillet

Fontainebleau : la Mare aux fées

Théodore Rousseau (1812 – 1867), peintre paysager, peintre de Barbizon, fut un des premiers à alerter sur la fragilité des écosystèmes forestiers et à militer pour la protection de la Forêt de Fontainebleau. Cette rétrospective Rousseau nous fait connaître le peintre que personnellement je confondais avec son ami Jean-François Millet et présente les peintres de Barbizon ainsi que leur action en faveur de la protection de la forêt. 

Dès 1829, Théodore Rousseau  renonce à concourir pour le Prix de Rome et partir en voyage, en Auvergne (1831), en Normandie (1831-1832) …

Le Mont Blanc vu du col de la Faucille

Un grand tableau fait face à la porte d’entrée : Le Mont Blanc vu du col de la Faucille grand tableau panoramique où se déchaînent les éléments. Il peint des paysages sur de petits formats selon diverses techniques

paysage avec ciel orageux (huile)

Ciels romantiques et éléments déchaînés avec d’épais traits de pinceaux sur lequel se détachent des arbres exécutés avec soin.

j’ai aussi bien aimé cette aquarelle rehaussée de gouache du Village en Normandie et le paysage d’Auvergne aux effets de brume romantiques rappelant un peu Turner. Quelques maisons, quelques personnages mais ce ne sont pas les sujets principaux dans un décor agreste.

Paysage d’Auvergne

Rousseau expérimente de nombreuses techniques, de nombreuses matières il associe dessin à la plume, pochoir, gouache, aquarelle parfois sur un même tableau comme cette étude d’arbre sous le vent

Paysage boisé sous le vent (crayon pochoir)

Rousseau prend les arbres comme sujet de sa peinture, il peint des troncs au sol. Il dessine au crayon Conté, au fusain, à la plume attentif aux détails. Plus tard à Barbizon, en compagnie des photographes il expérimente une technique hybride entre la photographie et la gravure : le « cliché-verre »

cliché-verre

Rousseau se promenant dans la forêt a une illumination, il entend la voix des arbres. Il considère les végétaux comme des personnages. Autant les humains dans ses paysages sont minuscules, dérisoires, autant les arbres, surtout les chênes sont majestueux.

Intérieur de la forêt Le Grand Dormoir

Avec ses amis artistes de Barbizon, et des écrivains, George Sand, Victor Hugo, Chopin…il se mobilise pour la défense de la forêt de Fontainebleau mise en danger par les autorités mettant en coupe rase la forêt, abattant les vieux chênes pour semer des pins pour le bois de chauffage et la construction. Pour les romantiques, les grands pins sont des monuments, des témoins du temps passé tandis que les pins sont des intrus. Ils estiment aussi que les aménagements touristiques sont aussi une menace. Dans l’exposition, don présente le guide Denecourt (1851 et c’est déjà la 5ème édition) et la carte de 5 circuits aménagés. En 1852 Théodore Rousseau se fait le porte-voix de la Forêt de Fontainebleau et écrit au Duc de Morny. En 1853 : création de la Réserve artistique de la forêt, première réserve naturelle au monde avant le Parc naturel de Yellowstone (1872).

le massacre des innocents ; Abattage de chênes dans l’île de Croissy

Et si ce sujet de la défense de la Forêt de Fontainebleau vous intéresse en ce moment il y a des podcasts passionnants :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere/menaces-sur-les-arbres-centenaires-3810837

https://www.radiofrance.fr/franceculture/george-sand-lanceuse-d-alerte-ecolo-et-sauveuse-de-fontainebleau-4047709