CARNET DU TREGOR

Le Sillon de Talbert est un cordon de dune et de galets de plus de 3 km de long accumulés par les courants contraires du Jaudy et du Trieux. La langue de terre s’enfonce dans la mer en s’incurvant entre les rochers et les écueils de la côte rocheuse à l’ouest et les marais vers l’est. En 2018 une tempête a créé une brèche dans le sillon si bien qu’il faut bien choisir son heure si on veut aller au bout. Les horaires des marées sont placardés avec la stricte recommandation de ne pas s’aventurer à gué, les courants pourraient être violents. C’est la première fois que les conditions sont favorables pour la (petite expédition) : beau temps et horaire de marée confortable.

Par un matin sans nuage, la lumière est très belle. Je m’engage sur le sentier entre les ganivelles de bois qui retiennent le sable et canalisent les promeneurs, les empêchant de piétiner les oyats et surtout les œufs des nombreux oiseaux qui nidifient. Les plumets des graminées, en contre-jour, donnent du relief au paysage de marais maritime vers l’est. Les chardons maritimes et les cristes marines (Crithmum maritimum) se détachent sur la mer ouverte bleu profond.

Le passage de la brèche sera possible à 10h30, dans 20 minutes. Entre-temps je fais de jolie rencontre : une hermine très tranquille me regarde et prend son temps pour vaquer à ses occupations. De nombreux oiseaux vont d’herbe en herbe, pas encore dérangés par les passants jusqu’à ce qu’une dame n’arrive avec son yorkshire au bout de sa laisse.

J’enlève mes sandales pour passer le gué pieds nus et les garde à la main pour marcher sur le sable mouillé un peu vaseux rapidement recouvert de graviers coupants. Je chausse les sandales pour monter sur les galets. Des végétaux poussent sur le sillon : des choux maritimes (Crambe maritime)protégés et des longues feuilles vertes vernissées des blettes maritimes.

Il y a aussi des cakile maritima (roquette de mer) et des liserons des dunes. Pour vérifier les déterminations, l’appli Plantnet!
En avançant j’arrive à la zone interdite : protection des oiseaux nidificateur, il faut redescendre sur l’estran. Au loin, se profilent des roches, font-elles partie du sillon où sont-elles en pleine mer? A marée basse la mer se retire si loin!
Pour piqueniquer nous allons près du centre de valorisation des algues de Pen Lan. La route court derrière une digue sur laquelle se trouve le « chemin de découverte ». Comme l’estran est découvert nous suivons les mouvements des tracteurs des ostréiculteurs et les pêcheurs à pied qui fouillent la plage
Le chemin du retour se fera pour moi à pied sur le sentier des douaniers jusqu’au Port la Chaine, balade très agréable parce que variée, je monte descend sur la plage de Porz Ran puis dans une minuscule anse. Des panneaux de céramique commentent les curiosités locales qu’on ne remarquerait peut être pas seul : les queues de comètes formée par accumulations de roches ou les pêcheries. Au Port la Chaine on a construit une sorte de phare, comme une maison sur le rivage, c’est une endroit paisible qui est une halte agréable.