Mr Turner film de Mike Leigh

CHALLENGE ROMANTISME

 

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J’aime la peinture de Turner et j’aime le cinéma de Mike Leigh.  Un film de 2h30 ne me fait pas peur. Toutes ces bonnes raisons pour aller voir le film

Je suis perplexe. Le  film n’est ni aimable, ni plaisant. Turner est un personnage assez désagréable à regarder, à la mine porcine, aux grognements et aux grimaces forcées. Pour éviter l’hagiographie, Leigh est tombé dans la caricature. Deux agonies pénibles. la maladie de peau de la fidèle servante s’aggrave au cours du film. Les altercations avec les peintres et amateurs de peinture sont récurrentes.

Et pourtant ce film est passionnant. Génial générique où un tableau se découvre dans des volutes de fumées.  Recherches sur la lumière, expériences d’optique. Images sublimes dans la nature et dans le studio de l’artiste. On retrouve les tableaux avant même de les voir. Lumière d’un coucher de soleil, marines…

le dernier voyage du Téméraire
le dernier voyage du Téméraire

Il s’inscrit dans l’avancée de la technique : le vapeur qui mène Turner à Margate, les premiers trains et finalement la photographie… chaque fois le peintre s’intéresse à ces nouvelles inventions, saisit le spectaculaire du nuage de vapeur, cherche à comprendre le cliché du daguerréotype. On voit même la jeune reine Victoria.

 

Pluie, vapeur vitesse
Pluie, vapeur vitesse

logo romantisme

Angkor au musée Guimet

LE MONDE EN EXPOS

Angkor, Naissance d’un mythe, Louis Delaporte et le Cambodge

Mystérieux site redécouvert enfoui ans la jungle par les Français au 19ème siècle, Angkor a inspiré autant les explorateurs que les écrivains, Malraux cumulant dans la Voie Royale le roman d’aventure, l’archéologie et l’exploration. Notre guide, Prun, nous avait parlé de Mouhot. Delaporte participant à la mission de Lagrée en 1866 puis dirigeant deux autres missions est présenté dans cette exposition comme le découvreur d’Angkor.

les tours à visages du Bayon

J’aime les récits de voyages et les expositions dédiées aux explorateurs, même si, de leur temps ils furent mêlés à l’aventure colonialiste, même si les méthodes scientifiques n’étaient pas aussi rigoureuses que celles des archéologues actuels. Delaporte était marin, comme Loti comme Yersin. Le premier objet que j’ai remarqué dans l’exposition est l’uniforme de Delaporte. Natif de Loches, en Touraine, il peint  son pays natal en deux aquarelles. Les aquarelles d’Angkor Vat et du Bayon sont d’une grande poésie ainsi que ses carnets de voyages.

moulages des bas reliefs du Râmâyana à Angkor Vat

Dans ses missions, Delaporte était accompagné d’un très bon photographe. Ces épreuves anciennes m’ont impressionnées par la qualité des tirages aussi bien que de la précision des clichés que des matériaux employés. Il a rapporté des moulages de grande précision et magnifiques. Ces éléments décoratifs d’une grande finesse ont été depuis abimés aussi bine par l’érosion que les pilleurs ou les guerres, ce sont des témoignages inestimables pour les motifs disparus.

moulage des bas reliefs

Un autre pôle de l’exposition et de l’œuvre de Delaporte est la construction du Mythe d’Angkor dans un musée qui se tenait à Compiègne et dans la construction des différents pavillons des expositions Universelles et coloniales de Paris et de Marseille avec la présentation de  cartes postales, articles de Presse, affiches, maquettes

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Bien sûr, en dehors de l’exposition,le Musée Guimet présente des trésors d’Angkor que je revois toujours avec plaisir

Kampuchea – Patrick Deville

LIRE POUR LE CAMBODGE (et le Vietnam, et la Thaïlande, et le Laos…)

Angkor

Après Peste&Choléra qui m’a beaucoup intéressée, j’ai cherché Kampuchéa sorti quelques mois après notre retour du Cambodge.

C’est un livre très différent, plutôt un carnet de voyage relatant une errance de Bangkok où il commence et se termine, un reportage au Procès de Douch – le tortionnaire du sinistre S-21 à Phnom Penh, et des digressions au Vietnam et au Laos.

sur le Tonlé-Sap
Sur le Tonlé-Sap – Cambodge

Le titre du livre – Kampuchéa – nom que les Khmers rouges avaient donné au Cambodge – laisse imaginer une sorte d’histoire du Cambodge. Deville commence son histoire en 1860 avec la découverte d’Angkor par Mouhot. Coquetterie d’auteur, il feint de dater les évènements à partir de cette nouvelle ère, ce nous oblige à faire un petit exercice de calcul mental.

Deville joue avec le lecteur en l’égarant aussi bien dans l’espace. Il fournit des indices plus ou moins clairs, ne nomme pas toujours les lieux si bien qu’il faut deviner où se déroule l’action. Un bonne connaissance de l’Asie du Sud-Est est même nécessaire pour se repérer dans ce livre-puzzle.

L’histoire n’est jamais racontée linéairement. Des épisodes, dans le plus grand désordre chronologique,  surgissent au fil du voyage, des rencontres, des digressions. On peut considérer cette lecture comme un jeu. Parfois agaçant. Ce n’est plus l’histoire du Cambodge qui est narrée, plutôt celle de l’Indochine, avec ses pionniers: Mouhot le premier, mais aussi Garnier et Lagrée qui ont cartographié le Mékong, ainsi qu’Auguste Pavie qui cartographia le Tonlé Sap et installa le télégraphe entre Phnom Penh et Bangkok, parti à dos d’éléphant. Rencontres fortuites avec Loti, Brazza ou Stanley, des plus grands explorateurs. Plus tardives avec Malraux ou Graham Green.

Morceaux de bravoures, l’entrée des Khmers rouges le 17 avril 1975 à Phnom Penh, DienBien Phu, ou la débâcle des américains  à Saïgon, même les affrontements entre chemises jaunes et chemises rouges à Bangkok en 2011. On croise Sihanouk et Hô Chi  Minh…. Récit cinématographique:long travelling sur Catinat à Saïgon.

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Nha Trang – Vietnam

« Je vais descendre vers Danang, ou peut être à Nha Trang sur les traces du bon docteur Yersin. Par la route Mandarine ou en train, au milieu des flamboyants et des tamariniers. puis descendre à Hô Chi Minh-Ville et de-là regagner Bangkok, remonter au nord vers Chiang Mai, puis Hanoï, puis Haïphong, corir à nouveau sur la grand-roue dont le moyeu est Phnom Penh, comme l’écureuil de Cendrars dans la cage des latitudes et des longitudes, chercher une issue…. »

Rencontres passionnantes mais un peu frustrantes,  à peine commence-t-on à se situer que le chapitre suivant nous emmène ailleurs.


 

Musée Guimet : adieu au Cambodge!

 

En rentrant d’un voyage il m’est toujours difficile de tourner la page.Tant reste à découvrir! à lire et même encore à voir. La visite au Musée Guimet est la meilleure conclusion à ce carnet si je me décide de le clore.

L’art khmer occupe la salle centrale du rez de chaussée, les sculptures sont à l’honneur.

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J’avais surtout rendez-vous  avec cette divinité à tête de cheval de Sambor Preikuk ôtée de son pavillon dont l’image m’avais frappé. je m’étais promis d’aller lui rendre visite.

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L’état de conservation des sculptures est admirable, les a-ton restaurées admirablement ou simplement les a-t-on soustraites à l’érosion de la pluie? Je n’avais pas remarqué une telle finesse de décor sur les grès des grands statues. je reconnais un fronton de Banteay Srei. so  histoire m’est inconnue. Prun n’a pas pu nous raconter tout le Ramayana en 3 jours!

En revanche je retrouve avec plaisir Valin et Sugriva. la mort de Valin est  très émouvante?.

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Lire pour le Cambodge : Le pélerin d’Angkor – Pierre Loti

Loti est mon compagnon de voyage, avant de partir : pour rêver, à mes retours pour rêver encore….

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Devant le grand Angkor Vat j’ai été comme empêchée d’écrire, stupéfiée.

Comment décrire la splendeur ? Platement, ou copier le guide…

Je préfère citer Loti

« Et plus loin, au delà des eaux stagnantes, voici des tours en forme de tiare, des tours en pierre grise, de prodigieuses tours mortes qui se profilent dans le ciel pâli de lumière! Oh! Je les reconnais tout de suite, ce sont bien celles de la vieille image qui m’avait tant troublé jadis, un soir d’Avril dans mon muséee d’enfant….. »

« ces enceintes colossales et ces tours, qui viennent de nous apparaître comme quelque mirage de la torride chaleur, ce n’est pas la ville-même mais seulement Angkor-Vat…. »

« Pour conduire à la basilique-fantôme, un pont des vieux âges construit de blocs cyclopéens traverse l’étang encombré de roseaux et de nénéuphars ; deux monstres, rongés par le temps et tout barbus de lichen, en gardent l’entrée; il est pavé de larges dalles qui penchent par place, on le dirait crouler dans l’eau verdâtre. Au pas de nos boeufs, nous le traversons, presque endormis; à l’autre bout s’ouvre une porte, surmontée de donjons comme des tiares et flanquée de deux gigantesques serpents cobras qui se redressen, éployant en éventail leurs sept têtes de pierre. »

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« je monte sans hâte, éclairé par un soleil d’éblouissement et de mort. Oh! combien de symboles effroyables, échelonnés sur cette pénible route ascendante! partout des monstres, ds combats de monstres ; partout le Naga sacré, traînant sur les rampes son long corps onduleux, puis le dressant en épouvantail ses sept têtes vipérines! Les apsâras, qu’elles sont jolies et souriantes sous leurs coiffures de déesses, avec pourtant toujours cette expression de sous-entendu et de mystère qui ne rassure pas….. »

 

43; Banteay Srei en touktouk

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Banteay Srei est mon temple préféré.

Hier en réservant le touktouk, le chauffeur a tiqué pour le prix à mon offre de 15$ ;

          « C’est très loin, à 27 km, 30$ »

          « 30$ c’est trop, nous serons de retour à 11 heures »

          « combien êtes-vous prête à mettre ? »

          « 20$ »

A 7heures,monsieur SoPha nous attend, la glacière est pleine de bouteilles d’eau. Notre forfait  suspendu à notre cou, bien visible, Lunettes noires, et krama autour du visage, nous savourons la longue balade qui durera 1h15 à travers forêt et villages. Devant chaque maison, à chaque borne-fontaine, je lis le nom d’un généreux donateur sur un écriteau, anglais, américain, australien qui a sans doute financé l’installation. Attacher son nom à un robinet peut paraître infantile et mesquin. Mais dans un pays où la corruption sévit, ce système est une garantie que les fonds ont été employés à destination et c’est plutôt rassurant. Comme j‘aurais aimé voir sur la Bibliothèque de Pobé « réalisation du jumelage avec le collège Simone de Beauvoir ». Je n’aurai pas eu cette fierté ! Cette pensée soulève des poussières d’amertume et de scepticisme envers les actions humanitaires.

Dès que nous avons quitté la forêt du parc d’Angkor, des vendeurs sont installés tout le long de la route , vannerie suspendues,  étalages de lourds et sombres meubles vernis alignés sous des hangars, des petits étals de fruits, les chaudrons du sucre de palme, et sur les tables les tubes à section carrée en feuille de palmier, à un piquet on a suspendu les fleurs mâles et femelles. Ainsi que les récipients de bambou.

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petites vendeuse de fruits : bananes et pommes de lait

Le camion qui livre la glace s’est arrêté ; On voit débiter à la scie un gros bloc. Ensuite je remarque que des glacières attendent au bord de la route. Il faut rester assez longtemps dans une contrée étrangères pour remarquer ce genre de détails ; ici, il n’y a pas de frigo en revanche la télévision est partout ? Question de priorité !

Les épouvantails chargés de protéger les maisons en faisant fuir les mauvais esprits sont ici tout à fait effrayants : ce sont des militaires lourdement armés, mitrailleuse ou même mortier, avec un visage où les dents sont dessinées dans une bouche soulignée de rouge.

Entre les villages, des rizières sèches, des buffles et la silhouette du palmier à sucre, qu’on appelle en Afrique, le rônier. Je veux absolument prendre ces palmiers en photo. On arrête le touktouk.

A 8h20, nous arrivons à Banteay Srei. Les touristes en groupe sont déjà nombreux. On peut quand même admirer les délicates sculptures des frontons. Je retrouve Indra et son éléphant tricéphale, la douche de Lakmi sous les éléphants, Râvana et la montagne sacrée, la lutte des singes ….et même d’autres scènes signalées dans le livre de Jacques et Freeman. Cette visite reste un enchantement.

Nous prenons bien notre temps pour faire le tour du temple et découvrir la campagne. Une vieille femme  debout, accoudée à la balustrade chante .Les petits vendeurs de cartes postales détalent à l’arrivée de la police à moto.
Le retour est aussi agréable que le voyage aller.

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42. Angkor en touktouk

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7h, devant l’hôtel voisin, un seul touktouk, rouge, un chauffeur très souriant. Je marchande un  peu 15$ pour Angkor Vat et le Bayon. Il proposait 20$ pour un plus grand tour.

Au lieu de traverser la ville, le touktouk s’engage dans une petite route. C’est possible parce que nous avons nos forfaits-semaine et qui peremettent de court-circuiter la billetterie. Nous découvrons une vie provinciale, tranquille, des écoliers qui partent à l’école, les hordes de motos des Cambodgiens qui partent au travail. Tellement plus sympathique que la RN6 bordée d’hôtels gigantesques, de restaurants tapageurs, de salons de massages…

A la sortie de Siem Reap, la poussière rouge nous assaille ? Nouvel usage du krama : en faire u n masque ; C’et une interprétation personnelle. La plupart des Cambodgiens possèdent de vrais masques en non-tissé. L’habitude de la moto dans la poussière a rendu très courant cet accessoire ;

Lunettes noires et krama, dans l’air frais du matin, je goûte la promenade en touktouk. Les grands arbres de la forêt d’Angkor sont odorants. Sur les bas-côtés, on balaye les feuilles, les employés de l’Apsara (société qui gère le site d’Angkor) sont innombrables. Quelle tâche de Sisyphe ! En tout cas, le Routard a tout faux, qui conseillait les chaussures fermées pour éviter serpents et scorpions faisant miroiter un voyage d’Indiana Jones alors qu’en réalité la première feuille qui tombe est impitoyablement balayée.

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le Bayon dans la lumière du matin

Jolis reflets sur les bassins. Le Bayon baigne dans la lumière du matin. Les tours-visages sourient de leur grés orangé. Visages par tours, 37 tours selon Jacques et Freeman, bien difficile à dessiner ! Ce temple-montagne représente également le Mont Mérou et les pics célestes malgré le fait que Jayavarman VII qui l’a construit était bouddhiste, il ne négligeait pas les traditins hindouistes.

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préparation d’un banquet : cochon dans la marmite, brochettes grillées et flacon de boisson

 

Nous avons décidé de nous consacrer aux bas-reliefs : pas de problème pour s’orienter tôt le matin : le soleil est à l’est et nous arrivons par la terrasse orientale ! Le tour des galeries extérieures remplira toute la matinée. Nous avons l’intention de chercher les détails, de retrouver les bas-reliefs qui correspondent aux photos du livre de Jacques et Freeman. Dans la procession, nous retrouvons les Khmers et leur corde autour de la poitrine, les Chams et leur coiffure en fleur de lotus, les Chinois et leurs longs manteaux brodés…Est-ce la bataille de 1177 que Jayavarman VII livra contre le Champa ? Laissons la question aux spécialistes, nous recherchons les détails amusants, les scènes de genre dépeignant la vie quotidienne, les poissons du Lac Tonlé Sap, les animaux de la forêt. C’est un jeu. Parfois on trouve, parfois, non. La galerie à l’intérieur est décorée de scènes mythologiques plus difficiles à interpréter.

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sous la bataille navale, les poissons du lac TonléSap et sur le registre inférieur : des scènes de genre

Entre temps, les groupes Coréens, Chinois, et autres, se pressent et encombrent le passage. A 10heures, nous retrouvons Monsieur So Pha et notre Touktouk.  Nous n’avions pas remarqué la petite glacière rouge  sur la banquette. M. So Pha nous offre des petites bouteilles bien fraîches.

A Angkor Vat aussi on se contentera des bas reliefs des galeries : la Bataille de Langka, le défilé de Suryavarman II, le Jugement de Yama et les Enfers et le Ciel. Malheureusement le Barattage de la Mer de Lait est en restauration à demi cachée par des panneaux de chantier. Nous effectuons nos révisions avec un réel plaisir. Prun nous avait très bien conté les récits mythiques mais il y avait tant de chose à assimiler qu’une histoire en effaçait une autre. Revoir les bas-reliefs était vraiment nécessaire !

Après 4 heures d’observation soutenue, la fatigue se fait sentir. Nous ne pénétrerons pas plus avant dans le temple, négligeant couloirs, galeries, tours préférant rester sur une impression, agréable.

Un jus de coco siroté sous les arbres en compagnie de 2 Russes et de leur guide. Ce dernier, plus très jeune, avec sa raie bien droite partageant ses cheveux, sa silhouette mince, sa chemise de guide soigneusement rentrée dans le pantalon, correspond exactement à l’image que je me fais d’un commissaire politique aux ordres de Moscou du temps de la Guerre Froide : c’est sans doute de l’entendre parler russe qui me donne des idées pareilles ! Comme il voit que je les observe il me demande si je parle russe moi-aussi. Mais lui s’exprime en anglais et en français !

L’après midi à la piscine est un régal. On s’amuse à voir les employés du restaurant aménager un karaoké sur le bord de la piscine : chaises habillées de blanc, tables dressées aux nappes rouges, énormes baffles et un écran. Alignement des plantes vertes au cordeau sous l’oeil expert du maître d’hôtel.  Nous craignons le pire pour cette nuit. Nous serons agréablement surprises. C’est un goûter d’enfants qui  se terminera tôt !

40. Siem Reap, à notre guise: apéro au River Garden et musée

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Lonely Planet signale   « Angkor miniature »:  nous  pourrions y faire des photos comme vu du ciel ? C’est là que nous nous séparons de notre guide et du chauffeur. Les adieux ont été écourtés.

A nous la liberté !

Angkor miniature est très décevant, il n’y a que deux maquettes : Angkor Vat bien réussi, le Bayon, imité grossièrement.

Nous partons à la conquête de Siem Reap entrevue derrière les vitres fumées de la Toyota Camry. Les arrêts pour les courses, pharmacien, photographe, et distributeurs automatiques ont été succincts. Il faut marcher pour sentir une ville ; Nous commençons d’abord par une promenade sur le bord de la rivière sans but, à regarder les échoppes, les maisons. Par hasard on trouve le siège de l’EFEO,  on passe la rivière et on s’arrête sous un petit kiosque. C’est le terrain de jeu d’enfants qui ont rempli des petites bouteilles de sable et qui tirent dans un tas de bouteilles plastique. Quilles ? Ou pétanque ?

Non loin de là nous trouvons un endroit charmant River Garden restaurant, guest-house, avec un pool-bar, des cours de cuisine y sont organisés Cooks in tuktuk, des massages, location de vélos, excursions au coucher et au lever de soleil à Angkor…. Nous prenons un verre au Pool-bar près de la piscine en forme de 8 avec une petite cascade. Mobilier rose et noir, harmonie rose  et verte au jardin : bougainvillées roses, des bambous ont été peints en noir et rose dans une potiche. Margarita et shake de fruits mélangés, les verres très bien présentés.

Le Musée d’Angkor est ultra moderne, très vaste construit autour d’un patio contenant un bassin grand comme une piscine, climatisé, très bien fait, très cher 12$. La première salle contient 1000 bouddhas dans des alvéoles rouges, les pièces exposées sont de toute beauté. D’autres salles thématiques expliquent avec luxe de tableaux, de photos, de vidéos…les sites d’Angkor.  Les audiovisuels sont tonitruants, les photos ressemblent à celles d’un magazine. Même si la pédagogie est excellente, l’original a tellement plus de magie ! Cette visite est agréable mais aseptisée et sera vite oubliée. Elle a son utilité pour les handicapés qui ne peuvent franchir les seuils des temples ou pour ceux qui voudraient faire l’économie d’un guide et qui s’instruiraient ici. Mais est-ce une bonne idée ?

Retour en touktouk à l’hôtel 2$ et une bonne après midi de piscine.

39 . villages flottants du TonléSap

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La voiture s’engage sur une route secondaire qui traverse des villages bien animés. Des motos chargées de sacs en plastique dans des paniers viennent à notre rencontre ; Ce sont les grossistes qui apportent le poisson du lac au marché de Siem Reap « commerçants intermédiaires » comme les appelle Prun.

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A la sortie de Siem Reap vers le lac, les rizières sont vertes, il y a de l’eau et même des champs de lotus. Sur le bord de la route de grands plateformes sur pilotis « hamock bar » : les cambodgiens viennent s’u détendre et chanter dans des karaokés. Ces soirées de karaoké sont masculines et ruineuses. Prun plaisante:

          «  les femmes les appellent, les bars des maris perdus »

L’embarcadère pour les villages flottants se trouve dans un grand chantier. On construit un « port touristique ». le nombre d’embarcation est impressionnant.

          « Ils prennent des touristes à tour de rôle »

Ce matin, à 7h30, il y a juste un groupe de Coréens et nous. Un autre groupe de touristes en sacs à dos s’embarque sur la navette régulière de Battambang.

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Symphonie de brun. L’eau café au lait, les berges de boue brune, les vêtements des pêcheurs, leurs filets. Le ciel voilé donne une lumière tamisée. De temps en temps,, les nuages se déchirent, des reflets dorés et roses dansent à la surface de l’eau. Sur les bods du lac de nombreux pêcheurs sont à pied. Pêchant à l’épervier, à l’épuisette, ou se baissant pour cueillir les coquillages que nous avons vus à Phnom Penh sur de grands plateaux, cuits et salés.

La « forêt inondée » nous avait fait rêver. En saison sèche, c’est une forêt touffue aux petits arbres serrés, mais bien au sec. Avec la pression démographique, on brûle la forêt pour gagner des terres. Les terrains dégagés sont envahis par une broussaille de mimosas piquante et toxique pour la faune.

Un sampan vient à notre rencontre, nous avons déjà vu ces bateaux-maisons au Vietnam. D’ailleurs, les gens qui vivent sur l’eau sont des Vietnamiens. Le village flottant qui se déplace sur le lac à mesure de la crue, est vraiment très misérable. Les barques des commerçants vont de maison-flottante en maison-flottante. Sur chaque plateforme on a aménagé qui un jardin flottant, qui une piste de vélo pour les enfants. Les bassines et les marmites sont accrochées aux murs (sans doute pour économiser l’espace. Il y a même une école vietnamienne flottante.

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Une plateforme de belle taille est occupée par un élevage de crocodiles, un magasin de souvenirs et un bar. Dans des aquariums vivent des poissons bizarres: poisson-à-tête-de –serpent, poisson-éléphant grisâtre avec des yeux proéminents.

La visite tourne court. Avant dix heures nous sommes de retour au port touristique. On traîne et achète des souvenirs : les sets de table en paille seront bien utiles, du poivre dans de jolis sachets de tissu…

Fin du guidage de Prun.

Il y a bien un déjeuner gastronomique prévu, commandé et payé dans le circuit. Mais il y a deux heures à tuer. Nous n’avons pas envie d’aller au Centre Artisanal où nous flairons le piège à touristes. Nous avons déjà assez acheté de cadeaux. Prun propose le marché. On n’y restera pas deux heures.

38. un instrument traditionnel : Trau

 

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Hier nous avons acheté un joli instrument à cordes dont nous avons oublié le nom :

          « trau » précise Prun.

           « C’est lui qui a sauvé mon père pendant la période des Khmers rouges. Il jouait pour eux. Depuis cette époque, il est découragé et n’utilise plus son français qu’il pourrait enseigner. Il joue de la musique dans des fêtes rapporte gâteaux et bâtonnets d’encens »

 

Il nous  livre un peu de sa vie. Adolescent il est allé à la pagode, puis a rencontré des humanitaires est devenu instituteur. C’est un garçon charmant et gai qui parle doucement et ne répond jamais brutalement. « oui-oui-oui » qu’il ponctue de petits rires, « non-non-non », encore un petit rire.  Politesse extrême. Hier, il nous a montré des photos de son fils jouant à faire du bateau dans une bassine devant leur maison, la rue transformée en ruisseau pendant la saison des pluies.

 

Dans notre « monde touristique » où n’ont cours que les dollars, on nous montre les attractions touristiques. La vie quotidienne, nous ne la découvrons que par hasard, regards volés dans les maisons ouvertes . Les confidences de notre guide n’en sont que plus précieuses.