Les Forceurs de blocus – Jules Verne

LECTURE COMMUNE : BOOKTRIP EN MER

L’idée de lecture commune Book Trip EN MER me plait bien et à la suite de Claudialucia

Le Douanier Rousseau : Bateau dans la tempête

J’ai téléchargé cette nouvelle de Jules Verne qui est inépuisable, et me déçoit rarement. Lecture facile, une aventure en mer, mais aussi historique et instructive. une des conséquences de la Guerre de Sécession est l’arrêt de l’exportation de coton par les Etats Confédérés

La plus importante matière de l’exportation américaine manquait sur la place de Glasgow. La famine du coton, pour employer l’énergique expression anglaise, devenait de jour en jour plus menaçante

Coïncidence amusante, je viens de terminer les mémoires de Davidoff – le Juif qui voulait sauver le Tsar, et cette demande en coton a été à l’origine de la fortune des ancêtres des Davidoff avec l’essor de la culture du coton en Ouzbékistan. 

Un négociant écossais affrète donc un navire particulièrement rapide qui forcera le blocus de Charleston, livrant des armes aux Confédérés, sans se soucier des causes du conflit et de l‘abolition de l’esclavage. La moralité du commerce apparait en filigrane

« mais enfin il dut reconnaître, entre autres choses, que la question de l’esclavage était une question principale
dans la guerre des États-Unis, qu’il fallait la trancher définitivement et en finir avec ces dernières horreurs des temps barbares.

[…]je ne vous répondrai que par un mot : je suis négociant, et, comme tel, je ne me préoccupe que des intérêts de ma maison. Je cherche le gain partout où il se présente.

[…]
Ainsi, quand vous vendez aux Chinois l’opium qui les abrutit, vous êtes aussi coupable qu’en ce moment où
vous fournissez aux gens du Sud les moyens de continuer une guerre criminelle ! »

Bien sûr, il y a le plaisir de la navigation, une histoire d’amour qui se trame (cousue de fil blanc), presque une bataille navale…. de l’action, des surprises. Un bon, mais court Jules Verne!

Dana Schutz – Le Monde visible – au MAM

Exposition temporaire jusqu’au 11 février 2024

Civil Planning

Vu de loin, sur l’affiche, le teaser-vidéo, l’œuvre de Dana Schutz paraît colorée, gaie, fantaisiste avec des personnages de films d’animation.

C’est vu de très loin!

Dès qu’on entre dans la première salle le premier tableau Sneeze éternuement cataclysmique avec la morve qui coule, donne un ton calamiteux, repoussant. Daughter, une jeune fille ahurie, à la coiffure ridicule arbore un T-shirt au tableau de l’Origine du Monde de Courbet, gênant! La série Self-Eater représente la consommation de sa propre chair. On est à la limite du dégoût dans ces désastres physiques. 

Shaving

Shaving continue à déstabiliser le spectateur : de loin, une vacancière contemple un coucher de soleil, on s’approche, elle se rase le pubis. Et ce qui égare le plus c’est que le personnage est en même temps de dos et de face, dans un miroir? la bombe de mousse Gilette prend une importance démesurée.

Présentation

Ces tableaux intimistes m’ont mise mal à l’aise, le monde de Dana Schutz me déconcerte, les grandes compositions comme Presentation mettent en scène la société américaine : un homme qui vient d’être déterré est disséqué devant un parterre de témoins (étudiants en médecine?) . Sur Internet j’ai lu que cette mise en scène morbide renverrait aux soldats tombés en Irak ou en Afghanistan dont les cadavres ont été soigneusement cachés au public. 

Civil Reformers

les scènes violentes se multiplient, recyclage, tronçonnage de membres humains, le monde de Dana Schutz est décidément violent, absurde et cruel.

Fanatics (2005)

Fanatics semble prémonitoire de l’assaut du Capitole. Le personnage à genoux en train de prier devant le grillage bisé, les déguisements, semblent décrire cet évènement qui aura lieu des années plus tard.

Et que dire de ces hommes armés qui vont lyncher le soleil?

Boat group

La catastrophe semble arrivée avec ces têtes dérivant sur un bateau sur un océan sinistre, vont-ils s’entredévorer.

Victor

 

Victor, grotesque est bequeté par un oiseau. Sa posture est bien grotesque pour un vainqueur!

j’ai beaucoup apprécié les sculptures de Dana Schutz, glaise ou bronze.

 

 

 

 

les Arts

les Arts, en cortège sinistre, n’apportent que peu de consolation dans ce monde guetté par la Catastrophe.

Mountain group

Peu aimable, peu séduisant, le monde de Dana Schutz est malheureusement à peine une dystopie. Elle décrit sans complaisance la violence, les luttes de pouvoir, la menace du changement climatique où chacun, Dieu, bouddha, l’artiste, les écologistes, tous brandissent un doigt vengeur faisant tomber les échelles qui ont permis aux personnage de grimper la montagne.

Un de ses tableaux les plus connus, le plus polémique, ne figure pas dans la rétrospective. C’est celui du cercueil ouvert de Emmet Till, un jeune noir martyrisé par des blancs dont la mère avait voulu que chacun puisse voir les blessures. La plasticienne blanche a été accusée par des activistes d‘appropriation culturelle comme si une artiste blanche n’avait pas le droit de traiter ce sujet. Dana Schutz s’était justifiée, en expliquant que si elle n’était pas noire, elle était une mère et pouvait comprendre la douleur et la colère de la mère d’Emmet Till.

 

 

Rothko à la Fondation Vuitton

Exposition temporaire jusqu’au 31 mars 2024

Une  exposition-phare de la rentrée 2023, très courue en tout cas.

J’étais impatiente de découvrir Rothko : un podcast m’avait présenté le personnage et avait fait un parallèle avec Nicolas de Staël dont l’exposition m’avait enthousiasmée. Depuis Soulages je n’ai plus de préjugés défavorables envers les monochromes et les tableaux très abstraits. 

Rouges vibrants, jaunes éclairants, malgré la foule, la visite est un régal.

Rothko : contemplation

Les débuts, années 30, figuratifs et expressionnistes  occupent deux grandes salles  : portraits et scènes urbaines m’ont bien plu.

Rothko entrance to the subway

Avouant des difficultés à représenter la figure humaine sans la mutiler il abandonne vers 1939 pour une nouvelle aventure : l’invention d' »un mythe contemporain«  en puisant dans les mythologies antiques pour répondre à la barbarie qui régnait en Europe

Rothko : Antigone

Fuyant les Allemands, les Surréalistes, Breton en tête sont à New York et inspirent la peinture de Rothko.

A partir de 1948, les Multiformes deviennent tout à fait abstraits, perdent leur titre, la signature et leur assignation.  A partir de 1949 il peint une superposition de rectangles colorés

Dans les salles suivantes on baigne dans la couleur sans chercher de sens, seulement le plaisir de la lumière dans les jaunes et les oranges, .

Vers 1956, les couleurs s’assombrissent

Une installation est saisissante la Rothko Room de la Tate Gallery : 9 toiles de très grand formats conçues pour être ensemble dans une lumière faible : le spectateur doit se sentir immergé dans la couleur. Une animatrice intervenant là explique que Rothko aurait été impressionné à Florence par la Bibliothèque Laurentienne de Michel-Ange et aurait imaginé une sorte de trompe-l’oeil

Rothko room tate Gallery
Rothko room Tate Gallery

la suite de l’exposition est un peu monotone, une suite de très grands tableaux, très colorés. La foule se fait pressante. Il faut attendre 10 minutes pour accéder à une petite salle avec des rouges, peut être sublimes, mais l’impression est gâtée par les selfies que les visiteurs prennent égoïstement.

 

Dead man Walking – Jake Heggie – Metropolitan Opera New York

Non! je n’ai pas fait l’aller/retour Paris/New York en avion!

Le Cinéma du Palais de Créteil propose 4 retransmissions Opéra au Palais. Séances festives avec un coupe pétillante à l’entracte. L’an dernier un merveilleux Porgy and Bess et cette année une offre plus classique avec Nabucco, Carmen et La force du Destin. Dead Man Walking est un opéra américain contemporain de Jake Heggie et j’étais très curieuse d’élargir le répertoire et de sortir des œuvres jouées et rejouées. Le Met, un metteur en scène de renommée mondiale :  Ivo Van Hove sont garants d’un spectacle de qualité. 

Le sujet : la dénonciation de la Peine de Mort me tient à cœur, toute initiative en ce sens est à applaudir des deux mains, surtout aux Etats Unis où elle est encore appliquée. L’opéra de Jake Heggie y a été joué 150 fois! 

Je ne savais pas que Dead Man Walking était tiré d’un livre ni qu’un film (Lee Ermey 1995) été adapté du livre. Cette histoire de religieuse qui obtient la conversion in extremis d’un condamné à mort, ne m’a pas convaincue personnellement. J’ai trouvé bien américains, l’argumentation de la bonne sœur et les paroles des parents. Bien américain aussi l’avertissement que certaines images peuvent choquer : le viol et le meurtre filmés mais pas l’exécution. Cette dernière scène filmée longtemps avec une précision chirurgicale m’a paru insupportable. 

On va d’abord voir (et écouter) un opéra pour la musique. Je n’ai pas été  convaincue. En revanche, les performances des acteurs et des chanteurs : Ryan McKinny et Joyce Di Donato sont très bien. Mention spéciale à Soeur Rose Latoonia Moore qui apporte une touche de douceur et de gospel/ 

L’Extinction des Espèces – Diego Vecchio

HISTOIRE DES SCIENCES

Merci à Claudialucia qui m’a indiqué ce titre qui résonne en écho avec des ouvrages sur l’Histoire des sciences : l’Invention de la Nature,d’Andrea Wulf les Arpenteurs du Monde d’André Kehlmann et d’autres…

« Les océans qui avaient été un des lieux les plus agréables de l’univers, devinrent d’une extrême dangerosité. Avant l’Ordovicien précoce, les êtres vivants pouvaient se promener dans toute région sous-marine et profiter des beautés d’un récif corallien ou admirer les formes plumeuses des crinoïdes. C’était désormais inenvisageable. Des mafias de poissons aux mâchoires acérées montaient la garde partout, prêts à planter leurs dents dans le moindre visiteur. les assassinats au grand jour se multiplièrent, même dans les endroits les plus fréquentés, bien souvent gratuits pour le simple plaisir de tuer. Cet accroissement de l’insécurité eut pour conséquence un des faits les plus importants de l’histoire de la vie : la conquête de la terre ferme. »

Histoire de la Terre, Paléontologie, expéditions pour rechercher des fossiles de dinosaures, ne peuvent que me passionner.

Muséographie : le  Smithsonian Institute avec ses musées géants et ses publications ne me sont pas non plus inconnus (surtout les publications et les collections de carottes sur lesquelles j’ai planché autrefois pour ma thèse).

Attention, sérieux s’abstenir! C’est un livre léger, drôle, facile à lire, très divertissant. Surtout pas un livre scientifique de référence. On le lit, le sourire aux lèvres en se demandant parfois où est la science et où est la fiction. Cela ne fait rien. On s’amuse en s’instruisant.

C’est une vision américaine (pas uniquement étasunienne, l’auteur est argentin) . il est beaucoup question de valeur marchande des fossiles (en Europe c’est un aspect sacrilège), question aussi le l’attraction du public par des expositions spectaculaires, de la rentabilité économique d’un musée. Un musée qui n’aurait que peu de visiteurs serait en danger….(cela nous gagne peut-être?)

Vision américaine aussi que cet intérêt pour la « vie primitive » alors que la destruction des prairies, des bisons, et des Indiens, natives. Là aussi, on se demande où est la limite entre la fiction et la science. Ces tribus primitives ont-elles vraiment existé? Pointe aussi la réflexion sur le genre, le rôle des femmes (réflexion XIXème ou XXIème siècle) ? Peu de réponse sérieuse à toutes ces questions?

mais cela ne fait rien, j’ai passé un bon moment de lecture.

Un Autre Monde – Barbara Kingsolver

LE PAVE DE L’ETE

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Frida Kalho et Diego Rivera ont inspiré de nombreux auteurs, Le Clezio, Diégo et Frida (1993), Padura dans L‘Homme qui aimait les chiens (2013) raconte l’assassinat de Trotsky, Claire Berest dans Rien n’est noir (2020) s’est plutôt attachée à la biographie de Frida. Il existe sûrement d’autres ouvrages que je n’ai pas lu. Et pourtant, j’ai dévoré le livre de Barbara Kingsolver! 

Le héros du livre est un écrivain, Harrison William Shepherd fils d’un fonctionnaire du gouvernement américain et d’une aventurière mexicaine qui l’entraine à 12 ans à Isla Pixol, dans l’hacienda  de Don Enrique, un riche pétrolier. L’enfant, livré à lui-même, découvre au cours d’une plongée sous-marine, une grotte La Lacuna qui est le titre du roman en VO et que je préfère au titre français que je n’ai pas bien compris. Il apprend la cuisine avec le cuisinier de la hacienda et particulièrement la confection de pâte pour les tamales, empanadas, et autres pâtés de la cuisine mexicaine. L’enfant consigne toutes ses expériences sur de petits carnets et découvre ainsi son amour des mots, de l’écrit. 

La Mère, aventurière, l’emmène à Mexico puis l’expédie à son père à Washington pour qu’il poursuive des études. Washington, en 1932 subit la Crise, des chômeurs occupent les rues, des vétérans de la Grande Guerre, campent pour réclamer leurs indemnités. Les tensions sociales sont à leur comble. En fait d’études, le jeune Harrison est scolarisé dans une  d’institution militaire pour crétins ou délinquants où il n’apprendra pas grand chose. Plus intéressantes sont les manifestations de rue, la lecture de l’Odyssée et les vadrouilles avec son copain Bull’s Eye à la recherche de son copain Nick Angelino

Bonus Army. Nick Angelino, un cousin de sa mère qui vient de Pennsylvanie. Parfois on arrive à le dénicher dans le village de tentes, parfois non. Ils sont tellement nombreux là- bas maintenant, des hectares d’êtres humains, et les gens qui vivent sous du papier goudronné ont tendance à ne pas rester en place. Nick Angelino s’est rendu célèbre en escaladant la clôture de la Maison Blanche sans se faire arrêter ; il a laissé un cadeau à la porte de Hoover : ses médailles de l’Argonne, et une photo de sa famille.

En 1935, nous retrouvons Harrison Shepherd à Mexico assistant Diégo Rivera à gâcher le plâtre des murales du peintre grâce à ses compétences en cuisine qui lui donne le surnom de Petit pain. Assistant, cuisinier, secrétaire, il s’installe chez Diego et Frida dont il devient le confident. Assiste à l’assassinat de Trotsky.

Compromis, il retourne aux Etats Unis chargé de livrer des tableaux de Frida en 1941. Dans cette deuxième partie du livre, la narratrice, l’archiviste, apparaît. Shepherd devient un écrivain à succès dont les romans historiques se déroulant au Mexique doivent faire l’objet d’adaptation au cinéma. Il échange des lettres avec Frida

« Comme Cortès, je fais mon rapport à ma Reine sur un monde nouveau et merveilleusement étrange. Feliz compleanos, mon amie depuis l’Amérique où l’on fait avec ce que l’on a »

A la suite de la deuxième guerre mondiale, la Commission des activités antiaméricaines se penche sur son cas. La chasse aux sorcières est lancée dans les milieux du cinéma. On demande à Shepherd de signer un formulaire d’allégeance, affirmant sa loyauté au gouvernement des Etats Unis. Le piège commence à se refermer lorsqu’on lui demande de jurer qu’il n’a jamais été communiste. C’est l’implacable chasse aux communistes qui va s’abattre sur le secrétaire de Trotsky qu’on accuse de stalinisme…

La deuxième partie du livre qui se déroule aux Etats Unis raconte cette période sombre. Elle est passionnante. Je vous laisse découvrir les persécutions réservées aux sympathisants communistes….

La plupart de ces gens ne savent pas ce qu’est le communisme, ne sauraient pas le reconnaître dans une file de suspects. Ce qu’ils savent, c’est ce qu’est l’anticommunisme. Les deux sont pratiquement sans rapport.– Vous êtes en train de me dire que l’anticommunisme et le communisme sont sans rapport. Ça n’a pas de sens.– Ça n’a pas de sens pour vous. Vous êtes un homme de mots et, par conséquent, vous pensez qu’il s’agit d’aimer le thon et de ne pas l’aimer, mais ça n’a rien à voir. Nous parlons de thon et de grippe espagnole. »

 

Ce « pavé de l’été » m’a tenu en haleine pendant toute la lecture!

 

Faith Ringgold – artiste féministe et engagée au Musée Picasso

Exposition temporaire jusqu’au 2 juillet 2023

Autoportrait 1965

Découverte d’une artiste afro-américaine puissante !

Parcourir l’exposition rétrospective Faith Ringgold c’est découvrir une plasticienne  marquante utilisant diverses techniques . C’est aussi parcourir 60 ans de l’histoire américaine, de 1963 où fut proclamée la fin des discriminations raciales et où Martin Luther King a prononcé son fameux discours « I Have a Dream« 

Série Black light : invisible woman 1968

Black is beautiful : En 1968, Faith Ringgold  peint sa série Black Light 

Dans cette série, elle peint 6 portraits presque identiques sur une sorte de nuancier où le fond passe du brun foncé au beige

American peopleSerie US Postal Stamp commemorating the Advent of Black Power (1967)

les créations de Faith Ringgold illustrent les luttes de Black Power (1967)

En novembre 1970 : The People ‘s Flag show , exposition à Judson Memorial Church où le drapeau américain et la carte des Etats Unis furent détournées, les organisateurs, dont Faith Ringgold furent arrêtés pour profanation du drapeau national. 

1971 AMERICA FREE ANGELA (papier découpé)

Angela Davis fut emprisonnée en 1970. Un autre collage est ouvertement féministe. les couleurs Rouge/Vert/Noir sont les couleurs panafricanistes. 

WOMAN FREEDOM NOW (1971)

 Faith Ringgold découvre à Amsterdam les peintures sur tissu tibétaines et népalaises qui l’inspirent pour une série textile où elle peint Martin Luther King et abord la question de l’esclavage dans la série de Tankas  Slave Rape 

1974 tanka Slave Rape

Elle utilise la tradition des Quilts (patchwork) que les femmes américaines réalisent en famille et coud des bordures autour des peintures sur tissu, autour des bordures un texte très dense raconte l’histoire de la peinture dans Bitter nest

Quilt : french collection les demoiselles d’avignon

la French collection est aussi une série de Quilts dont celui des Demoiselles d’Avignon

Quilt french collection Café des artistes

Dans le café des artistes on peut reconnaître Toulouse Lautrec, Utrillo, Gauguin, Van Gogh en compagnie d’artistes américains et Faith Ringgold elle-même.

Gospel performance raconte la mort d’un couple d’Afro-américain, couple de mannequins et des endeuillés . 

Gospel Performance : the flag is bleeding (1997)
Certaines œuvres sont très colorées comme les tournesols 

Faith Ringgold est aussi impliquée dans le mouvement plus récent Black Lives Matter. Le combat pour les Droits Civiques n’a toujours pas abouti! 

Alice Neel à Beaubourg

Exposition temporaire jusqu’au 16 janvier 2023

Alice Neel : Marxist girl Irene Peslikis; Mon tableau préféré (c’est aussi celui qui a été choisi pour l’affiche de l’exposition)

De tout temps, les femmes ont peint.

Miracle: on  les expose!

Alice Neel

Femmes-peintres , puis Pionnières au Luxembourg, Toyen au MAM, O’Keefe à Pompidou, Frida Kalho et Joan Mitchell, Rosa Bonheur à Orsay. Et sans mièvreries, s’il vous plait. Je ne voulais pas rater l’exposition d‘Alice Neel qui était pour moi une inconnue. 

Alice Neel 1954 Rita and Hubert

J’ai été saisie par ces portraits puissants. Ces femmes et ces hommes qui vous regardent bien en face, assis sur le fauteuil à rayure ou sur le canapé d’Alice. Aucun artifice, les mains puissantes ou usées par le travail, les chaussures sont aussi des marqueurs sociaux. Alice Neel donne l’image d’une Amérique diverse, colorée, de ses voisins Portoricains ou Haïtiens, des militants communistes, des artistes, journalistes, activistes….

Alice Neel-1979 Mary D Garrard

Seule défaut de l’exposition, pas de sens de circulation indiqué et cartels en lettres minuscules. On n’a pas trouvé tout de suite le mode d’emploi pour une  rétrospective couvrant presque un siècle. Alice Neel née en 1900, décédée en 1984.

A Neel 1929 – Les Intellectuelles

Dès 1929, cette aquarelle est un manifeste féministe : la maman de la petite fille a trois jambes et trois bras, il lui faut au moins cela pour assumer le travail que lui donne un enfant.

Alice Neel : Grève

Dans les années 30, Alice Neel peint New York  vide dans la dépression, manifestations et grèves. Son engagement communiste lui fait aussi protester contre la montée du nazisme en Allemagne

Alice Neel – 1936 Nazis kill jews

Une citation raconte qu’on aurait reproché à l’artiste la pancarte blanche qui « prenait trop de place dans le tableau » et elle ajoute que si on avait pris plus au sérieux ce panneau, on aurait peut être sauvé des Juifs. Il convient de faire une lecture politique et historique de nombreux portraits. Celui de Art Shield rappelle que ce journaliste a lutté pour Sacco et Vanzetti.

Alice Neel – Art Shield

Parmi les documents présentés on voit que le FBI l’a fichée vers 1953 comme communiste dans la chasse aux sorcières maccarthyste

Alice Neel 1953 Eisenhower, McCarthy, F Dulles

Peintre des minorités, des Haïtiens comme cette mère et sa fille qui décèdera peu après, l’histoire est déchirante.

Alice Neel, Carmen et Judy

le portrait de Peggy a aussi une histoire bouleversante, Alice Neel a peint le visage abimé de bleus de Peggy œuvre de son alcoolique de compagnon qui rentre ivre-mort et ne s’aperçoit même pas qu’elle est morte

Alice Neel – Peggy

Alice Neel fait poser ses voisins, des ouvriers, un chauffeur  de taxi africain mais elle représente aussi des intellectuels, des artistes comme Andy Warhol

Alice Neel : Andy Warhol après l’attentat avec ses cicatrices

Elle représente des féministes, bien qu’elle en refuse l’étiquette. Elle peint des nus sans aucune mièvrerie ni pudibonderie, les organes génitaux bien visibles, hommes comme femmes

Elle peint des femmes enceintes, des couples de garçons, une transgenre (en garçon) et aussi des hommes et des femmes des années 60 et 70 dont je retrouve avec amusement l’allure.

Alice Neel Geoffrey et Brian

Une promenade dans New York colorée!

Le Charlatan – Isaac Bashevis Singer

LITTERATURE YIDDISCH

De l’auteur, ,j’ai beaucoup aimé la Famille Moskat et téléchargé à la suite Le Charlatan. 

Années 40, New York. Hertz Minsker a quitté Varsovie avec Bronia qui a laissé ses deux enfants et son mari. Hertz Minsker, fils d’un célèbre rabbin,  intellectuel, érudit mi- philosophe, mi- sociologue  ressemble étrangement à Asa Heshel de la Famille Moskat,  érudit,  écrivain raté, grand séducteur.

 Schnorrer professionnel : à défaut de travailler, Hertz vit aux crochets de son ami Morris Calisher, homme d’affaire enrichi dans l’immobilier comme Meshulam Moskat. Hertz cherche vaguement des conférences ou une chaire universitaire pour un très vague enseignement de psychologie. Sans aucun égard pour son ami dévoué, il entretient une liaison avec Minna, la femme de ce dernier.  A la suite de la découverte de cette tromperie, le drame se noue.

Garouste Pourim festin d’Esther

Hertz ne se sent pas affecté de la faillite de son couple. Il abandonne sans scrupule Bronia, puis Minna pour séduire Miriam, puis la serveuse polonaise de la cafétéria newyorkaise….

Pendant que ces intrigues s’emmêlent en Amérique, la  Pologne est occupée par les Nazis, les Juifs,  enfermés dans le ghetto,  déportés. L’ombre de cette tragédie plane sur cette société d’exilés qui attendent des nouvelles. Culpabilité d’avoir abandonné des proches et conscience d’être des survivants.

Roman de l’exil. Certains ont profité des opportunités américaines pour s’enrichir. D’autres peinent à s’assimiler, à parler anglais. Les coutumes juives sont encore très vivaces chez ces émigrés. Quand la culpabilité se fait prégnante le retour aux traditions paraît une solution.

Le Charlatan newyorkais n’a pas le charme désuet de la Famille Moskat qui décrit  un monde disparu. L’intrigue se déroule sur quelques semaines, quelques mois et ne peut être comparée à la saga si riche en évènements et personnages. Je vais continuer à explorer l’œuvre de IB Singer! 

Au Nom du Bien – Jake Hinkson – Gallmeister

ROMAN NOIR EN ARKANSAS

« Mais cet endroit est trop petit, et les gens eux-mêmes sont trop petits. Ils ne viennent pas ici pour chercher
l’inspiration. Ils ne viennent pas pour trouver la motivation de sortir de chez eux et conquérir le monde pour le Christ. Ils viennent ici pour être dorlotés, pour qu’on leur dise que le monde à l’extérieur des frontières de notre petite ville est devenu fou, qu’il vaut mieux pour eux qu’ils restent ici. Ils se blottissent dans cette église comme dans un fort assiégé tandis que je les conforte dans leurs préjugés et leur donne leur dose hebdomadaire de propos rassurants sur le fait que tout va s’arranger pour ceux d’entre nous qui ont Dieu à leur côté. Ensuite, nous rentrons tous chez nous regarder la télévision »

 

Sur la recommandation de Claudialucia, et à la suite de de la remise en cause du droit des Femmes à l’avortement par la Cour Suprême, je me suis demandée comment vivait cette Amérique qui votait Trump. Ce roman se déroule dans une petite ville de l’Arkansas en 2016, pendant la campagne électorale. La petite ville est décorée des pancartes électorales que chacun pique dans son jardin ainsi que de slogans moralisateurs prohibitionnistes.

Roman choral, les narrateurs sont Richard Weatherford, le pasteur et Penny son épouse, Brian Harten un chômeur qui cherche à monter une affaire de spiritueux, Gary Doane un jeune étudiant et sa petite amie Sarabeth Simmons, vendeuse.

Chantage et maîtres chanteurs. Le pasteur Weatherford a entretenu une relation homosexuelle avec Gary Doane qui exige trente mille dollars  comme prix de son silence. Comment réunir une pareille somme? En monnayant son appui dans un vote interdisant la vente d’alcool sur le Comté auprès de Brian Harten qui doit alors trouver d’urgence les trente mille dollars. Cela ne peut qu’entraîner des catastrophes!

Le personnage principal est le Pasteur qui exerce une autorité despotique, au sein de sa famille et de sa communauté où il fait régner un conservatisme étouffant. Il s’immisce dans la vie privée de ses paroissiens. On devine très vite l’hypocrisie, le goût du pouvoir et le manque d’empathie.

je me souviens qu’ils ont assisté à ma série d’études bibliques sur huit semaines intitulée “Le plan de Dieu pour vous aider à gagner de l’argent”. Parce que la contribution de l’Amérique à la pensée chrétienne réside dans l’idée qu’un dieu qui ne vous promet pas de vous rendre riche n’est pas un dieu qui mérite d’être servi,

Ecriture très efficace, critique au vitriol. Au nom du bien se lit comme un thriller.