Faith Ringgold – artiste féministe et engagée au Musée Picasso

Exposition temporaire jusqu’au 2 juillet 2023

Autoportrait 1965

Découverte d’une artiste afro-américaine puissante !

Parcourir l’exposition rétrospective Faith Ringgold c’est découvrir une plasticienne  marquante utilisant diverses techniques . C’est aussi parcourir 60 ans de l’histoire américaine, de 1963 où fut proclamée la fin des discriminations raciales et où Martin Luther King a prononcé son fameux discours « I Have a Dream« 

Série Black light : invisible woman 1968

Black is beautiful : En 1968, Faith Ringgold  peint sa série Black Light 

Dans cette série, elle peint 6 portraits presque identiques sur une sorte de nuancier où le fond passe du brun foncé au beige

American peopleSerie US Postal Stamp commemorating the Advent of Black Power (1967)

les créations de Faith Ringgold illustrent les luttes de Black Power (1967)

En novembre 1970 : The People ‘s Flag show , exposition à Judson Memorial Church où le drapeau américain et la carte des Etats Unis furent détournées, les organisateurs, dont Faith Ringgold furent arrêtés pour profanation du drapeau national. 

1971 AMERICA FREE ANGELA (papier découpé)

Angela Davis fut emprisonnée en 1970. Un autre collage est ouvertement féministe. les couleurs Rouge/Vert/Noir sont les couleurs panafricanistes. 

WOMAN FREEDOM NOW (1971)

 Faith Ringgold découvre à Amsterdam les peintures sur tissu tibétaines et népalaises qui l’inspirent pour une série textile où elle peint Martin Luther King et abord la question de l’esclavage dans la série de Tankas  Slave Rape 

1974 tanka Slave Rape

Elle utilise la tradition des Quilts (patchwork) que les femmes américaines réalisent en famille et coud des bordures autour des peintures sur tissu, autour des bordures un texte très dense raconte l’histoire de la peinture dans Bitter nest

Quilt : french collection les demoiselles d’avignon

la French collection est aussi une série de Quilts dont celui des Demoiselles d’Avignon

Quilt french collection Café des artistes

Dans le café des artistes on peut reconnaître Toulouse Lautrec, Utrillo, Gauguin, Van Gogh en compagnie d’artistes américains et Faith Ringgold elle-même.

Gospel performance raconte la mort d’un couple d’Afro-américain, couple de mannequins et des endeuillés . 

Gospel Performance : the flag is bleeding (1997)
Certaines œuvres sont très colorées comme les tournesols 

Faith Ringgold est aussi impliquée dans le mouvement plus récent Black Lives Matter. Le combat pour les Droits Civiques n’a toujours pas abouti! 

Alice Neel à Beaubourg

Exposition temporaire jusqu’au 16 janvier 2023

Alice Neel : Marxist girl Irene Peslikis; Mon tableau préféré (c’est aussi celui qui a été choisi pour l’affiche de l’exposition)

De tout temps, les femmes ont peint.

Miracle: on  les expose!

Alice Neel

Femmes-peintres , puis Pionnières au Luxembourg, Toyen au MAM, O’Keefe à Pompidou, Frida Kalho et Joan Mitchell, Rosa Bonheur à Orsay. Et sans mièvreries, s’il vous plait. Je ne voulais pas rater l’exposition d‘Alice Neel qui était pour moi une inconnue. 

Alice Neel 1954 Rita and Hubert

J’ai été saisie par ces portraits puissants. Ces femmes et ces hommes qui vous regardent bien en face, assis sur le fauteuil à rayure ou sur le canapé d’Alice. Aucun artifice, les mains puissantes ou usées par le travail, les chaussures sont aussi des marqueurs sociaux. Alice Neel donne l’image d’une Amérique diverse, colorée, de ses voisins Portoricains ou Haïtiens, des militants communistes, des artistes, journalistes, activistes….

Alice Neel-1979 Mary D Garrard

Seule défaut de l’exposition, pas de sens de circulation indiqué et cartels en lettres minuscules. On n’a pas trouvé tout de suite le mode d’emploi pour une  rétrospective couvrant presque un siècle. Alice Neel née en 1900, décédée en 1984.

A Neel 1929 – Les Intellectuelles

Dès 1929, cette aquarelle est un manifeste féministe : la maman de la petite fille a trois jambes et trois bras, il lui faut au moins cela pour assumer le travail que lui donne un enfant.

Alice Neel : Grève

Dans les années 30, Alice Neel peint New York  vide dans la dépression, manifestations et grèves. Son engagement communiste lui fait aussi protester contre la montée du nazisme en Allemagne

Alice Neel – 1936 Nazis kill jews

Une citation raconte qu’on aurait reproché à l’artiste la pancarte blanche qui « prenait trop de place dans le tableau » et elle ajoute que si on avait pris plus au sérieux ce panneau, on aurait peut être sauvé des Juifs. Il convient de faire une lecture politique et historique de nombreux portraits. Celui de Art Shield rappelle que ce journaliste a lutté pour Sacco et Vanzetti.

Alice Neel – Art Shield

Parmi les documents présentés on voit que le FBI l’a fichée vers 1953 comme communiste dans la chasse aux sorcières maccarthyste

Alice Neel 1953 Eisenhower, McCarthy, F Dulles

Peintre des minorités, des Haïtiens comme cette mère et sa fille qui décèdera peu après, l’histoire est déchirante.

Alice Neel, Carmen et Judy

le portrait de Peggy a aussi une histoire bouleversante, Alice Neel a peint le visage abimé de bleus de Peggy œuvre de son alcoolique de compagnon qui rentre ivre-mort et ne s’aperçoit même pas qu’elle est morte

Alice Neel – Peggy

Alice Neel fait poser ses voisins, des ouvriers, un chauffeur  de taxi africain mais elle représente aussi des intellectuels, des artistes comme Andy Warhol

Alice Neel : Andy Warhol après l’attentat avec ses cicatrices

Elle représente des féministes, bien qu’elle en refuse l’étiquette. Elle peint des nus sans aucune mièvrerie ni pudibonderie, les organes génitaux bien visibles, hommes comme femmes

Elle peint des femmes enceintes, des couples de garçons, une transgenre (en garçon) et aussi des hommes et des femmes des années 60 et 70 dont je retrouve avec amusement l’allure.

Alice Neel Geoffrey et Brian

Une promenade dans New York colorée!

Le Charlatan – Isaac Bashevis Singer

LITTERATURE YIDDISCH

De l’auteur, ,j’ai beaucoup aimé la Famille Moskat et téléchargé à la suite Le Charlatan. 

Années 40, New York. Hertz Minsker a quitté Varsovie avec Bronia qui a laissé ses deux enfants et son mari. Hertz Minsker, fils d’un célèbre rabbin,  intellectuel, érudit mi- philosophe, mi- sociologue  ressemble étrangement à Asa Heshel de la Famille Moskat,  érudit,  écrivain raté, grand séducteur.

 Schnorrer professionnel : à défaut de travailler, Hertz vit aux crochets de son ami Morris Calisher, homme d’affaire enrichi dans l’immobilier comme Meshulam Moskat. Hertz cherche vaguement des conférences ou une chaire universitaire pour un très vague enseignement de psychologie. Sans aucun égard pour son ami dévoué, il entretient une liaison avec Minna, la femme de ce dernier.  A la suite de la découverte de cette tromperie, le drame se noue.

Garouste Pourim festin d’Esther

Hertz ne se sent pas affecté de la faillite de son couple. Il abandonne sans scrupule Bronia, puis Minna pour séduire Miriam, puis la serveuse polonaise de la cafétéria newyorkaise….

Pendant que ces intrigues s’emmêlent en Amérique, la  Pologne est occupée par les Nazis, les Juifs,  enfermés dans le ghetto,  déportés. L’ombre de cette tragédie plane sur cette société d’exilés qui attendent des nouvelles. Culpabilité d’avoir abandonné des proches et conscience d’être des survivants.

Roman de l’exil. Certains ont profité des opportunités américaines pour s’enrichir. D’autres peinent à s’assimiler, à parler anglais. Les coutumes juives sont encore très vivaces chez ces émigrés. Quand la culpabilité se fait prégnante le retour aux traditions paraît une solution.

Le Charlatan newyorkais n’a pas le charme désuet de la Famille Moskat qui décrit  un monde disparu. L’intrigue se déroule sur quelques semaines, quelques mois et ne peut être comparée à la saga si riche en évènements et personnages. Je vais continuer à explorer l’œuvre de IB Singer! 

Au Nom du Bien – Jake Hinkson – Gallmeister

ROMAN NOIR EN ARKANSAS

« Mais cet endroit est trop petit, et les gens eux-mêmes sont trop petits. Ils ne viennent pas ici pour chercher
l’inspiration. Ils ne viennent pas pour trouver la motivation de sortir de chez eux et conquérir le monde pour le Christ. Ils viennent ici pour être dorlotés, pour qu’on leur dise que le monde à l’extérieur des frontières de notre petite ville est devenu fou, qu’il vaut mieux pour eux qu’ils restent ici. Ils se blottissent dans cette église comme dans un fort assiégé tandis que je les conforte dans leurs préjugés et leur donne leur dose hebdomadaire de propos rassurants sur le fait que tout va s’arranger pour ceux d’entre nous qui ont Dieu à leur côté. Ensuite, nous rentrons tous chez nous regarder la télévision »

 

Sur la recommandation de Claudialucia, et à la suite de de la remise en cause du droit des Femmes à l’avortement par la Cour Suprême, je me suis demandée comment vivait cette Amérique qui votait Trump. Ce roman se déroule dans une petite ville de l’Arkansas en 2016, pendant la campagne électorale. La petite ville est décorée des pancartes électorales que chacun pique dans son jardin ainsi que de slogans moralisateurs prohibitionnistes.

Roman choral, les narrateurs sont Richard Weatherford, le pasteur et Penny son épouse, Brian Harten un chômeur qui cherche à monter une affaire de spiritueux, Gary Doane un jeune étudiant et sa petite amie Sarabeth Simmons, vendeuse.

Chantage et maîtres chanteurs. Le pasteur Weatherford a entretenu une relation homosexuelle avec Gary Doane qui exige trente mille dollars  comme prix de son silence. Comment réunir une pareille somme? En monnayant son appui dans un vote interdisant la vente d’alcool sur le Comté auprès de Brian Harten qui doit alors trouver d’urgence les trente mille dollars. Cela ne peut qu’entraîner des catastrophes!

Le personnage principal est le Pasteur qui exerce une autorité despotique, au sein de sa famille et de sa communauté où il fait régner un conservatisme étouffant. Il s’immisce dans la vie privée de ses paroissiens. On devine très vite l’hypocrisie, le goût du pouvoir et le manque d’empathie.

je me souviens qu’ils ont assisté à ma série d’études bibliques sur huit semaines intitulée “Le plan de Dieu pour vous aider à gagner de l’argent”. Parce que la contribution de l’Amérique à la pensée chrétienne réside dans l’idée qu’un dieu qui ne vous promet pas de vous rendre riche n’est pas un dieu qui mérite d’être servi,

Ecriture très efficace, critique au vitriol. Au nom du bien se lit comme un thriller.

Un long si long après-midi – Inga Vesper – Ed La Martinière

POLAR FEMINISTE, ANTIRACISTE

« Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois.  Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore »

Ainsi commence le roman,  Joyce, disparaît et laisse dans sa cuisine une inquiétante flaque de sang et un pyjama de bébé. Ses deux filles attendent son retour. 

La police appelée sur place, arrête Ruby, la femme de ménage. Seule raison : elle est noire.

Toutes les femmes du quartier se mobilisent pour retrouver Joyce. Quartier cossu, pavillons de rêve, avec piscine et jardin, une pelouse bien entretenue, des géraniums en pot, une cuisine modèle, deux jolies petites filles, un gentil mari : le rêve américain!

Joyce a disparu, rien ne laisse supposer qu’elle est morte. Au contraire, on pense plutôt qu’elle quitte le domicile conjugal pour son amant, ou pour sa vocation de peintre, pour respirer tout simplement.

Le sang est un indice dérangeant. L’inspecteur chargé de l’enquête, Mick soupçonne un avortement qui aurait mal tourné. Justement, Joyce a consulté un médecin dans la matinée. Ces ménagères comblées par le rêve californien sont, pour beaucoup, sous anti-dépresseurs…

L’enquête  conduit Mick dans une réunion de club féminin:  leçons de peinture, d’économie domestique, réunions amicales. L’enquêteur découvre un monde qu’il ne soupçonnait pas, même si sa femme fréquente aussi un club analogue. De lourds secrets se cachent sous le bonheur affiché.

Mick a fait libérer Ruby : aucune charge ne pesant sur elle. Il aimerait l’interroger, mais la jeune femme est méfiante. Elle n’attend rien d’un policier blanc, que des ennuis. Elle n’est donc pas très coopérative. Quoique…la récompense que la police fait miroiter ferait bien son affaire ; elle économise pour entrer à l’université. Mais ce n’est pas la seule raison qui motive Ruby. Elle veut savoir ce qui est arrivé à Joyce. Etrangement les deux femmes étaient  proches, elles s’étaient confiées des blessures intimes.

Après la disparition de sa femme, Frank, le mari est incapable de gérer les tâches ménagères et de s’occuper de ses filles : il fait appel à Ruby. Elle est donc sur place pour chercher des indices, écouter Barbara jouer avec ses poupées, sûrement la gamine a vu ou entendu quelque chose.

Qui de Mick ou de Ruby trouvera la clé du mystère?

Je ne vais pas vous livrer plus d’éléments. Lisez-le livre!

Lecture agréable, avec ce qu’il faut de rebondissements pour vous captiver.

C’est aussi une lecture intéressante qui fait revivre la fin des années 50, ces années où la prospérité des banlieues résidentielle cachait la pauvreté des quartiers noirs, où le rêve américain était pour les femmes limité à la frustration du rôle d’épouse et de mère. Temps révolus ? Pas si sûr, quand on voit que le racisme de la police a encore récemment tué, que le droit à l’avortement est remis en question dans certains états américains et que la crise des opiacées fait encore des ravages.

 

 

Poussière dans le vent – Leonardo Padura – Métailié

CUBA

Ce week-end, je me suis offert un voyage à La Havane, et en Floride, Barcelone, Madrid, et même Tacoma…700 pages, un roman-fleuve de 710 pages qui m’a emportée. Addictif! Oubliés, le cinéma, la télévision, le Monde ou Facebook. 

26 ans séparent les premiers épisodes de l’histoire : la fête d’anniversaire de Clara en 1990 où sont réunis les amis formant le Clan immortalisé par la photo de groupe dans le jardin de la maison de Fontanar, et le dénouement en Floride. C’est avant tout le roman de l’amitié, la fraternité, de la solidarité qui a uni les membres de ce Clan pendant toutes ces années même à travers sa dispersion et l’exil.

« Pourquoi tous ces gens qui avaient vécu de façon naturelle dans une proximité affective, attachés à leur monde et à ce qui leur appartenait, s’efforçant durant des années d’améliorer la vie personnelle et professionnelle à laquelle ils avaient eu accès dans leur pays, décidaient ensuite de poursuivre leur vie en exil, un exil dans lequel, supposait-elle, et c’était ainsi que Fabio l’avait ressenti, ils ne retrouveraient jamais ce qu’ils avaient été et n’arriveraient jamais à être autre chose que des transplantés … »

Roman de Cuba, de sa culture, sa cuisine, sa chaleur, mais aussi la débrouillardise dans les privations, les combines et les compromissions, la peur aussi et la défiance. Dans l’exil, ces cubains ressentent et font revivre cet attachement. 

Vedado

Romans des trahisons multiples, infidélité conjugales, non-dits de ceux qui savent qu’ils vont quitter l’île. Plus grave : un mouchard s’est infiltré dans le groupe. Des évènements dramatiques vont peser des décennies sans faire éclater les solidarités.

En dix chapitres centrés chacun autour d’un protagoniste, l’histoire sera contée, et l’énigme va se découvrir par bribes. La lectrice devine l’intrigue, mais les indices parfois se contredisent.

« Une complicité avec suffisamment de force pour vaincre l’apocalypse divine et l’entropie de la matière. Selon
Horacio : la dynamique de la cohésion l’emportant sur la dissociation. Les fragments d’un aimant que leur
propre nature ingouvernable rassemble toujours. »

Padura met en scène la vie quotidienne de ses personnages sans aucun manichéisme. Tous sont attachants avec leurs différences. S’il y a parmi eux un traître, un ange déchu, un alcoolo, un arriviste…il y a aussi le pardon qu’ils sollicitent et obtiennent.

 

Amazonia Selgado / Jean Michel Jarre à la Philharmonie de Paris

LE MONDE EN EXPOS

 

AFFICHE

Un voyage dans la forêt amazonienne!

Exposition immersive : la musique de Jean-Michel Jarre élaborée avec  les sons concrets de la forêt nous plonge dans un univers inconnu. Les panneaux portant les photos de Sebastiao Selgado balisent un parcours initiatique .

Des vues aériennes donnent une impression d’immensité quand on découvre la courbure de l’horizon ; des pics émergent du moutonnement de la canopée comme des îles dans un océan. Du ciel, les méandres de rivières dont j’ignorais l’existence. L’une d’elles,  le Jurua fait 2400 km dont 1800 navigables.

 

Permanence de l’eau et présence des nuages qui donnent un aspect dramatique à l’image. Marque de la pluie, pluie diluvienne, pluie spectaculaire qui ressemble à un champignon atomique. Pluie torrentielle sur la surface de l’eau.

Rencontre des eaux de deux fleuves de couleur différentes qui ne se mélangent pas….Puissance de l’image en noir et blanc d’un relief extraordinaire qui n’est bien sûr pas rendue par mes photos avec le smartphone. Il faut voir les vraies!

Dans une salle obscure un diaporama sur un très grand écran est sonorisé par la musique d’Heitor Villa-Lobos Erosao-Origem do rio Amazonia. La musique donne une autre dimension bien que les photos soient les mêmes que celles de la salle d’exposition. 

Les phénomènes naturels nous dépassent. Il y a aussi les hommes.

Dans de petites salles rouges des écrans vidéos en couleur donnent la parole aux Indiens, qui dénoncent très clairement le désastre qui se profile : les rivières polluées par les orpailleurs, les épidémies propagées par les routes qui pénètrent leur forêt, le changement climatique déjà perceptible avec le dérèglement du régime des pluies, la chaleur sèche. Ils nomment Bolsonaro comme responsable de l’aggravation de la catastrophe.  De nombreuses photos donnent une idée de la  diversité des populations, des costumes, des peintures corporelles. Certains n’ont aucun contact avec la civilisation moderne, d’autres ont eu des échanges avec les civilisations précolombiennes. Tous sont unanimes, la forêt est en danger et ils veulent la défendre. 

Giorgia O’Keeffe à Pompidou

Exposition temporaire 8 septembre 2021 – 6 décembre 2021

Inside the  Red Canna

Merveilleuse exposition O’Keeffe à Beaubourg, à ne pas rater!

Giorgia O’Keeffe (1887 – 1986) est une figure de l’art moderne américain. 

Elle a commencé sa carrière en 1916 en exposant à New York au 291, la galerie de Stieglitz, où l’on pouvait voir les dessins de Rodin, de Picasso et la peinture de Cézanne, des aquarelles de Demuth et bien sûr les sublimes photographies de Stieglitz.

Serie I White and blue flower (1918)

Elle peint une « série synesthésiste » suivant l’idée de Picabia selon des abstractions organiques correspondant à des ondes sonores jouant des mélodies. Elle s’inspire également du livre de Kandinsky . J’ai moins aimé les tableaux abstraits Black abstraction et Abstraction white que les œuvres d’inspiration végétales comme ce maïs

Corn dark 1

Pour se forger un style bien à elle, elle peint des fleurs en les zoomant, fleurs géantes, sensuelles, colorées que certains jugent érotiques (dans une vidéo Giorgia O’Keeffe s’en défend arguant que chacun peut y voir ce qu’il veut.)

White iris

« O’Keeffe, c’est l’Américaine qui peint de grosses fleurs?  » me demande une de mes copines. Oui, certes , mais pas que!

« Il est rare que l’on prenne le temps de regarder une fleur. j’ai peint ce que chaque fleur représente pour moi et je l’ai peinte suffisamment grande pour que les autres la voient telle que je la vois »

Jimson Weed/white flower (1932) – datura

Elle a aussi peint la campagne, les maisons et les granges des environs de Lake George où Stieglitz,  devenu son mari, avait une résidence, la Gaspésie..

Elle a aussi peint des paysages industriels rappelant les photographies de Stieglitz

New York East End

ou les gratte-ciels newyorkais spectaculaires mais toujours avec sa fascination pour le cosmos et le ciel.

New York with moon

mais c’est le Nouveau Mexique qui deviendra le sujet de paysages de prédilection.

Montagnes rouges du Nouveau Mexique

montagnes rouges et parfois montagnes noires

new mexico dark

Dans les déserts arides, elle ramasse des ossements blanchis de bovins ou de chevaux et s’en sert comme de motifs

Ram’s head & white Hollyhock – New Mexico

Spectaculaire encore ce ciel avec la lune  qui apparait dans la cavité du bassin, ou les montagnes au lointain….

Pelvis with distance
Black hills with cedar

Et il en reste d’autres à découvrir!

L’Invention de la nature: Les aventures d’Alexander von Humboldt (1) – Andrea Wulf – ed Noir sur Blanc

 -HISTOIRE DES SCIENCES

« Humboldt, lui, nous a apporté le concept même de nature. Ironie du sort, ses réflexions sont devenues si évidentes que nous avons pratiquement oublié l’homme qui en est à l’origine. »

« Sans doute est-il temps pour nous, et pour le mouvement écologiste, de redécouvrir ce grand précurseur qu’était
Alexander von Humboldt. »

Je connaissais Humboldt de nom, sans que rien de précis ne se dégage vraiment (sauf le courant de Humboldt). Je l’ai découvert dans l’excellent livre de Daniel Kehlmann Les Arpenteurs du monde . 

Plusieurs blogueuses m’ont pressée de lire L’Invention de la Nature et je les remercie chaleureusement.  Le titre m’a fait croire qu’il s’agissait d’une biographie d’Alexander Humboldt, ce livre est  beaucoup plus qu’une biographie. A la suite de Humboldt, tout un cortège de savants et de savants-voyageurs ont suivi ses traces et ont posé les fondements d’une écologie scientifique mais aussi politique. 

Humboldt (1769-1859)

Né dans une famille de l’aristocratie prussienne, il a joui d’une bonne éducation complète, littéraire et scientifique et même économique à l’Ecole de Commerce de Hambourg, puis à l’Ecole des Mines de Freiberg la première dans son genre qui enseignait la géologie et ses applications dans les mines. Dès qu’il disposait de temps libre, il s’échappait, herborisait et collectionnait des milliers de spécimens botaniques. Il fut nommé conseiller des mines à 22 ans.  Il s’intéressa  aux conditions de travail des mineurs et fonda même une Ecole de la Mine. Il se livrait aussi à des expérimentations sur « l‘électricité animale ou galvanisme« . En 1794, à Iena et Weimar, il rencontre Schiller et surtout Goethe qui se passionnait alors pour les sujets scientifiques. Leur rencontre fut très fructueuse : « Ils parlaient de l’art, de la nature et de la pensée ». L‘auteure note aussi qu’ » On ne pouvait pas échapper à Kant à Iena ». 

« A l’évidence, il y avait un peu de Humboldt dans le Faust de Goethe – ou un peu de Faust dans Humboldt »

Au décès de sa mère, Alexander se sent libre de « partir pour un long voyage », partit pour Paris, escalada les Alpes, examina les plantes exotiques dans les serres de Vienne, fit provision d’instruments de mesure. Mais l’Europe était bloquée par les guerres de la Révolution française. Il pensa se joindre à une expédition vers le pôle sud, ou rejoindre les savants de Bonaparte en Egypte…A Paris, il rencontre le compagnon idéal : Aimé Bonpland qui partageait la même passion pour les plantes et les grands voyages. 

1799, avec un passeport espagnol, ils obtiennent l’autorisation de se rendre dans les colonies espagnoles d’Amérique du Sud. Escale à Teneriffe, Humboldt est émerveillé par la cime du Teide qu’ils gravissent. En Juillet ils accostent à Cumana au Venezuela, enchantés par le paysage tropical, les fleurs éclatantes, les oiseaux colorés…Les botanistes cherchent des corrélations avec la flore européenne. 

« Tout dans le monde naturel lui semblait relié d’une matière ou une autre, une idée qui caractérisa sa pensée jusqu’à la fin de sa vie »

Le bonheur de Humboldt n’était pas sans partage : le marché aux esclaves qui se tenait devant ses fenêtres sur la place principale de Cumana le scandalisait.

Quelques semaines après son arrivée ils assistent à un tremblement de terre violent.

« Humboldt descendit de son hamac et installa ses instruments ? Rien, pas même un tremblement de terre ne pouvait l’empêcher de mesurer les phénomènes naturels »

L’expédition devient aventure quand ils s’embarquent pour rechercher un mystérieux cours d’eau reliant l’Orénoque à l’Amazone après avoir traversé la grande plaine des LLanos. C’est mieux que du Jules Verne (qui plus tard s’est inspiré de Humboldt), mieux qu’Indiana Jones! un vrai roman d’aventures entre serpents, anguilles électriques, chevaux,  moustiques, rencontre avec les Indiens.

Il s’intéressait à leurs langues, leur culture et dénonçait plutôt la « barbarie de l’homme civilisé qu’il dénonçait »

Il faut le lire! D’ailleurs, de retour, le récit de leurs aventures fut un véritable best-seller, traduit dans toutes les langues, avec des réimpressions constantes.

Mais il faut aussi s’attacher au contenu scientifique pour comprendre l’Invention de la Nature . Etudiant le lac de Valencia, il met en évidence les causes humaines de l’assèchement du lac. 

Le lac de Valencia jouissait d’un écosystème unique : dans ce système fermé sans communication avec l’océan et seulement alimenté par de petits ruisseaux, le niveau des eaux était uniquement soumis à l’influence de l’évaporation. les habitants pensaient qu’une faille souterraine devait vider le lac. […]les résultats de ses mesures lui firent conclure que c’était la déforestation des terres environnantes ainsi que l’utilisation des affluents pour l’irrigation des cultures qui faisaient baisser le niveau du lac? « 

la déforestation était déjà une préoccupation de Humboldt quand il surveillait les mines

« Le bois était le pétrole du XVIIè et du XVIIIème siècles, la crainte de la pénurie provoquait les mêmes inquiétudes dans les domaines du chauffage, de l’industrie et des transports que les crises pétrolières aujourd’hui »

Observant les jaguars prédateurs, les oiseaux, les insectes et les chaînes alimentaires ainsi que la compétition des plantes pour la lumière, les plantes grimpantes étranglant les arbres, il écrivait :

« L’âge d’or a cessé »

« Il dessinait ainsi le portrait d’un monde régi par une sanglante lutte pour l’existence, une idée de la nature bien différente de celle qui prévalait alors, celle d’une machine bien  huilée dans laquelle tous les animaux et les plantes occupaient une place attribuée par Dieu »

Ils traversent ensuite les Andes, marchent jusqu’ à Bogota  et Quito et s’intéressent aux volcans. Il cherchent à savoir si ce sont des phénomènes locaux ou s’ils sont reliés entre eux et pensaient qu’ils les renseigneraient sur la formation de la Terre. 

L‘ascension du Chimborazo est un monument de bravoure : haut de 6400 m c’est la plus haute montagne que l’homme a gravie. Les deux explorateurs établissent un record sportif. Du sommet, Humboldt fait une découverte majeure : l’étagement des zones de végétation

En regardant à ses pieds les pentes du Chimborazo et les montagnes au loin, Humboldt eut une révélation. Tout
ce qu’il avait vu au cours des dernières années se rassembla pour former un tout cohérent. Son frère Wilhelm
pensait depuis longtemps que l’esprit d’Alexander était fait pour « relier les idées, trouver des chaînes de
correspondances » . Ce jour-là, en haut du Chimborazo, tout en se pénétrant de ce qu’il voyait, il pensa aux
mesures qu’il avait prises, aux plantes, aux formations rocheuses vues dans les Alpes, les Pyrénées, et à
Tenerife. La somme de ces observations formait une évidence. La nature, se dit-il, était mue par une force
globale et ressemblait à un tissu, le grand tissu du vivant.

Le trajet depuis Quito et l’ascension du Chimborazo avaient été comme une expédition botanique se déplaçant
de l’équateur vers les pôles. Sur les flancs de la montagne, toute la flore du monde se succédait selon des zones
de végétation bien distinctes, superposées par étages . En bas, dans la vallée, les plantes appartenaient aux
espèces tropicales, puis elles étaient remplacées par les lichens qu’il avait observés à la limite des neiges
éternelles. À la fin de sa vie, Humboldt a fait de fréquentes allusions au besoin de « contempler la nature de
haut »  afin de mieux comprendre les relations entre les choses,

Passons le périple du retour qui a conduit les deux explorateurs aux Etats Unis où ils furent les hôtes de Jefferson. Humboldt , républicain était un admirateur  de la Révolution américaine.  Selon lui la politique et la nature étaient indissociables

C’était l’image de l’Amérique idéale de Jefferson, son rêve économique et politique pour l’ensemble des États-
Unis, dont il voulait faire une nation d’agriculteurs indépendants vivant dans de petites fermes autosuffisantes.

Jefferson était un jardinier, il s’intéressait aux sciences. La Maison Blanche était devenue un centre d’échange scientifique. De plus la question de la frontière entre les Etats Unis et le Mexique espagnol était urgente. Humboldt, pourtant envoyé par le Roi d’Espagne détestait la colonisation :

« l’idée même de colonisation est immorale » écrivait-il

« Humboldt fut le premier à établir un lien entre le colonialisme et la destruction de l’environnement »

Pour Humboldt, le colonialisme et l’esclavage étaient une seule et même chose indissociable de la relation de l’homme avec la nature et l’exploitation des ressources naturelles. 

De retour en Europe en 1804,  Humboldt s’installe à Paris où règne une vie intellectuelle intense. Napoléon a installé une contrôle autoritaire sur tous les aspects de la vie nationale. De plus, l’Europe est en guerre, Humboldt est prussien mais il a tissé des liens avec les scientifiques : Gay-Lussac qui mène des expériences en ballon, à 1000 m plus haut que la cime du Chimborazo, Arago qui est un ami intime, Lamarck et Cuvier….Il fréquente aussi des Sud Américains; Simon Bolivar lui rend visite

« Humboldt était d’avis que les même si les colonies étaient mûres pour la révolution, il leur manquait un chef pour les mener »

Cependant il se méfiait du racisme qui gangrenait la société sud-américaine et de l’esclavage..

Un voyage en Italie, à Rome et à Naples lui réserve une belle surprise  : le Vésuve entra en éruption sous leurs yeux.

Cependant, il lui faut retourner à Berlin Il est appointé par le Roi de Prusse. Il va s’atteler à sa grande oeuvre : la rédaction de L’Essai sur la Géographie des Plantes qui montre la relation entre les plantes, le climat et la géographie et qui fut publié en 1807

Depuis des milliers d’années, les cultures, les céréales, les légumes et les fruits suivaient l’humanité dans ses
déplacements. En traversant les continents et les océans, les hommes avaient emporté des plantes, et ainsi
changé la physionomie du globe. L’agriculture reliait les plantes à la politique et à l’économie. Des guerres
avaient été livrées pour des plantes, des empires s’étaient construits sur le thé, le sucre et le tabac ….

Bien avant la Dérive des Continents et la Tectonique des plaques, il imagine une liaison entre l’Afrique et l’Amérique du Sud du fait des ressemblances entre les plantes. Dans les Tableaux de la Nature il devient lyrique et parle des émotions que procure la nature. 

C’est aussi l’époque où La Description de l’Egypte est publiée (1809). Le Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent de Humboldt suscite la jalousie de l’Empereur.

« Pour presque tous les autres savants, c’était une bonne période pour vivre en France car Napoléon était un grand promoteur des sciences »

Après Waterloo Prussiens et Cosaques se déversent sur Paris, Humboldt sauve de justesse le Jardin des Plantes/

Humboldt rêve de repartir en expédition. Il prépare un voyage en Himalaya, séjourne à Londres mais n’obtiendra jamais la permission de la Compagnie des Indes après la parution de son Essai politique sur le Royaume de la Nouvelle-Espagne et sa critique de la férocité des Européens. A Londres il rencontre Herschel, l’astronome, va faire des observation à l’Observatoire de Greenwich. 

Finalement il est rappelé à la cour de Berlin pour remplir son office de Chambellan. Malgré des différends avec le roi autocrate, Humboldt professe le républicanisme et les idées des Lumières, il partage son temps entre la rédaction de ses livres, des conférences ouvertes à tous, des rencontres de savants et ses obligations à la cour. Il rédige une somme monumentale Kosmos en compilant les découvertes de ses recherches ainsi que les avancées des différents savants de l’époque aussi bien concernant la Terre, les organismes vivants, l’Univers, le magnétisme. De nombreuses traductions dans toutes les langues européennes sont distribuées dans le monde entier. Humboldt entretient également une correspondance très active avec des milliers de lecteurs. 

Cancrin, après avoir obtenu l’autorisation du tsar Nicolas Ier, avait invité Humboldt à venir en Russie, tous frais payés,  lui écrivait pour lui demander des informations sur le platine, s’interrogeant sur l’opportunité d’en faire
l’étalon de la monnaie russe . On avait trouvé ce métal précieux dans les montagnes de l’Oural cinq ans plus
tôt

Humboldt allait enfin voir l’Asie.

A la soixantaine il pourra repartir en expédition lointaine : invité par le Tsar de Russie. En tant que géologue spécialiste des mines il va jusqu’en  en Sibérie à la recherche de minéraux précieux, or diamants. Ce voyage officiel est très encadré,

Comprenant parfaitement ce que l’on attendait de lui, Humboldt avait promis à Cancrin de ne s’occuper que de
la nature. Il ne toucherait à aucun sujet lié au gouvernement et à « la condition des classes inférieures » ,
promettait-il, et ne critiquerait pas publiquement le système féodal russe – quelle que soit la cruauté avec
laquelle était traitée la population. 

il pourra enfin s’échapper découvrir les montagnes de l’Altaï à la frontière de la Chine. La guerre Russo-ottomane le privera du Mont Ararat  qu’il avait prévu de gravir.

Humboldt était un personnage considérable à Berlin, on venait de loin pour le voir et son adresse était connue de tous les cochers de la capitale.

Quand il s’est éteint en 1859 son enterrement fut quasiment des funérailles nationales. Dix ans plus tard, on célébrait le centenaire de sa naissance en grande pompe, des feux d’artifices furent tirés aussi loin qu’au Caire. (c’était aussi l’année de l’inauguration du canal de Suez)?

 

L’Invention de la Nature d’Andréa Wulf est beaucoup plus qu’une simple biographie de Humboldt, un bon tiers du livre est consacré aux savants et politiques s’inspirant de ses œuvres. J’ai pris 24 pages de notes et un seul billet serait beaucoup trop long pour résumer le livre.

Lire aussi les avis de Dominique ICI, de Claudialucia ICI de Keisha ICI

Dans la Forêt – Jean Hegland

APRES LA CATASTROPHE…..

Avant la pandémie de Covid, je lisais peu de dystopies, préférant les romans qui s’ancrent dans le réel.  La Science-Fiction m’agace . La réalité depuis quelques mois est devenue si bizarre que je me suis lancée dans la lecture de livres que j’aurais évités auparavant. 

Le peu de goût pour les romans post-apocalyptiques  m’a fait reculer la lecture de Dans la Forêt, malgré les critiques élogieuses des blogueuses que je lis. Qu’écrire après 598 critiques sur Babélio?

Sorti en 1996 en anglais, et en 2017 chez Gallmeister, il est d’une criante actualité. Je n’aurais jamais imaginé  l’Effondrement de notre civilisation envisageable dans un futur proche. Les survivalistes s’installant en autarcie au fond des forêts me semblaient de doux dingues. La forêt qui a brûlé en Californie, en Australie en Amazonie, les inondations ravageuses, les cyclones, les canicules et maintenant la pandémie sont-ils les préliminaires de la Catastrophe?

L’auteur ne décrit pas les circonstances de cette effondrement,  seulement les effets que  Nell et Eva perçoivent de loin : pannes d’électricité,  du téléphone, du carburant, fuite des habitants des villes, maladies mortelles….Les parents des deux jeunes filles ont acquis une maison en pleine forêt loin de la civilisation, ils n’ont pas scolarisé leurs filles, cultivent un potager, ont prévu une citerne et une récupération des eaux de pluies et du ruisseau. Elles sont moins tributaires que d’autres de la disparition  des services modernes. Pour elles, la catastrophe, c’est la perte  de leur mère morte du cancer, puis, quelques mois plus tard l’accident qui coûte la vie à leur père. Elles ont du bois, des conserves, un générateur pour tenir des mois. Le temps que la situation reviennent à la normale. Pensent-elles.

Le roman est le journal de bord de Nell, qui prépare les test d’entrée à Harvard. Il commence le jour de Noël quand sa sœur Eva lui a offert un cahier retrouvé derrière une commode. Les deux sœurs tentent de maintenir la routine quotidienne : Nell lit l’encyclopédie, Eva s’entraine à danser. Elles évoquent le temps « d’avant », leurs parents, leurs sorties…font l’inventaire des ressources. L’ancien amoureux de Nell partage quelques jours avec elles avant de lui proposer de rejoindre la Côte Est où – paraît-il – la vie normale serait revenue. Va-t-il séparer les deux sœurs? Nell laissera filer l’amoureux pour rester avec Eva. Alors que les vivres vont manquer, elle font revivre le potager.

On s’attache à ces deux jeunes femmes, à leur complicité, leur tendresse, leurs disputes parfois. On découvre avec elles toutes les richesses de la forêt qui devient nourricière. On rencontre aussi d’autres femmes – des indiennes – qui y ont survécu en solitaires.

Poétique, tendre, inventif….

J’ai adoré.

La fin, en revanche m’a un peu gênée. mais je n’en dirai pas plus.