Duras ou les fantômes d’Anne-Marie Stretter – Sylvie Thorel

MASSE CRITIQUE DE BABELIO

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120 pages, une aimable promenade à travers les livres et les films de Duras sur les trace de la très élégante dame en fourreau noir ou en robe rouge qui a pour moi le visage de Delphine Seyrig…De Calcutta à Lahore, de Savannakhet à Venise, bicyclette appuyée au grillage du tennis vide, salons brillants avec la musique de Carlos d’Alessio. Je suis toujours hantée par les films vus et revus, India Song, Son nom de Venise dans Calcutta déserte… 

 

Il vaut mieux bien connaître l’œuvre de Duras pour ne pas s’ennuyer dans  toutes les répétitions et les  nuances. Heureusement l’enquête est bien menée et le livre est court. En tout cas, il m’a donné envie de revenir à l’original.

La première partie, les pas d‘Anne-Marie Stretter et Ses Visages m’ont enchantée. La seconde Eurydice : Aimer après Auschwitz, est moins légère. Lourde de significations, les sens cachés m’avaient complètement échappé quand j’ai découvert autrefois les textes. Les associations « lèpre-Juifs » m’ont mise mal à l’aise. Les allusions à la colonisation, surtout dans le Barrage contre le Pacifique m’avaient paru évidentes. Encore une fois la lecture de l’essai de Sylvie Thorel éveille une nouvelle curiosité et un besoin de retour au texte. 

 

Si vous n’avez jamais lu Duras, ce livre n’est pas pour vous, mais si vous êtes fan, c’est une belle occasion d’approfondir et une lecture intéressante.

L’envol du dragon et Harunobu au Musée Guimet

LE MONDE EN EXPOS

musée guimet 022 - Copie

L’Envol du Dragon  art royal du Vietnam – en collaboration avec le Musée Historique de Hanoï du 9 juillet au 15 septembre. 

C’est un très beau parcours chronologique commencé à l’âge de bronze se terminant avec le règne de Bao Dai dernier empereur qui a abdiqué en 1945. Le dragon est un thème récurrent dans la décoration des objets profanes comme religieux, quotidiens comme de prestige.

ferme en terre cuite
ferme en terre cuite

objets trouvés dans des tombes très anciennes comme céladons, porcelaines gréseuses ou porcelaines bleues sur fond blanc, ils sont tous d’une grande beauté et d’un raffinement inouï.

boucle de harnachment d'un palanquin
boucle de harnachement d’un palanquin
dragon sur le toit!
dragon sur le toit!

 

 

encore un dragon de toit!
encore un dragon de toit!
pot à chaux pour le bétel
pot à chaux pour le bétel

 

musée guimet 020 - Copie
Ce n’st pas un dragon, c’est un lion!

N’étant pas spécialiste en art asiatique, je me contente de poster ces photos d’objets que j’ai aimés.

 Au Japon, Avant les mangas il y avait les paravents

Bateau-restaurant?
Bateau-restaurant?
Un pont bien gardé
Un pont bien gardé

 

bouquet de lampions
bouquet de lampions

Et pour finir les Xylogravures de Suzuki Harunobu (expo jusqu’au 22 septembre)

musée guimet 029

 

 

musée guimet 030

 

Dernier jour à Hanoi : musée ethnographique

CARNET VIETNAMIEN

les nasses et la bicyclette


Les maisons des différentes ethnies du Vietnam ont été remontées dans les jardins  du Musée. Elles ont été abandonnées à la suite d’une inondation ou de l’exode rural. Construites de bois ou de bambou, les propriétaires ou les charpentiers du village ont effectué démontage et remontage, garantissant ainsi l’authenticité de la construction. Elles ont gardé leur mobilier traditionnel. Des panneaux explicatifs et des photos, souvent les portraits des anciens habitants, rendent la visite passionnante.


On pourrait rester des heures à comparer les différents usages. On retrouve souvent : les autels des ancêtres, la chambre de la belle-fille ou chambre des jeunes mariés, les tabous concernant cette chambre, la cuisine : un petit foyer et un trépied même quand le plancher est en bambou. Permanence du bambou dans le mobilier, les rangements, les instruments de musique et même la charpente et les planchers. Les grosses tiges ont été aplaties pour faire les planchers ; sur de poutres de bois, perpendiculairement, des demi tubes de bambou et encore par-dessus les tiges éclatées. Ce plancher à clair voie très souple parait très fragile. J’hésite d’abord à marcher dessus. Les échelles ressemblent à celles des Tata Somba en Afrique : des poteaux avec des encoches. Certaines ethnies ont construit un habitat collectif sur pilotis : longue maison de Edês ou maison communautaire Banhar de 19 m de haut.
La variété des ethnies du Vietnam, les différences de religion sont étonnantes; certaines traditions sont patriarcales d’autres matrilinéaires. Mettant l’accent sur la diversité, on prend le risque de la confusion.

Dans le Musée  cette diversité est encore plus mise en évidence. Les costumes multicolores se font face, les instruments de musique variés, tissages poteries Au bout de quelques heures, on par zappe les panneaux et les vidéos, pourtant très bien faites et très abondantes. Tout finit par se mélanger : Thaïs blancs Thaïs noirs, Hmongs, Lolos, Khmers, Chams… cette visite laisse entrevoir des richesses insoupçonnées d’un Vietnam  des montagnes et des plateaux que nous n’avons pas visité.
Une exposition tranche sur le foisonnement des couleurs et des matières des minorités ethniques. Elle traite  de la vie quotidienne de 1975 à 1985 dans un pays détruit par des décennies de guerres et de privations. On montre des tickets de rationnement et aussi des objets vieillis : téléviseur à écran bombé vieille cocotte- minute, 33 tours en vinyle.
Nous quittons le Musée vers midi, un peu étourdies d’en avoir trop vu.

 

Les pagodes des environs d’Hanoi et CoLoa

CARNET VIETNAMIEN

 

pagode Tay

Pour 40$, le taxi loué par l’agence nous fera visiter les pagodes Tay Phuong et Thay ainsi que l’ancienne capitale du Vietnam CoLoa. Le chauffeur est surpris que Dong ne soit pas là. « Où est le guide ? – pas de guide ! ».

Nous reconnaissons maintenant les principales artères du centre d’Hanoï, la citadelle, les tanks et avions américains, la statue de Lénine. Les quartiers périphériques sont assez monstrueux : barres de 15 étages tours de 25 même un hypermarché avec un grand parking vide. Quelques vaches et buffles paissent au pied des buildings. Les usines s’étendent sur des kilomètres. Aciéries et fonderies remplacent les rizières.
Le taxi s’arrête au pied d’un escalier. Nous sommes assaillies par des petites vendeuses. La spécialité locale : la libellule de bois peint de couleurs vives. « Later ! Later ! » Répètent-elles inlassablement, « Plus tard ! » Dit un garçon. On cherche à les chasser. Sans succès. Nous gravissons 272 marches de latérite sous une pluie battante avec une escorte de 7 puis 8 vendeuses qui ne s’arrêtent aux portes du temple. Remplacées par une vieille aux dents noircies qui nous colle de force bouteilles d’eau et canettes de coca dans les mains. On  trouve un endroit à l’abri de la pluie pour lire les articles concernant Co Loa . Cela ne correspond à rien. Si l ‘escalier « rugueux » était praticable, les dalles de céramique rouge sont très glissantes.

Un jeune homme se présente comme guide. Il  fait un cours très complet sur le Bouddhisme, les trois Bouddhas, les disciples. Il nous montre la collection de statues anciennes en bois. Il me vient une idée : nous ne sommes pas du tout à CoLoa mais à la Pagode Tay Phuong réputée pour ses statues anciennes. D a disparu, rebutée par l’anglais du guide (rien à dire de son vocabulaire très recherché et de  la syntaxe, mais l’accent est incompréhensible). Nous avons bâclé la visite qui méritait trois étoiles sur le guide !

pagode Tay sous la pluie

Le chauffeur veut aller directement à CoLoa. J’arrive à lui expliquer qu’il y a une deuxième pagode distante seulement de quatre kilomètres : la Pagode Thay, ou Pagode du maître. Encore des vendeuses de libellules et éventails mais moins collantes. Toujours la pluie ! J’ai mis ma grande cape de randonnée.

On arrive par un très joli pont couvert. Entre deux montants, à contre-jour, la silhouette d’un hamac, jolie image. Un jeune homme puis une jeune fille proposent de nous guider. Nous refusons leur aide et nous avons bien tort. Nous ne trouvons ni la statue de santal blanc ni l’empereur LyTanh, ni le bonze Tu Dao, le maître. Les autels sont alignés latéralement et non pas les uns derrière les autres. D’ailleurs, il nous faut quitter les lieux : les bonzes et les bonzesses arrivent portant des plateaux ronds avec une casserole deux bols vides, un grand bol de légumes sautés, des crudités non identifiées sur une assiette. Cela a l’air très frais, très simple et cela m’ouvre l’appétit. Je m’inviterais volontiers chez les bonzes !
Dans un autre bâtiment, les bonzes en habit jaune par-dessus l’habit gris se livrent à leurs dévotions, s’agenouillent, se prosternent, se relèvent. Dans un troisième, une femme seule lit à haute voix un texte en s’accompagnant d’un instrument à percussion. Sous un auvent, des statues sont cachées par un alignement de motocyclettes. Je reconnais le Disciple qui se gratte le dos que photographié dans le temple précédent. Décidément nous aurions dû accepter de nous laisser guider !


Cette pagode est située dans un endroit charmant avec un petit lac orné de ses deux ponts couverts. En son centre : un  petit pavillon. Quelle jolie scène pour les marionnettes aquatiques ! Pas étonnant que le Maître vénéré ici soit un Maître de Marionnettes ! Sur le pont couvert, le jeune homme qui s’était proposé tente de nous vendre deux feuilles d’or en forme de lotus, offrande porte-bonheur. On refuse, le jeune homme nous suit sur son vélo jusqu’au porche qui mène à un escalier qui grimpe dans la colline.
Devant les 255 marches hautes et glissantes, D renonce. Toujours prête à une aventure, je monte accompagnée du jeune homme. Les marches de calcaire luisent sous la pluie. La montée est raide. Je peine. Mon accompagnateur me montre la pagode du 16ème siècle. Il me guide dans tous les recoins. Un banian a lancé tant de racines aériennes qu’elles forment un véritable rideau cachant un autel. Après avoir fait les dévotions au Génie de la Forêt et au Génie de la Montagne  il faut encore gravir une vingtaines de marches pour découvrir les quatre animaux fantastiques du Vietnam disséminés autour d’une placette : la licorne en tessons de porcelaine, la tortue cachée sous un banian, le Phoenix et le dragons très colorés. Pour faire plaisir au jeune homme confit en dévotion, je photographie soigneusement chaque statue. Quan Am ressemble vraiment à la Vierge. L’ascension n’est pas terminée, il faut encore escalader des rochers pointus pour parvenir au sommet du piton rocheux. Hanoi est cachée dans la brume. La pagode et le pavillon du lac sont à nos pieds. Le guide explique que la pagode se trouve dans la gueule du dragon, sur la langue. Les pitons sont les mâchoires. Il faut toujours qu’il y ait un dragon ou une tortue associés à chaque site !

CoLoa
Le taxi retourne à Hanoi.  Nous approchons de l’hôtel. Et, si le chauffeur décidait que l’excursion était terminée ? Combien le payerions nous ? Nous avons imaginé des problèmes qui n’existent pas. La voiture emprunte un chemin inconnu, passe devant des casses de camions, des menuiseries et encore des usines. La campagne ne commence qu’aux abords de CoLoa, capitale du roi An Duong (257av JC). Edifiée en spirale -cité du coquillage – entourée d’une triple enceinte. Site très ancien, nous n’espérions pas qu’il ne reste grand-chose !
La place est vide, nous ne savons pas où aller. Dans un bassin : une statue, An Duong ? Des vieilles femmes nous hèlent pour nous montrer la statue du roi à l’intérieur de la Pagode. Nous partons au hasard dans les ruelles entre des murs de briques rouges. Au dessus des murs, en cascade, dégouline la végétation, arbres fruitiers, courgettes en tonnelles. Nous marchons dans une sorte de labyrinthe. Les ruelles sont courbes – héritage du plan originel de la cité du coquillage? La plupart du temps nous aboutissons dans la cour d’une maison et devons retourner sur nos pas. La pluie a cessé, elle a rafraîchi l’air, il fait très doux. Il est 13H30, heure de la sieste. Personne pour nous renseigner. Devant un beau porche sculpté, un bassin arrondi. En son centre, des murets concentriques évoquent les trois enceintes de la ville. Un peu plus loin, une levée de terre rouge : vestige des remparts. Des enfants jouent et pêchent sans prêter attention à notre présence.
Au pied du porche, une vendeuse de libellules, bâtons d’encens, cartes postales, signe que nous sommes arrivées. Sans conviction, elle brandit une tortue portant sur son dos l’arbalète magique de An Duong. Ayant repoussé les envahisseurs, le roi conclue la paix en donnant la fille My Chau au fils du général chinois Trieu Da. Lors de sa lune de miel, le nouvel époux demanda à My Chau de lui montrer l’arme magique. Il la subtilisa et la remplaça par une arbalète ordinaire. An Duong, furieux fit décapiter sa fille et son mari et se noya de désespoir.

Personne à la billetterie ; si c’est gratuit, nous achèterons la tortue. A l’intérieur, deux vieux fort aimables, nous montrent des statues de bois dans la pénombre, allument les loupiotes éclairant des vitrines poussiéreuses où se trouvent de grossières poteries, des pointes de flèches et outils agricoles de l’âge de bronze. On nous montre avec insistance les troncs  pour les offrandes. Il nous faut encore trouver l’édifice avec ses banians et la statue sans tête de My Chau. Nous sommes un peu saturées de pagodes. La promenade loin du tumulte des motos dans la fraîcheur nous a beaucoup plu.

Autour de l’hôtel Anh

Fleuriste?

Au marché tout proche de l’hôtel Anh, nous achetons quatre minuscules brochettes que la dame cuit en attisant les braises dans un barbecue  très simple en agitant doucement un éventail de palme tressée. Pour compléter j’achète des anones et une mangue.
Le quartier de notre hôtel est très agréable. Le trottoir de la rue Chau Long, le jour, est encombré de plateaux de vannerie garnis des fruits les plus variés. Il est très animé avec les échoppes du coiffeur, du marchand de grain qui moud la farine à la main avec ses trois moulins devant la porte, le dentiste qui opère en public, les épiceries colorées. Le petit marché couvert abrite surtout la boucherie et la poissonnerie. La viande est présentée déjà découpée grossièrement sur des tables en ciment. Curieusement, les bouchères sont perchées sur leur étalage, pieds nus, accroupies au milieu de la marchandise. Elles découpent les oreilles, les queues de cochon, les rognons les intestins, les testicules. Les poissonneries ont des coquillages vivants dans des bassines remplies d’eau. Tout est frais et appétissant.
A la sortie du marché : le Lac de la Soie blanche précédé d’un  petit square avec des bancs sous des saules pleureurs. Autour du lac : des restaurants et des cafés. Certains ont leur terrasse meublée de petits tabourets en plastiques avec des tables basses. D’autres sont plus sophistiqués. Il y a très peu de circulation dans la rue. Des adolescents jouent a foot dans la rue. Les maisons sont soignées, certaines jolies. Une petite allée cimentée borde un promontoire qui s’avance dans le lac. Les riverains ont installé de belles potiches avec des arbustes taillés et des orchidées .Difficile de soupçonner qu’il existe des endroits aussi calmes et aussi agréables.

Si on poursuit la promenade on arrive à la chaussée qui sépare le Lac de la soie blanche du grand Lac de l’Ouest. Sur cette digue, la circulation est intense. Stratégie pour traverser : guetter les taxis et les autobus qui ne se détourneront pas puis avancer lentement régulièrement bien alignées dans le flot des motos qui nous contournent au dernier moment. C’est impressionnant mais on s’y fait. Sur une avancée dans le Lac de l’Ouest se trouve une pagode ancienne : stupa d’une dizaine d’étage peinte en rose un peu kitsch, un Bouddha blanc trônant à chaque étage, des toits de tuile, beaucoup de touristes, des bonzes. Il fait vraiment bon en cette fin de l’après midi. Le ciel est bleu, la lumière douce. Nous n’avions pas encore vu Hanoi sous le soleil. Nous faisons durer la promenade et la terminons à la terrasse d’un  café où je sirote un jus de coco.

 

 

Hanoi temple de la Littérature, Mausolée de HôChiMinh

CARNET VIETNAMIEN

Hanoï temple de la littérature


Pour aller au Temple de la Littérature, le taxi longe la Citadelle arrive au musée Militaire.  Lénine fait face aux avions américains ! Ironie de l’histoire ! Nous reconnaissons maintenant  le style colonial, le style soviétique.
Nous arrivons au temple de la Littérature, l’allée centrale  part d’une porte historiée à petits toits recourbés pour passer sous un  portique couvert de tuiles laqué de rouge et finalement à un pavillon curieux avec une ouverture ronde et un petit balcon.

Passé le pavillon,  la cour des stèles. Dans tous les monuments d’importance nous retrouvons le même plan : porte-portique-pavillon-cour carrée puis bâtiment principal et cours annexes. Ce qui varie, c’est la disposition des pièces d’eau et les éléments décoratifs.

Nous sommes ici dans une université très ancienne (11ème siècle) Lieu où sont sacralisés le savoir, le droit, la philosophie. Nous avons  visité des lieux analogues : la Sorbonne, Salamanque Coimbra…mais ce temple de la Littérature me paraît plus ancien . Les mandarins lauréats des concours ont l’honneur d’avoir leur nom inscrit sur une stèle de pierre. Mémoire éternelle que celle de la pierre portée par une tortue. Cette haute marque de civilisation m’impressionne.
Au fond d’une cour plus vaste, le temple dédié à Confucius et à des Lettrés.

Temple de littérature: les tortues qui portent les stèles

Dans une dernière cour, des salles de réunions modernes. L’une est un salon de musique. Nous y assistons à un concert. Monocorde, percussion, un curieux grelot en forme de bouton de lotus avec des clochettes, un xylophone en tubes de bambou. C’est sans prétention et charmant.

musique traditionnelle

La perte du carnet moleskine se fait sentir. Il  ne pleut pas. Nous avons tout notre temps. J’aurais pu dessiner à loisir. J’utilise les pages de note du guide Évasion pour dessiner le curieux pavillon. Pour ne pas regretter trop mes croquis je me persuade que leur fonction essentielle est de me guider dans mes observations. Prendre le temps d’observer. Le résultat de toutes les façons n’est pas à la hauteur.

Ce dimanche matin, en plus des touristes, il y a  des jeunes en chemise blanche et foulard rouge, des pionniers peut être. Le chef passe beaucoup de temps à les faire ranger et aligner par ordre de taille. Ils nous succèdent au concert.
En route vers la Pagode au Pilier Unique nous passons chez un photographe pour faire transférer les photos sur CD ROM et faire les tirages. Comme il y a plus de 300 photos on me demande un acompte de 700 000dongs .

mausolée Ho Chi Minh

Une foule se presse aux abords du Musée HoChiMinh et du mausolée. C’est la promenade dominicale des habitants de Hanoï. Certains viennent de plus loin en car. Les barrières sont gardées par des policiers en tenue d’apparat. On nous refoule à l’entrée du Mausolée. Qu’est ce qui ne va pas ? Nos sacs ou le short de D ? Nous n’irons pas nous incliner devant le monument du grand Homme. Nos guides nous préviennent que le protocole est strict : pas d’appareil photo, pas de shorts, ne pas mettre les mains dans les poches…Nous voyons de loin une sorte de cube en béton soviétique.
Le Jardin botanique serait l’endroit idéal pour un pique-nique si nous avions de quoi manger ! Pour moi, ce sera un paquet de chips acheté à une petite roulotte. Ramadan pour Dqui rentre à l’hôtel tandis que j’attends l’heure d’aller chercher les photos.
Coupant tout droit à travers le jardin, j’arrive beaucoup trop tôt.

« Je vous avais dit 4 heures ! »Proteste la photographe.

Il tombe quelques gouttes. J’ai le temps de visiter le Musée HôChiMinh que D a qualifié de « grand bazar » où elle a décidé qu’elle ne mettrait pas les pieds. Je monte un escalier monumental de granite ciselé à motifs de bambous qui conduit à un palier où le grand Homme est debout, doré. Trois ou quatre photographes guettent les clients. Les étrangers sont intimidés et ne savent pas quelle attitude adopter. Appareil numérique à la main, ils n’osent pas photographier ce lieu de culte particulier bien que rien ne l’interdise nommément. Au premier niveau deux belles expositions de photos de l’Oncle Hô, avec des enfants, dans les rizières, avec des dirigeants étrangers. L’autre Exposition concerne la « Moralité » : moralité des instituteurs, moralité des dirigeants du parti…Au niveau supérieur une mise en scène spectaculaire présente les cadeaux des pays frères à Hô Chi Minh dans les pétales d’un bouton de lotus. De grandes vagues de carton pâte, des reconstitutions pédagogiques : opposition du train de vie des français pendant la période coloniale et celle des paysans des objets utilisés par les deux catégories se font face. Reconstitution de la maison natale d’HôChiMinh et aussi une reproduction de Guernica et d’autres œuvres d’art moderne.
.les Vietnamiens déambulent, compulsent les documents dans des classeurs et paraissent très intéressés. Les touristes étrangers lisent les documents en français.
Je suis le parcours balisé qui me conduit au mausolée. Le protocole n’est pas aussi sévère qu’annoncé dans nos guides. Je porte mon sac à dos, je prends des photos sans encombre. Personne ne contrôle la tenue des touristes débraillés, encre moins les mains dans les poches. Tout simplement nous avions pris le parcours à l’envers ! L’esplanade devant le Mausolée est très vaste. On a utilisé trois granites différents : rouge à l’intérieur, es colonnes à section carrées sont gris noir (on dirait des barreaux) le socle est gris clair. Le jardin est orné d’arbustes taillés. Les pelouses sont impeccables. L’atmosphère est plutôt glaciale.


Plus loin, la Présidence est logée dans un grand château colonial repeint en jaune. Un peu trop repeint avec ses volets verts bicolores, des stucs et des guirlandes Belle Epoque. Sous le ciel bas et à l’ombre des grands manguiers on chercherait la bicyclette posée contre le grillage du tennis et on entendrait la mendiante d’India Song crier…de l’autre côté du petit étang entouré par une balustrade jaune se trouve un groupe de maisons jaunes et vert plus simples, les communs du château. C’est là que de 1954 à 1958 HôChiMinh vivait dans la plus grande simplicité.

bueau de Hô Chi Minh

On a ensuite construit pour lui une maison de bois sur pilotis meublée avec  plus de recherche. Je rentre à l’hôtel tout droit jusqu’à une digue séparant le Lac de l’Ouest du lac de la Soie Blanche.

L’hôtel Ahn est tout proche du Lac de la Soie blanche. Il suffit de traverser le marché pour y parvenir. D part chercher de l’argent au distributeur. Son expédition la mènera au quartier des 36 guildes et elle rentre crevée après deux heures de marche à pied.

Baie d’Ha Long terrestre

CARNET VIETNAMIEN

Hoa Lu – Baie d’Halong terrestre sous la pluie

 

Dans la salle du petit déjeuner, personne. Les deux employés du restaurant veulent nous faire plaisir avec un « petit déjeuner français ». »Voulez vous du café ? –Non, du thé vietnamien ! » Le pain ne me va pas non plus, je préfère des nouilles que le jeune homme descend  acheter dans la rue. La jeune fille découpe un ananas. Demain ce sera pareil. Pour les nouilles il faudra déjeuner un peu plus tard.

7H30 Dong est ponctuel, pantalon de ville au pli repassé impeccablement, chemise bleue. Pendue au portemanteau une cape de moto pour deux personnes. Dans le dos, une deuxième ouverture avec une visière s’ouvre pour le passager. Devant un plastique transparent laisse passer la lumière du phare.
Nous traversons Hanoï sous une pluie battante, passons devant les maisons coloniales jaunes aux volets verts (souvent deux verts différents). Jaune  d’or dans les bâtiments rénovés comme le Musée d’Histoire, s’écaille et se délave dans les « maisons françaises » occupées par des particuliers et pas entretenues, on a ajouté, au rez de chaussée, l’auvent vietnamien en tôle, en toile et tout un fatras à l’étage. Les volets, les décorations Art-Déco sont encore visibles. Il existe aussi la version « de-luxe » en blanc impeccable,  grands pavillons occupés par des ambassades. Nous arrivons devant le Centre culturel tout en marbre et en béton « construit par les russes » comme nous l’aurions deviné. Auparavant, nous sommes passés devant la Citadelle rasée au siècle dernier et pilonnée par les guerres successives. Transformée en caserne elle se termine par le Musée d’Histoire Militaire où sont exposés les trophées : chars hélicoptères et avions pris aux Américains. Autant je suis curieuse d’Histoire, autant cette collection m’indiffère.
Non loin du parc Lénine qui contient un joli plan d’eau, Vladimir Illitch se tient debout au milieu du square. Il faut vraiment venir à Hanoï pour le voir, maintenant qu’on l’a déboulonné en Europe de l’Est. Même à Cuba, je n’ai pas souvenir de l’avoir rencontré.
La RN1 « Mandarine »  ressemble à une autoroute. Le taxi roule à 80 km/h. La pluie redouble. Les rizières sont vides en dehors de quelques canards et d’un ou deux courageux pêcheurs. Des capes vertes, violettes, orange sont vendues le long de la route pour les motocyclistes imprévoyants qui auraient oublié la leur. Sur les motos, je guette les capes à deux têtes.

Pluie sur Hoa Lu

Nam Dinh est déserte. Je remarque les églises catholiques dans la campagne et les montagnes qui émergent du delta du Tonkin. Un peu plus loin Ninh Binh, encore une ville sous la pluie !
Nous quittons la route nationale. La voiture s’arrête. Nous revêtons nos  capes verte et bleue, Dong se contente d’un parapluie. Hoa Lu fut l’ancienne capitale du Vietnam à la fin du 10èpe siècle quand le royaume s’est libéré de l’emprise chinoise. Très petite capitale, protégée par la rivière et les montagnes – pains de sucre calcaires comme à Ha Long, ressemblant aux mogotes de Cuba- Des archéologues ont retrouvé des colonnes et des restes des anciens remparts. Nous arrivons à une charmante porte pour trouver un temple précédé par un petit lac en demi-lune. Les portes pivotantes d’un portique sont montées sur un support très haut qu’il faut enjamber. Les stèles portées par une tortue – symbole de longévité- sont écrites en idéogrammes chinois, l’une d’elle porte les noms des mandarins, l’autre raconte l’histoire de la ville. La troisième est la stèle du roi ; elle porte à sa base des animaux, rats serpents et crabes, symbole de la modestie du monarque. Une allée dallée passe entre de beaux arbres. Le parfum des frangipaniers est exalté par la pluie, je l’avis confondue avec celle du tilleul. Le temple est très ancien. Ses tuiles rondes plates comme les écailles de poisson ont perdu leur verni. A l’intérieur, les boiseries de bois de fer ont été rénovées et laquées de rouge et or. Nous découvrons des motifs originaux comme ces panneaux représentant des instruments de musique ou la boiserie dorée où figurent les animaux symboliques : phoenix et dragons. Sur l’autel, des statues de bouddha à l’arrière les statues de l’ancien roi – assassiné – ainsi que celle de la reine remariée à un général.
Un autre petit temple est situé non loin du premier. Il faut là aussi franchir un seuil très haut pour admirer boiseries et colonnes.

baie d’Halong terrestre

Nous sommes déjà trempées. Curieusement, ce n’est pas désagréable. Nous nous réjouissons de la fraîcheur après des jours de chaleur écrasante. Dans ce paysage de rizières inondées la pluie semble faire partie du paysage.
On a parlé à Dong de notre intérêt pour les bonsaïs. Depuis que nous sommes au Vietnam nous en avons vus beaucoup et on s’est attachées à comprendre les techniques de taille. Nous en avons déjà acheté plusieurs qui n’ont pas survécu. J’ai même essayé de réduire un petit chêne, sans succès. Dong nous montre donc les fils qui entourent toutes les branches pour les courber ou les tordre. Les racines apparentes enserrant un « rocher « sont aussi une des caractéristiques des bonsaïs ; de nombreuses espèces tropicales, le banian entre autres, possèdent naturellement des racines aériennes. Il n’est donc pas compliqué d’obtenir ce résultat sans aucune contrainte, surtout avec l’humidité qui règne ici. Pour nos arbres européens qui cachent bien leurs racines dans le sol, ce serait sans doute plus compliqué. On vend ici des « rochers » en calcaire aux formes étranges, trouées, contournées qui sont celles d’un lapiaz dans cette région karstique. L’érosion a sculpté des roches bizarres qu’il suffit de cueillir. Dans les anfractuosités, un peu de terre suffit pour que le bonsaï  s’installe. Je suis de plus en plus convaincue de l’adaptation de cette forme artificielle au « milieu » vietnamien. L’acclimatation pose des problèmes insurmontables. Le premier est l’hiver et le gel. Le second, nos vacances. J’ai donc renoncé à ce projet. D fait même l’acquisition d’un

notre bonsaï capucine

végétal très étrange au « tronc » bosselé (peut être est ce une graine monstrueuse, presque de la taille d’un coco,) d’où sort une tige grêle portant deux feuilles ressemblant aux feuilles de capucine. Je suis très sceptique de la capacité de cette pauvre plante à supporter le voyage en avion. D’ailleurs, après trois heures dans la voiture elle a perdu sa deuxième feuille  et n’en porte plus qu’une feuille unique qui me fait pitié .D échafaude des projets avec Dong. On photographiera,  les bonsaïs et j’enverrai les photos par Internet. Dong enverra ses conseils par retour du courrier électronique. (6 ans plus tard le bonsaï-capucine est florissant)
Au restaurant, guides et  chauffeurs mangent dans une petite salle au plafond bas sur des nappes vertes et des chaises ordinaires. Les clients sont dans des grandes salles ventilées avec de lourdes chaises incrustées de nacre, des nappes blanches et rouges. Cette ségrégation m’agace. Elle est prévue pour la récréation de nos accompagnateurs mais surtout pour soutirer des dollars(la carte des touristes est en dollars)Je choisi pour 3.5$du poulet au gingembre – pas de légumes, pas de sauce, une jolie fleur découpée dans une carotte, du riz blanc, bol retourné – cela fait plus chic – le thé vietnamien est servi dans un grand verre. L’addition est salée (80 000VND) pour un repas très quelconque.

bicyclette et rizière

Il pleut toujours. Sans nous décourager, nous allons au hameau de Van Lam pour la promenade en sampan dans la » baie d’Ha long terrestre «. L’endroit est très touristique. On y accède par un pont royal sculpté de dragons dans du marbre gris, des colonnes monumentales marquent l‘entrée du parking. Les barques plates rectangulaires nous attendent. Les mêmes rochers qu’à Ha Long émergent des rizières. La barque avance doucement sans un bruit. Des martins pêcheurs aux couleurs métalliques nous précèdent. Des grenouilles invisibles coassent. Une limnée glisse sous la surface de l’eau. Dong nous fait remarquer les taches roses vif sur les tiges des lotus : des pontes d’ escargots. Le riz, complètement inondé, a été récolté en sampan. Il reste quelques épis. Des canards nichent sur la berge. De loin en loin des petites maisons sont blotties contre les rochers, autour d’elles dans les jardinets, des courgettes  poussent en tonnelle. Ailleurs, une tombe inondée. Une entaille horizontale dans les rochers rappelle un ancien niveau de la mer. Le rivage  est proche, le Tonkin plat, la transgression et la régression marine ne nécessitent qu’un changement mineur du niveau de la mer. Curieusement, il n’y a ni éboulis ni même de rocher apparent. Le calcaire est sculpté par l’érosion karstique. La végétation s’accroche. Par endroits, la roche est nue ; La pluie fait partie de l’élément liquide qui nous entoure en parfaite harmonie. Je pense aux marionnettes sur l’eau. Notre sampan est seul dans a rizière. Impression de paix et de plénitude.

grotte

La rivière s’enfonce dans un tunnel naturel de 120m. Les stalactites ressemblent à de grosses fleurs de lotus . Cette cavité a servi d’hôpital militaire pendant l’offensive américaine, bien à l’abri des bombardements. Un hôpital dans l’eau ! Des barques plates servant de lits ! J’imagine les sampans côte à côte, comme au marché flottant. A la place des fruits, des civières, des pansements…. Une autre grotte a servi de prison aux pilotes américains. Des sampans-cellules ? L’évasion à la nage me semble facile. Je ne pose pas de questions.
Dong nous demande si nous avons visité la DMZ dévastée par les bombes et si nous avons entendu parler de la guerre américaine. Je lui raconte que, lycéenne puis étudiante, j’ai défilé avec des banderoles soutenant le Vietnam, des pancartes dénonçant l’impérialisme américain et que « Ho Ho HochiMinh ! » rythmait les manifestations d’alors. La dernière galerie est plus petite. Dong nous annonce une 3ème « route ». D s’étonne « Pourquoi cela s’appelle une « route » ? «. C’est « grotte » qu’il fallait entendre. Les Vietnamiens confondent les G et les R. Un mot comme garage leur pose des problèmes. Des marchandes nous attendent avec leurs barques chargées de fruits et de fleurs.
A la sortie du tunnel, nous sommes abordées. Il faut absolument acheter quelque chose. La dame propose un pamplemousse. Nous avons déjà essayé ces pamplemousses verts avec son écorce très épaisse (2cm) et la peau coriace qui emballe les quartiers. Je préfère acheter une bouteille d’eau et le droit de la photographier. De joyeux équipages viennent à notre rencontre. Les touristes occidentaux sont à deux ou trois par barques, les vietnamiens montent à sept. Dans les grottes, ils crient pour entendre l’écho. Le retour est donc moins paisible. Avant la sortie du dernier tunnel, la barque s’immobilise. La rameuse déballe des broderies. Le sampan ne repartira pas tant que je n’aurai pas acheté une nappe, un mouchoir,…Je choisis un  T shirt brodé au motif d’un buffle chevauché par un enfant comme dans les marionnettes aquatiques. Avec le pourboire c’est un billet de 100 000VND. Cette vente forcée est un peu agaçante.
Nous sommes un peu abruties quand nous retrouvons l’hôtel après deux heures de route sous la pluie. Nous avons hâte de nous changer.

Hanoi, Musée historique – Vieux quartiers – Marionnettes

CARNET VIETNAMIEN

vue de notre chambre: un jardin de bonsaïs dans la cour!


Musée Historique.

– « Je regrette de n’avoir vu la mousson qu’une seule fois à Hué ! ».

Son souhait va être exaucé. Par chance, nous voyons les cataractes se déverser, les éclairs et le tonnerre, bien à l’abri, au Musée Historique.
Visite qui tombe à point, pour la météo,  et dans la logique des vacances. Comme le Musée d’HCMV, il retrace toute l’histoire du Vietnam. Nous en avons donc eu un aperçu les premiers jours;  cette nouvelle visite va permettre de faire une synthèse des sites que nous avons visités. Ces deux visites sont complémentaires.

Zapper la Préhistoire aurait été dommage. Les haches et les houes sont emmanchées. Ce qu’on voit rarement. L’Âge de Bronze est particulièrement réussi. J’ai bien aimé les outils agricoles avec les houes en forme de chaussures finement ciselées et les gros tambours de bronze parfois ornés de grenouilles.

bataille navale contre les chinois

Nous retrouvons les épisodes des luttes contre l’occupant chinois. Comme à HCMV des maquettes et des tableaux reconstituent les batailles. A la différence de la première visite, elles nous parlent. Nous avons vu la rivière où s’est déroulée la bataille navale. Nous irons voir demain l’ancienne capitale Hoa Lu et la plus ancienne, Coloa, est prévue lundi. Nous regardons les vitrines avec une curiosité renouvelée.

Grès Cham

La salle de sculptures Champa me touche toujours autant. Comme il pleut nous prenons tout notre temps pour examiner un a un les objets, les vases précieux, les dragons…
Assises à la fenêtre donnant sur le beau jardin intérieur carré décoré de sculptures, nous laissons passer l’averse.

Sous la pluie la ville coloniale
Une grande avenue bordée d’arbres énormes nous conduit à l’Opéra blanc avec ses belles marquises. Un bâtiment Belle Époque, sans intérêt spécial. De là nous continuons dans la ville coloniale, passant devant l’hôtel Métropole, palace blanc faisant face à des bâtiments coloniaux. La plupart des édifices datant de cette époque sont peints de jaune avec des persiennes vertes et un toit de tuile. Le Musée Historique est le plus intéressant que nous ayons vu.

Hanoï : Lac de l’Épée restituée

La pluie n’a pas cessé complètement mais elle est tout à fait supportable. Je râle parce que les photocopies des plans et les capes de pluie sont restées à l’hôtel. Les arbres sont des abris parfaits et la rue Trang Tien est bordée d’arcades. Sous un petit kiosque, des ados répètent une chorégraphie plutôt hip hop. Au bord du Lac de l’Epée Restituée, je fais l’acquisition de deux capes pour 5 000VND, chacune – une misère !

Lac de l’Epée Restituée
Le Lac de l’Epée Restituée est charmant, entouré de très beaux arbres. Une petite île (l’île de la Tortue) porte une stupa sur une presqu’île le temple de la Montagne de Jade est aussi très joli. On y accède par un pont japonais rouge arqué. La légende met en scène Le Loi (dont nous connaissons bien le nom à cause des rues). Pêcheur, il repousse les envahisseurs mongols grâce à l’Epée magique que lui a donné le Génie du Lac. Une fois le Vietnam pacifié, Le Loi, devenu Empereur a restitué l’épée magique à la Tortue dans ce lac.

Malgré la pluie, les abords du lac sont fréquentés : des touristes mais aussi des pêcheurs, des jeunes, des vieux des vendeuses de frit, des chauffeurs de bus. Tout ce monde s’assoit sans façon  sur les bancs bien humides. La Pagode de la Montagne de Jade est tout à fait charmante malgré la foule. A l’intérieur, nous retrouvons le Cheval Rouge, bien connu de nous. Les trois saints vénérés ici, sont un littérateur un fondateur de la médecine vietnamienne et un général vainqueur des Mongols. Les personnages sont en bois peint  ils portent une barbiche de faux cheveux.
Quartier des 36 guildes

hanoï: maison tradaitionnelle

A midi passé, nous nous trouvons dans le quartier des 36 guildes. Une gargote bien sympathique nous fournit notre déjeuner : riz, chou farci viande grillée dans une feuille ( ?), soja que nous allons manger sur le bord du lac. Les cuillers en plastique sont d’une propreté douteuse en revanche les baguettes sont emballées. Nous voilà expertes en baguettes !Nous suivons le parcours proposé par le guide Evasion à l’intérieur du quartier des 36 Corporations en passant par la rue Hang Bac(rue des Orfèvres ) où nous retrouvons notre photographe, puis la rue Ma May (rue du Rotin) où nous visitons une maison traditionnelle rénovée au N° 87. C’est une maison-tube avec une façade étroite, juste une boutique qui donne sur un minuscule patio, à l’arrière une pièce d’habitation, puis une cour occupée par la cuisine extérieure (un foyer ouvert et un hamac suspendu) enfin les toilettes traditionnelles. A l’étage trois pièces richement meublées : en façade le salon d’apparat avec l’autel des ancêtres, au fond la chambre des grands parents. La visite est payante, une jeune fille nous sert de guide, elle est très gentille et évoque ses difficultés de prononciation du français confondant « baguettes » et « barrettes » qui, pour elle, sonnent pareil. Nous déposons encore une pellicule chez le photographe. En attendant, je bois un thé glacé dans un petit bar vide.

Hanoï: maison et cour intérieure

  Un taxi sans compteur nous emmène au Théâtre des Marionnettes Aquatiques pour 3$. Nous arrivons très vite et sommes très en avance. Un jeune homme s’arrête et nous parle en très bon français. Nous sommes ravie de l’aider à résoudre un problème de mots croisés. Il lui faut un nom de fleur avec L e trois lettres à la fin. Il dessine une tulipe. Ce n’est pas L mais I et c’est bien tulipe. Le jeune homme part à grandes enjambées ravi.

Marionnettes Aquatiques

marionettes aquatiques

Le spectacle des Marionnettes  sur l’eau est encore plus beau que je l’imaginais. Je n’avais pas pensé à l’orchestre. L’instrument vedette est le monocorde (Dan Bau) au son très particulier. Il y a également des percussions, un flûtiste et des chanteuses dont le rôle est primordial. Les premières scènes racontent la vie des champs : les animaux sont tout à fait réussis : buffle chevauché par un enfant, une vache aux labours, le repiquage du riz. Les poissons mordorés sautent joyeusement. Les paysans un peu ballots ratent leur proie et se prennent mutuellement dans les nasses. Les canards se suivent comme nous l’avons vu,  seul le renard est un peu décevant, on dirait un gros chat. L’eau n’est pas un décor de scène, c’est un acteur : les éclaboussures qui jaillissent, les vagues, les reflets à la surface, tout cela donne vie au spectacle.

marionnettes aquatiques :paysans

Malheureusement, quand nous rentrons à l’hôtel, la poche extérieure de mon petit sac à dos est ouverte : mon carnet moleskine a disparu. Le voleur s’est il servi dans la cohue de la sortie du théâtre ou dans la rue commerçante quand nous sommes allées à la pâtisserie ? Le jeune cruciverbiste était il un escroc ? Je dois faire mon deuil de tous les dessins du voyage. Ce matin encore, au Lac de l’Epée Restituée, j’en avais fait deux.

Dernière baignade à Halong – Découverte de Hanoï

CARNET VIETNAMIEN


Petit déjeuner chinois.

Munies de nos coupons, nous descendons au restaurant niveau 2 où on nous avait envoyées hier. Curieuse ségrégation ! Les Européens mangent à part. Au buffet « européen » des beignets de coco, des gâteaux fourrés à la custard, du pain dans un chauffe-plat, des croquemonsieurs à la crevette. Seule concession à la cuisine asiatique une soupe aux nouilles, un brouet très clair.
Ce matin, nous sommes les seules européennes, le niveau 2 est fermé et nous sommes acceptées au niveau 1 – petit déjeuner asiatique. Comme je le soupçonnais, la cuisine est bien meilleure. On peut choisir entre 4 sortes de nouilles. Les œufs sont curieusement servis durs dans la coquille coupée en deux. Comme je porte un bol de soupe aux nouilles, la serveuse me distribue d’office une paire de baguettes et une cuiller en porcelaine. Ce n’est pas mon premier essai de baguettes. Je me  débrouille aussi mal à la fourchette. Les nouilles s’échappent, le bouillon tache la nappe. D a opté pour la solution radicale mais « qui-ne-se-fait-pas » : elle coupe les pâtes au couteau dans le bol. Au buffet occidental, il y avait des petites tables de quatre. Au buffet asiatique, on a dressé de longues tables sur des tréteaux qu’on vient compléter comme à la cantine. Viennent donc s’installer auprès de nous quatre Chinois avec la même soupe et les baguettes. Je vais donc prendre une leçon de baguettes. Surprise ! Ils ne mangent pas plus proprement que moi. Ils doivent aspirer les nouilles récalcitrantes qui désirent retourner dans le bol retrouver les autres. Ils aspirent même à grand bruit sous le regard scandalisé de D qui  commente à haute voix : « il y a de la tempête dans le bol ! ». Mon voisin recrache sur la nappe ce qui ne lui plait pas. Air choqué de D. Plus D se scandalise, plus j’ai le fou rire. Ce n’est pas poli de rire des gens non plus. Mais cela fait tellement de bien de rigoler !
Dernière baignade
Dernières baignades à marée basse. Je dois retourner chausser mes sandales en plastique. Des tubes de vers des graviers, des coquillages rendent la marche malaisée. Le sable est recouvert de petites boulettes, œuvre de millions de crabes minuscules. La surface de l’eau est lisse, pas une ride. Je nage parallèlement à la plage d’une digue à l’autre. Vers 9H30, une armada de jonques passe. Ces touristes ont moins de chance que nous, la nébulosité est forte. La brume ne se lève pas. La visibilité est mauvaise.
Hanoï

Hanoi quartier des 36 guildes

Arrêt au stand des ananas puis dans une rizière à côté d’un canal d’irrigation pour déjeuner. Malheureusement entre midi et trois heures la chaleur est écrasante et personne ne travaille dans les rizières. On ne fera pas de nouvelles photos.

Hôtel Ahn
Notre hôtel Ahn à Hanoï est plus petit et moins luxueux que les précédents établissements. C’est surtout la taille de la chambre qui fait la différence. Les meubles sont mêmes plus élégants avec une jolie reproduction encadrée. Il est un  peu excentré, proche du lac de la Soie blanche et du Lac de l’Ouest.
Une fois installées, exploration dans le quartier.

Premier objectif : un cybercafé où l’on peut téléphoner à l’étranger. Dans le coin, les cybers sont nombreux mais ils sont destinés aux enfants. Pas de téléphone international, seulement des jeux. Nous avons oublié de prendre un plan. Nous partons donc au hasard et visiblement dans la mauvaise direction. Rien n’est destiné aux touristes. Sur les trottoirs, des gargotes et de cantines avec des tabourets miniatures, pas très engageants. Sur une grande avenue, genre voie rapide, un curieux spectacle : les coiffeurs ont fixé à un clou sur un arbre un miroir, une boite en bois contient leurs instruments, par terre, une sorte de feutrage : des touffes de cheveux noirs. On coiffe dans la rue et à sec. Tous les cinq mètres, il y a un coiffeur. J’ai bien envie de les photographier mais je n’ose pas. J’aurais dû prendre le petit garçon dont on tondait la nuque, les enfants sont toujours ravis d’être photographiés.

Hanoï objets votifs

Nous marchons dans des rues encombrées, sur de larges avenues. Rien qui ne ressemble à une poste ou à un cybercafé autre que ceux des enfants. Nous arrivons dans le quartier des 36 corporations que nous avons traversé avec le guide. Je reconnais l’étalage des papiers votifs rouges avec les grosses lanternes de papiers. La poste n’est pas loin. Nous trouvons par hasard la Rue du Sucre, rien que des bonbons et plus loin des bouteilles, on risque de trouver le pastis et on le trouve ! Maintenant un photographe, dans le quartier des 36 corporations se trouvent les agences de voyage, les restaurants pour touristes, et sûrement les photographes. Enfin un qui parle anglais et comprend le problème de la pellicule coincée. Le problème est rapidement résolu. Il faut ouvrir l’appareil dans une chambre noire. Cela a l’air d’amuser les techniciens. Dans une heure nous aurons les photos de la Baie d’Ha Long ! Pour changer je me paie même un doner kebab, pas très vietnamien mais cela fait plaisir de temps en temps !

Pour rentrer nous montons toutes les deux sur un cyclopousse. Le cyclo peine, souffle  nous fait remarquer par toutes sortes de soupirs que l’hôtel est loin et que nous sommes lourdes. A l’arrivée devant l’hôtel, il essaie de doubler la mise, 100 000 dongs au lieu de 50 000VND convenus. Je tiens bon ! D me fait remarquer qu’il n’est pas content du tout et qu’il faudra éviter d’avoir recours à ses services. Erreur, deux jours plus tard il nous reconnaîtra et nous proposera de nous reconduire à l’hôtel pour le même prix !

 

baie d’Halong

CARNET VIETNAMIEN

 

Notre jonque!


Notre Jonque

Nous sommes émerveillées: notre jonque est un beau bateau de bois vernis avec la tête de proue sculptée, deux mats, voiles jaunes repliées. Au dessus de la cabine, sur le pont deux chaises longues en bambou L’ équipage se compose du capitaine, tout de blanc vêtu plutôt costaud, du cuisinier, très mince et d’une jeune fille en pantalon noir et chemisier blanc.

Dragon descendant

Dragon descendant

Dong nous raconte les légendes de la Baie D’Ha Long : le « dragon descendant. »L’Empereur de Jade aurait envoyé un dragon pour aider les Vietnamiens qui se battaient alors contre les chinois venant par mer envahir le Vietnam. Les dragons auraient bombardé les ennemis avec des blocs de jade qui devinrent des îlots. Le dragon, trouvant le résultat très beau décida alors de rester dans la baie.

Les rochers

Rocher du chien

Des aigles pêcheurs planent et plongent tandis que les îlots se rapprochent. Il fait bon sur le pont dans la fraîcheur du matin. Dong nous montre les silhouettes  des rochers qu’on a coutume de distinguer : le chien qui se détache, montant la garde, la tortue dont on  voit bien la tête, le bol d’encens – plus difficilement reconnaissable, deux rochers se font face : les deux coqs de combat – symbole de la Baie. Nous rencontrons d’autre bateaux de touristes, certains beaucoup plus gros.

maisons flottantes

Crustacés et poissons

Des maisons flottantes ont été aménagées sur des plateformes : au fond, la pièce d’habitation, bien petite, devant un plancher percé de plusieurs trappes. Des filets sont adaptés aux ouvertures. On peut y voir nager des petits requins dans l’une, dans l’autre de gros mérous, on élève aussi des crevettes. La dernière contient des paniers de coquillages, de très jolis crabes à la carapace multicolore rouge et blanc et bleu, leurs pinces sont attachées, des cigales de mer, des palourdes, des praires…Au fond de la cage des mérous, une limule. Je suis émue de cette rencontre avec le fossile vivant dont je parle à mes élèves quand on parle de fossiles stratigraphiques et de fossiles de faciès, je n’avais jamais vue en vrai. Les touristes achètent des crustacés ou des poissons et les font cuire sur le bateau sauf les Coréens et les Japonais qui préfèrent manger le poisson cru. Ils achètent les mérous, mes découpent et les mangent dans un état de fraîcheur inégalée !

crustacés

L’Ile de la Surprise

La jonque glisse sans bruit sur l’eau lisse. Un rocher est percé à sa base, un autre comme le chas d’une aiguille. Quelle surprise ? Dong refuse de répondre. Nous accostons à un petit quai, gravissons des marches pour parvenir à une grotte. La fraîcheur surprend. Un joli petit lac brille dans un creux.

île de la surprise

Dong raconte l’histoire du pauvre pêcheur amoureux d’une jeune fille riche. Après que le père de la jeune fille ait exigé des richesses qu’il ne pouvait fournir, le pêcheur disparut. Un an plus tard, la jeune fille riche partit à la recherche de son bien-aimé et le retrouva dans la grotte de la surprise. Les draperies, les baldaquins, les stalactites sont très bien mis en valeur par l’éclairage électrique. Dong nous montre un Bouddha de l’avenir, un couple d’amoureux pétrifiés qu’on peut imaginer avec un peu d’effort. L’existence de la grotte s’explique facilement : Ha Long est un karst submergé. Cette grotte était une belle surprise !

Baignade en pleine mer

Dong nous avait parlé d’une échelle pour descendre. J’avais imaginé une échelle métallique analogue à celle de la piscine. C’est une planche de bois sur laquelle on a cloué des tasseaux. Pour la caler, le cuisinier fait un  nœud et la maintient inclinée. Je m’assieds sur la planche et descend avec circonspection. La jeune fille du bateau a été tentée par la baignade, elle a en vie d’essayer nos lunettes de plongée mais elle n’a pas de maillot. Le cuisinier lui prête un marcel blanc. On lui décroche une bouée de sauvetage. D  ne veut pas prendre l’échelle elle saute du bord du bateau faisant l’admiration des trois garçons restés à bord. L’eau est tiède. C’est la première fois que je nage en pleine mer. on envisage de nager jusqu’au village de pêcheurs plutôt que d’utiliser l’échelle. Le capitaine s’y oppose formellement. Finalement, entre l’énorme bouée rouge où est amarré le bateau et la grosse corde Pendant ce temps là, je fais des tours de bateau à la nage. La jeune fille remonte et moi, finalement.

Nous sommes passés non loin d’un élevage de perles de culture selon un procédé japonais. Des câbles sont tendus sur lesquels on a fixé les huîtres perlières.

Déjeuner de gala

 

Pendant la baignade, le cuisinier a dressé la table : nappe blanche, serviettes pliées en bateau. Il apporte deux bouteilles de vin blanc que nous refusons. Pour commencer, nous goûtons aux cigales de mer que nous avons vues vivantes dans la cage. Les carapaces sont fendues dans le sens de la longueur. Chair ferme entre la langoustine et la langouste. En plus, de grosses crevettes roses. Sur une assiette une douzaine de nems croustillants préparés sur  le bateau. Enfin, des seiches aux légumes croquants : céleri, carottes, chou chinois…Nous n’avons pas l’habitude d’une telle abondance et disons au cuisinier de ne surtout pas faire cuire le poisson qui est également au menu. Pour terminer : fruit du dragon bien frais.

Baignade à la plage

Le bateau aborde une petite plage. Nous nageons loin de la côte. Le capitaine nous rappelle au loin à l’ordre. Un scooter des mers s’approche à peins gaz. Cet engin est tout à fait choquant dans la Baie ; Le site sauvage est tellement calme que la surface de l’eau est un miroir opalescent. Le moteur bruyant vient troubler cette impression de paix.

La baignade nous a bien rafraîchies. Quand nous remontons à bord la jeune femme a arrangé joliment les colliers de perles. Si elles sont véritables, elles ne sont pas chères. Si elles sont fausses, c’est une belle arnaque. De toutes les façons, je ne sors pas emperlousée. Il n’est pas question que j’en achète. Dominique se désintéresse de la question. Aucune aide à attendre de la part de Dong  il ne veut pas empêcher ses compatriote de faire des affaires. Pour trouver une sortie j’achète des cartes postales dont nous n’avons aucun besoin à 3$ ce qui est déjà un bon prix L’épisode des perles jette un froid, je me justifie auprès de Dong. A 16H comme prévu, la jonque revient au port. Quelques éclairs de chaleur zèbrent les nuages. L’orage n’éclatera pas au grand regret de Dominique. Rien n’aura terni cette journée en tous points parfaite.

 

d’Hanoi à la baie d’Halong

CARNET VIETNAMIEN

Hanoï lampions


Arrivée à Hanoï en train de nuit.

Bercée par le roulis, je me suis endormie à 20H comme les Vietnamiennes qui partagent notre compartiment. Un peu avant 4h, le téléphone portable d’une des jeunes filles me réveille. Le jour commence à se lever. Nous regardons défiler les rizières du Tonkin. Les boutiques ouvrent dès 6heures le long de la RN1 Mandarine que suit la voie ferrée.
Quelques changements par rapport au sud : la circulation paraît moins dense, les motos moins rutilantes les hommes portent un casque kaki qui a l’air de sortir des tranchées. Peut être protège-t-il du soleil ? A moto, sa protection paraît limitée. Hanoi s’annonce des kilomètres à l’avance. Le train est sonorisé par un pot pourri de tubes éculés « il était une fois dans l’Ouest ».. Puis annonces en vietnamien, traduction en anglais : on nous raconte l’histoire de Hanoi, capitale historique du Vietnam. On se croit arrivé, le train roule à très petite vitesse au milieu des habitations. Enfin ! La gare !

Traversée d’Hanoi.

Soulagement : notre guide est bien là avec un panneau de bienvenue. Il s’appelle Dong. Il est jeune, avenant et disert. Tant mieux ! Il nous montre quelques bâtiments coloniaux de Hanoi puis la voiture enjambe le fleuve rouge, vraiment rouge en cette saison « de l’inondation ». Dong nous montre les ponts : le vieux pont bombardé par les Américain. Notre premier guide n’avait jamais fait allusion aux différents conflits alors que celui-ci nous parle de l’histoire du Vietnam. Histoire récente avec les bombardements américains, histoire ancienne avec les batailles pour repousser les Chinois. On quitte plus facilement Hanoï qu’HCMV moins de banlieue et surtout meilleures routes.

irrigation !

Rizières du Tonkin
Le ciel est gris mais le vert des rizières est tellement vif qu’il égaie le paysage. Dans les parcelles, les paysans travaillent. Nous descendons de voiture pour photographier un curieux manège. Sur un trépied est suspendu une sorte de pelle qu’une femme balance périodiquement. Dong me propose de nous rapprocher. Je marche sur une digue minuscule qui sépare deux parcelles. Au début, je prends d’infinies précautions, j’ai peur de tomber à l’eau dans la rizière inondée. Mais la levée de terre est stable, elle ne s’écroule pas sous mon poids. De près, je comprends mieux : c’est de l’eau que la femme balance inlassablement dans son champ. Jamais je n’avais imaginé un tel travail accompli par un être humain : pelleter de l’eau. Du train, j’avais observé cette manœuvre mais avec deux personnes. Heureusement, la mécanisation est en route nous voyons quelques pompes motorisées à l’œuvre.

rizière inondée

La plupart des rizières sont labourées, hersées à l’aide de la traction des bœufs ou des buffles, les motoculteurs commencent aussi à être utilisés. Les tâches que nous observons sont variées. Ici, on repique. Là on irrigue. Plus loin, on pulvérise des insecticides ou on épand des granulés d’engrais. Les paysans sont pieds nus toute la journée dans l’eau. Ici, on fait deux récoltes de riz par an plus une autre culture (soja, maïs, légumes). Beaucoup de femmes travaillent aux champs. On ne voit pas d’enfants et cela me réjouit bien. Les femmes sont complètement masquées. Une large bande de tissu maintient le chapeau traditionnel. Parfois elles rajoutent un autre masque. Le repiquage me paraît être le travail le plus pénible, le dos cassé.
Entre les rizières, de nombreux étangs avec des élevages de canards. Dans les rizières on voit souvent des tombes. Dong nous demande:

– « Savez vous pourquoi il y a des tombes en terre et d’autres en béton  ?

–  Au Vietnam, on enterre une personne provisoirement dans un cercueil et une tombe en terre. Plus tard, on exhumera les ossements qu’on placera dans une poterie et l’enterrement définitif aura lieu après que le géomancien aura calculé l’orientation de la tombe et l’emplacement favorable. L’âme du défunt pourra exercer une influence bénéfique, assurer une bonne récolte.
Le long de la route N°5 les nouvelles usines poussent comme des champignons, du textile surtout mais aussi CANON ou DAEWOO.
Petit déjeuner
Nous nous arrêtons déjeuner dans un centre pour handicapés qui fait aussi restaurant et boutique de souvenirs (soie, poteries, laque…) Notre dernier repas a été servi dans le train à 17H45, il est 9H, je meurs de faim et refuse un  petit déjeuner européen avec café et tartines. J’ai envie d’une soupe aux nouilles. On m’apporte un bol avec une cuiller asiatique en porcelaine et des baguettes. Finalement, je ne me débrouille pas si mal que cela avec les baguettes. D a pris un hamburger.
Dans la deuxième partie du voyage, nous passons devant d’importantes mines de charbon. La poussière du charbon est partout. Il alimente une centrale thermique très importante (également cible stratégique du temps de la guerre américaine).
Nous approchons d’Ha Long. Sur le bord de la route, on vend des ananas mais nous réagissons trop tard. Tout a long du chemin, Dong nous montre le transport des porcs vivants sur motocyclette. La première fois, nous en avons vu six, enfermés dans des cages d’osier sur une seule moto. Une autre fois quatre ligotés à l’arrière du chauffeur.
Notre hôtel Buu Dien
Après 4 heures de route pour 160km nous arrivons à Ha Long devant une tour de 11 étages, habillée de granite rouge poli. C’est notre hôtel Buu Dien, comme la Poste qui est en dessous, en Anglais cela donne P§T Hôtel. Le guide parlemente à la réception. Nous aurons une chambre avec « seaview », au 8ème étage. Toute blanche, rideaux brochés ainsi que les deux fauteuils et les chaises. Mobilier en bois foncé verni, un tableautin, une glace fantaisie. La climatisation est assurée avec deux climatiseurs (mode d’emploi en chinois) et un ventilo. Il fait si frais que j’ai sorti les manches longues.
Plage
Après la douche et une petite sieste, nous allons à la plage. L’horizon est limité par les fameux rochers, pains de sucre, îles et îlots de la baie dans un camaïeu de gris, ciel gris- perle, rochers gris-bleutés, mer gris-vert. Le bord de mer est encombré de tout un attirail de boutiques vendant tous les articles de plage imaginables : maillots de bain très pudiques jupettes et hauts assortis avec des imprimés rétros, gros pois blancs sur fond rouge ou pois noirs sur fond blanc…souvenirs en coquillages, bois sculpté, colliers de vraies ou fausses perles…
Sur le sable blanc assez grossier, des chaises longues en bambou et des parasols sont alignés en rangs serrés. Les plagistes se disputent l’honneur de nous placer. Il est 12H15 tous les vietnamiens font la sieste et ont déserté la plage. On nous apporte le menu en vietnamien et sans les prix. Pour 80 000VND, nous aurons un beau plat de riz frit aux produits de la mer : vrai poisson en morceaux, vrai crabe, minuscules rondelles de chorizo, crevettes, œufs, carottes, petits pois. Un délice !
L’eau est presque chaude, température baignoire ! Pas une vague. Je nage comme à la piscine.
Vers 15H30, les premières familles vietnamiennes arrivent. (Peut être des chinois ?) ; Ils sont nombreux et parlent fort. Nous quittons nos sièges bien à l’ombre du cocotier pour fuir le vacarme. Ils arrivent par groupe d’au moins douze personnes, trois ou quatre couples, la trentaine ou la quarantaine, accompagnés de la grand-mère et de quatre ou cinq enfants. Les dames quittent leur chapeau rose ou beige et revêtent des bonnets de caoutchouc, charlottes ou casquettes à visière. Elles se dépouillent de leurs robes de plage et se retrouvent en maillot de bain très enveloppant. On équipe les enfants de gilets de sauvetages fluo, de lunettes de plongée, de bouées. La famille est prête pour la baignade. Intervient un personnage omniprésent, pantalon noir relevé aux genoux, chemise à carreaux jaune, casquette de base-ball sur la tête : le ou la photographe. Le photographe aligne alors les futurs baigneurs, les conduit là où on voit le mieux les îles de la baie, et fait une mise en scène théâtrale. Tout le monde s’exécute. Seulement après cette formalité, les estivants vont à l’eau. Il existe aussi la version numérique de la scène. Le rôle du photographe –ou vidéaste, plutôt- est généralement confié à celui ou à celle qui ne se baigne pas. Monsieur et Madame encadrent un rejeton assis sur une bouée en tenue fluorescente rose ou orange pour les filles. Dans l’eau, ils restent bien groupés et ne s’aventurent pas bien loin.
Sous les parasols, chacun se commande une noix de coco avec une paille – moi aussi !
Nous ne sommes pas venues jusqu’ici pour observer des familles à la plage – même très rétro, nous rappelant les années 50. Nous sommes dans la Baie D’Ha Long. Les fameux rochers se sont éclairés, le soleil a dispersé les nuages. Mais ils sont bien loin ! J’observe avec attention les bateaux des touristes. Faut-il les appeler des jonques ? Les grosses embarcations de bois ont des mats mais aucune n’a déployé sa voilure. Normal, il n’y a pas de vent. Aurons nous demain un gros bateau rien que pour nous ?
Toute l’après midi à guetter les îles lointaines de la 8ème merveille du monde, aiguise le désir. Descendre du taxi, monter sans transition dans le bateau eût été dommage. Cela aurait été comme allumer la Télé sur la Chaîne Voyages. Pour bien apprécier un moment privilégié, pour qu’il reste fixé dans la mémoire, l’attente est primordiale Nous sommes donc en face du site, essayant d’imaginer. Fera- t il beau demain ?
Dîner délicieux, la cuisine est fine. La soupe au crabe contient bien du vrai crabe frais, la soupe au poisson des morceaux de poisson. On avait commandé des travers de porc aigre-doux mais on nous apporte du bœuf pané à la thaïlandaise.