Les pagodes des environs d’Hanoi et CoLoa

CARNET VIETNAMIEN

 

pagode Tay

Pour 40$, le taxi loué par l’agence nous fera visiter les pagodes Tay Phuong et Thay ainsi que l’ancienne capitale du Vietnam CoLoa. Le chauffeur est surpris que Dong ne soit pas là. « Où est le guide ? – pas de guide ! ».

Nous reconnaissons maintenant les principales artères du centre d’Hanoï, la citadelle, les tanks et avions américains, la statue de Lénine. Les quartiers périphériques sont assez monstrueux : barres de 15 étages tours de 25 même un hypermarché avec un grand parking vide. Quelques vaches et buffles paissent au pied des buildings. Les usines s’étendent sur des kilomètres. Aciéries et fonderies remplacent les rizières.
Le taxi s’arrête au pied d’un escalier. Nous sommes assaillies par des petites vendeuses. La spécialité locale : la libellule de bois peint de couleurs vives. « Later ! Later ! » Répètent-elles inlassablement, « Plus tard ! » Dit un garçon. On cherche à les chasser. Sans succès. Nous gravissons 272 marches de latérite sous une pluie battante avec une escorte de 7 puis 8 vendeuses qui ne s’arrêtent aux portes du temple. Remplacées par une vieille aux dents noircies qui nous colle de force bouteilles d’eau et canettes de coca dans les mains. On  trouve un endroit à l’abri de la pluie pour lire les articles concernant Co Loa . Cela ne correspond à rien. Si l ‘escalier « rugueux » était praticable, les dalles de céramique rouge sont très glissantes.

Un jeune homme se présente comme guide. Il  fait un cours très complet sur le Bouddhisme, les trois Bouddhas, les disciples. Il nous montre la collection de statues anciennes en bois. Il me vient une idée : nous ne sommes pas du tout à CoLoa mais à la Pagode Tay Phuong réputée pour ses statues anciennes. D a disparu, rebutée par l’anglais du guide (rien à dire de son vocabulaire très recherché et de  la syntaxe, mais l’accent est incompréhensible). Nous avons bâclé la visite qui méritait trois étoiles sur le guide !

pagode Tay sous la pluie

Le chauffeur veut aller directement à CoLoa. J’arrive à lui expliquer qu’il y a une deuxième pagode distante seulement de quatre kilomètres : la Pagode Thay, ou Pagode du maître. Encore des vendeuses de libellules et éventails mais moins collantes. Toujours la pluie ! J’ai mis ma grande cape de randonnée.

On arrive par un très joli pont couvert. Entre deux montants, à contre-jour, la silhouette d’un hamac, jolie image. Un jeune homme puis une jeune fille proposent de nous guider. Nous refusons leur aide et nous avons bien tort. Nous ne trouvons ni la statue de santal blanc ni l’empereur LyTanh, ni le bonze Tu Dao, le maître. Les autels sont alignés latéralement et non pas les uns derrière les autres. D’ailleurs, il nous faut quitter les lieux : les bonzes et les bonzesses arrivent portant des plateaux ronds avec une casserole deux bols vides, un grand bol de légumes sautés, des crudités non identifiées sur une assiette. Cela a l’air très frais, très simple et cela m’ouvre l’appétit. Je m’inviterais volontiers chez les bonzes !
Dans un autre bâtiment, les bonzes en habit jaune par-dessus l’habit gris se livrent à leurs dévotions, s’agenouillent, se prosternent, se relèvent. Dans un troisième, une femme seule lit à haute voix un texte en s’accompagnant d’un instrument à percussion. Sous un auvent, des statues sont cachées par un alignement de motocyclettes. Je reconnais le Disciple qui se gratte le dos que photographié dans le temple précédent. Décidément nous aurions dû accepter de nous laisser guider !


Cette pagode est située dans un endroit charmant avec un petit lac orné de ses deux ponts couverts. En son centre : un  petit pavillon. Quelle jolie scène pour les marionnettes aquatiques ! Pas étonnant que le Maître vénéré ici soit un Maître de Marionnettes ! Sur le pont couvert, le jeune homme qui s’était proposé tente de nous vendre deux feuilles d’or en forme de lotus, offrande porte-bonheur. On refuse, le jeune homme nous suit sur son vélo jusqu’au porche qui mène à un escalier qui grimpe dans la colline.
Devant les 255 marches hautes et glissantes, D renonce. Toujours prête à une aventure, je monte accompagnée du jeune homme. Les marches de calcaire luisent sous la pluie. La montée est raide. Je peine. Mon accompagnateur me montre la pagode du 16ème siècle. Il me guide dans tous les recoins. Un banian a lancé tant de racines aériennes qu’elles forment un véritable rideau cachant un autel. Après avoir fait les dévotions au Génie de la Forêt et au Génie de la Montagne  il faut encore gravir une vingtaines de marches pour découvrir les quatre animaux fantastiques du Vietnam disséminés autour d’une placette : la licorne en tessons de porcelaine, la tortue cachée sous un banian, le Phoenix et le dragons très colorés. Pour faire plaisir au jeune homme confit en dévotion, je photographie soigneusement chaque statue. Quan Am ressemble vraiment à la Vierge. L’ascension n’est pas terminée, il faut encore escalader des rochers pointus pour parvenir au sommet du piton rocheux. Hanoi est cachée dans la brume. La pagode et le pavillon du lac sont à nos pieds. Le guide explique que la pagode se trouve dans la gueule du dragon, sur la langue. Les pitons sont les mâchoires. Il faut toujours qu’il y ait un dragon ou une tortue associés à chaque site !

CoLoa
Le taxi retourne à Hanoi.  Nous approchons de l’hôtel. Et, si le chauffeur décidait que l’excursion était terminée ? Combien le payerions nous ? Nous avons imaginé des problèmes qui n’existent pas. La voiture emprunte un chemin inconnu, passe devant des casses de camions, des menuiseries et encore des usines. La campagne ne commence qu’aux abords de CoLoa, capitale du roi An Duong (257av JC). Edifiée en spirale -cité du coquillage – entourée d’une triple enceinte. Site très ancien, nous n’espérions pas qu’il ne reste grand-chose !
La place est vide, nous ne savons pas où aller. Dans un bassin : une statue, An Duong ? Des vieilles femmes nous hèlent pour nous montrer la statue du roi à l’intérieur de la Pagode. Nous partons au hasard dans les ruelles entre des murs de briques rouges. Au dessus des murs, en cascade, dégouline la végétation, arbres fruitiers, courgettes en tonnelles. Nous marchons dans une sorte de labyrinthe. Les ruelles sont courbes – héritage du plan originel de la cité du coquillage? La plupart du temps nous aboutissons dans la cour d’une maison et devons retourner sur nos pas. La pluie a cessé, elle a rafraîchi l’air, il fait très doux. Il est 13H30, heure de la sieste. Personne pour nous renseigner. Devant un beau porche sculpté, un bassin arrondi. En son centre, des murets concentriques évoquent les trois enceintes de la ville. Un peu plus loin, une levée de terre rouge : vestige des remparts. Des enfants jouent et pêchent sans prêter attention à notre présence.
Au pied du porche, une vendeuse de libellules, bâtons d’encens, cartes postales, signe que nous sommes arrivées. Sans conviction, elle brandit une tortue portant sur son dos l’arbalète magique de An Duong. Ayant repoussé les envahisseurs, le roi conclue la paix en donnant la fille My Chau au fils du général chinois Trieu Da. Lors de sa lune de miel, le nouvel époux demanda à My Chau de lui montrer l’arme magique. Il la subtilisa et la remplaça par une arbalète ordinaire. An Duong, furieux fit décapiter sa fille et son mari et se noya de désespoir.

Personne à la billetterie ; si c’est gratuit, nous achèterons la tortue. A l’intérieur, deux vieux fort aimables, nous montrent des statues de bois dans la pénombre, allument les loupiotes éclairant des vitrines poussiéreuses où se trouvent de grossières poteries, des pointes de flèches et outils agricoles de l’âge de bronze. On nous montre avec insistance les troncs  pour les offrandes. Il nous faut encore trouver l’édifice avec ses banians et la statue sans tête de My Chau. Nous sommes un peu saturées de pagodes. La promenade loin du tumulte des motos dans la fraîcheur nous a beaucoup plu.

Autour de l’hôtel Anh

Fleuriste?

Au marché tout proche de l’hôtel Anh, nous achetons quatre minuscules brochettes que la dame cuit en attisant les braises dans un barbecue  très simple en agitant doucement un éventail de palme tressée. Pour compléter j’achète des anones et une mangue.
Le quartier de notre hôtel est très agréable. Le trottoir de la rue Chau Long, le jour, est encombré de plateaux de vannerie garnis des fruits les plus variés. Il est très animé avec les échoppes du coiffeur, du marchand de grain qui moud la farine à la main avec ses trois moulins devant la porte, le dentiste qui opère en public, les épiceries colorées. Le petit marché couvert abrite surtout la boucherie et la poissonnerie. La viande est présentée déjà découpée grossièrement sur des tables en ciment. Curieusement, les bouchères sont perchées sur leur étalage, pieds nus, accroupies au milieu de la marchandise. Elles découpent les oreilles, les queues de cochon, les rognons les intestins, les testicules. Les poissonneries ont des coquillages vivants dans des bassines remplies d’eau. Tout est frais et appétissant.
A la sortie du marché : le Lac de la Soie blanche précédé d’un  petit square avec des bancs sous des saules pleureurs. Autour du lac : des restaurants et des cafés. Certains ont leur terrasse meublée de petits tabourets en plastiques avec des tables basses. D’autres sont plus sophistiqués. Il y a très peu de circulation dans la rue. Des adolescents jouent a foot dans la rue. Les maisons sont soignées, certaines jolies. Une petite allée cimentée borde un promontoire qui s’avance dans le lac. Les riverains ont installé de belles potiches avec des arbustes taillés et des orchidées .Difficile de soupçonner qu’il existe des endroits aussi calmes et aussi agréables.

Si on poursuit la promenade on arrive à la chaussée qui sépare le Lac de la soie blanche du grand Lac de l’Ouest. Sur cette digue, la circulation est intense. Stratégie pour traverser : guetter les taxis et les autobus qui ne se détourneront pas puis avancer lentement régulièrement bien alignées dans le flot des motos qui nous contournent au dernier moment. C’est impressionnant mais on s’y fait. Sur une avancée dans le Lac de l’Ouest se trouve une pagode ancienne : stupa d’une dizaine d’étage peinte en rose un peu kitsch, un Bouddha blanc trônant à chaque étage, des toits de tuile, beaucoup de touristes, des bonzes. Il fait vraiment bon en cette fin de l’après midi. Le ciel est bleu, la lumière douce. Nous n’avions pas encore vu Hanoi sous le soleil. Nous faisons durer la promenade et la terminons à la terrasse d’un  café où je sirote un jus de coco.

 

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

3 réflexions sur « Les pagodes des environs d’Hanoi et CoLoa »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :