LECTURES CARAÏBES
Après avoir terminé l’excellente biographie de Toussaint Louverture par Alain Foix, j’ai eu la curiosité de télécharger la pièce de Lamartine.
Depuis 1834 les hommes politiques qui croient que les gouvernements doivent avoir une âme, et qu’ils ne se
légitiment aux yeux de Dieu que par des actes de justice et de bienfaisance envers les peuples, s’étaient formés à
Paris en société pour l’émancipation des noirs ; j’y fus admis à mon retour d’Orient ;
Dans son intéressante préface, Lamartine s’enorgueillit d’avoir été le signataire du décret de l‘Abolition de l’Esclavage,
Trois jours après la révolution de Février, je signai la liberté des noirs, l’abolition de l’esclavage et la promesse d’indemnité aux colons.
Ma vie n’eût-elle eu que cette heure, je ne regretterais pas d’avoir vécu.
En revanche, il n’est pas spécialement fier du poème dramatique. Le manuscrit fut perdu, et retrouvé par son caviste au fond d’un panier. Selon Lamartine, le succès au Théâtre de La Porte Saint Martin où la pièce fut représentée est plutôt dû à la performance des acteurs qu’au texte lui-même.
Une étrange Marseillaise noire a attiré mon attention, version d’époque ou poème de Lamartine?
MARSEILLAISE NOIRE
. I. Enfants des noirs, proscrits du monde,
Pauvre chair changée en troupeau,
Qui de vous-mêmes, race immonde
Portez le deuil sur votre peau !
Relevez du sol votre tête,
Osez retrouver en tout lieu
Des femmes, des enfants, un Dieu : Le nom d’homme est votre conquête !REFRAIN.
Offrons à la
concorde, offrons les maux soufferts,[…]
Ouvrons (ouvrons) aux blancs amis nos bras libres de fers. II.Un cri, de l’Europe au tropique,
Dont deux mondes sont les échos,
A fait au nom de République
Là des hommes, là des héros
L’esclave enfin dans sa mémoire
Épelle un mot libérateur,
Le tyran devient rédempteur :
Enfants, Dieu seul a la victoire !
Offrons à la concorde, offrons les maux soufferts, Ouvrons (ouvrons)…
Malheureusement, la suite se gâte. Je m’ennuie des péripéties lyriques et familiales. Une fade Adrienne, jeune pupille parfaite, guide Toussaint déguisé en mendiant aveugle qui épie les fortifications de Leclerc. Les fils de Toussaint, élevés en métropole, sont amenés comme appâts pour fléchir Toussaint. Foix raconte cet épisode, historique, mais le drame familial s’étire en guimauve. Pas d’analyse politique, ni stratégique, point de bataille homérique. Du sentiment sucré.
De même, le meurtre de Moïse n’est en rien contextualisé. Brutus et César! De la tragédie, certes mais pas d’explications. Décevant.
Le livre se termine par les discours prononcés par A de Lamartine, à la Chambre des Députés le 23 avril 1835, le 25 mai 1836, à un banquet le 10 Février 1840, le 10 Mars 1842