Détour sur le barrage de la Rance

BALADE NORMANDE (ET BRETONNE)

Plage des Bas sablons

Petit déjeuner excellent servi au bar de l’Hôtel Aleth, occasion d’apprécier la décoration très réussi sur le thème de la marine : belle maquette de voilier, figure de proue, canapés de cuir, aquarelles et cartes marines.

pzetit déjeuner avec vue!

Et si on faisait un détour pour aller voir le Barrage de la Rance?

La route de Dinard roule sur la digue. un parking est aménagé pour les visiteurs avec de nombreux panneaux explicatifs. J’y apprends que l’Usine marémotrice fut construite sur la rivière que était déjà équipée de 7 moulins à marée. La construction du barrage a duré 20 ans de 1946 à 1966, inauguration par le Général De Gaulle. Des explications très techniques décrivent le fonctionnement des bulbes. Ceci me permet de repérer les tourbillons que je n’aurais peut être pas vus seule. De nombreux panneaux sont consacrés à l’écosystème de l’estuaire (oiseaux, poissons, crustacés) ? la construction du barrage a été bien sûr un facteur perturbant la faune mais elle se serait adaptée et les peuplements se seraient reconstitués (si EDF le dit!)

barrage de la Rance : écluse

Côté Dinard, une partie du pont se soulève pour laisser passer les voiliers. Nous comptons les mats de la voiture. Les saumons et autres espèces qui remontent les rivières pourront passer comme les bateaux par l’écluse!

Sur la route de la Manche, un détour par Saint Malo

BALADES NORMANDES (et BRETONNE AUJOURD’HUI)

Route dégagée sur la RN12 jusqu’aux abords du Perche om le ciel se grise. Le brouillard s’épaissit dans l’Orne et en Mayenne. A la dernière descente vers la Baie, nous retenons notre souffle : le Mont Saint Michel devrait apparaître. Rien! Avalé par la brume.

la Baie à Cherrueix

Pique-nique au soleil devant l’école de Char à voile de Charrueix. Nous suivons la côte en comptant les moulins à vent et en passant devant les établissements conchylicoles du Viviers-sur-mer.

A 14 heures nous sommes  à Saint Malo devant l’Hôtel Aleth – fermé – rien n’indique que c’est un hôtel. A la même adresse, le bar Cunningham – fermé lui aussi. Une affiche indique qu’il y ara de la musique ce soir. Côté Plage des Bas-Sablons, la façade est pittoresque avec ses poutres vertes. mais la porte s’ouvre dans le vide. La passerelle métallique est remontée.

Voilies au pieds des remparts

Nous allons visiter la ville close « Intra-Muros« . Sans GPS, difficile de se déplacer dans Saint Malo et ses faubourgs, Paramé, Saint Servan, Aleth… les bassins , le port des ferries, les marinas semblent difficilement franchissables.

Les Remparts de Saint Malo

la ville close présente une remarquable homogénéité d’architecture même si certains bâtiments ont été restaurés au  XXème siècle. Au niveau des remparts certains surprise rompent la symétrie. Promenade sous le soleil, à marée haute avec une mer turquoise et bleu profond. Les îles sont entourées d’eau. Il n’y aura pas de pèlerinage à la tombe de Chateaubriand .  Je remarque une piscine naturelle d’eau de mer avec un haut plongeoir où je nagerais volontiers.

Grand Bé et piscine naturelle

J’ai négligé le Musée Historique visité il y a quelques années. A la Tour Bidouane, une belle exposition de photographies : Abstraction terrestre de Jérôme Sevrette. Photographies aériennes prises d’un drone dans la région de Saint Malo mais sans aucune référence géographique  invitant  le spectateur à construire lui-même sa propre représentation.

« la finalité étant de transposer la réalité des lieux vers une représentation spatiale, graphique et imaginaire aux frontières de la perception entre attraction et abstraction »

 

Couleurs, formes présence de l’eau turquoise dans un bassin carré qui se superpose au chevelu des ruisseaux qui se ramifient dans la tangue grise? Citerne ou phare circulaire photographié vu de-dessus.

La Tour Solidor est proche de notre Hôtel d’Aleth de l’autre côté d’un cap entre la Plage des Bas Sablons et l’anse de Solidor. Petite presqu’île très verte occupée par un camping. La Tour Solidor est un donjon fortifié formé de trois tours accolées construite, en 1381 pour suiveiller l’estuaire de la Rance. Le Musée Cap Hornier y était installé mais il est actuellement fermé.

La Tour Solidor e l’estuaire de la Rance

le sentier des douaniers passe au pied de la Tour . C’est une très jolie promenade tantôt au soleil, tantôt à couvert autour du Mémorial de la Seconde Guerre Mondiale (installations et fortifications militaires) . je découvre le port des ferries : justement le Condor arrive de Jersey . Qui peut l’emprunter par temps de Covid?

Je continue mes explorations sur la Plage des Sablons presque circulaire.

Il est temps de faire des provisions. Dans la route commerçante qui monte de la plage à l’Hôtel de Ville de Saint Servan je compte 4 librairies, 2 lunetiers, des agences de voyage, brocanteurs boutiques de fringues, encadreurs…mais d’alimentation, rien! Sauf un petit Carrefour en haut de la rue.

Mémoires d’Outre-Tombe : Chateaubriand enfant et son ami Gesril sur la plage de l’éventail…..

CHALLENGE ROMANTIQUE
Devant les murs de Saint Malo
Le challenge Romantique de Claudialucia est l’occasion de lectures communes et de partages avec toute la galaxie des bloguesues romantiques (là j’exagère un peu). C’est aussi l’occasion de préciser la notion de Romantisme qui pour moi était bien floue.
Merci à Claudialucia pour les liens !
les murs de Saint -Malo sont protégés depuis bien longtemps par des pieux brise-lames .Chateaubriand
enfant raconte dans les Mémoires d’Outre-Tombe cette anecdote :
A marée haute!
Nous étions un dimanche sur la grève, à l’éventail de la porte Saint-Thomas à l’heure de la marée. Au pied du château et le long du Sillon, de gros pieux enfoncés dans le sable protègent les murs contre la houle. Nous grimpions ordinairement au haut de ces pieux pour voir passer au-dessous de nous les premières ondulations du flux. Les places étaient prises comme de coutume : plusieurs petites filles se mêlaient aux petits garçons. J’étais le plus en pointe vers la mer, n’ayant devant moi qu’une jolie mignonne, Hervine Magon, qui riait de plaisir et pleurait de peur. Gesril se trouvait à l’autre bout, du côté de la terre. Le flot arrivait, il faisait du vent ; déjà les bonnes et les domestiques criaient : « Descendez, Mademoiselle ! descendez, Monsieur ! ». Gesril attend une grosse lame : lorsqu’elle s’engouffre entre les pilotis, il pousse l’enfant assis auprès de lui ; celui-là se renverse sur un autre : celui-ci sur un autre : toute la file s’abat comme des moines de cartes, mais chacun est retenu par son voisin ; il n’y eut que la petite fille de l’extrémité de la ligne sur laquelle je chavirai qui, n’étant appuyée par personne, tomba. Le jusant l’entraîne ; aussitôt mille cris, toutes les bonnes retroussant leurs robes et tripotant dans la mer, chacune saisissant son marmot et lui donnant une tape. Hervine fut repêchée ; mais elle déclara que François l’avait jetée bas. Les bonnes fondent sur moi ; je leur échappe ; je cours me barricader dans la cave de la maison : l’armée femelle me pourchasse. Ma mère et mon père étaient heureusement sortis. La Villeneuve défend vaillamment la porte et soufflette l’avant-garde ennemie. Le véritable auteur du mal, Gesril, me prête secours : il monte chez lui, et avec ses deux soeurs jette par les fenêtres des potées d’eau et des pommes cuites aux assaillantes. Elles levèrent le siège à l’entrée de la nuit ; mais cette nouvelle se répandit dans la ville, et le chevalier de Chateaubriand, âgé de neuf ans, passa pour un homme atroce, un reste de ces pirates dont saint Aaron avait purgé son rocher.

la Fée des Grèves – Paul Féval

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

tangues et lises entre Tomblaine et le Mont

……. « Ces brouillards de grèves forment une couche très peu profonde, et
qui souvent n’a pas deux fois la hauteur d’un homme.
En général, moins la couche de brume a d’épaisseur, plus elle est
dense et impénétrable aux regards.
Nous avons montré une fois déjà, au début de ce récit, le monastère de
Saint-Michel voguant comme une gigantesque nef au milieu de cette mer
de vapeurs. Nous avons montré la brume, arrondissant ses vagues cotonneuses,
balançant ses sillons estompés et laissant au radieux soleil de
juin, qui dorait le sommet du Mont, toutes ses éblouissantes ardeurs.
Au printemps et en automne, cet aspect, qui arrête le voyageur ébahi,
se représente fréquemment. Les gens du pays, blasés sur ces merveilles,
jettent au prodigieux paysage un regard distrait et passent.
Ce qui les occupe, et ils ont raison, c’est le fond de cet océan de brume.
De tous les dangers de la grève celui-là est, en effet, le plus terrible.
Le brouillard des grèves est assez compact pour former autour de
l’homme qui marche une sorte de barrière mouvante, possédant à peine
la transparence d’un verre dépoli. …… »

Conte breton ou roman de chevalerie? Roman de cap et d’épée par l’auteur du Bossu ou féerie dans la Baie? Roman d’amour aussi ; qui est donc cette Fée?

1450, on célèbre le service funèbre pour Gilles de Bretagne le seigneur du château du Guildo assassiné par son frère. Un moine ou un fantôme menace le Duc de Bretagne et lui promet que 40 jours plus tard il rejoindra son frère…

L’action se déroule entre le Vivier et Avranches aux confins de la Bretagne et de la Normandie, dans l’Abbaye et dans la Baie.

Lecture facile, agréable, un fin roman à emporter lors d’une escapade au Mont saint Michel ou à lire au retour pour rêver encore à ces lieux magiques.

On peut aussi télécharger gratuitement cet ouvrage qui n’a plus de copyright (1850)

La Fée des Grèves est parue en 1850, romantisme tardif?

le Moyen Age, la Brume, la chevalerie, me semblent être des thèmes romantiques et je ressens une certaine proximité avec Walter Scott d’Ivanhoé ou des romans écossais …. pourquoi pas romantique?

Prendre Chateaubriand pour guide?

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT-MALO

Chateubriand sur la place Chateaubriand à saint-Malo

Chateaubriand est omniprésent dans la région. On entre dans la ville close de Saint-Malo sur la place Chateaubriand où se trouve l’hôtel Chateaubriand non loin de sa maison natale. Du haut des remparts on devine son tombeau sur le Grand-Bé.

le tombeau de Chateaubriand et les nombreux pélerins

Plancoët, le village de sa nourrice, Combourg, le château où il a passé son enfance et son adolescence, Dol où il a été au collège, Dinan et de nombreux manoirs conservent des souvenirs de son passage….

Munies des mémoires d’Outre-tombe et du guide Gallimard, nous allons suivre la piste-Chateaubriand pendant les dix jours de vacances.

J’ai pourtant hésité  : au lycée, Chateaubriand n’était pas au nombre de mes auteurs favoris. J’avais choisi mon camp avec Saint Just et Robespierre. Le noble émigré, le serviteur de Louis XVIII et de la Restauration était du mauvais bord! Je n’ai pas changé d’idées.  Je me suis assouplie, j’ai perdu le goût des censures. Atala aurait pu me faire rêver. Le titre « Mémoire d’Outre-tombe » me paraissait funèbre et le Génie du Christianisme carrément une punition.

Quarante ans plus tard, j’ai croisé Chateaubriand au cours de mes voyages en Grèce, l‘Itinéraire de Paris à Jérusalem se trouve sur ma table de nuit. Coïncidence : Claudialucia a lancé le CHALLENGE ROMANTISME. Je me devais d’y participer!

château de Combourg

Méfiante, je n’ai pas fait l’achat des 42 livres qui composent les Mémoires d’Outre-tombe (parus en feuilleton, cela représente 3 ou 4 livres de poche). J’ai emprunté à la bibliothèque du collège les Livres I à III en Classique Larousse, annotés pour les lycéens.

Et je me suis régalée! Je le craignais geignard et pompeux, je l’ai trouvé  vif et plein d’humour. Les descriptions sont surtout merveilleuses.

Certes, les lieux ont un peu changé, le parc de Combourg a été redessiné à la fin du 19ème siècle, les épaisses forêts et les landes ont cédé la place aux choux-fleurs et carottes des maraichers. L’étang et sa caravane emplumée est toujours là de même que les écureuils. Je n’ai pu entendre les chouettes, elles dorment aux heures de visites!

de Créteil à Cancale, par la RN12

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

Parmi nombreux itinéraires, nous avons choisi la nationale 12 qui traverse la Normandie avec 4 voies (2×2- 110km/h) jusqu’à Alençon, 368km en tout.

 

Verneuil sur Avre: église saint Jean


 

Verneuil/Avre

Verneuil-sur-Avre  est une étape charmante: petites rues  commerçantes bordées de maisons anciennes à colombages, deux tours: celle de l’église Saint Jean, ruinée, a de beaux restes, des ogives gothiques, des sculptures dans la pierre blanche fine. Chez le charcutier, nous achetons du museau et du taboulé. Pour trouver une pâtisserie, j’emprunte la rue qui conduit à la deuxième tour : celle de l’église de la Madeleine sur la place principale. Verneuil est très animée ce matin sous le soleil.

La RN12  coupe le parc Régional du Perche, traversant la forêt de Reno-Valdieu. les collines ont déjà revêtu des couleurs automnales par cette  matinée radieuse. Nous évitons Mortagne-au-Perche et plus loin Alençon. La route se rétrécit vers Pré-en-Pail,  elle traverse les le Parc régional  des Alpes Mancelles,   collines boisées et  vastes panoramas.  Dans cette région, nous décidons de pique-niquer  espérant avoir une belle vue dans cette campagne pittoresque. Première tentative dans le pays d’Andaine, retour à la nationale. Un peu plus loin nous quittons la route principale pour une église Saint Roch signalée. C’est un bon choix : village minuscule et très calme grand parking ensoleillé et vide ; On peut s’asseoir sur les marches du calvaire.

Le Mont Saint Michel

moutons de prés-salés

Direction, Mont Saint Michel, traversant une Normandie que nous ne connaissons pas. Isigny, Avranches. Alors que  nous sommes encore dans les collines : comme une surprise, le Mont saint Michel apparaît au loin. Cette apparition me fait penser à celle de la cathédrale de Chartres dans la Beauce. Je l’attends mais ses tours me surprennent toujours.  J’ai vu le Mont saint Michel il y a presque quarante ans. Sa silhouette est bien sûr connue, mais je suis frappée par sa présence. Dans la campagne plate, on ne remarque que lui. Il nous attire comme un aimant. Nous faisons halte au premier parking venu pour le photographier. Chance : un troupeau de moutons de prés-salés se trouve dans le polder en contrebas. Les mères ont la tête noire, les agneaux sont presque tous noirs.

Nouvel arrêt sur une digue dominant le polder. Le Mont,milieu des végétaux, ne semble pas être une île. La mer est si loin ! J’avance d’un bon kilomètre en direction de l’eau sans m’en rapprocher

Il fait si beau que nous avons envie de plage. Arrêt au Hirel, la mer est basse, toujours loin,  je marche un quart d’heure sur le sable mouillé rayé par les roues des chars à voile et constellé de coquilles de coques brisées.

 

 

Arrivée à saint Méloir des Ondes, coucher de soleil sur Saint Malo

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

coucner de soleil à saint Malo

Un peu de rêve littéraire : la Fée des Grèves

     « Si vous descendez de nuit la dernière côte de la route de Saint-Malo à
Dol, entre Saint-Benoît-des-Ondes et Cancale, pour peu qu’il y ait un léger
voile de brume sur le sol plat du Marais, vous ne savez de quel côté
de la digue est la grève, de quel côté la terre ferme. À droite et à gauche,
c’est la même intensité morne et muette. Nul mouvement de terrain
n’indique la campagne habitée ; vous diriez que la route court entre deux
grandes mers.
C’est que les choses passées ont leurs spectres comme les hommes décédés
; c’est que la nuit évoque le fantôme des mondes transformés aussi
bien que les ombres humaines.
Où passe à présent le chemin, la mer roula ses flots rapides… »

Paul Féval : la Fée des Grèves

Le gite est situé au hameau de l’Hôtellerie. Une haie de thuyas ferme une cour plantée de gazon, bordé de pensées fleuries. Le petit bassin a des nymphéas en boutons. Il y a même un petit palmier.

le gite

Le gite est simple, très bon goût.

 

La cuisine a des murs blancs, la table est couverte d’une toile cirée bleue avec 4 chaises bleues, un buffet ancien peint en blanc, tout le confort moderne. Sur la table, nous trouvons deux pots de confiture- maison poire et rhubarbe et des tomates de la serre des propriétaires.  Le salon est, lui aussi, tout blanc avec des meubles noirs, un canapé sombre, une grande télévision à écran plat et une petite table à manger.

Un escalier à marches flottantes et tournantes mène à l’étage. Une corde de marine sécurise l’ascension. En haut, la chambre  vaste contient deux grands lits de 140. Une très belle armoire aux ferrures de laiton fait face aux lits.

A peine installées nous reprenons la voiture.  :

–          « où aller pour voir le coucher du soleil ? »

–         »  A Saint Malo ! »

En route donc pour Saint Malo, distante d’une dizaine de kilomètres. Je n’avais pas imaginé que Saint Malo serait une grande ville avec des banlieues, des hypermarchés, des zones commerciales, une série de ronds- points.

Aucune idée du quartier ou de la plage d’où nous pourront avoir le spectacle du couchant ! Guidées au soleil , nous aboutissons sur la plage des Bas Sablons juste à côté du ferry qui traverse la Rance.

Un quai fait le tour de la baie. A contre-jour, une silhouette toute noire d’un enfant qui pêche, les jambes maigres écartées, se reflétant dans le miroir de l’eau. La tour carrée blanche qui ressemble à un phare, se reflète aussi. Près de la Piscine les jeunes du club de plongée font la queue. Un peu plus loin sur un balcon un déballage très artistique, bois flotté chemise blanche étendue, flotteurs de pêche attire mon regard. Mais je n’ose pas photographier chez les gens ! Un peu plus loin, à  la terrasse d’un café-crêperie, une table est occupée par des hommes en noir à la face patibulaire : des corsaires ? Ils portent des sabres sur le dos de leurs sweat-shirt, boivent du cidre à la bolée, sur une autre table tris femmes surveillent des petits qui jouent sur la plage. Une jeune femme trimballe un attirail de photographe, objectifs multiples et longs dignes d’une professionnelle, elle s’arrête et se prend en photo elle-même avec son téléphone.

Étrange ! Le soleil se couche derrière les arbres de la colline mais l’eau rougeoie comme il faut.

les remparts de Saint Malo –

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

 

les remparts de Saint Malo

9h30, les cloches appellent à la messe. Au café de la place Chateaubriand, résonne la Marseillaise pour la finale de rugby, les remparts sont à nous !

Le guide Gallimard, comme toujours, est précieux. Passant la Porte Saint Vincent,il nous raconte l’anecdote de la salle située dans l’épaisseur de la   porte, où l’on consignait les retardataires qui arrivaient en ville après le couvre-feu sonné par la cloche la Noguette.

les dogues de saint Malo

En bonnes enseignantes, nous réagissons : « la permanence ! » . L’histoire est  plus cruelle puisqu’on lâchait des dogues sur la plage contre les intrus Ces dogues sont sur la plaque d’égout devant la porte.

La place Chateaubriand est bordée par deux beaux hôtels, l’un d’eux, blanc au nom de l’auteur, en face, l’Hôtel de ville et le Musée sont logés dans le Château.De l’autre côté de la porte,se trouve le célèbre restaurant, La Duchesse Anne (menu à 79€ quand même,  champagne et foie gras).

Après avoir photographié  le portrait de Chateaubriand, nous montons pour le tour de remparts. De là, la vue sur les maisons est idéale, les hautes fenêtres aristocratiques des étages nobles, les deux étages de mansardes avec de confortables fenêtre aux chiens assis comme les petites fenêtres carrées. Les toits d’ardoises sont parfois tachés de lichens jaunes, granite et ardoise, l’unité de style est respectée même s’il y a des différences dans les hauteurs de cheminées.

La ville a été reconstruite après les destructions de la deuxième guerre mondiale, modèle de restauration. Tout en marchant je me demande quelle ville sera Saint Malo pour moi. La ville des corsaires ?avec Surcouf dont nous voyons le grand hôtel particulier et Duguet  Trouin dont la statue en pied se trouve en majesté à un angle des remparts. Ou la ville de Chateaubriand ? Celle des écrivains-voyageurs ? A moins que ce soit celle des bars à marin avec les enseignes peintes ?

Je m’amuse à regarder les belles demeures, les rideaux encadrant des salons luxueux.

Le guide Gallimard raconte que les évêques de Saint Malo entraient par la porte de Dinan, venant de Saint Servan. de La grande maison de Surcouf est situé en face.

Quelques marches nous mènent au terre-plein du Bastion de Hollande où se trouve la statue  de Jacques Cartier. Des canons sont disposés face à la mer, les enfants les chevauchent  et j’ai bien du mal à faire une photo sans un de ces figurants.

A marée basse : le Grand Bé et le Petit Bé

Sur la plage, des théories rejoignent les îlots du grand Bé et du  Petit Bé  découverts, à marée basse. Je descends des escaliers très raides pour me joindre aux pèlerins qui vont défiler devant la tombe de Chateaubriand avant que la marée ne remonte. Des écriteaux mettent en garde les imprudents à qui on  recommande de rester dans l’îlot si ce dernier est entouré d’eau. La chaussée est glissante, on monte ensuite une rampe. Le tombeau est signalé par une croix de granite. Grande simplicité, un bouquet de fleurs séchées, des coquillages alignés sur la pierre tombale.

UN GRAND ECRIVAIN FRANÇAIS

A VOULU REPOSER ICI

POUR N’Y ENTENDRE

QUE LA MER ET LE VENT

PASSANT

RESPECTE SA DERNIERE VOLONTE

Tombeau de Chateaubriand

La situation, en face de la ville, battue par les vents, est exceptionnelle. Les touristes posent devant la tombe. Je médite sur mon ignorance. Comme cet été, devant la maison de Thomas Mann à Nida, je me rends compte que je ne connais rien du célèbre écrivain. Les Mémoires d’Outre-Tombe était un titre  qui ne m’avait rien dit étant adolescente, depuis j’ai lu des extraits au cours de mes voyages et justement je me prépare à lire le Voyage d’Orient.

Bords de Rance et Malouinière

CARNET DU MONT SAINT MICHEL ET SAINT MALO

 

la Rance vue du parc du Chateau de Montmarin

Nous passons le barrage sur la Rance, et trouvons une plage à Le Minihic bien calme, un peu verdie par les ulves,  A la recherche  d’un coin pique-nique digne du menu : langoustines, avocat et gâteaux. Trois gamins jouent au rugby après le match, arrivent des véliplanchistes qui ont bien du mal à porter leur voile dans le vent jusqu’à l’eau.

sentier au bord de la Rance

De la plage du Goret, part le sentier côtier « domaine du piéton » qui monte à couvert sous des châtaigniers, des chênes et des frênes. Il est très bien entretenu, abrité par cette voûte d’arbres automnaux, le sol est jonché de feuilles ce qui demande une vigilance accrue. Il est peut être piégé par des racines cachées ? Le chemin en balcon ne reste jamais à niveau, des marches ont été pratiquées soutenues par des rondins, dès qu’on s’approche de l’eau, il faut remonter. Les promeneurs sont assez nombreux mais pas trop. . Cette promenade est délicieuse.  La Rance ressemble un  peu aux abers du Finistère-nord en plus doux et plus civilisé

Après les deux Pointes du Crapaud et du Thon, je descends à la cale sèche où autrefois on construisait des bateaux de bois, bisquines et gabares ou doris. Je découvre un restaurant chic à la cale de Jouvente, une Ferrari bleue est même garée devant. Bleue ? Cela n’a pas d’allure, une Ferrari doit être rouge ! Je retrouve D. à l’Anse du Mont Marin, jolie crique barrée par une construction en ruine : l’ancien moulin à marée et dominée par le château de Mont Marin.

Malouinière

malouinière architecture classique

Le château de Mont Marin est une Malouinière, gentilhommière construite par les armateurs de Saint Malo(1760). Le parc, tout à fait remarquable,se visite.

(6€) ouvert jusqu’au 31 Octobre.

La cour d’honneur est ornée d’un bassin de marbre blanc de Carrare aux sculptures originales. La façade est classique (Louis XV). Le parc comporte deux parties : un jardin « à la française » sur les terrasses, inchangé depuis le XVIIIème siècle, et un parc à l’anglaise créé vers 1885. Les hortensias, agapanthes dont s’enorgueillit le parc sont défleuris fin octobre mais les tapis de cyclamens roses à la base des grands arbres sont tout à fait merveilleux.  On descend par des pelouses jusqu’à la Rance.

tapis de cyclamen

Traversée de la baie du Mont Saint Michel au rocher Tomblaine

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

 

en passant par les prés salés, traversée d'un canyon glissant


8h15, enfin la confirmation de l’heure du départ avec le guide!

9h17 : lever de soleil éblouissant (malgré des prévisions médiocres), départ pour le Mont Saint Michel. Le GPS annonce 45km et 47 minutes. Le rendez vous est à 9h45, nous sommes déjà très en retard, la route longe la mer puis oblique vers la voie rapide à la hauteur de Dol de Bretagne,  jusqu’à Pontorson, ensuite on se traine dans les chantiers et les feux. Le guide m’attendra-t-il ?

9h52, les autres randonneurs sont en train de payer, j’ai préparé mes 12€, me voici prête.

Deux écoles dans le groupe : les pieds nus et les bottés. Je suis pieds nus. Dès la sortie du parking,  il faut maîtriser la glissade sur la tangue grise .  On traverse les prés salés. Les salicornes roses, les immortelles et les plantes halophytes ne sont pas trop dures sous nos pieds. Le pré est haché de petites rigoles, canyons qu’il faut traverser d’un bond. Pieds nus, c’est plus difficile de prendre son élan, et je crains l’atterrissage en terrain inconnu.

Cancale vu du sommet du rocher Tomblaine

Heureusement on rejoint la vase rapidement. Sur les bords de petites lamelles se détachent. Chaque marée laisse une feuille dans la mille-feuille varvé. Souvenirs de sédimentologie !  Des pelures se détachent en petits galets plats.

Cap sur le Rocher Tomblaine, à travers des étendues humides mais pas trop glissantes. Le guide rassemble le groupe pour nous raconter la Baie:

Les règles de sécurités tout d’abord.

Trois dangers guettent les imprudents : la marée, les sables mouvants et les lâchers du barrage destinés à chasser le sable autour du Mont. Il est donc très dangereux d’entreprendre seul la traversée,  D’autant plus que la rivière le Couesnon change son lit très fréquemment et que les itinéraires doivent sans cesse s’adapter.

Les sables mouvants sont traîtres dans le lit de la rivière, la noyade est presque inévitable alors. Le guide veut nous montrer ces sables mouvants : une lame de sable recouvre une poche d’eau. Sous le piétinement du groupe,  le sol se modifie, se liquéfie, on s’enfonce. Pour s’en sortir il faut faire des ronds de jambes ( ?) poser genou à terre  et même s’allonger pour répartir le poids et sortir ses jambes.

Ainsi  édifiés, nous formons un groupe discipliné qui attendra la permission pour traverser un cours d’eau et qui ne se dispersera pas.

sur la tangue

Les oiseaux sont peu nombreux. Quelques goélands se reposent. Au loin la tache rose du flamant échappé du zoo de Jersey qui s’est installé dans la baie. Une dame demande s’il y a encore des phoques. Une trentaine, ils se reposent parfois sur le banc de sable blanc qu’on voit au loin. Pour les observer il faut faire du kayak de mer.

11h30,  à la base du rocher de Tomblaine.

Moins haut que le Mont Saint Michel, il fut autrefois habité, par des moines de l’abbaye et même occupé par les Anglais au cours de la Guerre de Cent Ans, qui, chaque jour, à marée basse ils lançaient une expédition contre le Mont Saint Michel  imprenable, sauvé par la marée haute qui faisait fuir les assaillants.

L’ascension est délicate pour les pieds nus sur les rochers de granite rose d’abord puis sur un sentier tracé dans les ronces et les épines. La récompense au sommet est une vue étendue jusqu’à Cancale, les rubans de différentes couleurs font comme de la moire.

Le Rocher Tomblaine devrait son nom à une légende datant de Guillaume le Conquérant. Hélène et Simon de Montgomery s’aimaient. Leurs familles étant ennemies, ils se retrouvaient sur le rocher. Simon accompagna Guillaume en Angleterre mais périt à la bataille de Hastings. Hélène allait fidèlement l’attendre sur le rocher quand elle vit une procession passer de retour d’Angleterre. Là un soldat lui apprit la mort de son bienaimé. Hélène retourna sur le rocher et se jeta du sommet. On l’enterra sur place et on appela le Rocher la Tombe d’Hélène.

Retour direct sur le Mont

12h, retour  par le chemin le plus direct droit sur le Mont. On traversera à deux reprises le Couesnon et il faudra quitter les bottes et remonter le plus haut possible les pantalons. Six heures après la marée basse le barrage sur le Couesnon relâche l’eau emmagasinée à marée basse, les quantités déversées dépendent du coefficient de marée. Nous passons « en Bretagne » puis retournerons  «  en Normandie » puisque le petit fleuve est censé délimiter les deux provinces. Le Mont est Normand et porte les couleurs Normandes avec les deux lions jaunes sur fond rouge. Entre deux gués, nous affrontons une petite « tempête de sable » que j’essaie de filmer.

ripple-marks, plus loin le Couesnon

Le chantier

Le guide  sculpte dans le sable une maquette des travaux entrepris pour rendre le Mont à la mer et en faire une île en cassant la digue et en déplaçant les parkings. Une nouvelle digue se terminerait par une passerelle sous laquelle l’eau de la marée pourrait encercler le Mont.  Le courant, ainsi libéré, aurait pour effet de chasser le sable accumulé plus loin. Le déplacement des parkings à plus d’un kilomètre du Mont serait aussi du meilleur effet. Mais le guide est sceptique sur l’aspect écologique de l’opération. Une gare TGV serait à l’étude mettant le Mont saint Michel en liaison directe avec Paris. On espère doubler ainsi le nombre de touristes.

Bien mouillée, je me rechausse à la base des remparts du Mont. Le ciel s’est couvert. Nous piqueniquons au même endroit que vendredi sur le polder sous les premières gouttes de pluie. Pâté aux châtaignes, andouille de Vire et babybel.

Pour de très belles photos, aller voir le blog d’Aifelle que je remercie encore de m’avoir donné le lien pour le guide de la traversée.