Ségou -t.1 Les Murailles de terre – Maryse Condé

LECTURE COMMUNE EN HOMMAGE A MARYSE CONDE

C’est une relecture. Lu avant le premier voyage au Bénin. J’ai repris ce livre avec les souvenirs de nombreux voyages où se déroulent l’histoire et les développements géopolitiques actuels.

Une saga familiale

Ségou est au Mali sur les bords du Niger appelé ici Joliba. 

La saga de la famille de Dousika Traoré commence à la fin du XVIIIème siècle avec l’arrivée d’un blanc qui ne sera pas admis dans les murs de la ville. Dousika est un noble bambara, fétichiste, bien en cour, père de quatre fils. 

Son aîné, Tiekoro, se convertit à l’Islam et part étudier à Tombouctou. Son père ordonne à son frère Siga, fils d’une esclave, de l’accompagner. A Tombouctou, les deux frères ne sont pas bien accueillis. Tiekoro, musulman et lettré, devra faire ses preuves. Siga, rejeté par son frère, devient  ânier, puis gagne la confiance d’un marchand, qui l’envoie à Marrakech et Fès où il apprend les techniques des tanneurs et des maroquiniers. Il y rencontre Fatima, une mauresque, qu’il enlève pour l’épouser et fonde une famille. Sans rancune, il héberge Tiekoro et sa femme Nadié quand il vivra un revers de fortune

Le troisième fils, Naba, est razzié au cours d’une chasse et vendu comme esclave. Nous le retrouvons à Gorée, jardinier d’une signare, baptisé Jean Baptiste. Il suit une jeune esclave Ayodélé/Romana, au Brésil.  Elle lui donne trois enfants mais il va mourir mêlé à une rébellion. Romana rachète sa liberté et retourne en Afrique au Dahomey. Les Brésiliens (anciens esclaves au Brésil, catholiques ayant pris des noms brésiliens) forment une classe sociale très respectées à Ouidah. C’est là qu’aboutit après une longue errance le plus jeune fils : Malobali. Confondue par sa ressemblance avec Naba, Romana l’épouse….Olubunmi leur fils arrivera à Ségou, et la boucle sera bouclée.

Si vous avez peur de vous égarer dans tous ces personnages et ces noms, un arbre généalogique est prévu! Il n’est pas nécessaire, chacune des histoires se présente presque indépendante, l’une de l’autre. C’est un plaisir de suivre toutes ces aventures.

Géographie et histoire : 

Ségou, la ville et ses palais, est le centre du roman. C’est une ville commerçante, animée. Son roi, le Mansa, est au nœud des alliances et des équilibres politiques entre différentes ethnies, Bambara, mais aussi Peules et plus loin Touaregs, Haoussas. La conquête musulmane est au centre de l’histoire. Au début du roman, les musulmans ont déjà quelques mosquées à Ségou mais ils sont minoritaires. La 5ème partie du livre s’intitule « Les Fétiches ont tremblé » , le roi fait appel à une faction musulmane pour en combattre une autre. On voit plusieurs courants, plusieurs confréries,  certaines rigoristes combattant les plus tièdes. Le Djihad est en marche.

Du côté de la Côte Atlantique, catholiques européens mais aussi Brésiliens et protestants britanniques ou africains se livrent une belle concurrence. Les intérêts marchands et coloniaux sont transparents sous le prétexte religieux.

L’esclavage est aussi un thème fort du roman. Les esclaves sont partout. Pas seulement la Traite Atlantique racontée dans les pérégrinations de Naba et de Romana de Gorée au Brésil puis à Ouidah où on croise un curieux personnage, riche commerçant négrier Chacha. Cependant, les esclaves sont partout, du Maroc à Ségou. Esclave, la mère de Siga et Sira, la Peule, prise de guerre, concubine. A Ségou, des esclaves travaillent dans le champs, dont on ne parle pas. 

Maryse Condé n’a pas oublié les femmes, les mères et la plus majestueuse Nya. Elle n’en fait pas des objets de convoitise et de désir des hommes bien qu’ils se comportent souvent en prédateurs et violeurs. Chacune a sa personnalité, sa fierté même si , deux fois, cela aboutit à la solution affreuse de se jeter dans un puits. 

Maryse Condé est une merveilleuse conteuse qui m’a embarqué sur près de 500 pages qui se tournent toutes seules. Attention, roman d’aventure addictif!

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Arbre de l’Oubli – Nancy Huston

FEMMES

Depuis très longtemps Nancy Huston est une référence féministe et je me suis toujours promise de faire connaissance avec l’œuvre de cette autrice. Le billet de Jostein, et surtout le titre qui me rappelait Ouidah (Bénin) m’ont attirée.  Dès que je l’ai trouvé à la médiathèque, je l’ai emprunté. 

Ce livre féministe militant a tout pour m’intéresser :  l’Afrique et à l’esclavage, les études féministes et les clins d’œil à Sylvia Plath, Hélène Cixous, Luce Irigaray, Julia Kristeva et j’en passe…Diversité ethnique,  la Shoah avec les parents juifs de Joel, l’amie Haïtienne, au vaudou et à la santeria à Cuba, émeutes raciales à Baltimore, La GPA, toutes les thématiques que la droite qualifierait de « woke »!

Seulement, chacun de ces thèmes mériterait un roman! Mélanger le tout en 305 pages ne peut que donner le tournis à la lectrice qui souhaiterait qu’on s’arrête pour approfondir chacun de ces sujets. On saute d’un personnage à l’autre, d’une époque à une autre sans transition.

J’aime m’attacher à un personnage, le suivre… Je n’ai éprouvé d’empathie pour personne. Jenka, la mère juive, est caricaturale comme Eileen, la mère de Lili Rose. Lili Rose est peu sympathique, on se demande comment elle passe de son enthousiasme pour les bikinis à une thèse universitaire, des relations avec des adolescents plutôt ploucs au féminisme radical. Shayna ne m’a pas plus séduite non plus. Je n’arrive pas à  l’imaginer,  à part sa couleur de peau « marron » et ses rondeurs » là où il faut« , elle est peu incarnée. Le seul que j’arrive à suivre c’est l’anthropologue très calé pour décrypter les cérémonies préhistoriques, mais si peu perspicace quand il se promène avec sa fille métisse à Cuba qu’on prend pour une prostituée. L’enfer est pavé de bonnes intentions!

Ouidah, porte du non-retour

Malgré cette déception je vais continuer à lire Nancy Huston parce que ses thématiques m’intéressent.

Je chemine avec Angélique Kidjo

MOIS AFRICAIN

Angélique Kidjo à Bonneuil le 3 octobre 2021

Dimanche 3 Octobre 2021, Bonneuil, premier concert de la saison pour moi. Quel plaisir! quelle pêche! quelle ambiance! Tout le monde debout à danser, à chanter. Le 3 octobre 2020 à la Maison des Arts de Créteil, il y a tout juste un an, c’était aussi avec Angélique Kidjo que nous retournions au spectacle après le confinement (et avant le nouveau confinement) plus timidement, je n’avais pas osé me lever et étais restée soigneusement dans les distances de sécurité, bien masquée.

Deux concerts différents. Celui de 2020, était plus dédié à toutes les femmes : Myriam Makéba, Célia Cruz, Aretha Franklin j’avais été surprise de l’entendre chanter aussi bien en Anglais, qu’en Espagnol. Celui de 2021 fait suite à la sortie d’un nouveau disque : « Mother Nature » toujours féministe, mais plus concerné par le Climat et la Pandémie. 

J’ai eu envie de mieux connaître cette artiste et coïncidence : par la page Facebook du MOIS AFRICAIN j’ai trouvé le livre JE CHEMINE AVEC ANGELIQUE KIDJO que je me suis empressée de lire. C’est un livre d’entretien, questions/réponses (161 pages) menés avec Sophie Lhuillier.

Lecture facile, entretiens vivants suivant l’ordre chronologique où la chanteuse raconte son enfance au Bénin, enfance heureuse dans une famille qui l’a soutenue, elle parle de ses grands-mères, des femmes puissantes, de ses parents qui ont élevé leurs filles comme leurs garçons (ce qui n’allait pas de soi au Bénin à l’époque), qui l’ont soutenue dans son choix précoce de devenir chanteuse.

1983, arrivée au pouvoir de Mathieu Kérékou, Angélique Kidjo refuse de devenir chantre de sa propagande et préfère prendre la route de l’exil en France (elle est née avant l’Indépendance du Bénin, donc française). Là, elle découvre le racisme et doit recommencer sa carrière de zéro. Elle fera des études de chant, et surtout de très belles rencontres : son mari musicien, mais aussi des jazzmen, des musiciens en France d’abord, aux Etats Unis ensuite, même à Cuba et au Brésil.

En dehors de sa carrière (4 Grammy Awards), des concerts dans le monde entier Angelique Kidjo dit que « chanter est une responsabilité » C’est donc une artiste engagée qui sera ambassadrice de l’UNICEF et surtout s’engagera dans sa fondation BATONGA ONG œuvrant pour l’éducation des filles en Afrique au Bénin mais aussi dans d’autres pays d’Afrique. Engagement féministe, écologique, Angélique est une citoyenne du monde qui fédère toutes les cultures. Elle chante les musiques traditionnelles d’Afrique mais pas que. Elle retrouve les racines africaines de la Salsa, de la Soul, et se frotte aux musiques classiques contemporaine, avec John Cage, entre autres. Elle est là où on ne l’attend pas. 

Dans le bleu, Angélique Kidjo dans les écouteurs….

Et comme j’avais envie d’en savoir plus, de l’entendre à nouveau, j’ai vraiment cheminé avec Angélique Kidjo avec l’appli Radio France et les nombreux podcasts que j’ai pu trouver. 

Une journée particulière France-Inter : Sans le courage des femmes, le monde s’écroulerait CLIC

France Culture :  la grande table/ angélique Kidjo la voix de l’engagement CLIC /

Et il y en a eu beaucoup d’autres, pour le plaisir de la musique…..

Angelique Kidjo et Poundo à La Maison des Arts

LE PLAISIR DE LA MUSIQUE VIVANTE!

Angélique Kidjo sur scène

Ce concert, le 3 octobre 2020, il y a presque deux semaines a été ma première sortie à la Maison des Arts de Créteil depuis le confinement et c’est avec un plaisir immense que j’ai retrouvé la Grande Salle de la MAC. Distanciation sociale, un siège vide à ma droite, masquée, mais très très joyeuse et si ravie de retourner à la musique vivante, de sentir vibrer la salle d’impatience. C’est quand même autre chose que YouTube! 

En première partie, une surprise : Poundo, franco-sénégalaise a électrisé la salle avec une danse proche de la transe. 

Si la vidéo vous suggère du folklore des pagnes en wax, vous avez tout faux, lamé brillant et hautes cuissardes (qui tombaient mais cela amusait la danseuse!) et des talons vertigineux.

Angelique Kidjo est venue ensuite, magistrale! Elle peut tout chanter aussi bien les airs béninois que le boléro de Ravel. Cette fois-ci elle a choisi de rendre hommage(femmage cela ne se dit pas) à des grandes dames de la chanson internationale : Celia Cruz

Myriam Makeba

et bien sûr avec la salsa, il faut danser. Elle nous a encouragé à nous lever (mais gardez vos masques!) et même avec les distanciations obligées, il y avait une ambiance folle.

Quelle belle soirée!

Et nous voici à nouveau consignés à la maison avec le couvre-feu! Quelle rage! Que va-t-il se passer avec les autres spectacles de la MAC?  (nous avons pris des abonnements).

 

Frapper le fer – L’art des forgerons africains- Quai Branly

Exposition temporaire jusqu’au 29 mars 2020

Instruments de musique : cloches

Eblouie!

Quelle belle exposition!

Un panneau lumineux accueille le visiteur : en alternance les globules rouge et une éruption solaire : le fer rouge en fusion, rouge le minerai.  Rouge, le fer et le sang. L’art de travailler le fer est un don divin et dans certaines sociétés africaines les forgerons sont vénérés et craints.

herminette cérémonielle

L’exposition commence dans le domaine du cérémoniel et du sacré avec des lames cérémonielles. Ma préférée est une herminette surmontée d’un oiseau symbolisant la « hauteur de vue du chef » qui la possède (selon une conférencière qui guidait un groupe que nous avons suivi de loin). Herminette cérémonielle, aussi hache, faucille. Certaines œuvres sont prestigieuses.

faucille

On s’intéresse à la forge, enclume et marteau, parfois le même outil peut être les deux si on le brandit à deux mains comme une masse ou si on plante le manche dans la terre. Autre outil indispensable : le soufflet. Certains sont étonnants

deux soufflets

Une vidéo montre comment deux sacs de cuir actionnés à deux mains servent de soufflet.

Un masque yoruba (Nigéria) pour honorer les femmes ménopausées (mais porté par un homme) montre une forge

masque yoruba : forge miniature

 

Certaines réalisations sont très sophistiquées comme ce chandelier à lampes à huile avec 46 coupelles : arbre de vie hébraïque

chandelier à huile

Les forgerons fabriquent les outils agricoles comme les houes mais aussi des « outils » plus magiques comme ces crochets à nuages dogons , suppliques pour appeler la pluie  ou ces bouquets magiques en zigzag rappelant les éclairs

vase magique contenant des éclairs activateur de pluie

Les forgerons étaient ainsi en communication avec le monde surnaturel. Le Nommo dogon, voleur de feu rappelle un peu Prométhée.

masque dan

Une série d’objets d’interroge : des ceintures pelviennes, ceintures de chasteté?  protection ou parure. Elles devaient être drôlement inconfortables

Ceintures pelviennes

Quittant le domaine utilitaire, je reconnais les Asen que j’ai rencontré au Bénin, fon ou yoruba , ces plateaux portés sur des baleines comme celles d’un parapluie ils sont destinés à honorer un défunt décrivant sa personnalité

Asen

Forgés également nombreux instruments de musique comme les cloches ou les lamellophones.

Bien sûr les armes sont également présentes, lames de toute forme et même armes de jet aux formes tout à fait sophistiquées aussi belles que redoutables.

armes de jet

Enfin, il ne faut pas oublier les monnaies : les plus simples comme ces barres à section carrées ou les plus monumentales comme ces impressionnantes lames hautes comme un homme. Certaines étaient même utilisées lors des mariage, dot ou contrepartie.

Beaucoup plus qu’une exposition de beaux (très beaux objets) ouvragés, ciselés, ornés c’est une ouverture sur un monde surnaturel très étrange.

 

 

Le Bâtard de Palerme – Luigi Natoli

LIRE POUR LA SICILE

 Palerme :Quattro Canti
Palerme :Quattro Canti

Jubilatoire! 

Un très gros roman de cape et d’épée se déroulant surtout à Palerme, mais aussi dans la campagne sicilienne, justement sur les lieux où nous avons passé les vacances de Pâques 2016!

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Palerme, en fête, regarde partir les Espagnols en 1698 et accueille le nouveau roi de Sicile, savoyard. La ville est parée de tribunes, d’arcs de triomphe, des tapisseries pendent du palais royal, le spectacle est solennel. On savait festoyer en ce temps-là!

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Juillet 1718, une armada espagnole est de retour. Le roi savoyard a déçu la noblesse sicilienne qui regrette le temps où les Espagnols « dont l’oeuvre en Sicile se résumait à une formule simple : « faire de l’argent, enrichir le clergé et la noblesse, pendre le plus de monde possible et ne se préoccuper de rien d’autre… » 

Blasco de Castiglione monté sur une sorte de rossinante arrive dépenaillé, provoque en duel le prince d’Iraci,  corrige les valets des grandes familles. Il vient à Palerme rechercher un religieux qui connaît le secret de ses origines….

Batailles, duels, fêtes,  secrets de famille. Mais aussi intrigues amoureuses, rapt d’une religieuse, scandales et sérénades tournant au charivari nocturne. Intervention d’une société secrète les Beati Paoli. On ne s’ennuie pas un instant dans ce très gros livre qui me fait penser aux Trois Mousquetaires que j’ai dévoré il y a bien longtemps.

J’ai adoré cette lecture et n’attendrai pas longtemps pour lire la suite : il reste encore deux gros volumes!

Pirogues sur la lagune de Cotonou

 

3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

la mangrove

 

Nous prenons rendez vous avec Mattias, le petit piroguier, qui sert maintenant au restaurant . Il pleut, Mattias a couvert sa tête avec un sac en plastique noir.

Nous préférons attendre la fin de l’averse sous les paillotes de la plage.En saison sèche, la pluie est de courte durée.

La pirogue traverse d’abord la mangrove.

–    « quels sont les animaux de la mangrove ?» , je demande à Mattias.
–    « plein, des noiseaux comme poulets, comme perroquets »

La zoologie n’est pas sa spécialité !

 

sel de la lagune

Des femmes extraient le sel du sable  par un procédé tout à fait original. Elles remplissent de sable de gros paniers sur lesquels elles versent l’eau de la lagune : la saumure s’écoule par un petit tuyau dans une bassine que les femmes font bouillir sur des foyers de terre qu’elles alimentent avec du bois. Comme ce sont les vacances, les enfants apportent des petits rondins sur leur tête. On ne récolte le sel qu’en saison sèche. A la saison pluvieuse, les eaux monteront et inonderont la place.

sel de la lagune

Nous observons les pêcheurs ; l’un d’eux pêche à l’épervier et lance son filet d’un mouvement circulaire gracieux. Un autre se tient debout à la limite de la mangrove et attache son filet aux branches.
Deux femmes traversent à pied la lagune, leur fagot sur la tête.

Sur la plage, nous attendons Thimoléon qui doit me montrer des photos du chantier de Pobè. Il arrive avec son ordinateur portable. Malheureusement sans autonomie. Il faut attendre 7 heures pour avoir du courant à Helvetia. Moronikê ne met en route le générateur qu’à la tombée de la nuit. Au retour en France, j’aurai ses photos par mail. Nous discutons de la mise en route de la salle de lecture. Je lui montre comme modèle celle d’Essouhé.

Les vagues sont plus fortes que les autres jours. C’est marée haute. Peut être les grandes marées ? C’est aussi la fin de la saison de pêche. D’ici deux semaines, la pêche sera finie et les pluies commenceront. A la cuisine Moronikê et toute son équipe nettoient des barracudas grands et petits qui seront congelés. Ce soir encore il y aura du poisson au menu !

Dernières courses à Cotonou

3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

 

Centre Artisanal de Cotonou : djembé

Dernier jour de vacances.

Dernières courses avec Gilbert à Cotonou.

Nous cherchons une flûte africaine pour le conte de La Flûte-à-parler de Chantal Serrière que nous devons jouer en juin. Mais les flûtes ne sont pas des objets courants au marché artisanal. Nous allons de boutique en boutique. Bientôt tout le marché est au courant que nous cherchons une flûte. Nous finissons par en trouver plusieurs : la première ressemble plutôt à un sifflet et ne convient pas. Une autre a une forme bizarre et pas de trous. Cela doit être très difficile de souffler dedans, c’est plutôt un objet de musée, en plus elle est fendue. La dernière est une flûte de roseau tout à fait ordinaire que le vendeur prétend vendre à 6000F ; On paierait moins cher en Europe pour la même chose.

J’ai envie d’une petite chaise. Les touristes de Kpalimé en ont trouvé une qui m’aurait parfaitement convenu. Je m’assois dans toutes les chaises du marché artisanal avant de trouver celle qui est adaptée à ma morphologie. Tous les marchands m’en proposent. Enfin, je trouve le bon prix. Je ne rentrerai pas bredouille !

 

Enfin, nous achetons au marché Dantokpa un coupon de 12 yards de wax pour 11 000F, le juste prix. Je n’ai pas trop cherché l’imprimé le plus original mais après la recherche de la flûte nous n’avons plus la patience.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Essouhé à l’école et à la Bibliothèque scolaire

3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

A l’école du village : la « Pioche » des cadeaux

la pioche à cadeaux
la Pioche à cadeaux

Nous avons rendez vous à l’école pour la distribution de fournitures scolaires, stylos, gommes et taille crayons qui ont servi de décoration à l’arbre de Noël dans la classe de Dominique avec des petits bijoux, et même des footballeurs miniatures.

L’école est fermée pour les vacances mais l’Instituteur est venu rendre les cahiers de correspondance. Les enfants prévenus de notre passage, sont venus.

Comme à Pobè, on organise une « pioche ». Tous les objets sont étalés sur une table, les enfants se rangent à la file ; Je sors mon bandana bleu pour leur bander les yeux. De temps en temps, l’instit intervient en criant après les resquilleurs qui tentent de repasser une deuxième fois.

–    « On va faire une vue dehors ! »

 

la bibliothèque de Gérard

 

Gérard le bibliothécaire et son cahier

–    « on va à la bibliothèque ! On évolue ! »

Tous les enfants nous escortent. Symplice, l’ancien bibliothécaire,  a eu son bac et a laissé son poste à Gérard, 16 ans, en 3ème, qui tient impeccablement les cahiers de présence et des visiteurs. Il n’y a pas de cahier de prêt puisque la lecture se fait sur place dans une petite salle où trois bancs sont adossés aux murs.

Gérard nous tend une liste des ouvrages qu’ils souhaiteraient acquérir : c’est une très bonne idée. Pour les 6ème Tidjani Serpos, dont mes élèves ont lu un poème l’an passé à l’Unesco, 5ème L’Enfant Noir de Camara Laye, justement je voulais le faire lire aux  4ème
Les terminales souhaitent des livres de philo, entre autres Platon et Nietzsche mais aussi Les bouts de Bois de dieu d’Ousmane Sembene, que j’aime beaucoup et l’Aventure Ambiguë de cheik Hamidou Kane. J’ai mauvaise conscience : ce livre se trouve dans ma valise mais je ne l’ai pas terminé.

Les enfants prennent un livre dans le casier dévolu à leur âge, ils s’installent sur les bancs. Les dictionnaires ont la cote, les contes et les livres illustrés aussi. A la fin de la séance, une rumeur court qu’un élève a emporté un livre. Gérard rappelle toute la troupe, les fait aligner. Ce n’était pas vrai. J’admire l’autorité du petit bibliothécaire qui rêve d’être professeur de Français et qui nous confiera trois lettres pour ses correspondantes françaises, il y a deux ans j’avais également fait le facteur.

Pascal (CM1) aime aussi écrire, il a apporté une très jolie lettre.
–    « mais vous ne m’avez pas répondu ! » se plaint il une heure plus tard.
D s’exécute. La réponse de Pascal ne tarde pas. Malgré son jeune âge Pascal a le goût de la langue et se délecte de conjuguer au subjonctif.

Nous quitterons le village encombrées de nombreuses enveloppes.

Je suis amère. La salle de lecture de Pobè pour laquelle nous avons versé de grosses sommes reste une chimère tandis qu’ici, elle fonctionne à merveille. Les cartons contenant  des livres que nous n’avons même pas déballés là-bas auraient été mieux appréciés ici !
retour vers Helvetia

J’ai dormi sur la route du retour jusqu’à Comé.  Nous avons bu un rafraîchissement au joli bar rouge et blanc sur la route inter-état, traversé Ouidah et retrouvé avec joie la route des Pêches.
Retour à 16heures, nous aurons le temps d’aller à la plage.

On a pêché un baracuda énorme : au dîner il y aura des brochettes de poisson et des alocos.

Essouhé : petit matin au village

3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

petit matin au village

 

Au petit matin, la concession est tranquille

Les chèvres sont sorties de leurs enclos vers 6heures.
Leurs cris m’ont tirée du lit où je somnolais.

Au village,  la nuit est habitée de toutes les voix des tambours et des chants des cérémonies en cours (Sébastien dit qu’avec le progrès ils ont aussi des sonos, nous avons vu passer hier un mégaphone sur le porte-bagages d’un vélo). Nous avons été bercées par ces échos.

Les villageois se lèvent avec le jour. Je ne veux à aucun prix rater le petit matin à la concession. Les matins africains sont d’une douceur étonnante. Promesses de vie, comme une enfance. C’est aussi le moment d’une belle activité. Chacun profite des heures fraîches pour travailler, balayer encore, allumer des feux, nourrir les bêtes…

Les gens se promènent avec un bâton au coin de la bouche.

–    « C’est leur cure-dents », explique Sébastien, « on choisit une plante bien ligneuse, il n’y a pas d’arbre spécialisé dans les cure-dents. »

Moronikê, elle, prétend que c’est l’usage du cure-dents qui donne aux Béninois de meilleures dents qu’aux Européens.
– « Peut être », ajoute-t-elle, « le régime alimentaire pauvre en sucreries. »

 

la marchande de beignets

la marchande de beignets

 

7 heures, nous allons voir ce qui se passe de l’autre côté de la cour où les femmes ont fait un feu de bois. L’une d’elles est accroupie. Elle prend des petites boules d’une pâte grisâtre de farine de haricots  et de soja. Elle et fait frire des beignets dans une bassine d’huile.il y en a vraiment beaucoup.

–    « pour toute la famille ? »

A côté sont empilées de larges feuilles vertes de teck. Je m’assois sur un tout petit banc mesurant à peine dix centimètres de large et une douzaine de haut. On me dit qu’il supporte les postérieurs des Africaines beaucoup plus grosses que moi. Je m’adosse à un de ces piquets tordus des abris de chaume.

La cuisinière nous offre des beignets, légèrement salés, ils sont délicieux.

les beignets pour les petits écoliers

Une bande d’écoliers survient. Chacun prend une grande feuille verte et y met une poignée de beignet. La jeune femme met des pièces de monnaie dans le bol rempli d’eau où elle se lave les mains.

Je ne comprendrai que plus tard. Elle vend les beignets 5F l’unité. A l’heure de la récré elle ira vendre à l’école le reste. Nous allons chercher de la monnaie pour lui en acheter d’autres et payer ceux que nous avons mangés.