Apeirogon – Colum McCann – Belfond

LIRE POUR ISRAEL/PALESTINE 

Comment l’histoire vraie de Rami Elhanan et celle de Bassam Aramin est-elle passée sous mes radars?

Bassam et Rami en vinrent à comprendre qu’ils se serviraient de la force de leur chagrin comme d’une arme.

Bassam Aramin (left) and Rami Elhanan (right) – members of the Bereaved Families Forum

Deux pères endeuillés, Rami, l’Israélien, père de Smadar, 14 ans,  victime en 1997 d’un attentat de kamikazes et Bassam, le Palestinien, père d’Abir, 10 ans tuée par une balle à l’entrée de son école en 2007. Ces deux pères consacrent maintenant leur vie à raconter conjointement leur deuil plutôt que leur vengeance et militent pour la paix dans le cercle des parents. Histoire du combat pour la Paix. Histoire aussi d’une amitié. 

Cette histoire, seule, aurait valu la peine d’être lue, même brute, même sans fioritures littéraires. Surtout si, en plus, le livre évoque Nourit Peled-Elhanan, la femme de Rami, lauréate du Prix Sakharov 2001, aussi une Combattante pour la paix et son père Matti Peledgénéral, héros des guerres israéliennes, et arabisant, universitaire, protestataire, militant contre l’occupation après la guerre des Six Jours. 

 

Une biographie de Bassam, même littérale, aurait été passionnante. Vie quotidienne en Palestine, internement à 17 ans en prison, résistance par la non-violence. 

Toute la puissance d‘Apeirogon est justement d’avoir raconté leur histoire dans un livre des 1001 épisodes (il est aussi question des 1001 Nuits que les fillettes lisaient et du traducteur en Italien des 1001 Nuits, abattu par le Mossad).

Apeirogon : une forme possédant un nombre dénombrablement infini de côtés.[…]Pris dans sa totalité, un apeirogon approche de la forme d’un cercle, mais un petit fragment, une fois grossi,
ressemble à une ligne droite. On peut finalement atteindre n’importe quel point à l’intérieur du tout.

L’histoire de Bassam et de Rami se découvre entre les facettes de ce polygone, de ce livre de contes extraordinaires (et pourtant véridiques). Construction très habile , symétrique de 500 chapitres formant la première moitié du texte, tandis que le chapitre médian est numéroté 1001 et  le suivant 500 tandis que les numéros décroîtront. C’est cette décroissance qui m’a alertée sur l’aspect symétrique de la composition. 

souimanga de Palestine

J’ai beaucoup aimé l’évocation des oiseaux migrateurs qui empruntent le couloir aérien au dessus de la vallée du Jourdain. Oiseaux qu’on bague. Oiseaux de proie aussi, faucons capturés dans le désert et vendus sur le marché de Bethléem, histoire de Burton (1821-1890) explorateur et fauconnier. Des faucons on passe aux drones…Ortolans prisés par Mitterrand (là, je n’ai pas trop aimé).   Evocation aussi de la Conférence des Oiseaux jouée par Peter Brook dans le Sahara (je l’avais vu aux Bouffes du Nord). Oiseaux symboles de la Palestine Souimanga de Palestine ou Huppe loquace emblème d’Israël…

Certains de ces chapitres nous emmènent très loin dans des résonnances littéraires ou musicales. Evocation de l’expérience de la mort par Antonin Artaud à la Sorbonne dans son  essai Le Théâtre et la Peste. Chants d’oiseaux de Messiaen et partition 4’33 » de John Cage. Impossible de lister toutes les références culturelles, occasion de sortie mon smartphone pour chercher sur Google des images ou des vidéos. Parfois ces digressions nous éloignent du sujet; je m’agace un peu (qui trop embrasse mal étreint). Mais c’est toujours passionnant. Un regret l’histoire de Dalia Al Fahoum et de ses enregistrements des bruits de la Palestine, qui a disparu et que je n’ai pas retrouvée sur Internet. 

Ce livre m’a captivée, il est tellement riche que j’ai déjà envie d’y retourner.

Karitas – Kristin Marja Baldursdottir

LIRE POUR L’ISLANDE

Celui qui inspecte le vent ne sème jamais, et celui qui regarde constamment les nuages ne moissonne jamais/ Les femmes ne doivent plus laisser le vent entraver leur voyage. Elles l’ont eu dans le dos l’année où j’ai navigué autour du pays avec mes enfants et où la banquise n’a pas réussi à m’arrêter, je savais que le siècle s’était levé, notre siècle à nous les femmes. puis les femmes n’ont pas eu confiance en elles pour aller plus loin. Et elles se tiennent encore tranquilles, laissant le vent entraver leur voyage, mais toi Karitas, ne le laisse pas te faire obstacle. Le siècle des femmes est tout juste à moitié écoulé, tu partiras à Paris. Ce qui arrive a depuis longtemps reçu son nom, ce que les hommes doivent être est décidé et l’homme ne peut pas discuter avec Celui qui est plus fort que lui…. »

Un grand merci à Aifelle qui m’a recommandé cette lecture!

C’était exactement le livre qui me fallait autour de notre voyage en Islande!

Siglufjördur : les logements des saleuses de harengs

Commencé avant le départ, terminé après. Karitas et les autres personnages m’ont accompagnée dans mes visites. J’ai pris des photos des objets que ce livre évoquaient : machine à coudre, table pour saler le poisson, chambres des ouvrières du poisson sous les soupentes…..

C’est un gros roman, ou plutôt deux : Karitas, l’esquisse d’un rêve qui raconte l’adolescence et la jeunesse de Karitas, de 1915 à 1939 – 543 pages et L’art de la vie,  1945 à 1999, roman de la maturité où Karitas est une artiste reconnue. C’est donc une lecture au long cours, le premier tome vous entraînera tout autour de l’Islande.

ouvrages de dames?

La mère, veuve, quitte sa ferme en 1915 et embarque ses six enfants à la ville – Akureyri -pour leur donner une bonne éducation. Pour que les trois garçons aillent à l’école, la mère et les trois filles vont déployer toute leur énergie au travail dans le poisson, la couture, le tricot et la blanchisserie et tout le monde va réussir  à étudier. Karitas dont une dame a remarqué ses dons pour le dessin partira à Copenhague  étudier aux Beaux-Arts. Nous suivons ensuite les péripéties de Karitas, qui va saler le hareng à Siglufjördur (où nous avons vu le Musée du hareng), puis va aider sa sœur dans une ferme, suit un très beau marin qui lui fera 4 enfants. Comment être peintre quand on doit élever seule ses enfants? Parce que les hommes, en Islande, ont tendance à être absents, soit pêcheurs, soit marins au long cours, soit pris par la mer. Les femmes doivent gérer tous les travaux des champs de la ferme. Le roman raconte la  vie rurale et la solidarité féminine dans les régions les plus isolées.

Dans la première partie du 20ème siècle, la route circulaire que nous avons empruntée pour faire le tour de l’Islande n’existait pas. Les ferries faisaient du cabotage, ou on traversait les rivières glacières à cheval. Tous ces détails sur la vie des campagnes m’ont enchantée.

Reykjavik Laugavegur

En 1945, les enfants ayant grandi, Karitas peut se consacrer davantage à la peinture. Le deuxième opus de la saga y consacre une grande place. Karitas s’installe à Paris puis New York pour faire carrière et s’inspirer des tendances nouvelles des arts plastiques. Elle doit aussi se faire reconnaître comme artiste, pour une femme, ce n’est pas gagné. Dans  la maison de Laugavegur (une des rues les plus animées du centre de Reykjavik) où Karitas a son atelier, elle réunit autour d’elle une véritable communauté de femmes très diverses, Herma, sa belle-sœur allemande, Pia la pocharde, Karlina, femme simple, et les petites filles de Karitas. Comme autrefois à la campagne on voit la solidarité de ces femmes, la chaleur de leur intimité, tandis que les hommes, pris par leurs affaires sont des personnages secondaires. L’Islande se modernise, la campagne se vide, toute la famille se regroupe en ville.

On peut lire ce livre comme une saga familiale sur plusieurs générations, avec des amours contrariés. On peut aussi s’intéresser à l démarche de l’artiste. On peut aussi voir un manifeste féministe. Si j’ai surtout retenu la vie quotidienne et les paysages islandais, il n’est pas besoin de voyager en Islande pour apprécier ce gros roman.

Les petites chaises rouges/The little red chairs – Edna O’Brien

LITTÉRATURE IRLANDAISE

little-red-chairs

« Le 6 avril 2012, en commémoration de l’anniversaire du début du siège de Sarajevo, 11541 chaises rouges furent mise en rang le long des 800m de la rue principale de Sarajevo…. »

Le titre du livre fait référence à cette installation.

A Cloonoila, village de l’Ouest de l’Irlande, arrive Vladimir Dragan qui cherche à s’installer comme thérapeute alternatif, sexologue, poète également. Il séduit tout le village, même le curé ou la Sœur Bonaventure qui auraient pu s’effrayer de sa profession de sexologue. Au club de lecture, il donne une interprétation brillante de l’Enéide alors que la lectrice qui devait présenter Didon avouait s’être ennuyée. Il organise sorties naturalistes pour les enfants et poétiques pour les adultes.

Fidelma tombe sous le charme du thérapeute-poète. Mariée très jeune à Jack maintenant vieillissant, elle a perdu pendant la Crise sa boutique, se retrouve ruinée, sans enfants. Elle espère que la médecine alternative lui rendra sa fertilité. Soins alternatifs? ou plutôt adultère classique. Fidelma est bien enceinte des œuvres de Vlad. Comment avouer cette grossesse à Jack?

Coup de théâtre: Vlad est arrêté, sous le coup d’un mandat international de la Cour de La Haie. Fidelma agressée par des sbires balkaniques….La romance irlandaise prend fin, ainsi que la vie tranquille de Fidelma qui s’enfuit à Londres où elle se retrouve sans domicile, sans travail, parmi les réfugiés du monde entier qui y convergent.

Troisième acte : procès des Serbes génocidaires, Fidelma rejoint La Haie, assiste aux débats et demande des comptes à son ancien amant.

J’ai beaucoup aimé les deux premières parties, la vie dans le village irlandais accueillant de nombreux immigrés, où  la vie sociale semble si ouverte à la poésie et la musique. Je me suis attachée à la belle, mais si naïve Fidelma. Ses tribulations dans Londres m’ont émue et intéressée. En revanche, la troisième partie m’a semblé décousue. Après l’énumération des crimes et des horreurs commises par Vlad et ses troupes comment imaginer qu’il aura le moindre remords la moindre attention pour écouter ses malheurs. Comment imaginer un retour vers le village. La fin tragi-comique m’a semblé plaquée et artificielle.

Salomé – Oscar Wilde –

salome-couvertureJe me dépêche de rédiger mon billet avant d’ouvrir la session du MOOC d’Oscar Wilde, parce qu’après la conférence d’Aquien, je n’oserai plus rien écrire. (comme je sèche après les billets de Claudialucia que je ne lis qu’après coup).

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Que dire de cette jolie pièce?

Une salle de l’Exposition Oscar Wilde lui était consacrée,  belles illustrations de Beardsley , photos et vidéos, costumes, décors….

Étrangement , le personnage du prophète Iokanaan, Saint Jean Baptiste, prisonnier dans la citerne, m’a plus intéressée que Salomé, genre princesse gâtée à qui personne ne résiste. Les battements des ailes de l’ange de la mort, plus que la danse des 7 voiles, très théâtrale ( c’est l’inconvénient de lire une pièce sans la voir représentée). Pourquoi le tétrarque protège-t-il le prophète alors qu’il le couvre d’opprobre? Qu’est-ce qui le retient? Pourquoi est-ce si difficile d’accéder à la demande de Salomé?

salome-graphique

 

J’ai eu envie de relire Hérodias de Flaubert qui fait dire à Antipas :

– « sa puissance est forte…Malgré moi, je l’aime »

-« Alors, qu’il soit libre? »

Le Tétraque hocha la tête. Il craignait Hérodias, Mannaëi, l’inconnu…..

Encore une fois j’ai été envoûtée par la prose de Flaubert, la luxuriance des descriptions, la précision des détails. Après la lecture de Salomé de Wilde, j’ai été plus attentive aux imprécations de Iaokanaan, aux implications politiques et aux alliances du Tétrarque.

Le thème de Salomé ou d’Hérodias est loin d’être épuisé : il me reste la Salomé de Strauss, et l’Hérodiade de Mallarmé.

 

Oscar Wilde, l’Impertinent absolu – au Petit Palais

OSCAR WILDE EXPO AFFICHE

Comment réaliser une exposition pour présenter un écrivain?

Depuis quelques temps, Oscar Wilde m’intéresse, je me suis même inscrite au MOOC qui lui est consacré. Je redoutais toutefois une accumulation de manuscrits, lettres ou photographies anciennes. Ou pire! des pages et des pages d’exégèses sur des panneaux.

La mort et le sommeil portant Sarpédon
La mort et le sommeil portant Sarpédon

Oscar Wilde, le dandy, l’esthète, a lui-même mis en scène sa vie, ce qui a facilité la scénographie de l’exposition. Scénographie rythmée par ces citations ou aphorismes spirituels appropriés à chaque étape de son existence.

En introduction à l’exposition, le visiteur lit :

UNE BONNE REPUTATION. C’EST UNE DES CONTRARIÉTÉS A LAQUELLE JE N’AI JAMAIS ÉTÉ SOUMIS

ON NE DOIT JAMAIS FAIRE SES DEBUTS PAR UN SCANDALE. IL FAUT RÉSERVER CELA POUR L’INTÉRÊT DES VIEUX JOURS.

Plusieurs documents, photographie, de Sarah Bernhard ainsi qu’un sonnet manuscrit que Wilde lui a offert nous projettent dans l’univers de l’écrivain, théâtre, mondanité.…je découvre sa belle écriture régulière.

 

Dans la seconde partie, nous découvrons Wilde, critique d’art, sur un portrait de groupe à la Grosvenor Gallery, 1877. La plupart des tableaux ont des sujets mythologiques comme La Mort et le Sommeil portant le corps blessé de Sarpédon de William Blake Richmond, Orphée et Euridyce de Watts. Wilde était fasciné par Rome peinte par Heilbuth.

night and sleep
night and sleep

Sous Night and Sleep d’Evelyn de Morgan on peut lire le commentaire de Wilde. J’ai aussi aimé le tableau Préraphaélite de Stanhope, Love and the Maiden, la Renaissance de Vénus de Walter Crane…

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1882 : conquête de l’Amérique

S’AIMER SOI MÊME C’EST SE LANCER DANS UNE BELLE HISTOIRE D’AMOUR QUI DURERA TOUTE LA VIE

L’écrivain , déjà célèbre, y fait une tournée de conférences.  A  cette occasion le photographe Napoleon Sarony tire une série de portraits dont celui de l’affiche de l’exposition. La citation introduit ces photographies ainsi que des caricatures et même des cartes publicitaires qui utilisèrent la figure de Wilde pour vendre un peu n’importe quoi.

Paris-Londres (1883-1889)

LA DANSE MAURESQUE

Reçu par Victor Hugo, rencontrant Verlaine, Paul Bourget, Gide, Wilde est introduit dans la société littéraire parisienne. Dans cette salle une vitrine consacrée à sa famille nous montre sa femme Constance et une lettre à son fils Cyril. Un panneau de Toulouse Lautrec décorant la baraque de la Goulue, la danse mauresque illustre cette période.

Les années créatrices (1890-1895)

IL N’EXISTE PAS DE LIVRE MORAL OU IMMORAL. UN  LIVRE EST BIEN ECRIT OU MAL ECRIT. UN POINT C’EST TOUT

 

LE PUBLIC FAIT PREUVE D’UNE TOLERANCE ÉTONNANTE. IL PARDONNE

salomé

 

Salomé

 

 

 

Salomé pièce écrite en français, a l’honneur d’une piece à elle-seule. Au sol sont projetés les deux films de Charles Bryant et d’Al Pacino. les illustrations de Bearsdsley : 17 estampes sont de toute beauté

J’ADORE LE THÉÂTRE, IL EST TELLEMENT PLUS VRAI QUE LA VIE

Le Procès, la prison et l’Exil (1895-1900)

VIVRE EST LA CHOSE LA PLUS RARE AU MONDE. LA PLUPART DES GENS SE CONTENTENT D’EXISTER

Une vitrine montre les éditions des oeuvres publiées après sa sortie de prison signées C.3.3 ou même « L’auteur de l’éventail de Lady Winthermer »

Un grand portrait d’André Gide qu’il a rencontré quand Gide avait 22 ans et qui lui est resté fidèle.

NOUS SOMMES TOUS DANS LA BOUE. MAIS CERTAINS D’ENTRE NOUS REGARDENT LES ETOILES

 

 

 

 

Castletown House

CARNET IRLANDAIS  

Castletown
Castletown

Bryan, notre logeur,  nous a recommandé Castletown House à Ceilbridge accessible à 20 minutes à pied du gîte, mais au moins autant en voiture puisqu’on ne peut pas traverser Hewlett Packard et qu’il faut prendre l’autoroute à la sortie 5 et sortir à la Sortie 6.

Construit en 1722, pour le Parlementaire William Conolly (1662-1729) réputé l’homme le plus riche d’Irlande qui a fait fortune sur des terres des partisans de Jacques II. Deux architectes sont dessiné le château, l’Italien Galilei et Pearce qui introduisit les style palladien en Grande Bretagne.

C’est un grand château gris, sobre, régulier allégé de chaque côté par une galerie à colonnes incurvée. Plutôt que de s’étendre sur Conolly, la conférencière fait le portrait de deux femmes Katherine, la femme de Conolly et lady Louisa après elle, deux femmes qui restèrent sans enfants et consacrèrent l’essentiel de leur temps à leur intérieur et au parc, ainsi qu’aux bonnes œuvres auprès de la population environnante. De nombreux portraits de famille illustrent les propos.

Blanche entrée (18ème) avec des stucs et un escalier extravagant (si aérien qu’on préfère ne plus y monter de crainte qu’il ne s’écroule). Puis nous traversons des pièces plus ou moins meublées.

L’histoire de cette famille n’est pas l’aspect le plus intéressant de la visite. La conférencière explique les rénovations. La Chambre rouge toute tapissée de soie mérite bien les soins qu’on lui prodigue. Des sachets transparents contiennent la poussière extraite de l’aspirateur, de petites éponges pour maquillage servent à tamponner la tapisserie, une gaze aérienne rose panse les déchirures. Des échantillons de soie tissés spécialement à Lyon reproduisant les motifs d’époque seront utilisés our les rideaux assortis.

Print room
Print room

Une pièce est surprenante : la Print room tapissée de gravures, un peu comme les posters actuels, suggère la guide.

Salle de réception style pompéien
Salle de réception style pompéien

La grande salle de réception de style pompéien, mais dans des tonalités de bleu est de O’Reilly (1770).

Bryan nous a parlé trop tard de Castletown, tous les dimanches on y donne des concerts. Nous aurions été ravies d’y assister.

Dernier soir, on boucle tôt les valises. Demain,25 réveil à 4h50 !

 

 

 

 

Dublin : Château – Christchurch – National Gallery

CARNET IRLANDAIS  

Chateau de Dublin : tour médiévale
Chateau de Dublin : tour médiévale

Je descends du 66b sur les quais de la Liffey dès que j’aperçois les toits du château.

On visite individuellement les cours et jardin ainsi que les appartements d’Etat. La visite guidée est tout à fait recommandée, elle permet d’accéder aux fondations médiévales – même vikings – et d’entrer dans la chapelle. Le château est un ensemble assez hétéroclite : une grande cour géorgienne (18ème siècle) pavée entourée de bâtiments symétriques avec fronton et colonnes, un clocheton élégant. Dans la cours du bas, il y a la d’un côté, la tour médiévale et la chapelle néogothique, en face un bâtiment géorgien, un immeuble moderne ferme la quadrilatère.

Chateau de Dublin : cour géorgienne
Chateau de Dublin : cour géorgienne

En attendant l’heure de la visite, je découvre seule les jardins contemporains. Le parterre central est circulaire et décoré d’entrelacs à dessin celtique. Là, se trouvait un étang noir Dubh Linn qui a donné son nom à Dublin. Dans un coin se trouve un mémorial aux victimes des guerres civiles. De l’autre côté du jardin, j’entre dans la Chester Beaty Library où on garde des livres anciens précieux. En ce moment se tient une exposition de Corans précieux. Accueil sympathique, entrée gratuite, mais je n’aurai pas le temps de la voir.

La visite est menée rondement. Patricia, la guide, marche vite, parle vite, elle a beaucoup de choses à raconter. De la forteresse construite en 1204 par Jean D’Angleterre (Jean Sans Terre 1167-1216), il ne reste que la Tour ronde et les fondations d’une poudrière que l’on découvre dans les sous-sols. Les archéologues découvrirent même des vestiges vikings, ces derniers construisaient de bois et ont laissé peu de traces, des peignes et des pinces à épiler. Les fondations sont entourées d’une eau verdâtre qui provient de la rivière Poodle maintenant enterrée.

Château de Dublin : chapelle néo-gothique
Château de Dublin : chapelle néo-gothique

Depuis Jean Sans Terres, le château fut le siège du pouvoir anglais délégué à des vice-rois. En 1535, le Parlement Irlandais reconnu Henry VIII comme chef de l’Eglise Irlandaise. La chapelle néogothique (début 1800) rénovée récemment est passée du rite anglican au rite catholique pur être dé- consacrée pour restauration finalement. Elle est utilisée maintenant pour des concerts, expositions et même événements plus frivoles. Les boiseries de chênes sont magnifiquement sculptées, aux armes des différents vice-rois.

Dans un coin de la cour, un panneau signale que Bram Stoker a travaillé dans les bureaux situé dans le bâtiment géorgien.

Appartements d'Etat : salle
Appartements d’Etat : St Patrick’s Hall

Les appartements d’Etat s’ouvrent dans la cour supérieure. Cette cour occupe l’espace du château médiéval qui a été détruit lors d’un incendie. Le Château de Dublin est un « working castle », encore en fonction ; c’est le lieu des réceptions officielles. La semaine dernière François Hollande y est venu. Avant lui, Nelson Mandela, Kennedy, et la Reine Elisabeth.

St Patrick’s Hall : grande salle de balle tendue de bleu et or ; pavoisée de drapeaux. Patricia nous montre  La Harpe celtique – symbole officiel de l’Irlande . Le trèfle irlandais est le symbole de Saint Patrick. Guinness qui est une institution à Dublin a aussi choisi la harpe mais inversée.

Dans la salle à manger, la table est dressée comme pour un dîner officiel avec la « porcelaine d’Etat », blanche, très fine très sobre avec pour seul décor une harpe. Le vice-roi ne présidait pas en bout de table mais au milieu avec le dos à la cheminée pour mieux participer aux conversations.

Appartemetns d'Etat : drawing room
Appartemetns d’Etat : drawing room

Dans la Salle du trône, les dimensions du trône sont imposantes, construit pour le roi George IV qui avait une stature hors norme. Pour Victoria on a imaginé une sorte de tabouret rembourré pour lui permettre d’y grimper et de trôner en majesté ;

La Drawing Room, pièce des dames est la plus élégante. J’ai longtemps été étonnée par cette appellation ; « Drawing » m’évoquer des dessins. Pas du tout cela vient de withdraw = se retirer. A la fin du dîner, les hommes restaient fumer, boire, discuter politique et affaires, les dames se consacraient à des activités plus frivoles. L’histoire du château de Dublin se confond avec celle des rois et reines d’Angleterre, entre Stuart et Orange, succession des George, règne victorien…

Il faut aussi imaginer que le château fut transformé en hôpital pendant la Première Guerre Mondiale.

On commémore cette année le centenaire de la Révolution de 1916. Une exposition occupe plusieurs salles du château avec des panneaux illustrés. Patricia nous explique que la dernière exécution, le 12 mai 1916 de James Connolly retourna l’opinion publique qui, au début du soulèvement était tiède : de nombreux soldats irlandais se battaient dans l’armée britannique en guerre.

Le Château est un lieu symbolique de l’Indépendance Irlandaise : deux photos sur le mêm bureau se font face celle de Michael Collins qui reçu les clés du château des mains de Lord Fitzallen, dernier vice-roi. Cette semaine Theresa May vient à Dublin parler du Brexit. Les Irlandais se sentent très concernés par la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne : la frontière avec l’Irlande du nord va-t-elle être rétablie ?

Christchurch

Christchurch
Christchurch

Christchurch se trouve à proximité du château. Après la longue visite guidée, je n’ai pas très envie de faire une visite exhaustive. Le prêtre est en chaire, ce n’est pas l’heur pour le tourisme. L’office se termine. Le Pasteur serre la main de ses ouilles et celles des visiteurs. Encore une église commencé avec le style roman terminée gothique, beaucoup remaniée au 19ème siècle. La crypte est impressionnante avec ses gros piliers. Elle est transformée en musée fourre-tout. Costumes d’époque. Audiovisuel racontant l’histoire de l’église (intéressant), un panneau détaillé racontant la Bataille de la Boyne (je commence à mieux comprendre). Comme le château, siège de la vice-royauté, Christchurch est la Cathédrale anglicane. Je devrais visiter Saint Patrick !

Déjeuner fish&chips

Fish & chips
Fish & chips

Pour déjeuner, sur Dame str., Il y a l’embarras du choix, pubs traditionnels, fast food, restaurants exotiques du monde entier. J’entre chez Beshoff : à Howth j’avais remarqué les dizaines de personnes mangeant dans le jardin des frites dans de jolie barquettes ou se promenant avec des sacs Beshoff. Il sert des Fish&chips mais également des moules ou des fruits de mer à la place du poisson. Beshoff de dame st. fonctionne comme dans la restauration rapide : on commande au comptoir mais on n’attend pas debout ; on emporte un numéro, on choisit sa table et la serveuse arrive avec les couverts et un plateau de bis rappelant une caisse à poissons. Les frites sont artisanales, grosse, irrégulières, savoureuses. Le cabillaud est délicieux et la friture légère.

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J’ai envie de voir la peinture irlandaise de la National Gallery. Bâtiment moderne très clair, ouvert à tous. Je suis encore surprise de ne trouver ni contrôles de sécurité ni billetterie. Dans le hall Bernard Shaw en pied (et en bronze) nous accueille. Malheureusement les salles de peintures irlandaises ne sont pas accessibles aujourd’hui. Je ne découvrirai pas les peintures de l’autre Yeats (le peintre, frère du poéte). En revanche il y a un Picasso à côté d’un Braque, plus loin Seurat etc…la peinture française est bien représentée ?

Retour par le 66b sous la pluie battante.

Vallée de la Boyne (2) Trim Castle

CARNET IRLANDAIS 

Trim castle
Trim castle

Trim est une petite ville plutôt qu’un village. Une haute tour dont il ne reste qu’un pan se détache, dominant le centre-ville. Mais ce n’est pas le château : imposant donjon entouré de remparts, il a servi de décor au film Braveheart.

_ »voulez-vous la visite libre des extérieurs ou la visite de la tour ? »

La visite guidée étant à 17h, je me contenterai des extérieurs à regrets puisque je n’apprendrai presque rien sur l’histoire du château ?

Le donjon a une architecture passablement compliquée avec un plan cruciforme, il est entouré de multiples dépendances, remparts, tours, barbacane. A son pied coule la rivière Boyne Le chevalier  normand Hugues de Lacy commença sa construction en 1170, il fut détruit et reconstruit au 13ème siècle et servit pendant les guerres de Cromwell ?

la Boyne et le château
la Boyne et le château

Le long de la Boyne partent 4 itinéraires de promenades. Le château est encore plus photogénique vu d’en face avec les roseaux qui ploient sous le vent et le courant ;

Verte promenade, instructive aussi : on a placé des panneaux illustrés racontant la vie du villages au temps médiévaux. Je passe au pied de la haute tour ruinée, près d’une arche de pierre, traverDSCN7730se un grand pré séparant Trim du village de Newtown( détruit depuis)autour de l’Abbaye dont il reste encore de hauts murs percés d’ogives gothiques. Je presse le pas, coupant à travers le pré. A peine suis-je de retour à la voiture qu’un déluge s’abat sur nous. Nous étions habituées au crachin irlandais, aux brèves averses mais pas à une telle violence.

 

Le retour par Summerhill et Kilcock est court, nous arrivons par l’ouest sur la M4 qui passe tout à côté d’Alensgrove.

 

 

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Vallée de la Boyne : Bru na Boinne

CARNET IRLANDAIS  

 

Newgrange
Newgrange

La vallée de la Boyne recèle de nombreux sites touristiques. Située à une cinquantaine de km au nord de Dublin. J’ai composé un circuit chargé : 3 tumulus aux environs de Newgrange, deux châteaux Slane et Trim.

Le GPS nous pilote sur l’autoroute M1 jusqu’à Drogheda où nous enjambons la Boyne sur un élégant pont haubané. La N51 passe tout près des sites mégalithiques d’après la carte. Pourtant les panneaux touristiques indiquent « Newgrange par Slane » qui parait illogique d’autant que cela fait longtemps que madame GPS a claironné « vous êtes arrivé » . A défaut de Newgrange, nous trouvons le panneau.  Dowth

 

Nous roulons dans un véritable tunnel de verdure. Un camion de foin a cassé des branches qui jonchent la route. revanche, un panneau indique le mémorial John Boyle O’Reilly qui est un poète (1844-1890), révolutionnaire irlandais,  mort aux Etats Unis. On voit le buste. Derrière le grand château la petite église en ruines entourée par le cimetière est sauvegardée par le curé qui lève une donation pour la restauration du site ,

DSCN9312 - Copie

Dowth

 

Le tumulus est difficile à voir dans le paysage. En C’est une des tombes de passages de la région de Newgrange du Néolithique (-5000ans). Le tumulus est couvert d’herbe, il est creusé d’une sorte de cratère. L’entrée des tombes est protégé par un grillage. Les fouilles ont été commencées en 1847, on n’y a trouvé que peu de choses, elles ont été visitées peut être au temps des Vikings. Il y a  peu d’explications, cette légende m’a enchantée :

Entrée du tumulus de Dowth
Entrée du tumulus de Dowth

« Tous les hommes d’Irlande commandés par un roi vinrent construire une tour s’élevant jusqu’au ciel. La sœur du roi  fit arrêter secrètement la course du soleil pour que le jour soit sans fin. Comme le temps passait, les Irlandais se rendirent compte qu’ils avaient été trompés. Le sort fut brisé quand le roi et sa sœur couchèrent ensemble. Le travail cessa quand l’obscurité tomba. On dit que Dubdd (obscurité) serait le nom de cette place. «

Des pierres décorées de pétroglyphes entouraient le tumulus. Je suis contente d’avoir trouvé celle qui porte sept soleils. Les pétroglyphes sont souvent décevants et difficile à trouver.

Cette visite solitaire et un peu inattendue me remplit de joie.

Comment mettre en scène la Préhistoire ?

Les sites sont souvent peu spectaculaires et peu lisibles par le profane. Je serais complètement passée à côté du tumulus de Dowth sans les explications. La mise en scène à Newgrange est maximale. Tout d’abord, le site est introuvable, il devrait se trouver avant Slane, près de la rivière non loin de Dowth alors que les panneaux routiers nous dirigent vers Slane puis sur une grande route. Le GPS n’y comprend rien et recalcule. Nous roulons depuis  vingt minutes. Arrivés à proximité du Centre des Visiteurs de  Brú na Bóinne, les sites sont invisibles !

Et pour cause, les trois tombes de passage Newgrange, Knowth et Dowth sont dans la campagne. Il faut prendre son billet et prendre rendez vous pur les navettes qui nous y conduisent. Le miens est à 13h15 alors que ne me suis présentée à 10h30 à la caisse.

Le Centre des Visiteurs est imaginé sur un plan circulaire : deux galettes de ciment et de verre légèrement décalées. Celle du niveau supérieur contient la billetterie, une salle de projection et les salles d’exposition, elles aussi rondes, sombres et aveugles. Celle du niveau inférieur contient la cafétéria, les toilettes et autres utilités.

Les vitrines illustrent les différents aspects de la vie au Néolithique et le travail des archéologues.

Petite Chronologie de la Préhistoire en Irlande

  • Les hommes ont colonisé l’Irlande il y a 8000 ans .av. JC
  • le début de l’agriculture (Néolithique est daté -4000 av JC -3800 av J.C)
  • . l’âge de bronze 2500 – 700av JC.
  • Les Celtes s’y installèrent autour de 600av JC.

Une salle s’attache au culte solaire (présumé) et aux figures et symboles des pétroglyphes : spirales, cercles avec ou sans rayons, triangles, diamants, zigzags. Ils sont variés et sophistiqués.

L’édification d’une Tombe de passage est figurée : une énorme pierre glisse sur des rondins tirée par de nombreux hommes.

On explique aussi les méthodes des archéologues : datations au C14confirmée par la dendrochronologie, palynologie, observation des squelettes. Des lésions aux chevilles et aux genoux peuvent être interprétées comme décrivant des postures (accroupi ou assis sur les talons), l’usure des dents, des minuscules particules montrent le régime alimentaire ; Un cas très curieux de trépanation  (l’orifice circulaire dans le crâne permettait aux esprits maléfiques de l’échapper), si l’os a repoussé c’est une preuve que la trépanation a été effectuée du vivant du sujet. La plupart des défunts ayant été incinérés, on a retrouvé très peu de squelettes. Les statistiques montrent que l’âge moyen des décès était entre 30 et 35 ans, personne ne dépassait 50ans. Peu de vêtements sont été mis à jour, les preuves indirectes (aiguilles) montrent que les hommes se vêtaient de peaux de bêtes.

Des vitrines mettent en scène la vie quotidienne : dans l’une d’elle on voit les arcs avec pointes de silex et pennes de corbeaux. Dans une autre, on a reconstitué avec les bruitages la vie dans une hutte. Une maquette représente le village et  la Boyne qui a attiré les hommes sur ses berges. Sur la maquette en vue aérienne on voit les nombreuses structures circulaires : tumulus en relief mais aussi traces des pieux des cabanes et enclos des animaux. L’agriculteur néolithique semble être un homme proche de nous (ou plutôt de la génération de nos grands parents, encore proche de la terre.

Vidéo

Pas de reconstitution redondante, c’est un document astronomique qui tente de démontrer le rôle du ciel dans l’orientation des tombes de passage. Les observations astronomiques d’époque seraient très précises : ils ont été capables d’orienter la chambre de telle façon que le soleil pénètre précisément dans le couloir pour illuminer les chambres. On imagine un culte solaire. On suppose que la lumière pouvait régénérer l’âme des défunts. On imagine aussi des processions aux équinoxes et aux solstices, des feux allumés, peut être ? Le solstice d’hiver est l’occasion de visites exceptionnelles à Newgrange pour voir le phénomène d’illumination de la chambre.

Visite de Newgrange

Pétroglyphes à l'entrée du tumulus de Newgrange
Pétroglyphes à l’entrée du tumulus de Newgrange

Les navettes partent de l’autre côté de la Boyne qu’on passe sans s’en rendre compte. Le parcours est sinueux, il semble qu’on ingénie à égarer le touriste (pour qu’il ne revienne pas seul ?ou pour le désorienter afin qu’il perde conscience du temps et de l’espace et se trouve en conditions pour un parcours initiatique ?). Les petits autobus à allure de jeep roulent sur des routes tout à fait ordinaires le modèle « aventure » fait-il partie de la mise en scène ? Les moins pressés peuvent rentrer à pied – 3 ou 4 km séparent les tumuli du Centre des Visiteurs.

Le tumulus semble tout neuf avec sa pelouse aussi bien tondue qu’un green, son parement de quartz blanc piqueté de gris, son revêtement de pierres grises alignées tout autour de la base. Tellement propre que suis incrédule. J’aimais mieux le monticule de Dowth qui se fondait dans le paysage. Souvenirs de Gavrinis et de Barnenez.

Le site a été découvert par hasard, intact. Il a été cartographié par Petrie en 1840. Au 20ème siècle deux campagnes de fouilles ont permis de le protéger des visiteurs indélicats qui avaient gravé leur nom et de l’étudier à nouveau. Une restauration trop complète par O’Kelly, donne une impression étrange d’un monument tout neuf, un peu comme celle d’Evans à Cnossos. Il a reconstitué son idée d’une tombe de passage.

Devant l’entrée, un mégalithe est abondamment décoré : 4 spirales d’un côté, 4 de l’autre et des ornements triangulaires ou carrés de part et d’autre d’une ligne arrondie en bas. La conférencière interprète ces symbole comme un plan du site, les ronds seraient les tumulus, les carrés les champs, les vagues en bas, la rivière Boyne.

Interdit de photographier l’intérieur. L’éclairage électrique rassure les claustrophobes mais il est trop intense à mon goût. L’éclairage d’une torche aurait suffi et aurait été plus mystérieux. La mise en scène du rayon lumineux tel qu’il éclaire au solstice d’hiver est impressionnante. Cela tient du miracle : attendre un an un rayon de soleil pour quelques minutes dans un pays si pluvieux que l’Irlande ! A Abou Simbel, cela a plus de chance de se reproduire ! Le couloir est bas mais la chambre ressemble aux tholos mycéniennes et aux maisons beehive de Dingle. Plan cruciforme : sur une dalle un bassin, y déposait-on les cendres d’un seul défunt ou exposait-on les cendres des morts de l’année avant de les inhumer ailleurs ? Beaucoup d’hypothèses, d’incertitudes, de rêve ?

Retour au centre à 15h30. Nous aurions dû arriver à l’ouverture pour visiter aussi Knowth.

 

Montagnes de Wicklow (2) Glendalough, Wicklow

CARNET IRLANDAIS

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Glendalough

3* sur nos Guides Evasion et Guide Vert. Incontournable.

Les parkings saturés modèrent notre enthousiasme. Nous aurions sans doute dû éviter le  dimanche. Glendalough est cher aux Irlandais parce que c’est le monastère de St Kevin, fondé au 6ème siècle. C’est un lieu empreint de religiosité : 7 églises, de nombreuses tombes, un pèlerinage…Le site est aussi d’une grande beauté avec ses deux lacs et son torrent dans une vallée encaissée entre des montagnes boisées.

Nous arrivons à l’heure du déjeuner : des cars attendent moteur tournant, des foules se pressent. Nous n’avons rien pour le pique-nique « C’est dimanche, on s’offrira le restaurant ! ». Dans la plupart des sites touristiques, il y a de jolie cafétéria. Ici, non ! Il y a bien un bel hôtel avec un bar. Trop loin pour Dominique qui préfère se contenter de chips. Je m’installe à la table la plus proche du bar et de la caisse, pensant être servie plus vite. Deux Italiennes viennent se joindre à moi, elles sont bavardes comme des pies. Ma soupe n’arrive pas. Quand elle vient, je l’avale brûlante. Ces soupes sont une bénédiction : 5€, servies avec de grosses tartines de beurre, elles réchauffent et calent bien.

la double arche où passaient les pélerins
la double arche où passaient les pélerins

Au Centre des Visiteurs, projection d’une vidéo sur les monastères et les moines depuis Saint Patrick, jusqu’à l’installation des Normands au 12ème siècle. Les  ermitages  étaient installés dans des lieux isolés, comme les îles ou  les montagnes.  Les  monastères les plus anciens, très frustes, ressemblaient aux villages fortifiés des Celtes : un enclos protégeant des maisons de pierre ou de bois. Les invasions des Vikings poussèrent les moines à construire ces très hautes tours rondes, tours de guet qui m’avaient étonnée à notre arrivée en Irlande. L’arrivée des Normands changea le style des monastères avec la construction des églises romanes puis gothiques comme dans le reste de l’Europe.

Après le film, toute l’assistance est conviée à une visite guidée. Fiona, la guide, nous conduit avec beaucoup de conviction sur les pas des pèlerins, passant sous la double arche de granite. Nous marchons parmi les tombes vers la haute tour (33m de haut) .  La porte d’entrée s’ouvrait à 3m du sol. Cette bizarrerie était un stratagème de défense mais peut être, selon Fiona, un moyen d’alléger la tour. Les moines guettaient les envahisseurs au loin. Ils avaient encore le temps de cacher ou d’enterrer leurs précieux manuscrits. Le cimetière étant encore en fonction, les archéologues n’ont pas encore entrepris de fouilles. Peut être des trésors gisent-ils encore sous nos pieds ?

St Kevin's kitchen
St Kevin’s kitchen

La Cathédrale est bien ruinée. En 1214, la création du diocèse Glendalough/Dublin a signé le déclin de Glendalough en faveur de la nouvelle capitale de l’Irlande.

La plus jolie église – la mieux préservée – est celle qu’on appelle Saint Kevin’s kitchen. Son nom provient de l’ouverture d’une trappe qui fait penser à une cheminée. Par association cheminée/cuisine….

Une averse s’est abattue lorsque nous étions dans St Kevin. La promenade au lac est compromise. Je retourne en courant au Centre des Visiteurs m’abriter et regarder l’exposition sur Saint Kevin, les manuscrits médiévaux et la maquette du monastère du temps de sa splendeur.

Les plages de sables de Buttas bay à Wicklow

Le parking de Buttas Bay est à l’arrière de la dune. La plage de sable et petits graviers s’étend sur des kilomètres. En face du container jaune et rouge des maîtres-nageurs, il y a quelques baigneurs hardis en maillot de bain. Il fait très beau mais la plupart des familles venues pour le dimanche à la plage sont restés en jeans et manches longues. La construction de château de sable est plus conseillée que la baignade.

Wicklow ruines de la forteresse normande
Wicklow ruines de la forteresse normande

Près de Wicklow, les plu beaux points de vue sur la falaise sont occupés par les greens d’un golf qui a quand même consenti à installer un petit parking pour que les non-golfeurs puissent voir la mer. Un discret escalier descend à une crique de galets et d’eau cristalline. J’éprouve une furieuse envie de me baigner, oubliant la fraîcheur.

Un château normand a été édifié sur une place-forte viking à l’entrée de Wicklow. Détruit en 1640. Quelques pans de murs restent de l’ancienne forteresse. Des canons beaucoup plus récents gardent la place.

Wiclow
Wiclow

Le port de pêche de Wicklow est abrité dans l’estuaire de la petite rivière  enjambée par un pont de pierre.