Rentrée littéraire 2020. J’ai trouvé la référence sur le blog de Matatoune.
Un voyage livresque à Budapest m’a tenté et la réflexion sur l‘Architecturem’intéresse! Il y a tout juste un an, à la Cité de l’Architecture, j’ai visité l’ExpositionOtto Wagner
J’aime beaucoup le style Art Nouveau que j’ai appris à connaître à Paris avec Guimard puis à Vienne, le mouvementSécession, à Riga, et dans nombreuses villes hongroises.
Le héros du roman, Lajos Ligeti, jeune architecte viennois, arrive à Budapest lors de l’inauguration du métro par François Joseph. Il entre comme apprenti au cabinet d’architecte d’ Ödön Lechner, le célèbre bâtisseur de l’Institut de Géologie, de la Caisse d’Epargne de la Poste de Budapest, du Musée d’Art décoratif et de nombreux édifices Art Nouveau en Hongrie. Il rencontre tous ceux qui comptent dans le mouvement de la Sécession hongroise. Je me suis promenée avec grand plaisir dans le Budapest du Millenium. Le fonctionnement d’un cabinet d’architecte est raconté: dessin des plans, choix du matériel, début de l’architecture en béton, mais aussi intrigues pour obtenir les commandes…L’auteur décrit en détail les bâtiments construits ainsi que les maquettes de ceux qui ne seront pas retenus.
La seconde partie du roman intitulée Le Chevalier raconte les succès du cabinet de Ligeti et de son associé Barnabas Kocsis, conducteur de travaux. Quand les commandes de prestige viennent à manquer Ligeti dessine des pierres tombales ou des immeubles de rapport. Ce dernier est même décoré et fonde une famille.
La chute viendra d’un projet pharaonique, un complexe industriel près de Prague. Jalousies et intrigues, nationalisme des tchèques dans l’Empire Austro-Hongrois qui va se déchirer – la Cacanie – Ligeti est juif, cela n’arrange rien. J’ai moins aimé cette partie qui fait la part belle aux tractations avec moins d’éléments concrets décrits. On visite à Vienne les réalisations d’Otto Wagner. On croise Egon Schiele, furtivement Belà Bartok.
Il ne s’agit toutefois pas d’un traité d’architecture, mais bien d’une fiction. Ligeti emprunte beaucoup à son maître Ödön Lechner (qui lui, est bien réel). Il y a aussi une histoire d’amour, un destin tragique. Le style un peu trop recherché de Greveillac m’a parfois agacée : on ne pend pas ses vêtements à une patère, on les append.
Une lecture qui m’a donné envie de revenir à mes photos de Hongrie, et à mes carnets Mitteleuropa.
J’ai gagné un joli cadeau à la dernière MASSE CRITIQUE une revue d’Art destinée « à toute la famille » . Illustrations de très bonne qualité et abondantes, plaisir de feuilleter encore et encore (et de retrouver la belle Simonetta que j’avais admirée dernièrement à Chantilly). Des chapitres courts et variés nous conduisent à Florence au Quattrocento, puis racontent l’apprentissage de Botticelli, comme orfèvre d’abord puis dans l’atelier de Filippo Lippi. Portraitiste , de beaux portraits illustrent la revue) . Il était une fois raconte les grandes œuvres religieuses, ou mythologiques. Nous entrons ensuite Dans l’atelier de Botticelli où les secrets de fabrication sont dévoilés : œuvres en série, assistants qui peignent les parties moins importantes du tableau. Grands et petits pourront s’essayer en suivant les conseils du maître dans la réalisation des drapés ou des boucles, et même point par pointréaliser un « poncif » en 6 étapes.
Et comme c’est une revue d’art : il y a aussi toute l’actualité des expositions importantes de 2020 (s’il n’y avait pas eu de confinement!). Je chercherai le autres numéros.
Et si vous cherchez un cadeau de Noël pour les petits et les grands, pourquoi pas un abonnement?
Je ne me prive jamais d’une visite à Giverny. Dès que j’ai découvert ce titre à la Médiathèque, je l’ai commandé (click&collect). Malheureusement, les scènes se déroulant à Giverny sont peu nombreuses et je ne profiterai guère du jardin de Monet. En revanche, on traînera dans un vernissage au Musée Marmottan-Monet avec le gratin snob et assez détestable. Puis l’action se transportera à Monaco où se prépare un mariage princier. Tout aussi kitsch et snob. Fin navrante sur une piste de ski improbable dans les émirats.
L’intrigue est légère : deux spécialistes de Monet disparaissent du diner mondain succédant au vernissage. L’une d’elles est retrouvée égorgée dans un sarcophage de bronzage (j’ignorais que la chose existât) ; la seconde sera enlevée à Monaco. Il sera question de la vente d’un tableau de Monet, peut être un faux. Wandrille, journaliste mondain, et sa fiancée Pénélope, conservatrice du Mobilier National (imbuvables) mènent l’enquête qui ne démarre vraiment que dans la seconde moitié du roman. Dans la première partie au charmant titre Des crocodiles dans les nymphéas, l’intrigue traîne et la lectrice s’ennuie, le livre manque de me tomber des mains.
Dans la deuxième partie, Les parfums de Giverny, il est plus question de Monet mais pas tellement de sa peinture, plutôt de sa fortune….la fin est plus réussie mais ce serait dommage de la raconter ici.
Spectaculaires statues de basalte, délicates sculptures de jade, haches polies, et même ballon de caoutchouc pour des jeux de balle rituels.
Découverte d’une civilisation dont j’ignorais jusqu’au nom.
personnages de jade (environ 12 cm de haut)
Malheureusement, en vacances scolaires, il y avait foule, des familles avec des enfants, des provinciaux en vacances….J’ai un peu bâclé la visite, incapable de prendre des notes et de me concentrer. Je me contenterai de faire une galerie de photos.
J’ai quand même noté que les Olmèques formèrent la première grande civilisation du golfe du Mexique datée de 1700 à 400 avant JC avec San Lorenzo et La Venta et Tres Zapotes pour capitale. La terre humide a digéré tous les matériaux organiques, le bois, les ossements, il ne reste donc que la pierre (et les balles en caoutchouc) ainsi que les pyramides d’argile.
Le jade que j’avais découvert à San Jose Costa Rica fut aussi associé à des objets cérémoniels symbolisant fertilité, eau et éternité. Il était extrait au Guatemala.
Plus récentes que les Olmèques, la civilisation Huastèque a aussi laissé des statues magnifiques, très sophistiquées de pierre volcanique ou de céramique.
Les expositions du Musée des Impressionnismes de Giverny sont toujours très intéressantes. Ce musée moderne est aussi très agréable, très discret contre la colline dans l’écrin naturel d’un jardin contemporain aux couleurs automnales, créé en 1992 par le paysagiste Mark Rudkin. Jusqu’en 2006, le Musée des Impressionnismes était le « Musée Américain » créé par le mécène américain Daniel J Terra et administré au décès de ce dernier en 1996 par la Fondation Terra que se retira de la gestion au profit de la Région Normandie et d’autres instances françaises. Cette exposition de la Collection Terra est, en quelques sortes, un retour aux sources.
Bricher : TLeCity of St Paul sur le Mississipi
L’Atelier de la Nature fait allusion à la démarche des peintres américains, comme plus tard les Impressionnistes de sortir des ateliers pour aller peindre dehors sur le motif. Cette exposition retrace un demi-siècle de peinture américaineaccompagnée de magnifiques photographies, toujours sur le thème du paysage.
Bricher : Hudson River at West point
Hudson River School regroupe les peintres Sanford Robinson Gifford (1823-1886), Martin Johnson Heade(1819-1904) Alfred Thomson Bricher(1837-1908). La peinture est loin de l’impressionnisme mais elle donne une représentation précise de la Nature. Le Crépuscule au Mont Hunter de Gifford, peint quelques temps après la Guerre de Sécession magnifie le paysage américain, les arbres coupés dans la clairière témoigneraient de la conscience (déjà!) de l’emprise de l’homme sur la nature.
Crépuscule à Mont Hunter (détail de la Clairière)
Whistler : l’art pour l’art « la nature n’a pas toujours raison »
Whistler : Variations en Violet et en vert
La section suivante est presque entièrement consacrée à Whistler (1834 – 1903),peintre américain, certes, mais qui a beaucoup voyagé et qui fut plutôt basé à Londres où il a peint ces variations en Violet et en Vert, plutôt japonisantes par le format vertical et surtout par les kimonos des femmes du premier plan. Japonisante aussi sa signature, un papillon dans un cartouche qu’il a également appliqué sur le cadre. Ce tableau est mon préféré de toute l’exposition.
Whistler : Battersea (lithographie)
Ces lavis brumeux subtils subirent les critiques de Ruskin il s’en suivi un procès en diffamation (1878) qui ruina Whistler. Whistler partit à Venise où il fit une série de très belles gravures
Whistler à VeniseWhistler : La Plage à Marseille
Les Américains à Giverny : Paysages d’émotion
Twachtman : Route près de Honfleur
La section suivante de l’exposition est beaucoup plus proche de l’Impressionnisme que nous connaissons. Les américains sont venus à Barbizon et peignent des paysages de Normandie ou de Bretagne.
Metcalf : l’Epte
Sept puis dix peintres américains s’installèrent à Giverny et peignirent le paysage de colline
Breck, à l’école de Monet a peint une série de meules : « Etudes d’un jour d’automne n°1 à 12″ : où trois meules se trouvent sous un éclairage changeant selon l’heure. Son tableau de 1892 Brouillard et soleil matinaux peint de retour en Amérique fut un succès
Breck : Brouillard et soleil matinaux
Une salle montre des série de tableaux fleuris colorés et plaisants mais qui n’ont pas retenu mon attention.
Une femme Lilla Cabot Perry s’installa à Giverny à l’hôtel Baudy et au fil d’une vingtaine d’annes et fréquenta Monet. Avec son mari critique d’art elle joua un rôle important dans la diffusion de l’Impressionnisme aux Etats Unis.
Lilla Cabot Perry
Cette exposition, très complète se termine par des tableaux plus modernes avec Chase et Homer
HOmer : Nuit d’été
Quant à nous, nous avons imité les peintres en déjeunant à l’ancien hôtel Baudry : excellent repas, nous pouvons recommander l’omelette (très bien garnie) et la salade landaise et la promenade dans le parc à flanc de la colline
Albrecht Altdorfer (1480 – 1538)de Ratisbonne , proche des humanistes fut le chef de file du « style du Danube » selon la présentation de l’Exposition. L’exposition chronologique commence par les Jeunes années et le style en formation où les œuvres d’Altdorfer sont mises en regards avec les maîtres qui l’ont influencé : Dürer (1471 – 1528)de Nuremberg, Cranach (1472 – 1553) Mantegna (1431 – 1506) et d’autres italiens.
St François recevant les stigmates et St Jérôme en pénitent
Ces deux petits tableaux de style miniaturistes sont exposé à côté de deux gravures de Dürer et de Cranach dont la composition est très voisine. Si Altdorfer s’est peut être inspiré de Dürer celle de Cranach est postérieure. De même une Vierge aux longs cheveux d’Altdorfer est très proche de celle de Dürer.
Le rêve de Pâris
A côté des sujets religieux, ou inspirés de la mythologie, comme Vénus et Cupidon ou l’Allégorie nettement inspirée par les Quatre Muses de Mantegna et le Rêve de Pâris, Altdorfer aime représenter des couples d’amoureux
Couple d’amants dans un paysage
Chastes amoureux dans un champ de blé
couple d’amoureux dans un champ de blé
Quelquefois, il est plus grivois avec ces lansquenets lutinant des amoureux
Deux lansquenets et un couple d’amoureux
A propos de lansquenets cela me fait penser à la Farnesina!
Lansquenets avec des plumes sur le casque aussi dans le cortège de Maximilien, oeuvre géante de 139planches, frise de 80 m de long;
cortège de Maximilien
j’ai adoré ces gravures ou dessins, parfois rehaussés de gouache. On pourrait rester des heures à observer tous les détails. Heureusement que les visiteurs qui doivent réserver un créneau de visite, Covid oblige, ne sont pas nombreux. Il y a même des gravures minuscules comme cette histoire sainte
Passion du Christ
habile dessinateur et graveur, Altdorfer est aussi peintre
Crucifixion
Peintre aussi de batailles (on pense à Uccelo)
Bataille de Charlemagne contre les Avars aux abords de Ratisbonne
Comme j’aurais aimé voir le chef d’œuvre de la Bataille d’Issos que livra Alexandre contre Darius. Elle est restée à Munich mais une étude détaillée sur un grand écran nous la fait connaître.
Altdorfer et Dürer ont aussi peint et dessiné des paysages ce qui était une nouveauté. mon préféré est ce Val D’Arco de Dürer qu’on peut contempler aussi longtemps pour découvrir les détails du village sur l’épaulement.
Dürer : Val d’ArcoAltdorfer : paysage
La présence d’épicéas est récurrente dans les paysage d’Altdorfer
Altdorfer : paysage (avec épicéa)
Une bien belle découverte que ce Maître de l’école du Danube! et une belle exposition avec en prime, Dürer, Cranach, Mantegna…26
EXPOSITION TEMPORAIRE AU MUSEE D’ART MODERNE DE PARIS
du 18 septembre 2020 au 10 janvier 2021
Cérémonie (1947)
Victor Brauner est né en 1903 à Piatra Neamt (Moldavie) pendant sa jeunesse roumaine 1920 -1925 à Bucarest il invente la picto-peinture avec Ilarie Voronca et subit l’infleunce de Cézanne mais aussi des cubistes
Brauner Portrait de Mme R.B.
Il arrive à Paris en 1925 où il fréquente entre autres Chagall et Delaunay. Il retourne à Bucarest où il expose puis reviendra à Paris en 1930 où il rencontre Brancusi, Giacometti et surtout André Breton et les Surréalistes. L’aventure surréaliste se poursuivra jusqu’en 1948 où il sera exclu du groupe .
Brauner dessin
L’exposition du MAM consacre une salle aux dessins de l’époque. Brauner dessine depuis l’enfance. Son tracé est très sûr et la technique éblouissante. Il se laisse entrainer par un dessin automatique analogue à la démarche des surréalistes.
Brauner : l’Etrange cas de Monsieur K 1934
On retrouve ce graphisme dans un tableau noir très étrange que j’ai bien aimé
Brauner : Débris d’une Construction d’Utilité
Dans les années 30 il adhère au parti Communiste clandestin et on peut imaginer une dimension politique dans la critique du fascisme
Brauner 1935 : Hindenburg
peut on imaginer une dimension politique dans la création de Monsieur K , une sorte d’Ubu dont il donne de multiples images
Monsieur KEtrange cas de Monsieur K la morphologie de l’homme
Certains tableaux font penser à de Chirico ou Dali
Brauner : La ville qui rêve
Autour de 1937, en tant que Juif et Communiste, Brauner se sent menacé et quitte la Roumanie pour Paris qu’il devra fuir dans l’attente d’un visa américain qui ne viendra pas. Brauner passera donc la guerre dans la clandestinité caché d’abord dans le midi puis dans les Hautes Alpes.
Une section de l’exposition est consacrée à ces années : Les Frontières Noires de la Guerre. Toute une série de tableaux sont sombres, peints avec les matériaux que le peintre trouve sur place : brou de noix, cire qu’il incise
Mais c’est aussi pendant les années de guerre qu’il sculpte le Congloméros sculpture anthropoïde, deux hommes et une femme mêlés, chimère hermaphrodite et désarticulée
Congloméros(plâtre) et la Palladiste(tableau)
En une nuit, Brauner dessine 50 dessins, esquisses préparatoires au Congloméros. En plus du Congloméros il invente d’autres chimères .
Tôt-in-Tôt la Grande Métamorphose
Après la guerre ses oeuvres sont plus colorées plus fantaisiste, mythologique. On dirait qu’il emprunte aux mythes égyptiens, azthèques ou africains motifs et couleurs.
Rencontre avec 4 chats du Monde
Brauner
Vers la fin de sa vie il combine sculpture et peinture en concevant de cadres très décoratifs. Des documents audiovisuels permettent d’entendre le peintre parler avec beaucoup d’humour de son oeuvre.
Christian Diorest natif de Granville (1905). La maison de famille : la villa des Rhumbs a été vendue à la suite de la Crise de 1929 et rachetée par la Ville de Granville qui y a installé un musée. La Haute Couture ne m’intéressant pas vraiment, je me contente de faire un tour dans parc fleuri. La roseraie n’est pas à son avantage en fin d’été caniculaire, les massifs sont colorés mais rien d’exceptionnel.
Le tour de la Pointe du Roc par le GR223
L’accès au sentier côtier au niveau du jardin Dior est provisoirement fermé, en travaux. Déception!
La Ville Haute
les remparts de Granville
Ville close dont je fais le tour des remparts en commençant derrière l’église Notre Dame, puis j’arrive à la Porte monumentale qui commémore le siège de 1793 et la défaite des armées chouannes. le Musée Historique est installé au dessus de la Porte de la Ville mais des fissures dans le bâtiment l’ont fait fermer au public.
Granville : la porte de la Ville haute
Cette ville de granite, enclose dans ses remparts, ville de corsaires me fait penser à Saint Malo . Les deux cités sont bien différentes ! Par la taille, d’abord. Granville ne présente pas le quadrillage et la symétrie des immeubles classiques de Saint Malo, Granville est bâtie de façon plus lâche, avec des maisons mitoyennes toutes différentes. Elle est moins sévère : les habitants de Granville ont posé des potiches, des jardinières fleuries dans la rue ce qui concourt à la tranquillité de la promenade. Le tourisme y est moins développé : pas de magasins de souvenirs ni de marques internationales de l’habillement planétaire. Seulement quelques librairies, des galeries d’art. Sur une place des terrasses de restaurants traditionnels, quelques cafés. C’est donc une flânerie tranquille dans des rues bordées de maisons à un ou deux étages sans prétention. Bien sympathique.
Le Musée d’Art Moderne Richard Anacréon
Il offre une visite très agréable. Richard Anacréon né et mort à Granville (1907 -1992) était un collectionneur et un libraire. Ami de Colette de Paul Valery, il fonde à paris en 1940 une librairie L’Originale fréquentée par Derain, Utrillo, Blaise Cendrars, Cocteau…..
Les collections permanentes offrent un aperçu de la peinture du 20ème siècle avec en plus un Courbet : Vue du Lac. Emile Bernard, des néo-impressionnistes, Vlaminck, Van Dongen, Kremegne, Derain,Lhote.…et d’autres que je ne connaissais pas.
Les expositions temporaires sont également intéressantes : un photographe Savitry (1903 – 1967 ) qui a tiré le portrait du Tout-Paris et surtout du Paris de la nuit, les portraits de Prévert et de Django Reinhardt m’ont plu. Montparnasse de 1930 à 1950, maintenant historique.
Exposition sur Colette l’intrépide dans laquelle j’aurais aimé passer plus de temps. Colette était une amie d’Anacréon et de Savitry.
Exposition temporaire du 18 septembre au 14 décembre 2020
la Récompense du Devin
Giorgio de Chiricoest né à Volosen Thessalie où son père, ingénieur a construit une voie ferrée de Miliès dans le Pélion jusqu’à Volos. Ce détail a son importance parce que les trains sont très présents dans les tableaux ainsi d’ailleurs que la figure du père. La mythologie grecque est aussi source d’inspiration pour le peintre : Centaures et Prométhée sont le sujet de tableaux de jeunesse (que je n’ai pas beaucoup appréciés) dans la première salle de l’Exposition, face à des tableaux de Böcklin rappelant le passage du peintre à Münich où il a étudié.
Peinture métaphysique(l’expression est d’Apollinaire et peut être philosophique quand De Chirico s’attache aux pas de Nietzsche à Turin. travail pictural, sur le temps, l’Eternel Retour, les arcades de Turin. De Chirico choisit comme décor une ville vide, intemporelle pour des figures énigmatiques.
De Chirico : la Nostalgie de l’Infini
« L’abolition du sens en art, ce n’est pas nous qui l’avons intentée. Soyons justes, cette découverte revient au polonais Nietzsche, et si le Français Rimbud fut le premier à l’applique dans la poésie, c’est votre serviteur qui l’appliqua pour la première fois dans la peinture. »Giorgio de Chirico 1919
De Chirico : La Conquête du philosophe
De Chirico arrive à paris le 14 juillet 1911. En 1913, il est découvert par Apollinaire, exposé dans la galerie de Paul Guillaume. Il rencontre Picasso.
Portrait de Guillume apollinaire – portrait prémonitoire avec la cible?
Une série de tableaux marque l’arrivée du mannequin
De Chirico : Le Voyageur sans fin
et le le Vaticinateur
Le Vaticinateur
Ce mystérieux personnage est un devin, un mannequin auquel le peintre s’identifie comme le laisse penser le tableau sur le chevalet représentant une ville en perspective. Le personnage adopte une improbable position : la tête de face, les épaules de 3/4, et les jambes de profil. Sa tête lisse porte un bandeau, un oeil unique, une cible, l’œil rappelle celui que les anciens peignaient sur les bateaux pour se prémunir du mauvais sort.
Ferrare : dialogue muet entre différents objets, absurdité?
En 1915; l’Italie mobilise, Giorgio de Chirico et son frère, le peintre, Alberto Savinio rentrent en Italie. A Ferrare, il va peindre une série de tableaux sur la Grand folie du monde
Ferrare : au centre un thermomètre, un poisson dans une boîte….
En 1918 les peintures de De Chirico font face à celles de Carrà et Morandi qui utilisent les mêmes figures du mannequin et des objets, même codes pour une peinture métaphysique
madre e figlio
la figure du mannequin peut aussi être une référence à la deshumanisation que la Guerre a causé, aux gueules cassées et aux prothèses pour réparer les dégâts du conflit.
Morandi
De Chirico peint aussi des intérieurs métaphysiques :
Intérieurs métaphysiques
La peinture métaphysique qui a séduit Bretonet les surréalistes s’arrête au début des années 1920, De Chirico choisit un retour à une expression plus classique. l’exposition ne rend pas compte de l’évolution ultérieure de la peinture de ce peintre qui vivra jusqu’en 1978.
Au contrôle des billets (électroniques) je demande où se trouve la Peinture Française. « Les salles du 2ème étage sont fermées, il faudra se contenter du 18ème et 19ème siècle » me répond le gardien.
Aile Denon, en haut de l’escalier de la Victoire de Samothrace, je trouve les Grands Formats. Deux galeries, rouge sang, rouge impérial, séparées par le Salon Denon sont dévolues à la Peinture de 1780 à 1850.
La première met à l’honneur David et son monumental Sacre de Napoléon 1er. Toile immense (621 cm x 979 cm) battues de quelques décimètres par les Noces de Cana, elle attire le regard et occupe le centre du mur. On ne voit qu’elle. je ne m’attarde pas, si l’épopée de Bonaparte m’intéresse, les fastes de l’Empire m’agacent.
David autoportrait
Autour et en face, le tableaux historiques et romains de David : Les Sabines arrêtant le combat( 1799), Léonidas aux Thermopyles (1814), Le serment des Horaces (1784), Les licteurs rapportant à Brutus le corps de ses fils (1789). Ces tableaux néo-classiques donnent une ambiance héroïque et martiale qui s’accorde avec l’épopée napoléonienne glorifiée par le Sacre. En traînant dans les coins, en s’attachant aux plus petits tableaux, je découvre un Sommeil d’Endymion de Girodet, avec un éclairage presque caravagesque et une ambiance pré-romantique. David se révèle également un excellent portraitiste Avec le Portrait de Pierre Sérignat (1795) et d’Emilie Serignat. Un peu de fraîcheur dans cette solennité romaine virile. La plus grande tendresse est apportée par l’autoportrait d’Elizabeth Vigée-Lebrun en compagnie de sa fille. J’ai aussi aimé l’autoportrait de David. Face au Sacre : la très célèbre Madame Récamier. Autant les scènes historiques, romaines et le Sacre me laissent froide, autant je suis touchée par David portraitiste.
Ingres Oedipe et le Sphinx
Plus avant dans la galerie, apparaissent d’autres artistes : Ingres et Gros. Ingres s’inscrit aussi dans la peinture antique avec Oedipe expliquel’énigme au Sphinx(1808) et avec le très grand tableau d‘Homère déifié. Bien sûr, sa grande odalisque est à l’honneur.
Je ne connaissais pas Prud’hon , l’Enlèvement de Psychéet La Justice et la Vengeance divine poursuivent le Crime(1806) se déroulent dans une atmosphère fantastique avec des gris sombres et l’éclairage de la lune.
Le Salon Denon, carré est décoré d’un plafond spectaculaire : au centre un médaillon sculpté est sans doute une allégorie de la peinture entouré de quatre fresques au coloris pastels réalisés par Charles Louis Müller (1863-1866) chacune glorifiant le règne de quatre souverains mécènes : Saint Louis avec la Sainte Chapelle, François Louis XIV et Versailles, 1er à Chambord et Napoleon 1er devant l’arc de triomphe du Carrousel.
Une boutique de souvenirs occupe la moitié du Salon Denon et détourne l’attention des visiteurs des tableaux exposés qui ne sont pas mis en valeur. Il faut dire que la Salle des Etats débouche en face et que les visiteurs de la Joconde se précipitent sur les cartes postales après avoir fait leur selfie.
Gros Bonaparte visite les pestiférés de Jaffa (détail)
La Galerie Mollien est la réplique symétrique de la Galerie Daru qu’on vient de quitter : même rouge sang, même disposition. Si la première tournait autour de David, dans la Galerie Mollien, Géricaultet Delacroixen sont les vedettes. Gros illustre les campagnes napoléoniennes, La visite de Bonaparte aux pestiférés de Jaffa, m’intéresse, j’aurais pu utiliser la photo pour illustrer Turbans et chapeaux de Sonnallah Ibrahim qui raconte cette anecdote ; cela me fait aussi penser à la visite à Beyrouth de notre Président(quelle coïncidence!). Son portrait de Murat chamarré aurait pu figurer dans mon billet relatant la visite à la forteresse aragonaise de Pizzo en Calabre où il a finit sa vie.
Gros Portrait équestre de Joachim Murat
Face à Murat par Gros, un autre cavalier, par Gericault : Cuirassier blessé (1814) personnifie les incertitude et la vulnérabilité après les revers de 1812.
Au centre, à la place d’honneur : Le Radeau de la Méduse symétrique du Sacre de la Galerie Daru. Célébrissime. je suis surprise par son aspect sombre (sale?). Ces couleurs sales dramatisent la tragédie, seul signe d’espoir, les chiffons blancs qui volent au vent. Signe d’espoir ou violence de la tempête? Sur le mur d’en face, très grand et nettement plus colorée la toile du Massacre de Scio (1824) . De l’Antiquité grecque et romaine on glisse vers l’Orientalisme avec la Mort de Sardanapale. (1827). Du néo-classicisme on a évolué vers le Romantisme. Les guerres napoléoniennes sont finies, l’héroïsme et les scènes de bravoures trouveront leur inspiration dans les guerres d’indépendance de la Grèce. Sardanapale vient d’ailleurs d’un poème de Byron.
Delacroix : massacre de Scio
Les Femmes souliotesde Scheffer (1827-1828) et la Prise de Constantinople par les Croisésde Delacroix(1840) sont de la même veine.
1830, La Liberté guidant le Peuple m’apparaît presque petite à côté des énormes tableaux napoléoniens.
Dante et Virgile aux enfers(1822) est exposée à côté de la Liberté. Pendant que j’essaie de cadrer avec mon smartphone la barque de Dante, passent deux personnages, père et fils habillés d’une harmonie parfaite de jaune rouge et noir, (belges ou allemands?) Papa porte en bandoulière un téléobjectif de photographe animalier. Et que vise-t-il? non pas la Liberté qui ne nécessite pas un tel équipement, mais son fils en plein devant le tableau, en masquant un bon quart. Chercher le spectacle dans les œuvres exposées, dans leur décor et aussi parmi les visiteurs!
1834 Les Femmes d’Alger, marquent les conquêtes coloniales.
Elacroix mort de Sardanapale
Jeanne d’Arc d‘Ingres et Suzanne de Chasseriau gardent la porte de sortie de la Gallerie Mollien. Nous parvenons alors dans un autre salon carré : Le Salon Mollien occupé par une belle cafeteria : self service avec les fenêtres qui regardent les Tuileries et l’Arc de Triomphe du carrousel. Côté cour et pyramide, une belle terrasse est installée au dessus du bassin et un petit jet fait un bruit rafraîchissant . Surtout, être à l’extérieur à une terrasse de café permet d’ôter un moment le masque. Qui sont les personnages géants debout dont je ne vois que le dos?