Le règne de Charles VII commence pendant la Guerre de Cent Ans. Jeanne d’Arc conduisit le roi à Reims pour le Sacre en 1429.
1435, le Traité d’Arras signe la réconciliation du Rois de France avec Philippe le Boon duc de Bourgogne
En 1453, fin de la Guerre de Cent ans après la Victoire de Castillon
Dans ce contexte politique et économique chaotique, les Arts se développent plutôt dans les Pays Bas bourguignons où les Flamands innovent avec la peinture à l’huile, et en Italie avec la Renaissance (perspective, retour à l’Antique).
Cette exposition suit celle du Louvre autour de la Vierge du Chancelier Rolin (1435) que j’ai vraiment beaucoup aimée.
Les tapisseries sont spectaculaires. ma préférée est celle des emblèmes de Guillaume de Jouvenel des Ursins, avec l’ours, sans surprise, et les acanthes qu’on appelle aussi des ursines.
De nombreux manuscrits enluminés sont présentés : Livres d’Heures, missels, mais aussi de Grandes Chroniques de France (1429) et les merveilleuses enluminures du Maître de Rohan
On peut « feuilleter » le manuscrit qui a été scanné : » tourner », les pages sur un écran. 3 gros parchemins reliés proviennent d’Italie, Plutarque, Vie des Hommes Illustre, Cosmographie de Ptolémée et une géographie de Strabon.
Jean Fouquet obtient le titre de « peintre du Roi » sous Louis XI mais il est déjà actif sous Charles VII dont il a peint le portrait. Il a aussi illustré le très gros ouvrage des Chroniques de Franceavec 31 miniatures.
Le merveilleux Retable de l’Annonciation peint par Barthélémy d’Eyck originaire de Liège mais Peintre du Roi René, a longuement retenu mon attention. la présentation de l’exposition avec des explications des détails permet une lecture symbolique passionnante. Chaque détail même infime a son importance, la chauve souris sous les chapiteaux comme le singe juste touché par les rayons de la lumière céleste.
N’oublions pas la sculpture. Coup de cœur pour les pleurants!
Contempler pendant deux heures un tableau (avec quelques autres) et ne pas en être lassée, le quitter à regret. Avoir tant de plaisir à le découvrir que les échanges se sont fait entre inconnus, envie de partager les découvertes, de s’étonner ensemble. Chercher avec les visiteurs le détail qu’on ne trouverait qu’avec de très bons yeux, le découvrir (ou pas) nous n’avons pas trouvé le lapin dans le jardin)…Telle est la grande réussite de cette exposition autour du chef d’œuvre de Van Eyck récemment restauré.
Il faut mériter cette visite après un haut escalier jusqu’ à la Salle de la Chapelle.
Face à l’entrée, en majesté, on remarque d’abord les deux personnages, la Vierge enveloppée d’un riche manteau rouge, Nicolas Rolin, agenouillé revêtu d’un riche manteau brun bordé de fourrure. Contrastant avec le rouge : le bleu du tissu drapant le prie-Dieu, et celui de la robe de l’ange qui tient la couronne. A travers trois arcades, un paysage limité par les Alpes enneigées.
Un circuit s’impose avant de revenir au tableau. Portraits de Nicolas Rolin, (1396 – 1467),personnage considérable: Chancelier du Duc de Bourgogne, Philippe le bon, que je découvre sur le parchemin. Le Duc est en noir et tout proche Nicolas Rolin. Nicolas Rolin est le fondateur des Hospices de Beaune
Une série de portraits de Van Eyck, Campin, Rogier van der Weyden, montre comment les peintres flamands s’attachaient à représenter les personnages ressemblants.
Une autre section montre des éléments d’architecture ; les chapiteaux de pierre de Corbie (Picardie) ou Moissac avec des entrelacs sont des éléments du décor présents dans nombreux tableaux comme la Présentation au temple de Jacques Daret (Daret est l’élève de Campin)
L’Annonciation de Jan Van Eyck m’a beaucoup intriguée. pourquoi l’inscription correspondant aux paroles de l’ange sont-elles lisibles et la réponse de la Vierge a les lettres inversées, retournées. Une dame américaine a trouvé avec son smartphone la réponse sur un site en anglais: les mots de Gabriel, à l’endroit, tandis que la réponse à l’envers sont destinées à Dieu. J’ai apprécié cet échange avec une visiteuse, vrai partage. Ensemble nous observons les 7 lumières de Dieu et le Saint Esprit (colombe) descendant d’un vitrail sur la Vierge.
j’ai mieux vu la colombe et admiré le soin des dessins du pavement.
Une section s’intitule : Deux fonctions pour un objet . De son vivant Nicolas Rolin transportait partout La Vierge, l’envers était peint d’un faux marbre coloré, véritable tableau abstrait. Après sa mort il devait être placé à côté de son tombeau.
Une 4ème section : Rencontre présente la confrontation d’un homme (ou une femme, ou le spectateur du tableau) face au divin. Divers procédés doivent montrer la différence : changement d’échelle ou vue au pieds de la Vierge, le spectateur est imaginé agenouillé. dans la Vierge de Lucques
j’ai bien aimé cette Vierge allaitante.
5ème salle Paysage : la paysage de la Vierge du Chancelier Rolin montre une grande ville avec de nombreux clochers, un château sur une île, au milieu d’une campagne prospère . Cette image de la prospérité m’a fait penser au Bon Gouvernement de Sienne. Le fleuve central fait ressentir la profondeur de champ.
6ème salle Jardin et Petits guides dans le tableau de la Vierge de Rolin on voit un jardin suspendu. Le thème du « jardin clos » est une image de la pureté de la Vierge. Dans ce jardin figurent des fleurs et des animaux (lapin, pie, paons) qui ornent aussi les marges des manuscrits de l’époque comme le Codex Cocharelli ou ce petit tableau de la Vierge au Paradis où l’enfant Jésus joue avec un psaltérion présenté par des anges. Les petits guides penchés au dessus des créneaux se retrouvent dans de nombreux tableaux
Il est temps de revenir au tableau de Van Eyck et, de le scruter pour chercher les détails : le jardin suspendu avec les fleurs et les oiseaux (pies), je n’ai pas vu le lapin pourtant cherché avec d’autres visiteurs. Les petits personnages des créneaux (petits guides) nous montrent le paysage. Celui qui porte un turban rouge serait-il Jan Van Eyck lui-même?
Pour une exploration du paysage une animation en macrophotographie nous permet de nous promener dans la ville à la sortie de la messe, sur le pont avec les nombreux personnages, souvent noirs mais égayés de rouge et de bleu (comme les dominantes du tableau). Des taches jaunes marquent la lumière, sur les clochetons, ou même dans les arbres. L’exploration du paysage s’apparente à une méditation. Promenade en suivant les petits personnages qui cheminent ou en admirant l’architecture des nombreuses églises….
Une conférencière cite le site Closer to Van Eyck qui donne des études de détail en macrophotographie d’autres œuvres du peintre.
Théodore Rousseau (1812 – 1867), peintre paysager, peintre de Barbizon, fut un des premiers à alerter sur la fragilité des écosystèmes forestiers et à militer pour la protection de la Forêt de Fontainebleau. Cette rétrospective Rousseau nous fait connaître le peintre que personnellement je confondais avec son ami Jean-François Millet et présente les peintres de Barbizon ainsi que leur action en faveur de la protection de la forêt.
Dès 1829, Théodore Rousseau renonce à concourir pour le Prix de Rome et partir en voyage, en Auvergne (1831), en Normandie (1831-1832) …
Un grand tableau fait face à la porte d’entrée : Le Mont Blanc vu du col de la Faucille grand tableau panoramique où se déchaînent les éléments. Il peint des paysages sur de petits formats selon diverses techniques
Ciels romantiques et éléments déchaînés avec d’épais traits de pinceaux sur lequel se détachent des arbres exécutés avec soin.
j’ai aussi bien aimé cette aquarelle rehaussée de gouache du Village en Normandie et le paysage d’Auvergne aux effets de brume romantiques rappelant un peu Turner. Quelques maisons, quelques personnages mais ce ne sont pas les sujets principaux dans un décor agreste.
Rousseau expérimente de nombreuses techniques, de nombreuses matières il associe dessin à la plume, pochoir, gouache, aquarelle parfois sur un même tableau comme cette étude d’arbre sous le vent
Rousseau prend les arbres comme sujet de sa peinture, il peint des troncs au sol. Il dessine au crayon Conté, au fusain, à la plume attentif aux détails. Plus tard à Barbizon, en compagnie des photographes il expérimente une technique hybride entre la photographie et la gravure : le « cliché-verre »
Rousseau se promenant dans la forêt a une illumination, il entend la voix des arbres. Il considère les végétaux comme des personnages. Autant les humains dans ses paysages sont minuscules, dérisoires, autant les arbres, surtout les chênes sont majestueux.
Avec ses amis artistes de Barbizon, et des écrivains, George Sand, Victor Hugo, Chopin…il se mobilise pour la défense de la forêt de Fontainebleau mise en danger par les autorités mettant en coupe rase la forêt, abattant les vieux chênes pour semer des pins pour le bois de chauffage et la construction. Pour les romantiques, les grands pins sont des monuments, des témoins du temps passé tandis que les pins sont des intrus. Ils estiment aussi que les aménagements touristiques sont aussi une menace. Dans l’exposition, don présente le guide Denecourt (1851 et c’est déjà la 5ème édition) et la carte de 5 circuits aménagés. En 1852 Théodore Rousseau se fait le porte-voix de la Forêt de Fontainebleau et écrit au Duc de Morny. En 1853 : création de la Réserve artistique de la forêt, première réserve naturelle au monde avant le Parc naturel de Yellowstone (1872).
Et si ce sujet de la défense de la Forêt de Fontainebleau vous intéresse en ce moment il y a des podcasts passionnants :
Constantin Brancusi (1876 – 1957) est arrivé à pied de Roumanie en 1904 mais il a travaillé à Paris et a légué son atelier à la France. On pouvait le visiter jusqu’à très récemment au pied du Musée Pompidou, sur l’esplanade de Beaubourg. Brancusi est chez lui!
Je connaissais ses colonnes sans fin je me souvenais de ces tabourets de bois brut, les outils pour travailler le bois de son atelier
Il considérait son atelier comme une œuvre d’art : quand il vendait une œuvre, il la remplaçait par un plâtre identique ou une copie pour ne pas modifier l’ensemble. J’imaginais donc une œuvre plutôt brute, avec le travail du bois rappelant les magnifiques portails des fermes roumaines ou les églises de bois que j’ai beaucoup aimés.
les sculptures présentées ici me réservent des surprises et l’ensemble des travaux de Brancusi sont beaucoup plus variés que je ne l’imaginais. Contraste entre les 3 coqs blancs qui symbolisent la blancheur de l’atelier soulignée par les visiteurs
A peine avons-nous quitté cette clarté, cette blancheur que nous découvrons la Muse endormie, qui contraste avec la blancheur mate, par son éblouissant poli. Difficile de faire une photo de la muse qui reflète les passants et la lumière des spots. La photo sera ratée! Ovale très doux à côté des pointes aigües. D’une douceur infinie!
Duelles, des sculptures se confrontent deux à deux. Les marbres du Sommeil de Rodin et celui de Brancusi qui préfigure la muse endormie. Brancusi a travaillé dans l’atelier de Rodin. Se font face une tête d’Aphrodite hellénistique et le torse d’une jeune fille. La tête ibérique associée à la Danaïde fur volée et donnée à Picasso
Autre duo, autres influences : Gauguin
Et bien entendu, la statuaire africaine, comme Picasso, Brancusi visitait le Musée du Trocadéro.
la salle suivante présente des documents originaux : diplômes roumains, photographies de familles et correspondance de Brancusi avec Cendrars, Picabia; Arp, Tsara, Fernand Léger, Duchamp… Démêlés avec la justice américaine à propos des oiseauxque la douane américaine voulait taxer sans reconnaître leur statut d’œuvre d’art
Scandale de la Princesse X,vierge ou verge? Elle a choqué et fut retirée du Salon des Indépendants. Une statue masculine ressemble plutôt à un nu féminin. Confusion des genres?
j’ai beaucoup aimé ces portraits de femmes et les oiseaux.
Diversité des sujets, portraits de ses amis, aussi des animaux. Des phoques, une tortue, des coqs, photographie de ses chiens. Brancusi était aussi photographe….
Et que dire de Léda – cygne?- sur un piédestal tournant dans une salle obscure circulaire où les visiteurs peuvent s’asseoir sur les bancs et méditer, se reposer, rêver devant la statue tournante.
On ne fera pas l’impasse devant les colonnes sans fin et la porte des baisers qu’il a installé dans sa ville
J’ai découvert Nathanaelle Herbelin en l’écoutant sur un podcast de Grand Canal . Etrange manière de faire connaissance avec une plasticienne que de l’écouter à la radio. Comme j’avais déjà prévu d’aller voir la grande exposition sur l’Impressionnisme j’étais impatiente de voir les tableaux qu’elle avait si bien décrits.
Cette artiste franco-israélienne, née en Israël mais basée souvent à Paris, a beaucoup fréquenté le Musée d’Orsay . Elle se sent un peu l’héritière des Nabis avec qui elle est exposée. Elle partage de nombreux sujets comme des peintures d’intérieur, de la vie quotidienne simple, avec des chats.
j’ai aimé ses tableaux tendres et intimes (parfois très intimes comme l’épilation) très tendres avec des gestes d’amour.
j’ai aimé qu’elle s’attache aux Erythréens, migrants africains arrivés en Israël et malheureusement souvent discriminés.
Je ne suis pas sûre que de partager les cimaises avec Bonnard ou Vuillard mette en valeur les œuvres de la plasticienne contemporaine. Quand ses tableaux sont mêlés on a tendance à aller d’abord aux tableaux connus, comparer. Et la comparaison peut être cruelle.
Anniversaire des 150 ans de l’Impressionnisme avec la première exposition impressionniste
Chez Nadar,
35 bld des Capucines . Dès les années 1860, Monet, Bazille, Degas, Renoir, Pissarro et Sisley, souvent exclus des Salons officiels s’organisent pour une exposition indépendante. Leur projet verra le jour en 1874.
Peindre le Présent/Exposer par soi-même
200 œuvres sont accrochées sans jury ni marchands sur des murs tapissés de rouge. Deux grands Renoirnous accueillent : une grand danseuse et La Parisienne. 31 artistes exposent ici des œuvres très variées, grande peinture comme celles de Renoir, eaux fortes de Braquemondavec des portraits comme celui de Théophile Gautier, une amusante pie « Margot-la-critique » et une Locomotive d’après Turner qui m’a bien plu.
Je découvre des noms inconnus de moi : Ludovic Napoléon Lepic qui présente deux portraits de chiens, Antoine-Ferdinand Attendu
Le Salon de 1874
Dans le Salon officiel ouvert le 1er mai au Palais de L’Industrie et des Beaux Arts 2000 tableaux accrochés bord à bord ont été sélectionnés par un jury. Immenses tableaux historiques, religieux ou mythologiques…
L’exposition d’Orsay imite cette présentation . L’Orientalismeest à la mode. J’ai bien aimé ce Poète copte d’Henriette Browne, moins la scène biblique E Lawrence Alma-Tadma égyptisante, et pas du toutLa Scène de danse dans les rues de Tanger grimaçant et outrancier de Dehodencq.
J’ai zappé les « grosses machines » et les peintures de guerre, énormes tableaux de bataille. Noté une critique de Zola (cela m’a bien rappelé L’Oeuvre )
Dans le Salon officiel, j’ai été étonnée par le nombre de femmes-artistes, Henriette Browne, la sculptrice Hélène Berthaux, et même Marie Braquemondavec sa Marguerite alors que son mari est au Salon Impressionniste. Bien sûr Berthe Morizot et Eva Gonzales
Convergences
Certains artistes exposent dans les deux salons ; Lepic, De Nittis, Lépine,
le tableau de De Nittisest tout à fait charmant mais le tableau de Manet, Le Chemin de Fer exposé à côté lui a « fait ombrage », on a moqué le Manet. le Bal à l’Opérade Manet, lui, a été carrément refusé sans doute à cause du sujet : dans le foyer de l’Opéra les transactions entre les prostituées et leurs clients ont choqué le public bien-pensant. Mallarmé s’en est indigné dans un article.
La Vie moderne comme motif
Baudelaireen 1863 a fait de la modernité un composant du Beau. les impressionnistes ont peint la modernité. Le port du Havre Impression au soleil levant, bien sûr, mais aussi les scènes de champ de course de Degas. De très petites aquarelles de Boudin représentant la plage à Trouville m’ont beaucoup plu comme ses études de ciels et de nuages. Berthe Morizot a aussi peint ces petites scènes.
L’Ecole de Plein air
Cette section rassemble des tableaux que nous connaissons bien comme les Coquelicotsde Monet, des Sisley, des Pissarro ravissants
j’ai choisi cette Gelée Blanche que je ne connaissais pas. Pour l’impressionnisme entre Orsay et Marmottant, nous les parisiens sommes gâtés. j’ai donc préféré illustrer mon billet avec des oeuvres moins connues quitte à oublier un peu les chefs-d’oeuvres.
Une bien belle exposition qui montre la naissance de l’Impressionnisme dans son contexte!
Et pour ceux qui en veulent encore plus il y a aussi l’Exposition Immersive mais elle est vraiment très chère et je ne sais pas si j’ai très envie de me promener avec un casque de réalité virtuelle pendant 45 minutes. Ma dernière expérience a été désastreuse.
Attention! grande rétrospective, prévoir un bon moment et ne pas trop traîner dans les premières salles!
Cette exposition présente un artiste, Jean Hélion (1904-1987) et présente diverses tendances ayant guidé la peinture au cours du XXème siècle.
1929-1939 : De la forme à la figure, art Abstrait
Hélion rencontre Théo van Doesburg fondateur de De Stijl et Mondrian il fait partie du groupe Art Concret selon lequel « rien n’est plus concret qu’une ligne, une couleur, une surface » utilisant les couleurs primaires et les les lignes verticales et horizontales
1932 -33 , il devient proche de Calderet de Arp.Cette proximité est sensible dans le tableau Equilibre avec le balancement en écho aux mobiles de Calder. On constate un infléchissement des lignes qui deviennent courbes les volumes suggérés dans les Compositions qui se complexifient et les teintes qui se diversifient.
Progressivement on perçoit dans les Figures un retour du figuratif.
La Figure tombée est la dernière œuvre abstraite d’Hélion correspondant, selon le cartel, aux désillusions de l’artiste : la Chute de l’Abstraction
1939 -1951 ; Entre réel et imaginaire.
Hélion imagine une série de personnages souvent portant chapeau et parapluie qui semblent sortis d’une bande dessinée.
les couleurs vives font leur retour, surtout les rouges. Articles obsessionnels de l’artiste, les chapeaux, parapluies, mannequins pour des personnages encore très cubistes et rigides.
Avec les Salueursle mouvement devient plus fluide. En 1946 les roses et les bleus font irruption avec de nouveaux thèmes : des nus féminins avec des ombres et des reflets sur les chairs suggérant les volumes
1950-1967 Le parti-pris des choses
les sujets et les styles se diversifient faisant prendre une tournure radicale . Natures mortes, citrouilles, chrysanthèmes, anémones, choux sont de nouveaux thèmes avec des vanités, des paysages. J’ai du mal à reconnaître la parenté avec les peintures antérieures dans son souci du détail, du réalisme dans les couleurs.
L’immense Triptyque du Dragon résume l’ensemble de son œuvre : au centre dans l’atelier du peintre, se trouve en bonne place L’équilibre(1933), un homme au chapeau à la joue rouge(1943) , dans la vitrine, un mannequin masculin rappelle toute les mannequinades récurrentes dans l’après-guerre, on reconnait aussi son cycliste. A gauche, c’est une scène de café.
1968 – 1980 – Quartier libre
mai 68 marque un nouveau tournant dans la peinture d’Hélion qui apprécie le tohu-bohu euphorique, ravive ses convictions politiques et apporte couleur et fantaisie à sa peinture
De nouvelles teintes font irruption, des scènes pleines d’humour se déclinent en couleurs vives. Des chevalets sont déménagés à dos de personnages dansants….
Au beau milieu de l’exposition, un espace de projection permet de visionner des séquences où le peintre s’exprime, parfois seul parfois en compagnie d’autres artistes. Prévoyez du temps pour l’écouter!
Avec ma Carte Blanche– coupe-file à Orsay et à l’Orangerie, je m’apprêtait avec optimisme à découvrir la rétrospective Robert Ryman. Depuis quelques temps je découvre les monochromes avec plaisir. A Rodez, le musée Soulages a été une véritable révélation et j’ai aussi vibré devant les tableaux de Rothko. Mes a-priori étaient donc tout à fait positifs. Dommage, je me suis ennuyée. Malgré l’accompagnement écrit fourni. Le minimalisme a des limites : se fixer sur une forme unique : le carré, renoncer au cadre, puis même au cadre, fixer avec des attaches, des rubans de masquage un tableau blanc sur un mur blanc lasse rapidement la spectatrice. J’ai essayé d’employer les méthodes d’observation expérimentées à Rodez : changer de position essayer de capter la lumière, les reflets. Rien! je m’ennuie.
Heureusement, l’Orangerie est riche en belle peinture! J’ai flâné dans la collection Paul Guillaumeprésentée dans l’Exposition Les Arts à Paris . la première salle en sortant de Ryman est consacrée au Douanier Rousseau, la suivante à Utrillo
De très nombreux Derain , des nus, des portraits, Guillaume a beaucoup collectionné Derain et cet accrochage témoigne de la variété de sa production. Je connaissais surtout les paysages fauvistes et méditerranéens.
Une salle entière est consacrée à Marie Laurencin j’ai bien aimé son portrait de Mademoiselle Chanel.
Deux salles pour Soutine et bien sûr, des Matisse, Picasso, Modigliani.De la belle peinture pour ne pas avoir fait deux heures de métro pour les carrés blancs de Ryman!
Le Mucem occupe tout un quartier, le fort Saint Jean, la tour du roi René, une église, ces sites historiques en belle pierre de taille sont reliés par des escaliers métalliques, des passerelles, des jardins et des couloirs, longue promenade surprenante.
Je suis entrée par le Fort Saint Jean. Un vigile a fouillé mon sac, puis je me retrouve étonnée, un peu désorientée. Il y a bien peu de signalisation. J’entre par la Cour de la Commande, nom qui rappelle La Commanderie des Hospitaliers de Saint Jean du XIIème siècle sur la route des Croisades. De cette époque il reste aussi une chapelle.
Il faut alors grimper un escalier très raide et très haut correspondant à la Montée des Canons pour arriver à la Place d’Armes. On découvre les Fortifications de Louis XIV et la Galerie des Officiers. La grosse tour carrée est la Tour du Roi René(1447 -1453) surveillant l’entrée du Port. La Tour du Fanal (1644) est ronde et joue le rôle d’un phare.
Je trouve enfin la billetterie : 11€ utilisable toute la journée, une pastille colorée collée sur ma manche en atteste.
Les jardins
Ce début de visite est une promenade qui travers le Jardin des migrations planté d’espèces méditerranéennes : thym, myrte, absinthe, romarin. Un massif végétal est une « sculpture » de la plasticienne égyptienne Ghada Amer : c’est une calligraphie en arabe qui détourne un proverbe traditionnel « La voix des femmes est une honte » en « la voix des femmes est révolution », il suffit de ne changer qu’une seule lettre. Les lettres sont en tôle remplie de charbon noir encadrées par des petites touffes de thym.
Je découvre d’autres jardins au cours de ma déambulation : un jardin de salades sauvages et les « figuiers suspendus » sur une autre terrasse. Le Jardin du vent s’est semé tout seul de graines apportées par le vent. Les mauves ont de véritables troncs comme des arbres.
Le J4
Une passerelle conduit au J4, le bâtiment carré entouré par sa résille spectaculaire que tout le monde connait avant même d’avoir visité Marseille. J’imaginais la résille métallique, elle est en béton fibré, béton très résistant renforcé par des fibres métalliques et en polypropylène de texture très lisse qui se moule et se monte très facilement. Rudy Riciotti, l’architecte, a utilisé un autre béton pour les colonnes qui soutiennent le J4. Je m’amuse avec les ombres projetées et avec ces fenêtres aux contours de pièces de puzzle qui font un cadre intéressant aux photos. Le restaurant sous plafond ajouré me semble particulièrement agréable. Pour descendre à la base du J4 le parcours est compliqué : escaliers, passerelles, long couloirs aveugles toujours dans un contexte métallique avec des échappées sur le quartier du Panier et la grosse pâtisserie bicolore de la Major qui domine le Mucem. Echappée aussi sur le Port de Commerce avec ses bateaux colorés.
Après cette longue promenade, il me reste à visiter les expositions.
Le Grand Mezzé
C’est une exposition sur le thème de la « diète méditerranéenne » qui met en scène non seulement ce régime alimentaire particulièrement recommandé pour la santé, mais aussi les cultures méditerranéennes, olive, blé, châtaignes, sucreries. Traditions culinaires mais aussi prescriptions religieuses chrétienne, juives et musulmanes. Des vidéos présentent la cueillette des olives, la pêche, les pains…Toutes sortes d’outils sont exposés. J’ai remarqué un curieux écorçoir pour le décorticage des châtaignes avec des chaussures à pointes. J’ai aimé aussi la vitrine dédiée au mastic de Chios avec la vidéo de la collecte des larmes de mastiha. Très réussie !
Des objets du quotidien sont mis en scène afin de « voir l’humain derrière l’objet ». Chaque objet présenté-là a une histoire, il dialogue aussi avec d’autres objets voisins. Il faudrait disposer de beaucoup de temps pour s’arrêter lire les cartels et avoir la patience de déchiffrer . On voit aussi bien les objets d’usage courant que des icones, des exvotos, dans le chapitre « soutenir les croyances ».
L’exposition est très bien agencée mais les objets sont terriblement hétéroclites. On pourrait aussi jouer aux différences/ressemblances…mais il y a trop à voir et je suis pressée. Trop de choses si différentes comme cette roulotte à trois roues qu’un paysan avait oublié dans son champ, roulotte de planches devenue sédentaire qui avait même perdu sa troisième roue…Section des images populaires : enseignes, affiches de cinéma, réclames, street art. Je m’arrête devant le tableau de Jacques Villeglé qui me parle Rue de la Fontaine-au-roi, 1er mai, fête du travail réalisé à partir d ‘affiches lacérées où apparaissent les manifestants du 1er mai. Je retrouve avec plaisir Misstic. >Je m’arrête devant des masques grimaçants siciliens.
Je ne suis pas convaincue par cette exposition et sors en me disant que le contenant (le bâtiment J4) est plus intéressant que le contenu. J’avais eu la même impression à Bilbao.
MON PAUVRE CŒUR EST UN HIBOU exposition de René Perrot est un véritable coup de cœur ! Le Mucem propose également une visite virtuelle Clic
Les tapisseries colorées me plaisent beaucoup. Dans une vidéo René Perrot raconte qu’il a apprivoisé un hibou et son amour des bêtes. C’est un film très tendre. Mais il n’a pas seulement dessiné des animaux. Il s’est intéressé aux hommes, et particulièrement aux hommes au travail et a mené une enquête pour le Musée des Traditions populaires de 1942 dans le Jura jusqu’en 1945 dans d’autres régions. Gravures et dessins en noir et blanc impressionnantes avec la force du trait comme les détails et l’originalité des sujets choisis. J’ai adoré ces paysans raclant les taupinières.
Un tableau marque une césure : la disparition des Hommes à al suite de la Seconde Guerre mondiale. En-dessous, dans les rouges des bêtes sauvages, monstres, loups, au-dessus dans un rectangle bleu des silhouettes noires à la limites les croix des tombes…
Belle découverte que ce plasticien sensible et sympathique.
Si vous ne connaissez pas la Maison de Balzac, rue Raynouard Paris XVIème, c’est une excellente occasion d’y faire une visite. Choisissez plutôt une journée ensoleillée pour profiter du jardin et de la vue sur la Seine et la rive Gauche. Si vous êtes familier de la Maison de Balzac, c’est une jolie exposition. Daumier est vraiment chez lui parmi les personnages de la Comédie Humaine
Daumier est chez lui chez Balzac même si rien n’atteste qu’ils se fréquentaient. L’esprit caustique, l’observation acérée, le goût du détail… tout les rapproche.