le Cahier volé à Vinkovici – Dragan Velikic

Littérature d’Ex-Yougoslavie ou de Serbie?

Dragan Velikic est un écrivain et diplomate serbe, Le cahier volé à Vinkovici est traduit du Serbe mais il se déroule entre Pula, Rijeka et des villes d’Istrie qui se trouve maintenant en Croatie et Belgrade  sa famille s’est installée après avoir quitté Pula.  Il évoquera aussi Ohrid en Macédoine, Ristovac à la frontière Turco-serbe, maintenant en Serbie. Mais pas seulement en Ex-Yougoslavie, Budapest , Trieste et surtout Salonique.

Une carte de l’Istrie m’a été indispensable pour localiser les plus petites localités de Rovinj, Rasa, Opatija….

Géographie et Histoire : l‘Istrie a été italienne du temps de Mussolini qui y a construit une ville-modèle à Rasa. Occupation par les Alliés à la fin de la guerre quand les frontières ont changé. Fiume est devenue Rijeka…Histoire aussi plus ancienne quand Trieste était autrichienne. Les fantômes des anciens habitants hantent les maisons et les appartements.

« Je feuillette à l’aveuglette le gros livre de la mémoire. Il en sortira bien quelque chose. »

C’est un livre sur la mémoire, la mémoire de sa famille, la mémoire de sa mère qui est en train de la perdre, malade d’Alzheimer dans une maison de retraite. Mémoire perdue dans le train avec le déménagement de Belgrade à Pula avec ce cahier volé

« Dans le cahier volé à Vinkovci, elle ne notait pas seulement les noms des hôtels et des pensions où elle avait séjourné, les histoires et les contes de fées qu’elle inventait, incitée par une puissante exigence de justice, de vérité, mais aussi ses rêves. »

Evocation de la mère et de sa personnalité originale.

Comme Mendelsohn et Sebald , Velikic mène son enquête de manière circulaire. Il tourne et retourne, digresse, retrouve d’anciennes photographies, interroge des témoins comme le vieil horloger nonagénaire. Il fait revivre les anciens souvenirs familiaux comme ceux de son grand père cheminot. Surtout il raconte l’histoire de son ancienne voisine Lizeta, grecque, italienne et juive de Salonique dont les anciennes photos ont enchanté son enfance. L’incendie de Salonique (Aout 1917).

J’ai beaucoup aimé ce livre qui m’a promené dans des contrées que je ne connaissais pas. J’ai aimé ce regard sur la désintégration de la Yougoslavie, serbe mais aussi cosmopolite, critique  sans  parti pris nationaliste alors que la folie nationaliste a mis le pays à feu et à sang. Au contraire il dessine un palimpseste où interviennent les histoires, les photos de ses ancêtres , des voisins, et même d’inconnus comme les occupants anglais ou allemands à Pula.

« Comme étaient déterminants pour la survie de ce monde les socles invisibles sur lesquels grouillaient des vies si différentes ! Héritages, légendes, traditions séculaires, histoires privées – plongées dans la réalité socialiste avec ses rituels et sa propagande assurant la cohésion de ce monde – grouillaient sous la surface du quotidien. »

Retour de Croatie par la Slovénie et l’Italie

MITTELEUROPA un mois à travers l’Autriche, la Hongrie, la Croatie, la Slovénie et l’Italie

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Nous serions bien restées quelques jours de plus à la mer.

Réveil à l’aube, derniers regards de la terrasse

Ce matin, je me suis levée, comme chaque jour, dès l’aube. le ciel est rose à l’horizon, une énorme  lune brille encore. Autour de la ville les collines s’éclairent progressivement tandis que les toits restent dans l’ombre. Camaïeu de tuiles romaines plus ou moins patinées, toits neufs uniformes, toits rapiécés, fatras d’antennes, râteaux, grilles, quelques paraboles si laides. La lessive sur la terrasse voisine attire le regard avec ses couleurs vives : un maillot fluo, la robe rose bonbon d’une petite fille, des shorts orange et les robes noires de la grand- mère. Je m’amuse à noter la fantaisie des mitres surmontant les cheminées. 6H30 la cloche se déchaîne pour sonner l’angélus. Bientôt nous allons quitter ce paysage et je m’efforce de l’observer avec l’acuité maximale.

8heures, « Turist Biro » nous rendons les clés.

En route à travers l’île jusqu’au ferry

La route de Porozina serpente dans une partie très montagneuse de l’île. Cela nous fait bien rire : les virages sont notés sur les panneaux triangulaires SERPENTINA. Puis nous traversons un bois de chênes. Le vent s’est levé cette nuit et a chassé la brume, les couleurs sont intenses et la mer est agité de petites vagues
9h le ferry quitte l’île pour la côte de l’Istrie toute proche, la traversée ne dure qu’un quart d’heure.

Istrie, la corniche

Nous remontons vers le nord et Rijeka sur une corniche très haute . il y a peu de plages, de jolis villages et surtout des stations balnéaires aux belles villas 1900 et aux grands hôtels Belle Epoque plutôt italiens. Les plages sont aménagées : restaurants, cafés et parasols. Dominique me propose de prendre un dernier bain mais cela ne me dit rien, trop de monde, la mer trop agitée, rien à voir avec l’eau calme et limpide de notre île.

La montagne et la Slovénie

Juste avant Rijeka, la route quitte la côte et monte dans la montagne. Nous arrivons rapidement en Slovénie, très verte. Les maisons sont soignées très fleuries, transition entre la Croatie et l’Autriche. Je ne comprends toujours pas l’éclatement de la Yougoslavie. Les Slovènes étaient très nombreux à Cres, peut être plus que les Croates. Ils parlent la même langue, pratiquent la même religion. Quel besoin d’avoir une nouvelle frontière, une autre monnaie à l’heure où on abolit les douanes à l’intérieur de la Communauté Européenne et où on passe à l’Euro ? En attendant, les prix dans la boutique « hors taxe » sont exprimés en DM.

Arrivée en Italie

Nous arrivons en Italie avec 3000 lires, à peine de quoi payer un café.  La carte de crédit sera bien utile pour les péages.
Trieste. Nous longeons, sans la voir Venise sous la chaleur de midi. La plaine est monotone, grise sous le soleil. Il y a beaucoup de camions. Padoue, puis Vérone, près des villes  des paysages industriels, des aciéries, des usines énormes. Au lointain, le paysage devient intéressant. Nous ne perdons pas de vue les Alpes. Plus près de nous, un paysage de collines avec des villages perchés et des clochers qui  ressemblent à des tableaux de la Renaissance.

Brescia, les panneaux annoncent Turin par une autre autoroute, nous suivons le fléchage et évitons Milan. L’autoroute est moins chargée, mais elle n’a que deux voies. Nous passons devant Crémone, Piacenza, la plaine du Pô couverte de maïs, un peu monotone. De temps en temps, pour varier, des tournesols  fanés.
Turin,  17h45 : la tangentielle. Il faut être attentives pour ne pas louper notre sortie .l’autoroute qui conduit au Fréjus est spectaculaire. Dès la sortie de la ville, elle s’engage dans une étroite vallée bordée de montagnes gigantesques, il semble qu’il n’y a que l’autoroute, ni village ni maisons .Le soleil bas donne un éclairage étrange. A travers des nappes diffuses de brumes certains sommets apparaissent un instant pour disparaître aussitôt. Nous sommes privées de paysage dans les très longs tunnels. L’un d’eux est si long que je crains d’arriver en France par le Fréjus. A la sortie nous sommes complètement éblouies. Les villages ont des noms français mais nous sommes toujours en Italie. Dernier effort pour la voiture : le col de Montgenèvre.
Dès que nous avons passé la frontière, nous nous arrêtons pour chercher une chambre. Au premier hôtel nous trouvons. Il est 19 heures.

 

Cres, Valun

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Cres Valun : à la plage

Encore une belle journée pour terminer notre séjour balnéaire sur une jolie plage.

Trois jolie plages aménagées à Valun

Valun est un petit hameau de quelques maisons et de plusieurs restaurants pimpants au fond d’une crique avec un petit port .Trois belles plages de galets sont aménagées, on loue même des lits. Pour terminer les vacances en beauté, j’essaie d’en louer un, ils sont réservés, on me propose d’en retenir un pour le lendemain.

Naturiste ou textile?

Dominique s’est bien organisée pendant que je suis partie nager. La première plage était déjà bien peuplée, heureusement des pins donnent de l’ombre. De l’autre côté des rochers, je lorgne une belle plage bordée par une pinède touffue, complètement vide à part quelques nudistes. Entre 20 personnes nue et 200 habillés, je n’hésite pas. Dominique non plus!  Mais  elle ne fait pas le même choix. Je suis furieuse de tant de pudibonderie ! Je pars à la nage vers la plage naturiste et fais un record de longueur.

Coloniser un territoire:

Quand je reviens, je ne trouve plus Dominique sous son arbre. Elle me fait signe : elle a colonisé un rocher. Elle met toute son énergie à conquérir le meilleur territoire possible en tenant compte de plusieurs critères : d’abord l’ombre, puis l’accès à l’eau puis vient la délimitation des frontières.
Après la conquête, il faut toute une stratégie pour ne pas laisser l’ennemi nous assiéger. Nous étalons donc rabanes et serviettes, chaussures et sacs pour occuper le terrain . La troisième étape est une veille permanente pour dissuader les intrus. Dominique ne va même pas se baigner et cette occupation quasi-militaire la mobilise. Elle me fait penser à un fou de Bassan défendant son nid. Cette fois l’emplacement en vaut la peine. Nous passons de longues heures au frais. Il fait si bon à l’ombre et au vent que je me demande si la température n’a pas baissé.

Snorkelling

Pour ma part, j’ai l’intention de profiter au maximum de ces dernières baignades. Je parcours de grandes longueurs sans aucune peine. Sécurisée par les nombreux baigneurs, je m’aventure loin de notre base sans être isolée. L’eau est si claire que je peux voir le fond sans le masque. A la limite d’un talus la couleur change, au delà c’est le bleu marine des profondeurs, en deçà, la mer est verte. Les poissons affectionnent cette zone, je vois aussi des éponges. J’essaie de nager avec une économie de gestes pour ne pas troubler la surface de l’eau .
Je maîtrise mieux l’usage de mon masque bon marché et défectueux, dès qu’il se remplit d’eau je le vide sans poser le pied, ce qui me permet de nager plus loin du bord, pas trop, c’est inutile, il n’y a plus personne. Un banc de tout petits poissons argentés m’accompagne, ils n’ont pas l’air dérangés par ma présence, je suis ravie.

Les villages

Le four de Lubenice

Vers 15 h nous quittons la plage pour visiter les villages.
La petite route court entre deux murs de gros rognons de calcaire. Il me vient l’idée que ces murs rassemblent les pierres gênantes comme à saint Etienne en dévoluy, en gros tas, les clapiers. Ici, au lieu de les jeter en tas, ils les empileraient pour construire des murs.
Deux voitures peuvent à peine se croiser. Il faut reculer quand les grosses berlines germaniques arrivent en face.

Pernat, vin ou ail

Pernat est un village perdu, pas touristique du tout. Les anciens, rassemblés autour d’une table, nous proposent en italien d’acheter du vin ou de l’ail puis nous découragent de visiter le village.

Lubenice, un peu plus touristique

Lubenice : arcades

Lubenice, perché sur les hauteurs, possède un parking payant très cher (15 Kuna), un plan à l’entrée indique toutes les curiosités. Le touriste est attendu : de belles peaux de mouton bien blanches sont étalées pour tenter les passants ? Des femmes pétrissent le pain dans une sorte d’auge rectangulaire en bois. Dans le four, les braises sont rouges, la pelle traditionnelle noircie attend les prochaines miches.

Nous rentrons vers six heures, la lumière est belle. Notre mansarde est écrasée de chaleur, après la douche on s’étend sur les lits : bouger le moins possible.

Ce n’est qu’à sept heures qu’on commence à revivre. Je sors chercher le Monde chez la marchand de journaux qui me le garde sous le comptoir. Dans les rues étroites à l’ombre il fait maintenant meilleur qu’à l’intérieur? Tous les bancs de notre avenue sont occupés. Les magasins ouvrent à 18h30 aujourd’hui dimanche.

passeggiatta

Cres : à l’italiennes!



Après le dîner, passeggiatta comme tout le monde ici, je choisis une glace,  au tiramisu. Nous préférons nous perdre dans les petites rues

 

Beli, pointe nord ouest de l’île de Cres

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Beli, pointe nord ouest de l’île de Cres

La pointe nord-ouest de l’île est très montagneuse : le sommet ne culmine qu’à 650 m mais les pentes sont si raides qu’on ne peut plus parler de collines. Une belle forêt de chênes immenses la recouvre : les arbres sont magnifiques, quelques châtaigniers se mêlent aux chênes. Des villages minuscules sont perchés.

Le camping de Béli

Au dessous de Béli, la route descend à un petit camping installé sous des oliviers, une jolie plage de galets et son petit port.
Bien sûr, la plage est occupée par les estivants avec parasols et divers équipements, mais ce n’est pas la foule. Le problème est de se faire de l’ombre. Nous avisons des rochers en  gradins avec de larges marches bien plates. Nous occupons l’espace avec serviettes, chaussures, sacs pour dissuader les importuns. Après cette première étape stratégique, il faut suivre le cours du soleil pour obtenir deux places confortables à l’ombre, Dominique déplace quatre fois le parasol : au début nous sommes confortablement installées, mais on ne voit plus la mer, enfin, la vue est dégagée, mais il n’y a plus qu’une place à l’ombre . Finalement sous avons le meilleur emplacement de la plage, en hauteur, à l’écart .

Cela me fait un peu penser aux fous de Bassan ou aux cormorans défendant leur nid sur le rocher.

Poissons et mouettes


Spectacle : les campeurs viennent nettoyer des caisses entières de poisson à quelques mètres de notre rocher. Par principe, au début on râle un peu : la mer va être pleine d’écailles et de boyaux. Très vite les goélands rappliquent. Ils saisissent les morceaux que le pêcheur leur lancent, attendent en se disputant, tirent à deux ou à trois sur le même lambeau de peau de raie. On prévoie les prises de bec en regardant  l’homme dépecer son poisson. C’est un spectacle bien plaisant.

Comme d’habitude, je passe plus de temps dans l’eau que dehors. Je m’enhardis à nager plus loin puisque je ne suis plus seule. Les viscères de poissons ont attiré toute une flottille de poissons vivants. Certains nagent complètement à la surface. Ce qui est étrange c’ est que les goélands les négligent complètement préférant les morceaux tout coupés aux proies vivantes.

Béli

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Nous déjeunons d’un sandwich au beurre de sardines de la Belliloise, puis remontons à Béli, petit village ancien ayant gardé son crépis vieillot grisâtre et attaqué par le sel . Les rénovations n’ont pas encore donné l’aspect pimpant et touristique du reste de l’île. Les rues en pente sont pavées de galets glissants. Curiosité locale : le nombre de puits de pierre avec leurs gracieuses ferronneries peintes en vert.

Au café

Nous nous arrêtons dans un café à l’entrée du village. Une bande de Croates boit des bocks impressionnants de bière, puis du vin blanc. Les hommes chantent tandis qu’on installe les corbeilles de pain et les amuse-gueules. Ils sont presque tous blonds. Curieux mélange : un paysage très méditerranéen qui fait penser à l’Italie est peuplé de gens qui ressemblent à des Russes.

KRK

Ce matin, nous avions le soleil dans les yeux, les brumes noyaient le paysage. Au retour les côtes de l’île de Krk sont bien visibles avec un liseré clair délimitant le vert des forêts et le bleu violent de la mer sillonnée par les nombreux bateaux, voiliers ou ferries. A la sortie de la forêt, nous traversons une lande de plantes sèches qui embaument.

le 45ème parallèle

Une grosse borne signale le 45ème parallèle. De retour au studio je regarde le petit atlas : le 45ème parallèle traverse Grenoble, St Flour, Bordeaux. …..Encore un  sujet d’étonnement : ces oliviers, cette chaleur, cette sécheresse m’auraient fait penser à une position beaucoup méridionale. Alors que les petits nuages passent le soir et se désagrègent sans donner de pluie, qu’il fait une chaleur comme en Grèce ou en Turquie je me demande si nous n’avons pas simplement de la chance ou si c’est le climat normal au début Août ?

La petite plage déserte près de Cres

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au marché

A la poissonnerie du petit marché, nous achetons des darnes de poisson, si la poêle avait été plus grande, nous aurions eu le choix entre plusieurs sortes de petits poissons tout frais pêchés . Pour midi, nous emportons un pique-nique  à la plage que nous ont recommandé les français.

le chemin pour aller à la « plage déserte »dans les terrasses

Après la marina, nous contournons les tennis, puis une route de terre monte dans la colline. Des petites terrasses entourées de murettes à claire-voie ont été soigneusement construites par des générations et des générations de paysans. Sur certaines terrasses poussent trois ou quatre oliviers, sur les plus petites, parfois un seul. Je n’arrive pas à imaginer que tout ce travail a été fait uniquement pour des arbres, peut être sous leur ombre y avait il des jardins ? En tout cas, elles sont soigneusement entretenues, les arbres sont jeunes, bien taillés et, dans de grosses cages, on protège des plants récents de l’appétit des moutons ou des chèvres. Quelques figuiers sont couverts de figues presque mûres. Aux branches des oliviers pendent des pièges à insectes en plastique .Les oliviers sont chargés de tout un  mythe, il me semble qu’ils portent toute la civilisation méditerranéenne immuable depuis des siècles. Ainsi les Crétois recelaient l’huile précieuse dans leurs gigantesques pithoï . Cette huile est symbole de vie, richesse de cette terre sèche et brûlée de soleil. La vue sur la rade est somptueuse : au premier plan, les oliviers verts un peu poussiéreux, puis une langue de mer bleu marine éclatant et, resserrée autour de son port, la ville aux toits rouges et aux façades multicolores, comme des jouets, les beaux bateaux blancs.

Le sentier s’engage dans un pierrier inconfortable, il serpente entre murettes, cabanes de pierres sèches écroulées. Heureusement il est bien balisé à la peinture !on ne saurait deviner le passage parmi tous ces cailloux.. J’imagine que nous allons trouver un vrai sentier, non nous poursuivons d’abord entre les jolies terrasses plates où les oliviers adoucissent la descente en fournissant de l’ombre. La pente devient encore plus escarpée, quelquefois la terre ocre donne l’illusion d’un chemin plus facile, ne pas s’y fier, elle est glissante. Nous progressons lentement en s’accrochant aux troncs quand ils sont proches .En s’approchant de la mer nous percevons des éclats de voix : notre plage ne sera pas déserte !

Les envahisseurs viennent de la mer!

 

En effet, dans la petite crique, trois gros bateaux blancs ont jeté l’ancre. Leurs occupants viennent de se lever, une fille se lave les dents à l’eau de mer, une famille prend tranquillement le petit déjeuner à bord, un Apollon bronzé mais complètement nu s’exhibe en figure de proue.. Tandis que nous descendions péniblement notre raidillon, d’autres se sont payé les services d’un bateau taxi : trois italiennes arrivent avec matelas de plage et tout le saint frusquin, et font du bronzage intégral sur un ponton ; nous désertons le nôtre pour réserver un coin à l’ombre sous un olivier. Pressentant que d’autres peuvent arriver.
Les bateaux arrivent tous en même temps, un beau rouge et blanc, danois, un voilier italien (à moteur). Ces belles embarcations n’ôtent rien au paysage, au contraire, c’est plutôt amusant de les regarder manœuvrer. L’équipe italienne n’a pas l’air dégourdie, à cinq, ils installent à grand peine une sorte de vélum destiné à leur faire de l’ombre, ils ne doivent pas souvent hisser les voiles, ceux là ! D’ailleurs, depuis que nous sommes sur l’île, nous n’avons vu personne naviguer à la voiles, les mats sont là pour la décoration.

Notre plage déserte se peuple rapidement, une famille slovène est descendue comme nous par le chemin de chèvres avec bébé, parasol bouée et bateau gonflable, rejointe par le reste de la troupe en canot à moteur. Les hommes enlèvent leurs slips en descendant du voilier. Dominique est furieuse surtout quand un gros lard s’étale sur la table, tout à l’air, cela lui coupe l’envie de se baigner, elle fulmine. Moi, cela ne me gêne pas, je suis bien trop occupée par mes baignades avec ou sans masque, la lecture du Monde et le spectacle des arrivées et des départs.

Un nouveau groupe arrive par mer avec glacière, grill, trois bouteilles de vin et même une guitare. Nous avalons en vitesse notre salade de concombres.
Sauve qui peut
Vers deux heures Dominique qui veut fuir le naturisme commence la remontée seule. J e prends un dernier bain, me rhabille sans acrobaties, puisque tout le monde est à poil, inutile de se cacher ! Je remonte quatre à quatre le sentier, c’est une erreur, après la baignade, je n’ai plus de jambes et. j’arrive en haut de la côte complètement à bout de souffle . Après une pause je continue sur la route à pied pour goûter mieux du panorama et des oliviers.

De retour à l’appartement, le propriétaire et la femme de ménage sont là, il faut patienter pour se doucher. Après la douche, sieste dans l’air conditionné, nous profitons bien de notre joli studio !
C’est un privilège d’avoir une terrasse, je n’en compte que trois aux alentours, la voisine a installé son matelas de plage sur les tuiles. Dès que le soleil baisse, il fait bon . Nous y dînons et lisons en écoutant la musique venant du restaurant de l’autre côté de l’avenue.

Arrivée à Cres

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Cres port

Nous quittons Nézérine à 8 heures. Comme le  voyage n’est pas  long, nous faisons  le détour par Ustrine pour photographier les murettes. L’image du soleil brillant dans les interstices nous avait plu malgré nos soucis hier soir. Le matin, l’impression est différente. Le réseau des murettes dans la montagne est étonnant, mais plutôt vu d’avion.

Une route latérale conduit à la mer. On arrive à un village moderne, plutôt un lotissement de villas avec terrasses. La côte est aménagée avec des escaliers et quelques plates-formes en ciment. A 9h, très peu de baigneurs. L’eau est lisse, immobile, limpide. Je nage le long de la côte d’un côté puis de l’autre. Sans aller bien loin.  Cela me paraît être une expédition. Au fond, je regarde les paquets de posidonies, les algues rigides un peu roses qui font penser à des coraux, d’autres brun clair en forme d’oreilles ou de pleurotes translucides. Même sans le masque je devine les poissons vif argent.

Arrivée à Cres, jolie petite ville touristique

Les rues de Cres



A 10 h nous rejoignons Cres (qui se prononce Tsres). La route s’élève dans les collines, il y a encore des murettes partout. Plusieurs centaines de mètres à nos pieds : un lac oblong lisse d’un bleu turquoise pastel épais, inaccessible. En haut d’une côte, nous découvrons Cres au creux d’une rade fermée avec ses toits de tuile, son petit port bordé de maisons hautes et étroites. C’est une toute petite ville, nous trouvons facilement le «Turist Biro». Dans la queue, des français nous précèdent :  ils rendent la clé d’un appartement. Je leur demande s’ils en sont contents. Sur leur recommandation, nous louons le même. Ils nous invitent à l’apéro sur le port…

Notre studio mansardé

Cres : les toits vue de la terrasse

A midi nous sommes installées dans un studio mansardé tout carrelé de neuf et bien équipé. Tout le charme du logement réside dans sa terrasse qui surplombe les toits de tuiles romaines les bâtiments de la vieille cité sont hauts de trois ou. Quatre étages extrêmement étroits. Les petits toits s’enchevêtrent sans aucun alignement de rue. Les ruelles sont tortueuses, avec des impasses et des courettes. Il y a des rajouts de terrasses, d’appentis, des cheminées surmontées de toutes sortes de mitres, des antennes, des cordes à linge. Tout cet aimable désordre me donne envie de dessiner. Au delà des maisons on aperçoit deux clochers et une grosse tour ronde et plus loin encore les collines couvertes de maquis ou de pinède formant un amphithéâtre naturel.

Cres ; arc de triomphe

Notre immeuble est situé sur la seule avenue de la ville encadrée de larges trottoirs sous une double rangée d’arbres sous lesquels on a disposé des bancs. Aux deux extrémités du cours des arcs de triomphe aux colonnes antiques surmontées du lion de Venise. Au milieu du cours, un monument aux morts moderne à la forme bizarre (peut être une lyre). Cette avenue borde la vieille ville, plus loin les maisons modernes sont clairsemées dans leurs jardins.

Nous sommes conquises et décidons que l’étape sera longue ! Puisque nous pouvons cuisiner nous déjeunons de poisson pané et d’épinards surgelés.

la  plage

Cres baignade

Sans se fatiguer, nous allons à la plage la plus proche. Cela ne démarre pas trop mal, nous nous garons près de l’hôtel, une corniche fait promenade, quelques tamaris donnent de l’ombre. Nous suivons le bord de mer jusqu’au camping. Là c’est l’horreur : le soleil cogne dur, les caravanes sont installées au ras de la digue.. La courte baignade a un but pratique : éviter l’insolation. Elle  ne procure aucun plaisir . Pour sortir de ce guêpier, nous traversons le camping surpeuplé, promenade déprimante. Pour finir, une FKK. Il y a peu d’accès à la mer sauf  aux embarcadères des ferries reliant Cres à l’île de Krk ou au continent.
Nous roulons dans une montagne très sauvage . Près de Cres les murettes enclosent des vignes toutes petites et il y a quelques oliviers. Ensuite le maquis tombe en pente escarpée vers la mer. De la route qui surplombe, on découvre une petite anse où mouillent des voiliers – inaccessibles – des îlots rocheux et les côtes des îles voisines. Puis la route s’arrête net sans prévenir au débarcadère les voitures font la queue. Nous voyons une toute petite route menant à un petit village au loin. Bien difficile d’y accéder, les voitures attendant leur bateau ont formé deux files. Heureusement ils reculent pour nous laisser passer.

Nous découvrons le plus petit port qui soit : un quai de ciment forme une rade rectangulaire, sur les bords un petit coin cimenté. Une femme se bronze allongée sur le ponton . Nous sommes seules à l’eau. L’eau est tiède presqu’aussi chaude que dans les piscines thermales. Je vais vers le large pour trouver la fraîcheur habituelle.  J’ai peur de m’éloigner, nous sommes tellement seules que je crains un piège. Plus loin, la montagne descend en formant des falaises, on se dirait à Madère, notre plage est vraiment la seule plage de cette côte ! Dominique nage avec moi jusqu’à une jolie grotte où des papillons volettent tels des chauve souris.

Vers 4h30 deux jeunes gens descendent des maisons perchées au dessus de nous, puis une petite fille, puis une femme …A cinq heures toute la famille est en bas. Ces gens ne nous dérangent pas, ils nous rassurent. Ici, pour éviter la foule mieux vaudra se baigner le matin tôt ou à l’heure de la sieste. Jusqu’à 4 h tout le monde ferme volets et persiennes.

En soirée

Comme en Italie : la vitrine du glacier

En revanche, le soir on vit dehors, dans les ruelles on a installé des chaises et des tabourets sur le pas des portes, certains dînent ainsi devant leur maison dans la rue, des femmes tricotent ou font de la broderie ?

Toute la jeunesse et les badauds des campings convergent sur la place de l’horloge devant le port. Un petit orchestre sur un podium fait une animation musicale (la danse des canards en Croate,  Macarena). On fait la queue devant les glaciers, toutes les tables des restaurants sont occupées. La foule est si dense qu’il faut que je m’accroche au sac à dos de Dominique pour ne pas la perdre.

Nous filons vers des rues plus tranquilles. Je constate le même désordre dans les volumes et les formes, que dans les toitures : lacis de ruelles, passages inattendus sous des arches, escaliers dérobés, immeuble surplombant toute une rue. Si on observe bien, on découvre de merveilles sculptées : ici une fine colonne, là un blason, ou un porche, deux lions usés par le temps… Il est temps de rentrer si on veut jouir de la terrasse.

Nézérine Osor Ustrine

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Eglise d’Osor

Nézérine

Le soleil se lève sur la montagne, au même moment la cloche de l’église sonne 6 heures, coïncidence « frappante ». Très vite il fait très chaud sur le balcon. Je me replie à l’intérieur quand les cloches carillonnent l’angélus à 6h30.

A 8heures nous partons faire des photos dans les rues de Nézérine, découvrons de nouvelles ruelles en pente qui nous conduisent chez la « voleuse » je regrette mon mouvement d’humeur, nous aurions été si bien ! En face un bateau tout rouillé remplace une digue, de l’autre côté : la plage, si j’avais été en tenue, je me serais bien baignée.

Osor, ville enclose

Osor

Osor est une ville enclose, comme Nin on y entre par un pont (ici il est en fer). Sur la place une curieuse église à façade festonnée en trèfle porte des statues de pierre très blanche tandis qu’au dessus du porche la madone se détache sur du marbre rose. Le campanile est ici aussi érigé à l’écart.. les voitures ne pénètrent pas dans la ville, il y règne une sérénité appréciable. Nous photographions les maisons fleuries.
Baignade dans le port, cela m’amuse de longer les murailles à la nage. Dominique se baigne aussi ;
Pour déjeuner, nous préférons la place tranquille d’Osor à la recherche d’un emplacement problématique dans la campagne. Après un café en terrasse, nous nous installons sous un tilleul bien fourni sur une sorte d’estrade en pierre. Entourée de bancs de pierre autour du puits, pas de fontaine, elles sont rares en Croatie. Il est midi, chacun est chez soi, le « turist biro » est fermé .Il se dégage une impression de calme, nous mangeons un pique nique simple : œufs durs, dolmas et yaourt.

Ustrine, village perché

Sur la carte, une route va à la mer à Ustrine : village perché sur le rebord de la colline. Nous y sommes déjà passées hier soir à la tombée de la nuit ; des murettes de pierre empilées délimitant des parcelles arrondies, laissaient passer les rayons obliques du soleil couchant. Nous pensons à l’Irlande ; sous le soleil de midi, il est urgent de trouver de l’ombre !

A la recherche d’un coin  pour se baigner

Une route, avec un panneau interdisant la circulation automobile descend la pente raide. C’est impressionnant : pas de lacets, un schuss. On retient son souffle, la 205 a de bons freins. Enfin, il le faut ! En bas d’autre véhicules sont garés faisant foi de la carrossabilité de la route. Un petit escalier, une plate-forme cimentée : un accès facile à l’eau, l’endroit rêvé. Bien sûr déjà occupé Des jeunes ont tendu une bâche sur le ponton et jouent tranquillement aux cartes. Des hollandaises très replètes lisent et plongent. Nous trouvons même un arbre qui nous donne de l’ombre. La baignade est merveilleuse, l’eau bleu profond. J’explore à la nage la rive pour chercher un meilleur emplacement, mais il faudrait escalader les rochers avec le parasol. Cette nage à l’aventure me plaît beaucoup. Dominique m’accompagne de l’autre côté, nous découvrons des maisons cachées sous les chênes verts, aucun accès par la route, elles ne sont accessibles qu’en bateau : une jolie plage avec des barques, des zodiacs et un magnifique voilier aux couleurs italiennes. Je fais des essais avec le masque. C’est une des plus belles baignades depuis la Grèce.
Une barque accoste au ponton,  soleil a tourné nous n’avons presque plus d’ombre sous notre arbre, il est 4h et il est temps de rentrer. La montée est aussi impressionnante que la descente, je retiens mon souffle ;
6h30, les cloches sonnent, nous commençons à sentir la fraîcheur. Une barre de montagnes sur le continent apparaît dans le lointain : les sommets de calcaire nu  semblent couverts de neige. La vue est merveilleuse. Au premier plan : une rangée de cyprès et un prunier couvert de prunes jaunes, plus loin de beaux toits de tuile ;
nous dînons sur la plage, des femmes se baignent nues, si j’avais eu une serviette, je les aurais bien imité.

Tour en ville : j’achète une glace et prends en photo les maisons qui se reflètent dans l’eau du port. Au retour, nous nous égarons et découvrons de jolies maisons aux balcons fleuris enfouis sous les lauriers roses et les figuiers.

Zadar et ses environs au sud

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L’embarquement des ferries à Zadar

Aux premières heures de la matinée nous filons aux bureaux de la compagnie de navigation. Le ferry pour Mali Lošinj n’est pas quotidien mais hebdomadaire, seulement le mardi. Justement, nous projetions de partir mardi ! Reste t il de la place ? L’employée téléphone, demande la longueur de la voiture. Evidemment, je ne la connais pas mais je lui assure que la voiture est petite. C’est bon ! je passe à la caisse : 211 Kunas seulement ; je tombe des nues, j’avais calculé 4 fois plus, avec les prix du prospectus .Ce mystère s’éclaire facilement : le montant était indiqué en Lires italiennes, ce qui expliquait le nombre inquiétant de zéros.

La réserve ornithologique

Nous allons ensuite explorer un lac 30 km au sud de Zadar qui est aussi une Réserve ornithologique. La route côtière est toujours aussi fréquentée, ce qui nous confirme que la croisière est une idée de génie !  Elle traverse une zone industrielle très laide puis longe une mince pinède. Les stations balnéaires se succèdent ensuite, les campings, le club Med …

Au feu!

Juste avant d’arriver le trafic se ralentit et s’arrête. Un barrage ? ou le feu ? En effet une épaisse colonne de fumée s’élève de la gauche. Ce ne sont que des travaux. Encore une bonne raison de remonter la côte en ferry !

Le lac

Le lac a une belle couleur vert pastel un  peu laiteux, il se trouve dans un écrin (un écran !) de roseaux qui interdisent l’approche. la Réserve Ornithologique a prévu quelques sentiers d’accès pour l’observation, mais la promenade tourne court après quelques dizaines de mètres. Il n’est pas encore midi, trop tôt pour le pique-nique.

La plage du club Med

A  sortie d’une pinède nous trouvons une jolie anse rocheuse enfermant une minuscule plage de sable avec l’eau la plus transparente qui soit . Bien sûr, on n’est pas seules ! Sur le sable et dans l’eau peu profonde jouent des enfants. Dominique se pose sur un rocher tandis que je pars à la nage vers le large pour explorer les environs. Des gens arrivent par le haut de la pinède sur des rochers abordables. Il faut convaincre Dominique !
Je n’ose pas insister trop. L’expérience de la plage nudiste me fait adopter un profil bas, je ne veux pas deux jours de suite prendre des initiatives qui ne conviennent qu’à moi. C’est vraiment dommage, l’endroit est magnifique, le plus beau depuis notre arrivée en Croatie.
Nous retournons à l’étroite pinède coincée entre la mer et la route. Il y a du monde, mais pas trop. Nous y passons un bon moment à nager, nous sécher au soleil puis à lire à l’ombre. Nous observons aussi les évolutions d’un petit hydravion qui vient pomper l’eau pour éteindre un incendie de forêt.
Dernière soirée à Rovinjska : bon dîner avec de la viande et des épinards, dernière lessive. Puis encore une fois, la digue illuminée. Le vent s’est levé, de gros nuages menaçants viennent de la montagne.

Pag

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lapiez

Pag est une très longue île parallèle au continent. On y accède par un pont bombé en ciment.
Les vieilles, habillées en noir en jupe froncée et en grand fichu noir qui leur cache le visage à la mode turque, vont à pied à la messe. Nous avons déjà vu les mêmes vieilles à Harkany aux bains, peut être étaient elles Croates ?

Lapiez
L’île est désertique : le calcaire est nu ; de loin les falaises sont blanches, de près la patine est grise comme à Superdévoluy .Des figures d’érosion en lapiez font des arêtes pointues.

La saline

pag : marais salants

Une petite dépression occupe le centre de l’île, remplie de roseaux géants. Sur la carte un lac est indiqué : c’est une saline en activité avec des bacs rectangulaires. Une usine immense l’exploite, mais curieusement, en cette saison tous les rectangles sont remplis d’eau et on ne voit pas de tas de sel ni même ne croûte de sel à la surface.

la petite ville de Pag

Au milieu de l’île, la petite ville de Pag est ancienne. Comme Zadar ou Nin, elle est enclose dans ses murs de pierre et gardés par de jolies portes. A l’intérieur, les ruelles sont si étroites que le soleil ne pénètre pas. Certaines maisons portent de jolies sculptures, des balcons de pierre. Les dalles sont glissantes comme
à Zadar.

Dimanche : la messe

Sur la place de l’église nous prenons un pot. C’est l’heure de la messe, il y a affluence, l’église est peine, le portail ouvert, certains assistent debout .Impossible de visiter l’intérieur. pas de photos de l’extérieur de l’église romane : des échafaudages cachent la façade. De jolis anges se détachent sur le ciel bleu. Nous achetons Le Monde –encore un luxe appréciable- et des beureks comme en Turquie -et un feuilleté à la cerise.

Trouver une plage!

Il est temps de trouver une plage. Ce n’est pas facile sur cette île rocheuse. La route domine la mer à 100 m d’altitude, nous roulons dans une colline pierreuse où seuls dépassent des murets de pierres sèches délimitant d’improbables parcelles désertes. Nous descendons dans un village. Surprise ! Les chênes verts bordent la côte. Miracle ! L’eau est accessible. Une famille vient tout juste de libérer un emplacement bien plat à l’ombre d’un magnifique chêne vert. Je suis enchantée ! Des naturistes se baladent à poil, bon augure ! Les plages naturistes sont toujours moins fréquentées que les autres !
Dominique voit tout cela d’un autre œil : les naturistes lui gâchent la baignade. Elle se retranche sous notre chêne et y restera toute l’après midi sans bouger en observant les aller et venues des hommes et des femmes à poil.
Pourtant on aurait pu passer une très belle journée : l’eau est délicieuse. Je passe des heures avec mon masque à observer dans les rochers une faune très intéressante .Dominique a une idée géniale : elle découvre dans nos prospectus une liaison maritime entre Zadar et une île près de Rijeka qui shunterait toute la route à camions en corniche. Au lieu de s’énerver en conduisant nous allons faire une croisière!

Barrage de police

Le retour est retardé par une péripétie : au pont, les policiers ont monté un barrage et vérifient les identités et ouvrent les coffres des voitures. Nous n’avons pas nos papiers. Que va-t-il arriver ? Rien, quand vient notre tour, on dit au policier « Papir, Zimmer,Rovanijska » de l’air le plus bête possible et il nous laisse passer.
Le soir sur la digue, nous envisageons avec enthousiasme notre nouveau projet. Dominique souhaite tellement  le réaliser qu’elle est prête à allumer un cierge à notre petite chapelle de la plage. Malheureusement, il y a du monde

Nin et Vir

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Eglise de Nin

Presqu’île de Zadar vers le nord. Des troupeaux traversent la route. Les villages ne sont pas plus pittoresques que ceux de la côte ; les maisons de pierre sont écroulées, les maisons de brique et de ciment quelconques dominent. Il y a deux modèles : un premier à toit de tuiles en pente, généralement un étage, raffinement : des arcades en ciment, pas de crépi. L’autre modèle à terrasse qu’on rehausse pour construire un deuxième étage avec un escalier extérieur sans rampe débouchant parfois sur rien du tout. Pas de crépi mais des tonnelles de vigne.

Nin

Nin marais salants et graminées

A l’entrée de Nin, des marais salants. Un vieux pont de pierre relie l’îlot à la terre. La ville est entourée de ses murailles. La porte qui fait face au pont est élégante. Il est neuf heures et il fait déjà chaud. La petite basilique blanche toute ramassée en croix autour de sa coupole chaulée est isolée par un champ de fouilles. Les objets provenant  des tombes sont visibles dans un petit musée archéologique qui abrite aussi deux barques trouvées dans la mer dans un état de conservation extraordinaire.
Nin est assez fréquentée par les touristes, j’achète l’unique Monde sur le présentoir. Nous faisons le tour de la ville, découvrons de plages de sable formant une langue émergeant de la lagune. Des baigneurs y accèdent en traversant à pied la lagune.

Au café
C’est un plaisir méditerranéen que de boire un expresso bien tassé en regardant l’animation de la rue. En Grèce et en Turquie, ce plaisir est presque défendu aux femmes seules, pas ici, des familles entières consomment. Certains boivent des cafés surmontés de crème fouettée bien appétissante.

Musée archéologique

Je regrette que nous soyons parties sans guide. J’aime bien connaître l’histoire et ne pas passer étourdiment à côté d’une merveille trop discrète . Le musée archéologique  présente des panneaux bien documentés. J’y découvre que les Croates étaient allié aux Francs contre Byzance. Cette toute petite ville était alliée à Charlemagne par la paix d’Aix la Chapelle en 812 tandis que Zadar toute proche était byzantine.

Ile de Vir

Pont deVir

Nous quittons Nin pour aborder l’île de Vir reliée au continent par un pont moderne bombé.
Près du pont l’île est très construite, et se construit présentement, chantier de grandes maisons destinées aux touristes. A mesure que nous nous enfonçons dans l’intérieur, les constructions se raréfient .Il y a un bois de pin et de chênes, des vignes. Des panneaux proposent du vin et de la rakija à la ferme. Nous poursuivons la route pour trouver une plage. Quelques voitures stationnent sur un parking. La côte est rocheuse/ Le calcaire raviné est fendillé et coupant. Difficile d’atteindre l’eau transparente sans risquer de se blesser. Il n’y a pas d’ombre non plus et se promener avec le parasol est hasardeux. Nous quittons à regret cet endroit magnifique, sauvage et désert où pousse seulement un maquis ras. Le sentier côtier est tracé mais impraticable en sandales.

Calcaire blanc

Nous retournons vers les dernières habitations (encore en construction mais déjà habitées). Tandis que je vais dans un petit supermarché acheter de l’eau fraîche, Dominique repère une « plage » ; des petites terrasses cimentées en escalier avec un accès facile à l’eau et un trou pour piquer le parasol que nous adossons à un muret. Comble de luxe, le rocher lisse est incliné pour faire un dossier.


Nous resterons toute l’après midi sur notre terrasse. Le supermarché vend des masques de plongée. J’en achète  un bon marché (pas très étanche) et j’ai le plaisir d’observer des tas de poissons. Certains sont minuscules, transparents et nagent en groupe en surface. D’autres plus gros broutent les algues. Je crois même reconnaître des rascasses. Heureusement que nous nous baignons chaussées. Notre parasol fournit une belle ombre, le vent souffle de la mer, il fait une température délicieuse. Dominique surveille les évolutions d’un groupe de jeunes : 3 jeunes filles jolies et agréables, 3 petites filles adorables en deux pièces. Puis arrive une allumeuse qui attire tous les garçons. Avec mon masque je ne me lasse pas de retourner à l’eau. Nous levons le camp à 17h30. Nous faisons un crochet par Zadar pour nous approvisionner à Billa.
Après le dîner promenade rituelle. La digue est vide, tous les jeunes doivent être à Zadar .Nous regardons les lueurs du village qui se reflètent en guirlandes roses, vertes rouges.