Intempérie

LITTÉRATURE ESPAGNOLE 

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« De son trou argileux, il entendit ‘écho des voix qui ‘appelaient et essaya de localiser chacun des hommes dans les limites de l’oliveraie, comme s’il s’agissait de grillons. Beuglement pareil à des cistes calcinés. Recroquevillé en chien de fusil, son corps s’encastrait dans la cavité sans lui laisser le moindre espace pour bouger…. »

Pourquoi cette fugue éperdue de l’enfant? Une lubie de gamin, un désir d’ailleurs, ou une tragédie?

« Lui avait bien dû faire quelque chose pour mériter ses brûlures, sa faim, sa famille. « quelque chose de mal » lui rappelait son père à chaque instant »

Pourquoi l‘Alguazil s’acharne-t-il tant sur lui?

Ce roman retrace donc la fuite de l’enfant poursuivi mais aussi raconte la terre meurtrie par une terrible sécheresse. C’est d’ailleurs à cela – probablement – que fait référence le titre du livre. Terrible sécheresse :

« Sur les terres qu’ils traversaient, les traces de sillons et d’aires de battage leur parlait de désolation. Billons au lavis sur lesquels ondulait une croûte de boue cuite que seul l’âne chargé écrasait. Ancienne terres irriguées, à présent pareilles à des planches à laver le ligne parsemées de petits silex aux bords tranchants et à l’aspect cireux détaché des traîneaux à repiquer »

Car la terre  est le personnage principal de Intempérie . De l’enfant ou du chevrier nous ne saurons ni le nom, ni l’âge, ni les traits physiques. Tandis que de la terre, nous connaîtrons les odeurs, le relief, la végétation et les tristes ravages de la catastrophe. C’est le roman de la soif. Des rivières asséchées, des mares qui ont disparu, des puits où l’eau est devenue mauvaise. Des chèvres qui donnent si peu de lait et qu’il faut faire boire. Catastrophe écologique du réchauffement climatique ou manque de pluie récurrent dans  cette région d’Espagne? Roman intemporel. Seule la moto de l’alguazil permet de situer l’action aux temps modernes.  Le pastoralisme et la transhumance pourrait aussi bien venir du fond des temps.

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Roman de la soif. Sécheresse aussi et économie de paroles. L’enfant ne dit rien de sa fuite, ni le vieux de sa vie.Violence aussi.  . Humanité réduite aux rites funéraires. On tue pour survivre mais les hommes ont droit à une sépulture. Pudeur des gestes réduits au strict nécessaire.

J’ai dévoré ce livre dans l’avion qui me ramenait de Fuerteventura, île sèche et déserte où l’eau précieuse des campagnes est puisée grâce aux éoliennes et gardée par des levées de terres, des terrasse. Où l’eau de pluie est parcimonieusement conservée dans l’aljibe, la citerne qui se trouve dans chaque cour. Où on donnera plus volontiers un verre de vin qu’un verre d’eau au passant.

Que fait donc le mouton sur la couverture du livre? des hommes, un enfant, un âne, un chien, des chèvres, un corbeau, un rat apparaissent dans l’histoire. De mouton , nenni.

Dernier après midi à Séville – Guadalquivir et musée archéologique

ANDALOUSIE Pâques 2009

Sur le bord du Guadalquivir, par temps de chaleur

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A notre exploration de Séville, il nous manquait une promenade sur le Guadalquivir. A 16h,  sous un soleil estival, nous cherchons les bateaux qui appareillent sous la Tour de l’Or. Un beuglant convoque les touristes à une promenade bien sonorisée à grand renfort de musique de foire. Cela nous dissuade, nous aurions rêvé une croisière tranquille et reposante. La Tour de l’Or ne se visite que le matin. Le plan de visite est foireux. Il y a peu d’ombre.  Le thermomètre dépasse largement l 30°C.
J’improvise : suivant le fleuve, sur le Paseo de las Delicias, je rejoins les Jardins de l’Exposition de 1929. En cas de canicule, le secret est de rester à l’ombre. Le pavillon de Buenos Aires me fascine. Il est occupé par une académie de danse, ne se visite pas.

 

Musée Archéologique de Séville après Italica

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romains anonymes

C’est un vrai plaisir de visiter le Musée Archéologique le lendemain de notre sortie à Italica.

Les mosaïques sont merveilleuses, certaines statues de marbre sont énormes. On imagine le site ainsi meublé (pourquoi ne fait on pas des copies ?). Les  têtes des romains anonymes sont très émouvantes, tellement proches des visages actuels. Nous aurions pu les croiser en costume moderne dans la rue, sur le pas d’une boutique, derrière le comptoir d’un bar…contrairement aux Grecs idéalisés, ils sont souvent bourrus et pas toujours amènes.

Le Musée comporte aussi des sections de Préhistoire. Ma visite était dédiée aux Romains. Je passe donc vite devant le Trésor de Tartessos. Pourtant les Phéniciens m’intéressent bien.

Séville – Musée des Beaux Arts de Séville- peinture espagnole

ANDALOUSIE Pâques 2009

 

Chocolate con churros

 churros

Enfin, je vais satisfaire mon caprice d’un vrai, petit déjeuner avec »chocolate con churros » dans un café en même temps que les Espagnols ! Nous en avons eu un avant-goût sur le bord du Guadalquivir. à midi et dans un gobelet en plastique, chers et froids, c’était un peu gâché. Rue Eloy, dans un petit café populaire, des vieux messieurs se goinfrent avec les beignets. Une jeune fille frit sous nos yeux une spirale de pâte légère qu’elle retourne habilement de deux tiges métalliques. Elle coupe d’énormes parts et les empile sur un plat ovale métallique. Le chocolat est si épais qu’il me vient un doute : convient il de le boire ou seulement de tremper le churro ? je regarde mes voisins pour les imiter . le vieux monsieur accoudé au bar trempe dans le café au lait. Les enfants arrivés juste après moi ont commandé des sodas. Dans le doute, je m’installe à l’écart et je trempe. Puis je laisse les deux tiers de ma part trop copieuse et pourtant bon marché : 2€, chez Carmen.

 

Musée des Beaux Arts de Séville- peinture espagnole

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Zurbaran

Au Musée des Beaux Arts on me demande ma Carte d’Identité    qui m’ouvre le Musée gratuitement. Je dois laisser mon sac à la consigne.

Les peintures des anonymes du 15ème siècle me ravissent toujours autant : fonds dorés comme des icones, finesse des détails, imitation des tissus damassés. L’Annonciation de Martorell me rappelle des souvenirs de 2003 : L’exposition Bermejo à Bilbao.

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Fraqncisco Pacheco

Les grand tableaux de Francisco Pacheco sont intéressants. Curieusement, ils  offrent des similitudes avec les toiles symbolistes fin 19ème avec ls corps des jeunes gens haves et musclés. Pacheco fut le maître de Cano et Velasquez. La présentation du Musée est claire. Chaque salle représente une école. Le Maniérisme occupe les salles III et IV.

Le baroque trouve sa place naturelle dans la chapelle du couvent. Le mot « chapelle » ne doit pas évoquer dans ce cas un  espace intime. C’est une construction monumentale avec une haute coupole peinte. Les tableaux sont de grands formats tout à fait à la mesure du monument.

Juan Roelas et Zurbaran représentent la peinture Naturaliste. Roelas m’ennuie. Zurbaran est un grand maître, sûr de son art, ce qui le l’empêche pas de peindre aussi des bondieuseries ennuyeuses.

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L’hôte d’honneur de la chapelle est Murillo. Murillo peint très bien les anges, et les vierges diaphanes aussi. Je reconnais Santa Justa et Santa Rufina autour de la Giralda (nous les avions vues à l’Hospital de los Venerables). Ces femmes en équilibre sur une boule transparente m’agacent.

A l’étage, Jose de Ribera et Juan Valdès Leal (dont nous avons déjà vu des fresques). La salle Zurbaran est la plus convaincante : saint Hugues au Réfectoire des Chartreux est d’une autre trempe que toutes ces Immaculées ! Le talent de Zurbarán se déploie dans d’autres styles que les éternels poncifs. Et puis Zurbarán a un « truc » : comme tous les baroques, il met des anges joufflus et des nuages plein ses tableaux. Le « truc » de Zurbaran c’est que les « nuages » sont faits avec les visages des anges, transparents et diaphanes.

Un couloir est occupé par une série représentant une procession devant la Cathédrale ses environs. C’est fou que les Espagnols aiment processionner ! Et pour une fois c’est une procession profane ! Domingo Martinez montre minutieusement les étapes de ce défilé avec les chars représentant l’Allégresse, les Masques, les quatre éléments.Derrière  le char, les figurants portent toutes sortes d’objets en rapport avec le thème. Celui de l’Eau, tiré par des dauphins, est suivi par des pêcheurs, des harpons, des monstres marins…Avec l’Air défilent les instruments à vent, les girouettes, un moulin … le Feu, la guerre, les canons. Même si la qualité de la peinture ne se compare pas avec celle des grands maîtres, c’est frais, amusant, cela raconte la vie à Séville au 18ème siècle.

Exposition temporaire sur leModernisme à Barcelone. Mis à part une grande photo, rien sur Gaudi. Les dessins et les tableaux sont les œuvres de peintres catalans que je ne connais pas. Intéressant mais je suis un peu saturée.

De retour à la maison, je peux re-visiter le musée grâce la visite virtuelle du Musée accessible grâce à ce lien :

http://www.juntadeandalucia.es/cultura/museos/MBASE/visitavirtual/container.htm

Santiponce : San Isodoro del campo

ANDALOUSIE Pâques 2009

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Le monastère de San Isidoro del campo, à Santiponce n’est pas d’un accès facile. L’entrée est cachée sur le côté. Il faut contourner l’édifice.

Ici aussi, gratuité, mais photos interdites et sacs à la consigne.

L’église San Isodoro est gothique mais elle abrite deux retables baroques. Nous faisons connaissance avec Guzman el Bueno (nous avons vu sa rue dans le Barrio de Santa Cruz). Guzman el Bueno (1256-1309) est un héros de la Reconquête qui se distingua lors du siège de Tarifa. C’est dans cette église qu’il est enterré et on peut voir les gisants. Le cloître est décoré de motifs mudéjares en fresques beiges, orange rouge en camaïeu plutôt sobre (pas d’azulejos). Dans le réfectoire on voit des grands tableaux sombres sans aucune explication.

Le luxe des sacristies qui m’avait tant étonnée à Grenade trouve ici son explication. Dans un monastère se voulant rigoureux, on voit une vaste sacristie, des miroirs et  tout un décorum. C’est une des conséquences de la Contre-réforme : le prêtre se préparant à l’office doit se montrer dans tout l’apparat de sa fonction.

La salle Capitulaire nous réserve une excellente surprise. Les murs sont entièrement peints à fresque.On a décapé les peintures baroques et trouvé un très frais décor fleuri encadrant une série de scènes de la vie de saint Jérôme. L’une d’elle raconte l’arrivée du lion, l’autre l’intervention d’un âne (je ne suis pas assez calée dans la vie des saints pour connaître les anecdotes).

 

Séville : notre quartier autour de l’Alfafa , les vitrines pour la Féria

ANDALOUSIE Pâques  2009

 

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Dans notre quartier : les boutiques sont consacrées à l’habillement. Et pas n’importe lequel. Pas de confection banale. Le magasin du Marié est en face du magasin de la Mariée, en face de celui qui vend les articles de mariage et de communion.

Dans la rue suivante, on ne vend que des chaussures.

C’est ordonné comme dans un bazar oriental où toutes les boutiques d’une même rue vendent le même article, ou presque.  Le nom de l’Alfalfa m’évoque l’Orient où il désigne la luzerne. Je me plais à imaginer que cette place était l’endroit où les chevaux et les ânes livrant la marchandise trouvaient leur provende, un peu comme à Rosette, près d’Alexandrie.

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Pour Feria la fin de la semaine, les chaussures exposées sont toutes sur le même modèle : des escarpins à talon large et à bout rond avec une bride comme les chaussures des petites filles autrefois. Toutes les couleurs  sont proposées mais c’est le rouge qui domine à pois blancs ou noirs, c’est selon…Dans les magasins d’habillement c’est le « traje de flamenca » qui est exposé en vitrine : robe collante et décolletée avec des volants. Toutes les couleurs sont admises (encore une nette préférence pour le rouge) à condition qu’il y ait des volants.

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Tous les prix aussi, les plus ordinaires atteignent quand même 150€, les lus belles dépassent les 1000€.

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Plus loin, se trouvent les accessoires : éventails, fleur de tissu, peigne en écaille mais aussi boucles d’oreille très voyantes et colifichets en tout genre, châles aériens de dentelle ou brodés.

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On se presse pour acheter. Lorsque nous photographions une collection de robes nous sommes dérangées par le va-et-vient des clientes qui essaient, paient et emportent.

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La folie de la Feria a remplacé celle de la Semaine Sainte. Séville est prise d’hystérie pendant tout le mois d’Avril.

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Antiquité romaines : palais de la comtesse Lebrija – Italica, ville romaine

ANDALOUSIE Pâques 2009

mosaïques romaines
mosaïques romaines

palais de la comtesse de Lebrija

Les guides Gallimard et Bleu recommandent la visite du palais de Lebrija – 8 rue de la Cuna à deux pas de la Plaza del Salvador. Je me laisse tenter par cette visite, ayant lu que la Comtesse de Lebrija était une passionnée d’archéologie et une collectionneuse de mosaïque provenant d’Italica ; justement la visite d’Italica est programmée pour demain.
C’était une mauvaise idée que cette visite après celle de l’Alcazar. Evidemment, je suis déçue. La magie de ce palais néo-mauresque, néo-…, 1900 n’opère pas. Après l’original il a le goût d’un ersatz. Les collections sont mal présentées, le rez de chaussée est un fouillis. Quant à l’étage, il n’arrive pas à me captiver. Je ne me passionne pas pour  cette dame noble et riche, ses descendants, ses héritiers…
Je devais être de mauvaise humeur, Gallimard met un cœur à cette visite !
La calle Cuna arrive place de l’Encarnacion : des autobus tournent autour d’un jardin poussiéreux au milieu de la place. Je regrette les placettes plantées d’orangers.

 

Italica, ville romaine

Italica fut la première colonie romaine d’Espagne, fondée par Scipion l’Africain, non loin d’Hispalis, la sémite phénicienne. C’est le lieu de naissance des empereurs Trajan et Hadrien.

A cinq minutes à la sortie de Séville, en direction de Merida, on arrive par l’autovia à Santiponce, le village établi sur le site antique d’Italica où nous avons vu le théâtre antique à notre premier passage.

. Entrée gratuite pour les citoyens de l’ Union européenne.

Deux circuits sont fléchés : celui de l’amphithéâtre et celui de la ville. L’amphithéâtre est complet, son ellipse n’a pas souffert mais les gradins de brique sont érodés et n’apparaissent plus nettement. Au centre de l’arène, une fosse est mise en évidence : on y installait la machinerie permettant de transformer la scène, de hisser les cages des fauves.
D’après le Guide Bleu, c’est le 3ème amphithéâtre le plus spectaculaire du monde romain. Celui de Pozzuoli  nous avait beaucoup intéressés. On voyait bien les loges des gladiateurs, l’endroit des cages des bêtes féroces  .
A Italica, la pièce la plus originale est un texte sur un panneau de bronze datant de Marc Aurèle détaillant les frais engagés pour les jeux du Cirque. Exceptionnellement, le texte latin est assez lisible. Les paragraphes commencent dans les marges, les mots sont entiers et séparés ; Je préfère quand même la facilité de la traduction espagnole. Aborder les jeux par leur aspect financier est un point de vue intéressant.

La promenade dans la ville commence par un détour sur la colline boisée de pins et de buissons à mastic (pistachiers lentisques) et de caroubiers.

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La ville est très étendue, tout au moins le site dégagé puisque elle n’a pas été entièrement fouillée. De grandes allées se coupent à angle droit. Très peu de vestiges émergent de l’herbe rase. Dans un quartier, on a  mis à jour de belles villas romaines avec des mosaïques : la Maison des Oiseaux, la Maison du Planétarium (les 7 planètes figurées sont représentées par les dieux à figure humaine, on compte parmi elle Sélène la lune et le soleil), la maison de Neptune où une mosaïque en noir et blanc représente une curieuse chasse africaine avec des pygmées (les romains les connaissaient donc ?), ils chassent des animaux exotiques : grues, crocodiles, hippopotames. Mais les chasseurs sont aussi les chassés : l’un d’eux doit même grimper à un arbre, deux autres sont piqués au derrière par les becs des grues.

Si les vestiges sont mal conservés, (un glissement de terrain avait détruit la ville et chassé les habitants d’Italica sur les collines de Santiponce), en revanche, un très gros effort de pédagogie et d’explication pour les visiteurs aurait été fait. Des panneaux très détaillés et thématiques racontent différents aspects de l’histoire, la géographie et l’économie antique. A chaque station on analyse les communications terrestres ou fluviales, la monnaie, la vie dans une villa, l’organisation des thermes.   la visite est donc passionnante. D’ailleurs le site est rempli de scolaires , étudiants, collégiens .Des petits sont accompagnés d’animateurs costumés en toge. On leur apprend à saluer d’un « ave » sonore tous les visiteurs qu’ils croisent.

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Arrivées à 9h3à nous ne repartons qu’à midi après une excellente matinée en plein air.

Séville : San Salvador

ANDALOUSIE Pâques 2009

 

San Salvador

 

Baroquissime!
Baroquissime!

La Collégiale San Salvador est située sur la place éponyme tout près de la place de l’Alfalfa.

Après la petite placette du Pain et trouvons la Place Salvador.

La façade de l’église occupe tout un côté de la place. C’est une grande bâtisse de briques roses et de pierre claire, assez sobre de l’extérieur.  Le billet d’entrée est couplé avec celui de la Cathédrale.

Baroque!

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A l’intérieur, nous sommes étonnées par les dimensions, la clarté, surtout par les couleurs et les dorures. C’est baroque, très baroque même rococo. Trois retables se concurrencent en baroquisme et même en baroquiade.  Baroquissimes, les putti ont été engraissés à la Rubens. Les nuages et nuées s’accumulent. Dieu le Père est debout sur une pyramide de têtes. Les saints de bois sont habillés de velours et s’élèvent dans des grottes. Il y a même un âne de taille réelle (aussi réaliste que le faux cheval de la boutique d’El Rocio). Comme à Vienne, comme à Palerme, c’est toujours trop, trop abondant, trop doré, trop nuageux… Cependant, le baroque espagnol garde une dimension tragique qu’il n’a pas en Sicile.

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la cour de l’ancienne mosquée

Nous faisons le tour pour trouver dans la rue l’entrée de la cour des ablutions de l’ancienne mosquée : belle fontaine, arcades et colonnes soutenues par des chapiteaux antiques ou Wisigothiques et une piscine gonflable bleue du meilleur effet !

 

l’Alcazar de Seville

ANDALOUSIE Pâques 2009

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Palais de Don Pedro


Les portes de l’Alcazar ouvrent à 9H30 et nous arrivons avant l’ouverture.
Que dire de l’Alcazar après  avoir visité l’Alhambra ?
Serons-nous blasées de stucs, arcs lobés, outrepassés ? Et bien, non ! C’est toujours l’émerveillement.

stucs, arabesques et dorures
stucs, arabesques et dorures


Nous avons eu la chance de rencontrer un groupe francophone avec un guide remarquable. Quand j’entends un conférencier intéressant je suis toutes ouïe. Il insiste d’abord sur les 3 éléments décoratifs d’un palais andalou : marqueterie, stucs et céramique. La marqueterie est en mélèze, châtaignier et cèdre de l’Atlas. Le liant ajouté au puzzle des éléments emboîtés est de la graisse animale. La marqueterie utilisant des bois différents résiste mieux à la dilatation ou à la contraction, l’amplitude thermique étant très importante en Andalousie.

La céramique, comme les zelliges marocains, provient d’une plaque monochrome découpée à la pince en éléments géométriques. Le stuc est un mélange de chaux, de sable et de gypse avec encore un liant organique, œuf, graisse animal. Ce sont les ouvriers musulmans qui ont développé ces techniques. Employés au service de la couronne catholique ils ont créé un art Mudéjar distinct de celui des palais islamiques.  C’est sur cette distinction qu’insiste ce conférencier ? Il montre les éléments originaux que l’on ne ourrait jamais observer dans un palais arabe.

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D’abord les figures animées dont la représentation est interdite par l’Islam. Ici, il nous montre un petit singe, ici, une main humaine qui tient quelque chose. Il faut être très bon observateur pour deviner ces images perdues dans l’ensemble des entrelacs. Ensuite, les armoiries des rois chrétiens : presque partout on retrouve les deux colonnes et un lion. Dans les plaques de stucs la calligraphie arabe joue un rôle décoratif essentiel. Sur les bordures on peut lire des versets du Corans mais parfois on trouve une ligne en latin. Le jeu est donc de débusquer ces éléments inédits. Coquilles Saint Jacques,  mais aussi les poupées minuscules dans les chapiteaux de la cour des poupées, allusion aux petites princesses… L’œil s’exerce, on voit les choses différemment. L’enchantement et la surprise qui prédominaient à l’Alhambra jouent moins, j’apprécie encore plus le raffinement du décor.

zelliges
zelliges

 

A l’Alhambra, nous passions d’une pièce à l’autre un peu ahuries. Aujourd’hui, nous nous attachons à des détails que l’on aurait négligés, par exemple les zelliges en créneaux ne se trouvent pas ici par hasard, ils expliquent au visiteur qu’il se trouve dans un palais mais aussi dans une forteresse.

Aux oiseaux dans les stucs, référence à la fauconnerie, on a ajouté un paon oriental.

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paon oriental


Le conférencier, enfin, souligne enfin le respect que tous les souverains catholiques portèrent ultérieurement à tant de beauté. Dans cette période d’intolérance où régnait l’Inquisition aucun souverain n’a osé détruire le palais.

Chacun a marqué son empreinte : la galerie d’Isabelle la Catholique dans le salon des Ambassadeurs où la frise des rois figure sous les stalactites musulmans, le plafond de Charles Quint… Les stalactites seraient en rapport étroit avec l’histoire du Prophète qui, recevant la Parole de l’Ange Gabriel, se serait concentré dans la Grotte sur une goutte d’eau tombant d’une stalactite.
Après le passage du groupe sous visitons une seconde fois le Palais de Don Pedro. Riche de notre nouvelle connaissance, nous retournons au Patio des Doncellas (où se trouvent les poupées) pour prendre des photos en toute tranquillité et profiter pleinement de l’endroit.andalousie olympus 234 - Copie

Dans le Dormitorio de los Reyes Moros les zelliges vert et blancs donnent une impression de calme, de repos et de fraîcheur avec des motifs en zigzag évoquant l’eau..

 

Alcazar de Séville : Palais de Charles Quint

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Un escalier dérobé nous conduit, sans y prendre garde, au Palacio Gotico – ou Palais de Charles Quint. Ici aussi, les murs sont carrelés. On qualifierait plutôt les azulejos de majolique avec une dominante jaune qui éclaire les grandes salles rectangulaires. Animaux ou chimères ? Cerfs et lapins, mais aussi personnages étonnants, grotesques de la Renaissance Italienne  dans la chapelle, ajout de Philippe II (1556-1598).

 

 

La salle des banquets et des fêtes est décorée de grandes tapisseries racontant l’expédition de Charles Quint à Tunis. Technique flamande, matériau espagnol (soie et laine), ces tapisseries sont d’une grande finesse. Instrument de propagande, elles ont tellement voyagé qu’elles ont été usées et qu’on en a retissé des copies en 1740. Ce sont les copies qui sont exposées.

En bas, dans un cartouche est rédigé le texte en latin. Une conférencière affirme que le cartouche du haut est  en ladino. En ladino ? Qu’est ce que les Juifs, expulsés, persécutés, brûlés viennent faire là-dedans ? Le ladino est il vraiment indiqué pour décrire une expédition guerrière ? Mon incapacité à distinguer le ladino du vieil espagnol me laisse sur mon scepticisme.

La tapisserie qui m’a le plus frappée est une carte de la Méditerranée avec ses îles, Baléares, Corse Sardaigne et Sicile et ses ports importants : Gênes, Marseille, Barcelone et Lisbonne. Rome y figure mais pas Madrid.

 

 


Les jardins de l’Alcazar

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Nous passons insensiblement dans les jardins,traversant une série de patios plantés d’orangers de rosiers avec le pan traditionnel du Ryad arabe : une fontaine au centre et quatre carrés. La tour de l’eau  crache une grande quantité d’eau par une sorte de gouttière dans un bassin rectangulaire ou nagent des carpes. Un petit Mercure en occupe le centre.
A l’arrière de ce bassin, un mur de style rocaille abrite une galerie couverte qui partage les jardins de l’Alcazar en deux. De cette position élevée, on peut admirer la complication des motifs végétaux, perspectives, labyrinthe et massifs.

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De très hauts palmiers confèrent à ce parc un air d’oasis. On oublie la grande ville, la chaleur, la circulation, on y trouve le calme et la fraîcheur des oasis. L’illusion, le mirage, est dissipé lorsqu’on descend . Au niveau du sol, le jardin est tout à fait européen. Certaines parties « à l’anglaise », d’autres plus ordonnées avec les petites gloriettes, les buis taillés sont « à la française » ou peut être »à la toscane » avec les vasques de poterie vernissée. Le Pavillon de Charles Quint est recouvert d’azulejos colorés avec des arches oranges et des pignons pointus.
Nous aurions bien passé plus de temps à flâner et nous reposer à l’ombre dans le « jardin des poètes » si les jardiniers n’avaient pas débarqué avec des motoculteurs et des scies mécaniques. Chaque époque utilise les techniques de son temps.
Nous quittons le Palais par le très beau Patio des Banderas (Place d’Armes) que nous avions déjà aperçue en visitant le Barrio de Santa Cruz. Le retour emprunte les petites ruelles de la Juderia. Nous passons devant l’Hospital de los Venerables et évidemment… nous nous égarons. On trouve les colonnes antiques Marmoles qu’on avait cherchées dimanche, reste d’un temple romain.

Courses à 14H et déjeuner à 15h. Cette fois si nous avons assimilé les horaires locaux. Pendant la sieste, on élimine 150 photos numériques.

 

La Donana

ANDALOUSIE Pâques 2009

les chevaux de la lagune de Donana

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Dans les marais humides, paissent en liberté des chevaux . Quand ils courent  ils soulèvent des gerbes d’eau. Beaucoup trop loin pour les photos.

 

Matalascanas, la plage du Parc de Donana

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15 km séparent El Roció de Matalascanas. De chaque côté de la route, de hautes grilles enferment le Parc naturel. Est-ce pour protéger les daims les cerfs ou les lynx de la circulation automobile ou pour empêcher que les hommes ne répandent dans le Parc sacs en plastique, tentes ou pire ? C’est la première fois que e vois un parc naturel grillagé comme une base militaire.

Je m’attendais à traverser des canaux, des roseaux, des étendues d’eau dans cette vaste zone humide du delta du Guadalquivir. Nous sommes dans une pinède de pins pignons au port particulier avec la cime en boule serrée. Aux abords de la plage on propose un parcours de découverte du milieu dunaire mais nous préférons filer à la plage.
Un restaurant de plage Las Tres Carabelas, blanc et bleu loue des lits de plage et des parasols. Impossible de rester des heurs au grand soleil, même fin avril nous craignons l’insolation. Nous profitons également du restaurant. Accompagnant un verre de vin blanc on sert une assiette d’olives à l’ail, roses, vertes ou violettes pâle entaillées, moelleuses en guise d’apéritif. Vers 14h j’irai commander une racion de sardinas a la plancha- excellentes, elles aussi.

cherchez les bateaux!
cherchez les bateaux!

Toute une flottille de bateaux de pêche croise devant la plage. J’en compte 16. Ils trainent un grand filet attaché à un cadre métallique penché à l’arrière du bateau.
Comme à mon habitude, je relève les jambes du pantacourt et marche au bord de l’eau là où la vague finit de se briser et lèche le sable,  toute mousseuse d’écume. Le sable est très blanc, très fin. Coquilles et coquillages sont nombreux : cardiums, huitres, palourdes, praires. Les coquillages sont comestibles. L’eau est fraîche mais agréable. Je marche une demi-heure vers l’Ouest. La dune forme une falaise qui s’érode. Les maisons construites sur le bord de la falaise s’écroulent, sapées par les grandes marées. En haut, je devine des installations provisoires pour l’été : parkings, aires de pique-nique…En cette saison c’est discret.

Une foule bon enfant a envahi la plage. Une glacière, un parasol, un ballon. Quelques familles françaises sont en vacances. Les Espagnols sont surtout des jeunes gens d’une vingtaine d’années, groupes de filles et groupes de garçons séparés qui s’observent mais ne se mêlent pas. Quelques personnes âgées. Ici, c’est cool : bronzage des seins. En Avril, est ce moins dangereux qu’en Juillet?

 

parc de la Donana

les affûts pour observer les oiseaux
les affûts pour observer les oiseaux

Nous passons la fin de l’après midi au centre des visiteurs du parc de la Donana à Acebuche (ce drôle de nom désigne l’olivier sauvage). Une très belle promenade sur des planches mène à des affûts dans des cabanes de chaume qui étaient les habitations traditionnelles du marais. Ce chaume bizarre ressemble plutôt à des branchages de genêt ou de bruyère. Les affûts sont alignés le long d’une lagune étroite. Des petites îles, des massifs de roseaux offrent des abris aux oiseaux d’eau.

Sans jumelles l’observation est frustrante, les canards sembles être tous les mêmes. J’arrive quand même à distinguer la tête rousse de la  nette. Cette dernière est une nouvelle venue dans mon univers personnel. Au mois de Février j’ai étudié un document avec les 6ème . Puis en mars j’ai vu trois nettes rousses au Lac de Créteil. On  ne remarque que ce qu’on a appris à connaître ! Un deuxième parcours serpente dans un milieu moins humide. Je pars vers le premier poste d’observation. Une cigogne blanche plane. De retour au centre des visiteurs, le nid sur le toit du Centre des Visiteurs est occupé. Une autre cigogne est perchée sur un arbre qui a été taillé curieusement en forme de nid.

95km de voie rapide depuis la mer jusqu’à Séville. Nous contournons la ville historique par la Ronda qui longe les remparts après la porte Macarena. Le parking est complet puis une place étroite se libère entre deux 4X4 larges comme des camions.

Nous dînons sur la petite table du balcon : espadon épinards fais. L’espadon est à un prix tout à fait raisonnable : 2.2€ pour une tranche de 170g.
Il fait doux, une vraie soirée d’été.

El Rocio

ANDALOUSIE Pâques 2009

 

 

El Rocio
El Rocio

Une belle étendue d’eau est visible de la route : La Donana ! Des colonies de flamands roses  arpentent le miroir bleu comme à Fuente de Pedra.
Un immense parking au sol poudreux est vide : Il n’est pas 9 heures. Nous sommes les premières arrivées, ou presque, il faut aussi compter sur les ornithologues allemands qui ont dormi dans leur camping-car et qui en sortent équipés de trépieds, longues vues et objectifs photos sophistiqués.

La grande église blanche attire notre regard. Par chance,la porte est ouverte! L’endroit est étrange, disproportionné. Le sanctuaire, beaucoup trop grand pour être l’église d’un petit village – la Vierge, trop dorée, avec une paire de cornes de taureau à ses pieds. Au dessus du porche l’ immense coquille évidée paraît bleutée dans l’ombre du matin.

andalousie olympus 211 - Copie

Cette aire sablée, cette église trop grande… impression d’étrangeté.

Les hirondelles rasent la surface du lac. Toute une ribambelle d’oiseaux est posée sur un arceau métallique, jolie guirlande vivante qui se reflète  en formant un anneau. Des échasses avancent précautionneusement sur leurs hautes pattes rouges. Une aigrette blanche se pose.

Un grand hôtel blanc, El Tornal, domine le lac. Bien grand pour la clientèle des amis des oiseaux !

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Derrière l’hôtel: un décor de western, rue large et sablée bordée de façades avec des frontons plats. Aux barrières de bois on peut  attacher les chevaux. Far West ?  Mexique ou Amérique latine? C’est une ville fantôme. Des barils de manzanilla sont déposés devant les bars – saloons- fermés. Des enseignes de selliers, bottes de cowboys ou de gardians, pendent des façades de bois. Est-ce un mirage ?

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La réalité se réveille vers 10h, les premiers commerçant remontent les volets métalliques et sortent des centaines de boules plastiques contenant des Vierges dorées (si on les retourne y aura-t-il de la neige comme chez nous ?), des cierges, des rosaires en perle (tout faits ou à enfiler soi-même) mais aussi des chapeaux de cowboys, des ponchos en couverture de cheval. Les robes flamencas de toute tailles, couleurs  mais toujours avec des volants et souvent des pois. La fleur est gratuite si on achète la robe. La graisse, avec les bottes. On peut même acheter une calèche tirée par un cheval en plastique, harnaché.

Décor de western
Décor de western

Nous sommes sur le lieu de pèlerinage le plus fameux en Espagne.
A la Pentecôte un million de pèlerins sont attendus. Les gitans arrivent avec des chars à bœufs fleuris. Les étranges façades plates  sont les chapelles des fraternités de toutes les villes d’Andalousie. A l’arrière du décor blanc soigné, se trouvent de grands hangars. Je pousse une porte entrouverte : des dizaines de grandes tables rondes et des chaises habillées comme dans un restaurant chic. J’avais plutôt imaginé des écuries.