3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

Une ficelle en travers de la piste : nous entrons dans une « forêt classée ». Sous un abri quelques gardes surveillent. Ici aussi des petits tecks plantés serrés. Apollinaire m’a enfin expliqué ce mode de plantation. Les tecks poussent vite. Ces petits arbres aux troncs fins sont fragiles et craignent le vent. On les regroupe ainsi pour éviter qu’il ne les mette à bas. Comme à Kpalimé, il y a des cultures dans la forêt : ananas et coton. Un grand troupeau de bœuf est mené par des Peuls et accompagné par des hérons. A Mélia un écriteau m’amuse : « teckeraie litigieuse » ( ??)
A l’entrée de Notsé se trouvent deux l’usines : celle d’Egrenage de Sotoco et l’usine textile Novatex. Notsé est une ville importante. Nous avons toutes les peines du monde à trouver des bouteilles d’eau minérale et deux papayes mangeables. Les ananas ne coûtent rien (50francs) mais les avocats sont trop durs. Pour les petites douceurs : alocos ou chips de bananes je reste sur une déception, il n’y a rien le dimanche.
La piste de Notsé à la frontière béninoise traverse des villages de peu d’importance. Elle est plus étroite que celle que nous venons de quitter. A peine avons-nous parcouru quelques kilomètres que Kamal descend et regarde sa roue avant droite de la 405.
– « cela coince ! »
Nous trouvons un abri de chaume avec des rondins en guise de banc. Leur bois est poli comme du marbre de tant d’assises. Nous y prenons place et regardons Kamal sortir le cric et la manivelle, défaire la roue puis les plaquettes de frein qu’il frotte contre une pierre plate avec le même geste que j‘ai vu pour écraser le piment. Vingt cinq minutes plus tard la roue est reboulonnée et nous repartons.
Sous le soleil de midi qui écrase tout, nous ne sommes plus d’humeur à faire du tourisme. Il serait mal venu de déranger Kamal avec mes questions alors qu’il se concentre sur la conduite :
– « la piste est dégradée » dit- il
Comment choisit- il un côté ou un autre de la route ? Sans raison apparente, il roule à gauche puis traverse à droite, évitant dans des trous inimaginables, négociant ceux qui sont inévitables. Des femmes marchent avec leurs bassines pleines sur la tête. Il leur demande si la piste est meilleure devant. Non ! la frontière semble reculer, les trente derniers kilomètres sont interminables.
Le poste frontière est perdu dans la campagne. Sous un auvent rustique, un fonctionnaire togolais habillé de bleu, ausculte nos passeports, regarde les visas et les tampons. Il ne semble pas pressé ; Au contraire, il recopie consciencieusement tous les items du formulaire.
– « Où est Issy-les –Moulineaux ? »
Qu’est ce que cela peut lui faire ?
C’est interminable ! Deux curés en soutane blanche sur une mobylette passent sans s’arrêter. Quand il a enfin fini avec nos passeports il lui faut les papiers du véhicule. Un autre policier fait le tour de la voiture. Celui qui se tient près de la barrière téléphone sans fin. Cela se complique. Il veut 1000F ; même si nous ne voulons pas encourager la corruption nous sommes prêtes à donner les 1000F pour en finir. Kamal tergiverse, il ne paiera que 500F. Fin du Togo ! Mais pas des tracasseries. Du côté béninois, l’officier d’émigration me fait remplir les formulaires en double. Heureusement que je le fais moi-même ! Tant pis pour la calligraphie !