BÉNIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

Dantokpa, poissons, légumes et gris-gris. Tout va changer !
C’est un des plus gros marché de l’Afrique de l’Ouest.
Un homme nous prend en charge :
– « Voulez vous voir les animaux pour les fétiches ?
– Bien sûr ! »
Le Vaudou et la sorcellerie excitent ma curiosité. Charles sera un guide précieux qui nous pilotera dans les ruelles encombrées, nous montrant les passages à l’ombre où il fait plus frais.
pagnes
Nous traversons d’abord le quartier des tissus africains, étoffes colorées, roulées et empilées, tandis que des vêtements pendent à des cintres. Il y a même des vendeurs qui portent un plateau avec des cintres, suspendus autour de leur tête. Chaussures à talon entassées, nous retrouvons l’atmosphère des souks marocains ou égyptiens.
limaçons

Plus loin, dans des bassines, des plateaux de vannerie, des paniers ronds, d’étranges escargots à la coquille pointue évoquent plus la limnée que le petit-gris. Dans des écuelles : des escargots sans coquille ou des cadavres de limaces ?
légumes
De toutes petites tomates ; des piments très rouges, des bassines remplies de toutes sortes de haricots, de la farine ou du sucre dans des cylindres en sachets de plastique transparent artistiquement disposés.
Moulin à moteur
Sous un toit de tôle ondulée, une sorte d’atelier : des moteurs bruyants actionnent des moulins. Ce n’est pas le café qui est moulu, mais les haricots et le maïs « pour faire la pâte ». Des dizaines de personnes sont occupées dans le vrombissement infernal.
Faire des photos?
J’essaie de faire une photo – refus systématique de l’homme servant la machine.
Pourquoi ? Est-ce par peur qu’on utilise son image dans quelque sorcellerie ? On m’assure énergiquement que non. Charles, le guide, Thierry le chauffeur, Heiner, ont une autre théorie : ils veulent seulement faire monter les enchères pour le « cadeau » qu’on leur fera en l’échange de la photo. D’ailleurs nombreux sont ceux qui veulent qu’on « paye d’abord ». Il me vient une autre idée: et si c’était une réaction de dignité ? Refus qu’on considère leur misère comme du folklore, refus d’être perçus comme des curiosités.
la lagune

Sur le bord de la lagune, les femmes vendent des petits poissons argentés dans des paniers ronds. Des pirogues débarquent transbordant les piétons d’une rive à l’autre. Dans la cohue, on peut faire une photo d’ensemble. Certaines femmes sont abritées sous d’énormes chapeaux, certains sont aussi grands que des bassines renversées, d’autres pointus à la manière asiatique. Elles ne refusent pas la photo, se rendant invisibles sous le fameux couvre-chef.
fétiches
Les animaux morts utilisés pour les fétiches forment un alignement de crânes dénudés, des têtes portant encore la fourrure. On identifie même une petite panthère, des moitiés de crocodile, peaux étalées par terre, fourrures poussiéreuses, serpents séchés, grenouilles aplaties. Tout un assortiment macabre dont je renonce à faire l’inventaire exhaustif. Nous avons plutôt envie de fuir.
Heboristerie
La qui femme tient une herboristerie nous montre l’écorce qui guérit la malaria, les bottes d’herbes médicinales destinées à d’autres affections. Encore une fois, impossible de faire des photos.
Nous rentrons par le plus court chemin, évitant de bousculer une petite fille assise au milieu de la rue des tissus
Tout va changer! Le Nouveau Président!
Une aile delta motorisée survole la ville tirant une banderole à la gloire du nouveau président. Tout le marché l’acclame. Des femmes se mettent à danser. Fait exceptionnel, elles me demandent de les prendre en photo pour témoigner leur joie. Je m’exécute bien volontiers. Pour une fois qu’une photo n’est ni volée ni achetée !

la Galerie des Arts et de l’Artisanat est un village reconstitué avec un grand nombre de cases-magasins de souvenirs. Je suis frappée par la qualité de la menuiserie et de la sculpture sur bois. Nous nous promettons de revenir avec Thierry pour marchander un batik « je vous casserai les prix », promet un marchand.

Nous achetons des avocats, des mangues, une papaye et des oranges. Je suis surprise par le prix : 1100CFA, nous en aurons pour plusieurs jours.
Devant une grande église, une foule est massée, la chemise jaune des zemidjans ressort. Les taxis et motos sont à l’arrêt. Le nouveau Président est à l’église. Sous un crucifix, perchée sur les marches, une troupe, officiels ou sécurité ? Le cortège de voitures noires s’ébranle. Celle du Président est immatriculée « PR ».