Les Pierres sauvages – Fernand Pouillon

CISTERCIEN

« Un chantier est plus long qu’une guerre, moins exaltant, où les batailles sont les dangereuses corvées de tous les jours. Mais la victoire est certaine. Victoire du bouquet de la Vierge accroché là-haut, au bout du clocher, à la croix du forgeron »

Le journal de bord du Maître d’œuvre du chantier  du monastère du Thoronet commence le 5 mars 1161 et  s’achève en décembre.

A son arrivée, le défrichement de la forêt est commencé mais seulement un dortoir-atelier couvert de feuillage abrite quelques convers. La construction ne commence pas tout de suite. Avant, il faut  réunir des compagnons, carriers, forgeron, menuisier, établir la Règle de vie (on est dans un monastère).

« Après une visite approfondie du Thoronet, j’ai ordonné des aménagements dans les horaires, la discipline et créé une organisation. Ici, la vie sera dure. À l’obéissance à la Règle s’ajoutera le travail harassant de construire. »

L’auteur nous présente Paul, le carrier, Anthime forgeron, Joseph potier…ce ne sont pas des anonymes mais des personnalités attachantes. les animaux ne sont pas oubliés : les mules fournissent un dur labeur et paieront leur tribu.

Bien que le Maître d’œuvre soit loin d’être un novice, qu’il ait déjà construit nombreux monastères cisterciens, il arrive sans plan préconçu et laissera une longue période à son inspiration. Il veut d’abord s’adapter à la topographie mais aussi à la géologie du site. Un débat intéressant s’instaure entre les carriers, tailleurs de pierre pour l’aspect des blocs.

« Nous, moines cisterciens, ne sommes-nous pas comme ces pierres ? Arrachés au siècle, burinés et ciselés par la
Règle, nos faces éclairées par la foi, marquées par nos luttes contre le démon ?… Entrez dans la pierre, et soyez
vous-mêmes comme des pierres vivantes pour composer un édifice de saints prêtres. »

Le chantier exigera son lot de sacrifices : accidents du travail, dirait-on aujourd’hui. Les récits de l’agonie de Philippe, de Thomas de la mule Poulide seront tragiques. C’est le récit d’un chantier, mais surtout d’une aventure humaine. Le Maître d’œuvre ne sera pas épargné à la tâche.

Puis vient l’enthousiasme de la construction, les formes qui s’ébauchent puis se complètent :

Mes frères, ce clocher est d’inspiration spontanée. Si la plupart des éléments composants ont suscité de
nombreuses hésitations, le clocher, lui, s’est imposé comme une vision. Sachez mes frères qu’il figure le
manteau de la Vierge qui veille sur le monastère. Certes non, il n’est pas pour moi une statue incomplète ; il est
l’expression, la forme générale de ce manteau rigide, tant le tissu est lourd, brodé et couvert de pierreries. À son emplacement, il couvre l’abside, domine le transept. La chape sacrée enveloppera, dans le prolongement imaginaire de ses plis, vos stalles de moines. Forme abstraite, bien sûr, mais pour nous, maître d’œuvre, il est certain que nous mélangeons intimement poésie et réalité, plastique et préfiguration.
cherchant au paradis ses frères cisterciens : n’en trouvant aucun, il se jeta aux pieds de la Vierge en larmes. La Dame du ciel se pencha vers lui, l’aida à se relever, entrouvrit son manteau, et lui montra tous les cisterciens entourant l’abbé Bernard. Cette légende sacrée m’a inspiré le clocher de notre abbaye. »

Un beau voyage au Moyen Age initié par un successeur des bâtisseurs des cathédrales et des monastère!

Lire ici le très bel article de Dominiqueivredelivres :

 ICI

A travers la Provence : Apt, les Gorges du Verdon, installation à La Gaude

CÔTE D’AZUR

Moustiers-Sainte -Marie

Le GPS nous entraîne immanquablement sur l’autoroute si nous programmons la destination finale : La Gaude. Pour le contrarier nous lui indiquons Apt et suivons le chemin des écoliers la D900 qui se trouve être la Via Domitia (de Narbonne au Montgenèvre). Passons à travers des vergers très soignés taillés en espaliers, protégés par des filets roulés en cette saison, et abrités par des haies de cyprès ainsi que quelques oliveraies. Dans le Luberon, un Geoparc m’intéresserait bien Près d’Apt les crêtes bleues des Alpes bornent le lointain. 

Apt

Capitale du Fruit confit, commune sans OGM. J’y découvre le plus joli marché provençal, animé même hors saison en février. Il s’étend dans toute la ville. Artisanat de luxe, bijoux de pierres dures, des paniers, miels de différentes couleurs et fleurs, fromages. Ici, le réparateur d’horloges comtoises, là le rempailleur. peu d’alimentaire. J’ai cherché les fruits confits, connus des cruciverbistes et je suis rentrée bredouille.

Moustiers Sainte Marie

Ville de la faïence, vue de loin accrochée à la montagne sous des falaises impressionnantes.

Gorges du Verdon

Verdon : Lac de Sainte Croix

Le lac de Sainte Croix est bleu turquoise très vif à travers les arbres. Malgré la saison hivernale il y a du monde sur la plage et même quelqu’un se baigne. La route s’engage alors dans un défilé au-dessus des gorges. On devine le ruisseau qui a entaillé la falaise beaucoup plus bas.

Verdon vu du belvédère

Le belvédère de Mayreste été aménagé à 200 m d’un parking.  Le sentier passe dans les buis. Sur certains versants il ne pousse que des buis roussis en hiver. La pyrale est présente mais les buis résistent. Je regrette d’avoir coupé ceux du Vaurayet. La base du belvédère est vraiment très glissante, la roche est polie comme un miroir. Je m’accroche à la rembarde métallique qui sécurise l’observatoire. 

Nous nous arrêtons pour déjeuner sous un arbre en fleur.

la D952 passe au Point sublime Après un tunnel elle s’enfonce dans le canyon dans l’ombre (surprenant il est 14h et il fait grand soleil). On passe Pont de soleil et l’on quitte la D952 avant Castellane pour entrer dans le Var.

l’Argelière, notre gîte à La Gaude

Nous arrivons à La Gaude à 16 heures. Notre gîte se trouve non loin du village historique qu’il ne faut surtout pas traverser en voiture (on nous avait prévenues mais le GPS nous y a entraînées). Les rues serpentent, les épingles à cheveux surprennent. Enfin! les mimosas en fleur! Notre gîte L’Argelière est bâti au dessus du jardin remarquable construit en terrasses sur un terrain très en pente. De petits iris sont fleuris. Notre propriétaire me le fera visiter demain. 

 

 

 

Le hussard sur le toit – Giono

ÉPIDÉMIE

Angelo partit à quatre heures du matin. Les bois de hêtres dont lui avait parlé le garçon d’écurie étaient très beaux. Ils étaient répandus par petits bosquets sur des pâturages très maigres couleur de renard, sur des terres à perte de vue , ondulées sous des lavandes et des pierrailles. Le petit chemin de terre fort doux au pas du cheval et qui montait sur ce flanc de la montagne en pente douce serpentait entre ces bosquets d’arbres dans lesquels la lumière oblique de l’extrême matin ouvrait de profondes avenues dorées et la perspectives d’immenses salles aux voûtes vertes soutenues par des multitudes de piliers blancs. Tout autour de ces hauts parages vermeils l’horizon dormait sous des brumes noires et pourpres….

Épidémie de choléra en Provence en 1830, lecture de circonstance dans la série inaugurée avec La Peste Ecarlate et l’Année du Lion.

Traversée de la Provence pendant un été torride et l’arrivée de l’ automne dans des paysages superbement décrits.

la chaleur pétillait sur les tuiles. Le soleil n’avait plus de corps : il s’était frotté comme une craie aveuglante sur tout le ciel ; les collines étaient tellement blanches qu’il n’y avait plus d’horizon

Roman historique : Angelo, le héros, colonel de hussards piémontais a tué en duel un espion qui dénonçait les carbonari aux autorités autrichiennes, il s’est réfugié en Provence et veut rejoindre son frère de lait Giuseppe, carbonaro, cordonnier à Manosque.

Roman d’aventure, Roman de cape et d’épée : les routes sont barricadées, ceux qui tentent de fuir l’épidémie sont enfermés en quarantaine. Angelo tente d’éviter les patrouilles en coupant par la colline, ou  livre bataille aux soldats, enfermé il s’évade. Réussira-t-il à rejoindre Giuseppe? Suspense garanti.

Roman d’amour  ou presque, quand il rencontre une belle inconnue qui fera la route avec lui. 

J’ai fait durer la lecture tant Giono écrit bien. J’ai goûté avec grand plaisir ses descriptions des paysages provençaux. Giono fait ressentir la chaleur, le soleil de craie, mais aussi les parfums des pinèdes. Les oiseaux et les papillons et même les abeilles adoptent des comportements inquiétants pendant l’épidémie……Il décrit aussi les affres de la maladie, pas très appétissante.

Si vous connaissez la campagne d’Aix en Provence à  Manosque, Gap et Théus vous goûterez encore plus le voyage.

Trouvé sur un blog intéressant

pour le détail de l’itinéraire cliquer ICI

Pourquoi ce titre de Hussard sur le Toit ? Angelo se réfugie sur les toits de Manosque, mais je vous laisse la surprise….

 

 

3 contes de Flaubert – Herodias – fresques de Matteo Giovanetti à Avignon

Plafond de la Chapelle saint Jean (via Wikipedia)
Plafond de la Chapelle saint Jean (via Wikipedia)

J’adore lire des fresques comme des bandes dessinées, d’ailleurs elles étaient destinées à des fidèles qui ne savaient pas lire et qui y trouvaient l’histoire sainte.J’ai découvert un artiste que je ne connaissais pas : Matteo Giovannetti. Cette chapelle Saint Jean est dédié à Saint Jean Baptiste et à saint Jean l’évangéliste.

Saint_Jean-Baptiste-Giovannetti
Villeneuve-lès -Avignon : vie de Saint Jean Baptiste – Giovannetti

De l’autre côté du Rhône, à la Chartreuse  est également peinte à fresques par Giovannetti.

Cela m’a donné envie de lire le conte de Flaubert Hérodias qui raconte l’emprisonnement de Saint Jean Baptiste et la danse de Salomé.

Plaisir du style de Flaubert qui – dans un conte, on ne se pique pas de réalisme – va donner libre cours à son imagination orientalisante et décrit la vue de la citadelle de Machaerous dans une Palestine rêvée:

« Un matin avant le jour, le Tétraque Hérode-Antipas vint s’y accouder, et regarda.

Les montagnes, immédiatement sous lui, commençaient à découvrir leurs crêtes, pendant que leur masse, jusqu’au fond des abîmes, était encore dans l’ombre. Un brouillard flottait, il se déchira , et les contours de la Mer Morte apparurent. L’aube qui se levait derrière Machaerous épandait une rougeur. Elle illumina bientôt les sables de la grève, les collines le désert, et, plus loin tous les monts de la Judée, inclinant leurs surfaces raboteuses et grises, Engeddi, au milieu , traçait une barre noire; Hébron, dans l’enfoncement, s’arrondissait en dôme: Esquol avait des grenadiers, Sorek des vignes, karmel des champs de sésame; et la tour Antonia, de son cube monstrueux, dominait Jérusalem. Le Tétrarque en détourna la vue pour contempler, à droite, les palmiers de Jéricho; et il songea aux autres villes de sa Galilée : Capharnaüm, Endor, Nazareth, Tibérias où peut être il ne reviendrait plus<; Cependant le Jourdain coulait sur la plaine aride »

Et la danse de Salomé:

« mais il arriva du fond de la salle un bourdonnement de surprise et d’admiration. Une jeune fille venait d’entrer.

Sous un voile bleuâtre lui cachant la poitrine et la tête, on distinguait les arcs de ses yeux, les calcédoines de ses oreilles, la blancheur de ssa peau. Un carré de soie gorge-de-pigeon, en couvrant les épaules, tenait aux reins par une ceinture d’orfèvrerie. Ses caleçons noirs étaient semés de mandragores, et d’une manière indolente elle faisait claquer de petites pantoufles en duvet de colibri.

Du haut de l’estrade, elle retira son voile. C’était Hérodias, comme autrefois dans sa jeunesse. Puis elle se mit à danser.

Ses pieds passaient l’un devant l’autre au rythme de la flûte et d’une paire de crotales. Ses bras arrondis appelaient quelqu’un qui s’enfuyait toujours. Elle le poursuivait,plus légère qu’un papillon, comme une Psyché curieuse comme une âme vagabonde et semblait prête à s’envoler.  […] Puis ce fut l’emportement de l’amour qui veut être assouvi. Elle dansa comme les prêtresses des Inde,comme les Nubiennes des cataractes, comme les Bacchantes de Lydie. Elle se renversait de tous les côtés pareille à une fleur que la tempête agite. Les brillants de ses oreilles sautaient, l’étoffe de ses vêtements jaillissaient d’invisibles étincelles qui enflammaient les hommes »

 

Cranach (via Wikipedia)
Cranach (via Wikipedia)

 

 

Vincent Van Gogh – Antonin Artaud à Orsay

LE MONDE EN EXPO

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De retour de Saint Rémy et d’Arles, c’est d’abord à Van Gogh que j’ai pensé! voir tous ces tableaux réunis, était pour moi une joie annoncée. Après la visite à Saint Paul de Mausole, les promenades sur les lieux où il avait posé son chevalet; cette visite était une urgence. Tableaux connus, comme ces autoportraits ou l’église d’Auvers sur Oise, et d’autres moins connus venus parfois de très loin.

vincentantonin

Venue pour Vincent, j’ai découvert Antonin!

Je connaissais l’homme du Théâtre et son double et d‘Héliogabale mais je n’avais jamais vu ses dessins : saisissants! Quelle maîtrise dans ses autoportraits. Je ne connaissais pas non plus son visage. Des extraits de films le montrent dans sa jeunesse. Les plus grands l’ont fait tourner Abel Gance, Dreyer, Fritz Lang et tant d’autres. D’une grande beauté avec un regard ardent. Expressif dans le cinéma muet comme dans les débuts du parlant. Visage ravagé en 1946 après son internement à Rodez.

Les propos d’Artaud à propos de l’Exposition de 1947 répondent précisément à cette interrogation. Sauf qu’en matière de folie, Artaud est un expert et ses réponses sont étonnantes et percutantes!

« Non Van Gogh n’était pas fou, mais ses peintures étaient des feux grégeois, des bombes atomiques, dont l’angle de vision, à côté des autres peintures qui sévissaient à cette époque eût été capable de déranger gravement le conformisme larvaire de la bourgeoisie second Empire et des sbires de Thiers, de Gambetta, de Félix Faure, comme ceux de Napoléon III. »

J’aime qu’une exposition me raconte une histoire. Plus que la réunion d’œuvres  d’un même artiste, c’est une cohérence qui rend la visite encore plus passionnante. Et dans le cas de cette exposition au Musée d’Orsay le commentaire d’Artaud est fulgurant. A Saint Rémi je m’étais demandée : Vincent Van Gogh était-il fou? et qu’est-ce que la folie pour un artiste?

Dans une salle de projection, sur tout un mur, se projette le dernier tableau de Van Gogh, Le Champ de blé aux corbeaux avec le texte d’Artaud, lu par Alain Cuny. J’en ai trouvé une autre version sur Youtube.

Et pour le plaisir Kurosawa :

En sorttant de l’Expo, j’ai acheté le texte d’Artaud :

VAN GOGH LE SUICIDE DE LA SOCIETE

laissons la parole à Artaud:

Méfiez-vous des beaux paysages de Van Gogh tourbillonnants et pacifiques

convulsés et pacifiés

C’est la santé entre deux reprises de la fièvre chaude qui va passer.

C’est la fièvre entre deux reprises d’une insurrection de bonne santé,

Un jour la peinture de Van Gogh armée de fièvre et de bonne santé,

reviendra pour jeter en l’air la poussière d’un monde en cage que son cœur ne pourra plus supporter.

 

 

 

Dans le Pays de Pagnol : Le Château de Ma Mère

CARNET PROVENÇAL

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Matin radieux ! 

je m’installe sur la terrasse au soleil avec Le Château de ma Mère de Pagnol.

Les cent premières pages racontent la fin des vacances de Marcel à la campagne, et son amitié avec un petit paysan Lili qui l’initie au piégeage des oiseaux. Lili  lui fait découvrir les secrets de la colline, les sources qu’on ne doit pas divulguer, les passages secrets,  les migrations des oiseaux…Autour de moi, cette même colline, les mêmes arbres, je suis sur le site précis ! Bien sûr ce n’est pas la saison ! Mais le temps estival en février fait presque illusion. Pagnol a une connaissance précise des végétaux, des oiseaux, je me régale de tous ces détails. J’aimerais reconnaître ces cades, ces argeras que je ne connais pas. L’amitié des deux garçons est si entière, si naïve, si touchante.

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Septembre s’achève, la rentrée des classes est un séisme.  Marcel décide de rester dans la colline, de« devenir hermitte » mais le Grosibou – le Grand duc – qui crève les yeux,  a raison sa résolution de vivre en Robinson Crusoé.

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Au cours de l’année scolaire,  la famille de Marcel retourne à la campagne, par les « châteaux » qui occasionnent le détour…Rencontres avec les gens simples, aussi avec les nobles honnis, compromis aussi.

 J’ai moins ri que dans la Gloire de mon père mais je me suis attachée à ces souvenirs d’enfance, tendres qui se terminent par le décès de la mère, de Lili et même de Paul. Mais il ne faut le dire aux enfants…

villages des Alpilles ; Maussane , Le Paradou, Fontvieille,

CARNET PROVENÇAL

le moulin de Daudet à Fontvieille
le moulin de Daudet à Fontvieille

Le village de Maussane s’étire le long de la route bordée de magnifiques platanes, de belles maisons de pierre, presque. La place est occupée par des cafés sous les platanes « à la grecque ». Une belle fontaine des quatre saisons  est ornée de statues classiques. Un grand lavoir est abrité. On peut aussi visiter les petits oratoires. Sous le soleil et en pleine forme nous avions prévu la promenade. Il fait gris, la motricité ne m’est pas revenue malgré les promesses de l’ostéopathe. Nous voyons cela de la voiture. Joli village mais endormi en février. Revenir au printemps !

le moulin de maître Cornille
le moulin de maître Cornille

Juste à la sortie de Maussane commence le village du Paradou indistinct de Maussane, toujours platanes et belles maisons provençales. Une grande bâtisse de ciment abrite le Musée des Santons, La petite Provence du Paradou. 400 grands santons habillés racontent la Provence de Pagnol et celle de Daudet.

la partie de cartes
la partie de cartes

C’est amusant de chercher les personnages, César, Panisse, Monsieur Brun et Escartefigue font leur partie de manille, Marius est au comptoir. Au moulin de Maitre Cornille, les ânes se pressent et on décharge la farine.

le magasin de Panisse
le magasin de Panisse

Aux Saintes-Marie de la Mer, les gitans campent. Comme les photos sont permises et que nous sommes les seules visiteuses, nous mitraillons, photos et films pour profiter de l’accompagnement sonore.

Ces santons forment une crèche géantes à la manière des crèches napolitaines. J’avais beaucoup aimé celle de Naples. Ici c’est moins recherché, plus naïf : Provence conventionnelle,  tellement sympathique !

Travaux des champs
Travaux des champs

Fontvieille n’est pas loin. A l’entrée du village on exploite encore les carrières de beau calcaire à bâtir. En face la voie ferrée. Train touristique des Alpilles ou wagons de marchandises ? Fontvieille est très touristique en saison, tourisme de luxe, hôtels 3* , restaurants chers, Moulins à Huile…. Hors saison, c’est tristounet. Février n’est peut être pas le meilleur moment pour visiter la Provence. Sauf si on cherche la solitude. .

Pour le Moulin de Daudet nous jouons de malchance, non seulement il est fermé mais un cirque à déployé son chapiteau à ses pieds. Je l’imaginais plus dans la campagne, sans doute il l’était. Il me faut monter une colline rocailleuse  et j’ai bien de la peine.

Nous tournons en voiture dans le village vieux avec ses rues tortueuses et ses maisons de belles pierres blanches construites les unes contre les autres  dans le désordre. La halle reconstruite en 2004 est bien neuve, la Tour des abbés carrée a belle allure. Le Musée de Daudet est fermé. Le soleil s’est fait attendre. Impression en demi-teinte.

Saint Rémy de Provence : Musée des Alpilles

CARNET PROVENÇAL

place Favier
place Favier

On entre par des portes dans le centre de Saint Rémy mais il n’y a pas de remparts ni de muraille. Les maisons anciennes de deux étages sont collées les unes contre les autres le long d’une rue en arc de cercle. On dalle les ruelles, cela fait un bruit infernal qui gâche un peu la promenade. Les boutiques sont souvent fermées. Ce sont des boutiques de luxe. On n’aurait jamais l’idée d’y acheter quoi que ce soit. Certaines sont quand même amusantes, vintage, antiquaires, l’une d’elle vend des figurines à têtes branlantes : chiens pour la plage arrière de la voiture, c’est banal, mais aussi Reine d’Angleterre habillée de pastel, chapeautée fait un geste de la main. Même la Sainte Vierge est animée du même geste de la main.

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fontaine Nostradamus

Nostradamus est un personnage de Saint Rémy. Une fontaine lui est dédiée et on passe devant sa maison.

Le Musée des Alpilles se trouve sur la charmante place Favier, au fond de la place, un brocanteur a installé des mannequins portant des costumes traditionnels provençaux, une tour et de vieilles maisons  encadrent son magasin. Le Musée est installé dans l’Hôtel Mistral de Mondragon, hôtel particulier Renaissance d’une jolie pierre dorée finement sculpté.

la cour de l'hôtel renaissance
la cour de l’hôtel renaissance

Actuellement une très belle exposition temporaire occupe le rez de chaussée et un peu les collections permanentes. Sur le thème de l’arbre. Des globes de verre comme celles qui protégeaient les bouquets de mariées, ont été remplies de compositions de branchages factices, de tronçons de bois,  et de livres des auteurs des Alpilles, Frédéric Mistral, bien sûr mais aussi d’autres moins connus. Au mur, des tableaux de Gustave Fayet, des dessins et des gravures.

Figuier
Figuier

Un paravent a retenu mon attention. Fait de papier translucide sur de légers cadres de bois, formant une douzaine de panneaux. Il est décoré de dessins, collages, aquarelles racontant les étapes de murissements de la figue. Le premier panneau montre le fruit à peine formé accompagné d’une citation du Cantique des Cantiques calligraphié en hébreu. Le second montre le fruit déjà formé accompagné d’un texte en arabe, tandis que le troisième est en grec, la figue mûrit. Au fil des panneaux le fruit rougit, finit par exploser tandis que les langues se mélangent.

le paravent aux figues
le paravent aux figues

Sur un autre mur, dessins d’Anne Rothschild : étude d’un rameau de figuier accompagnant un herbier. Dans autre salle, les arbres sont considérés comme arbres nourriciers. Figuiers et oliviers sont présentés avec les bidons d’huile ou de l’outil pour cueillir les figues. De nombreuses sculptures de bois accompagnent l’installation. Dans les salles et dans la très jolie cour ou se trouve un bel escalier Renaissance.

A l’étage les collections permanentes sont celles d’un musée ethnographique. La mise en scène, ici encore est remarquable. Après avoir vu des tableaux représentant les paysages anciens ou la ville de Saint Rémy au cours des âges, je découvre un petit cabinet consacré à la cigale. Toutes les espèces de cigales, européennes mais aussi Africaines Américaines ou Asiatiques sont épinglées dans de magnifiques compositions. Les outils agricoles sont exposés comme dans tous les musées ethnographiques. Ils sont mis en valeur par la scénographie. Des sculptures modernes de Vincent Larige sont mêlés aux objets : longs bâtons de bois collés mélangés à des tronçons de résine incluant des objets colorés, totems provençaux ?

totems?
totems?

Les productions locales des Alpilles ne se limitent pas à l’huile d’olive et au vin. J’avais découvert les graines florales au cours du parcours Van Gogh. Les assortiments de graines sont présentés dans des tubes à essais, dans des vitrines comme autant de compositions variées. La garance graines et racines pilées donnait un beau colorant rouge. J’avais oublié la soie, le mûrier. Les chardons à cardère ont été cultivés jusqu’en   1983. Ce chardon à carder ne servait pas à carder a laine mais à la « gratter ».

Nous terminons la journée à la recherche de la Fondation Armand Panigel situé dans un moulin : la Fabrique. J’avais entendu parler du moulin. Nous ratons le carrefour et nous retrouvons à Maillane juste en face du musée Mistral. Il n’est plus temps d’y entrer. Je le regrette puisque je viens de commencer la lecture de Mireille

Les Baux de Provence

CARNET PROVENÇAL

le château des Baux se détache sur la falaise
le château des Baux se détache sur la falaise

Puisque tout est fermé à Saint Rémy le lundi nous déjeunons devant le site de Glanum sur des tables à pique-nique en bois et retraversons les Alpilles vers les Baux de Provence. De loin on devine la silhouette du château se détachant sur les crêtes calcaires ruiniformes. De magnifiques mas exploitant les oliveraies et les vignes se trouvent dans la petite vallée. Certains sont de luxueux hôtels ou chambres d’hôtes pour les touristes.

Le parking est payant (5€) et bien aménagé. En février nous n’avons aucun mal à garer la voiture. On monte tout en haut pour découvrir une carrière de pierres, avec des excavations mais aussi les dissolutions dans le calcaire faisant comme de la dentelle de pierre, les trous et fenêtres naturelles. Nous n’aurions pas dû monter si haut, le village est à mi-pente. On u entre par une maison détruite qui montre une magnifique cheminée encore accrochée au mur. Les rues étroites et pentues sont bordées de magasins de souvenirs, de bons goût, pittoresques mais un peu trop à la manière du Mont Saint Michel ou de Concarneau….dans le genre provençal. Restaurants, galeries, sont le plus souvent fermés.

le village des Baux vu du château
le village des Baux vu du château

Dans le  bel hôtel qui abrite la Mairie, un peintre illustrateur expose des dessins et des textes d’un livre pour enfants racontant une histoire de petit berger et d’étoiles. Influence de Van Gogh, et des rois mage.

En face, dans un jardin (une maison détruite dont on devine les fondations), un photographe, José Nicolas expose des photos du Noël provençal aux Baux où les villageois sont costumés, en Mireille, Arlésienne, ou en petits bergers. De véritables moutons assistent à la cérémonie, l’un d’eux traine un petit char en bois décoré. Ma préférence va aux petits bergers.

Le château des Baux

Le château des Baux, au 1er plan engins de guerre
Le château des Baux, au 1er plan engins de guerre

L’ audio-guide  rend la visite des ruines plus vivantes et plus intéressantes. Du château, il ne reste que des ruines. Sur l’éperon rocheux recouvert d’une dalle calcaire, des machines de guerre pour meublent le plateau vide: ce n’est pas très joli et un peu artificiel, puisque leur place n’est pas intra-muros, mais cela doit plaire aux petits garçons : catapultes, couillard (à cause de sa forme), bricole (défensive, actionnée par des femmes) trébuchet ne retiennent guère mon attention. La place des Baux fut assiégée par les soldats de Louis XII, pendant les Guerres de Religion le village étant  protestant.

Un moulin (1652) profitait des vents qui n’étaient arrêtés par aucun obstacle.

Un plan incliné dallé fut construit au 19ème siècle jouant le rôle d’un impluvium : sur le rocher des Baux il n’y a ni puits ni source. L’eau ne pouvait provenir que du ruisseau dans le vallon, remontée dans le meilleur des cas à dos d’âne. Il importait donc de récupérer par tous les moyens l’eau de pluie. Le massif des Alpilles reçoit une pluviométrie assez importante quoique les pluies soient assez espacées dans le temps. Des rigoles la conduisaient à des citernes. Sur les falaises on remarque également des sortes de gouttières.

les Baux : pigeonnier
les Baux : pigeonnier

Le site fortifié est gardé par plusieurs tours posées sur les rochers. La Tour Sarrasine doit son nom aux razzias des Sarrasins. A sa base, la seconde Basse Cour était habitée dans des maisons semi-troglodytes construites sur des restes de carrières de l’âge de pierre. Je remarque aussi des pigeonniers dont les alvéoles sont creusées directement dans le rocher. L’ascension à la tour Sarrasine est assez difficile car les hautes marches ont été dégradées par l’érosion avec une rigole centrale. Je remarque dans la roche des fossiles d’huitres, un peu plus loin, ce sera une accumulation de pectens.

château des Baux
château des Baux

Le donjon, lui aussi, est creusé dans le rocher. Il avait quatre niveaux. Je n’ai pas eu le courage de visiter les salles basses sous le château.

En face du rocher des Baux le vallon a été nommé le Val d’enfer par référence à l’Enfer de Dante avec les ouvertures béantes des carrières.

la vallée creuses de carrières: dantesque!
la vallée creuses de carrières: dantesque!

C’est dans le Val d’enfer que la sorcière de Mireille, la Taven, guérit Vincent invoquant l’agneau noir, la chèvre d’Or  et les Fées.

Nous terminons la visite des Baux par une promenade dans le village. Le Musée Yves Brayer ne ré-ouvrira que le 7 mars mais on peut voir une grande fresque du peintre sur tout l’intérieur de la Chapelle des Pénitents. Jaune et bleu, ocres, grandes figures, asse fruste, je ne suis pas convaincue.

Dans l’église, en revanche ce sont les vitraux modernes colorés que j’ai aimés, surtout le petit tondeur d’agneaux.

Le Petit Musée des Santons est ouvert, grands santons habillés ou petits santons peints sont dans des vitrines ; il y a aussi de grands santons napolitains anciens qui surclassent les provençaux.

Enfin, on s’installe à la terrasse du Relais de la Porte d’Eyguières sous des arbres défeuillés sur des tables rondes installés sur la place pavée bordée par un parapet qui donne sur la vallée.