Les Pestiférés – Marcel Pagnol

LECTURE COMMUNE

la Partie de Cartes façon Street Art au Panier à Marseille

Avec Si on bouquinait et Nathalie

Il y a tout pile 50 ans, le 18 avril 1974, décédait Marcel Pagnol . Patrice de Si on bouquinait a eu l’idée de célébrer cet anniversaire par une lecture commune. Il a choisi Jean de Florette 

Rejoint par Nathalie qui vient de terminer un livre sur la Peste de 1720 à Marseille et qui a lu Les Pestiférés

J’avais oublié la date de la lecture commune. C’est le matin-même, sur FranceMusique que j’ai reconnu la voix de Pagnol qu’il fallait deviner. Et que je me suis rendue compte que je serai en retard pour la Lecture Commune. 

Le soir-même j’ai téléchargé Les Pestiférés qui est une longue nouvelle (67 pages, le chapitre 9 Du Temps des Amours) que j’ai lu dans la foulée, d’une traite et avec grand plaisir. 

« Il y a tant de maladies qui nous viennent par les navires ! dit le capitaine. Je connais cent sortes de fièvres, et c’esttoujours la même chose : une grande chaleur de la peau, des plaques rouges, des plaques noires, du pus, des vomissements, et on n’y comprend rien… Quand il en meurt beaucoup, on dit que c’est la peste, et ceux qui restent meurent de peur. – Surtout à Marseille ! »

Une placette, à flanc de coteau, bordée de maisons bourgeoises et de quelques boutiques. Maître Pancrace, médecin très estimé va organiser la petite communauté composée de notables pour survivre à l’épidémie de Peste qui a ravagé Marseille en 1720. Le Capitaine, Marius Véran, armateur enrichi par la Traite Atlantique, Maître Passacaille, le notaire, Maître Combaroux drapier fort riche, mais aussi fort dévot. En plus des notables, les commerçants, Romuald, le boucher, Arsène, mercier-regrattier, Félicien le boulanger. Et bien sûr, des femmes, des enfants, des vieillards.

Pancrace, dès le début de l’épidémie, alerte ses voisins. il revient du port où 3 portefaix sont morts dans les infirmeries. Dès qu’il est sûr que c’est bien la peste, il rassemble les hommes, ses voisins, leur fait part de la nouvelle.

Les premières mesures sont plutôt simples : brûler tous les effets qui auraient pu être en contact avec la maladie, et se laver soigneusement au vinaigre. Il organise le confinement:

« Enfin, tous ceux qui auront été obligés de quitter notre placette pour aller à leurs affaires devront dès leur retour prendre un bain d’eau vinaigrée et se savonner du haut en bas, très consciencieusement. Ce sont des précautions peu obligeantes, mais qui suffiront à nous préserver, du moins pour le moment. »

Pour survivre, il faut aussi mettre en commun les provisions, fabriquer des lotions avec des herbes médicinales : rue, menthe, romarin et absinthe macérées dans le vinaigre donnent le Vinaigre des Quatre voleurs détruisant les insectes qui propagent la contagion.

« J’allais justement dire, s’écria Pancrace, que dans toutes les épidémies les ordres religieux cloîtrés n’ont même jamais entendu parler du fléau qui faisait rage autour de leurs couvents. Eh bien, mes amis, nous allons suivre leur exemple, qui est fort peu honorable pour des moines qui devraient tout sacrifier à la charité chrétienne, mais qui convient parfaitement à des citoyens chargés de famille. »

Toute la communauté va vivre cloitrée à l’image des religieux.

Seul le drapier dévot va désobéir pour suivre la messe comme chaque jour malgré les injonctions de Pancrace

« je vous déclare, dit le docteur, qu’il faut renoncer à la messe pour quelques temps. Le Bon Dieu qui nous voit saura bien que ce n’est pas par manque de zèle : il n’ignore pas, en effet, qu’une église, comme d’ailleurs tous les lieux de réunion, est un très dangereux foyer de contagion. »

Il reviendra avec la Peste mais n’entrera pas.

Désinfections, confinements, surveillance, utilisation d’eau non contaminée. Cela nous rappelle quelques souvenirs.

Quand la ville sera tellement ravagée que seul le feu peut lutter contre la contagion, il leur faudra fuir le quartier.
Mais je ne vous racontera pas comment, il faut bien ménager un peu de surprises!

Cette Peste de 1720 est très célèbre, au Château d’If une plaque rappelle que le capitaine du navire responsable de l’épidémie, y fut enfermé.

Et pour revenir à la Célébration des 50 ans de la mort de Pagnolj’ai écouté sur l’appli Radio-France un excellent podcast où Fernandel raconte Pagnol cinéaste. LES NUITS DE FRANCE CULTURE : Marcel Pagnol raconté par Fernandel – dimanche 14 avril 2024 CLIC

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

10 réflexions sur « Les Pestiférés – Marcel Pagnol »

  1. Les religieux de Saint-Victor sont connus pour s’être barricadés et avoir ainsi évité tout morts, alors que d’autres institutions ont payé un lourd tribut. Un petit texte très vivant !

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  2. Je ne connais pas du tout ce texte de Pagnol, je note. Comme tu dis ça nous rappelle quelques souvenirs, même si ce n’est pas à la même échelle.

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  3. Je ne connaissais pas ce texte… ou plutôt je l’ai oublié, car j’ai lu Le temps des amours il y a bien longtemps. J’ai vu qu’une bande dessinée avait été tirée des Pestiférés (de Serge Scotto et Eric Stoffel)

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    1. J’avais parcouru la BD en librairie (alors que je connais presque « par coeur » le texte de Pagnol). J’avais cru remarquer que la BD donnait la « fin de l’histoire », qui se finit plus sombrement que dans le chapitre du Temps des amours…

      (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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  4. Tu t’es bien rattrapée :-). Voilà une chronique des plus vivantes, très intéressante – merci aussi pour le lien vers les podcasts. Je suis très heureux que tu aies suivi cet hommage, je n’ai pas l’impression qu’on ait beaucoup parlé de Pagnol ce 18 avril, mais peut-être n’ai-je pas écouté les bons médias.

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